Marbrume


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 [TERMINÉ] Que tombe la neige | Violette

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VioletteFille d'Anür
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Que tombe la neige | Violette   [TERMINÉ] Que tombe la neige | Violette - Page 2 EmptySam 9 Juil 2022 - 1:02



Que tombe la neige



Le Port de Marbrume | 5 janvier 1164.

Le coude enfoncé dans sa cuisse, le menton calé au creux de sa main en coupe, la jeune femme mâchonnait sa propre part de tarte aux pommes, ses prunelles rieuses rivées sur son comparse, l’observant se délecter du met sucré, lui faisant vaguement penser à un gros chat affamé heureux d’être tombé sur une souris bien juteuse. Cette comparaison lui arracha un sourire aussi tendre qu’amusé, plissant davantage ses paupières tout en retroussant son petit nez rond.

Sourire qui se ternit lorsqu’elle entendit la réponse à sa question, ses sourcils ténébreux se fronçant au-dessus de ses perles smaragdines tandis que sa tête penchée d’autant plus sur le côté, lui donnant un petit air interloqué. J’suis p’sûre d’avoir tout saisi… Ses écrins de chair se mettant à battre lentement, ses longs cils noirs fouettant doucement le haut de ses pommettes. Mais j’compris l’essentiel… ‘fin, j’crois. Balayant finalement le sujet d’un haussement d’épaules, ne cherchant pas à en savoir plus malgré sa curiosité insatiable. L’expression du jeune homme et le ton utilisé lui en disant probablement plus que ses paroles un peu trop obscures pour quelqu’un comme elle, répondant de ce fait à son sourire par un presque identique si on ne comptait pas là touche d’espièglerie innée qui paraissait ancré en la demoiselle.

- Ce s’rait quoi la perfection si y’avait du thé dans c’cas ? J’pense pas qu’y en ait encor’ t’façon. Même l’contrebande a s’limites. Sa mâchoire quitta son perchoir, ses yeux avides passant en revue dans une vitesse affolante chacun des plats qu’elle avait chapardé dans les cuisines ; sa petite main fines couvertes de callosités ne s’arrêtant qu’une fois la recherche terminée sur ce qui semblait être un petit pain fourré aux pommes. Y’a d’la bière ou du cid’ par cont’. S’apprêtant à enfourner l’objet de ses délicieux désirs dans sa bouche, elle suspendit son geste dans les airs, rabaissant la pâtisserie lorsqu’elle entendit à nouveau la voix chaude de Tharcise résonner auprès d’elle. Violette tourna immédiatement la tête vers le trio de marins accoudés au comptoir, tout trois ayant eux-mêmes les iris ancrés sur eux, l’un avec moquerie, l’autre avec bougonnerie et le dernier, toujours aussi sombre. - Attenter à mon honneur ? s’esclaffa t-elle tout en s’étouffant avec sa salive, produisant un son entre le rire et la toux. C’fait b’en l’temps qu’j’l’ai paumé çui-là. continuant de rire au point d’en faire perler des larmes au coin de ses yeux qu’elle essuya sur la manche de sa chemise autrefois blanche d’un revers de la main. Une fois son hilarité calmée, elle se racla la gorge, changeant légèrement de position sur le banc, se mettant de trois-quarts par rapport au noble juvénile. C’sont mes onc’. Pas d’sang, mais c’la famille qu’même. Eux et m’père s’connaissent d’puis qu’sont minots. D’coup, ça r’vient au même. Son index pointa les trois marins tour à tour sans la moindre gêne ou discrétion, montrant bien à toutes personnes environnantes et un tant soit peu attentives de qui ils parlaient. Lui, c’Courtaud. C’le plus affectueux et protecteur des trois. L’plus jeune aussi. L’est marié ´vec la Grosse Martha, qui t’ent l’auberge. Là, c’Corniaud, l’aîné. Çui qu’à parlé en pr’mier. L’est moqueur et bavard. On d’rait pas com’ ça d’par son apparence ficelle mais c’le plus dang’reux d’ent’ eux. Pis là, c’Briscard. L’est râleur et tac’turne. Et aussi l’meilleur conteur que j’connaisse. Mêm’ temps, j’en c’nnais pas b’coup. Mais ´l’est là tous les sam’dis soirs pour raconter des histoires quand l’est pas en mer et… Elle se tut brusquement, baissant la tête, dissimulant son visage cramoisi derrière l’épais rideau de ses obscures lianes sauvages s’enroulant sur elles-mêmes. J’parle trop, hein ? Glissant une de ses délicates menottes dans les ténébreuses flammes de sa crinière parée d’une rivière d’argent dans un geste embarrassé ; la couleur carmine ayant envahie ses joues ne disparaissant pas, ne s’atténuant qu’à peine.

