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 Les papillons de nuit | Valent

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Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



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MessageSujet: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptySam 25 Juin 2022 - 13:02
L´ennuie était un luxe que Léonice n´avait que très peu connu. Ses propres songes se mêlaient à la réalité face à elle, tandis que la noble aux cheveux indisciplinés en boucles enflammées regardait une jeune femme jouer d´un instrument à cordes. La musicienne savait même chanter, bien que la baronne n´y décèle quelques rares fausses notes. Elle décida que cela constituait son charme, alors que la belle aux cheveux d´un joli blond cendré semblait donner toute son âme à l´oeuvre. Des doigts habitués aux travaux manuels, certainement, pinçaient la musique aux sonorités de ballade croisée de valse.

Léonice ne s´ennuyait pas, elle réfléchissait. Sa longue robe bleu ciel bercée de rubans et de perles la rendait bien peu hivernale, bien que surplombée d´une cape. La salle de réception avait beau être chauffée par une cheminée et des éclairages faits de torches et de chandeliers, l´air se trouvait aussi frisquet d´un milieu d´hiver Marbrumien. Léonice ne se souvenait pas avoir connu des temps plus doux à l´Ouest, mais la proximité avec la mer rendait l´ensemble moins généreux en chaleur. Une main sur son flanc, la jeune femme faisait comme elle le pouvait pour ne pas se sentir gelée ; ironie du sort, le monde dansant à cette réception lui donnait également étrangement chaud.

Cette soirée était étrange ; très éloignée du faste parfois constants de certains nobles, il lui semblait que le Baronnet l´ayant invité, un certain de Chay, avait lancé des invitations un peu hasardeuses en espérant que des gens se présentent. Léonice y avait été plus fortement conviée par l´une de ses amies, qui avait finit par ne pas du tout se montrer. La salle s´assemblait en deux parties ; la première, plus chaude de part sa proximité avec les cuisines, sentait bon la viande habilement préparée sur quelques buffets, même s´il y avait définitivement plus à boire qu´à déguster. La deuxième partie s´ouvrait sur un lustre, zone que Léonice évita consciencieusement, quitte à ne pas se laisser proposer une quelconque danse, le souvenir du bal d´automne encore ancré dans son esprit. Ce fut finalement le grand jardin bercé par le clair de lune qui attira son attention ; on pouvait y voir une fine péllicule de neige vers laquelle se dirigea la belle Léonice, soumise à une envie de solitude malmenée par son besoin maladif d´intriguer. Mais peut-être pourrait-elle faire une exception ce soir ; il devait bien y avoir une soixantaine de personnes, il n´était que trop facile de passer inaperçue.





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Valent d'AuvèrnhaChevalier
Valent d'Auvèrnha



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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptySam 25 Juin 2022 - 16:59
Les voies des dieux sont impénétrables, là se trouve certitude si tangible que le cycle solaire. Comme joueuse de la condition des Hommes, la Providence elle-même semble se soustraire ponctuellement des sentiers métaphoriquement battus pour guider ses brebis à des pâturages étrangers. L'on eut aisément considéré telle explication comme alambiquée, mais c'est bien la seule que Valent d'Auvèrnha se trouva pour justifier sa présence en des lieux qui, usuellement, n'auraient vu ne serait-ce que son ombre se dessiner aux murs. A proprement s’y pencher, le chevalier n’avait accepté l’invitation du fameux baronnet qu’en vue de satisfaire quelque accès de curiosité né d’un soupçon d’ennui. Ses affaires - si variées qu'inconséquentes - conclues, ce bal fut-il à ses yeux sans doute une excuse pour demeurer en la cité quelques temps supplémentaires avant de retourner aux landes plus familières du Labret.

A certains égards, l'apparente modestie des festivités lui plaisait. Peu réceptif au faste et enclin à se prémunir contre l'excès, l'homme d'arme trouva l'atmosphère à son goût, la naissance de son appétit très légèrement stimulée par la circulation d'effluves carnées. Cette intransigeance se lisait à même l'habit que la convention lui avait fait porter; en raison de sa sobriété, il n'était rien au-delà de sa remarquable silhouette qui puisse véritablement attirer l'attention. Se surprit-il de constater la légèreté de l'étoffe, laquelle offrait une amplitude à ses mouvements dont des décennies de formation ne s'étaient encombrées. Fort d'une position périphérique, se fit-il le spectateur de scènes en tous genres sans se risquer à l'exposition. Bientôt, cette même passivité lui tirailla l'esprit comme antithèse de ses habitudes : il était sans doute bien inconvenant de se présenter à telle réception sans chercher à y participer, et ce peu importe que l'on fût familier avec ses codes ou non.

Se remémorant les vieilles chansons de geste, l'entreprenant investi de quelque nouvelle ambition se chercha, sans doute, une gente demoiselle à qui proposer sa compagnie. Ses talents de danseur n'étaient pas ceux qu'il avait pour plus aiguisés mais la mémoire sait revenir aux moments les plus opportuns et Valent fût assez confiant pour songer qu'il ne se ridiculiserait pas. Nul ne sembla véritablement capter son attention sinon pour une figure vêtue d'Azur et couronnée d'automne. L'apparente lassitude - ou réflection -que trahissaient ses traits faisait-elle transparaître une forme de beauté que le chevalier trouva sensiblement captivante. Suffisamment perceptif pour s'enquérir des effets du froid sur la forme de cette inconnue, l'homme d'arme jugea qu'une seconde épaisseur ne lui aurait pas été de trop et, coincidentalement, se trouvait-il à porter un surcot dont l'absence ne l'eut impacté outre mesure. Ses pas s'emboîtèrent, différés, sur ceux de l'evanescente silhouette déjà portée au dehors.
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Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptyDim 26 Juin 2022 - 12:42
Les plantes s´organisaient en valses muettes, bien moins encombrantes que les couples maladroits se pensant divinement bons danseurs dans la salle non loin. De fragiles boutons s´immortalisaient contre les doigts de Léonice, cherchant à se remémorer les noms de ce qui donnerait dans quelques semaines de premières fleurs. Le gel faisait luire le bleu des racines à ce clair d´une lune accueillante ; Léonice se dégagea même d´un gant en dentelles pour venir en toucher la fraîcheur de son ongle. L´air était calme, tranquille, mais avec suffisamment d´échos de la fait pour ne pas se sentir trop esseulée. Il n´était peut-être pas très convenable pour une dame de s´isoler ainsi, mais cela lui semblait justifier. Alors qu´elle se proposait intimement de retourner à la fête, les pas d´une silhouette lui firent tourner la tête dans sa direction. L´épaisse chevelure de fausses flammes se plia pour à nouveau s´allonger autour de ses joues, alors que l´éclat d´une surprise s´acheminait jusqu´à son regard. Le blond de ses cheveux, cette barbe, et même la largeur d´épaules, à l´arrivée de ce probable noble s´ajouta le fantôme lointain d´Enguerrand de Raison. Léonice battit des cils, l´estomac retourné d´une ressemblance aussi fugace qu´ancrée au coin de sa rétine, au moins jusqu´à ce qu´elle ne croise le regard de l´inconnu. Une délicatesse tirait de ses traits, presque féminine dans sa douceur et pourtant marquée par la fermeté des combattants ; quelque chose que son feu mari ne possédait pas. Un bleu pourfendait l´espace entre eux, éclaircit malgré le peu de clarté, là où un émeraude s´affirmait dans le jadis regard presque affectueux que Léonice pouvait recevoir.

