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 L'appât du gain | Léonice

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Valent d'AuvèrnhaChevalier
Valent d'Auvèrnha



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MessageSujet: L'appât du gain | Léonice   L'appât du gain | Léonice EmptyVen 9 Sep 2022 - 1:31
Il était un temps pour tout. Dans son infinie sagesse, la Trinité avait-elle compartimentée la vie des Hommes de sorte que leur esprit se satisfasse d'une gamme si large d'expériences qu'une paire de vies n'en eut couvert l'entier spectre des possibilités. Semblable à tout autre, l'individu drapé de jais que l'éclat d'or d'une crinière soignée laissait à détonner du reste de la foule s'affairait à son quotidien dans une quiétude caractéristique. Un subtil état de distraction lui restait, cependant, comme réminiscence d'un soir plus marquant que d'autres. Son irruption survenait, impromptue, par synesthésie des couleurs et des sons; au loin, l'air prisonnier d'une salle de réception se noyait dans les discussions du peuple vaquant; plus proche cette fois-ci, l'éclat mordoré du soleil déclinant reflété dans une flaque faisait poindre les fugaces images d'un pan de mèche cramoisie.

Tous mirages dansaient, éthérés en substance, sur la rétine du chevalier vagabond. Ces papillons de nuits sortis de songes abscons voletèrent, un temps, pour finalement se fondre dans l'étoffe d'un foulard d'azur passant au coin du regard de Valent. Cette vague passée, fut-il rendu au présent et à la tâche réalisée lors de son parcours dans les rues de Bourg-Levant. Les pensées refluèrent en lui comme l'écume d'une vague scélérate, se mêlant aux rouages de sa pensée pour en troubler la claire définition. Le sac de cuir dont s'encombrait sa main suffit, sans doute, à l'ancrer en des termes plus sûrs : s'étant de nouveau constitué routine intrinsèque à la nature de son office, à même de faire passer les derniers temps de son séjour en la cité, le sire d'Auvèrnha parachevait alors son habituelle sortie de fin d'après-midi. Semblable en presque tous points à ses précédentes, celle-ci se distinguait-elle en ce que le chevalier avait choisi de dévouer son temps à la traversée des quartiers marchands. L'ample sélection de produits que soutenait sa senestre témoignait d'un indubitable succès, mais subsistait pourtant en l'esprit du sire la préoccupation de trouver quelque témoignage de reconnaissance à offrir à si généreux hôte que le sien.

Ces contemplations le menèrent, lentement mais sûrement, à reprendre sa marche sous les auspices du soleil déclinant. Non pas si fréquentées qu'au plus fort de la journée, les rues alentours n'étaient pas désertes pour autant et le bruit permanent de la vie se fondit en un arrière-plan sonore des plus agréables. Voué à reprendre le chemin de sa résidence de circonstances, Valent ralentit volontairement le rythme de ses pas pour se complaire dans la paix quelques instants supplémentaires; cette action lui permit, sans qu'il n'en ait initialement eu l'intention, de remarquer le tempo effréné de pas frappant le sol. Adressant un regard de biais à la source du son, le chevalier fut plutôt percuté par la masse d'une silhouette n'ayant guère daigné garder l’œil sur sa trajectoire. Formé à la conservation de son équilibre en toutes circonstances, le sire fut épargné par l’embarras d'une chute disgracieuse mais ne manqua pas d'intercepter le projectile humain par le biais de sa main libre.

Le bras dont s'emplit sa poigne paraissait trop fin, trop svelte pour être celui d'un adulte et, confirmant cette assomption, c'est bien le faciès d'un adolescent qui se révéla aux yeux d'azur de d'Auvèrnha. N'eut-il le temps de prononcer le moindre mot que cet assaillant involontaire prit la fuite comme échappant à la Fange. L'absence de toute excuse inspira quelque amertume au faciès du sire, qui dû se contenter d'un simple soupir; l'instant suivant, presque pesant d'une tension jusqu'ici contenue, vit une diversité d'expression si grande lui passer au visage qu'on lui eut concédé sans peine des crampes mandibulaires. En effet, non content de causer la presque-chute de son ainé, l'impudent fuyard avait, par quelque formidable aptitude ou parfait coup de chance, réussi à subtiliser la bourse du chevalier. N'y eut-on certes trouvé l'entièreté de sa fortune, le contenant restait lourd d'une quantité d'argent par d'aucune âme raisonnable considérée comme non-négligeable. De ses réflexes travaillés, l'homme d'arme fusa-t-il sans tarder à la suite de son détrousseur.

