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| Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] | |
| Grâce de BraseyBaronne
| Sujet: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Ven 18 Mar 2016 - 17:15 | | | Les doigts fins passèrent dans les poils de la fourrure posée sur la table, leur douce couleur aux teintes chaudes se laissant recouvrir partiellement par ses fibres au couleur naturelles. Ils ne laissèrent derrière eux qu’un discret désordre et délicat et riche bruissement.
« Voyez Mademoiselle Brasey on ne travaille que de la qualité ici. »
Un sourire étira, amusé, le coin des lèvres de la demoiselle. Le fourreur s’était fourvoyé, pourtant, il était tout pardonné, le « B » monté sur une ligne de perles que la jeune femme arborait fièrement en pendentif était quelque peu trompeur. D’ailleurs, l’erreur ne fut guère rectifiée comme il se devait. De toute façon, au fond était-ce réellement une véritable faute ? Sichède, la matriarche elle-même avait bien dit à sa chère fille que le sang était plus fort que les liens du mariage, qu’il lui rappellerait toujours leur nature profonde. Cela, Grâce en doutait quelque peu, sa chère mère lui avait bien dit ces quelques mots, cependant, elle se souvenait également des fois où elle avait vu un tiers se faire favoriser à un membre de la famille simplement car le dit tiers était plus utile sur le moment. Les liens du sang n’étaient donc pas si puissants que cela, au fond. Pourtant, il était vrai que les Brasey partageaient la même nature, était-ce peut-être cette dernière qui les rapprochait inexorablement, remmenant la Dame de Sombrebois auprès des siens. Même si, il aurait trop aisée de ne croire qu’a cette solution, la trahison d’Hector y était également pour beaucoup. Elle avait voulu présumer, croire qu’une manière plus honnête de voir le monde existait. Toutes ses belles résolutions s’étaient envolées avec les maigres illusions sur son époux. Il n’était qu’un homme après tout, pourquoi avait-elle espéré ?
Tous pareils, tous faibles à leur manière.
Beaucoup appréciant un peu trop la chaire douce d’une jeune femme. Comme cet artisan en face d’elle qui avait déjà jeté quelques œillades admiratrices à son décolleté. D’ailleurs, à ce moment où la main de la demoiselle quittait la douceur de sa marchandise, il coulait un regard vers cette taille finement marquée et mise en avant.
« Il semblerait en effet Monsieur… »
S’était-elle contenté de déclarer d’une voix douce. A vrai dire, elle ne s’y connaissait nullement en fourrure et autre commerce de peaux, elle se fiait à ce qu’elle avait entendu de l’artisan et du peu qu’elle voyait et comprenait. De toute façon elle n’était guère ici pour conclure un accord, elle venait seulement faire l’intermédiaire.
A cet instant la porte s’ouvrit sur un jeune homme, d’allure modeste, des fourrures à la main. Dans ses quelques gestes Grâce cru voir quelques manières, un certain maintien qui n’était guère coutumier chez les gens de basse extraction, bien plus chez les bourgeois où les nobles. Le fourreur se tourna vers la jeune femme qui lui répondit seulement par un regard entendu. Elle n’avait guère envie de partir, la curiosité à peine piquée par l’inconnu venant de faire son entrée. Sans compter que voir comment le commerçant menait une transaction pouvait être fort utile.
Intriguée, Madame de Sombrebois s’approcha, gardant une distance très protocolaire, le tissu de sa robe, gris perle et écrue, bruissant doucement sous ses mouvements. Seules quelques mèches autour de son visage étaient retenues pour dégager et mettre en valeur les trais de ce dernier. Seules quelques mèches autour de son visage étaient retenues pour dégager et mettre en valeur les trais de ce dernier. L’allure de jeune femmes ne semblait laisser planer aucun doute quant à ses origines. |
| | | Wilhem TerrefièreChasseur
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Ven 18 Mar 2016 - 20:02 | | | C'est avec une certaine fierté que je franchis les portes de la boutique du fourreur. Ça ne faisait que peu de temps que je m'étais mis au commerce des fourrures, afin d'alourdir ma bourse du mieux que je le pouvais. A vrai dire, je me suis traité d'idiot un grand nombre de fois de ne pas y avoir pensé plus tôt, la vente de fourrure étant un parfait complément de ma carrière de chasseur. Mon habilité au tir, dont je n'étais pas peu fier, me permettait de ne pas souiller le précieux pelage et ainsi de rentabiliser au maximum mes proies. Le petit gibier étant mes cibles de prédilection, je me retrouvais avec un grand nombre de petites pièces de fourrures impeccables, ce qui ne faisait qu'augmenter leurs prix pour mon plus grand bonheur. En effet, il est plus impressionnant de pouvoir se payer un manteau dont la fabrication fut longue et laborieuse car composer de plusieurs fourrures de qualités, plutôt qu'un manteau taillé dans une seule pièce.. "L'habit ne fait pas le moine" mais il reste l'attribut favoris des nobles car moyen le plus rapide d'afficher l'étendu de leurs richesses. Et je dois avouer que me jouer de leurs faiblesses pour me remplir les poches est une source de réjouissance plutôt conséquente dans ma vie miséreuse.
En parlant de noble, la première chose que je remarque en rentrant dans la boutique est une jeune femme illustrant parfaitement mon propos dans sa luxueuse et ravissante robe aux tons pâles. Et si sa robe fut la première chose qui attira mon regard, sa silhouette avantageusement mise en avant suivit presque immédiatement. Pour être honnête, tout chez elle était agréable à regarder. Jeune, confiante, riche. Une cible de choix. Je m'empresse donc de lui faire mon sourire le plus charmeur avant de concentrer mon attention sur le vendeur, la jeune noble n'ayant pas l'air de vouloir partir.
"Ah Wilhem ! Je vous attendais avec impatience, cela fait longtemps que je n'ai pas eu de vos nouvelles !" "C'est que Monsieur, j'attends toujours d'avoir des pièces d'exceptions à vous proposer !"
Afin d'illustrer mon propos, je lui tends d'un geste assuré ces fameuses pièces.
"Du renard et de l'hermine. Vous ne m'avez pas menti en parlant de pièces d'exceptions.. Et comme toujours, elles n'ont aucun défaut, comment faîtes-vous pour les tuer sans les abimer ?" "Secret professionnel monsieur, je ne peux pas vous en révéler plus !" "Hum hum, je comprends... Le même prix que la dernière fois, nous sommes d'accord ?"