Sa vision finit par s´éclaircir alors que la taille de l´homme la forçait à légèrement lever la tête dans sa direction. Les épaisses lippes rouges de la baronne s´étirèrent en un charmant sourire, surtout après avoir remarqué que l´homme s´avançait dans sa direction peut-être pour lui parler ; le jardin était désert de toute animation comme de toute présence en dehors de la sienne, d´une fontaine dont l´eau avait gelé et de quelques plantes.

« Monsieur, prenez garde aux tapis de givre non loin, ce joli jardin en ait rempli», le prévint-elle avec un sourire chaleureux.

Une entrée en matière qui permettrait de laisser choisir à l´homme quel genre de conversation il voudrait entretenir ; Léonice appréciait son allure et, la surprise passée, elle lui trouvait même un visage agréable à regarder. Son pas était assuré, ses vêtements bien tenus, mais peut-être était-il un fier majordome venu lui demander de rejoindre le reste du groupe comme un chiennet venant quérir l´ordre parmi les moutons de son maître.

« Connaissez-vous, par hasard, le nom de cette plante-ci ? Voilà quelques minutes que je le cherche et rien ne me revient…»

Léonice désignait l´une des rares fleurs d´hiver qu´elle savait reconnaître, en vérité ; de menus pétales allant du blanc aux roses s´entrouvraient légèrement pour laisser apparaître un pistil jaune et argenté. Il s´agissait d´Hellébores, comme le lui avait déjà expliqué son jardinier d´antan, mais il parut à la jeune femme plus intéressant de poser une question ; et puis, elle était curieuse d´entendre la voix de son nouvel interlocuteur.




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Valent d'AuvèrnhaChevalier
Valent d'Auvèrnha



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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptyLun 27 Juin 2022 - 19:00
Valent pensait garder la singulière élusive à portée de regard, seulement celle-ci parvint à défausser sa vigilance du si bref détour de son œil, comme un fantôme revenu hanter sa seule perception pour s’évaporer en d’indicibles limbes. L’impression ne fut-elle que cela, son impact suffit à attiser la flamme d’une curiosité que le chevalier comptait satisfaire des plus simples réponses. L’inconnue parée de ses boucles enflammées n’était certes plus là, mais son trajet demeurait suffisamment clair pour que le sire puisse l’emprunter à son tour. De pas en pas, c’est l’univers d’une réception mondaine aux mille sons et couleurs qui s’évapora dans l’air nocturne, laissant sa place au tableau d’une nature conditionnée à l’harmonie par l’experte main de l’artiste jardinier, unie dans des tons bleuâtres que le gel avait cristallisé. Le dernier des d’Auvèrnha se savait modérément sensible à de telles expériences esthétiques; il était pourtant à celle-ci quelque qualité supplémentaire, quelque particularité justifiant le temps d’arrêt que décrivirent les mouvements du chevalier.

S’agissait-il de la composition du tableau végétal, toute d’assemblages délicats faite ? D’un air si placide que l’océan lointain, aux seuls bruits étouffés par la distance et la pierre ? Non, songea-t-il bien prestement, la réponse se trouvait juste à côté : s’y prostrait subtilement le contour d’une silhouette au sommet incandescent, celle-là même que Valent avait suivi des salles animées alors à peine ouïes. Ce contraste que la présence de muettes flammes intimait à l’ensemble s’était fait l’ancre des attentions du visiteur subitement inspiré. Ne put-il en l’instant que rendre un regard qu’il n’avait su déceler, l’émeraude affrontant le saphir en silence. Une pointe de surprise furtivement réprimée lui vint-elle à la réalisation du contact visuel, l’ineffable emprise du protocole l’incitant promptement à ne pas se perdre en intensité de peur que la limite d’un sacrosaint raisonnable ne soit franchie. Cette brève contemplation, sans évoquer l’analogie pour quelconque connaissance, conféra tout de même une étincelle d’unicité à la figure solitaire : le chevalier n’avait jusqu’ici côtoyé personne qui puisse proprement se targuer d’une crinière si flamboyante que celle qu’arborait sa silencieuse interlocutrice. Figure automnale, évoluait-elle comme la réminiscence ou l’anticipation de son milieu pour mieux en sublimer l’intemporalité.

Il n’était à douter qu’un tel portait soit des plus attirants. Valent lui-même en percevait les charmes quoique la flamme de son ardeur ait été tempérée par la perte; les braises ne s’étaient pas éteintes et leurs étincelles voletaient encore à la rencontre d’une créature semblablement marquée par un passé similaire. En bon intrus, l’homme d’arme avait-il entrepris de combler le peu d’écart qui le séparait encore des fleurs délicates. L’entrevue d’une couche de gel à même de causer bien maladroite chute ne lui vint qu’au prix de l’intervention de sa semblable, son jeu de jambe lui épargnant le ridicule. C’est à ladite congénère, dont il venait d’entendre la voix pour la première fois, qu’il adressa la réciproque d’un sourire porté du hochement de son chef.

- Mes remerciements, Madame.

Le temps des mots lui était venu, son timbre ainsi qu’une torche inondant l’obscurité d’une chaleureuse lumière couvrant le bruit de ses bottes résonnant sur le sol poudré d’albâtre. Le silence de pétales iridescents n’avait su taire sa voix, l’appelant plutôt comme l’ultime pièce de toute l'œuvre. Du fil de quelque examen, nouvelle question lui vint et poussa son regard au discernement de blancs et de roses indiqués d’une svelte main. L’acaulescente ne lui était pas inconnue, ses noms folkloriques aussi nombreux qu’il était de bêtes en ce dernier. Pied de griffon, de lion; Patte d’Ours et Herbe au Fou se bousculèrent en son esprit pour se pendre à l’extrémité de sa langue. Pivotant de trois-quarts, Valent confronta la curieuse sans que ses dires jamais ne s’égarent en des landes trop brusques.

- Je crois me souvenir que l’on l’appelait chez-moi "Aliboron". Un remède pour l’esprit affligé. Gagerais-je pourtant que cette soudaine question ne soit ce qui vous ait attiré loin des autres convives ?