Brève eut-été la course sur la simple longueur d'une unique rue, seulement le coupable s'était-il engagé dans l'un des passages adjacents, ô combien plus exigus et plus tortueux que la voie principale. Lorsqu'enfin le chevalier parvint à mettre la main sur son Némésis, lui arracha-t-il l'objet du délit des mains sans ménager sa force. Un filet de sueur vint perler de son front, couplé à l’évanescente éruption d'un souffle qu'avait su générer si soudaine poursuite. Une fois encore, cependant, le propre corps de Valent n'occulta nullement le bruit de pas plus lourds portés aux environs les plus immédiats. Se retournant sans plus tarder, eut-il tout déplaisir de constater que le voleur et lui n'étaient plus les seuls occupants de la ruelle qu'ils avaient investi. Quatre hommes aux regards sombres évoluaient en sa direction, causant à son cœur de battre sensiblement plus fort. Sa seule fortitude mentale le maintint, immuable, au-devant d'un quatuor vraisemblablement investi d'ambitions peu nobles.
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Léonice de RaisonBaronne
Léonice de Raison



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MessageSujet: Re: L'appât du gain | Léonice   L'appât du gain | Léonice EmptyMar 13 Sep 2022 - 22:16
Léonice ne se sentait pas spécialement condamnée de sa situation ; mais alors que le froid mordait sa joue et que ses doigts s’engourdissaient par l’hiver, la baronne se rêva ailleurs que près des allées bondées par lesquelles elle devait régulièrement passer. La jeune femme se devait de rester ponctuelle lorsqu’elle rendait visites à ses clients ; d’une jeune enfant avide d’apprendre la danse à un vieux bourgeois qui n’ose pas réclamer de l’aide à quelqu’un de plus important pour maintenir son marché, les rencontres s’étaient avérées aussi épuisantes que nombreuses dans une journée qui paraissait toujours plus courte que la précédente.

Les étoffes dansaient autour d’elle sans jamais totalement la tenir au chaud ; et par les Trois, Léonice remarqua que le temps se couvrait au rythme que la nuit prenait l’avantage sur les lucides diurnes. Sa dernière leçon avait traîné ; dans un quartier un peu à l’écart de ses lieux habituels, voilà que son pied foulait un pavé peu emprunté. La baronne n’osa pas presser le pas de peur que l’on devine son envie de passer inaperçu ; ou pire encore, la légère inquiétude qui animait son cœur depuis quelques mois, plus encore que depuis le périple au travers des marais pour venir jusqu’ici. De la buée se forma en demi-cercle autour des lèvres charnues de Léonice ; elle passait au milieu des gens parfois sans se faire remarquer. Le marché était non loin, elle savoir avoir instinctivement pris le chemin du temple au lieu de rentrer sur le petit domaine de l’esplanade ; comme quoi, la fleur d’automne n’était pas très concentrée.

On la frôla d’un peu près, peut-être trop à son goût. Sans se faire bousculer, Léonice marqua tout de même un temps d’arrêt et vérifia ses affaires ; on ne pouvait pas vraiment lui voler la petite bourse dans la poche de sa robe sans qu’elle ne le réalise et, heureusement, personne n’en vint à un tel crime. Soulagée, la baronne leva la tête pour observer le début d’une course poursuite, à quelques mètres de là. Un homme d’une stature plus imposante que le paysan moyen traverser la rue pour rattraper celui qui avait manqué de faire tomber Léonice ; sans trop savoir pourquoi, son cœur rata un battement alors qu’elle entrevoyait le profil de celui qu’elle crut reconnaître. Ne l’avait-elle pas croisé, quelques jours plus tôt lors d’une réception ?

La noble se mit à faire ce qu’aucun noble ne se permettrait normalement ; poursuivre, à pas mesurés, la silhouette qui s’enfonçait dans une plus petite ruelle, non loin d’eux. Assouvir sa curiosité était devenu un besoin anormalement important, comme un éclair dans son esprit qui se fichait de déchirer tout l’ordre établit précédemment. Son instinct lui hurla pourtant de reculer, de ne pas se mêler des affaires d’étrangers et d’inconnus ; mais alors que la jeune femme aux cheveux d’automnes réalisait la situation, elle était déjà à l’entrée de la petite rue où se trouvait plusieurs hommes.

« J’espère que vous savez que la milice ne s’embarrasse pas du sang versé de ceux qui appartiennent à une noble lignée, » tonna-t-elle avec assurance.

Léonice n’était pas certaine de ce qu’elle faisait ; mais il lui semblait bien être éclairée par les lueurs du jour et donc, qu’il serait possible de lui porter aide si elle venait à le requérir. Elle toisa les badeaux sans les reconnaître ; et n’osa pas tourner le regard vers celui qu’elle pensait être Valent, honteuse à l’idée de l’avoir suivis sans réfléchir.

Maintenant, il n’y avait plus qu’à prier.





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