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 Un peu de compagnie ? [Terminé]

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Cyrielle DolwenMilicien
Cyrielle Dolwen



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MessageSujet: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptyMer 23 Déc 2015 - 23:01
Une fois la surprise et le choc passés, la nouvelle avait été un peu mieux acceptée que ce à quoi elle s’attendait. Son père avait encore juré sur la Trinité qu’elle l’enverrait à la tombe plus tôt que prévu et sa mère l’avait regardé avec des yeux embués de larmes. Ils étaient impressionnés par la blessure, son père méprisant et sa mère déçue et triste. Il avait évité de la regarder trop longtemps pour se débarrasser de l’envie d’aggraver les choses et sa mère avait accepté, en déglutissant, de l’aider à se soigner tous les soirs. Elle avait évité pour l’instant de leur parler de sa dette auprès de l’herboriste, espérant récupérer quelques pourboires pour combler le manque petit à petit. Après tout, la convalescence l’empêchait de sortir des murs de Marbrume, mais pas de reprendre le premier métier qu’elle avait appris. Elle ne supporterait pas de rester encore dans le quartier de la milice.

Elle était revenue prendre possession de sa chambre et aussi de son « uniforme » de serveuse. Elle n’avait pas perdu grand-chose de son savoir-faire et de ses habitudes. Elle aidait en cuisine, servait les plats, slalomait entre les tables, prenait les commandes et s’occupait de ceux qui attendaient leur repas dans leur chambre. Elle comprenait tout à fait ceux qui ne tenaient pas à se mêler à l’euphorie de la taverne, c’était assez bruyant et assez pauvrement insonorisé pour que la plupart des bruits arrivent jusqu’à l’étage. Elle avait pourtant remarqué quelque chose d’intrigant, quelque chose qui la faisait réfléchir et qui faisait passer le temps un peu plus rapidement qu’à l’accoutumée. L’une des trois chambres était occupée avec une personne borgne et dont le visage était marqué aussi fortement que le sien, même si de manière plus éparse. En tendant le registre à son père, il lui apprit qu’il avait simplement dit s’appeler « le Capitaine ».

Son père n’avait pas voulu lui en dire plus, mais elle avait entendu parler de son ordre ; « la Compagnie des Lames ». Ils avaient déjà été à Marbrume par le passé, un capitaine qui n’avait ni nom, ni prénom, ni passé. Elle ne savait pas grand-chose de plus, mais se demandait si certains de ses hommes étaient dans la taverne. Elle était étonnée qu’il ne soit pas plus proche d’eux, ne logeant pas dans le même lieu. À moins de ne pas en avoir trouvé un qui soit adéquat. Il était peut-être là depuis un moment, elle n’en savait rien. Elle avait repris du service depuis une petite semaine et il était là tous les soirs. Tous les soirs, il demandait un plat du jour apporté à sa chambre, et tous les soirs elle lui apportait. Elle tentait d’être plus ou moins régulière pour l’heure du service, espérant ne pas le déranger, ne connaissant pas vraiment son tempérament.

Pourtant, elle avait décidé de ne pas attendre plus longtemps avant de tenter de lui faire la causette. Elle lui avait apporté son repas dès que la première assiette avait été préparée. Ainsi, même en venant le débarrasser, la taverne serait encore assez peu comblée pour lui permettre de s’éclipser un moment sans recevoir de remontrance. Au pire, un petit mensonge n’était pas vraiment quelque chose qui lui resterait sur la conscience. Même si elle espérant ne pas trop faire mauvaise impression. Elle était assez admirative de ce qu’elle avait entendu sur cet ordre, et avoir l’occasion de causer avec son capitaine n’était pas, de son point de vue, quelque chose de commun ou donné à tout le monde. Elle lui avait apporté son plateau-repas un peu plus tôt, lui souriant lorsqu’il l’avait laissé entrer, déposant le plat sur la table en lui énonçant ce qui se trouvait dans l’assiette avant de s’éclipser aussi vite. Elle avait attendu un peu plus de trois quarts d’heure avant de se décider à remonter.

Elle avait épousseté rapidement sa longue jupe brune, portant exceptionnellement une chemise à col roulé blanche en dessous du corselet noir qui se laçait à l’avant. Elle avait encore une serviette attachée sur le côté de sa jupe alors que ses cheveux étaient exceptionnellement détachés, ondulant autour de son visage. Elle avait laissé le bouton du col et un bouton supplémentaire ouvert, seule condition pour que sa mère accepte cet accoutrement trop peu vendeur de ses formes. Elle voulait juste cacher et protéger ses bandages. Elle finit par toquer, s’annonçant en attendant qu’il lui ouvre la porte. Elle lui sourit une nouvelle fois, allant récupérer le plateau-repas en lui demandant si le repas avait été à son gout, comme elle le faisait à chaque fois. Elle écouta sa réponse, se dirigeant à nouveau vers la sortie, mais n’en franchit pas le seuil.

✧ Vous avez un peu de temps pour parler ? Hésitez pas à le dire si je dérange.

Elle ne voulait pas non plus s’imposer. S’il disait à ses parents qu’une de leur serveuse était un peu trop envahissante, elle pourrait dire adieu à ses pourboires. Il était peut-être même déjà au courant qu’elle était leur fille, et elle ne voulait pas non plus qu’il pense qu’elle s’en servait. Elle n’était pas une peste après tout, ou du moins, elle n’avait pas la fourberie d’une peste. Tant qu’elle pouvait tenter d’en apprendre un peu plus sur lui, elle n’en demanderait pas plus. Elle espérait juste qu’il n’attendait pas de visite, ni d’un ami, ni d’un autre genre d’ailleurs. En plus, elle commençait à nouveau à en avoir marre. Entre les moqueries, les taquineries, les rires gras et les messes basses, elle n’était pas mécontente d’échapper un peu à l’ambiance de la salle principale.

✧ Ça fait un moment que vous êtes dans cette chambre, vous venez de loin ?

Question peut-être indiscrète, peut-être pas. S’il répondait tant mieux, sinon tant pis. S’il l’invitait à rester dans la pièce tant mieux, sinon tant pis aussi. Elle n’allait pas lui cracher dans la soupe pour autant.


Dernière édition par Cyrielle Dolwen le Dim 6 Mar 2016 - 14:40, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptySam 26 Déc 2015 - 1:18
Elle était là, encore. Toujours à l'heure.

