Marbrume


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 Larme soeur [Isolde]

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Aliénor Montfort de BrieuComtesse
Aliénor Montfort de Brieu



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MessageSujet: Larme soeur [Isolde]   Larme soeur [Isolde] EmptyLun 8 Mai 2023 - 15:01
Le 3ème jour du mois de Juin, de l’an 1167.

On l’avait prévenu à midi, au milieu du repas. Elle n’avait même pas mangé son dessert lorsqu’elle sortit de table pour se préparer prestement, accompagnée d’un soupir las de Clothilde. Aliénor rongeait son frein depuis l’avant-veille, où des rumeurs commençaient à circuler sur ce que la plèbe appelait : « la nuit des Hurlements de Sombrebois ». On disait d’ailleurs tout et son contraire ; tantôt il s’agissait de bêtes féroces, tantôt de la Fange entière, d’autres encore invoquaient des esprits anciens des marais. Quoiqu’il s’était passé, le récit semblait toujours affreusement horrible. Il semblait que les morts se comptaient par dizaine, et que ce n’était que la bravoure et le courage du jeune prince et du capitaine qui étaient venus à bout des assaillants de la cité. On avait donné un office tout spécial au soir des premiers échos, et les plus fidèles des fidèles s’étaient rendus au temple pour pleurer les disparus et pour glorifier les valeureux survivants. De son côté, la comtesse avait refusé de céder à la panique, du moins dans l’immédiat. Faisant bonne figure, elle avait fait envoyé une gerbe ainsi qu’une lettre adressée au père Magelus, et avait donné congé à ceux qui avaient des parents dans le bourg au-delà des murs.

Mais les deux nuits suivantes, elle avait à peine réussit à fermer l’œil, trouvant le sommeil seulement lorsque son corps était arrivé à l’épuisement. Personne ici, à la capitale, n’avait de nouvelles des possibles survivants de l’attaque – car c’était ce sur quoi la plupart des rumeurs s’accordaient. Il ne restait donc plus que l’espoir et la prière. Elle avait passé les dernières heures à se refaire l’histoire, à trouver de nouvelles stratégies, à fomenter de nouveaux plans juste au cas où ; au cas où sa pièce maîtresse avait disparu, elle aussi. Son cœur se serrait chaque fois qu’elle se laissait aller à la rêverie, et que son esprit faisait apparaitre sœur Isolde. La jeune femme n’avait au final partagé qu’une après-midi avec elle, et pourtant, sans hésiter, Aliénor lui avait confié un pouvoir incommensurable et sa plus naïve confiance. Elle avait la triste impression à présent d’avoir mis tous ses œufs dans le même panier, et de l’avoir jeté par la fenêtre. Oui-da, elle avait été stupide ! Mais plus elle y réfléchissait, et moins il lui sembla qu’il existait d’autres possibilités ; un monde où la jeune prêtresse n’avait pas croisé sa route, n’avait pas tenu sa main, ne s’était pas placé à sa droite comme l’aurait fait le plus vaillant des chevaliers.

Les choses arrivaient toujours pour de bonnes raisons. Anür elle-même lui avait envoyé cette douce femme, et ensemble, elle avait une mission divine. Elle en était intimement persuadée. Et puis elle n’avait même pas eu le temps de tirer tous les mystères de ce regard de feu. Il y avait encore tant à apprendre l’une de l’autre, l’une pour l’autre qu’elle se refusa à la croire parmi les victimes. L’espoir était un sentiment étrangement réconfortant, presque autant qu’il était douloureux. Si bien qu’elle se trouva même bien plus dévote qu’elle ne l’aurait imaginé elle-même, adressant quelques prières muettes pour que son envoyée lui revienne, saine et sauve. Lorsque Hugues avait annoncé l’heureuse nouvelle, son corps avait eu un raté. Les Dieux l’avaient donc entendu, et la jeune prêtresse était arrivée au temple le matin même. Ni une ni deux, elle s’était mis en marche à sa rencontre, espérant la retrouver telle qu’elle l’avait laissé. Le trajet jusqu’au parvis du temple ne lui avait jamais paru aussi long que ce jour-là, et les rues aussi encombrées, comme si la ville entière s’interposait. Elle devait la voir, en avoir le cœur net, savoir que tout n’était pas à refaire, qu’elle avait bien fait, que tout allait pour le mieux, qu’elle avait eu raison d’y croire, une dernière fois. Et plus ses pas la rapprochaient du lieu de culte, et plus son cœur battait un rythme erratique, violent, impétueux.