Violette prit malgré tout sur elle pour se tourner résolument vers Tharcise, la mince prison de peau renfermant ses pierres olivâtres des plissant pour ne laissant entrevoir qu’une lueur attentive, se rapprochant de quelques centimètres pour mieux voir la blessure ornant la lèvre inférieure tuméfiée. Dans un grognement sourd, ses mains se mirent à voleter auprès du faciès diaphane, saisissant avec une douceur insoupçonnée la mâchoire carrée piquetée de poils noirs pour l’incliner un tantinet vers le bas, persifflant entre ses dents après les hommes et leur idée saugrenue d’être aussi grand. Elle le relâcha une fois satisfaite, sa senestre partant cette fois-ci à l'assaut du couvercle de la jarre en terre cuite reposant devant ses jambes, tirant dessus pour l’ouvrir ; l’intérieur dégageant de forte fragrance sucrée et fruitée, somme toute particulièrement agréable à l’odorat. Le bout de son index plongea dans la mixture qui s’avéra être un mélange de miel et d’huile de rosat produit en grande quantité, devant servir à soigner les égratignures et autres plaies plus ou moins profondes des clients du Boit-Sans-Soif. Deux choses. De un, t’bouges pas. Et d’deux, t’lèches pas. Mêm’ s’t’en as très envie. C’dur d’résister, mais faut pas. T’vas garder une affreuse cicatrice s’non. C’s’rait dommage. L’adolescente se pencha en avant, déposant la pulpe de son doigt recouvert de la substance semi-liquide aux effluves de miel et de fleurs sur l’horion, massant la zone abîmée avec la légèreté d’une plume et l’habileté des habitués. Puis elle se recula, son crâne délicat s’inclinant sur la gauche, le doigt toujours en l’air, admirant son œuvre dans une petite moue satisfaite. C’d’vrait faire l’affaire pour l’instant. S’t’y touches pas. L’encoignure de ses lèvres charnues se relevèrent, conférant à sa frimousse mutine un petit quelque chose d’encore plus facétieux. Si les lutins existaient, elle serait très certainement l’une d’entre eux, à n’en pas douter. Mais pour l’instant, en cet endroit surpeuplé et envahi par les sons divers et variés les entourant sans pour autant parvenir à percer la bulle qui s’était formée autour d’eux, elle se sentait bien. Peut-être trop. Et malgré tout l’amour qu’elle avait pour les siens, ça faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas été aussi sereine.
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Que tombe la neige | Violette   [TERMINÉ] Que tombe la neige | Violette - Page 2 EmptyDim 10 Juil 2022 - 10:27



Que tombe la neige.



Le Port de Marbrume | 5 janvier 1164.

