De fil en aiguille. [Héloïse]

Sujet: De fil en aiguille. [Héloïse] Lun 25 Jan 2016 - 21:57

Maroti avait passé une mauvaise journée, déjà qu'il avait réellement dormit que durant une petite poignée d'heure seulement à cause de ses mêmes cauchemars que l'assaillaient sans arrêt, les mêmes images de massacres devant les portes, d'innocents déchiquetés par les Fangeux et par la froideur du duc qui était sensé régner sur cette ville. Puis, il était arrivé dans les derniers pour le petit déjeuner et n'avais eut que de la bouillie qui était encore plus infect froide, même s'il n'était pas homme à cracher sur un repas il préférait prendre son petit déjeuner chaud. Il n'avait pas eut accès au stand de tir pour s’entraîner à l'arc le matin et avait donc ruminer durant les premières heures de la journée, même s'il était entraîné au maniement de la hache et du bouclier le reste de la matinée l'archer ne se sentais pas au mieux de sa forme, et le pire était encore à venir. Lorsque le milicien rentra penaud à sa petite bicoque à quelques pas seulement de la caserne, le manteau rouge qu'il gardait presque toujours sur lui le prit dans un clou rouillé et se déchira, laissant un grand trou dans le tissu. Et Maroti jura allègrement sur cette journée qui devait être maudit par la Trinité. Surtout que ce manteau était... Et bien il était l'un des derniers souvenirs de mon père, ce manteau là je le connaissais depuis tout petit, il était vieux et ne sentait pas très bon, le lin avait vieillit et s'était endurcit, lui donnant un aspect rugueux, mais j'avais grandit avec ce manteau autour de mes épaules. Et c'était le seul manteau qui me tenait véritablement chaud, et misère je n'allais pas passer l'hiver avec un trou de cette taille dans mon manteau favori. Raaah, j'espérais qu'il restait un tailleur d'ouvert dans cette foutue ville.

Plus tard dans l’après-midi, le milicien se retrouva avec son manteau plié sous son bras à arpenter la Hanse à la recherche d'un couturier efficace et... Le moins cher possible, je ne roulais pas sur l'or. Mais ce manteau méritait que je donne une partie des mes économies, autant parce qu'il était pratique que par son importance à mes yeux et par les souvenirs qui l'accompagnait. Et puis comme les temps étaient durs et qu'il n'était pas compliqué de deviner que je faisais partie de la milice, j'avais pris ma hache, ainsi que mon arc et quelque flèche sur moi, juste au cas où. Nous n'étions pas les personnes les plus appréciés de la ville, alors autant être deux fois plus prudent que la normale.
Maroti trouva enfin une boutique qui semblait respectable et poussa la porte, faisant tinter le carillon alors qu'une belle dame s'attelait à coudre ce qui ressemblait à un manteau, la femme était penchée et concentrée sur son ouvrage et le milicien prit un court instant pour la décrire. Elle était belle, la même beauté simple et prude que les plus chanceuses des femmes du peuple arborait, avec une belle et longue chevelure brune qui cachait en partie son visage. La couturière se tourna vers moi et m'offrit la visions de grands yeux mélancolique, comme deux pierres qui s'étaient légèrement ternies avec le temps, mais qui accentuait cette sensation de mélancolie amère que tous les habitants se partageaient en repensant à l'époque passée. Je lui offris un sourire qui se voulait amical avant de dire de manière poli, car même si j'avais légèrement l'air d'un rustre avec mon tatouage et mes armes je me devais de respecter l'étiquette envers la personne qui pouvait être la solution à mon problème:

"Bonjour, pardonnez le dérangement mais c'était pour savoir si vous aviez quelques instants pour recoudre une pièce de vêtements? Moyennant payement bien sûr."

Sujet: Re: De fil en aiguille. [Héloïse] Sam 30 Jan 2016 - 23:24

Héloïse a passé une nuit moins agité, plus calme que d’ordinaire. Elle se sent moins fatiguée même s’il y a encore des cernes qui creusent ses yeux. Elle souligne du bout d’un doigt cette variation de couleur sur sa peau en s’observant dans le miroir. Après avoir entrepris un brin de toilette et s’être longuement brossé les cheveux, elle attrape deux mèches de chaque côté de son visage pour les rejoindre derrière sa tête et les attacher à l’aide d’une épingle. Elle porte une robe verte foncé et un châle noir tricoté qu’elle rajuste sur ses épaules avant de quitter son petit tabouret devant sa coiffeuse et de descendre les quelques marches pour rejoindre la boutique encore plongée dans l’obscurité.

