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 Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir

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Joséphine de LéonFille d'Anür
Joséphine de Léon



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MessageSujet: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyMer 8 Juin 2022 - 1:09
Joséphine lissa les pans de sa robe en se relevant. Elle avait passé une partie de la matinée à prier chacun des trois Dieux dans le hall principal. Bien que croyante, Jo' n'avait pourtant jamais autant prié de sa vie. Elle n'en avait jamais ressenti particulièrement besoin pour exprimer sa foi et surtout, elle avait toujours considéré cette activité comme une perte de temps.

Mais les choses avaient changé et désormais, perdre son temps était l'activité favorite de Joséphine. Personne ne se permettrait jamais de lui reprocher le temps qu'elle consacrait à prier. C'était donc une couverture parfaite pour la jeune femme. Cela faisait maintenant à peine trois mois que Joséphine était devenue une fille d'Anür, et elle avait encore du mal à s'y habituer.

Cette vocation n'avait pas totalement été un choix de sa part, mais lui avait été intimé par son frère, le vicomte de Léon. Sa famille traversait des moments difficiles, davantage encore depuis le scandale de la mort de son père et de l'exil de son frère Simon pour ce meurtre. Un meurtre dont il était innocent, par ailleurs. Le vicomte avait deviné la vérité, et avait menacé Joséphine de la dévoiler si elle se refusait au destin qu'il avait choisi pour elle.

Les filles d'Anür avaient peut-être pour certains la réputation de vulgaires filles de joie, pour d'autres elles avaient une dimension presque sacrée : vouées à être l'intermédiaires d'offrandes aux dieux et à repeupler le royaume qui avait été bien trop meurtri par la Fange. Joséphine soupçonnait son frère d'avoir fait affaire avec le Temple. Une jeune noble dans les rangs des filles d'Anür permettrait d'en améliorer l'image. Le vicomte aurait de quoi s'enrichir et prospérer en échange. Elle connaissait assez son frère pour savoir qu'il aurait été capable de vendre sa propre soeur en échange de quelconques avantages. D'autant plus qu'elle n'avait pas de dot et commençait de toute façon à être trop vieille pour être convenablement mariée, même en temps de guerre.

Même si elle ne l'avait pas choisi, Joséphine faisait des efforts pour s'adapter à sa nouvelle vie. Prenant conseils auprès de femmes plus expérimentées qu'elle, elle essayait de les appliquer de son mieux et ne montrer ni sa gêne ni sa honte. Après tout ce n'était pas si pire. Elle était bien logée, vêtue et nourrie. Elle était entourée et bénéficiait de temps libre. Débutante, elle ne recevait pas encore beaucoup d'hommes, ce qui n'était pas pour lui en déplaire. Ses premières expériences avaient été... troublantes. Ainsi, histoire qu'on ne puisse pas dire qu'elle pouvait passer davantage de temps à se donner à des inconnus, elle se réfugiait dans la prière.

Songeuse, la jeune femme regagna la direction de l'aile des filles d'Anür. Sa robe rose pâle dévoilait plus de ses formes qu'elle ne l'aurait voulu, mais avait l'avantage de lui offrir une liberté de mouvement qu'elle n'avait jamais connu avec ses anciennes toilettes de jeune fille bien née. Peut-être qu'avec le temps, elle se risquerait même à apprécier sa condition. Peut-être...

Dans les jardins du Temple, Joséphine était presque arrivée au bâtiment qui était désormais sa demeure lorsqu'elle eu l'impression que quelqu'un était derrière elle. Etait-elle suivie ?


Dernière édition par Joséphine de Léon le Mer 22 Juin 2022 - 11:11, édité 1 fois
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Josielle ChanfleurieDomestique
Josielle Chanfleurie



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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyMer 8 Juin 2022 - 22:53




Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir


La veille au soir, pour la première depuis des semaines, j'avais passé une bonne soirée. J'avais pu manger à ma faim bien que ce ne fut guère appétissant et j'avais même eu le droit à un toit au-dessus de la tête. J'avais rencontré une jeune fille qui m'avait montré son refuge du moment. Elle m'avait même eu la gentillesse de partager son repas avec moi. Ce n'était qu'un ras malingre qu'elle avait tué le jour même, mais ça restait mieux que ma bouillie de pain trop sec pour être manger comme ça. Entre mes légumes gâtés, mon pain dur et son rat, j'en avais fait une sorte de soupe qu'on avait partagée toute les deux.

J'avais tout de suite pris cette jeune fille en pitié. Il n'était pas normal qu'à son âge, elle se retrouve dans une misère pareille, mais le monde était devenue dur. Je lui avais proposé de lui raconter une histoire en lui brossant les cheveux et elle avait finie par s'endormir le sourire aux lèvres. La voir aussi heureuse, même si ce n'était qu'éphémère, m'avait moi aussi rendu le sourire.

Seulement, au matin, on avait été réveillé par la voix d'un homme. Margaux m'avait poussé à fuir m'expliquant que tout irait bien pour elle. Le cœur serré, je l'avais laissé aux griffes de l'individu lui échappant de justesse en passant par la fenêtre pour grimper sur les toits. Malheureusement, j'avais été suivi et j'avais remarqué plusieurs hommes de différents âges battre en retraite alors j'étais venu me réfugier dans le temple. C'était une bien maigre protection, je savais que je devrais retourner dans la rue à un moment ou un autre. Sinon je n'avais plus qu'une seule solution et quitte à choisir entre me faire enrôler de force dans un réseau de prostitution de bas étage dans le goulot et devenir fille d'Arun, je savais déjà quel était ma préférence.

J'avais passé des heures à faire semblant de prier le ventre noué par la peur, retournant par moment à l'entrée pour apercevoir un de ces garnements me regardant avec un air narquois. J'aurais bien demandé à devenir une apprentie, mais à mon âge les Dévots du temple ne m'accepterais jamais. Finalement tel un signe du destin une des Immaculées est venue prier à côté de moi sans même voir ou me regarder. Je l'observais furtivement, elle n'avait pas l'air d'être si malheureuse que ça.

Je la suivis alors qu'elle se relevait pour retourner dans l'aile qui leur était réservée. Leurs conditions ne devaient pas être si terribles que ça et depuis la nuit des temps les femmes faisait ce genre de chose. Ça ne devait pas être aussi horrible que je l'imaginais. Sans cesse pour me donner du courage et paraître certaine de mon choix, je me répétais : je veux devenir une fille d'Arun. Brusquement, elle s'arrêta, me laissant interdite, ne sachant pas trop comment réagir.