Voilà une semaine que Le Capitaine logeait ici. Son dernier contrat, qui avait concerné Yseult Traquemont, lui avait apporté assez d'argent pour vivre convenablement pendant plusieurs semaines. Les standards du Capitaine étant très bas, sa vision de "convenable" aurait horrifié les nobles.

Il avait trouvé une auberge à son goût à la Hanse, avec uen chambre privée. Chaque soir, une jeune femme lui apportait son dîner, et il mangeait seul, dans un calme relatif. Que demander de mieux ?

De la compagnie ? Peut-être. En tout cas, c'est ce que la jeune serveuse venait de lui proposer. En tout bien tout honneur.

Elle était plutôt mignonne. Il a vite remarqué que la jeune femme n'a as le corps d'une serveuse, mais d'une guerrière. Il n'est pas gêné par ça. Juste... surpris. Ses longs cheveux, sa chemise ouverte et sa jupe brune, tout cet ensemble séduisant tranche énormément avec cette vilaine cicatrice qui brise l'harmonie de son visage de bas en haut, passant sur un œil bleu, heureusement épargné.

Vilaine cicatrice... tu n'es pas bien placé pour parler de ça, Capitaine. Elle te sourit avec chaleur alors que tu ne lui répond que par des hochements de tête et des "hurh..." pour signifier ton approbation.

Le repas était bon ? Hurh ! Crétin.

Alors, lorsqu'elle lui demanda s'il avait du temps pour parler, le Capitaine se mit à sourire. Il fit oui de la tête, et désigna son lit, invitant la serveuse à s'asseoir. Elle déposa le plateau repas sur la petite table qui trônait au centre de la chambre. Le Capitaine, qui était assis sur une chaise en face d'un bureau, se retourna vers elle.

Il est vêtu simplement. Une chemise blanche et longue, boutonnée jusqu'au cou. Des gants épais, qui masquent ses doigts larges et puissants. Un pantalon de lin, et des bottes, qu'il n'a pas enlevé. Pas un centimètre de peau à découvert. Elle lui demanda d'où il venait. Hoho. Question personnelle.

Il aime ça. Une seconde fois, le Capitaine sourit.

" Depuis près de 10 jours. Quand à l'endroit d'où je viens... c'est très loin oui. Et aussi très longtemps. "

Il la laisse macérer cette réponse assez avare. Riposte. A son tour.

" Et toi petite, qu'est ce que tu es ? Tu fait bien ton travail de serveuse, mais tu n'en a pas le physique. Et cette blessure... "

Il traça le chemin de la cicatrice sur son propre visage, passant sur son cache-oeil.

" On ne se fait pas ça en cuisine. "

Le Capitaine. Une jolie jeune femme lui fait la discussion et il embraye sur la cicatrice de cette dernière. Peu galant. Mais direct, comme une lance embrochant un coeur. Il prefère aller au fond des choses.

Les discussions superficielles ne sont pas son genre. Et pour cette femme qi n'a pas l'air superficielles, ce sont même des insultes.
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MessageSujet: Re: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptyLun 28 Déc 2015 - 19:30
Il ne lui répondait que par des onomatopées et des hochements de tête, elle y était habituée maintenant. Elle n’avait eu droit qu’à ça pendant une semaine, sans même y prêter la moindre attention avant que sa curiosité ne soit titillée. Elle s’était demandé s’il était muet quelques secondes, mais il ne semblait pas sourd, et sa mère n’aurait pas pu s’empêcher de lui parler de ce genre de détails avant de lui demander de lui apporter ses repas. Après tout, avant qu’elle ne vienne se réfugier ici comme un animal blessé, c’était certainement elle qui lui apportait ses repas. Elle le faisait toujours elle-même, une manière de récupérer quelques pourboires à la place des serveuses et parce qu’elle avait la fierté du travail bien fait. Elle avait posé le plateau sur la table et avait accepté de s’installer sur le lit du client. Ainsi, Cyrielle avait été particulièrement attentive lorsqu’il avait enfin pris la peine de lui répondre avec des mots intelligibles.

Intelligibles oui, mais pas explicites pour autant. Elle en déduisait qu’il était le genre d’homme très peu bavard, économisant ses mots, qui ne parlait jamais sans que ça ne soit nécessaire, ni sans réfléchir exactement à ce qu’il cherchait à exprimer. C’était une qualité autant qu’un défaut. Il était évident qu’il s’en dégageait une certaine maturité et aussi un certain mystère. Il ne voulait pas sembler impoli, mais pas question d’en révéler plus que de raison. C’était compréhensible et elle tenterait de le respecter, peut-être. Au moins, il allait droit au but, elle n’aurait pas besoin de se parer de politesse et de tourner autour du pot, ce qui était assez agréable en soi. Il ne perdait pas de temps non plus pour lui demander qui elle était, et lui faire part de ses observations. Le petit compliment au passage ne lui avait pas échappé, mais elle faisait ça depuis assez longtemps pour que le métier soit ancré en elle, une autre appréciation de son travail aurait été étonnante.

Elle le regarda tracer la zone masquée de bandages sur son propre visage, un petit commentaire en bonus. Avait-il peur qu’elle ne cherche à lui mentir ou qu’elle tente de le prendre pour un imbécile ? C’était possible, mais elle ne l’abordait pas dans ce but-là, au contraire. Elle cherchait plutôt à s’assurer qu’il était bien, lui aussi, celui qu’il prétendait. Elle n’était malheureusement pas aussi prudente que lui, elle avait du tact, mais tester les réactions de quelqu’un en lui envoyant des pensées directes et ses propres attentes au visage était une méthode comme une autre. Elle lui répondit par un sourire amusé avant de lui répondre.

✧ Effectivement, ça ne me vient pas d’une cuisine, ni de quelqu’un de cette taverne. Heureusement d’ailleurs, très peu de gens apprécient la compagnie d’un fangeux, avant sa mort je veux dire.

Elle pouvait bien lui révéler au moins ça. Il avait lui-même assez de cicatrices pour assurer qu’il avait un bon nombre d’anecdotes à raconter, si toutefois quelqu’un avait la capacité de le faire parler à ce sujet. Elle avait un peu honte de cette plaie, elle s’en était bien rendu compte lorsqu’elle était allée chez cette herboriste, Denea. Elle devait en parler pour dédramatiser l’évènement et finir par ne plus y prêter attention. Pourtant, elle préférait garder ce sujet pour plus tard, si le temps le leur permettait. C’était à son tour de poser les questions, et elle ne voulait pas non plus lui faire perdre son temps.