La nef était pleine de badauds, comme à l’accoutumée. Elle n’avait jamais connu un jour sans que le Grand Temple ne soit complètement désert. Bien sûr, il y avait des jours avec plus d’affluence que d’autres, mais c’était toujours un lieu prisé par les hommes et les femmes ; une espèce de sanctuaire, un havre de sérénité quand tout au dehors semblait s’effondrer sous ses pieds. Elle connaissait ce sentiment, ce même sentiment de vide, qui l’avait conduit à parler à celle qu’elle était venue voir. Celle qui, avec quelques mots, l’avait assuré d’être le Soleil qui lui était nécessaire dans son projet, dans sa vie. C’était ici qu’on pouvait trouver les réponses aux questions, elle n’en doutait plus à présent. Jean et Armand sur ses talons, elle traversa les rangées, et se dirigea vers le même couloir qu’elle avait emprunté l’autre fois. L’immense œuvre picturale d’Anür sortant des eaux, puis la courette. Ses yeux cherchaient sans voir, et ses oreilles bourdonnaient d’impatience.
Sainte Mère, où était donc Isolde ?
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IsoldeQueen
Isolde



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MessageSujet: Re: Larme soeur [Isolde]   Larme soeur [Isolde] EmptyJeu 11 Mai 2023 - 18:12
Au début est l’obscurité, une ardoise vierge de toute pensée.

Puis s’ajoutent les événements les uns après les autres. Des récits aux maux gravés par l’éclat du fer, des histoires parées par le feu, s’écoulent dans les larmes jusqu’à trouver place dans cette toile trop vaste pour être tout à fait contemplée par le même entendement. Les mots roulent, s’emmêlent, s’entrelacent dans un labyrinthe dont la vision se dissimule derrière ces hauts murs. Une énigme sans clé, une carte sans trésor.
Des questions sans réponse.

Le troisième jour du mois de juin, dans le plus saint des lieux, une silhouette encapuchonnée arpente les grandes artères encore désertes du Temple. Tout paraît calme et paisible. Les couloirs rivalisent avec le chant incessant des prêtres, le grincement des arbres géants ou les bruissements furtifs des sœurs. Les fidèles volettent, inconscients des drames qui se jouent, loin d'eux, sur la terre de Sombrebois.

Une puissance obscure œuvre en secret, éveillée par la déchéance de Sombrebois : tissant ses funestes desseins dans l'ombre d’un bourg déclinant, dessinant le sinistre présage qu’avait pris forme la Nuit des Hurlements. Elle revoit cette mâchoire béante couronnée de flammes émeraude avaler la nuit et le monde.

Isolde inspire profondément jusqu'à irriguer ses moindres extrémités. Elle se pensait être apte à donner un sens à certaines de ces questions, mais d'autres réponses se refusaient encore à elle. Il lui manquait des éléments pour compléter l'immense ardoise de jais sur lequel la Trinité et Etiol s'affrontaient à coups de destinées humaines. Un bruissement léger se glissa dans ses pensées, comme pour lui chuchoter des vérités insaisissables qu'elle n'était pas encore prête à entendre.

Elle se détourne en direction de la porte dans un froissement de vêtements, sans plus d'explication. L'impression de n'être qu'un pion sur un échiquier lui est profondément désagréable, une partie qu'elle ne maîtrise plus. Et rien n'est plus désagréable que cette sensation irritante que quelque chose lui échappe. De longues mèches brunes s'évadent de son chignon flou et s'étalent sur ses épaules comme l'eau paisible d'une fontaine. Les pans de sa cape laissent entrevoir une robe brodée à l'effigie d'Anür, comme un espoir perdu auquel elle investit toutes ses dernières forces. Depuis plusieurs jours, une ombre plane au-dessus du Monde des Hommes, évinçant la menace de la Fange. Elle grandit, approche ; grignote lentement la lumière si difficilement acquise. Un danger menace Marbrume ; elle la perçoit au loin sans en distinguer pour autant les détours.