La partie intéressante.. Maintenant que je l'ai habitué à mes talents et qu'il mord à l'hameçon, il est temps de ferrer le poisson.
"Désolé mais.. Nous ne le sommes pas." "Pardon ?" "Eh bien.. Vous savez, je ne suis pas idiot, je sais très bien que vous vous faîtes une marge plus que confortable sur ces fourrures.. Vous avez eu une démonstration de mes services et vous ne pouvez niez qu'ils sont irréprochables, tout comme les fourrures que je vous rapporte. Ce serait déplorable que je préfère les vendre à quelqu'un d'autres de plus généreux non ? Il me semble que vous perdriez une fournisseur précieux.."
A travers son regard sombre enfoncé derrière ses sourcils froncés, je peux apercevoir les rouages de son cerveau en branle, en train de peser le pour et le contre de ma proposition. Certes, ma tirade est prétentieuse, mais je me suis contentée d'énoncer les vérités que mes anciennes visites lui ont prouvés. Je fais mon possible pour que ces fourrures soient parfaites, et j'estime mériter une récompense pour ça. Le petit soupir du marchand montre que son point de vue rejoint le mien. Ce qui m'étonne, je m'attendais à devoir débattre plus longtemps.. Il doit avoir réellement besoin de moi pour céder si facilement, et je ne m'en plaindrais pas. C'est avec une certaine résignation qu'il me tend 3 écus de plus que d'habitude, somme qui me réjouit grandement. Il me récupère les pièces délicates qu'il s'empresse d'aller ranger à l'abri de sa réserve, vu le prix qu'elles lui ont coûté. Je daigne enfin me retourner vers la jeune noble qui n'a rien raté de la scène, un sourire éclatant sur le visage.
"Le spectacle fut distrayant Mademoiselle ?" |
| | | Grâce de BraseyBaronne
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Dim 20 Mar 2016 - 14:39 | | | Un fournisseur, un chasseur, ce qui n’étonnait guère la jeune femme, il en avait l’allure. Il semblait une habituée des lieux, vendant ses peaux pour se faire un peu plus d’argent. Par les temps qui courraient cela était sûrement une combine qui fonctionnait pour ceux ayant le cran d’aller hors des murs.
Il était charmeur, sachant très bien ce qu’il faisait. Si il avait su à qui il avait à faire, il n’aurait sûrement pas eu l’air aussi confiant, ce n’était pas un joli minois qui allait faire tourner la tête de Grâce, surtout pas maintenant.
« Instructif, plus que distrayant. »
Un timbre doux, posé un brun amusé, et un regard qui en aurait désarçonné plus d’un. Cela se voyait qu’elle n’était de de celle qui attendait sagement qu’on le lui permette pour parler. Sa réserve n’était qu’une façade, un effet fort bien étudié, qu’elle laissa durer juste assez.
« Soit vous êtes un négociateur hors pair, soit notre ami ici présent est trop bon pour ce métier… »
Un peu de flatterie, vite atténuée, remise en question. La flagornerie n’était guère dans ses habitudes, elle finissait toujours teintée, entachée par cette charmante acidité qu’elle distillait dans beaucoup de ses mots. Il n’y eut que le bruissement du tissu de sa robe et le craquement du parquet qui accompagnèrent les quelques pas qu’elle fit pour se rapprocher du jeune homme.
« … et sans vouloir vous offenser, je gagerais plus de la bonté de ce monsieur que de vos talents pour le commerce. »
Bonté, peut-être quelque peu influencer pas sa présence d’ailleurs. Il était humain de vouloir briller face à une demoiselle à laquelle vous n’étiez pas indifférent. Il fallait croire que se montrer sympathique et conciliant pourrait lui donner une image positive auprès de l’envoyée des Braseys. Le fourreur venait de signer sa seconde erreur et cette dernière aurait, semble-t-il des répercussion bien plus présentes.
Elle regarda les peaux posées sur le comptoir, presque trop près du chasseur elle n’en semblait guère gênée. Appuyée sur le meuble, sa posture avait quelque chose de souple, délicat, mais on sentait une certaine rigidité, un maintien qui était entièrement dû à son rang, ses origines sociales.
« Comment se prénomme notre chasseur prodigue, ce si précieux fournisseur, assez téméraire pour se risquer au-delà des remparts ? »
Elle était un peu moqueuse, il était vrai. Le regarde la jeune femme brillait d’une lueur taquine, tandis que ses lèvres, légèrement soulignées d’une charmant rose pâle s’étirait d’un petit sourire mutin. |
| | | Wilhem TerrefièreChasseur
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Lun 21 Mar 2016 - 19:58 | | | Je ne quittais pas la jeune femme du regard tandis qu'elle s'approchait lentement de moi. Mon sourire charmeur, et légèrement amusé, était toujours accroché à mes lèvres malgré ses remarques courtoises mais indubitablement moqueuses. Qu'elle âge pouvait-elle bien avoir ? Peut être mon âge, certainement moins. Mais il y a bien une chose qui ne faisait aucun doute : cette demoiselle était intelligente. Ses phrases subtiles et ses manières maitrisées laissaient apercevoir un esprit bien plus vif que ce qu'on était en droit d'attendre d'une jeune noble, ces dernières étant souvent aveuglées par l'argent et les plaisirs. Et cela n'avait pas l'air d'être son cas. Son regard ne s'attardait pas avec convoitise sur les nombreuses fourrures plus luxueuses les unes que les autres et elle ne s'encombrait pas d'innombrables bijoux bien trop brillant. Tout était sobre chez elle, et l'effet en était d'autant plus efficace. Sa tranquille assurance et son maintien étant bien plus parlant que toutes les robes ouvragées.
Elle était maintenant accoudée au comptoir avec autant de grâce qu'il était possible d'avoir et a une distance bien peu conventionnelle pour quelqu'un de son rang. Je ne m'en plaindrai pas d'ailleurs, son doux visage et son regard malicieux offrant un spectacle des plus plaisants..
« Comment se prénomme notre chasseur prodigue, ce si précieux fournisseur, assez téméraire pour se risquer au-delà des remparts ? »
Un léger éclat de rire franchit la barrière de mes lèvres. Son sarcasme si bien dissimulée me change agréablement des petites dindes fades dont j'ai l'habitude.
"Mon nom est Wilhem Terrefière, mademoiselle et je ne peux que vous conseiller de le retenir, ma témérité m'appelant à accomplir de grandes choses au delà de ces murs.."