Respectueuse, je l'interpellais : Immaculée ?! La peur me nouait le ventre, mais je n'avais plus vraiment le choix désormais. J'étais certaine que c'était la punition qu'Arun m'envoyait pour avoir fuie le mariage. Je devais me résigner à ma future nouvelle condition. Alors qu'elle se retournait, je prenais conscience de sa tenue qui était spécialement conçue pour mettre en avant ces formes féminines comme si ce n'était qu'une vitrine. D'une voix lente faisant attention à ne pas mâcher mes mots et n'utiliser aucun mot d'argot, je déclamais d'une voix bien moins assurée que ce que je voulais : je veux devenir fille d'Arun. Pourtant, l'idée même de ne plus vraiment posséder mon corps, d'être finalement relégué au rang de simple objet m'horrifiait.

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Joséphine de LéonFille d'Anür
Joséphine de Léon



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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyJeu 9 Juin 2022 - 19:44
Elle n'avait jamais été un modèle de courage. Joséphine était plus du genre à fuir les situations effrayantes qu'à les affronter de pleine face. C'était dans son tempérament : ne pas faire de vagues. Raison pour laquelle elle avait toujours tout encaissé sans rien dire. Lorsque son père la rabaissait parce qu'elle n'était pas un homme. Lorsqu'on lui a dit qu'elle allait devoir épouser un comte pour faire prospérer l'influence des Léon. Lorsqu'on l'avait poussée à devenir une fille d'Anür, toujours dans ce même objectif. Joséphine avait toujours obéit. Sauf le jour où son père lui avait dit qu'il aurait préféré qu'elle soit morte. Ce fameux jour où il l'avait étranglée, elle s'était défendue, et elle avait tué son propre père. Mais elle n'avait pas assumé les conséquences de ses actes, et son frère Simon avait été banni à sa place. Non, vraiment, Jo' n'avait jamais été courageuse de sa vie.

Alors quand elle eut l'impression d'être suivie, son esprit s'imagina de terribles scénarios, tous plus horribles les uns que les autres. Des ivrognes décidés à l'importuner. Des malfrats la pourchassant. L'ombre de son père réclamant justice. Mais elle était dans l'enceinte du Temple, elle ne craignait rien. Elle essaya de se rassurer alors qu'elle avait envie de courir à toutes jambes et de se cacher. L'émotion de Joséphine retomba d'un coup lorsqu'elle entendit une voix féminine l'interpeller. Elle se retourna, un peu plus brusquement qu'elle ne l'aurait voulu.

Face à elle se tenait une fille pas le moins du monde menaçante. Elle n'était pas très grande, ses vêtements étaient sobres - ils ne devaient pas coûter grand chose - et de longs cheveux blonds encadraient son visage. Mais ce qui marqua surtout Jo', c'était la maigreur de la jeune fille. Elle n'avait que la peau sur les os et n'avait visiblement pas mangé à sa faim depuis trop longtemps. Avait-elle déjà seulement eu l'estomac rempli une fois dans sa vie ?

Joséphine n'avait jamais connu la faim. Etant la fille d'un vicomte elle avait grandi dans le luxe. Bien que les richesses de sa famille se soient considérablement amoindries depuis le Fléau, elle n'avait jamais manqué de rien. Jo' eu un petit pincement au coeur en pensant à tous les restes qu'il y avait lorsque les domestiques débarrassaient les repas de sa famille. De quoi nourrir à leur faim plusieurs jeunes filles comme cette inconnue. Cette dernière semblait très jeune, mais il y avait dans son regard l'expression d'une personne qui avait déjà beaucoup vécu. Aussi Joséphine pensa qu'elle devait avoir l'air plus jeune que ne l'était en réalité son âge.

L'inconnue sembla rassembler tout son courage pour parler. Joséphine réalisa qu'elle était effrayée. Elle parla, d'une voix très légèrement tremblante, mais la mine assurée. Comme si c'était une question de vie ou de mort, elle lui annonça qu'elle voulait devenir une fille d'Anür. La jeune femme en fut quelques peu décontenancée. Cela faisait au final très peu de temps qu'elle avait elle-même rejoint cet ordre et n'avait jamais eu à gérer ce genre de situation.Joséphine regarda prudemment autour d'elle. Si une Soeur un peu trop zélée l'avait entendue, la pauvre fille serait déjà dans un lit avant d'avoir eu le temps de prononcer son prénom. Fort heureusement, il ne semblait y avoir personne aux alentours.

Elle savait que beaucoup de ses consoeurs avaient rejoint les rangs des filles d'Anür pour fuir la pauvreté. Si cela pouvait sembler une raison suffisante pour beaucoup, Joséphine trouvait cela d'une tristesse absolue. Mais qui était-elle pour juger, elle qui n'avait jamais vécu la misère, la faim et le froid ? Elle ne savait pas ce qui pouvait bien motiver réellement cette jeune fille, mais Jo' s'imaginait qu'elle ne savait pas réellement ce que cela représentait de rejoindre cet ordre. Elle même ne l'avait comprit que le jour où un homme était entré dans son lit pour la première fois.

D'une voix qu'elle voulu aussi douce que possible, comme pour ne pas brusquer un oiseau menaçant de s'envoler sur le rebord d'une fenêtre, Joséphine lui répondit :

- Devenir une fille d'Anür n'est pas une décision que l'on prend à la légère. C'est un choix de vie qui vous change radicalement.

Un petit sourire triste se dessina sur les lèvres de Jo' et elle se décida à briser le peu de distance qu'il restait entre elles. La jeune femme avait envie de la prendre dans ses bras, de la serrer fort en lui disant "S'il te plait, ne fais pas cela, je ne sais pas ce que tu traverses mais il y a d'autres solutions. Ne fais surtout pas cela...". Elle n'en fit rien cependant.

- Permettez-moi de vous mener jusqu'à mes appartements pour que vous puissiez m'exposer vos motivations. Cela ne vous engagera en rien, mais nous serons plus à l'aise pour discuter autour d'un peu de nourriture et d'une bonne tasse de thé chaud.

Les appartements de Joséphine n'étaient en réalité qu'une chambre et une pièce d'eau attenante. C'était un endroit lumineux, confortable et bien décoré. Afin de mettre des messieurs dans de bonnes conditions, principalement. Elle pensa au plateau de fruits et à l'assiette de biscuits qui était posé sur une petite table. Jo' avait mentionné la nourriture uniquement pour attirer la jeune fille à accepter sa proposition.