Puis soudain, ses brumeuses pensées s’écartent au profit de bruit de pas se rapprochant et une jeune femme débouche dans la courette où elle se situe, affolée. Isolde se tourne et lui offre un regard confus, rapidement comblé par un geste de la main doux. Son anxiété latente semble fondre comme neige aux premiers rayons du Soleil.

Ma Dame.” Murmure-t-elle, dans un aveu soulagé, mais perdu, inclinant sa tête dans un salut discret pour ne pas attirer les regards indiscrets et convoiteux, avant de s’approcher d’elle et que son ton ne trahisse l’urgence de la situation. “S’il vous plaît, j’ai besoin de m’entretenir avec vous.

Son regard la quitte pour se poser sur ses deux gardes.
Elle ne veut point perdre son temps sur le périple, ses blessures, les morts ; qu’importe. Il faut qu’elles échangent à huit-clos le plus rapidement possible, panser l’hémorragie du Morguestanc déjà béante. Les ruisseaux carmin qui s’écoulent de ses plaies ont déjà coûté la vie a trop d’hommes et de femmes.

Seules, si possible.

Se dirigeant dans le premier lieu désert, Isolde veille à fermer soigneusement la porte et prend note que la pièce ne comporte pas de visiteurs indésirables. Les jeux de lumière plongent l'office dans une atmosphère religieuse, étincellent des perles poussiéreuses sur le bois des bancs. Au centre, sur un piédestal, la statue sacrée de Rikni les défie de sa queue reptilienne recourbée.

Je vous en prie, asseyez-vous. Pardonnez-moi de vous recevoir dans un lieu pareil, mais je dispose d’informations urgentes. Avant que les grandes instances ne s’éveillent, je n’oublie point le lien qui nous lie toutes les deux. Et je n’ai guère de bonnes nouvelles à vous annoncer.”

Prenant une profonde inspiration, elle poursuivit.

L’attaque était planifiée par, je ne sais qui, mais sûrement pas par les bannis. Les responsables ont bien préparé leur office : ils ont utilisé un feu étrange qui a pulvérisé les murs barricadés du Bourg, dans un orage de feu vert que je n’avais jamais vu auparavant. Nous nous sommes sortis in extremis, des faux miliciens déguisés ont infiltré les modestes palissades de Sombrebois”. Ajoute-t-elle, en portant une main sur son épaule, vestige du baiser de cette blessure qui la tiraille encore.


Elle inspire profondément, car elle sait les enjeux et les conflits.

Je me permets de vous faire part de mes doutes quant à la sécurité de Sombrebois, Ma Dame.
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Aliénor Montfort de BrieuComtesse
Aliénor Montfort de Brieu



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MessageSujet: Re: Larme soeur [Isolde]   Larme soeur [Isolde] EmptyLun 29 Jan 2024 - 18:28
Au dehors, bien que le printemps n’allait pas tarder, une énorme chappe de nuages ne semblait vouloir quitter le ciel de la capitale. Aussi, bien qu’il fasse jour depuis des heures, lorsqu’elles se retrouvèrent dans le petit dévotaire était tout aussi sombre que s’il avait fait nuit. Seules vacillaient les flammes maigrelettes des bougies, perchées nonchalamment sur leurs candélabres habillés de cire fondue maintes fois. Dans cette pénombre intimiste, le visage de la prêtresse ne laissait aucun doute sur son inquiétude. Et plus encore, alors qu’elle l’écoutait religieusement, il lui sembla déceler au fond de ses grands yeux une lueur étrange, mélange subtile de colère et de peur. Aliénor était passé par tout un tas d’émotions en si peu de temps, qu’elle-même ne savait plus trop quoi ressentir ; d’abord soulagée de retrouver sœur Isolde indemne, elle avait ensuite oscillé entre circonspection, impatience et terreur. Car quoi que les paroles de la sainte femme furent brèves, elles relataient déjà les prémices d’une horreur indicible.