✧ On dit que vous vous faites appeler Capitaine. Une raison à ça ? Un certain ordre peut-être ?

Elle laissait clairement entendre que la réponse souhaitée était oui. Elle avait gardé ses mains posées calmement sur ses genoux, assise de manière légèrement avachie puisque le mur était trop loin pour qu’elle puisse s’y adosser. Elle était assez calme et enjouée par cette situation, même s’il était certainement déplacé pour elle de se trouver sur le lit de cet homme. D’un point de vue extérieur, la situation prêtait certainement à confusion, mais qu’importe, son temps était certainement compté de toute façon.

✧ J’aimerais en savoir un peu plus à ce sujet. Je pensais qu’un capitaine logerait plus proche de ses compagnons d’armes.
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MessageSujet: Re: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptyMer 6 Jan 2016 - 19:23
Le Capitaine ne pu s'empêcher de sourire lorsque cette jeune femme lui dit de manière détournée qu'elle connaissait son identité. Il s'était rendu compte avec dépit que peu de gens à Marbrume connaissaient la compagnie et son Capitaine. Quelques gardes surtout, un ou deux vieil homme et c'était tout. Depuis qu'il était ici, une quinzaine tout au plus.

Alors qu'une jeune serveuse le soit était une bonne surprise. Même si sa vilaine blessure et l'origine de sa blessure indiquait une activité de guerrière. Elle était donc sûrement serveuse par obligation.

Elle l'interrogea sur sa solitude. Pourquoi logeait-il seul ? La réponse était aussi terrible que simple, aussi décida t-il d'aller droit au but.

" Je n'ai plus d'hommes. "

Il se leva de sa chaise pour s'installer à table là où il mangeait d'habitude. Il fait face à la jeune serveuse, comme si elle passait un entretien d'embauche. Sur le bureau qu'il venait de quitter reposait un livre ouvert, aussi épais qu'un livre religieux, sur lequel le Capitaine écrivait.

" Ceci dit, je reste le Capitaine. "

Même si ca n'avait guère de sens maintenant qu'il était seul. Un vieux avec une épée, c'est tout ce qui restait de lui. Reformer la compagnie ? Il y pensait, parfois. Mais est ce que le mercenariat avait encore un sens aujourd'hui ? Il n'en était pas sûr. Il reporta son regard sur la jeune femme, présente face à lui, sur sa couche.

" Comment est ce que tu me connais ? "


Dernière édition par Le Capitaine le Lun 18 Jan 2016 - 13:35, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptyJeu 14 Jan 2016 - 17:26
Elle était toujours assise là, confortablement installée, souriante et fière de ses répliques. Elle était allée droit au but, elle aussi, et était bien curieuse et impatiente d’entendre ses réponses. Jusqu’à ce que son sourire ne se fane comme neige au soleil. Une tension lui était tombée dessus d’un coup d’un seul, une tension inattendue et qui venait de jeter un froid polaire dans ses poumons. C’était pourtant la seule possibilité, la seule explication logique. Il était seul. Tous les hommes qui avaient un jour constitué son ordre avaient péri. Il était le seul survivant, le seul à être arrivé jusqu’ici. Elle se demandait comment c’était possible, comment autant de personnes pouvaient tomber dans une même bataille. Elle savait les fangeux impitoyables, mais ne pouvait imaginer une telle situation.

Pourtant, il se raccrochait à son titre de Capitaine. C’était un fait à la fois brave, courageux, mais aussi tellement effrayant. Il assumait d’être celui qui avait mené ses hommes à leur perte, armée qui devait certainement le hanter pour chaque jour que la Trinité faisait. Pourtant, il continuait de se raccrocher à ce titre comme un naufragé à une bouée. Était-il donc si désespéré pour ne pas passer à autre chose ? C’était comme si les sacrifices qu’il avait faits pour en arriver là l’empêchaient d’être qui que ce soit d’autre. Comme s’il lui était impossible de se reconstruire une identité propre, comme si toute sa personne se résumait à ce mot, et elle trouvait ça terriblement effrayant. Il ne faisait aucun doute pour elle, qu’avec un attachement pareil, il cherchait à reconstituer l’ordre qu’il avait perdu, sinon pourquoi ne pas se trouver un autre pseudonyme ?

Il s’était déplacé, s’installant sur une autre chaise pour être plus proche et en face d’elle. Il lui donnait l’impression que la discussion prenait une tournure plus sérieuse. C’était à la fois bon et mauvais signe. Il lui restait apparemment une question qui le tracassait. Comment elle avait entendu parler de lui, comment elle avait connu l’ordre. Elle haussa un sourcil et se redressa un peu. Tout le monde colportait des rumeurs. Elle n’était peut-être pas celle qui murmurait à l’oreille des chevaux, mais faire parler un homme, même légèrement alcoolisé était largement à sa portée. Il était étonnant de voir combien de personnes racontaient des histoires auxquelles ils ne croyaient pas, et la plupart parlaient d’une horde d’hommes, d’une armée sans nom, sans identité. Beaucoup ne connaissaient même pas le nom de cet ordre, beaucoup ne s’y intéressaient pas, n’y croyaient pas, rien ne l’empêchait d’y croire malgré tout. Inutile de dire qu’il devait en être de même pour celui qui les guidait.

✧ Quelle importance ? Qu’est-ce que ça change exactement ?

Elle ne comprenait pas pourquoi il voulait le savoir, quel impact ça aurait sur leur conversation, ce qu’il allait en déduire exactement. Elle, par contre, estimait se poser des questions bien plus intéressantes. S’il était toujours Capitaine, que son ordre n’était plus, mais qu’il y était toujours aussi attaché, comment se faisait-il qu’elle n’ait entendu parler d’aucun recrutement en dehors de la milice, ou même parmi la milice. Il y avait tant de volontaires, même parmi les civils, parmi ceux qu’on laisse derrière, qui étaient prêts à laisser tomber le peu qu’il leur restait pour se battre. Il suffisait de savoir leur parler, d’attirer leur attention.

✧ En tout cas, peu importe comment tu recrutes des troupes, change de méthode, ça marche pas. Personne n’en parle.

