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| Sujet: William Ward - Garçon de passe Ven 30 Oct 2015 - 0:38 | | | William Ward
Identité
Nom : Ward Prénom : William Âge :20 ans Sexe :Homme Rang : Garçon de passe
Physique Personne n’a jamais su comment mon père avait fait pour épouser une femme comme ma mère. Il fallait dire que des femmes comme elle on n’en voyait pas tous les jours dans notre village. Et pour cause, ma mère ne venait pas du même continent que le notre. Elle était originaire d’un pays du sud, au-delà de la mer, contrairement à mon père qui venait des contrées du nord du royaume, là où le vent souffle si fort qu’il arrache les nouveau-nés des bras de leurs mères. C’était un marin, un des rares assez courageux pour faire ce métier, qui voyageait beaucoup et c’était au court d’une escale qu’il avait trouvé, enlevé, épousé, engrossé ma mère. D’elle, j’ai gardé les cheveux bruns et touffus des gens du sud, ainsi qu’une deuxième langue maternelle bien plus chantante que celles qu’on trouve habituellement sur le continent. De mon père, j’ai hérité de sa peau très pâle et de ses yeux verts d’eau. Le tout n’a pas fait un mélange déplaisant au regard. Déjà petit, les gamines du village étaient toutes derrière moi et les vieilles s’amusaient à me tirer les joues en clamant que ma peau était douce ! J’avais grand peine à leur échapper, la maison familiale étant le seul endroit où je pouvais avoir la paix. Grandir ne m’a pas enlaidit ! Au contraire, je dirais qu’à l’âge de 15 ans, j’avais déjà reçu plus de déclarations d’amour fou qu’aucun autre garçon de mon village. Aujourd’hui, j’ai 20 ans et ma popularité ne cesse de accroître. « Tu es beau » m’avait soufflé à l’oreille le premier homme que j’ai connu… Ca n’avait pas été une histoire d’amour, loin de là. J’avais 16 ans et le type m’avait entraîné avec lui dans une chambre, sans me laisser poser trop de questions quand à ses intentions. Durant l’acte, il avait caressé mes cheveux, les avait sentis. « Laisse-les pousser ! » m’avait-il conseillé en continuant de passer la main à l’intérieur alors que je pleurais sur le bord du lit. « Tu seras tellement beau avec des cheveux longs… » avait-il ajouté, déjà convaincu que j’allais le faire. J’ai laissé pousser mes cheveux, comme il l’avait pensé. Et j’ai ramené encore plus de client qu’auparavant ! Les femmes en sont folles et les hommes adorent me tenir par là comme un chien quand ils prennent leur pied. Cela me dégouterait si ça ne me rapportait pas autant d’argent ! Je dois bien faire la moitié de ma paye grâce à mes cheveux longs ! Je les attache en catogan la plupart du temps. Les nobles que j’ai fréquentés m’ont donné cette idée sur le coin du matelas. L’autre moitié du salaire est pour mes yeux. A Marbrume, dans le quartier où je traine, les gens ont les yeux principalement bruns. Mes yeux bleus sont exotiques dans le paysage. Ils accrochent n’importe quel regard. Et si je souris, je fais fondre n’importe qui ! Pas étonnant que je sois le plus apprécié de ma caste parmi les nobles malgré mon sexe masculin ! Les gens de ma profession portent du jaune. C’est la règle. Il ne faudrait pas qu’on nous confonde avec quelqu’un qui se trouve du bon côté de la société. Ou plutôt, il ne faudrait pas confondre une personne « normale » avec quelqu’un de notre genre ! La couleur jaune à été décidé par les notables de la ville. Il ne faut pas trop s’étonner que la décision finale leur soit revenue, c’est eux qui font notre plus gros chiffre d’affaire ! Si vous me croisez dans la rue, vous remarquerez sans doute que c’est un peu différent pour moi. J’ai porté du jaune pendant un long moment comme les autres. Mais c’était moins cette couleur que mes yeux qui faisaient venir les clients. Au bout d’un moment, un de mes plus fidèles employeurs a voulu m’offrir un cadeau pour tout ce que je lui avais donné. C’était une petite veuve issue de la modeste bourgeoisie qui avait perdu son mari quelques années plus tôt. Elle était encore en âge de prendre du plaisir et m’avait fait venir. Après plusieurs passes et nuits à discuter, elle m’a dit que je pouvais lui demander