Un échange venait de débuter, intimant aux bonnes conventions d’orchestrer les prochains mouvements du sire. Son buste légèrement courbé permit la propre extension de sa main partie en quête d’une jumelle coiffée de dentelle. Pour peu que l’interlocutrice au charmant sourire ait bien daignée l’en gratifier, naturellement.
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Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptyLun 27 Juin 2022 - 22:22
Léonice ne masqua pas le sourire naissant à ses lèvres, agrémenté d’une certaine douceur quand elle vit l’homme s’adresser à éviter les quelques couches de verglas. Evitant la glissade, il gratifia même la belle d’un charmant visage ainsi que d’un voix qu’elle trouva appréciable. Cet homme ne respirait pas les mêmes travers que ses semblables ; ou alors, Léonice n’avait vraiment pas envie de détecter le moindre défaut dans cette manière qu’avait l’homme de s’adresser à elle. Sa réponse attestait d’une connaissance admirable ; si Léonice ne reconnut pas le nom employé, elle sentit à l’intonation de l’homme qu’il ne se trompait pas. Il n’était pas rares que les roses soient appelées racines d’un bout à l’autre du Royaume de Langres, elle hocha donc doucement la tête, faisant vibrer contre son crâne ses boucles au réveil carmin. Sensible aux prétentions de cour, la baronne tendit également sa main gantée pour se laisser saisir par les doigts d’une force qu’elle ne pouvait qu’imaginer. Délicate, elle laissa faire le prudent en le couvant d’un regard curieux.


« Suis-je si loin ? Je ne l’avais même pas remarqué, pour être honnête. J’aimais simplement la fraîcheur à mes bras qui mer permettrait, assurément, de redécouvrir avec merveille toute la chaleur d’un bain de petite foule ».


Ses lèvres empourprées réaffirmèrent tout l’amusement détendu qu’elle avait pour la conversation. Après un petit temps où le vent souffla sa brise hivernale dans les chevelures découvertes, la jeune femme inclina la tête dans un effort serein de présentation.


« Léonice de Raison. Pardonnez mon audace mais, si l’isolement, quoique bref, d’une Dame peut facilement laisser quelques interrogations planer, la venue d’un homme de votre prestance en attire tout autant. Le naturel aurait poussé quelqu’un à utiliser un domestique pour me demander de rentrer » .


Elle ne négligeait pas le plaisir d’avoir quelqu’un pour tromper ses réflexions peu glorieuses, ses considérations qui ne cédait que peu de terrain aux plaisirs factices d’une telle réception, sans oublier le prestige de trouver compagnie agréable dans un ramassis d’hommes et de femmes qui n’attiraient, en ce moment, que la profonde lassitude de la Baronne de Raison. Cette dernière contempla l’homme qu’elle ne savait pas encore être un chevalier ; il était assurément très grand, presque gigantesque maintenant qu’à peine un mètre ne les séparait. La baronne devait lever le menton pour observer le visage de son interlocuteur ; cet homme n’était probablement pas de la région. Et ses yeux… ses yeux. Léonice ne serait pas rompue aux arts de la cour et des contenances qu’elle se serait probablement émoustillée d’une telle proximité.


« La soirée vous est-elle agréable, mon cher ? »

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Valent d'AuvèrnhaChevalier
Valent d'Auvèrnha



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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptyMar 28 Juin 2022 - 0:50
Vaste royaume que celui de Langres, où les fleurs se trouvaient d’innombrables noms. Si la langue variait immanquablement dès lors que l’on s’aventurait dans ses contrées, l’usage aussi se savait fluide au-devant d’origines bien trop variées pour que l’idée de culture homogène soit proprement recevable. Valent se conformait à des coutumes que sa terre natale avait raffinées sur des générations : l'exécution pouvait certes différer mais l’intention demeurait fondamentalement la même. Ici, l’initiative que saisit le chevalier avait tout d’un risque et l’intéressé s’en doutait parfaitement; la réciprocité d’une forme de cordialité convenue l’eut-elle confortée dans son avenance. La noble aux cheveux de flammes s’était accaparée le monopole du sourire, aussi l’intrus lui rendit-il de nouveau lorsque la délicate surface du gant lui effleura la paume. Nonobstant l’air frais que le sire sentait sans peine contre son visage, le creux de sa main conservait une chaleur qu’il transmit à sa semblable d’un si simple contact.

Il était une indéniable force à trouver dans ces doigts qui, à toute heure, se vouaient au maniement des armes; en témoignaient plus explicitement les callosités striant la ligne interne de ses premières phalanges. Pourtant, une surprenante délicatesse en émanait ainsi qu’on ne pouvait craindre le resserrement d’une poigne à jamais prévenu par la tempérance de l’esprit. La main de cette solitaire demoiselle n’eut sans doute été capable de trouver coussin à même de convoyer semblable sentiment de sécurité. Sans mots ni mouvements, Valent écoutait simplement ce que son interlocutrice avait à déclamer. Lui vint l’idée qu’il ne se trouvait là qu’un tissu de duplicité mais les règles de courtoisie ne lui inspirèrent nulle objection. Ces dernières le poussèrent d’ailleurs à l’attente d’une présentation que sa nouvelle accointance décida d’opérer sans plus tarder. L’élévation de son poignet suivit l’inclinaison plus prononcée de son buste, laquelle suffit tout juste à ce que le chevalier puisse apposer lèvres contre dentelle pour subséquemment prendre la parole.

- Valent d’Auvèrnha. Croyez-bien que je suis enchanté de faire votre connaissance.

Cela suffirait, sans doute, à conclure les premiers instants de la rencontre. Redressé de tout son long, le sire se trouva forcé d’abaisser son regard pour peu qu’il ait voulu capter celui que deux émeraudes lui transmettaient en silence. La remarque que l’on lui adressa, pertinente, suffit à l’étirement de ses propres lippes. En d’autres circonstances, un profond rire eût fait vibrer sa voix; se retint-il bien de faire preuve d’exubérance pour ne pas brusquer l’air si calme que maintenait le jardin.

- Ce serait vous méprendre sur mes intentions que de me croire venu à votre rencontre pour vous ramener aux lumières. Avouerai-je sans déraison que la nuit vous sied à merveille.

Cette figure de contraste que la proximité sublimait bien au-delà du sensé ne pouvait laisser indifférent. L’éclat flamboyant de boucles cramoisies et d’orbes taillés dans la plus pure malachite réfractaient la diaphane lueur de l'astre montant pour l’enrichir de nouvelles nuances inconnues de l’entendement. Bel euphémisme eut été d’affirmer la satisfaction du méridional, lequel se garda tout de même d’afficher trop franchement sa pensée; la courtoisie et son jeu n’étaient-ils faits que d’une retenue si délectable qu’insoutenable. Au loin, le chatoyant reflet d’ailes errantes trahissait la présence d’hétérocères vagabonds, silencieux arpenteurs nocturnes aptes à parachever le tableau du jardin d’hiver.