Je me décide à lui répondre sur le même ton moqueur, mais évidemment dirigée contre ma personne. Il ne serait pas acceptable que je tourne une femme de son rang en dérision, même si il n'est pas impossible qu'une petite remarque piquante m'échappe..
"Je pourrai par exemple, chasser la plus belle des hermines et vous offrir sa fourrure en cadeau et ainsi tenter de rivaliser avec la bonté de notre ami le fourreur.. "
Je pousse un soupir légèrement résigné, continuant mon rôle et espérant la distraire. Je ne dois pas laisser échapper cette charmante demoiselle. Elle pourrait m'être bien utile..
"Mais vous avez vu juste, je n'ai malheureusement pas de prédisposition pour le commerce.. Ce qui me porte bien évidement préjudice. Mais si ma fameuse témérité peut vous faire sourire alors je n'aurai pas tout perdu !"
Je plante mon regard dans le sien en lui souriant, affichant une confiance de façade. J'ai conscience que mon approche habituelle ne sera d'aucune utilité avec elle et je dois me montrer suffisamment subtil pour l'intéresser. Autant dire que j'avance sur le fil du rasoir, ce qui ne me plait pas réellement. Mais je ne dois pas la laisser partir.
"Que je suis impoli, je déroge à mes devoirs ! Comment pourrais-je être votre champion si je ne connais même pas votre nom ?"
Champion. Je n'ai pas choisi ce terme au hasard. Certes, je n'ai pas la carrure pour être le chevalier combattant pour les beaux yeux de sa dame, mais je pense avoir quelques talents qui pourraient se montrer utile à une noble intelligente.. |
| | | Grâce de BraseyBaronne
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Mar 22 Mar 2016 - 16:59 | | | Il avait trop vif, trop lettré pour un simple membre du bas peuple, un homme de rien, sortit comme il pouvait de son quartier pauvre. Il parlait bien trop bien pour cela, il était évident qu’il avait reçu une éducation. Sûrement, un membre de la bourgeoisie.
Le fourreur ne semblait plus réellement savoir où se mettre, inquiet de l’impression qu’il avait faite, il ne savait si il devait réprimander cet impudent qui se moquait de lui. Bien sûr, il ne le faisait que sous l’impulsion de la jeune noble qui se trouvait dans la boutique, cependant, elle, il ne pouvait la remettre en place, sans compter qu’il n’en avait guère l’envie, il voulait obtenir une bonne appréciation d’elle, pour que son père lui apporte un soutien. Assurément ne pas se retrouver avec une sale réputation. Il était entre deux eaux, ne sachant trop comment agir. A défaut, il décida de se remettre à l’ouvrage, qu’au moins, il ne passe pas pour un oisif.
Quand le jeune homme utilisa le mot champion, cela fit sourire Grâce. Ce simple mot avait une connotation un peu pompeuse, presque prétentieuse dans la bouche d’un petit chasseur d’origine bourgeoise. Il avait un certain cran, elle devait bien le lui concéder. Cependant, elle ne comptait nullement lui facilité la tâche et l’heureux inconscient venait de lui en donner une parfaite occasion de le tester un peu plus, de la titiller.
« Voyons si vous avez un esprit aussi brillant que votre courage et aussi affûté que votre langue cher Wilhem. Je suis, ou j’ai été une demoiselle de Brasey. . Mais il se trouve que je ne suis guère seule dans ce cas, j’ai une bien aimée sœur. »
S’était amusant de voir dans le regard d’un autre, ce même air de confiance, cette même lueur d’assurance. A celle instant, il aurait pu être deux faces d’une même pièce, deux séducteurs sachant parfaitement ce qu’il faisait et qu’il pouvait bien avoir comme effet sur les autres.
« Trouver laquelle des deux je peux bien être et peut-être pourriez-vous me raccompagner jusqu’à la porte des Anges. »
Elle avait bien senti qu’il cherchait à l’intriguer, non sans un certain succès, à la retenir. Si son pressentiment avait été bon, cette petite récompense allait sûrement le motiver, du moins assez pour cette question si simple, annodinemment joueuse.
« A votre avis, dois-je répondre au délicat son de Grâce ou aux glorieuses promesses de Victoire ? »
Si elle savait parfaitement n’avoir laissé transparaître dans sa voix aucune sorte d’indication, elle s’amusait du fait que toute son attitude, criait, hurlait le nom de sa cadette. Tout le monde lui disait, jusqu’à leurs parents, Grâce, n’en avait quasiment que le nom, elle avait surtout l’esprit d’une Victoire. |
| | | Wilhem TerrefièreChasseur
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Mer 23 Mar 2016 - 15:34 | | | Une De Brasey. Cela expliquait bien des choses. Sans être une famille extrêmement influente, elle n'en restait pas moins ambitieuse ce qui justifiait l'assurance de cette jeune femme. Si ce nom m'est familier, c'est que mon père avait été en contact avec eux par le passé, une vente des plus simples et sans accrocs. Il m'avait donc fait un léger portrait de cette famille si jamais je devais avoir affaire avec eux lorsque il me léguerait la boutique. Ambition à présent détruite, mais ses précautions et son enseignement continuent à me rendre de fier service chaque jour même si mes contacts avec la noblesse sont de toute autre nature que celle que mon paternel espérait.
Je ne faisais plus du tout attention au fourreur qui avait le bon sens, à moins que ce ne soit de la gêne, de nous laisser en paix. Au vu du sourire que cette demoiselle affichait, il me semblait avoir réussi à capter son attention. L'enjeu était de la garder mais aussi de renforcer ce sentiment.. Comment lui montrer que je pouvais lui être utile, et inversement ..?
« Voyons si vous avez un esprit aussi brillant que votre courage et aussi affûté que votre langue cher Wilhem. Je suis, ou j’ai été une demoiselle de Brasey. Mais il se trouve que je ne suis guère seule dans ce cas, j’ai une bien aimée sœur. Trouver laquelle des deux je peux bien être et peut-être pourriez-vous me raccompagner jusqu’à la porte des Anges. »
Aurait-elle lu dans mes pensées ? C'était exactement ce qu'il me fallait et elle me l'offrait sur un plateau d'argent, ce qui eut pour effet de rendre mon sourire encore plus éclatant et charmeur qu'il ne l'était. Pas de doute, j'étais tombé sur une perle. En plus d'être intelligente, elle était tout aussi joueuse que moi.