À son tour, elle s’était avancée sur le lit pour s’asseoir un peu mieux, s’approcher et lui donner ce conseil sur un ton sérieux. Si même dans une taverne on ne parlait pas de ce genre de choses, elle était quasiment certaine que personne n’en parlait ailleurs. Surtout lorsque celui qui recrutait logeait dans la taverne en question. Pourtant, une autre forme de curiosité, légèrement plus morbide, faisait son apparition. Elle se demandait s’il avait vraiment vu chacun de ses hommes mourir, s’il les avait vu se battre jusqu’à leur dernier souffle, s’il les avait vu tomber au fur et à mesure alors qu’il se battait avec eux. Elle préféra taire ces questions, il pourrait lui répondre avec la même chose qu’elle : « quelle importance ? » Elle avait bien d’autres éléments pour se faire un avis sur sa personne.

✧ Par contre, je peux p’ t’être t’aider pour que ça cause chez les miliciens.
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MessageSujet: Re: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptyJeu 21 Jan 2016 - 11:41
" Quelle importance ? Qu’est-ce que ça change exactement ? "

Beaucoup de choses. Si le Capitaine a rencontré quelques personnes connaissant sa compagnie et lui-même, ils étaient une minorité. Mais l'homme n'avait pu se rendre compte à quel point il était connu ou inconnu à Marbrume. L'important restait d'être connu des hautes têtes, pas des fermiers. La jeune femme reprit la parole, et le corps du Capitaine se tendit alors qu'elle se mettait à le tutoyer. Il n'avait pas l'habitude d'être tutoyé, et n'aimait pas ça.

" En tout cas, peu importe comment tu recrutes des troupes, change de méthode, ça marche pas. Personne n’en parle. "

Ben voyons. Elle allait lui apprendre à faire son métier en plus. Il se demandait si elle faisait exprès de le narguer ou si elle ne se rendait pas compte de la manière dont on pouvait interpréter ses dires. Il ne réagi pas, se contentant de la fixer et l'écoutant avec attention.

" Par contre, je peux p’ t’être t’aider pour que ça cause chez les miliciens. "

Le visage du Capitaine fut déformé par un rictus à mi chemin entre l'ennui, la colère et le découragement, les trois émotions passant furtivement sur son visage, avant qu'il ne reprenne sa facade stoïque habituelle. Il fixa Cyrielle avec lenteur.

" Qu'est ce qui te fait croire que je recrute ? "

Il la laissa réfléchir à sa question tandis qu'il se levait.

" Au passage, mon nom c'est Le Capitaine ou vous. "

Même les nobles faisaient l'effort de le vouvoyer, et personne d'autre n'avait imaginé une seconde qu'un homme âgé avec un estramacon et se faisant appeller Le Capitaine pouvait être tutoyé. Il fit les cent pas, fixant le mur, avant de reporter son attention vers Cyrielle.

" La profession de mercenaire avait un sens avant. Il y avait des clans, des royaumes, des guerres. Aujourd'hui, il n'y a plus rien. Des rats, terrés dans une ville. L'ordre est précaire, et instable. "

Il fit craquer ses jointures.

" Si je me met à recruter, je serais vu contre un danger, et je serais massacré. Je veux pas marcher sur les plates-bandes de la milice. "

Il lui lança un regard de défi.

" Et je n'ai pas vu une personne jusqu'ici digne d'être un de mes hommes. "


Dernière édition par Le Capitaine le Ven 22 Jan 2016 - 11:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptyJeu 21 Jan 2016 - 17:23
Il avait lancé cette question comme un couteau dirigé droit sur elle. Qu’est-ce qui lui faisait croire qu’il recrutait ? Le fait qu’il se présente toujours sous son titre évidemment, enfin, si c’était bien le sien. Elle n’était pas capable d’envisager qu’un lâche, quelqu’un qui avait abandonné ou perdu tous ses hommes et ne comptait pas perdurer un ordre vieux comme le monde, ait encore le culot de se présenter comme un capitaine. S’il ne comptait pas le reformer, de quel droit osait-il encore lui demander le respect comme il venait de le faire ?! À partir du moment où il lui demanda le vouvoiement, la discussion était finie pour elle. C’était encore un de ses misogynes qui se sentait obligé de la mater pour lui rappeler sa place. Elle ne vit pas ses émotions passer sur son visage, elle n’avait plus aucun crédit à lui accorder. Il était désormais catégorisé.

Alors il était de ses hommes qu’il fallait brosser dans le sens du poil et sucer fort jusqu’à réussir à leur déboucher les oreilles, et encore. Elle venait de passer à la douche froide, se demandant même si quelques glaçons n’étaient pas restés coincés contre sa peau, tant le vent qui venait de l’envelopper était mordant. Rien de ce qu’il avait à dire ne la concernait ou ne l’intéressait. Elle était venue lui parler en dehors de son statut de milicienne ou de serveuse, elle lui avait montré du respect jusqu’à ce qu’il se permette d’être familier. Qui lui assurait qu’il était bien celui pour qui il se faisait passer ? S’il était aussi coincé du cul que ça, elle n’arriverait pas à traiter avec lui, la suite de la conversation n’était qu’une perte de temps. Pourtant, il ne semblait pas remarquer que son visage se durcissait et se fermait au fur et à mesure de son petit discours.

La profession de mercenaire avait un sens avant et blablabla. Qui avait donné un sens à cette profession pour commencer, certainement pas les nobles, ni les lâches ! S’il avait perdu son honneur au point de le trainer derrière lui comme un boulet, elle pouvait bien s’essuyer avec la politesse. Il lui demandait le vouvoiement et du respect, mais pour elle c’était quelque chose qui se méritait, et même si elle ne s’en était pas formalisée, l’installer sur son pieu était loin d’être très respectueux. Ce n’était pas la modestie qui l’étouffait en tout cas, et malheureusement, c’est à elle que ça restait en travers de la gorge. Ils n’avaient pas du tout la même vision des choses. S’il redorait son blason en aidant à combattre les fangeux, personne ne l’en empêcherait. La situation de Marbrume était si désastreuse et abominable en dehors des remparts que personne ne l’empêcherait d’aller mourir sur le champ de bataille. Surtout s’il pouvait former des civils, les rendre utiles, les faire progresser dans l’exploration. Si en plus il faisait le débile, il n’était pas aidé.

