Seigneur du Crime et Scientifique [Titre en Construction][PV Louise Ochaison]

Théodemar Ecuviel dit l'Ecu Rouge avait eu l'idée saugrenue d'étudier la Fange, en effet, il voulait savoir comment des hommes n'ayant pas été mordus par les les créatures se transforment tout de même. Cela il voulait absolument le savoir. Il avait aménagé une galerie en dessus d'un de ses entrepôts. Aménagée ? En quoi ? Eh bien .. en laboratoire clandestin munis de cellules pour les sujets d'expériences. Il avait monté une équipe de scientifiques tout aussi fascinés par la Fange. Il n'avait pas fallu grand-chose pour les convaincre, seulement une petite bourse bien garnie. La galerie fût emmurée par endroit pour éviter d'avoir de mauvaises surprises, le projet avait duré trois semaines et il fallait maintenant des cobayes. Ecuviel soudoya quelque miliciens pour lui ramener des clochards, des voleurs ...etc. Des personnes qui ne manqueraient à personnes.

Le Laboratoire en place, les cellules creusées dans le granit, le Seigneur du Crime était satisfait. Trop longtemps il avait attendu cela et enfin ! Enfin ! Il avait sa propre étude et il pourra peut-être être le premier à connaître la mystérieuse raison de l'existence des Fangeux. Lorsque les affaires du jeune Marchand ne l'oppressa plus, il alla tout guilleret à son entrepôt sur le Port. Il traversa son entrepôt où ses employés travaillaient ne sachant pas ce qu'ils se passaient en dessous de leur pieds. Il plongea dans l'obscurité en allant dans les sous-sols, il ouvrit une grande porte de fer où deux gardes étaient en poste et entra dans la galerie. Il traversa un long couloir qui avait une série de cellules sur les deux côtés : Gauche et droit . Certaines étaient occupées par des hommes, des enfants et parfois des femmes. Il entendit alors un garde devant lui mettre un coup de matraque dans les barreaux d'une cellule : « La Ferme ! »

Il arriva enfin dans la salle principale de la galerie. Une énorme installation de bois se trouvait en son centre, au milieu de tout l'aménagement nécessaire pour les recherches. Le jeune homme se dirigea vers cette installation et aux côtés des autres scientifiques regarda par l'énorme vitre servant à l'observation. Il vit alors un vieil homme aux côtés de quatre gardes et trois assistants devant un jeune garçon, mort semblait-il, trifouillant dans sa boite crânienne . Lorsque l'enfant commença à bouger, le scientifique recula et ordonna un ordre inaudible pour nous mais pour les gardes à l'intérieur, ils avaient compris. Les reîtres truffèrent de carreaux d'arbalète le garçon devenu Fangeux et il sortit hors de la salle d'expérimentation en enlevant son masque blanc, il dit tout en voyant Théodemar.

« Messire Ecuviel. »
« Docteur Haddon. Alors ? On pratique sur des enfants, maintenant ? »

« Oui. Il faut bien transgresser ses principes. Vous voulez des résultats, non ? Alors, j'essaye d'avoir des résultats.

Théodemar regarda alors autour de lui, à la recherche de quelque chose ou … de quelqu'un.

« Où est le Docteur Stevenson ? Je ne le vois nulle part et … il manquerait pas des gardes ?
« Stevenson ? Mort. Décapité par un de nos cobayes. On à perdu aussi deux gardes.
« Attendez … vous me dîtes que mon directeur de recherches ainsi que deux de mes gardes sont morts ? Et vous n'avez pas pensé à me prévenir ?
« Maintenant vous le savez.

Théodemar lui prit alors violemment le bras droit d'Haddon et dit tout en le regardant d'un air menaçant :

« Je n'aime pas votre insolence, Arthur. Je vous est sauvé de la pendaison, sans moi vous seriez entrain de balancer au dessus du sol avec une corde au cou. J'ai recueilli votre fille, j'ai aidé votre femme et vos filles quand elles étaient seules. Je vous est caché vous et vos fils. Si vous ne voulez pas que le Duc soit informé de votre … « résurrection », je vous conseille de mettre votre arrogance au placard.