Tharcise s’accommoda, patient, du babillage volubile de l’adolescente. Tandis qu’il demeurait là, comme statufié dans l’attente de son traitement, il l’observa rire aux éclats, la jeune fille balayant de ces notes hilares, fardées d’autodérision, le constat d’une condition jugée peu honorable. Il l’écouta lui brosser les profils de ses oncles de cœur, basculant à peine sa tête pour que ses iris d’orage puissent flirter entre le petit index tendu indiscrètement dans leur direction et les faciès de cette curieuse trinité dont l’attention était obstinément braquée sur eux. A l’évocation du talent de conteur dudit Briscard, le nobliau écarquilla brièvement les paupières, un chatoiement saupoudré d’intérêt voletant à la surface de ses prunelles dont la mire glacée avait repris place sur le visage aux joues cramoisies de la pauvresse, cette dernière semblant soudain embarrassée de s’être laissé emporter par ses élans loquaces. Faisant sinuer sa langue contre ses dents, bouche close, pour brider le sourire amusé qui menaçait de fissurer le sérieux de sa pose, Tharcise fit mine de rien.

- Intéressant. Je cultive quelque appétence pour les histoires. Tous les samedis soir, dites-vous ?

Violette se tourna alors vers lui, l’air résolu, deux fleurs carmines s’épanouissant, le pétale agressif, sur ses pommettes, tandis qu’elle s’attelait à l’examiner, pestant quelque trait critique sur la taille des hommes. Un mouvement vague d’épaules de la part du noble conclut ce grief murmuré avant que les deux consignes ne tombent, auréolée des effluves doucereux du liquide dense, à la teinte dorée, uniforme, qui s’échappait du pot de terre cuite dont le couvercle avait été descellé. Le fort arôme que ses sens capturèrent lui fit froncer les sourcils, les ailes de son nez se dilatant d’un frémissement érodé d’un tic au dessin déplaisant. Lorsque la jeune fille s’approcha, son index enduit du sirop épais prêt à faire son office, Tharcise ferma les yeux. Était-ce de la pudeur, de la gêne, que cette promiscuité renouvelée provoquait ? Il ne réagit pas davantage lorsque sa lèvre inférieure, fendue, se vit tartinée du miel odorant, la pulpe à peine tiraillée sous les légers massages de ce doigt chatouilleux. Une fois la pâte gélatineuse étalée généreusement sur la plaie, Tharcise rouvrit les paupières, ces dernières battant vivement, ses yeux d’acier martelé vrillant sur l’index dressé, suintant d’une fine couche de miel. Il grimaça.

- Hm. Je n’apprécie guère le miel. lâcha-t-il, bougon, sa senestre attrapant le couvercle de bois traînant sur le plateau de victuailles pour l’imposer à la bouche béante du pot dans un claquement sec. S’il ne flatte guère mon odorat, je reconnais cependant ses vertus thérapeutiques. Je ne compte plus le nombre de fois où mes gouvernantes m’en ont tartiné la moindre parcelle de peau égratignée. Sa gorge vibra d’un léger rire. Bref. Merci.

Sans que la jeune Violette ait pu en soupçonner l’issue, tant tous deux semblaient se complaire au creux de ce cocon aux effluves familiers, comme un soupir sur une partition aux notes chaotiques, Tharcise s’effaça de son champ de vision, bondissant hors de l’assise du banc d’un coup de reins athlétique. Secouant ses vêtements souillés des traînées d’une boue douteuse désormais séchées, il réajusta quelque pli, çà et là, avant de s’écarter de l’aura chaleureuse de la cheminée. Se dressant de toute sa masculine hauteur, l’ombre de son corps grignotant de sa noire mante la petite physionomie de la jeune fille, le nobliau se fendit d’une gracieuse révérence. Quand il se redressa, sa voix aux chaudes tonalités percuta l’espace entre eux.

- Bien que ces instants fussent fort instructifs et agréables, il est temps pour moi de prendre congé. Prenez soin de vous. Et des vôtres.