« A votre avis, dois-je répondre au délicat son de Grâce ou aux glorieuses promesses de Victoire ? »
Cela me rendait la tâche plus difficile. Elles étaient deux. Malheureusement pour moi, je n'avais jusqu'ici jamais croisé la famille De Brasey, ce qui faisait que mon choix serait déterminé par le hasard. Ou peut-être pas.. Je pris un air sérieux en détaillant la jeune femme de la tête aux pieds.
"Mh.. Question intéressante mais difficile, c'est un sacré piège que vous me tendez là.."
Je me mis à tourner autour d'elle, en gardant mon air d'intense réflexion, accentué par le mordillement compulsif de mon pouce. Mon attitude n'était pas feinte, cherchant à deviner par quelque moyen que ce soit son identité.
" Vous êtes belle, et vous le savez.. Toute votre attitude clame votre assurance et votre ambition au reste du monde. Et en plus de votre beauté, vous n'en êtes pas moins intelligente. Vous avez tout pour gravir les échelons glissant de la vie en société. Malgré votre jeune âge, vous n'avez rien d'une jeune première à peine sortie du carcan protecteur de sa riche éducation et effrayé par le monde cruel qui l'entoure. Autant dire que vous êtes l'allégorie même de la Victoire, et que vos parents ont été bien inspiré le jour de votre naissance.. "
Je revins me placer devant elle en souriant, avant d'abattre ma dernière carte. Je pensais avoir trouvé qui elle était, mais je me basais sur quelque chose de bien subjectif qu'il était temps de dévoiler..
" Mais justement, pour que vous me posiez la question d'une telle façon, c'est que la réponse n'est pas si aisée à deviner.. Aurais-je donc l'honneur de rencontrer la demoiselle Grâce de Brasey ? "
Victoire et Grâce, deux identités et donc une chance sur deux de tomber sur la bonne. Les risques de me tromper n'étaient pas très élevés mais pourtant, j'avais l'impression de jouer gros. Assez gros pour que je guète sa réaction et sa réponse avec une certaine angoisse.. |
| | | Grâce de BraseyBaronne
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Mer 23 Mar 2016 - 18:36 | | | Elle l’écouta parler, se prêtant volontiers à petit manège de l’homme qui tournait autour d’elle pour la détailler plus avant. Si dans des circonstances plus habituelles, elle aurait sûrement fait une remarque moqueuse, légèrement acide, sur le fait que les bonnes manières n’incluaient pas ce genre de pratiques, cependant, dans leur petit jeu cela n’avait pouvait être excusable.
Il semblait tomber dans le piège, avec la même aisance que tous ceux à qui elle faisait ce petit coup. Flatteur, il énumérait ce qui s’apparentait à des faits sur la demoiselle. Semblant conclure sur la flamboyante méprise… il n’en fit pourtant rien. Soit le coup de bluff était magistral, soit, il avec un esprit particulièrement acéré. Dans les deux cas, la fin de sa tirade méritait bien l’air sincèrement et agréablement surpris de prit la jeune femme.
« Il semblerait bien… »
Le mensonge par omission était-il vraiment un mensonge ? Parce qu’après elle était encore la même personne, s’était simplement qu’elle était censée sous le nom de son époux désormais. Mais ces considérations, elle les verrait plus tard, il y avait, pour l’heure, plus intéressant qu’un petit dilemme moral.
« Impressionnant Monsieur de Terrefière, beaucoup se seraient laissé berner par la première impression, sautant sur l’occasion d’une victoire facile pour espérer briller plus intensément. Pourtant, vous, vous avez pris le risque de vous passer outre, de vous tromper. »
Grâce appréciait cette forme d’audace, aussi insignifiante soit-elle, pour des questions si superficielles, mais tout de même, il avait de mérite d’avoir d’essayer au risque de perdre sa récompense.
Il se donnait beaucoup de mal, mais pourquoi ? Elle ne s’était pas montrée réceptive à ses attraits physiques, juste un peu cavaliers, mais toujours corrects. Pour beaucoup, il n’aurait vu qu’une petite noble, prétentieuse, à la langue trop acérée pour être honnête, ce qui n’avait rien de bien engageant. Alors pourquoi désirait-il tant garde son attention ?
Ayant donné sa parole, elle n’allait sûrement pas y couper, pas que trouver la faille afin de la ne pas honorer la part du contrat lui aurait déplus, elle n’avait que peu, voir aucune gêne à cela, s’était surtout qu’elle n’avait aucun intérêt à la chose. Elle voulait savoir, comprendre ce qui motivait le chasseur.
« Vous avez le maintien et le parler d’une personne éduquée, pourtant, vous semblez avoir quelque peu … perdu de votre superbe. »
Si il voulait en savoir plus sur la jeune noble, il fallait qu’il s’attende à recevoir quelques questions en retour. Attendant de voir sa réaction, Grâce prit le manteau qu’un homme lui tendit. Il semblait être à ses ordres, sûrement un protecteur, un garde du corps. Elle enfila le vêtement avec élégance. Il l’était pas large et informe, son étoffe de laine grise, dont certains pans étaient brodés d’un fil plus foncé, était de bonne facture et le col et les manches ourlées de fourrure. |
| | | Wilhem TerrefièreChasseur
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Mer 23 Mar 2016 - 19:59 | | | A la bonne heure, mon intuition s'est révélée correcte ! C'était peu, certes, mais je pris son air sincèrement surpris pour une victoire. J'avais bel et bien capté son attention, et l'occasion de prolonger la conversation.
« Vous avez le maintien et le parler d’une personne éduquée, pourtant, vous semblez avoir quelque peu … perdu de votre superbe. »
C'était inévitable et je ne fus ni surpris, ni gêné de cette remarque. Le contraste entre ma façon de parler et mon apparence, même si je mettais un point d'honneur à être un minimum présentable, en avait étonné plus d'une jusqu'ici. C'est donc avec un soupir fataliste, et un peu théâtral je dois l'avouer, que je plantais mon regard dans le sien afin de lui répondre.