Elle lui avait proposé de faire en sorte que la milice propage des rumeurs, entende parler et parle de son ordre. Elle n’avait jamais, au grand jamais dit qu’elle l’aiderait à recruter des miliciens au risque d’appauvrir la garde et les défenses de Marbrume au profit de son ordre. Elle n’aurait pas été étonnée qu’il ait ce genre de méthodes de manière très discrète et mesurée, mais elle ne l’aurait jamais proposé ainsi, surtout s’il s’avérait que c’était un imposteur. Il serait totalement déraisonnable de procéder ainsi, mais s’il n’était pas capable d’interpréter correctement ses paroles, tant pis pour lui. Sa dernière phrase à son attention la fit carrément rire un petit instant. Elle n’était plus de ses petites donzelles qui aboyaient comme des chihuahuas et s’insurgeaient au point de lui répliquer. En fait si, carrément même, mais elle ne pouvait pas se le permettre avec un aussi « bon » client, et ça, ça la ferait ruminer pendant encore au moins une semaine.

Elle se leva, ne lui adressa pas un regard supplémentaire, enleva toute expression de son visage avant de prendre une grande respiration. Elle en prit une autre, ouvrit les yeux sur le mur qui lui faisait face et posa son sourire de serveuse sur ses lèvres. Elle se dirigea vers la table, prit le plateau dans ses mains, s’assura de ne rien avoir oubliée, de ne rien devoir emporter d’autre et se dirigea vers la porte. Elle lui lança un dernier regard, toujours dans son rôle, persuadé que de toute façon, rien de ce qu’elle pourrait dire ne serait écouté. Il s’était montré humble et modeste au premier abord, mais ce n’était que pour mieux masquer son égo. Elle s’était fait avoir, tant pis. Tant qu’il était sur ses grands chevaux, persuadé de devoir être aussi respecté qu’un noble, il ne pourrait jamais entendre ce qu’elle avait à dire.

✧ Je vous souhaite une bonne soirée et une bonne nuit.

Elle se retourna, le plateau toujours en main, prête à passer la porte comme si rien ne s’était passé.
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MessageSujet: Re: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptyVen 22 Jan 2016 - 13:14
La jeune femme ne dit absolument rien après que le Capitaine ai fini de répondre. A la place, elle décida de se fermer comme une huître, son visage devenant plus dur. Elle se leva, prit une grande inspiration, recommença, et se saisit du plateau, avant de s'en aller. Elle avait à peine franchi le pas de la porte que le Capitaine reprit la parole, sa voix rocailleuse roulant contre les murs.

" C'est tout ? "


Elle s'immobilisa. Il la vis trembler légèrement, comme un volcan sur le point d'entrer en éruption. Il sentait que sous cette apparence juvénile et ce costume de serveuse se cachait un sacré caractère. Le genre qui dit ce qu'elle pense. Mais elle retenait sa franchise et il n'aime pas ça.

Il s'approche d'elle, avec mesure et prudence, alors qu'elle se retournait. Ces yeux... si les regards pouvaient tuer, il aurait sûrement été réduit en cendres. Elle gardait son sourire de serveuse, mais on ne cache pas un regard. Arrivé tout près d'elle, il lui reprit le plateau, avec l'autorité naturelle qu'il dégageait. Il ne se met pas en colère. Jamais. Il n'est même pas furieux contre elle.

Il l'avait vue commencer à se fermer dès qu'il avait fait mention du fait qu'il préférait être vouvoyé. Ah les jeunes... il était pareil avant. Il refusait de vouvoyer les supérieurs, arguant que ca se méritait. 35 ans de mercenariat en avait fait un autre homme, conservateur et rigide au niveau des codes.

Surtout qu'elle était la première à le tutoyer depuis des décennies. Et puis quoi encore ? Il était pas son père ! Enfin, techniquement, il pourrait...

Conscient qu'il devait faire preuve de plus de souplesse avec la jeune fille, il changea d'angle de tir. Elle s'était montré presque plus motivée concernant la compagnie des Lames que lui ne l'était.

* Je suis un mauvais Capitaine. *

Il redéposa le plateau sur la table, avant de l'inviter à revenir dans sa chambre.

" Je ne connais pas votre nom d'ailleurs, jeune fille. Parlez. Lorsqu’on a des choses à dire, il faut les dire, même si c'est une vérité blessante. "

Il s'était mis à la vouvoyer. Puisqu'il en demandait, autant en donner. Si elle se remettait à le tutoyer... et bien, au diables les convenances et il ferait avec.

" Tu voudrais refonder la compagnie avec moi ? "


Dernière édition par Le Capitaine le Lun 25 Jan 2016 - 23:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptyLun 25 Jan 2016 - 17:03
Elle avait avancé jusqu’à la porte, attrapant la poignée pour la baisser et s’arrêter à sa question : « C’est tout ? ». Oh oui c’était tout, et c’était très largement suffisant. Suffisant pour ce qu’elle avait voulu entendre, mais aussi suffisant pour la faire s’arrêter et lâcher la poignée. Elle s’était retournée vers lui, dans l’attente qu’il reformule et explique sa question. Il ne s’attendait quand même pas à ce qu’elle lui fasse un spectacle d’excuses en plus, du moins, elle l’espérait fortement pour lui. Elle le vit s’approcher avec lenteur, pestant contre ses membres qui montraient leur contraction. Elle pestait aussi contre son manque d’exercice à ce sujet. Elle ne faisait pas ça assez souvent pour maîtriser quoi que ce soit en dehors de l’expression que montrait son visage.

Elle savait maintenant que son regard assassin n’était pas passé inaperçu. Pour autant, il continuait d’approcher, tenant le plateau alors qu’elle le lui cédait sans mal, un froncement de sourcil en bonus. Elle laissa ses bras ballants un instant, le regardant remettre le plateau vide à sa place précédente. Il fit un geste pour qu’elle revienne un peu plus dans la pièce, ce qu’elle lui accorda, mais sans se réinstaller pour autant. Elle n’avait pas l’intention de mener un dialogue de sourds, surtout si elle ne faisait que perdre son temps avec un m’as-tu-vu. Lorsqu’il lui demanda son nom, elle perdit un instant sa contenance, pensant immédiatement à l’éventualité qu’il aille rapporter son comportement. Heureusement, il démentit rapidement l’hypothèse en terminant sa phrase.

✧ Mon nom est Cyrielle Dolwen.