Le scientifique déchu regarda alors l’Écu Rouge puis baissa la tête tout en disant :

« Veuillez m'excuser, messire.
« Bien. Il lâcha le bras du vieil homme. Savez vous, où je pourrai trouver un scientifique connaissant assez la Fange ?

L'homme gratte sa barbe hirsute de la main gauche puis dit :
« Je ne sais pas … mais .. d'après un de nos assistants qui travaille à la bibliothèque, une femme s'appelant ''Louise Ochaison'' aurait les compétences que vous recherchez.

Théodemar regarda l'homme puis avec un sourire, il lui mit une main sur l'épaule gauche

« Bien. Très bien. J'y vais dans ce cas. Continuez les expérimentations en mon absence.

Puis il partit hors de la galerie, traversa son entrepôt et se dirigea vers le Temple de la Trinité. Il alla dans la Bibliothèque qui déjà était en pleine d'activité. Il demanda à une jeune fille de dire que Théodemar Ecuviel voudrait s'entretenir avec la dénommée Louise Ochaison puis il alla s'asseoir à une table tout en bouquinant un épais livre sur l'Histoire du Royaume de Langres.

— Madame...

L'érudite sursauta quand un brin de fille s'avança pour vers elle. Aussitôt, elle ferma le livre qu'elle consultait pour la troisième fois en trois jours et que beaucoup de gens aurait probablement trouvé impie mais qui décrivait admirablement la relation entre les principaux organes et leur organisation antéro postérieure et dorso ventrale. Chose qui la fascinait et qu'elle essayait de retenir avec précision et pourtant qui pourrait affoler les purs croyant et lui porter la calomnie sur elle et sur son nom.

Étonnée, son regard interrogateur détailla la demoiselle. Elle était trop jeune et trop mal habillée pour savoir lire.

— Vous êtes bien la dame Louise Ochaison ?
— Oui, déglutit-elle en hochant la tête. Oui, c'est moi.
— Quelqu'un demande à vous voir.

L'érudite fronça des sourcils, elle qui n'était à l'habitude jamais perturbée dans son travail. Plus encore surprise qu'on l'appelle derechef par son patronyme au complet, elle détaillait la jeune fille de la plèbe. Dans son regard terne, elle y trouva une sorte de pitié qui lui fit un peu peur. Venait-on lui annoncer une mauvaise nouvelle ? Cela avait-il un rapport avec l'enfant ?

On était venu à elle comme un oiseau de malheur. Et très vite, la missive tomba, et elle était à l'exact opposé de ce qu'elle avait pu imaginer et néanmoins tout aussi sombre :

— Le seigneur Théodemar Ecuviel requiert votre présence.

Quelque chose la pris aux tripes. Quelque chose d'incontrôlable. Beaucoup de terreur car c'était ce que le nom qu'on venait de lui donner rependait. Elle ne l'avait entendu que quand il avait été associé à de sombres affaires. Avec des morts et du sang à l'arrivé comme le portait les rumeurs. Et elle finit par demander, parce qu'elle avait peine à croire que quelqu'un d'aussi haut placé porte intérêt à son infime existence :

— L'Ecu Rouge, vous voulez dire ?

Et la gamine hocha lentement la tête pour sceller le comble de ses inquiétudes.

La peur au ventre, l'érudite se leva, rangea sciemment chacun des ouvrages qu'elle consultait, vacillant entre l'envie de fuir, celle de prendre le temps d'aligner avec un semblant de rigueur et celle de se dépêcher afin de ne guère faire attendre un homme qui n'en aurait sûrement pas la patience.

Elle se dépêcha de suivre l'entremetteuse et au détour d'une allée de livre, elle lui indiqua une petite alcôve. Les deux jeunes femmes ne se dirent rien. Il y avait la même appréhension dans leur regard. Même s'il n'y eu pas de mot pour le dire, la fille qui la guidait parti avec beaucoup d'honnêteté. Elle aurait pu lui souhaiter de la chance, cependant toutes les deux savaient que ce n'était pas la qualité requise pour se genre d'entrevue.

Une entrevue pourquoi d'ailleurs ? Était-ce bien le seigneur à la réputation sanglante qu'elle allait rencontrer ? Et pourquoi elle, une pauvre réfugiée des bas quartiers retenait son attention ?

Lentement, la femme de l'Ouest inspira profondément. Et elle entra, les yeux collés au sol pour ne point risquer d’effrontément croiser le regard d'un homme qui ne l'aurait guère supporté.