Joséphine aurait pu refuser de lui accorder son temps, auquel cas elle se serait sûrement adressée à quelqu'un d'autre, ou encore de la conduire vers une mère gardienne qui aurait tôt fait de l'enrôler dans l'ordre. Jo' ne voulait pas que cela se produise. C'était décidé, elle ne la laisserait pas perdre son innocence en devenant une fille d'Anür !

- Qu'en dites-vous ? Au fait, je suis Joséphine. Ravie de vous rencontrer.

Le sourire sur son visage se fit plus chaleureux. Pourvu qu'elle accepte.

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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyVen 10 Juin 2022 - 20:04




Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir


Entre retourner dans mon village natale pour me faire marier de force après avoir été battut par Père et très certainement le soir même par Gauvin avant qu'il me force au lit juste après ou tomber sous le joug d'un gang ou d'un autre qui m'obligera à me prostituer tout en abusant de moi en même temps, devenir fille d'Anur me semblait une bien douce punition en comparaison avec mes premières possibilité. Non, mon choix était déjà fait.

L'Immaculée semblait être anxieuse. Elle regardait de tous les côtés avant de se rapprocher de moi. Elle me parlait d'une voix douce comme pour me rassurer. Cela se voyait donc tant que j'étais terrifié par ce même choix même s'il me semblait être le moins pire ? Désireuse d'en finir au plus vite avant de me retrouver à la rue à la merci de ces voyous quand le temple allait fermer ses portes pour la nuit, je m'apprêtais à faire demi-tour pour aller chercher un responsable quand sa proposition d'une nourriture et d'une boisson chaude me rappela que je n'avais rien mangé depuis le frugal repas de la veille au soir.

Allait-elle me faire passer un genre de test afin de savoir si j'étais prête pour rejoindre leurs rangs ? Ça ne devait pas être bien compliqué, j'allais très certainement, simplement devoir m'allonger le temps qu'un homme fasse son office. Rien que de penser au fait que des inconnus allaient poser leurs mains sur mon corps me donnait des haut de cœurs, mais comme tous les coups et punitions, j'allais m'y habituer, je m'y habituais toujours.

L'appel de mon estomac grondant famine prit le pas sur le reste. Après un court instant d'hésitation j'acceptais son invitation d'un hochement de tête avant décliner moi aussi mon prénom par respect : Josielle. j'viens d'Labret. Ajoutais-je même si ça devait s'entendre de par mon accent et à ma façon de mâcher mes mots. Je me mis à la suivre à travers un dédale de couloirs. Je n'osais pas regarder cette robe épousant d'un peu trop près son corps. Je m'imaginais que trop bien quel effet elle aurait sur moi et surtout à quoi je ressemblerais avec. Elle serait de plus bien trop courte avec un décolleté bien trop grand pour cacher certaine de mes cicatrices. Moi qui aimais les vêtements amples, j'aurais bien du mal à me faire à cette tenue.

Joséphine me guida jusqu'à une chambre comportant un lit, des banquettes et table basse, l'ensemble était de taille modeste mais fonctionnelle. Une porte amenait à une autre pièce.L'endroit semblait confortable et bien plus luxueux que tout ce que j'avais connu. Il ferait bon de vivre dans un endroit pareil. Respectueuse, je restais debout attendant une invitation de la maîtresse des lieux pour m'asseoir.


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Joséphine de LéonFille d'Anür
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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyVen 10 Juin 2022 - 20:58
Joséphine fut soulagée lorsque la jeune femme hocha la tête pour accepter sa proposition. Cela lui permettrait peut-être de parvenir à lui dissuader de cette idée folle. Elle devait être bien désespérée, pour en arriver à une telle éventualité. Malheureusement le désespoir faisait rage sur le monde depuis le Fléau, plus encore pour les pauvres gens qui n'avaient pas eu la chance de naitre avec une cuillère en or dans la bouche.

Elle se présenta à son tour. L'inconnue était donc Josielle, du Labret. Dans un sourire entendu, Jo' la mena jusqu'à leur destination et le tant attendu presque festin promis par la jeune femme. Elles n'eurent pas à marcher bien longtemps et ne croisèrent personne sur leur route. Arrivée dans la pièce qui était devenue la résidence de Joséphine depuis qu'elle était une fille d'Anür, elle vit Josielle promener son regard sur chaque détail de l'endroit. Sans doutes s'imaginait-t-elle vivre dans une chambre semblable. Le Labret n'était pas connu pour sa richesse et son invitée ne devait pas être habituée à un tel luxe.

- Je vous en prie, installez-vous.

Joséphine avait désigné une banquette de velours parme. La jeune femme alla chercher le plateau de fruits variés et le disposa sur la table basse pour qu'il soit à leur portée de main. Elle amena également une grosse assiette de biscuits préparés ce matin-même par les cuisinières du Temple. Il y avait toujours de quoi se nourrir dans les chambres des filles. Les hommes leur rendant visite avaient tendance à avoir de l'appétit après avoir fait leur affaire. Tout ici était prévu pour les mettre dans de bonnes conditions. Et les inciter à revenir.

La jeune femme prépara du thé, laissant le temps à sa visiteuse de s'habituer aux lieux. Servant deux tasses fumantes et laissant la théière encore pleine sur la table basse, elle finit par prendre place sur la banquette la plus proche de Josielle. Joséphine arrangea les pans de sa robe pour ne pas la froisser.

- N'hésitez pas à vous servir à votre guise.

Elle souriait toujours. Joséphine avait l'habitude de sourire la grande majorité du temps. Elle prit elle-même un biscuit, pour que la jeune fille ne soit pas gênée de partir. Joséphine se demanda si une personne qui mourrait de faim avait vraiment le souci des convenances face à de la nourriture à sa proximité. Sans doutes que non. Si Josielle rejoignait les filles d'Anür, elle ne connaîtrait plus jamais la faim. Une maigre compensation, selon Joséphine.

- Dites-moi Josielle, savez-vous seulement ce qu'est une fille d'Anür ? Pourquoi voulez-vous en devenir une ?

