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 Le printemps de l'innocence [Solo/Flashback]

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Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Le printemps de l'innocence [Solo/Flashback]   Le printemps de l'innocence [Solo/Flashback] EmptyJeu 21 Juil 2022 - 13:16
Marbrume,
Jardins de l'esplanade
Mai 1165


Le soleil était brûlant cet après-midi là, alors qu'Alaric et Clervie étaient sortis en promenade. Des abeilles butinaient les rosiers et les pieds de delphiniums, les fontaines à l'effigie d'Anür crachaient une eau scintillante dont les gouttes étaient semblables à mille petits diamants ; de jeunes couples se promenaient allégrement, main dans la main. Parmi les sentiers rocailleux, les deux enfants Sombrelune se perdirent, riant gaiement.

- Tu as vu ce beau papillon bleu, Alaric ? demanda Clervie. Alaric ?

Déjà, le jeune homme avait cessé de rire ; la mélancolie qui couvrait son regard il y a quelque temps se remanifestait. Clervie se félicita de nouveau d'avoir réussi à le convaincre d'accepter cette promenade. De toute évidence, son frère était tourmenté depuis quelques huitaines par un événement dont elle ignorait l'origine.

- Oh, excuse-moi Clervie, je...
- Viens mon frère, allons nous asseoir près de cette fontaine.

Le jet d'eau jaillissait d'une statue d'un couple d'amants enlacés. Sur la rocaille poussaient des petits pieds de pensées mauves dont les pétales délicates bougeaient sous la brise. Clervie savoura un court instant le parfum des fleurs transmis par ce vent léger avant de prendre la parole.

- Alaric, qu'est-ce qui te tourmente ? Gwendal m'a dit que tu n'avais rien voulu lui dire à lui non plus. Nous nous faisons du souci pour toi. Est-ce que quelqu'un t'a causé des ennuis ?

Le jeune homme aux beaux cheveux corbeau poussa un soupir. Puis enfin, ses prunelles d'obsidienne si semblables à ceux de Clervie vinrent soutenir son regard. Il prit un air encore plus grave :

- Jure-moi d'abord que tu ne diras rien à Père ou à Mère.
- Evidemment que non, répondit Clervie. Pourquoi ferais-je cela sans ton accord ?
- Parce que je ne suis pas sûr que tu... approuves.
- Dis-moi.

Alaric prit une profonde inspiration. Puis enfin, il se lança :

- Je suis amoureux. Mais... c'est une banneresse et une réfugiée.
- En somme, elle n'a pas de dot, dit Clervie d'un ton grave.

Les Sombrelune eux-même avaient eu du mal à reconstruire leur commerce d'étoffe après avoir dû laisser tous leurs biens être jetés à la fange, mais la ténacité de Renaud avait porté ses fruits. Néanmoins, Clervie savait qu'il avait espéré voir Alaric marié à une riche bourgeoise ou au moins à une baronne. Il ne serait absolument pas ravi de voir Alaric avec une pauvre réfugiée désargentée et le jeune homme semblait en avoir conscience.

- Tu n'as pas le choix, Alaric. Tu dois renoncer à elle. Père ne tolérera jamais ça.

- Mais je ne peux pas ! protesta le jeune homme. Tu crois que je n'ai pas déjà essayé ?
- Les sentiments et le devoir sont deux choses différentes, dit Clervie. Et nous avons été éduqués à choisir le devoir.
- Ca te va bien de dire ça, cracha le jeune homme brusquement. Tu aimes Gwendal depuis que tu as douze ans ! Ce n'est pas à toi que Papa demande d'épouser quelqu'un d'autre !

Il n'avait pas tort sur ce point. Clervie ne s'était jamais imaginée vivre sans Gwendal, devoir renoncer à lui. Mais cependant, elle savait aussi que son frère regrettait sa décision s'il persistait à vouloir affronter leur père. Aussi finit-elle par dire :

- Alaric, je te comprends, je t'assure. Mais pense aux conséquences. Tu te maries avec elle, soit. Mais déjà, la mésalliance et le fait qu'elle n'ait pas de dot, cela va faire parler chez les nobles, et pas en bien. On dira de Père qu'il ne sait pas mener ses affaires à prospérité. Certes, les ragots finiront par se taire, mais ce n'est pas ce que nous avons le plus à craindre. Le commerce d'étoffes est en plein développement et nous devons le faire fructifier. Sans argent, comment tu veux faire ? Crois-tu que vous serez bien heureux longtemps sans biens et sans ressources ? Car c'est ce qui risque d'arriver si nous agissons sans penser à l'avenir. Pourquoi crois-tu que Père et Mère vont prendre le thé deux fois la semaine chez la Comtesse de Valis ou chez le Comte de Verteplaine ? Pour nous garantir une bonne position sociale.
- Je me moque de notre "position sociale". La fange nous a pris presque tout, Clervie. Ne pourrait-on pas au moins mener notre vie comme nous l'entendons ?
- Je me demande ce que tu dirais si demain je me mettais en tête d'épouser un homme du peuple, répliqua Clervie d'un ton moqueur. Je pense que tu serais encore plus sévère que moi !
- Ce n'est pas la même chose...
- Ah oui ? Et pourquoi ce ne serait pas la même chose ? Parce que je suis une fille, c'est cela ?
- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire... Mais bon, ce n'est pas à toi que cela arriverait de toute façon. Après tout, tu es bien plus raisonnable que moi, n'est-ce pas ?

Il eut un air sombre :

- Je savais, de toute façon, que je n'aurais pas ton soutien ! Comme si tu pouvais comprendre... Gwendal et toi êtes si heureux ensemble... J'aurais cru tout de même que tu voudrais la même chose pour moi.

Ses yeux s'embuèrent légèrement et Clervie regretta alors tout ce qu'elle venait de lui dire. Elle lui prit soudain le bras :

- Oh, Alaric... Tu l'aimes donc tant que cela, ta banneresse ?
- Comme un fou.
- Comment s'appelle-t-elle ?

Il baissa légèrement la voix :

- Tu l'as déjà rencontrée. Tu te souviens, à la dernière soirée du Comte de Verteplaine. Une femme aux cheveux roux foncés...
- Lybra de Braisevent ?

Il hocha la tête.

- Et elle ? Elle t'aime ?

- Autant que je l'aime.

Clervie se rappelait à présent la jeune fille au nom de famille si étonnament de paire avec sa chevelure brune qui jetait des reflets grenat au soleil. Elle ne pouvait reprocher à son frère d'avoir succombé, car la banneresse avait charme et esprit. Elle s'était montrée particulièrement charmante envers la jeune Sombrelune. Elles n'avaient cependant pas eu d'autres occasions de se côtoyer. Mais visiblement, Alaric, lui, s'était débrouillé pour la revoir et elle comprit qu'il ne renoncerait jamais à elle. Tout ce qu'elle pouvait faire, à présent, c'était tâcher de le soutenir.

- Tu devras tôt ou tard en parler à père si tu souhaites l'épouser. Mais je serai là pour t'épauler de mon mieux.

A ces mots, Alaric enlaça sa soeur :

- Merci Clervie... Je ne t'en demande pas plus...


Ni l'un ni l'autre ne savait à ce moment-là quelle tragédie s'abattrait sur eux et que la belle Lybra de Braisevent ne goûterait que peu de temps le bonheur de l'amour avant de connaître l'amertume du veuvage.


Un aperçu de la belle pour les curieux ^^
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