Il y avait bien un homme. Avec des souliers de la meilleure facture et habillé de belles étoffes. Intimidée, l'arrivante se mordit la lèvre inférieure, se sentant affreusement mal fagotée devant cette homme bien trop mis, avant de demander l'autorisation de s'asseoir sur la chaise qui lui faisait face :

— Je peux... ?

Après avoir entendu son approbation, elle s'assit, le dos tendu d'élégance et de crainte. Elle ne voulut pas poser de question : il aurait pu mal le prendre. Elle savait qu'il la détaillait sous toutes les coutures comme un animal qu'on veut acquérir : les nobles et les gens de pouvoir ont cette bien mauvaise habitude en général.

Alors la seule chose qu'elle fixait en attendant qu'on lui explique ce qu'elle faisait ici en sa compagnie et pourquoi il connaissait son nom était les mains de l'imposant seigneur qui emplissait l'espace de son illustre présence et de sa réputation qui le précédait. Aux doigts, il portait une imposante chevalière en signe de son opulence qui rappela à la jeune mère combien cet homme demain avoir le bras long.

Que pouvait-elle faire pour lui ? Et quel sorte d’intérêt lui prêtait-il ? Elle se savait pas, et restait silencieuse. Jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche le premier car il était probablement plus à même de le faire.

J'étais en pleine lecture de l'histoire d'une Maison ancienne du Duché qui avait participe à une guerre de territoire aux frontières du Morguestanc lorsqu'une jeune femme assez menue s'approcha de ma table. Etait-ce la femme qu'on m'avait décrite ? Elle l'experte en la Fange ? Ehm … bon eh bien. Je fermai l'ouvrage avant de corner le bord de la page, la page était assez intéressante. La jeune femme semblait rester debout, je soupirais puis avec un sourire qui se voulait charmeur, je me levais et je lui montra la chaise devant.

« Mademoiselle Ochaison, je présume. Asseyez vous, je vous en prie.

La jeune femme s'assied avec un sérieux étonnant pour une femme du peuple, je fis pareil puis je l'a regardé de haut en bas, la jeune érudite était livide était-ce son teint naturel ? Certainement mais elle semblait malade comme ci le mal la rongeait de l'intérieur … ce qui me frappait le plus c'était sa maigreur squelettique, on aurait dit un fin roseau prêt à se rompre sous le poids du monde. Elle me faisait presque pitié je dois dire. Je la surpris entrain de regarder ma chevalière puis toujours avec mon sourire, je l'enlevais délicatement pour la mettre sur la table devant elle.

« Vous me connaissez sûrement que de réputation mademoiselle Ochaison mais je me présente. Théodemar Ecuviel aussi dit « l'Ecu Rouge » mais ce surnom n'est qu'un prétexte aux jaloux pour me salir, moi et mon honorable maisonnée. Cette chevalière appartenait à Alexandre Ecuviel mon aïeux qui fût le premier parent. Comment pensez vous qu'il l'a obtenu ? Et moi ? Comment pensez vous que je l'ai obtenu ? En tuant mon père comme tant de personnes ose le dire ? Nooon, j'ai obtenu cette chevalière en travaillant.
J'ai obtenu ce bijou en cherchant la moindre piécette dans la boue et oui … comme tout le monde qui persiste à le croire je ne suis pas né choyé dans un foyer avec ma chère mère et mon père à mes côtés. Vous comprenez ? Je ne cherche nullement à vous faire peur … je cherche seulement à ce que vous me preniez comme un homme de confiance, un homme qui est victime des quolibets de la plèbe. Vous comprenez ?

Je repris alors lentement ma chevalière pour la remettre ensuite à mon doigt.

« Je vous connais de nom, ma chère. Je dirige … je me pencha vers elle et dit sur le ton de la confidence pour que personne ne puisse m'entendre.
« J'ai créé un laboratoire dans une galerie en dessous d'un de mes entrepôts, quel est son but ? Simple. Comprendre la Fange, j'ai des scientifiques, des érudits passionnés sur les Fangeux autant que moi. Nous cherchons à savoir d'où ils viennent, comment se transforment-ils.
Je me remit droit et je dis alors sur un ton plus haut que le précédent.
« Avant de vous en dire plus, j'ai besoin de savoir, êtes vous intéressé ?