Peut-être ne le savait-elle pas. Pas réellement. Peut-être que lui dire des hommes de tous les horizons allaient lui passer dessus tous les jours de son existence jusqu'à ce qu'elle soit engrossée suffirait à la dissuader. Joséphine était restée dans l'ignorance de ce qu'il se passait entre un homme et une femme jusqu'à la perte de son innocence, deux mois plus tôt. Josielle était jeune, elle ignorait peut-être tout, elle aussi. Sinon, il lui faudrait sonder les profondeurs de ses motivations. Jo' était convaincue qu'elle pouvait se destiner à un autre avenir.
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Josielle ChanfleurieDomestique
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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyVen 10 Juin 2022 - 22:27




Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir


Le fait que l'Immaculée me vouvoie me mettait mal à l'aise. C'était bien la première fois que l'on me témoignait autant de respect. Je prie place sur la banquette que Joséphine me désignait. Je ne pus m'empêcher de toucher le tissu qui la composait. J'étais émerveillée ; son contact était si doux pour moi qui n'avais été habitué à ne mettre que des tenues de lin rêche ou de laine grossière.

L'abondance et la qualité des fruits n'arrangeaient en rien mon embarras. J'avais l'impression que tout les fruits avaient été cueillis à la main. Aucun ne semblait abîmé, gâté ou pourris alors qu'à la ferme familiale, c'était le quotidien et la normalité. Les plus beaux partaient en direction de Marbrume. Je n'osais pas me servir comme ma mère, j'avais été rapidement habituée à servir mon père et mes frères avant d'être autorisé à manger.

Je posais mes mains sur mes genoux redressant mon dos pour paraître aussi bien élevé que possible. J'étais gênée que l'Immaculée s'active alors que moi-même devais rester oisive. Je n'osais plus faire un geste craignant de quelconque représaille. Rapidement, une odeur de plante qui m'était inconnue, envahit la pièce. C'était donc ça le thé dont elle parlait.

Malgré son autorisation, j'hésitais encore à prendre un des biscuits du plateau posé entre nous. La voyant me sourire et se servir elle-même, je finis par en prendre un, la remerciant en même temps : J'vous r'm'rcie Immaculée. Suspicieuse, je ne commençais par le grignoter que du bout des lèvres avant de croquer dedans à pleines dents avec avidité. Les gâteaux étaient bien meilleurs que ma bouillie de pain sec de ces dernières semaines.


La faim me rattrapant, je n'attendis plus que mon hôte se serve pour prendre fruits et gâteaux, mangeant avec appétit. Je m'arrêtais d'un coup choquée par ma propre gloutonnerie. Penaude je demandais pardon : j'vous prie d'm' escusez. Curieuse, je portais le breuvage inconnu à mes lèvres pour en prendre une gorgée. Amer, c'était amer et brûlant, je fis une grimace et reposai ma tasse devant moi pour répondre à la question de Joséphine.

J'avais bien une vague idée de ce qu'on attendait des filles d'Anür, sans toutefois en saisir complétement leurs rôles. Je ne voulais pas me montrer insultante envers mon hôte, j'espérais qu'elle ne prenne pas ombrage par ma réponse. Après un instant de réflexion, je lui demandais confirmation : un genre de prostitué ?

Je ne m'étais pas attendu à cette deuxième question. Cela faisait, il partit d'un critère de sélection pour rentrer dans cet ordre ? Confuse, je ne savais pas trop quoi répondre. Ce n'était pas un événement précis qui m'avait amené à envisager ce choix, mais c'était tout un ensemble. Prenant mon courage à deux mains, je lui dévoilais: J'ai pu l'choix, j'peux plus rentrer chez moi et j'peux plus dormir à la rue.


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Joséphine de LéonFille d'Anür
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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyVen 10 Juin 2022 - 23:40
Josielle se montra en premier lieu hésitante puis dévora les victuailles avec appétit. La fille d'Anür fut satisfaite, au moins tout n'était pas perdu. Quelle que soit l'issue de leur entrevue, la jeune fille repartirait avec le ventre plein. C'était déjà ça. La jeune noble ne saurait expliquer pourquoi, mais Josielle la touchait alors qu'elle ne la connaissait même pas. Elle aurait aimé l'aider davantage qu'avec quelques biscuits. Demain son estomac gronderait à nouveau famine.

- Inutile de s'excuser, cela me fait plaisir que vous profitez de cette nourriture alors ne vous privez pas. Oh et puis, appelle-moi simplement Joséphine et tutoyons-nous ! Il est inutile de s'encombrer de trop de formalités.

Joséphine n'était pas habituée à tutoyer les gens, mais elle pensa que cela mettrait son interlocutrice plus à l'aise. Elle ne s'était pas attendue à proposer cela, c'était contraire à toute son éducation. Pour une fois, elle avait agit de manière impulsive. Les convenances n'étaient pas faites pour être respectées en toute occasion. Et puis si elle échouait et que Josielle persistait à vouloir devenir une de ses consoeurs, elles en seraient arrivées aux mêmes familiarités de toute façon.

La jeune fille prit un instant avant de répondre à la question de Joséphine. Sa réponse fut presque timide, et appelait à plus de précisions. Si de prime abord Joséphine aurait voulu être crue pour que Josielle se rende compte de la réalité des choses, elle s'y refusa finalement. Il était inutile de brusquer la malheureuse, elle risquerait de prendre la fuite.

- En effet, un genre de prostituée..., répéta Joséphine, Mais pas uniquement. Les filles d'Anür sont au service du Temple, dont elles dépendent totalement. Nous ne sommes pas des femmes libres Josielle, tu dois en avoir conscience. Le confort dont nous bénéficions ici n'est qu'une façade. Notre mission n'est pas uniquement de satisfaire le désir des hommes, mais avant tout de porter les enfants du Temple.

Si Josielle envisageait d'être une catin, imaginait-elle aussi porter le fruit de n'importe quel badaud ? Un enfant dont elle n'aurait pas la responsabilité, puisqu'il lui serait prit par le Temple dès sa naissance. Elle n'avait sûrement pas pensé à cela. Jo' avait donc mis cet élément en valeur, espérant qu'il serait source de réflexion.

A la justification de la jeune fille, Joséphine fronça légèrement les sourcils. Elle aurait voulu lui dire que l'on avait toujours le choix, que la seule fatalité était celle dans laquelle on s'enfermait. La noble n'en fut pas capable. Elle même n'était là que parce qu'elle n'avait pas le choix. Elle comprit alors qu'elle ne pouvait pas reprocher à Josielle d'envisager cette option sans se le reprocher à elle-même. Quoi que si. Joséphine n'avait pas eu d'autres options, si ce n'était être remise entre les mains de la milice pour parricide. Josielle quant à elle avait certainement d'autres opportunités à envisager...