Elle s’arrêta là pour l’instant, intrigué qu’il repasse au vouvoiement. Elle était assez partagée. Elle n’aimait pas qu’on lise en elle comme dans un livre ouvert, qu’on arrive en un coup d’œil à deviner ce qu’elle pensait et contre quoi exactement elle était furieuse. De l’autre côté, ça allait faciliter leur conversation. Il l’incitait à exprimer sa colère et elle n’allait certainement pas se faire prier pour ça. Jusqu’à ce qu’il ne pose sa dernière question. Elle faillit éclater de rire encore une fois en moins de quelques minutes. Si le mot bipolaire était connu à l’époque, elle lui aurait certainement demandé s’il l’était. Au lieu de ça, elle se disait qu’il aurait peut-être besoin d’une petite saignée pour réussir à garder une pensée cohérente.

✧ Pop pop pop. On se calme. Y a même pas deux minutes tu… vous étiez même pas sûr de vouloir la « reformer » cette compagnie. Vous êtes vraiment certain d’être le Capitaine ? Moi j’ai un gros doute là-dessus.

Au moins, c’était clair, net et précis. On n’allait pas lui faire le coup deux fois. Elle ne voulait pas continuer à parlementer sans preuve. Il devait bien avoir quelque chose en sa possession qui prouverait qu’il était le capitaine de cet ordre. Un écusson, un symbole, n’importe quoi qu’il puisse lui montrer pour prouver sa bonne foi. Les rôles s’inversaient et ce n’était pas vraiment pour lui déplaire.

✧ Lorsqu’on demande le respect et qu’on demande à se faire appeler Capitaine, c’est pas pour faire joli, ni pour péter plus haut que son cul. Si vous l’êtes vraiment, et que vous ne cherchez pas à reformer votre ordre, vous méritez pas votre titre. Voilà ce que je pense.

Son regard était toujours assez dur et tranchant, sa respiration était légèrement plus rapide et sa voix avait été plus grave que précédemment, mais au moins, elle était calmée. Elle avait dit ce qu’elle avait sur le cœur, comme il le lui avait demandé, et il ne lui restait plus qu’à attendre sa réponse pour décider du fait qu’il était ou non celui qu’il prétendait. Décider de si oui ou non il méritait le respect qu’il semblait réclamer à tort et à travers. Elle restait assez méfiante et sur ses gardes. Elle se trouvait bien plus offensante dans ces paroles que dans son tutoiement, et insulter quelqu’un en ajoutant « cordialement » n’était jamais conseillé. Sa dernière question ne semblait pas pour autant sortir de son crâne.

✧ Pour ce qui est de vous rejoindre… pour l’instant j’en sais rien. Je veux seulement en savoir plus pour l’instant, savoir dans quoi je vais foutre les pieds si je dis oui.
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MessageSujet: Re: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptyMar 26 Jan 2016 - 0:21
Le Capitaine s'était adossé au mur, bras croisés, hochant la tête alors qu'elle parlait. Il comprenait son raisonnement. Il ne le partageait pas, mais le comprenait. Ceci dit, il n'était pas là pour entrer dans un débat. Il nota qu'elle s'était remise à le vouvoyer. Allons bons.

Le vieil homme et la jeune femme étaient tels deux duellistes se haïssant et s'aimant sur un navire chaloupant. En déséquilibre perpétuel, ne sachant pas comment se comporter avec l'autre et changeant d'attitude à chaque instant, jusqu'à trouver un point d'accord.

" J'hésite, comme vous le savez. Mais je suis seul. J'étais seul. Si une autre personne que moi est motivée par cette entreprise, et si elle est jeune, avec de l'avenir devant elle, alors la situation n'a plus rien à voir. "

Il se remit en marche, partant de sa position, et fit tourner ses épaules, se dirigeant vers l'armoire. Cette dernière était contre le mur à côté de la porte, laissant un étroit coin de la pièce caché des regards.

Il se saisit de quelque chose, faisant signe à Cyrielle de s'écarter. Ses mains tenaient un manche. Un manche énorme, mais presque pitoyable comparé à ce qu'il y avait au bout.

Le Capitaine tenait entre ses mains une épée colossale, aux dimensions grotesques et absolument contreproductives. L'arme était aussi grande que son porteur, avec plus d'1 mètre 60 de lame. Cette dernière ne finissait pas en pointe, mais brusquement, par une simple ligne. C'était ni plus ni moins qu'une épée d’exécuteur. La lame n'était que partiellement tranchante. Elle était surtout épaisse. La lame était noire, légèrement éraflée ici et là, comme un vieux rocher érodé. Le manche et la garde étaient eux aussi noirs.

Le tout pesait 8 kilos. 8 fois le poids d'une épée à une main. 3 à 4 fois celui des plus lourdes épées à deux mains. Il la souleva, pointant l'épée devant et vers Cyrielle (qui avais dû reculer), comme pour la lui présenter. Ses deux bras épais tremblaient légèrement.

Ce n'était pas une arme faite pour combattre. Elle était trop lourde et encombrante pour faire mieux que deux, trois coups lents avant d'être exténué. Cette arme était faite pour détruire, tuer, pulvériser.

" Je te présente Terminus Est. Le Capitaine porte toujours cette arme. C'est à la fois un fardeau et un symbole d'autorité. C'était l'arme du premier Capitaine, un géant à la force colossale. Elle se lègue de Capitaine en Capitaine. "

Il était dur d'arrêter de fixer l'épée. Terminus Est possède l'aura fascinante des antiquités au musée. La regarder, c'était regarde le passé, l'histoire. Cette arme, plus vieille que de nombreuses villes, semblait si lourde que même l'air autour d'elle semblait chargé, comme avant l'orage.

Le Capitaine fit légèrement tomber l'épée au sol, avant de la poser délicatement contre le mur. Il reprit la parole, légèrement fatigué d'avoir tenu cette arme en équilibre pendant de longues secondes. Il caressa la lame avec affection.

" Je cherche encore celui ou celle qui saura s'en montrer plus digne que moi. "

Son regard revint vers Cyrielle. Retoucher sa lame semblait avoir rasséréné le Capitaine.

" Si nous sommes deux au lieu d'un, les choses seront plus faciles. Mais ça sera long. Je n'aime pas recruter à tour de bras pour être quinze d'un coup et être dix au combat suivant. Je préfère qu'on commence à deux, qu'on s'habitude l'un à l'autre, qu'on apprenne à se battre ensemble. Puis, qu'on recrute ceux qui ont assez de courage, de talent et de force physique. "

Il fit légèrement pencher Terminus Est en avant. Un bruit sourd en émanait, et pendant un instant, l'arme semblait prête à se fracasser contre le sol. Mais il la tenait en équilibre, sa main solidement arrimée au pommeau.