Son esprit allait à vive-allure, tentant vainement de suivre les propos de sa compagne. La pauvre femme était si troublée qu’elle oubliait sûrement que de l’événement de Sombrebois, elle n’en connaissait que ce qu’on racontait ci et là. Et pour la plupart des informations qu’elle détenait, elle préférait sans doute aucun attribuer cela à des boniments. Aussi, qu’elle parla de feu qui ne s’éteint pas, de bannis… Tout cela rajoutait au chaos cérébral et son cœur se mis à battre un peu plus vite dans sa poitrine. Assise sur sa cathèdre, elle sentait peser sur leurs corps les ombres projetées de Rikni, qui se tenant au centre de la pièce, lançait ses ténèbres avec avidité. La Montfort n’avait jamais été très dévote, mais si elle n’idolâtrait pas particulièrement la Trinité, elle la craignait assez pour ne pas faire l’affront d’ignorer ses messages. Restait maintenant une chose cruciale : était-ce une affaire d’hommes ou de Dieux ?

Sombrebois avait été une baronnie florissante, profitant de l’aura de Marbrume pour prospérer avant la Fange. Des terres ducales, c’était certainement le vavasseur le plus puissant. Mais avec l’arrivée de la Terreur, ce n’était maintenant – de ce qu’elle en savait -, qu’un amas de boue et de cendres. Elle avait été étonnée que le Roi-Duc se soit d’abord tourné vers cette cité au milieu des bois, mais pour ce qu’elle en savait, il s’agissait avant tout d’initiatives personnelles de quelques nobles qui avait fini de faire pencher la balance. Elle ne connaissait pas la nouvelle baronne, pas plus qu’elle s’était intéressée à son époux. Des rumeurs avaient circulé sur l’avarice de sa jeune femme, et de la disparition précoce et fortuite d’Hector de Sombrebois alors même qu’il n’avait pas atteint quarante ans. Mais les malheurs frappaient si souvent sur cette terre damnée que cela n’avait rien d’étonnant au final.

« — Pas si vite ma sœur, je crains de ne pas tout saisir. Mais sachez que je vous crois. Vous dites que vous avez été attaqués par des miliciens ? Portaient-ils tous la livrée ? Vous ont-ils attaqués vous aussi ?
La mine horrifiée, Aliénor saisit doucement les doigts de la prêtresse, espérant ainsi devenir un lien tangible et rassurant alors qu’elle lui demandait prestement de revivre l’événement qu’elle sentait assez horrible pour que la femme qui se trouvait devant elle ait tut quelques passages pour s’en préserver.
Savez-vous quel était le but de ces hommes qui ont fait pleuvoir le feu ? Je n’ose croire que le seul objectif d’une telle attaque eut été de renverser la ville. S’il avait été simplement question de faire tomber Sombrebois, ne croyez-vous pas qu’ils s’y seraient pris autrement, de l’intérieur ?
Aliénor émettait des hypothèses à la volée, sans comprendre trop ce qu’elle cherchait. Son esprit vibrait à toute allure, cherchant des solutions à un problème bien trop flou pour en saisir les contours. Elle était plutôt bonne tacticienne, mais son manque d’information et la trouille qui nouait ses organes avaient raison de ses compétences. Elle avait beau réfléchir de toutes ses forces, elle ne parvenait pas à saisir pourquoi on se serait ainsi déguisé. A moins que… Non, elle n’osa même pas y songer.
On ne sait pas grand-chose de ce qu’il s’est passé cette nuit-là. Alors je vous en prie, mon amie, racontez moi en détail ce dont vous vous souvenez. Tout pourrait avoir une grande importance. Faites moi part sans retenue de votre voyage vers la ville hors des murs, à nous deux, nous pourrions peut-être y voir plus clair. ».

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