Il enleva sa chevalière et la posa au centre de la table. La jeune femme ne trouva pas la force de quitter des yeux ce morceau de métal précieux qui faisait de lui l'homme respecté et craint qu'il était et d'elle un simple bout de femme dénuée sans nom, sans maison et sans blason.

Pour commencer, il lui rappela son histoire mais l'érudite la connaissait déjà. Même s'il se défendait de certains détails. La jeune mère fille n'était pas quelqu'un qui aimait écouter les ragots et les rumeurs. Elle notait simplement sa volonté d'éclaircir quelques aspect de sa personnalité et, il faut l'avouer, elle n'accordait pas beaucoup d'importance à ce discours. L'innocent se défend avec autant de palabres qu'un assassin.

Sa confiance, très clairement, elle ne lui accorderait pas. Pas tout de suite. Pas avec tout ce qu'on disait de lui. Car la jeune femme était une femme simple. Et les gens de sa médiocrité préfèrent se tenir à l'écart des personnes puissantes capables de les briser en deux.

Elle ne comprenait pas ce qu'elle faisait là. Elle ne savait pas où il voulait en venir. Elle l'écoutait, les yeux baisser sur sa chevalière et se perdit à essayer d'estimer le nombre de repas qui pourrait se cacher dans cette parure de famille. Et il la reprit et la remis à son doigt. Elle déglutit, ne sachant quoi ajouter de plus. Un peu troublée aussi que son ventre vienne troubler sa réflexion.

Il dit qu'il la connaissait. De nom. Mais elle ignorait ce qu'on avait dit d'elle. En temps normal, la jeune fille était invisible. Et quand il se pencha vers elle pour lui glisser quelque chose à l'oreille, elle suspendit sa respiration.

Le verdict tomba. Comprendre la fange. Une armée de scientifiques déjà à sa disposition.

Et l'érudite ne savait toujours pas ce qu'il attendait d'elle.

— Avant de vous en dire plus, j'ai besoin de savoir, êtes vous intéressée ?

Intéressée par quoi ? Par faire affaire avec cet homme qu'on disait sans scrupules ? Par entrer dans son armée de serviteurs prêts à assouvir sa curiosité ?

Sans avoir les moyens, la jeune femme cherchait de son côté. Elle enrichissait ses connaissances mais jamais elle n'expérimentait. Avant, elle voulait essayer d’émettre des hypothèses sur les causes et les conséquences avant de s'avancer avec un bandeau d'incompétence dans une science qu'aucun ne pouvait se pavaner de maîtriser totalement.

Il y avait sûrement beaucoup d'opportunités. Une occasion en or. Mais au moins aussi rouge que la réputation de son auteur.

Elle inspira pour se donner du courage, prête à décliner l'offre. Par instinct de préservation surtout. Pour sa vie et celle de son fils. Parce que, quoi qu'il arrive elle n'était pas quelqu'un qui prenait de risques inutiles. Pas depuis qu'elle était mère.

Toutefois refuser une offre d'un tel personnage n'avait rien d'évident. Dites non à quelqu'un qui a l'habitude d'entendre du oui, il suffit qu'il vous tienne dans ses serres de rapaces et vous êtes assurément pris au piège.

Prudemment, elle leva les yeux et souffla tout bas :

— Monsieur... Pardonnez moi mais je ne vois pas où vous voulez en venir et en quoi je vous serais utile.

Elle croisa les mains sur la table pour se donner un peu de contenance et ajouta :

— Je ne sais pas qui vous a divulgué mon nom. Croyez moi, je ne pense pas qu'il vous intéresse vraiment. Il y a des lettrés qui vous seront d'une plus grande aide, sire.

Elle s'était presque trompée en ponctuant du sire. Venant d'un milieu fait de superflu, elle avait par réflexe user d'une flatterie malvenue et enflée de crainte pour lui. Et elle n'osa pas ouvrir à nouveau la bouche pour se corriger.

Il voulait lui inspirer confiance. Et même si elle se tenait toujours droite devant cet homme, intérieurement, elle tremblait comme une feuille.