- N'as-tu donc plus aucune famille ? Personne pour veiller sur toi ?
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Josielle ChanfleurieDomestique
Josielle Chanfleurie



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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyDim 12 Juin 2022 - 11:21




Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir


Je craignais me faire réprimander pour m’être montrer aussi vorace, mais ce fut avec un grand soulagement que mon hôte ne me corrigeât en rien. On m’avait toujours appris à respecter les religieux, mais l’on m’avait aussi appris à me soumettre sans protestation. Hésitante face a ce dilemme, d’une voix mal assurée, je lui dit : Comme vous voudrez, je ne veux pas vous manquer de respect Joséphine. Je laissais toutefois tomber la distinction du à son rang. Mon père m’avait souvent répété : le respect c’est comme le fumier mieux vaut en mettre trop que pas assez.

Je craignais comprendre ce qu’elle voulait me dire. Non contente de devoir me donner aux premiers venus, étaient elles en train de me dire que je devrais porter des enfants d’inconnus ? Soucieuse, une lueur d’inquiétude dans le regard je répétais : Les enfants du temple? Avoir un gosse ne me faisait pas peur bien au contraire, mais j’en voulais avec un homme qui m’aimerait et qui ne me battrait pas. Je me voyais bien avec une ribambelle de gamins à m’occuper alors que leurs pères partaient travailler aux champs. Le voir revenir le soir pour les embrasser sans jamais lever la main sur eux.

Retourner voir mon père qui m’avait battu jour après jour pour que je me soumette sans protester à ma mère qui m’avait inculquer ou se trouvait la place d’une femme et pour finir très certainement battu par un mari dont je ne voulais pas et qui me ferait pondre une armée de mioches. Je préférais rester ici au moins mes enfants ne subirait pas la violence d’un père indifférent. Je me renfrognais en lui expliquant : j’ne peux pas y r’tourner, j’me suis enfuie.

La première chose que j’avais faites en venant ici à Malbrume avait été de prier au temple certes, mais aussi d’aller voir cette vieille dame qui m’avait apprit à lire et à écrire quelques années auparavant. J’avais été attristée d’apprendre qu’elle était décédée. Il y avait aussi ce jeune vaurien au grand cœur que j’avais rencontré l’année ou l’on c’était réfugié dans cette ville pour échapper à la fange, mais la milice lui avait sûrement déjà mis la main dessus et quand bien même ce n serait pas le cas il avait du changer depuis le temps. Nous n’étions encore que des enfants à l’époque. Je baissais la tête honteuse pour lui confirmer d’une petite voix : J’ne connais personne ici. Je me sentais stupide maintenant. Quel idiote j’avais été de partir sur un coup de tête dans une ville que je ne connaissais pas vraiment et dans la quelle je n’avais aucune relation, mais avais je eu seulement une autre possibilité ?


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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyDim 12 Juin 2022 - 22:41
Joséphine prit une gorgée de thé. Le liquide chaud lui faisait du bien, elle en avait toujours apprécié les saveurs. Elle observait attentivement sa compagne, à l'affut du moindre indice qui pourrait lui en apprendre davantage à son sujet. Jo' ne pouvait pas s'en empêcher, elle avait toujours été très curieuse. C'était l'un de ses plus gros défauts.

Comme elle l'avait prévu, son allusion aux enfants ne tomba pas dans l'oreille d'une sourde. Josielle parut décontenancée à cette annonce et la fille d'Anür pensa son combat presque gagné. Joséphine laissa un court silence planer, savourant sa presque victoire comme s'il s'agissait du coup de théâtre du siècle. Après tout, il fallait se satisfaire de ces petites choses que l'on pouvait avoir. Elle chercha le regard de la jeune femme et y planta ses yeux azurés avant de répondre.

- A ton avis, pourquoi le Temple se donnerait-il la peine d'entretenir des filles dans des conditions plus qu'enviables pour beaucoup alors que ce ne sont pourtant pas les bordels qui manquent dans cette ville ?

Joséphine eu un petit sourire amer. Sans laisser le temps à Josielle de prendre la parole, elle enchaîna, répondant de ce fait à sa propre question.

- Trop de citoyens ont perdu la vie à cause du Fléau. Il fallait trouver un moyen de compenser ces pertes. C'est pourquoi le Temple a instauré l'ordre des filles d'Anür. Ce n'est pas de la charité envers des femmes sans avenir. Ils veulent des enfants. Qui seront ensuite élevés par le Temple dans des conditions qui sont encore floues. Ce qui est sûr, c'est qu'une fois le marmot mis au monde, il sera élevé par les Soeurs et la mère reprendra son rôle initial.

Des poules pondeuses, voilà ce qu'étaient les filles d'Anür. Certains n'étaient peut-être pas de cet avis, mais c'était celui de Joséphine. Aucun enfant n'était encore né de ces conditions, l'ordre étant encore trop jeune. Mais Jo' soupçonnait le Temple d'avoir d'autres desseins pour ces enfants. Des expériences contre les Fangeux ? Des offrandes aux Dieux ? Quelque chose du genre ne l'étonnerait pas, elle savait maintenant qu'il n'y avait pas au sein du clergé que lumière et sainteté. Pourvu qu'elle ne tombe jamais enceinte...

La fille d'Anür avait attendu la réponse de Josielle. Elle venait donc de lui avouer qu'elle s'était enfuie. Enfuie ? Qu'avait donc bien pu endurer cette pauvre fille pour préférer une vie de misère plutôt que la compagnie de ses proches ? Joséphine la trouva très courageuse. Elle aussi aurait fuit sa famille si elle n'avait pas eu la certitude d'être incapable de survivre seule.

- J'ignore tout des malheurs que tu peux bien fuir, mais je te trouve très courageuse. Ce ne doit pas être évident de s'en aller loin de tout ce qu'on a toujours connu pour survivre seule dans une grande ville, surtout en tant que femme. Hélas partir aussi loin que possible est parfois la seule solution.

Quoi qu'il en était, Josielle avait prit sa vie en mains. Peut-être n'avait-elle pas mesuré les conséquences de son acte, mais elle avait le mérite d'être partie et de faire ce qu'elle pouvait pour s'en sortir. La noble comprenait mieux sa décision à présent. Mais peut-être y avait-il d'autres chemins qui pouvaient s'ouvrir à elle ? Josielle avait baissé la tête. Jo' avait envie de la prendre dans ses bras. Elle aimait bien cette fille, il y avait en elle quelque chose de touchant.