- L’est-elle bien davantage en votre compagnie que passée seule. Ce jardin m’offre à voir ce dont je n’aurais soupçonné l’existence et m'inspire bien des songes. Le ressentez-vous également ?
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Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptyMar 28 Juin 2022 - 10:55
Il y avait un charme à ainsi laisser en contact des envergures et des passés si différents qu’ils transparaissaient jusqu’à la tenue d’une main par une autre. A l’inverse de la forte largeur de la dextre de l’homme, celle de Léonice paraissait minuscule, d’une fragilité que la moindre pression pourrait briser sans effort aucun. Les deux jouaient pourtant ainsi que sur un même cordage tendu entre deux mâts, dans une harmonie qui ne tromperait personne sur leur lignée et leurs habitudes. Ce noble au regard si clair possédait un amour des convenances ou au moins suffisamment de tact pour s’en soucier ; quelque chose qui ne manqua pas de flatter la peau gracile quoique malmenée par le froid de la baronne aux cheveux soumis au vent. Léonice ne se hâta pas de quitter la chaleur agréable de la paume de Valent, bien que la bienséance l’enjoigne à ne pas prolonger des contacts considérés comme si peu nécessaires. La baronne n’avait que peu d’expectatives en cette soirée mise au seuil de l’ignorance et de l’ennuie ; pourtant le silence qui les entourait ne lui parut jamais moins étrange. Si les bruits des danseurs, musiciens et autres exclamations de bonnes naissances leurs parvenaient toujours, le froid de l’hiver leur promettait à tous deux une tranquillité aussi durable que tous deux le désirerait. Le compliment l’amusa lors que par jeu, Léonice glissait son regard vers les ombres.

« Amusant. Et assez flatteur ; je m’attendais presque à être comparée à l’astre diurne, ainsi que ma chevelure le laisse entendre habituellement. »

Le sourire en coin que renvoya la noble attestait de tout son délice dans la manœuvre ; si elle n’était pas aussi sensible au moindre mot comme pouvait l’être quelques jouvencelles aux heures de noces à peine courbées, Léonice savait reconnaître les gens capables d’un brin plus de sincérité que le noble de base, lissé par une vie souvent trop plein de fantasmes et d’un luxe dont lequel il se complaisait. Valent semblait être un combattant, peut-être un artiste ; la baronne se sentit intriguée par cette rencontre, sans oser le formuler de manière un peu plus claire.

« Je ne m’attendais pas à être accompagnée, mais c’est une surprise pour l’heure bienvenue. Je ne pourrais affirmer que la vue d’un jardin en gel m’inspire de quelconques songes, mais je suis sensible à cette fragile tranquilité. Un mauvais coup, un vent trop fort ou une brusque chute de neige pour aisément réduire à néant ces petits bourgeons. »

Léonice se retourna vers les dites fleurs d’hiver, caressant leur bulbe d’un index recouvert de tissu.

« Je trouve cette sauvegarde de l’hiver apaisante, comme si le nature ne s’était jamais vraiment déréglée. »




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Valent d'AuvèrnhaChevalier
Valent d'Auvèrnha



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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptyMar 28 Juin 2022 - 21:07
La première comparaison lui était parvenue si naturellement que le geste ritualisé du baisemain. Les mots de la noble s’avéraient, Valent ne pouvant que concéder le lien si aisément fait entre soleil et chevelure. Lui sembla pourtant qu’une analogie de ce genre n’ait su convoyer l’impact que l’opposition fondamentale de couleurs, de tons, savait créer en son esprit. Son compliment, qu’il se figurait mesuré, avait sans doute glissé du fil de sa pensée pour s’aventurer bien promptement par-delà ses lèvres : une inconsciente volonté de justifier sa présence en des circonstances qui, n'eût-il été lui-même, auraient soulevé l’inquiétude. Le chevalier avait-il eu la chance, contre toute attente, de tomber sur une baronne à l'intrigante - mais non moins bienvenue - réceptivité. Un si singulier sourire que complétait la lenteur du retrait de deux mains suffisait à rendre la soirée plus que profitable à quiconque se fût trouvé dans les bottes du sire; cette place, enviable à bien des égards, ne l'eût-il pas échangée pour quoi que ce soit. La vraisemblable réciprocité d’une convenance menacée du seul délai de la discussion lui tira fin sourire, invitant son regard à la nouvelle exploration de recoins gelés jusqu’ici délaissés.

Dans les méandres de ce jardin figé d’aspect comme de temps, l’homme d’arme et sa flamboyante accointance lui semblaient évoluer ainsi qu’ils étaient devenus parties intégrantes du décor. Les propres ramifications de cette impression ne lui apparaissaient que vaguement; supposa-t-il que le bref échange avait suffit à marquer son esprit d’un souvenir de l’endroit dont ne pourrait se soustraire la trace de leurs deux silhouettes. Ces considérations, succinctes, guidèrent ses yeux contre la coupe de quelque assemblage végétal soutenant fines gouttes de givre en voie de fondre dès l’aube. Les mots qu’ajoutèrent l’élusive au tableau ne lui parurent que plus pertinents, sa propre vision les rejoignant sans peine. La perception de deux âmes différait dans les détails mais la source de leur entendement partageait les prémices de l’évocation transcendante. Épargnant de si fragiles bourgeon du toucher, Valent retint la contemplation aux seules actions du regard.

- Il n’est pas de meilleure image qui représente l'évanescence des choses, la beauté fugace qu’il nous faut capturer avant son irrémédiable départ. L’Homme ne me semble pas si différent, lorsque vu sous cet angle. Éphémère, la vie, mais pleine de ces instants qui vous font rendre grâce à la Trinité.

Valent s’était presque surpris sentimental, l’élan trop osé de ses pensées vivement réprimé pour ne pas faire entorse à la bienséance. Un simple air serein lui fendit les traits, l’azur rendu à l’émeraude pour quelques instants de silence supplémentaires.

- Je plussoie; le monde naturel a de quoi séduire. Nos descendants en profiteront-ils comme nous mais, ce jardin, entonna-t-il aux côtés de mains très légèrement surélevées vers ledit ensemble, ce jardin est notre présent privilège.

Comme rappelé à l'ordre par l'invisible main du destin, le chevalier émit la pointe d'un rire si nerveux que sincère. La dextre qu'il gardait à son flanc se précipita sur les sommets de sa tonsure ainsi que son envol s'esquissait imminent. Comment négocier cette soudaine éruption de gêne ?