A la fin de ma tirade mais aussi pendant, la jeune femme semblait réfléchir. Je savais bien que je devrais lui donner une assurance de me faire confiance. Avais besoin d'elle ... C'était une jeune érudite de la plèbe, pauvrement habillée ... Hm ... Sûrement un enfant à charge qu'elle peine a nourrir, également ? Et j'avais parfaitement raison, lorsque son ventre se mit a gémir. J'imagine qu'elle ne dirait pas non a une bourse d'or.

Elle réfléchissait encore a mon offre , pesant le pour et le contre. Avait elle envie de travailler pour moi ? Je ne pense pas mais je sortais mes arguments, dirait elle toujours non ?

C'est alors que la pauvresse commencer enfin a déblatérer ... Je la regardais avec un lever sourire puis un sourire amusé le remplaça lorsqu'elle me nomma ''sire''. Je croisa alors les mains sur la table.

''Ne me donnez point de titre aussi pompeux qu'immérité. Je ne suis pas non le et encore heureux ma chère. Je ne supporterai pas de vivre sur l'esplanade parmis ces porcs qui s'empiffrent et jettent l'argent par les fenêtres en faisant mine que rien ne se passe à l'extérieur.

Je la regarda alors droit dans les yeux. Mon sourire avait disparu et mes prunelles noires semblaient sonder le fond de son âme.

''Pourquoi ai je besoin de vous ? Car vous êtes une jeune femme brillante. Car je veux vous venir en aide. Votre ventre m'a clairement signifié que vous ne mangez pas a votre faim et certainement votre enfant aussi. Je vous propose donc une bourse de 3 pièces d'or et 10 de bronze par semaine tout le long que vous travaillerez sur la fange en compagnie de mes autres chercheurs et 5 d'or pour toute nouveauté par mis vos recherches. Ainsi qu'un toit de meilleure qualité que le votre, j'imagine. Alors qu'en dites vous ? "

Il avait relevé son erreur et elle s’en voulu immédiatement, baissant les yeux. Ce qu’elle savait de cet homme, c’est qu’il était puissant. Et dans le jeu de la politique et des stratégies entre les différents axes du pouvoir, la jeune érudite manquait de maturité. La manipulation n’était pas son fort. Elle réfléchissait rationnellement. Et c’est pourquoi elle avait jugé bon d’user d’un peu de flatterie. Les gens de pouvoir, en général l’apprécie car tout à chacun adore entendre relever l’aboutissement d’un travail parachevé.

Mais l’Ecu Rouge n’était pas un « sire ». Il était un monstre d’orgueil au-delà même de la notion de pouvoir. Il ne gouvernait pas, il dirigeait son propre empire d’une main de fer. Et son empire était constitué de gens qu’il avait choisi. Il y avait « les porcs », tels qu’il les appelait, ceux qui gouvernaient Marbrume dans des habits de soies. Et ces gens-là, que tout à chacun craignaient inévitablement, il les méprisait.

Cet homme ne voulait ni de titre, ni le droit de gouverner une masse inconsciente. Il avait la main de ceux qu’il voulait à son service. Et la pauvre mère découvrait que c’était elle qu’il voulait dans son éventail de serviteur aveuglément servile. Voilà ce qu’elle vit au fond de ces pupilles d’ébène. Et elle un frisson parcourut son échine. Elle se mordit l’intérieur de la joue pour ne pas avoir envie de s’enfuir.

— Pourquoi ai-je besoin de vous ? reprit-il pour en venir au véritable sujet. Car vous êtes une jeune femme brillante. Car je veux vous venir en aide. Votre ventre m'a clairement signifié que vous ne mangez pas à votre faim et certainement votre enfant aussi. Je vous propose donc une bourse de 3 pièces d'or et 10 de bronze par semaine tout le long que vous travaillerez sur la fange en compagnie de mes autres chercheurs et 5 d'or pour toute nouveauté par mis vos recherches. Ainsi qu'un toit de meilleure qualité que le vôtre, j'imagine. Alors qu'en dites-vous ?

En vérité, elle n’avait pas entendu la fin de la phrase. Toute son attention s’était arrêté sur un détail.

— Comment savez-vous ? souffla-t-elle, interloquée.

Affrontant son regard avec un mélange de crainte pour cet homme mais aussi de mépris profond, elle répéta plus fort :

— Comment savez-vous pour l’enfant ? Qui vous l’a dit ?