" La compagnie des lames est une troupe de choc. Elle arrive, découpe, mutile, tranche tout ce qui bouge le plus vite et le plus fort possible. C'est au cœur des combats. Ca demande des esprits et des cœurs bien accrochés. "


Il jaugeait la jeune femme. Étrange de parler de guerre devant quelqu'un habillée en serveuse. Il essayait de l'imaginer sans ces vêtements, mais avec une armure.

" Je ne peux pas promettre la prospérité ou le confort. Mais vous aurez votre paye, votre part de gloire et d'aventure. Et par aventure, j'entend se faire tirer dessus ou mordre le derrière par un fangeux " dit-il en souriant, continuant de la vouvoyer.


Dernière édition par Le Capitaine le Jeu 11 Fév 2016 - 13:06, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptySam 30 Jan 2016 - 12:11
La solitude le faisait hésiter. Elle ne comprenait pas. La solitude aurait justement dû le motiver, le pousser à chercher plus ardemment d’autres hommes capables de le rejoindre. Éventuellement de revoir ses attentes à la baisse, de s’investir plus auprès d’hommes prometteurs qui auraient été prêts à le suivre. Il était tout simplement inconcevable pour elle d’être la première à se proposer, d’être la première à envisager l’idée de le rejoindre. Alors elle le regardait, toujours hésitante sur son identité, et le suivit du regard lorsqu’il s’éloigna. Elle s’approcha une fois qu’il le lui avait demandé et ses yeux s’agrandirent seuls devant ce qui s’y présentait. Une arme totalement disproportionnée. Il tenait devant lui une épée à la forme peu commune. Elle était large, imposante, épaisse et avait l’air très lourde. Une épée qui n’était pas faite pour trancher.

Elle était presque choquée que son père l’ait laissé entrer et vivre ici avec un tel montre à portée de bras. Un mastodonte qui avait son propre nom : « Terminus Est » et sa propre histoire. La toute première arme, du tout premier capitaine d’un ordre aussi ancien que les Dieux. Effectivement, c’était assez convaincant, surtout en tant que symbole d’autorité. Au final, elle représentait très bien la charge qu’un Capitaine devait porter sur ses épaules. Il cherchait « la » personne qui serait capable de supporter ce fardeau à sa suite. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de penser que léguer une telle épée, tant de responsabilités, à son prochain, sans qu’elle ne soit accompagnée d’au moins un homme, ne pouvait même constituer une mauvaise blague. Il ne pouvait pas sérieusement envisager cette solution. Comment penser à un successeur lorsque l’on n’a même pas encore trouvé une personne assez « méritante » pour être un simple combattant.

Elle était toujours tiraillée entre son air impassible et le ton affecté qu’il employait. Malgré l’air de défis qu’il lui avait servis au début de leur conversation, il envisageait désormais cette nouvelle possibilité qu’elle n’avait fait que suggérer jusque-là. Pourtant, elle sentait qu’il manquait quelque chose d’essentiel : la confiance. Ils ne se connaissaient pas, on pouvait même dire qu’ils avaient du mal à communiquer, du mal à se faire comprendre par l’autre. Sur le champ de bataille, elle n’était pas la même, elle n’aurait même pas le tiers du charisme et du caractère dont elle avait fait preuve pour l’instant. Elle n’avait pas les épaules nécessaires à un poste tel que l’exigeait un second, ou du moins, elle ne les avait plus. Elle avait beau partager son avis sur le recrutement, maintenant qu’elle savait qu’ils partaient de zéro, elle ne s’était pas attendue à une telle offre.

Certainement que lui non plus ne pensait pas à elle comme une potentielle seconde, mais si elle faisait le choix d’y investir du temps, des efforts et de sa personne, elle n’était pas certaine de supporter qu’une des prochaines recrues lui passe devant. Surtout en fonction du tempérament de ladite recrue. Elle le laissait parler de la définition de la Compagnie des Lames et de ce qu’impliquerait son appartenance éventuelle. Elle avait besoin de temps, et de réflexion. Elle voulait voyager, partir d’ici, mais elle n’avait pas prévu de quitter Marbrume avant que le fléau ne soit éradiqué. Elle était encore dans la milice, elle ne devait pas l’oublier. Elle aurait voulu pouvoir demander l’avis de Rikni pour la guider dans ce choix, dans cette décision, mais elle était livrée à elle-même et devait se décider. Pourtant, il termina sur une touche plus légère, occasion d’alléger l’atmosphère qu’elle ne manqua pas.

✧ Jusque-là, c’est plutôt mon visage qu’ils ont essayé de bouffer.

Elle avait ponctué sa phrase d’un léger sourire, rapidement chassé à nouveau par la situation. Elle était loin d’être certaine qu’ils arrivent à s’entendre, même avec de la bonne volonté et des efforts. Pour autant, l’idée d’abandonner totalement cette perspective ne lui convenait pas. Il fallait trouver un compromis acceptable. Elle aurait aimé avoir l’occasion de passer du temps avec lui et sa troupe, voir leur entente, assister à leurs entrainements, s’intégrer réellement à un groupe déjà soudé. Former un groupe était une tout autre histoire. Le problème de cette histoire était principalement que c’était une partie pour laquelle elle n’aurait pas son mot à dire. Plus leur discussion avançait et plus elle avait de questions à lui poser.

✧ Qu’est-ce que vous cherchez exactement, ici, à Marbrume, en restant dans cette taverne ?

Elle ne voulait pas le forcer à reconstruire cette compagnie, si ce n’était pas ce qu’il voulait vraiment. C’était son problème à lui après tout, ses paroles avaient dépassé sa pensée, et elle n’allait pas s’en excuser, mais c’était à lui d’agir en fonction. Elle ne pourrait pas lui donner de réponse définitive dans l’état actuel des choses, et elle doutait qu’il en attende une. Elle ne voulait pas le rejoindre sur un coup de tête, ou par simple esprit de rébellion. Son âge lui disait qu’il fallait commencer à envisager de profiter de ce que la vie pouvait encore lui apporter avant qu’elle ne s’arrête brusquement. Si elle avait une occasion de voyager dans des conditions qui lui apporteraient plus de bénéfice que d’inconvénients elle saisirait cette chance.