- Me suis-je sans doute égaré; pardonnez-moi. Je n'aurais cru aborder de tels sujets au cours d'un simple bal, quoi qu'il semble clair que la réception n'est plus qu'un prétexte. Me feriez-vous l'honneur de me parler davantage de vous ?
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Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptyMer 29 Juin 2022 - 19:04
Léonice avait soudain le cœur plus léger ; comme si ce simple échange avec Valent lui permettait de respirer pour la première fois de la soirée. C’était idiot, puisqu’ils ne se connaissaient pas, mais l’homme avait cette gestuelle, ces manières de parler paraissaient aussi familières qu’étrangères pour la baronne. Cette dernière ne pensait plus qu’au gel dans le jardin, qu’au temps qui passait, et se complaisait à renouer avec un esprit plus philosophique et littéraire. Elle ne savait pas encore si Valent était aussi sensible à ce genre d’élucubrations, mais Léonice se dit sans mal qu’elle n’allait pas tarder à le découvrir ; et surtout, ce fut chose faite quelques secondes plus tard. Le phrasé fut bien choisit de la part du blond qui la dépassait de facilement deux têtes, poussant Léonice à un sourire contemplatif, tandis que ses yeux se perdaient dans le naturel des couleurs sous eux. La pénombre léchait le bout de leurs vêtements, presque timide, légère dans son épaisseur. La baronne eut un geste pour les Trois, une main serrée contre sa poitrine, par automatisme contemplatif. Elle ne s’en rendit même pas compte, forte des années à croire que rien de trop grave ne pourrait tomber sur le monde qui lui ferait douter de la sympathie des dieux à l’égard de l’humanité. Malgré une époque tournée vers le mouvement et les cataclysmes, il y avait des choses, comme le cycle naturel de l’hiver et de l’été, qui ne changeaient pas dans le cœur profond de la belle aux cheveux flamboyants.

Si Léonice ne bougea pas, elle ne fut pas moins surprise d’entendre parler de descendance. Une main distraite passa à son giron, dans le souvenir lointain d’avoir un jour porté des enfants. Elle en comprit que l’homme était probablement marié, et avait surement déjà enfanté ; quoi de plus naturel pour des nobles, après tout. Même pour la baronne, il fut difficile de deviner en son for intérieur si la révélation la chagrinait ; ce n’était pas comme si, d’une quelconque manière, elle s’imaginait convoiter le premier inconnu venu la saluer dans une soirée étonnante de lassitude. La gêne qu’elle crut deviner dans le regard et la voix de l’homme eut de quoi la surprendre, la faire sourire, même, alors que ses sourcils se relevaient dans tout le retenu étonnement qu’elle pouvait montrer.

« Votre prétexte me convient parfaitement, rassurez-vous. Et… ne vous en faites pas. Nous avons tous nos instants d’égarements… souhaitez-vous m’accompagner et faire quelques pas dans ce jardin ? Seule, j’aurais bien peur de tomber. »

Là encore, un prétexte, autant pour bouger et ainsi être moins sensible au froid, qu’avoir l’occasion de discuter encore un peu. Valent semblait curieux, et posa sa question avec une franchise presque chaleureuse.

« Que dire sur moi-même… je crains qu’il n’y ait pas tant à raconter. Je ne suis pas née à Marbrume mais dans un Ouest de Langres qui me parait bien lointain. Mes gens et moi-même sommes arrivés en plein hiver, quelques années auparavant… et, bien que j’apprécie grandement les festivités et les bals dansants, je dois avouer ne pas être la plus conquise par celle-ci », osa-t-elle-même rajouter. « Et vous, Sire s’Auvèrnha ? »

Elle cligna les yeux, confuse.

« J’espère prononcer correctement votre nom, je crains de n’être que très peu familière avec ce genre de sonorités. »







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Valent d'AuvèrnhaChevalier
Valent d'Auvèrnha



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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptySam 2 Juil 2022 - 17:26
L’avancée de la soirée ne servant qu’à renforcer toute l'ambivalence de cette singulière situation, Valent ne manqua pas de songer à la simple décision qui l’avait projeté dans cet écrin de gel à la captivante flamme. Un écart ou deux l’avaient bien malgré lui trahi du seul fil de la conversation; convaincu de la pleine intégrité de ses facultés, le chevalier daigna-t-il imputer le bref égarement de ses paroles au manque de familiarité qui caractérisait son rapport aux réceptions mondaines et, plus généralement, à l’atmosphère d’une ville qu’il ne côtoyait plus vraiment. Bien-sûr, la présence d’une créature si élusive que la noble couronnée d’automne n’aidait pas à mitiger les distractions dont s’encombraient ses sens : son apparence et ses manières, sans doute, inspiraient l’orée de sa vision comme les aurores boréales que des troubadours aventuriers aimaient, dans ses souvenirs, mentionner dès leur retour à Langres. La gêne, cette insidieuse adversaire, avait fait momentanément taire sa voix mais son entrain n’en avait été véritablement impactée. Sa silencieuse observation ne lui permit pas de saisir la pleine signification du geste si subtil que venait subrepticement d’esquisser son interlocutrice, les arcanes de son origine consignées au seul esprit de la baronne qui, affublée de ce sourire caractéristique, était vraisemblablement passée maître dans l’art du détournement d’attention.

C’est sur cette dernière que le sire osa s’appuyer, usant d’une simple question découverte de tout détournement pour trancher avec l’instant de suspension et relancer le fil d’une conversation jusqu’ici très divertissante. Outrepassant la barre de ses attentes, la noble doubla sa réponse d’une invitation au mouvement et Valent ne pût qu'acquiescer. Se risquer à laisser une Dame ainsi tomber n’était - au-delà d’une simple entorse aux règles de la courtoisie - très certainement pas digne de son statut. Accroché par si charmant prétexte, le chevalier reprit-il sa lente marche sans plus se soucier du superflu. Sa curiosité s’était embrasée au contact de la baronne, aussi s’assura-t-il de bien écouter ce que celle-ci daignait si généreusement lui livrer. Le récit, quoique succinct, se suffisait à lui-même : une certaine familiarité en émanait, soufflant ses réminiscences tantôt doucereuses, tantôt amères, au scion d’Auvèrnha. Le pouvoir des mots et du souvenir ne perdait en force malgré le passage des années, leur marque brièvement imprimée sur les traits d’un Valent saisi par ses réflexions. Légères, une simple question suffit à briser leur emprise et deux orbes d’azur flottèrent bientôt sur la silhouette réciproquement curieuse. Peu orthodoxe mais pas moins bienvenue, la démarche offrit au noble quelques précieuses secondes dont se saisirent ses pensées.