" Vous êtes observatrice Mademoiselle ! En effet, la malchance et les circonstances actuelles on fait que j'ai perdu bien plus que ma superbe.. Alors oui, j'ai reçu une bonne éducation et grandi dans une famille aisée mais voilà, à présent je n'ai plus rien. "
Je ne cherchais pas sa pitié et mon ton n'était pas implorant. J'énonçais les faits et je les acceptais, mais ça ne voulait pas dire que je voulais vivre le restant de ma vie comme ça. Ce serait difficile, étant retombé au bas de l'échelle, mais j'avais certaines armes qui me permettraient peut être d'y remonter doucement. Je ne cracherai donc pas sur le soutien de Grâce de Brasey, mais pour ceci il faudrait que je puisse l'obtenir. Hors, la séduction comme j'en ai l'habitude ne me serait d'aucune aide avec elle. Elle n'était pas ce genre de "cible", ces femmes riches et plus âgées, oubliées de leurs maris et en mal d'occupation.. Si elle pouvait m'apporter quelque chose, ce ne serait pas gratuitement et j'avais quelques idées sur mon paiement..
" Et je ne suis plus rien pour personne. Mais je ne compte pas rester oisif et accepter ma condition aussi facilement. Je ne cherche pas la gloire, juste un confort suffisant pour survivre le plus longtemps possible. Et vous vous doutez bien que ma profession de chasseur n'est pas celle qui garantit la vie la plus longue.. "
J'appuyai ma remarque d'un sourire sarcastique, tout en suivant la demoiselle dehors, ou l'air était mordant. Ma veste de vieux cuir n'était certainement pas aussi efficace que son beau manteau, discret mais de bonne qualité, mais elle suffisait à ce que je ne grelotte pas de façon pitoyable. Je ne faisais pas attention à l'homme qui la suivait de près sans être envahissant, marque de son professionnalisme. Je souris chaleureusement à Grâce, conscient que même cet aspect sympathique faisait partie de cet étrange jeu de rôle oscillant entre l'intérêt, le sarcasme et la flatterie.
" Cependant, je me dois de vous dire que vous vous êtes trompée. Je me nomme Wilhem Terrefière, sans particule. Je n'ai pas la chance d'être né noble et je ne veux pas que vous pensiez que j'essaye de vous mentir ! Pour le moment, je cherche simplement à vous distraire et je serai satisfait si j'y parvenais.. " |
| | | Grâce de BraseyBaronne
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Lun 28 Mar 2016 - 15:32 | | | On pouvait dire qu’il n’avait guère une vie aisée, assurément, que se retrouver dans le besoin après avoir tout eut était une situation peu confortable, bien entendu. Mais la Dame ne semblait guère émue de cette révélation, ni même encline à le peindre, ce qui tombait à pic, car rien dans le discours de Wilhem ne laissait sous-entendre qu’il voulait qu’on s’apitoie sur son sort.
L’envie de s’en sortir, de ne se laisser abattre, décidément ce jeune homme avait force qualités qui parlaient à Grâce. Des bourgeois qui avaient tout perdu depuis la fange ce n’étaient plus si rare, il faisait partie de ces privilégiés qui avaient dû apprendre à faire comme le tout-venant, une situation dont la jeune femme était fort aise de tout ignorer.
Si la première partie de la tirade du chasseur élargit un peu plus le sourire de la jeune femme.
« Certes, pardonnez-moi, c’est une regrettable habitude prise à force de côtoyer les résidents de l’Esplanade. »
La suite le fit diminuer mais surtout le rendre plus sarcastique.
« Me distraire ? C’est à la fois aimable et tristement banal. Tout le monde ne veut que me distraire ou m’être agréable, comme si je n’étais capable de considérations plus conséquentes. »
Ce désagrément n’était qu’un des certains désavantages d’être une femme dans ce monde d’homme. Une image quelque peu inconséquente. Il fallait forcément distraire une femme, ne pas aborder de sujet qui pouvait paraître important avec elle, savait-on jamais qu’elle n’est pas les clés pour comprendre les tenants et les aboutissants de problèmes plus ardus que le point à utiliser pour parfaire au mieux leur broderie. Ceci avait le don de contrarier quelque peu Grâce, on ne l’avait pas élevée ainsi, ce qui semblait être un certain regret de ses parents d’ailleurs, elle aspirait à des conversations plus stimulantes.
« Vous vous donnez un certain mal pour attirer mon attention. Pourquoi donc ? Surtout que vous semblez avoir remarqué que vos sourires charmeurs, aussi élégants soient-ils, n’avaient guère l’effet qu’ils pourraient avoir que la plupart des femmes. »
Les regards, les sourires, les mots savamment choisis, il savait ce qu’il faisait et quel effet un produisait sur celles à qui il adressait la parole, s’était indéniable. Il y en avait d’autres des nobles mieux placées, plus facile à séduire de Madame de Sombrebois. Certes, elle était contrariée par son mariage, ce qui ne semblait d’ailleurs ne guère être de notoriété publique, à son grand soulagement. Les apparences étaient encore beaucoup dans ce monde, même si l’équilibre en était changé. Cependant, la jeunesse, ses attraits et son esprit n’en faisaient pas réellement une proie facile pour les séducteurs. Probablement qu’elle ne serait qu’un moyen d’atteindre ses femmes délaissées, et ses veuves éplorées qui ne demandaient qu’un peu de compagnie pour oublier ces moments douloureux.
La jeune femme avait ralenti, imposant l’allure. Elle ne comptait guère arriver à la porte des quartiers noble sans avoir sa réponse. |
| | | Wilhem TerrefièreChasseur
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Lun 28 Mar 2016 - 19:16 | | | « Me distraire ? C’est à la fois aimable et tristement banal. Tout le monde ne veut que me distraire ou m’être agréable, comme si je n’étais capable de considérations plus conséquentes. »
Je criais victoire intérieurement. Cette phrase ne faisait que confirmer mes soupçons, elle n'était pas de ces petites dindes aussi riche que stupide. Le marché que j'aurai à lui proposer pèsera donc plus lourd dans la balance, et je ne peux que m'en réjouir. Il ne me restait plus qu'à trouver un moyen pour lui proposer sans paraître trop audacieux..
« Vous vous donnez un certain mal pour attirer mon attention. Pourquoi donc ? Surtout que vous semblez avoir remarqué que vos sourires charmeurs, aussi élégants soient-ils, n’avaient guère l’effet qu’ils pourraient avoir que la plupart des femmes. »
Se pourrait-il que la Trinité soit derrière moi aujourd'hui ? Cette journée ne pourrait être meilleure. Cette rencontre pourrait changer bien des choses dans ma vie et je ne pouvais espérer meilleure compagnie que Grâce. Jeune, influente, charmante, intelligente et subtile. Je tournai la tête vers la demoiselle, avec un sourire contrit. Je me devais de faire les choses dans l'ordre, sans quoi je paraitrai bien plus opportuniste que je ne le suis réellement..