Jusque là, elle avait été la seule dans l'arène. S'il connaissait l'existence de l'enfant, il avait tous les moyens de pression à sa disposition. Et pourtant, la jeune mère avait toujours assurer leurs arrières.

Aucun travail, aucune entente, aucun contrat ne pouvait être signé en ignorant ces détails. L’enfant était inconnu de beaucoup. La plèbe, ignorante, avait tendance à ne voir en sa progéniture qu’un petit démon dérouté, contraint de vivre dans les ténèbres du monde, loin des dieux et des anges. Elle en parlait peu. On ne la voyait presque jamais avec. Ils n’enfreignaient les règles du couvre-feu et sortait la nuit avec lui pour éviter que sa peau si fragile ne « brûle » comme elle avait tendance à donner comme explication. Car il n’y avait pas d’explication à ce malheur.

— Que savez-vous de moi, monsieur l’Ecu Rouge ? insista-t-elle.

C’est comme si la terreur qui auréolait autour de cet inconnu s’était envolée. Elle le regardait, le dévisageait avec un intérêt nouveau. Qui était-il ? Pourquoi faire cela ?

Il lui proposait de travailler sur la Fange mais comment avait-il pu savoir ? Connaissait-il les avancées qu’elle avait faites sur le sujet ? C’était à peine si elle ne cherchait pas de réponses à l’abris de tous les regards ?

Elle se leva parce qu’elle avait envie de partir en courant. Et qu’importe ce qu’il pouvait lui faire, elle n’avait pas envie de rester ainsi entre les griffes du lion.

Je n'avais pas l'impression que la jeune femme m'avait écouté et c'était en effet le cas... Elle me posa la question fatidique :

«Que savez vous ?»

Que savais-je quoi ? Je savais beaucoup de chose ! J'étais le Maitre du Crime de cette Cité, je connaissais le moindre trafiquant, le moindre tueur à gages. J'avais des espions partout. Enfin, mes doutes étaient fondés ! Elle soutenait mon regard ... C'est qu'elle a du cran ce petit bout de femme aussi malingre que je pourrais lui briser le cou d'une pression de ma main. Alors, c'était vrai. L'érudite avait bel et bien un enfant. Je laissais alors un sourire carnassier apparaître sur mes lèvres puis je la désigna de ma main droite.

«Votre façon assez ... Voyante de vous tenir ou même votre estomac qui crie famine malgré votre rénumération qui est plus qu'assez pour vous nourrir. Tout cela semble signifier que vous avez une personne à charge

Je la regardais alors toujours avec mon sourire dans les yeux. La jeune femme pensait elle vraiment que j'allais baisser les yeux devant une chose si peu menaçante ? Elle ne pourrait même pas tenir une dague ! Puis elle me demanda ce que je savais d'elle ... Ce que je sais d'elle ? D'après mes informateurs, elle serait beaucoup de chose.

-D'après mes informateurs, vous êtes beaucoup de choses , ma chère. Uen érudite mais aussi une experte de la Fange. Louise, vous allez être la première à qui je vais dire cela de cette ...manière; S'il vous plait, acceptez. Imaginez ce que nous pourrions faire ensemble, ce que nous deviendront quand nous aurons trouvé l'origine de cette invasion ! Nous pourrions aider des milliers de personnes ! Au nom de la science, Louise. Acceptez.»

Mon sourire avait disparu et un visage sans expression avait pris sa place. Je semblait ne rien ressentir et j'espérais en mon moi intérieur, qu'elle accepterait.

Ses dépenses. Sa façon de se tenir. Ses passe-temps d’érudition. Tout avait été passé au crible. Dépitée, la jeune femme semblait se ratatiner au fond de sa chaise sous le poids des révélations :

— Louise, vous allez être la première à qui je vais dire cela de cette ...manière; S'il vous plait, acceptez. Imaginez ce que nous pourrions faire ensemble, ce que nous deviendront quand nous aurons trouvé l'origine de cette invasion ! Nous pourrions aider des milliers de personnes ! Au nom de la science, Louise. Acceptez.