- Je me retrouve d'une certaine manière en ce récit. Je suis aussi le rescapé de terres consumées par la Fange, à ceci près que mes origines sont méridionales. Les usages et traditions du Sud, de même que ma propre éducation, ne m’ont... Pas vraiment préparés à de telles réceptions. Ne suis-je ce soir guère plus qu’un poisson ayant bondi de son bassin.

Un sourire plus léger se saisit soudain du visage cerclé d’or, et l’on n’eût été vraiment capable de savoir si sa subite apparition naissait de la situation évoquée ou de la prononciation du patronyme que revendiquait la dame. Valent fit arquer son ultime pas en sa direction, la toisant du regard comme un professeur évaluant sa pupille sans faire montre de la moindre moquerie. L’inflexion singulière que décrivait l’accent étranger pourtant central à son nom filait d’aguicheuses lippes sans grand trouble quoique très légèrement distordu; le principal intéressé en fut-il tout particulièrement ravi, ne se privant pas pour s’amuser - respectueusement - d’une confusion tout à fait justifiable.

- Vous vous en sortez très bien. Le dialecte de ma lande est souvent capricieux avec ceux qui n’en sont pas les premiers locuteurs; je ne saurais vous en vouloir de ne pas saisir ses moindres subtilités, Madame de Raison.

Il était un genre d’accent qu’exsudaient les mots du sire. Dissimulés dans le ton d’une consonne ou le roulement réprimé d’un “r”, les restes d’une langue parlée l’espace d’une vie ne disparaissaient jamais vraiment.

- Pour être franc, je m'étais mis en quête d'une partenaire de danse; poussé par l’idée candide que participer au bal me permettrait de l’apprécier à sa juste valeur, sans le moindre doute. Me semble-t-il avoir trouvé… bien mieux.
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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptyLun 4 Juil 2022 - 16:49
Ce petit jardin d’hiver accompagnait finalement une bien intrigante rencontre. Alors que Valent lui répondait, Léonice se perdait une nouvelle fois à contempler le givre, qu’il soit dans les yeux de son interlocuteur ou sur les plantes tout autour d’eux. Elle était presque contente de savoir que l’homme n’était pas à Marbrume depuis si longtemps que ça, ou en tout cas dans le duché. Elle fut saisie d’une irrémédiable envie de plus le questionner, mais les quelques règles de la bienséance qu’elle aimait suivre calma ses ardeurs en ce sens.

« Oh, je vois. Je ne savais pas que les réceptions étaient si différentes dans la culture sudiste ; mais je suis en même temps heureuse d’apprendre de nouvelles choses ce soir, Messire. »

Elle se demandait de quelle éducation il devait parler, n’étant pas certaine de savoir si l’homme aux cheveux si clair qu’ils pourraient survivre à la neige Emplit de prudence, le noble semblait tout à la fois fait du même bois que tous ces courtisans en quête de brève compagnie que de ceux qui ne se laissaient jamais entraînés dans de telles mondanités. Le contact de leurs bras fit comprendre à Léonice que le noble faisait partie des guerriers capable de lever une épée, peut-être même une lance ; en même temps, aucun des deux n’avait prononcé le moindre titre. Elle pouvait être comtesse comme lui milicien ; l’importance n’était pas à cette considération, décida tout de même la baronne. Elle eut un rire léger à être ainsi rassurée sur sa prononciation. Maintenant que Léonice y prêtait un peu plus attention, il était vrai que Valent s’exprimait dans une langue commune presque parfaite, avec cette intonation qui rappelait un autre chose inconnu. Une spécificité qui devrait faire jaser les nobliardes en mal de racontars, d’ailleurs… mais c’était bien la première fois qu’elle l’apercevait à une réception.

« Eh vous habitez la cité même ? » demanda-t-elle en espérant secrètement que cette soirée ne soit pas leur seule possibilité de rencontres.

Bien que Léonice, comme toujours, découvrirait d’autres personnes qu’un noble aux yeux clairs pour lui tenir compagnie. Il y avait simplement une petite facilité à savoir rencontrer à nouveau l’agréable au cours de soirées qui ne l’étaient pas toujours ; quand bien même l’homme était certainement occupé d’une femme, d’enfants, ou de règles qui l’empêchaient de se montrer trop souvent aux bals de la haute société. Son histoire de partenaire de danse fit définitivement glousser la baronne qui se passa deux doigts contre les lèvres.

« Et pour trouver une partenaire de danse, vous êtes venus dans un jardin en plein hiver… quel curieux personnage, Messire d'Auvèrnha ! »

Le regard de Léonice glissa doucement vers son interlocuteur. L’homme semblait avoir des tendances de beau parleur ce qui, sans désintéresser la belle, la rendit tout de même un peu plus joueuse comme… méfiante.

« Bien mieux qu’une danseuse ? Une singularité du Sud, peut-être, à se laisser porter par le hasard de ce qu’on ne cherche pas vraiment ? » chantonna-t-elle d’une voix amusée.




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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptyVen 8 Juil 2022 - 17:35
Le froid, si perfide que subtil, s'insinuait contre la peau découverte du chevalier coiffé d'or. Ses crocs ne lui étaient depuis longtemps plus dangereux ni même désagréables mais sa présence ne s'était pour autant jamais soustraite au sens. L'humidité de l'air, en voie de se cristalliser encore davantage sous l'action de l'hiver, aurait sans doute pu gratifier l'orée de sa chevelure d'un fin voile d'albâtre pour peu que le sire soit resté dans l'enceinte du jardin quelques heures supplémentaires. Au regard de ces considérations, l’intermittente apparition de ces mêmes papillons lui apparaissait ainsi que la manifestation de singuliers cristaux neigeux, formés dans la perfection, l'unicité d'un instant si bref que leur forme se désolidarisait d'un seul coup d'ailes.

Cette entrevue, curieuse à bien des égards, se faisait semblable à l'observation. Qu'en resterait-il des suites de son dénouement qu'un souvenir ? La perfection d'un tableau si contrasté ne pouvait subsister intégralement au seul prisme de la mémoire et Valent se devait conséquemment de le chérir comme un don des Trois. A ces fins, s'était-il donné à en recevoir la moindre impression, le moindre sentiment; porté par la rareté d'un instant d'accalmie lancé par la providence au cœur d'une vie d'agitation permanente, le chevalier s'ouvrait suffisamment pour renouer avec une part de son âme toute entière, celle-là même qu'il avait laissé sur la route du Morguestanc aux côtés des cendres de morts infortunés. Se "lâcher" ainsi lui semblait si revigorant que dangereux, et ses propres mots semblèrent se retourner contre lui d'un simple accès d'honnêteté que d'aucun jurerait trop brut pour la bienséance. La phrase lui avait pourtant filée des lippes et revenir dessus eut été plus abhorrant pour lui que de les avoir seulement prononcés. Son interlocutrice, dont il ne savait finalement que bien peu de choses, se fit le socle sur lequel s'appuyer puis rebondir de sa simple question.