Plein d’allant malgré sa mise, il pivota sur ses talons pour prendre la direction de la sortie, franchit quelques coudées compliquées à travers la cohorte de tables et de chaises… avant de se figer. Ses mains s’agitèrent sur les bords de sa ceinture, semblèrent fouiller en quête de quelque chose, quand soudain il se retourna de trois quarts vers l’adolescente, tout en lui lançant, d’une pichenette adroite, une pièce qui s’éleva dans les airs et voleta en arc de cercle, le discret jeton métallique tournoyant et s’irisant d’escarbilles dorées sous les lueurs ambiantes des flambeaux disséminés alentour.

- Ah ! Eeet… s’exclama-t-il, haussant à peine le ton pour se faire entendre dans ce brouhaha. … Pour le dérangement et les soins. Que les Trois vous gardent.

Un hochement de tête courtois mit fin à sa sentence. Le jeune homme reprit alors son évolution, non sans adresser un clin d’œil provocateur aux trois marins qui ne cessèrent guère de le dévisager pendant toute sa manœuvre de fuite, et ce, jusqu’à ce que sa longue silhouette disparaisse derrière le panneau de bois branlant de la taverne Boit-sans-Soif.

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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Que tombe la neige | Violette   [TERMINÉ] Que tombe la neige | Violette - Page 2 EmptyDim 10 Juil 2022 - 22:27



Que tombe la neige



Le Port de Marbrume | 5 janvier 1164.

- T’as tort. C’bon l’miel. lâcha-t-elle en retroussant son petit nez d’un air bougon. Violette tiqua à « mes gouvernantes », un de ses fins sourcils ténébreux se haussant, accompagné d’un regard torve. Si elle ne disait rien, l’expression de son visage en montrait long sur le fond de sa pensée et pourtant, malgré son impulsivité, elle choisit délibérément de demeurer muette. Ce n’était pas comme si, l’un comme l’autre, pouvait réellement faire quelque chose concernant leur condition de vie. Si ?

Et d’un seul mouvement, la bulle dans laquelle ils se trouvaient éclata soudainement, laissant flotter un voile d’hébétude dans les prunelles claires de la jeune femme. Le suivant du regard, c’est à peine si elle ne dût pas tordre le cou pour garder ses yeux printaniers rivés sur son visage lorsqu’il se remit à parler ; un sourire amusé étirant ses lèvres pulpeuses à l’égard de la révérence qu’il lui adressa, trouvant en toute vraisemblance la situation particulièrement cocasse.

- Espérons qu’tu sois pas encor’ blessé la pr’chaine fois qu’on s’crois’ra. T’as t’jours une dette à payer, m’semb’ b’en. enchaîna-t-elle sur un ton mêlant taquinerie et provocation, s’alliant parfaitement à la pointe de tendre moquerie qui se devinait aisément dans ses perles olivâtres. Cependant, elle reprit sur un tonalité un peu plus sérieuse, sa voix fluette résonnant légèrement autour d’eux. F’gaffe à toi.

Violette resta logée sur le banc, suivant la silhouette masculine de Tharcise louvoyer entre les tables et les clients de ses pupilles curieuses. Elle se redressa sensiblement quand il s’arrêta pour lui lancer une pièce aux luisantes dorées, la lueur des flammes miroitant à la surface de celle-ci, se répercutant sur les murs alentour tout du long de sa trajectoire sous les iris surprises de Violette. D’un simple bond, elle s’élança vivement, attrapant l’objet tournoyant dans les airs, atterrissant au creux de sa petite main pâle, ses billes vertes s’ancrant sur le cercle d’or trônant à l’intérieur.

Pendant que les trois marins grognaient quelque chose sur le passage du jeune noble, l’adolescente n’eut qu’à peine le temps de se remettre de ce départ théâtralement précipité qu’elle se faisait déjà morigéner depuis les cuisines par une voix aussi affectueuse qu’autoritaire. J’arrive Tante Martha ! Elle jeta un dernier coup d’œil à la porte que le grand brun venait de franchir, un petit sourire en coin accroché à ses lippes et elle fila d’un pas dansant vers l’antre de l’aubergiste.

FIN
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