n’importe quoi. C’était l’hiver et je lui ai demandé un vêtement chaud. Je m’attendais à du jaune, il n’en fut rien. J’ai eu dans les mains une tunique bleue roi, brodée de fils dorés aux manches. C’était certainement le plus beau vêtement que j’avais eu entre les mains depuis ma naissance. « Je sais qu’il faut du jaune pour toi » s’était expliquée la veuve. « Mais, le bleu va tellement mieux avec tes yeux… ». La pauvre est morte d’une maladie grave la semaine d’après. J’ai bu une bière en sa mémoire, je l’aimais bien. Si un jour vous croisez une tunique bleue brodée d’or aux manches, faîtes-moi un signe, je vous emmènerai dans un endroit calme… Personnalité … où nous pourrons discuter autour d’une bière. Il y a deux choses que j’aime dans la vie : gagner de l’argent et bien me nourrir, si possible en belle compagnie ! Le repas est toujours plus intéressant quand on a quelqu’un pour discuter, surtout quand c’est l’autre qui paye ! Vous n’aurez aucun mal à me trouver sympathique, car je le suis malgré la situation qui ne s’y prête guère. En même temps, si personne ne fait d’effort, c’est l’humanité entière qui finit par s’effondrer. Et pleurer, c’est mauvais pour les affaires ! J’aime rire et faire rire ! C’est comme ça que je lie des connaissances. Et les connaissances peuvent toujours servir un jour… Ma mère m’a toujours dit que pour se faire des amis, il fallait savoir raconter des histoires ! Des belles histoires ! Des contes ou des fables, si possible, les gens aiment rêver. Autant les pauvres que les riches d’ailleurs ! C’est quelque chose que je reproche aux riches : ils manquent singulièrement d’imagination. Mais les histoires ! Nous en étions aux histoires ! Les histoires donc. Ma mère m’en a appris plein ! Elle m’a aussi appris comment les raconter, comment y mettre le ton ! Je saurai être une demoiselle en détresse ou un vieux bossu si besoin est. Jamais vous ne trouverez meilleur acteur que moi. Depuis le temps que j’exerce mon métier, j’ai eu le temps d’apprendre à simuler… Mon père, lui, m’a appris que pour vivre correctement en société, il faut savoir cogner. « Tendre l’autre joue, et toutes les autres conneries de la Trinité, c’est bon pour les avachis et les faux dévots ! Le vrai homme sait quand il doit se montrer tolérant, et quand il doit détruire ! » disait-il devant le feu de la maison, sa bouteille de gnole à la main et moi sur ses genoux. Mon père avait des poings puissants, des poings de marin. Il cognait comme deux hommes. Sans être aussi costaud que lui, je sais me défendre. Dans mon métier, c’est essentiel. Un coup de pied bien placé peut vous sauver la vie. Ce sont surtout les hommes qui sont entreprenant. Avec moi, les femmes restent plutôt douces. Si l’envie vous en prend, vous pourrez payer une chambre pour la nuit. Je vous y suivrai sans problème. Je vous demanderai juste de ne pas faire attention aux bleus qui couvrent mon corps. Certains clients mordent, mais je n’aime pas leur faire remarquer. Cela supprime toujours quelques pièces sur le salaire. Et si après tout, vous n’arrivez pas à dormir près de moi, nous pourrons discuter à nouveau. Je sais être sérieux la nuit. Je sais comment écouter les gens. J’écoute et j’apprends leur vie, sans qu’ils ne connaissent une seconde de la mienne. C’est aussi pour cela que mes clients me rappellent souvent. Peut-être le ferez-vous,-vous aussi ?... Du moment que vous payez, je saurai comment vous écouter. Mais peut-être préféreriez-vous parler de la situation actuelle ? Le Fléau, les fangeux, ça vous angoisse. Ca angoisse pas mal de monde à vrai dire… Et moi ? Moi, du moment que je ne sors pas en dehors de la ville, je m’estime tranquille. Tranquille pour le petit moment qu’il nous reste avant que nous ne finissions tous comme les morts qui se relèvent le pus leur sortant de la bouche. Ce n’est qu’une question de temps… Je vous fais peur ? Je vous déprime ? Allons, inutile de pleurer… Venez donc dans mes bras. Je ne vous l’ai peut-être pas dit, mais je suis doué pour consoler les autres… HistoireIntroduction ou comment William rencontra son nouvel employeur.« Qui a peur du grand méchant loup ? C’est pas moi, c’est pas moi du tout… »