Elle ouvre les volets de la boutique pour laisser rentrer le jour et les premiers rayons du soleil. Depuis qu’elle a trouvé refuge dans la ville de Marbrume, ses journées se ressemblent, elles sont comme un copiées-collées d’une heure sur l’autre. Son patron, Monsieur Lanvin arrive quelques minutes plus tard pour repartir aussitôt pour se rendre chez un marchand de tissu. Marie et Annabelle, ses deux camarades couturières surgissent en même temps pour se mettre directement au travail. Aujourd’hui, il n’y a pas la visite d’un Baron pour s’offrir une nouvelle chemise à quelques jours de son mariage, ni l’invitation d’un honorable chevalier pour l’escorter jusqu’à chez un client. Installée sur une chaise, près de la fenêtre, elle brode une fleur sur un carré de tissu tandis qu’elle observe de temps en temps les passants dans la rue.

La journée passe lentement pour déjà se retrouver en fin d‘après-midi. Elle a terminé depuis quelques heures le joli mouchoir en tissu, brodé d’une rose et des initiales de la cliente. Actuellement, elle s’attèle avec minutie à recoudre quelques accrocs sur un manteau quand le carillon de la porte résonne dans la pièce. La tête penchée, ses cheveux font offices de rideau autour de son visage, tandis que son aiguille se plante dans le tissu pour peu à peu réparer le trou dans la poche du manteau. Elle fige son prochain mouvement pour redresser la tête et croiser le regard d’un nouveau client et en examinant sa tenue vestimentaire, elle en conclue que cet homme doit-être un milicien.

- Bienvenue... Dit-elle en s’avançant vers le soldat, délaissant pour un moment le manteau sur une table en s’assurant que l’aiguille ne puisse blesser personne. Je vais examiner le vêtement et je pourrais approximativement vous renseigner sur le coût. L’informe-t-elle en lui offrant un sourire aimable pour ensuite tendre la main pour récupérer le vêtement détérioré.

Elle étale la cape sur le comptoir et étudie les raccommodages qu’elle va devoir effectuer, mais le travail ne semble pas compliqué, c’est simplement les piqures qui se sont arrachées.

- Ce n’est rien de bien grave, monsieur. Lui dit-elle en continuant d’observer l’énorme trou. Pour trois pièces, je vous rafistole votre cape… Disons pour dans deux jours ? Estime-t-elle en comptant sur ses doigts avant de dévier son regard vers le soldat.

Je vais examiner le vêtement et je pourrais approximativement vous renseigner sur le coût.

Hum... Pas de ressentiments envers moi parce que j'étais un soldat. C'était déjà un très bon début, je me souvenais de pas mal de beaucoup de commencer qui avaient étés fort mécontents de voir un milicien passé la porte de leurs établissements. J'étais parfois accueillit avec, au mieux, quelques regards noirs et dans les pires des cas un refus total de me servir. Ces gens étaient stupides, non seulement parce qu'ils perdaient des clients mais en plus parce que d'autres miliciens moins... Compréhensif... Allait se souvenir de ça et prendre leurs revanches quelques jours plus tard. C'était déjà arrivée après tout, dans les deux cas, tout le monde était simplement stupide. Mais cette j'étais surement tombé sur une honnête commerçante qui allait pas me chasser dehors à cause de mon uniforme. Après, il fallait voir si elle ce n'était pas trop chère, je pouvais sortir l'argent du porte monnaie mais... Enfin cela n'avait pas l'air d'être une de ses échoppes avec une clientèle particulière, pas de la noblesse mais... Enfin ceux qui était suffisamment riche pour le faire comprendre sans être de la noblesse.
L'archer tendit, avec un peu de récalcitrante il devait l'admettre, son précieux manteau rouge à la couturière avant de se tenir de manière légèrement gêné alors qu'elle l'étalait sur une table de bois. Cela me faisait presque mal, de voir cette relique d'un temps meilleur étalée comme un patient sur la table d'un chirurgien. Et je faisais une comparaison tout à fait absurde mais... Enfin voilà, je tenais à ce manteau moi. Il était pratique et avait de l'importance à mes yeux. Et heureusement que je portais un vêtement qui couvrait mon épaule... Je ne voulais que tout le monde puisse voir ma cicatrice de Fangeux, les gens devenaient aussitôt plus méfiant, à cause de stupide rumeurs, misère.