L'interpella-t-elle sans doute, convoyant quelque volonté de réitération à laquelle Valent n'était pas insensible. Leur rencontre était parfaitement récente, mais s'y trouvait sans doute quelque agréable disposition bien à même de reparaître lors d'éventuelles conversations prochaines. Soucieux de ne pas laisser Silence planer trop longtemps, le sire répondit simplement, d'un ton factuel.

- Non, Madame. Mon foyer se trouve près d'Usson. Je ne suis ici que temporairement.

C'eut presque été décevant à dire, mais ça n'en était pas moins vrai. Les voyages vers Marbrume étaient de bien rares occurrences depuis près d'un an; ne lui était jamais venue l'idée de profiter plus que cela de la cité mais, des suites de cet échange au creux du gel et de la nature, cette conviction allait peut-être changer. La curiosité de son "hôte", maîtresse désignée du jardin car seule présente en son arrivée, fit trahir quelque éclat d'amusement niché dans l'azur de son regard. Le constat empreint d'une pointe de dérision laissait sa cible sans réponse, cette dernière concédant sans réserves la curiosité de la situation. Ne pouvait-il véritablement en rire, aussi le fit-il pour embellir l'atmosphère d'un écho de sa voix profonde. Un sourire en coin, né sur son visage pour en disparaître, s'y accrocha pourtant avec telle force que Valent ne parvint totalement à s'en défaire : l'amusement, sans doute, lui pendait au visage dans la suite de celui de la flamboyante.

- Vous ne seriez pas si éloignée de la vérité. Gagerais-je plutôt qu'il s'agit là d'une singularité familiale, de quelque esprit d'aventure que tempèrent tant bien que mal l'éducation et les codes. Sous le joug de leur carcan, s'exacerbe-t-il peut-être pour se libérer en de telles occasions.
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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptyLun 11 Juil 2022 - 15:07
Usson, Usson, Usson. Léonice nota, inclinant la tête de côté dans un signe qu’elle avait entendu, mais une pointe de déception l’empêcha de répondre dans l’immédiat. Elle ne pouvait pas s’attendre à grand-chose de telles rencontres, de toute façon ; elle ne se départit aucunement de son sourire et ne chercha pas à prendre de la distance non plus.

« Votre vie à Usson vous plait-elle ? Oh, et j’avoue être curieuse, si vous m’autorisez ; qu’êtes-vous donc venir faire dans une telle soirée si loin de votre domaine ? »

Elle fut heureuse d’entendre que sa remarque arrachait tout de même un petit rire, accompagnée d’un plus humble sourire par la baronne. La jeune femme ne pouvait pas décemment se comporter trop en dehors des codes, même si Valent montrait une part de marginalité soucieuse d’être bien vue.

« Vous en dites trop, ou pas assez, Sire. Un esprit d’aventure éloigné de l’éducation et des codes ? C’est une chose particulièrement dangereuse à dire de nobles inconnus » .

Léonice ne disait pas réellement cela pour confronter l’homme, ou pour être désagréable ; mais elle cherchait à savoir s’il n’avait réellement aucun respect pour les codes qui liaient les sociétés ou s’il ne s’agissait que d’un jeu pour se rendre original. Dans tous les cas, c’était une donnée qui méritait que la flamboyante s’y intéresse, même si elle commençait à se convaincre qu’elle n’aurait jamais la chance de revoir l’homme probablement marié. Leurs pas les amenaient à faire un petit tour du jardin ensommeillé, si loin de l’animation à l’intérieur qui continuait à se faire avec de nouveaux instruments. Seule la nuit les couvrait de l’hiver, la végétation empêchant le vent de progresser jusqu’à faire plus que les effleurer. Néanmoins, la jeune femme restée longtemps à l’extérieur avait de plus en plus de mal à camoufler ses tremblements. Elle se serrait discrètement contre le bras de l’homme qui l’accompagnait, essayant de maintenir la conversation malgré ses lèvres qui bleuissaient et ses mains qui s’engourdissaient.

« Ce n’est pas que je n’aime pas danser, d’ailleurs, » répliqua-t-elle à une remarque faite un peu plus tôt.




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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptyMer 13 Juil 2022 - 22:50
La mention du doux foyer - presque doucereux dans l'écho féminin qui le précipita à paire d'oreilles drapées d'or - suffit à conjurer moult images en l'esprit du chevalier souriant. Si fugaces qu'innombrables, laissaient-elles entrevoir l'altérité qui séparait deux mondes pourtant si proches - à trois jours de chevauchée près - l'un de l'autre. La ville et son pays, les rues et les champs, le jour et la nuit... D'un simple loisir qu'il ne se permettrait nullement, Valent aurait-t-il sans doute été capable d'énumérer plus d'un contraste entre sa demeure et celle qu'occupaient les invités pour une soirée. Le brin d'amusement qu'avait su faire naitre en son sein l'élusive noble se jouait de ses pensées en suggérant, presque prosaïquement, l'observation d'une telle opposition de tons dans le tableau naturel strié de flammes que ses yeux laissaient à saisir. Il n'était pour le sire à déceler que l'apparente curiosité d'une dame qu'il venait de rencontrer et qui, toutes circonstances le permettant, n'avait rien de déplacé; sinon pour l'idée, alors pour la seule tenue d'un langage corporel que ledit chevalier ne percevait qu'ainsi qu'une porte ouverte que l'on se garda bien seulement de franchir.

- Elle me comble et me rappelle, d'une certaine façon, mon ancien foyer. Simple, honnête, sans artifices. Loin de moi l'idée de vouloir froisser les bonnes gens de la cité, mais je trouve bien plus de vertus à la vie en-dehors des murs. Pour peu que la providence vous ait ait déjà menée sur le plateau, Madame, je ne doute pas que vous saisissiez ce que j'entends dire. L'Esplanade et ses intrigues n'a su me convaincre d'y demeurer.

Une note si subtile qu'incisive s'était-elle immiscée, pernicieuse, au creux des quelques dernières syllabes que Valent avait bien voulu produire. S'agissait-il là de quelque amère réminiscence de ses propres escapades en terres nobles à laquelle était venu se greffer un accès de prudence que ses instincts primaires avaient invoqués face à l'inconnu. Sans s'attarder sur tel détail, le sire prit-il appui sur une seconde question pour rendre à la discussion la pleine continuité de son fil rouge.

- Vous avouerais-je que les circonstances sont les seules responsables de ma présence. Je n'avais prévu de me présenter ici, seulement m'est parvenue une invitation lors des préparatifs de mon retour. La curiosité, sans doute, a-t-elle su combler le manque de familiarité qui me séparait de l'expéditeur.