Je chantai cette chanson un petit moment en longeant la muraille qui nous séparait de la terrasse des nobles, nous le petit peuple. Il ne me fallait pas longtemps pour arriver à la taverne de la Grosse Marthe. Le seul endroit où je pouvais manger pour pas trop cher… et éventuellement trouver un nouveau client. La vie était tellement chère dans cette cité, ce « bastion de la dernière humanité » comme l’appelaient les hauts placés. Depuis que le « Fléau » avait prit place depuis quelques mois, on n’était plus à l’abris nulle part, sinon ici. Gagner sa vie dans la cité n’était pas simple : il y avait tant de monde qui s’y était réfugié que tout avait été pris d’assaut. Les nobles nous avaient laissés pourrir dans les bas quartiers pendant qu’ils se terraient dans leurs maisons trop grandes pour eux… Un milicien me salua et je répondis d’un sourire courtois. J’avais dû passer une nuit avec lui peut-être, mais j’avais déjà oublié son visage. J’entrai dans la taverne et reçut les salutations habituelles qu’un type de ma condition se doit de soulever quand il rentre dans ce genre de lieu. « T’es de retour ? » me lança une blonde avec des seins comme j’en avais rarement vu. « Ca fait un moment qu’on t’avait pas vu… » « Un client qui m’aimait un peu trop » je répondis en souriant et en commandant à boire à la grosse Marthe. Elle s’exécuta sur le champ et je buvais en silence, savourant les arômes d’une bière un peu trop âcre. « Il t’a bien payé ? » me demanda la blonde d’un air un peu trop intéressé en se penchant vers moi, son décolleté tombant sur le comptoir. « C’est pas tes oignons ! » je répondis sèchement. « Garde tes clients ! Je garde les miens ! » Elle se recula d’un air vexé : « Monsieur se tape des nobles et refuse de partager ! Si tu veux jouer la petite putain des friqués, à ta guise ! » Elle rajouta une insulte pour la forme et s’en retourna dans les bras d’un gros barbu, qui devait tourner à la gnole depuis quelques heures. La grosse Marthe secoua la tête d’un air désespéré et dit : « Elles sont toutes jalouses de toi. Tu es le premier à être appelé par des nobliaux dans le coin ! Autant les femmes que les hommes…» Je souriais de toutes mes dents que j’arrivais à garder à peu près blanches : « Ce n’est pas un exploit Marthe ! Je suis rare sur le marché, seul type au milieu des filles ! Les femmes trompées et délaissées aiment bien tromper à leur tour ! Et puis, sans toi et ta taverne, je n’aurais pas pu aller si loin ! » La grosse Marthe rougit et agita la main pour signifier que ce n’était rien et s’en retourna à ses fourneaux. Je n’avais pas menti en disant cela. Rareté exotique dans le domaine dû à mon sexe, j’avais construit mon carnet d’adresse et de clients entre les murs de son lieu de travail. Les draps des chambres s’en souviennent encore…
La première fois avait été une réelle surprise. J’étais arrivé dans cette ville avec une caravane d’exilés, jetés sur les routes par la misère et, dans mon cas, la mort de mes parents. Qu’on soit arrivé sains et saufs relevait du miracle. Mais la suite des choses m’a fait comprendre que ce voyage avait été la plus belle partie de ma vie. J’avais 16 ans et aucune qualification. Il n’y avait de travail pour personne dans cette cité de toute façon. J’ai commencé à voler un peu, mais la menace de la milice m’effrayait. Je préférais encore mourir de faim que de finir banni. Un sursaut de bonne conduite peut-être… La taverne de la grosse Marthe proposait à manger pour toutes les bourses. J’y étais entré désespéré et la patronne avait été assez gentille pour me donner un repas chaud en échange de quelques travaux de vaisselle. « Les dieux me damnent si je laisse un enfant mourir de faim ! Qu’il reste ici autant qu’il voudra ! » avait-elle lancé à la cantonade. Et j’étais resté. J’avais traîné le plus longtemps possible dans cette salle, certes maigrement chauffée, mais toujours plus que l’extérieur. Et puis je l’avais senti. D’un coup, sans prévenir. Cette main sur ma cuisse qui remontait sensiblement vers le haut. Levant la tête, j’avais aperçut un homme dans