Ce n’est rien de bien grave, monsieur. Pour trois pièces, je vous rafistole votre cape… Disons pour dans deux jours ?

Le milicien plissa les yeux de manière pensive, il n'aimait pas passer deux jours sans son manteau, et durant un bref instant le milicien pensa qu'il pouvait peut-être "convaincre" la couturière de se dépêcher un peu plus avec son statut de garde... Mais il jeta rapidement cette idée à la trappe, nan, je valais mieux que ça. Et puis elle avait été aimable avec moi, j'allais lui rendre la pareille.
Le soldat soupira avant de croiser les bras et de dire:

"Je vous en remercie, ce... Manteau est important pour moi. Ce n'est peut-être pas la première fois que vous entendait ça mais c'est un souvenir de mon père. Mais je vous fait confiance."

Le milicien soupira de nouveau un lançant un dernier regard au manteau étalé sur la table, il mit la main dans sa bourse avant de sortir les trois pièces nécessaires pour le payement. Il regarda la couturière avant de dire:

"Je vous paye maintenant où plus tard? "

Héloïse plisse de la paume de la main la cape étendue devant elle tandis que son propriétaire croise les bras contre son torse. Elle lève doucement le regard vers ceux du soldat lui expliquant que ce vêtement a une valeur très sentimentale. Elle le comprend, car elle aussi possède une bague qui appartenait à son père soigneusement protégée dans un tissu et enfermée dans une petite boite. Elle le rassure d’un petit sourire avant de revenir examiner le trou. Elle se pince les lèvres, elle réfléchit avant d’entendre les quelques pièces dans la main du milicien.

- Attendez… Ne payez pas tout de suite… Dit-elle en glissant le bout de son index le long de son sourcil gauche, comme si elle essaye de guérir un mal de crâne. … Je vais m’en occuper. L’informe-t-elle simplement en allant ranger le manteau dont elle était en train de s’occuper pour ensuite revenir vers la cape de son nouveau client.

Héloïse comprend parfaitement le sentiment du soldat, elle a senti sa réticence dissimulée, de ne pas vouloir laisser un objet à une inconnue alors qu’il que celui-ci a une valeur inestimable à vos yeux.

- C’est une belle étoffe, le tissu est de très bonne qualité. Dit-elle aimable en cherchant le nécessaire dans la boite à couture afin de réparer cet accros.

Minutieuse, la tête penchée vers son ouvrage, elle pique avec précision. Elle cligne plusieurs fois des yeux, crispe également la mâchoire pour retenir un bâillement. En ce moment, la jeune couturière a le sommeil très léger et un simple petit bruit la réveiller. Une fois réveillée, elle tourne et retourne dans ses draps tièdes à la recherche de la suite de son sommeil qui n’arrive pas, ou tarde à venir.

- Et si vous me racontiez votre souvenir afin de me tenir compagnie pendant que je recouds ? Dit-elle en levant un instant les yeux vers lui. Elle l’invite à parler de son père, les circonstances du moment où le milicien a reçu ce cadeau. C’est toujours enrichissant de connaitre l’histoire des vêtements qui passent entre ses doigts abimés.

Elle se pique. Sa voix émet une petite plainte avant de porter son doigt à sa bouche. Elle lui sourit penaude avant d’observer son doigt et s’assurer que celui-ci n’a rien… Même s’ils sont tous plus ou moins abimés.

- Les risques du métier… S’amuse-t-elle à dire dans un petit rire fatiguée alors qu’elle sait parfaitement que ce soldat a dû affronter plus féroce que l’attaque d’une aiguille afin de protéger et sauver la vie des habitants.