Il ne faisait que répéter son prénom. Ce prénom que la jeune femme détestait entendre dépasser la bouche des inconnus. Cette attitude renforçait, Au fond d’elle, son inimitié pour cet homme qui l’avait espionnée et même si elle savait que la Bibliothèque n’était pas une prison, elle se sentait otage en sa présence.

Il voulait qu’elle accepte… Et elle ne comprenait pas la raison de ce traitement de faveur. Pourquoi elle ? Pourquoi la supplier elle ? En même temps, il devait se douter qu’il ne la supplierait pas longtemps : il connaissait l’existence de l’enfant et avait désormais tous les moyens de pressions du monde. La réputation de l’Ecu Rouge le devançait : elle savait tout ce dont il était capable pour l’atteindre et refuserait d’arriver à de telles extrémités.

La jeune mère lâcha un long soupir. Et la mine grave elle lâcha malgré elle :

— J’accepte.

Elle se racla la gorge pour être plus claire.

— J’accepte d’enrichir de mes maigres travaux vos projets. Je dois toutefois vous soumettre quelques conditions…

Et en prononçant ce mot « conditions », elle se douta tout de suite qu’elle était en train de faire quelque chose de mal. Accepter une offre par dépit, sous une menace planante était une chose. Négocier les conditions d’un obscur contrat en était une autre.

— Tout d’abord, je refuse de travailler sous l’égide d’un supérieur dans mes recherches. Avec votre équipe, je communiquerais mes résultats et voilà tout. Et puis, si je viens à travailler sur la Fange, je veux qu’on me livre les témoins inanimés et froids. Je refuse de travailler sur des trop jeunes spécimens : dans le cadre de la lutte contre la Fange, ils ne nous intéressent guère.

Elle déglutit et osa se frayer un passage jusque dans son regard. Par ce qu’elle avait une part de haine pour cet individu, il y avait de la force et de la détermination au fond de ses yeux clairs. Et, parce qu’elle n’était qu’une faible et vulnérable créature, elle lui jura allégeance :

— Si cela vous convient, sieur Ecuviel, alors je vous promets de compter parmi vos meilleurs éléments. Si vous en savez tant sur moi, vous savez ce qui m’anime et le dévouement que j’ai dans la quête que nous partageons.

Elle se tut. Et elle laissa le silence de la Bibliothèque faire résonner ses derniers mots.

C'est alors que la jeune femme m'annonça ce que je voulais tellement entendre. Elle accepta ! Elle accepta de me rejoindre. De rejoindre l'équipe de mon laboratoire. Je me mis donc à sourire quand elle l'énonça qu'elle avait des conditions. Je lui dis signe de la main de les énoncer.

Elle ne voulait pas être dirigée dans ses recherches ... De toute manières , il y avait des roulements d'équipes et aucunes hiérarchie vraiment précises sauf Haddon, le père de ma chère et tendre qui était le principal chercheur. Aucun problème à propos de ça. La seconde condition était également correcte ; Elle ne voulait pas de sujet d'expérience trop jeune. Elle voulait donc des adultes. Hm ... Bien sûr.
Je pris alors discrètement ma dague de ma main gauche qui se située dans mon étui a ma ceinture.
J'apposa ma lame sur la paume de ma main droite et je la taillada légèrement d'un geste lent et précis.
Une légère grimace se faisait voir sur mon visage et j'avais quelques élancements mais ils étaient supportable.
Le sang coulait le long de mon bras puis je la tendis a la jeune mère de famille.

''Tenez. Un pacte de sang est plus discret et aussi inviolable qu'un contrat signé en bonne et dû forme.''

Quand la besogne fût ainsi faite, je me levais doucement en remettant ma dague dans son étui.

''Je vous revois donc sur le port bientôt. Près de la Taverne ''Chez Tom''. L'entrepôt de fourniture en face, vous dites aux gardes que vous êtes ici de ma part et dîtes "La mort est notre vie''. Ils vous ouvriront et vous emmèneront au laboratoire. Ne vous faites surtout pas suivre et ... Tenez."

Je mis alors ma main sanguinolente dans ma poche et j'en ressorti un petit écu jaune taché du sang de ma main droite. Je lui envoya alors et elle atterri en face d'elle sur la table.

''Une première avance, Dame Ochaison."

Puis je partis hors de la bibliothèque sans plus attendre laissant la jeune femme réfléchir a sa nouvelle condition.