" Tout d'abord, je tiens à vous présenter mes excuses. Je ne voulais pas vous froisser en vous disant que mon but était de vous distraire. Malheureusement, l'étiquette oblige et il fallait bien que je vous prouve mes bonnes manières.. "
Mon sourire s’effaça lentement, ne laissant qu'une expression résolue sur mon visage. Tout se jouait maintenant, et j'avais douloureusement conscience qu'un seul faux pas réduirait à néant toutes mes chances, ainsi que la bonne impression que je lui avais faites jusqu'à maintenant.. Je devais me rendre utile, sans laisser penser que j'aurai plus à y gagner.
" J'espère que vous excuserez ma hardiesse, mais je ne vois pas comment vous exposez la chose autrement. Vous avez très justement remarquez que j'essayais d'obtenir et de conserver votre attention par tout les moyens, et ce n'est pas sans raison.. "
Je ralentis encore la marche jusqu'à l'arrêt afin de me placer devant elle, les yeux plantés dans les siens pour donner plus de poids à mes paroles.
" Vous êtes une jeune femme intelligente Mademoiselle. Bien plus que toutes les nobles que j'ai cotoyé jusque là. Or, je ne pense pas que vous vous laisserez gâcher vos capacités. Comme je l'ai déjà dit, toute votre attitude crie conquête et victoire, et je ne vous imagine pas vous contenter de ce que vous avez déjà obtenu. L'ambition vous anime n'est-ce pas ? Ce que j'ai à vous proposer est susceptible de vous aider. Je vous offre mon soutien. Il est vrai que comme ça, ça n'a l'air d'avoir aucune valeur. Après tout, je ne suis qu'un ancien bourgeois tombé dans l'anonymat.. Mais, regardez les choses sous un autre angle : j'ai eu une éducation solide et je sais me servir de mes atouts. J'ai conscience que dans une position telle que la votre, l'information peut être plus précieuse que la richesse. C'est là que je rentre en scène. Je me propose d'être une sorte d'espion à votre service. Il m'est facile de rentrer chez les aristocrates, à conditions qu'ils aient une femme. Et pour en avoir fait l'expérience, celles-ci sont bavardes.. Pour moi, les secrets qu'elles murmurent sur l'oreiller n'ont pas une grande valeur, mais pour vous.. C'est une arme redoutable. Rien ne nous relie directement et personne ne me connait. "
J'attendis quelques instants avant de reprendre, laissant ma tirade faire son chemin. C'est presque si je pouvais voir les rouages de son cerveau peser le pour et le contre, tant son regard était devenu intense.
" Évidemment, vous vous doutez bien que ce n'est pas seulement pour la beauté de vos yeux que je propose mes services. Cependant, je ne vous demande pas de l'argent. Je ne suis pas riche, mais j'arrive à subsister à mes besoins seuls. La seule chose qui me manque, c'est un soutient, une protection. Une assurance que quelqu'un de haut placé puisse m'aider en cas de besoin. Service contre service, en définitive. "
Mon expression s'éclaira quand je repris mon sourire d’antan, celui cherchant non sans peine à la séduire. J'ouvris mes bras comme si j'exposais une marchandise, cette dernière étant moi-même.
" Je m'en remets à vous Mademoiselle. Allez vous accepter de disposer de ma personne à votre guise ? " |
| | | Grâce de BraseyBaronne
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Mar 29 Mar 2016 - 0:27 | | | Si Grâce avait été certaine de sa déduction, elle fut satisfaite de voir qu’il ne jouait pas les innocents assumait pleinement ce qui pouvait ressembler à un certain arrivisme. Elle l’écoutait parler, exposer, il n’avait pas tort, vraiment pas tort dans la globalité. Bien sûr il avait quelques petites lacunes, quelques approximations, quelques zones floues, mais il avait réfléchi sa proposition, cela était fort indéniable.
Il pourrait lui-même faire des choses de ces informations futures qu’il lui vendait. Un petit peu de chantage, un petit peu de doigté, quelques phrases susurrées et il pourrait avoir sa proie à ses pieds. Ne voulait-il pas se salir ou ne savait-il seulement pas comment s’y prendre ?
S’était alléchant, tentant, peut-être un peu trop même. Où se trouvait le piège ?
À voir, ainsi, il n’était rien, du moins rien de dangereux, car il n’était certainement pas rien, ce jeune homme avait du potentiel, avec son charmant minou, son sourire étudié et son phrasé parfait. Mais qui disait qu’il n’avait pas une bande, un acolyte qui s’avérerait menaçant.
D’un autre côté, comme elle l’avait déjà pensé, il semblait avoir des capacités à côté desquelles il aurait été bien dommage de passer….
Le pour, le contre, l’envie, la raison tout cela bataillait dans l’esprit de la jeune femme, cherchant sur le jeune homme quelque chose qui pourrait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Dans ses yeux possiblement ? Visiblement non. Dans son expression ? À part un certain sérieux, rien. S’était presque agaçant cette impression de se retrouver devant un miroir, que quelqu’un use des mêmes tours que vous.
Il ne demandait pas tant en définitive, rien de matériel, rien de bien dangereux. Qu’est-ce qu’il ancien bourgeois désargenté pouvait-il faire de si scandaleux ?
Elle regarda à nouveau celui qui lui faisait cette étrange proposition, restant silencieuse un moment.
« On ne peut décemment dire que vous manquiez de panache Monsieur Terrefière, ni d’une certaine folie. Vous faites une proposition fort cavalière à une jeune femme que vous ne connaissez depuis guère plus de quelque instants. »
Recentrer un peu la situation ne leur ferait le plus grand bien, histoire de garder pieds dans la réalité.
« J’aime les gens qui n’ont pas froid aux yeux qui savent prendre des risques quand le jeu en vaut la chandelle … »
Marquant une pause, Grâce reprit sa marche, lente et mesurée, certes, mais elle avançait, comme pour annoncer qu’elle avait pris sa décision.
« … Cependant, j’apprécie tout particulièrement ceux qui savent mesurer les dit risques. »
Si il voulait travailler, en quelque sorte, pour elle, il fallait qu’il ait au moins un aperçu des exigences auquel il devrait se plier. Leur arrangement ne tiendrait qu’à ces conditions, certainement pas à d’autres.