Oh, je n'avais pas à la payé maintenant? Je suppose que c'était une manière de voir les choses, personnellement j'aurais toujours demandé le payement avant le service, juste au cas où, mais ce n'était pas moi le couturier ici, et je n'avais pas la moindre idée de comment marchait un commerce. Donc je suppose que c'était mieux de faire comme cela... Et est-ce que je lui donnais une migraine? Je faisais de mon mieux pour ne pas être grossier... Est-ce que j'avais dit quelque chose qui avait dérangé? Argh, j'espérais que ce n'était pas le cas. Cependant, elle semblait prête à s'occuper du manteau tout de suite... Peut-être est-ce que j'avais touché une corde sensible? Je ne savais pas, en tout cas il semblait que je n'avais rien fait de mal.
Le Milicien sourit légèrement alors qu'elle complimenta le tissu du manteau, mon père l'avait payé une petite fortune, enfin l'équivalent d'une petite fortune, et c'était l'un de mes biens les plus précieux. Ce n'était pas grand chose, et le rouge n'était pas la plus discrète des couleurs, mais c'était le manteau dans lequel je m'étais emmitouflé lorsque l'hiver devenait trop rude, c'était le manteau que j'avais porté lorsque j'avais quitté mon village et franchit les portes de la ville de Marbrume pour la première fois. C'était avec ce manteau que je me souvenais que toutes les couleurs n'avaient pas disparu, que le vivacité du rouge n'était pas qu'un rêve dans ce monde gris et triste. Voilà ce qu'était ce manteau, un mélange de bon souvenir et l'espoir d'un avenir plus coloré.
Et c'était aussi un super manteau avant tout, bien sûr.

Le milicien s'adossa sur une table, faisant attention à ne rien faire tomber, et croisa les bras en regardant curieusement la couturière s'atteler à la réparation de son manteau, elle semblait... Fatiguée. Enfin je pouvais comprendre, peu de monde avait le sommeil tranquille ces derniers temps, que ça soit les ombres du passée où la proche disparition de l'humanité de la surface de la planète.

- Et si vous me racontiez votre souvenir afin de me tenir compagnie pendant que je recouds ?

L'archer releva la tête avant d'y réfléchir quelques instants, les histoires d'un soldat n'étaient pas les meilleures récits pour remonter le moral ou passer le temps, mais je suppose que... Bah, je lui devais bien ça à cette brave couturière, j'allais pas lui offrir la version glauque de la fois où l'un des gardes avaient trop bu et avait basculé par dessus les remparts... On n'avait même pas retrouvé le cadavre le lendemain. Nah, elle avait raison, il était mieux que je parle d'avant l'invasion des Fangeux.

"Ce manteau à été le fruit d'un dur labeur. Mon père et moi étions des... "Chasseurs" avant que tout ne dérape." Par chasseur cela voulait bien dire braconnier illégal, mais c'était les risques du métier. Il dit qu'il l'a échangé contre la peau d'un énorme ours noir qu'il avait chassé avant ma naissance. Je ne l'ait jamais vu sans. Alors lorsqu'il est mort de sa belle mort, il me l'a légué, et... C'est un peu un souvenir d'un temps où tout n'était pas facile, mais plus doux que ça.

Le milicien termina sa phrase avec un léger sourire triste sur le visage, avant de hausser les épaules sur ce qui était perdu à jamais et de regardé la couturière qui venait de se piquer avec l'aiguille, le milicien secoua la tête de gauche à droite devant sa dernière remarque, ouaip, les risques du métier, j'avais faillit me faire caillasser il n'y a pas si longtemps que cela, et j'avais déjà frôlé la mort à cause des Fangeux, mais je n'allais pas faire de remarque désobligeante à celle qui s'occupait de mon manteau, je n'étais pas ce genre de client. Par contre, j'étais légèrement curieux sur autre chose, et puis je devais bien éviter qu'elle ne s'endorme en plein sur ses aiguilles, ça pouvait faire mal ce genre de truc.

"Et vous? Je... Enfin vous n'êtes pas obligé de me répondre mais... Vous avez un souvenir d'avant Marbrume? Si c'est personnel je comprends, il n'y a pas de problème."