la quarantaine. Il était musclé, et portait une chemise propre, mais un peu usée. Sa barbe hirsute n’avait pas dû être taillée depuis plusieurs jours. Un petit bourgeois un peu trop rapiat sur ce genre de chose sans doute. Il m’avait sourit et la pression sur le haut de ma cuisse avait augmenté. J’avais déjà vu des hommes faire ce genre de choses avec les filles de joie et je sus immédiatement ce que cela voulait dire. Je l’avoue, sur le coup, j’ai paniqué. Je m’étais reculé dans un grand fracas et il m’avait retenu par le bras. « Allons » avait-il dit doucement en se penchant vers moi et son haleine puant l’alcool resta à jamais gravée dans ma mémoire « Tu n’as pas envie de te faire un peu d’argent ?...Je te paierai bien… Avoue que tu es venu ici pour ça… ». Il avait passé sa main autour de ma taille et avait caressé mon flanc. Les larmes me montaient aux yeux, mais la perspective de l’argent était attrayante, je n’avais pas un sous en poche. « Aller… ça ne fera pas mal, promis… » avait-il dit, insistant, revenant à la charge quand il le fallait. J’avais été assez stupide pour le croire. Je m’étais contenté de hocher la tête et il avait payé une chambre à la grosse Marthe pour la nuit. Je n’oubliais jamais le regard qu’elle avait eu en me voyant monter à l’étage avec lui. La tristesse dans ses yeux m’aurait tuée. Inutile de s’étendre sur le reste. Je me souviens d’une nuit douloureuse, comme je n’en avais jamais connu avant, pas même quand j’avais eu une rage de dent à l’âge de 9 ans. Il ne s’est pas contenté d’une seule passe. Il en a redemandé quatre fois. Je me souviens avoir pleuré pendant et après. Puis je m’étais endormi sans résister, entre ses bras. « Tu es beau… » m’avait-il murmuré à l’oreille avant que je ne sombre dans le sommeil. Le matin, il n’était plus là, mais une énorme pile de pièces dorées trônait sur la table de nuit à moitié cassée. Je crois bien que jamais de ma vie, je n’avais vu autant d’argent ! C’était plus que ce que j’aurais pu gagner en exécutant des petits travaux pendant une semaine… Autant en une nuit, non, c’était juste impensable… Est-ce que gagner de l’argent pouvait être aussi simple ?... Aussi rapide ?... La douleur dans mes hanches m’a ramené à la réalité. Accepter cette facilité, c’était l’accepter aussi… Mais autant d’argent… dans une ville où la précarité était plus que répandue…
« William » souffla la grosse Marthe à mon oreille me ramenant au présent. « Hum ? » répondis-je évasivement en relevant les yeux vers elle. « Il y a un homme qui te demande là-bas… ». Je levai la tête et vis un homme en costume de valet à la porte. Il piétinait sur place, signe qu’il n’avait pas que ça à faire. Il portait le costume d’une maison que je ne connaissais pas. Je soupirais, déjà un autre client ? Cependant, si c’était quelqu’un de la noblesse qui quémandait, je ne pouvais pas me permettre de refuser. Ca avait déjà été assez dur de rentrer dans les petits papiers des grandes dames ainsi que dans certains de ces messieurs… Je ne pouvais pas tout balancer comme ça ! Je me levai et allai au devant de lui rapidement. Le valet me lança un regard plus que méprisant, me dévisageant de la tête aux pieds. Je m’en fichais, ce n’était pas le premier ni le dernier qui allait prendre de haut un garçon de passe. Se rendait-il seulement compte que quand il cirait les pompes de ses maîtres, je pouvais aller où je le souhaitais, dans une totale liberté ? « Monsieur » dis-je poliment faisant exprès de le méprendre pour un homme d’une condition plus haute que la sienne. Il sembla d’ailleurs apprécier, flatté comme l’idiot qu’il était. « Mon maître m’envoie vous quémander ! » dit-il d’un ton impérieux qui ne sied guère aux valets. Je lui servis mon « sourire tendre » et le rouge lui monta aux joues. Personne ne pouvait résister à celui-là ! J’avais obtenu la moitié de mes clientes avec ce simple sourire. Avec les hommes, c’était plus… compliqué. « Quand souhaite-t-il me recevoir ? » demandais-je sans me départir du sourire enjôleur. Il fixa mes yeux bleus, devenant toujours plus rouge au fur et à mesure que je les faisais briller. Il déglutit