- Tu me connais moi à présent. Et si tu me le permets, je t'aiderai comme je le peux.

Malgré tout, Joséphine ne savait pas concrètement comment l'aider. Elle n'avait pas beaucoup d'influence et ne possédait pas grand chose. Si elle pouvait lui éviter de finir comme elle ce serait une bonne chose. Une oreille attentive était déjà un bon début.
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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyLun 13 Juin 2022 - 17:14




Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir


Malgré ma première gorgée peu concluante de la boisson fumante qu'elle avait préparé avec soin, je ne voulais pas me paraître irrespectueuse. Aussi imitais-je Joséphine en portant le breuvage à mes lèvres. Une fois de plus, le goût amer me fit faire la grimace. Moi qui étais habitué à la platitude de l’eau ou la douceur du lait, je me demandais ce que mon hôte pouvait bien trouver à cette mixture.

Je l'écoutais, intriguée, me demandant où elle voulait en venir avec ses questions. Après un court instant de silence me permettant simplement de faire honneur au contenu de ma tasse. Elle répondit d'elle-même à ces interrogations. Je m’horrifiais petit à petit en comprenant ses explications. Mais c'est horrible m’écriais je. Avoir des enfants ne me faisait pas peur, mais je voulais les voir grandir. Il y avait donc des femmes qui acceptaient de porter le fruit en leurs seins le fruit du premier venu et de l’abandonner aux mains des inconnus. Comment pouvait-on accepter une chose pareille ? Je détournais le regard ne pouvant m’empêcher de me demander ce qui l’avait poussé à choisir cette vie.

Les serviteurs des Trois Déités n’avaient donc pas pour but de tendre la main au plus miséricordieux ? J’avais toujours cru que le temps était un lieu ou l’altruisme et la bonté régnait en maître. Que les Dévots n’avaient d’autre but que d’aider les nécessiteux et de guider les fidèles. Quelle était cette époque où même les ecclésiastiques abandonnaient leur rôle premier ?

Je ne m’étais pas attendu à avoir une vie facile en arrivant ici. Enfin, si j’avais espéré me faire embauché comme à l’époque par la vieille noble que j’avais servie quelques années auparavant. Je n’avais pas d’attente exceptionnelle, j’avais toujours vécu dans la pauvreté et la privation était mon quotidien. Je ne m’étais pas attendu par contre qu’il soit aussi compliqué de trouver un travail.

Sa proposition me fit chaud au cœur. Je relevais la tête vers les yeux plein d’espoir. Comment une femme comme elle, pleine de bienveillance et de bonté pouvait finir fille d’Anür ? Il me paraissait évident qu’elle aurait facilement pu devenir prêtresse. Pourtant même avec toute la gentillesse du monde, je ne voyais pas comment elle pouvait m’aider dans sa position. D’un air déprimé, je lui demandais tristement : C'est gentille, mais comment l’pourriez-vous ? Je ne me voulais pas sarcastique en disant cela. J’ne suis plus en sécurité dehors, certaines personnes me veulent du mal et j’ai nul part ou aller. Pas d’toit, pas d’travail.

Je savais que je ne pourrais pas rester ici, il me semblait parfaitement clair à présent que c’était le lieu où elle recevait, les hommes qui venaient la voir. Il aurait été inconvenant pour moi de rester et je ne voulais pas assister à ce genre de spectacle. Et maintenant grâce à Joséphine, je savais que ce n’était pas une vie pour moi, mais avais je un autre choix ? Qu’est c’que j’vais dvenir maintenant ? chuchotais-je pour moi-même.

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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyLun 13 Juin 2022 - 19:50
Du regard, Joséphine montra le petit pot de miel à sa compagne. Cette dernière ne semblait pas apprécier le thé. Peut-être n'avait-elle pas l'habitude d'en boire. Pour sa part elle n'imaginait pas pouvoir se passer de cette boisson un jour, c'était pour elle un réconfort depuis son enfance.

Comme elle l'avait escompté, sa description des enfants du Temple fit son petit effet. L'expression de la jeune fille passa de la curiosité à l'effroi au fil de son discours. Elle s'empêcha de sourire. C'était gagné, elle en était sûre maintenant. Mais si elle ne voulait pas que cette jeune fille finisse dans la première maison close qu'elle trouverait, faute de trouver un autre moyen de survivre en ce monde, ce n'était pas encore terminé.

Peut-être y était-elle allée un peu trop fort. Elle n'avait pas voulu insinuer que le Temple était devenu un lieu hérétique. Beaucoup de belles choses y avaient lieu et elle savait que beaucoup y trouvaient ce qu'ils étaient venus y chercher. Mais son opinion sur les filles d'Anür se forgeait au cours de mois, selon son vécu et les ouïs-dires de ses consoeurs. Elle ne tenait pas l'ordre auquel elle appartenait pourtant en haute estime et n'avait pas envie que d'autres filles subissent la même chose qu'elle.

Josielle ne s'était sûrement pas attendue à ce qu'elle lui propose son aide. Elle avait l'air à la fois reconnaissante et triste. Comme si elle pensait son destin déjà scellé. Ou plutôt qu'elle n'en avait plus. Le coeur de Joséphine se serra lorsqu'elle l'entendit lui demandé d'une voix dépitée ce qu'elle pourrait faire pour elle. Elle n'y avait pas vraiment réfléchi à vrai dire. Elle ne pouvait simplement pas la laisser comme ça. Mais que pouvait-elle faire ? Elle ne possédait rien qui ait de la valeur. Son frère avait gardé les possessions qu'elle avait pu emmener avec elle en s'exilant à Marbrume. Et tout ce qu'elle avait ici appartenait en réalité au Temple. Même si elle était en colère contre les filles d'Anür, sa conscience l'empêchait de les dépouiller.

- Je... A vrai dire je ne sais pas exactement... Tu ne peux pas rester ici ce soir, je vais avoir des clients. Et je ne possède pas d'argent qui me soit propre pour pouvoir t'aider quelque temps. En revanche j'ai des relations, peut-être que cela pourrait t'être utile.