Ses traits se strièrent d'un bref sourire, comme coupables d'une innocence que l'on ne retrouvait guère plus chez les adultes. La seule décision qui l'avait portée jusqu'ici ne découlait ultimement que d'un accès de cette fougue, succinctement décrie par quelques mots et astucieusement relevée par l'attentive interlocutrice. S'était-elle fait le catalyseur de sa présence au bal et, désormais, de sa présence au cœur d'un écrin de verdure suspendue par le gel. Pour la seule occasion de passer la soirée d'une façon autrement plus productive qu'en simple spectateur, Valent se savait reconnaissant envers cette part de lui-même et ne pouvait entièrement se reprocher l'éclatement trop prononcé de quelques passions insoumises par l'âge. L’œil détourné par les paysages ophidiens et autres chatoiements d'azur, le sire se garda bien d'approfondir de peur que l'atmosphère ne perde de sa singulière poésie.

- Trop, dites-vous ? En ce cas, il me faut vous demander d'en dire plus. Vous qui vous interrogez sur ma présence appelez à la curiosité par la votre. Quelle singulière circonstance mène une dame de votre sorte à fréquenter un bal que tient parfait inconnu ? Un rendez-vous déçu, peut-être ?

L’attrait pour la réponse, dont s'était préalablement saisit le chevalier, l'avait progressivement quitté lorsque parurent, au coin de sa vision, les signes de l'avancée du froid sur peau si délicate. L'avancée du corps qui longeait le sien ne pouvait passer inaperçu pour qui connaissait ses propres sens aussi intimement que tout guerrier; s'était-il légèrement rapproché en réponse, le temps de rallier les murs aux portes et fenêtres dispensatrices d'un fragment de chaleur. Il suffit d'un regard confronté à l'état de son accompagnatrice pour convaincre le sire de se défaire de son surcot de jais, duquel il fit promptement parer les épaules de celle-ci pour en réchauffer l'ivoire. Une expression de souci lui était passée sur le visage, l'arrachant aux rêveries précédentes pour le refocaliser sur l'instant. Ne dura-t-elle qu'un temps, bannie d'un éclat de voix qui faisait écho à d'anciens mots désormais connus du seul souvenir. Il reparut un simple sourire, plus discret, sur les fines lippes à l'indiscernable meurtrissure. Sa course s'ajuste de telle sorte que le duo n'aurait nul mal à regagner les salles où se complaisaient danseurs et musiciens.

- Ai-je cru que vous ne répondriez jamais. M'accorderez-vous la prochaine danse ?
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Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: Les papillons de nuit | Valent   Les papillons de nuit | Valent EmptyJeu 14 Juil 2022 - 16:43
La notion de piété siffla aux oreilles de la baronne ainsi que des bourdonnements désagréables et pourtant attendus. Qu’y avait-il de plus vertueux à s’éloigner ainsi de la vie de cour pour un noble ? Et surtout, quel intérêt l’homme avait-il dans l’immédiat à ainsi le mettre en avant ? Intriguée, Léonice écouta sans faire de commentaire trop audacieux, découvrant une facette des gens qui vivaient au labret qu’elle ne connaissait aucunement. Peureux ou en disgrâces, raflés ou obligés, la reprise du Labret avait été teinté de directives étranges de la part de celui qui prétendait être roi, aussi Léonice ne connaissait que peu de personnes qui, à la manière de l’homme qu’elle ne savait pas encore être chevalier, se plaisaient bien plus à cette vie éloignée des principes fondateurs de leur société. Après tout ; il en fallait bien. Son visage se para d’un sourire doux alors qu’elle secouait la tête de gauche à droite.

« Je crains de ne jamais avoir eu le plaisir de partir si loin de Marbrume. »

La baronne prit grand soin de ne pas réagir à la pique lancée comme sur un champ de bataille ; si elle se sentait concernée par les intrigues de Marbrume qui semblait faire fuir l’éloigné du labret, elle n’en montra rien de plus qu’un visage paisible –quoique légèrement frigorifié. Léonice n’avait jamais su si les nobles qui s’éloignaient volontairement de la vie de cour n’étaient que des simples d’esprits ou, au contraire, des gens capables d’un sens précis de l’auto préservation. L’idée que la baronne se faisait de Valent n’était pas encore très précise ; elle se laissait aller à la lente contemplation de leur échange, comme étrangère à sa propre manière de parler, de marcher ou de chercher la chaleur d’un corps dispersé sous les couches de vêtements.

« La curiosité, donc, je vois, ainsi n’en êtes-vous pas complètement dépourvu malgré votre vie loin de tout, » sourit-elle.

Le petit jardin qui paraissait si grand par la mesure de leur pas se voyait bien vite seul gardien de leur presque querelle. Il y avait quelque chose qui attendrissait tout de même suffisamment Léonice pour ne pas chercher à trop vite se séparer de son nouveau compagnon ; d’autant plus que la soirée ne la charmait pas outre mesure, il s’agissait donc d’un passe-temps parfaitement acceptable pour la jeune veuve. Mais à force de vouloir deviner l’indevinable, Valent commençait toutefois à mettre les pieds dans un plat mal réchauffé. Un regard glissé sur le côté pour seule arme, le tranchant de son bleu s’élevant sans honte jusqu’à la hauteur du grand homme.

« De ma sorte ? Oh, feriez-vous référence à l’Esplanade et aux intrigues qui vont ont convaincus de ne pas y demeurer ? »

Léonice força presque l’arrêt de leur marche. Son regard détonnait avec le reste de sa conversation, une encre jetée dans une audace et une pique qui se voulait cinglante sans devenir offensante. Son sourire s’étendait toujours à ses lèvres charnues et sa tête se penchait sur le côté.

« Je crains, mon cher Sire, que vous jouissiez d’une liberté que je ne puis m’autoriser. Les gens de ma sorte se présentent là où ils sont conviés pour établir liens, intrigues et amitiés. »

Le froid fut particulièrement saisissant pour la jeune femme qui s’était légèrement écartée du sire afin de le regarder dans les yeux. Une erreur, s’il s’agissait réellement d’une alors qu’un nouveau tremblement lui saisissait tout le corps ; Léonice fut presque surprise de sentir la chaleur du vêtements à ses épaules. Elle s’excusa d’un regard, avant d’incliner la tête.

« Sire, je vous remercie mais nous devrions rentrer… »

La salle principale de bal n’était heureusement pas trop loin, où règnerait bien vite une nouvelle chaleur retrouvée. Léonice se sentait presque incommodée de profiter du vêtement de celui avec qui elle venait de se montrer presque cruelle dans ses mots, ou en tout cas cruellement moqueuse.

« Quand nos pieds ne risqueront plus de pernicieuses glissades, pourquoi pas, » dit-elle en cachant un léger reniflement.





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