avant de finalement pouvoir articuler : « Le plus tôt possible… ce soir… » Ca ne m’étonnait qu’à moitié. Les nobles étaient toujours pris d’envies irrémédiables comme celle-ci. Ils ne planifiaient pas, ils se contentaient de demander…ordonner aurait été plus juste. Il restait environ une heure et demie avant l’heure désirée. Cela me laissait amplement le temps de me préparer. Je n’aimais pas arriver devant un client sans être un minimum propre. Je me tournai vers Marthe qui était déjà en train de faire chauffer de l’eau pour moi. Il faudrait que je pense à lui laisser une petite commission sur ma paye pour tout ce qu’elle faisait dans mon intérêt… Faisant voler mes longs cheveux bruns (les clientes adorent ce genre de chose), je reportai mon attention sur le valet. M’approchant de lui, je lui fis une caresse discrète sur le dos de la main et susurrai : « Vous voulez bien m’attendre ? Je ne serai pas long… » J’aurais pu faire cuire un œuf sur ses joues… si tant est qu’on puisse trouver un œuf à un prix encore abordable en ville. Le type bredouilla quelque chose que je pris comme un « oui » en regardant ses pieds. Il avait perdu de sa superbe rien qu’avec un sourire un peu trop appuyé. Minable. Je me précipitai en cuisine où Marthe avait fait chauffer de l’eau. Je jetais ma chemise sur le dossier d’une chaise et commençais mes ablutions. La cuisinière, une fille de passage engagée il y a quelques semaines, m’aida à me laver le dos. Je lui baisai la main en remerciement et elle gloussa avant de s’enfuir vers l’avant-salle pour finir le service. La grosse Marthe me fit les gros yeux alors qu’elle entrait à son tour en cuisine. « Tu vas finir par ne plus savoir sur qui porter ton attention si tu continues à toutes les charmer comme ça… Tu risques des ennuis, elle a un très bon ami ! » souffla-t-elle alors qu’elle essuyait le plan de travail. « C’est important de toujours entretenir ses compétences ! C’est toi qui me l’a dit Marthe ! » répondis-je dans un grand sourire en remettant ma chemise. Je la boutonnais avec soin, j’aimais apparaître sous mon meilleur jour devant les clients. « File ! » rétorqua Marthe en me donnant une claque sur l’épaule. « Cet idiot de valet va finir par perdre patience ! »
L’idiot de valet n’avait pas perdu patience. Il attendait toujours devant la porte et guettait les mouvements des filles que les travailleurs du jour gardaient sous le coude pour la nuit. Il n’avait aucune chance, mais peut-être l’ignorait-il ? La jeune cuisinière m’adressa un petit sourire au moment où je sortais des cuisines alors qu’elle y retournait. Je le lui rendis de manière éclatante et elle s’enfuit dans l’arrière-salle, non sans rougir. Je lui plaisais, c’était évident, mais je ne pouvais pas être à elle. Une amourette était tout ce qu’elle pourrait obtenir de moi et je dois bien avouer que c’était extrêmement agréable de tester mes techniques de séduction sur elle. Les femmes, qu’elles soient de la noblesse ou du bas peuple, réagissent souvent de la même façon. « Je suis prêt » dis-je au valet d’une voix douce pour annoncer ma présence. Il sursauta violemment. Il avait été trop occupé à regarder les filles de joie pour faire attention à moi. Dire qu’une minute plutôt, il n’avait pas l’air aussi ouvert d’esprit à mon égard… Etait-ce dû au fait que j’étais un homme ? Certainement. La plupart des gens ici ont du mal à concevoir que je puisse aussi exécuter un genre de travail habituellement réservé aux femmes. Le valet déglutit et remit sa veste en place rapidement. Je le soupçonnais d’avoir une vilaine érection en dessous. Vu son jeune âge, il n’avait pas dû connaître beaucoup de filles. Ces dernières lui faisaient de l’effet, même s’il ne voudrait jamais se l’avouer. « Puceau » vint automatiquement à mon esprit et un rictus passager déforma mon visage. L’autre le vit et il tenta de reprendre tant bien que mal son air méprisant du début. Sans grand succès… « Suivez-moi ! » lança-t-il d’un ton impérieux pour se donner une contenance en sortant de la taverne. Je saluai Marthe et sa cuisinière qui m’épiaient derrière la porte de la cuisine et sortis à sa suite.