Joséphine était un peu décontenancée. Elle avait rarement eu l'occasion de proposer son aide à quelqu'un, elle se rendait pourtant compte qu'elle appréciait beaucoup cela. En même temps elle se sentait gênée. La noble aurait un toit sur la tête et un repas chaud qui lui tiendrait au corps, comme tous les autres jours de sa vie. Josielle faisait partie de ceux qui n'avaient rien et elle trouvait cela profondément injuste. Elle aurait aimé pouvoir effacer toutes ces inégalités, cela n'était malheureusement pas de son ressort.

En revanche peut-être pourrait-elle l'aider à trouver du travail ? Son activité lui avait permis de faire la connaissance de beaucoup d'hommes dont certains avec qui elle entretenait des relations convenables. Elle pourrait sûrement demander un service à un de ses clients les plus réguliers si nécessaire. Joséphine connaissait aussi quelques nobles qui pourraient consentir à l'aider. Elle ne songeait en revanche pas à demander quoi que ce soit à son frère. Le vicomte marchait sur les traces de feu leur père. Elle était déjà dans cette vilaine posture par sa faute, elle ne voulait pas en plus devoir lui être redevable d'une quelconque manière.

- Ne désespère Josielle, nous pouvons certainement te trouver un autre moyen de survivre que de vendre ton corps. Peut-être pourrais-tu devenir apprentie couturière ? Ou cuisinière ? Ou je ne sais pas. Y-a-t-il un domaine dans lequel tu possèdes déjà quelques aptitudes ?
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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyMar 14 Juin 2022 - 21:23




Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir


Joséphine dut remarquer que je n'appréciais pas vraiment le thé. Elle me désigna un petit pot que j'ouvris avec précaution. Je fus étonnée en découvrant son contenu. Le miel était un produit rare qui était réservé au noble et au temple pour la médecine. Je n'en avais goûté qu'une seule fois. J'en avais gardé un merveilleux souvenir, c'était à la fois doux et sucré. Je la questionnais du regard les yeux brillants d'envie hésitant à me servir de cette précieuse denrée. Devant son assentiment, j'en pris religieusement une petite cuillère pour la mélanger, dans ma tasse. Après quelques instants à mélanger, je goûtai de nouveau mon breuvage craignant d'avoir gâché du miel dans cette boisson. À mon grand étonnement, l'amertume du thé s'était atténuée au profit d'un goût sucré. Surprise, je lui lançais un regard appréciateur avant de la remercier : merci Joséphine c'est très bon.

Comme je m'y étais attendue, je ne pourrais pas rester ici ce soir. Elle n'aurait pas besoin de me forcer à partir. Je n'avais aucunement envie d'assister à ses ébats. Je ne m'étais pas non plus attendue à ce qu'elle me donne de l'argent. À vrai dire, je ne savais pas bien à quoi j'aurais pu m'attendre. Abattue, je me demandais ce que je faisais encore ici. Je ne faisais que retarder l’inévitable. Le gang des rabatteurs en avait après moi pour une raison qui m’échappais encore et que je sorte maintenant ou au crépuscule ça ne changerait pas grand-chose.

Mon seul rêve, celui qui m’avait réussi à me faire accepter punitions et châtiments de mes parents, venait de voler en éclat comme tout les autres avant lui. J’avais fui un avenir qui n’était certes pas engageant, mais qui m’aurait permis de vivre une existence tolérable. Je me retrouvais maintenant à devenir une future catin surveillée par un gang n’ayant aucune morale ni scrupule. Je finis mon thé appréciant maintenant son goût que je trouvais tout de suite bien plus doux que l’amertume de la vie. Sur mon visage, se redessina ce sourire désabusé qui me caractérisait. Je remerciai une fois de plus mon hôte pour en prendre congé, résigné à accepter le sort qui serait le mien : je ne vais pas vous dérangez plus longtemps, je vous remercie Joséphine. Comment ne devrais-je pas désespérer, en me consolant de pouvoir m’endormir ce soir le ventre plein?


Je n’étais pas une empotée, malgré tout ce que pouvait dire père de moi. Ma mère me trouvait même plutôt douée dans certains domaines, mais ça me semblait complètement stupide et surtout, j’avais l’impression que toutes pouvaient faire ces mêmes choses. À y réfléchir mes compétences me paraissaient insignifiantes. Je sais tenir une maisonnée. Je peux laver le linge ou le ravauder. Je sais faire le ménage et j’ai appris à cuisiner. Répondis-je en haussant les épaules. Quelles genre de femmes ne savaient pas faire ce genre de chose, j’étais une bonne à rien peut-être que mon père avait raison sur ce point. Bien que la cuisine et la couture n’étaient pas mes activités favorites, je m’en contenterais bien si ça pouvait m’éviter de finir entre les griffes de ce gang. Il me paraissait peu vraisemblable qu’elle puisse m’offrir un tel poste ici dans ce temple.

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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptySam 18 Juin 2022 - 0:49

- Tu ne me déranges pas, à vrai dire j'apprécie ta compagnie, répondit-elle avec sincérité.

Et elle ne voulait pas la laisser partir avant de lui avoir redonné un peu d'espoir. Elle trouvait Josielle sympathique et son apparence encore un peu enfantine la rendait rapidement attachante. Joséphine termina également son thé et reposa la tasse vide sur le guéridon à côté d'elle. Souriante, elle croisa les mains et fixa à nouveau la jeune fille. Elle se demanda depuis combien de temps elle avait fuit sa famille et errait dans les rues. De première vue, elle n'avait pas l'air d'être le genre de personne à savoir se défendre, ce qui rendait sa survie encore pus admirable.

- Bien, ne te sous-estime pas Josielle. Ce ne sont pas des savoirs insignifiants, je ne possède moi-même pas ce genre de compétences, sourit Joséphine.

Elle avait voulu rassurer sa compagne sur ses compétences. Peut-être que si elle avait su faire autant de choses, elle aurait fuit sa famille elle aussi. Mais quand elle voit la misère dans laquelle vivait Josielle, elle se dit qu'elle n'aurait guère pu s'en sortir et que sa condition n'était pas si mauvaise. D'autant plus qu'elle devait préserver l'honneur de sa famille, la noble n'avait pas le droit à la digression.

Joséphine savait servir le thé et avait appris à coudre et à broder, comme la plupart des dames de son rang. Elle ne savait pas en revanche faire toutes les tâches ménagères de la vie quotidienne. Cela semblait pourtant anodin quand on y pensait, mais il y avait toujours eu quelqu'un pour faire ces choses pour elle.