« Je ne vous dis pas non, certainement pas. Cependant, je me permettrais d’être prudente et de ne vous dire oui, vous proposant, un essai, une sorte de test. Comprenez bien que dans ma position, il faut savoir être prudent, et prendre son temps pour jauger. »
Elle savait déjà ce que serait ce teste. |
| | | Wilhem TerrefièreChasseur
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Mer 30 Mar 2016 - 20:14 | | | Intérieurement, je criais victoire. Enfin, demi-victoire certes, mais c'était toujours mieux que de pleurer une défaite. Ma proposition était fort cavalière, mais j'ai eu raison de parier sur la curiosité et l'audace de la jeune femme. Car il en faut pour accepter la proposition d'un homme, charmant peut-être, mais totalement inconnu. Or, la voilà prête à relever le pari en m'offrant une chance.
En me calant sur son rythme, je lui jette un regard pensif. Ce n'est que maintenant que je me rends compte que nous avons plus d'une chose en commun, elle et moi. Ce ne sont que des suppositions mais pourtant, je ne pense pas me tromper. En considérant ma proposition, elle montre aimer le jeu, ainsi que l'adrénaline qui l'accompagne. Car évidement, elle est tout aussi consciente du fait que je peux représenter un allié utile comme une menace. Ensuite, elle a l'air de très bien savoir jouer de son physique et du pouvoir qu'il peut avoir sur les hommes ce qui lui confère une aura pleine d'assurance dans laquelle je me reconnais quelque peu.
Nous pourrions presque être des alter ego, et c'est précisément pour cette raison que c'est à elle que j'ai fait cette proposition. J'en ai connu, des nobles manipulatrices et curieuses, prêtes à tout pour connaître les secrets de leurs "amies". Mais jamais il ne me serait venu à l'idée de m'associer avec elles. Pourtant, l'idée m'est venu très vite avec Grâce. J'ai l'impression de retrouver certaine de mes attitudes en elle, ce qui me donne l'illusion de pouvoir la comprendre. J'ai conscience que ce n'est certainement pas le cas, mais c'est pourtant suffisant pour que je m'y risque.
« Je ne vous dis pas non, certainement pas. Cependant, je me permettrais d’être prudente et de ne vous dire oui, vous proposant, un essai, une sorte de test. Comprenez bien que dans ma position, il faut savoir être prudent, et prendre son temps pour jauger. »
Un test. Prévention naturelle et compréhensive, il faut qu'elle sache si mes belles paroles sont véridiques. Et je compte bien le lui prouver.
" Évidement, je comprends tout à fait. A vrai dire, que vous acceptiez sans me le demander m'aurait surpris, vous m'avez l'air bien trop intelligente pour cela.. Je suis prêt à me plier à vos exigences Ma Dame, et je peux vous assurer que vous ne serez pas déçu.. "
J'incline ma tête en une petite révérence, avec un léger sourire confiant aux lèvres.
" Cela dit, il me faut avouer que j'ai des limites, je ne suis qu'un homme. Et je préfère pour prévenir maintenant plutôt que de vous décevoir par la suite. Comme vous avez pu le comprendre, mes cibles de prédilections sont de la gente féminine et j'aurai bien du mal à faire parler un homme en usant de mes charmes, à moins que celui ci ai des penchants douteux.. Si vous voulez des informations sur un homme, il me sera indispensable que celui-ci ai une femme suffisamment proche de lui dans son entourage, susceptible de connaître ses secrets. Ou de me permettre d'y accéder. Ensuite, je suis discret et passe partout de par ma carrure et si elle m'offre bien des avantages, elle ne me permettra pas d'avoir le dessus en cas de conflit physique. Donc, il vous faudra quelqu'un d'autre pour jouer le chien d'attaque, je regrette de ne pas pouvoir être votre homme pour ce genre de situation.. "
Cette dernière remarque lui arrache un mince sourire, ce qui m'engage à continuer sur le dernier point que je souhaitais aborder avec elle.
" C'est à peu près tout. Après, j'ai honte de vous le demander mais il le faut, je vais avoir besoin de vos lumières sur les familles nobles et leurs liens entre elle. Mon père m'y a initié, mais c'est un milieu inconstant et instable et je doute que les informations apprise il y a une dizaine d'années soient encore valable aujourd'hui.. "
L'information, c'est le pouvoir. Et c'est malheureusement à cause de mon ignorance en la matière que les secrets qu'on me confiait ne m'était d'aucune utilité. Qui payerait le plus cher pour garder ça dans l'ombre ? Ou au contraire, à qui parler pour détruire toute une famille ? |
| | | Grâce de BraseyBaronne
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Ven 1 Avr 2016 - 14:46 | | | Les arrivistes, elle savait les démasquer, voir quelqu’un qui jouait au même jeu qu’elle était souvent bien trop flagrante et généralement, elle s’en méfiait. Qui disait qu’ils ne retourneraient leur veste pour un parti plus avantageux. Elle préférait ceux sur qui aurait un certain scrupule à lui faire un coup tordu. Bien plus facile d’anticiper certaine réactions d’avoir un certain ascendant sur eux, même si en fin de compte, cela s’avérait inutile la plupart du temps.
Pourtant, il y avait quelque chose qui l’interpellait chez Wilhem, cela outrepassait le physique et l’attitude. Il n’était pas noble, il était un bourgeois, désargenté qui plus était. S’il n’était pas inoffensif, il n’en était pas moins peu dangereux. Après tout il lui devrait son entrée dans la bonne société de Marbrume.
« Bien entendu, nous avons tous nos limites …»
Au moins avait-il l’honnêteté de poser les choses dès le début évitant de désagréables surprises. Puis les hommes elle savait très bien s’en charger elle-même quand il le fallait, jouer la bonne amie, la demoiselle sympathique, battre un peu des cils, mettre en avant un décolleté à la profondeur savamment étudié, tout cela elle maîtrisait. Dans les cas les plus réticents, pouvait-elle encore s’arranger, passer un marché avec Audric.
Pour ce qui était de sa certaine aversion pour ce qui était d’affrontement physique où il devrait avoir le dessus, elle ne s’en trouvait pas réellement chagrinée. La Baronne n’était guère adepte de démonstration de force physique. Avoir un collaborateur qui avait les mêmes penchants qu’elle était même assez plaisante.
Vraiment voulait-il jouer cartes sur table, demandant directement ce qui serait possiblement la finalité de leur arrangement.