Alors que nous longions les remparts menant à la terrasse des nobles, le valet se retourna et me tendit une enveloppe cachetée à la cire rouge. « Votre autorisation… » lâcha-t-il d’un ton maladroit, comme s’il ne s’avait pas comment me l’annoncer avant de se remettre en route rapidement, gêné par son manque d’assurance. Il n’avait pas besoin de vouloir se donner autant de peine. Depuis le temps, je commençais à connaître le système. La taverne de Marthe était située dans les bas-quartiers du sud de Marbrume, les plus pauvres. Ce n’était pas les taudis des bannis, mais nous n’étions pas nantis pour autant, quand bien même l’établissement n’était pas si loin de la terrasse des nobles. Pour éviter toute intrusion des plus pauvres dans leurs appartements, ces derniers avaient mis en place un système d’autorisation de passage à présenter à la milice qui gardait leur domaine. Histoire que nous ne fassions pas trop tâche dans leur joli paysage sans doute… A la fois j’admirais et réprouvais cette capacité des nobles à s’enfermer dans leur petit monde et se voiler la face sur leur situation. A vouloir entretenir l’illusion d’un monde parfait doté de privilèges, ils en venaient presque à oublier qu’ils risquaient le même danger que nous, les misérables. Le Fléau et les fangeux n’épargneraient personne quand le moment serait venu - et nul doute qu’il viendrait un jour. Finalement, peut-être que tout cela n’était qu’une forme de justice ?... Je reportai mon attention sur la lettre. Le cachet en cire était du plus bel effet. Il portait les armoiries de la famille du noble qui m’avait engagé pour la nuit. J’avais déjà fait plusieurs allers-retours dans les beaux quartiers, mais jamais encore je n’avais vu d’armoiries aussi fines et détaillées. Le noble devait faire partie des plus puissants monarques de la ville, je pourrais sans doute en retirer un bon salaire ! La perspective de pouvoir me payer des repas chauds et une chambre correcte me rendit de bonne humeur pour la fin du trajet. Nous arrivâmes devant le barrage de la milice intérieure. Je vis le valet trembler devant la mine patibulaire des gardes. Il s’écarta rapidement pour que je puisse leur tendre mon autorisation. J’avais pris l’habitude de la donner d’une main ferme, en regardant toujours droit devant moi. Cela évitait les sous-entendus grivois et les mains baladeuses la plupart du temps. Le milicien le plus proche s’en saisit et déchira le cachet sans remarquer le travail d’orfèvre qu’il venait de ruiner. Il lit la lettre et la montra à son collègue. Puis ils me jaugèrent tous les deux du regard. Du coin de l’œil, je vis que l’autorisation n’était pas signée du noble lui-même, mais d’une simple croix de son intendant. Rien qui ne m’empêcherait de passer. « Je t’ai déjà vu la semaine dernière ! » me lança le premier milicien d’un ton rude. « Tu deviens vraiment populaire dans le coin, faudrait peut-être que tu passes nous voir un de ces jours ! Histoire de nous remercier de te laisser passer aussi facilement » ajouta-t-il avec un sourire goguenard tandis que l’autre éclatait d’un rire gras et aviné. « Ce serait avec plaisir messieurs » leur répondis-je avec un sourire poli. « Mais me laisser passer ne relève pas de votre gentillesse, simplement de votre travail… » Je désignais la lettre officielle d’un signe de tête, histoire de leur faire comprendre qu’ils n’avaient pas intérêt à poser une main sur moi sans mon consentement s’ils ne voulaient pas que mes clients les plus puissants se retournent contre eux. A mes côtés, le petit valet n’en finissait pas de regarder ses pieds d’un air crispé. Le milicien me fixa dans les yeux et je soutins son regard. Céder revenait à leur dire « oui ». Finalement, il éclata du même rire que son collègue et dit : « T’as du cran, gamin ! Tu me plais ! J’adore les p’tis jeunes comme toi. Passe donc un de ces jours, juste