- Je connais quelques familles nobles sur l'Esplanade, certaines recherchent probablement des domestiques où tu seras bien traitée. Je peux te faire une missive pour que les gardes te laissent passer les remparts. Si cela t'intéresse, rends-toi à la demeure du Vicomte de Léon et passe par l'entrée de service, là-bas tu demanderas Ludivine et tu lui diras que tu viens de la part de Joséphine de Léon. C'est mon ancienne femme de chambre, expliqua-t-elle, elle est très gentille et connait tous les bons filons. Elle t'indiquera chez qui trouver du travail.

Ce n'était pas grand chose, mais dans sa situation Joséphine ne pouvait lui proposer guère mieux. Si cela pouvait lui éviter de finir fille de joie, ce serait déjà bien. La fille d'Anür s'avisa qu'elle n'avait pas révélé clairement jusqu'ici son ancien statut de noblesse dans la conversation. Elle ne s'en cachait pourtant pas, mais cela lui semblait sans importance maintenant. Cette vie était déjà loin derrière elle.
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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyDim 19 Juin 2022 - 23:34




Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir


Comment pouvait-elle m’apprécier ? Je ne faisais que me plaindre depuis que je l’avais rencontré. Sans compter que ma vie était inintéressante, je n’étais qu’une simple fille de la ferme. De mon point de vue, j’étais qu’une agreste nesciente. La vie des filles d’Anür était donc aussi peu plaisante pour que la visite d’une simple inculte paraisse trépidante ?

Comment ne pouvais pas mépriser tout ce que j’étais, ce que savais et ce que j’allais devenir ? J’aurais tellement voulu devenir une de ces érudites du temple, savoir soigner les maux au lieu de devoir détourner la tête impuissante à la souffrance d’autrui, mais non j’étais rien, qu’une femme acratopège parmi tant d’autre et qui mourrait dans l’indifférence la plus totale. Et comme la situation dans la quelle j’étais actuellement, je devais ça à mes parents.

Il me paraissait invraisemblable que quelqu’un ne sache pas tenir un balai ou une brosse dans les mains. Je ne voulais offenser Joséphine, elle était si bienveillante et si maternelle, je regrettais de ne pas avoir eu la chance d’avoir une grande sœur comme elle. Une sœur qui m’aurait protégé et m’aider à réaliser mes rêves. Il était si rare que l’on se montre aussi sympathique avec moi que j’avais envie d’en pleurer, de relâcher ses larmes que je retenais depuis si longtemps par peur de me faire punir sans raison valable. J’étais presque certaine qu’elle ne me jugerait pas si j’en venais à pleurer en ses lieux. Les yeux larmoyant, mais un sourire sincère sur le visage, je lui avouais : Merci Jos’fine z’etes bien croquignolette et pleine d’mansuétude.

Là où sa tentative, de me rassurer quant à mes compétences m’avait simplement émue, son offre me laissa sans voix. Enfin, les Trois m’accordaient leurs grâces. Des larmes de joies, de reconnaissance et de soulagement venaient librement tracer des sillons clairs sur mes joues crasseuses. Je tombais à genoux pour la remercier : Merci Sainte Immaculée, puisse Anür vous bénir.

Dans un même temps, je venais de comprendre son ancien statut de noble. Qu’avait donc t’elle fait pour en arriver là ? Vu comment elle présentait l’ordre qu’elle était censée représentée, j’avais l’impression que ce n’était pas de gaîté de cœur qu’elle s’était retrouvée ici. Il me semblait inconvenant de faire preuve de plus de curiosité la concernant. Je relevais un regard d’autant plus triste sur sa personne. Je n’avais strictement rien, mais après tout ce qu’elle avait fait pour moi, je ne pouvais pas lui proposer mon aide : Comment puis je vous r'mrier

Je ne pouvais pas la laisser entre ces murs. Je trouverais bien un moyen ou un autre de la faire sortir. C’était bien le minimum que je pouvais faire la concernant. Je ne pouvais pas laisser tous les hommes lui passer dessus alors qu’elle était s’était montré si généreuse envers moi. Ça me semblait être un destin horrible pour une si bonne personne.

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MessageSujet: Re: Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir   Terminé | Quand le désespoir s'en mêle, renait l'espoir EmptyMer 22 Juin 2022 - 2:28
Si Josielle semblait émue de prime abord, ce n'est que lorsqu'elle se jeta à ses pieds en pleurant que la fille d'Anür comprit à quel point une lueur d'espoir lui était nécessaire. A la fois gênée par cette démonstration mais également émue à son tour de pouvoir aider quelqu'un, Joséphine aida la jeune fille à se relever et serra chaleureusement ses mains dans les siennes.

- Tu n'as pas à me remercier, ce n'est pas grand chose pour moi.

Joséphine se leva alors et se dirigea à l'autre bout de la pièce, s'approchant du petit secrétaire d'où elle écrivait généralement des lettres à son frère mais confiait aussi ses pensées les plus intimes dans un petit cahier rouge. Ouvrant un tiroir, elle en tira un bout de parchemin et trempa sa plume dans l'encrier. D'une écriture soignée, elle nota la missive promise à la jeune Josielle. Lorsqu'elle eut terminé, elle apposa son sceau à la lettre et revint la tendre à la fille. Joséphine emballa ensuite les gâteaux restant dans un petit mouchoir et les mis dans la main de son interlocutrice sans lui laisser l'opportunité de refuser son offre.

- Tu en auras plus besoin que moi, justifia-t-elle avec un petit sourire.

La fille d'Anür avait apprécié cet intermède inattendu dans la monotonie de sa vie. Heureuse d'avoir pu détourner la jeune fille de la voie de la prostitution, mais en plus de l'avoir peut-être aidée à trouver un travail convenable, elle pensa qu'il n'y avait que du positif à tirer de cette rencontre. Elle aurait aimé en savoir plus sur le passé de la blonde. Peut-être une autre fois ? Joséphine s'était déjà attachée à Josielle et espérait sincèrement que leurs chemins se croiseraient un jour de nouveau.

- Reviens me voir quand tu voudras, cela me ferait plaisir d'avoir de tes nouvelles. Bonne route Josielle !

Sur ce, elle raccompagna la jeune fille, pas peu fière de lui avoir rendu un peu d'espoir dans ce monde terne. Le sourire aux lèvres, la rouquine réalisa qu'elle allait maintenant devoir accomplir ce pour quoi elle était là. Pour la première fois depuis longtemps, cela ne la répugna pas. Rien n'aurait pu ternir le reste de cette belle journée.
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