« Certes, en dix ans, tout à changer, les acteurs principaux de la vie mondaine et politique ne sont plus du tous les mêmes, sans compter la fange qui a brutalement tout bouleversé. »
La jeune femme marqua une pause, continuait à se guider au travers de ruelles de la Hanse, s’approchant inexorablement de la Porte des Anges. L’endroit où ils devraient se séparer pour n’éveiller quelque soupçon quant à leur possible collaboration. L’anonymat était un de ces principaux atouts.
« Je ne vous révélerais ce que je sais que lorsque je serais assurée que vous êtes tout à ma cause et pas à celle de quelqu’un d’autre. Sait-on jamais, qu’il vous prendrait l’envie de retourner mes révélations contre moi. »
Question de bon sens. Ne disait-on pas que prudence était mère de sûreté ?
« Et si nous parlions de votre test ? Que diriez-vous de me rapporter ce que ma chère sœur, Victoire, pense de moi ? »
Si la phrase avait une forme de question, il était aisé de comprendre qu’elle n’en était pas réellement une.
Cela avait l’air simple ainsi, allé discuter avec la cadette des Brasey et dériver innocemment vers le sujet de son aînée. Cependant, la plus jeune de la fratrie n’étant pas la dernière dans l’art d’éluder les questions. Grâce savait que sa jeune sœur, ne confierait, sans détour, le fond de sa pensée uniquement lorsqu’elle se sentirait en confiance. |
| | | Wilhem TerrefièreChasseur
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Sam 2 Avr 2016 - 14:10 | | | Sa sœur. Très bien. La simplicité de cette mission n'est certainement qu'une façade, pour qu'elle me le propose de cette façon. Je ne sais que peu de chose sur cette Victoire, mais c'est une chose qui peut s'arranger, cerner la personnalité d'une personne est essentiel pour les activités auquel je m’adonne..
" Mh.. Avec ce que vous m'avez donné à voir de votre personnalité jusqu'ici, je doute que ce test soit aussi simple qu'il n'y parait. Votre sœur doit être une personne assez secrète je suppose.. "
Tout en avançant au même rythme que la demoiselle de Brasey, la Porte des Anges n'étant plus très loin, je réfléchissais aux éventuels problèmes que je pourrai rencontrer.. Le principal étant d'arriver à parler à Victoire en tête à tête, et pour les jeunes femmes nobles, la Trinité sait que ce ne serait pas une mince affaire ! J'ai eu un énorme coup de chance pour Grâce, mais il n'en serait certainement pas de même pour sa sœur, je ne peux espérer la croiser au hasard au détour d'une ruelle, sachant que je ne connais même pas les traits de son visage..
" Je relève évidemment le défi, mais il va me falloir une information pour mener à bien ma mission.. "
Je ralentis le pas au coin de la rue, juste avant notre destination, conscient du fait que si quelqu'un nous voit ensemble, notre accord ne serait plus aussi efficace et ce, avant même d'avoir eu une réelle utilité !
" Pourrais je savoir où trouver votre sœur Victoire dans les prochains jours ? Il est peu probable que je la croise tout à fait au hasard, et si nous procédions comme ça, il pourrait se passer 10 ans sans que je parvienne à la trouver ! "
Je ne peux m'empêcher de lui faire un sourire éclatant et me montrer confiant. Je le suis d'ailleurs, cette épreuve n'est pas simple mais je ne la qualifierai pas d'insurmontable. Je pense que parler à Victoire et l'amener à se confier à moi fera plus appel à la subtilité qu'à la séduction et heureusement, je ne pense pas en être dépourvu.. |
| | | Grâce de BraseyBaronne
| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] Sam 2 Avr 2016 - 17:14 | | | « Quelle femme n’est pas secrète très cher ? »
Elle s’amusait de la tournure qu’avait prise cette simple et ennuyeuse entrevue avec de petit fourreur. S’était étonnant comme une chose aussi simple que l’entrée d’une nouvelle personne dans une échoppe pouvait donner tant de résultats. Non seulement, elle avait vu un autre aspect du caractère de gérant, mais surtout cela lui avait permis de croiser Wilhem, ce si étrange et audacieux jeune homme.
C’était heureux qu’il accepte, un refus de ça part aurait été quelque peu malavisé, sûrement aurait-il laissé filer son unique chance. Elle arrêter au détour d’une ruelle, écoutant la requête du chasseur, la demoiselle esquissa un sourire railleur.
« C’est quelque peu une triche par rapport au jeu, non ? »
Son exigence n’était nullement démesurée, même assez raisonnable et sensée, cependant, elle n’avait pu s’empêcher ce petit pic. On ne semblait pas se refaire, ce qui n’était pas plus mal ainsi, si il voulait collaborer, autant s’habituer tout de suite à ce genre de douces politesses.
« Parce que vous m’avez fait une agréable impression, je vous accorde ceci ; elle passe le plus clair de son temps au Manoir de Madame Annelise de Restellie, dans l’Esplanade, cela va de soi. Rien n’est confirmer, mais il ne me semble guère qu’elle doive s’en absenter ses prochains jours. »
Maintenant que Grâce ne vivait plus avec sa fratrie, elle était clairement moins au fait de ce qui était l’emploi du temps d’Audric et Victoire. Cependant, essayait-elle de se tenir informée, mis à part Azhim ces deux hyènes étaient ceux qui avaient le plus d’éléments sur elle, il fallait garder un œil sur eux. Dans un écosystème si particulier que celui de Marbrume la moindre rumeur pouvait se répandre si vite. Heureusement pour elle, aucun d’eux ne se semblait assez fourbe pour déballer tout ce qu’il savait, ou peut-être n’avait-il pas trouvé une opportunité qui nécessitait ce genre de coup bas. Ou alors, peut-être qu’après tout, les liens du sang comptaient quelque peu.
« Bien, Monsieur Terrefière, aussi agréable que soit votre compagnie, j’ai bien peur de devoir vous abandonner ici. Lorsque que vous estimerez avoir relevé le défi, faite dont parvenir un mot au Manoir de Sombrebois … »
Son sourire persista, mais la lueur de ses yeux était plus sérieuse indiquant que le nom qu’elle venait de donner n’était guère une erreur. Elle ne lui avait dit qu’elle était mariée, ni même avait corrigé lorsqu’il l’avait appelé par son nom de jeune fille.
Après une salutation simple, elle prit congé, entraînant avec elle son protecteur. Bientôt sa fine silhouette serait noyée dans la foule. |
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| Sujet: Re: Hermine et Renard [Wilhem Terrefière] | | | |
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