pour boire un coup, promis… » Il me rendit mon autorisation et s’écarta pour nous laisser passer. Je lui souris en guise de remerciement sans me faire d’illusions sur ses propos. Je savais très bien ce que voulait dire « boire un coup » dans le jargon des miliciens et je savais aussi que cela impliquerait de baisser mon pantalon à un moment ou un autre de la soirée. Ils en profitèrent pour me reluquer alors que je franchissais le barrage de gardes. J’avançais sans leur jeter un coup d’œil, c’est toujours ce qu’il y a de mieux à faire dans ce genre de situation. Derrière moi j’entendis un claquement, le cri outré du jeune valet et le rire gras des miliciens. Il y avait bien eu une main baladeuse en fin de compte… Je n’aimais pas franchement les membres de la milice. C’était avant tout un tas d’incapables corruptibles à mes yeux, même s’il pouvait y avoir quelques rares exceptions. Cependant, malgré mon aversion pour leur caste, je devais reconnaître qu’ils n’étaient pas les pires clients que je pouvais avoir… Le valet me rejoint en courant, les poings serrés. J’attendis qu’il repasse devant pour me montrer le chemin. « Vous devriez avertir vos maîtres du comportement de ces deux là… » déclarais-je en rangeant la lettre dans une des poches de ma tunique. « Je n’y manquerai pas ! » rétorqua l’autre d’un ton sans appel. Certainement qu’il adorerait le moment où les deux gardes se feraient sermonner par le notable. Comme la plupart des roquets sans force ni pouvoir qui se cachent derrière les puissants.
C’était la plus grande maison que j’avais vu de ma vie. Un vrai manoir ! Pas comme les habitations des petits bourgeois qui n’étaient que des maisons de quartiers. Là, c’était comme si on avait collé ensemble deux ou trois bâtiments de la ville basse. Je devais bien l’avouer, la taille de la demeure m’impressionnait. J’avais effectivement affaire à un gros client, il allait falloir que j’assure toute la nuit pour espérer qu’il m’embauche une seconde fois ! Les nobles étaient toujours ceux qu’il était le plus dur de satisfaire. Leur appétit sexuel comme leur sadisme latent n’étaient pas toujours évidents à gérer, mais ils payaient bien. Alors qu’importe si je devais y passer encore une fois. Le valet me fit entrer par la porte de service, derrière laquelle nous attendait un homme d’une trentaine d’années, l’air propre sur lui, vêtu d’un élégant habit noir. J’en conclus qu’il s’agissait probablement de l’intendant de maison. Il congédia le valet d’un geste sec et l’autre disparu sans demander son reste. L’homme se tourna vers moi. « Je me présente, je suis Juhel, l’intendant de la noble et prestigieuse famille de Derval » déclara-t-il d’une voix qui exigeait un respect immédiat. Il s’agissait de me faire comprendre ma condition ici. Ma présence était un miracle dont je pouvais m’estimer heureux, moi, le garçon de passe ramassé dans le caniveau. Peu importait que je sois le plus en vogue de la ville, dans ce manoir, je n’étais qu’un moins que rien, juste bon à divertir le seigneur. Je connaissais ce discours par cœur. Chaque intendant que j’avais croisé dans ma vie me l’avait sermonné à maintes reprises. Mais celui-là le faisait de manière si naturelle, si autoritaire que je me sentais obligé d’y croire. « Mon maître a réclamé un amuseur pour cette nuit. Connaissant votre réputation par d’autres seigneurs dont la décence m’interdit de prononcer le nom, mon choix s’est porté sur vous. Je vous demanderais de bien vouloir respecter un serment d’anonymat quand à l’identité de votre employeur ! » Il avait dit tout cela très vite, si bien que j’avais eu un peu de mal à le suivre. Mais je répondis tout de même. « Je suis un professionnel, monsieur, je respecte toujours l’anonymat de mes clients !" Il dû s’estimer satisfait de ma déclaration et m’invita à le suivre. De l’intérieur, le manoir était encore plus impressionnant. Le luxe et l’opulence étaient partout ! Dans chaque assiette. Dans chaque tableau, chaque bibelot ! J’aurais bien voulu prendre le temps de m’arrêter pour détailler tout cela, mais il aurait été mal vu de le faire. L’intendant me voyait certainement comme un voleur de bas étage en plus d’être un pauvre garçon de joie. Je n’ai jamais rien volé à un de mes clients, bien que souvent l’envie ne m’en manquait pas. Mais je me souvenais toujours de cette histoire que ma mère m’avait raconté un jour alors que malade, j’avais dû rester au lit: « Un homme possédait une poule pondant des œufs en or. Un temps, la poule et ses œufs firent sa fortune, mais l’homme toujours plus avide de l’or qu’elle lui donnait finit par lui ouvrir le ventre dans l’espoir d’y trouver plusieurs œufs d’un seul coup. Il n’y trouva que des viscères perdant ainsi la poule, l’or et la fortune qu’elle pouvait lui apporter ». Ma mère tenait cette histoire d’un fabuliste antique de son pays d’origine, au sud de la mer, là où le soleil chauffe les cœurs chaque jour de l’année. Pas comme Marbrume et ses environs qui ne sont composés que de bourbiers infâmes. J’en retenais que mes clients étaient la poule et moi l’homme. Voler un seul de ces clients, c’était condamner tout ce à quoi j’avais travaillé depuis plusieurs années et perdre le seul moyen que j’avais de me faire un peu d’argent. L’intendant me fit traverser un couloir où les tableaux de la famille s’étalaient. Je repérais rapidement de dernier de la rangée la plus récente. Un seigneur au regard noble et froid, à la barbe foisonnante. Il était vêtu d’une tunique en velours rouge, signe d’une haute noblesse. Il avait pris la pose, le pied sur un énorme cerf qu’il venait sans doute d’abattre lors d’une partie de chasse. Les gens comme moi n’avaient pas le droit de chasser le cerf. Cet animal était réservé avant tout au roi et à ses égaux. Voilà que je me retrouvais dans la demeure d’un potentiel gouverneur ! Un vieil homme convaincu de son pouvoir et de sa main mise sur le monde et les autres. Voilà avec qui j’allais passer la nuit. C’était les pires de tous ! Je craignais leur sadisme et haïssait leur méprit du peuple. Mais après tout, c’était leur argent qui me faisait vivre. N’étais-je pas aussi haïssable qu’eux d’une certaine manière ?... L’intendant s’arrêta devant une large porte en chêne richement décorée. Il me jeta un regard froid avant de toquer pour signaler notre présence. Un « entrez » lui répondit et il s’écarta. « Vous pouvez y aller. Mon maître est disposé à vous recevoir ». L’éclat dans ses yeux me semblait mauvais, mais c’était sans doute les ténèbres de la nuit qui me trompaient. « Je vous souhaite une bonne nuit » ajouta-t-il avec un petit sourire supérieur, qui ne laissait aucune hésitation quand à ce qu’il avait en tête, avant de s’éloigner. Si mon travail et ma vie n’en n’avaient pas dépendus, je l’aurai frappé pour m’avoir parlé ainsi.
Inspirant un grand coup, je tournai la poignée et entrai. Soi réelVoilà, j'espère que ce n'était pas trop long. C'est ma première réelle expérience de RP sur un forum. J'espère aussi que l'avatar conviendra à l'univers et l’atmosphère de Marbrume. Je l'ai dessiné moi-même, du coup j'ai l'impression qu'il est bien moins stylé que les œuvres d'art qu'on peut trouver sur internet. Mais j'espère qu'il plaira quand même. ^^ Certifiez-vous avoir au moins 18 ans ? Je certifie avoir plus de 18 ans. Comment avez-vous trouvé le forum ? (Topsites, bouche à oreille...) Invitée sur ce forum par Abel le barbier. Vos premières impressions ? J'aime beaucoup l'histoire de départ ainsi que l'ambiance installée autour de Marbrume et ses environs! Des questions ou des suggestions ? Je n'en ai pas pour le moment!Désolée! Marbrume soutient la création; cette fiche a été codée par Orange de CSSActif |
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