✧ J’peux pas répondre à votre place, mais si c’est pas moi, y aura forcément un autre gus. Alors faudra se préparer à ça, vous pensez pas ?
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MessageSujet: Re: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptySam 20 Fév 2016 - 20:17
Il poussa un rire léger en repensant à sa réponse. En effet, les fangeux ne l'avaient pas raté la pauvre. Elle garderait cette cicatrice toute la vie.

" Sois fière de ta balafre. C'est la preuve que tu es une battante. Ca te donne plus de caractère que toutes les femmes que j'ai pu voir. Vu ma tête, je ne critiquerait pas ton physique. "

Il lui tourna le dos, regardant par la fenêtre de sa chambre. Elle donnait sur une petite cour un peu vide et boueuse.

" Cette taverne est bien située et n'est pas chère. Parfait pour moi. Il faut bien que je dorme quelque part. "

Le Capitaine se mit à bailler. La fringale du déjeuner. D'autant que réfléchir et essayer de se comporter correctement avec une jeune femme caractérielle n'est pas dans ses habitudes. Dans le monde du Capitaine, lorsqu'il parle, les gens obéissent. Pas cette Cyrielle, et le pire, c'est qu'elle avait souvent raison. Elle était elle aussi plongée dans la réflexion.

" Je sais que je te demande beaucoup, d'autant que tu a un métier et une famille. Si tu refuse, je comprend, si tu souhaite m'aider au départ et partir ensuite, pas de problèmes. Je te laisse quelques jours pour y réfléchir. Prendre son temps est important. "

Elle hocha la tête, apparemment soulagée, mais il reprit la parole.

" Tu accepterais de faire quelques passes d'armes avec moi de temps en temps ? Je suis rouillé. "
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MessageSujet: Re: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptyVen 4 Mar 2016 - 18:11
Elle était heureuse et soulagée de constater que sa tentative de détendre l’atmosphère entre eux avait porté ses fruits. Elle lui avait même soutiré un léger rire. Pour ce qui était d’être fière de sa balafre, elle n’en était pas si loin que ça. Parfois, c’était un fardeau, rarement elle arrivait à oublier sa présence, quelquefois son égo s’emparait de l’histoire d’un autre point de vue et elle ne pouvait nier une pointe de fierté d’avoir survécu, avant de penser à Denea. Elle avait certainement encore un peu de chemin à parcourir avant de pouvoir réellement fixer son avis à ce sujet, peut-être même qu’elle ne le ferait jamais vraiment. Elle avait autre chose à faire après tout. Ceci ne l’empêchait pas de sourire à la comparaison que le Capitaine avait faite avec son propre visage marqué par les combats.

Ensuite, il avait beau ne pas avoir répondu à sa question telle qu’elle l’entendait, elle s’en contenta. Pour elle, il était évident qu’elle ne lui demandait pas pourquoi il avait choisi cette taverne, malgré les avantages qu’il avait donnés, mais plutôt pourquoi il était toujours là, pourquoi il ne faisait pas autre chose. Attendait-il que quelqu’un comme elle lui tombe dessus pour le secouer un peu, elle ne le saurait jamais. Elle se demanda s’il avait répondu ainsi pour esquiver la question, parce qu’il n’avait pas de réponse qu’il jugeait digne de ce nom à lui donner, ou même une autre raison qu’il se serait trouvé. Peut-être aussi qu’à cause de lui elle se mettait à se poser trop de questions et qu’il n’y avait rien de plus à comprendre que ce qu’il avait exprimé. Même si son visage, souriant un peu plus tôt, n’exprimait pas grand-chose, elle se sentait touchée par ses émotions.

Ses paroles se faisaient compréhensives et réconfortantes. Ils étaient enfin plus ou moins sur la même longueur d’onde. Elle aurait voulu lui dire qu’il ne devrait pas se montrer aussi pessimiste, pourtant si elle se décidait à refuser, elle n’attendrait pas qu’il lui dise ça une deuxième fois pour lui faire comprendre son avis, d’une manière ou d’une autre. Son conseil et son constat étaient pleins de sagesse, et elle comptait bien réfléchir à sa proposition pendant quelques jours. Elle savait que cette décision allait changer sa vie du tout au tout et qu’on ne revenait pas si facilement en arrière. Elle apprécia qu’il lui propose de faire connaissance et de rester en contact. Que ce soit par le biais d’affrontements ne ferait que lui rappeler son enfance, elle lui sourit avant de lui répondre.

✧ Très bien, dès que je serais remise, je viendrais vous chercher. J’ai hâte de voir comment vous comptez réapprendre à vous battre avec ça !

Manque de chance, elle n’avait pas entendu les pas dans l’escalier, et elle se demandait encore comment elle avait pu ne pas les entendre dans le couloir. Elle les savait pourtant rapides et déterminés, sur un parquet vieillissant dont la discrétion n’était plus à mettre à l’épreuve, il fallait le vouloir pour ne pas s’en rendre compte. Toujours est-il que c’est avec surprise qu’elle entendit la porte s’ouvrir retenant une grimace lorsque sa mère entra dans la pièce. Cette dernière était venue se poster directement à côté d’elle, passant une main dans son dos pour venir serrer, pas trop fort pour l’instant, quelques mèches de ses cheveux entre ses doigts. Elle avait sur le visage ce sourire de convenance qu’elle portait lorsqu’elle s’apprêtait à parler à un client, mais qu’elle ne souhaitait pas le froisser pour autant. Elle ne mâchait en général pas ses mots, comme si son sourire permettait de tout se faire pardonner.

✧ Pardon pour mon intrusion, mais j’ai besoin de toute l’aide disponible pour le service.

Elle avait dit ça en serrant un peu plus les mèches de Cyrielle entre ses doigts, cherchant à lui faire comprendre qu’elle la mettait dans l’embarras. Cette dernière se doutait bien qu’elle finirait par être demandée à un moment ou à un autre. Comment avait-elle pu perdre la notion du temps à ce point là. Habituellement, elle ne faisait que l’appeler depuis le couloir, ne l’avait-elle pas entendu ou se passait-il quelque chose de plus inquiétant à l’étage inférieur ? Elle était pourtant habituée à ce traitement et ne broncha pas, suivant son exemple et affichant une mine souriante, mais désolée qu’il doive assister à cette scène. Elle connaissait bien le discours qui suivait, quelques filles un peu plus « joyeuses » avaient déjà eu leur chance en tant que serveuse ici, et sa mère en avait fait un scandale.

✧ Merci de ne pas profiter trop longuement de nos serveuses, nous sommes dans un établissement respectable après tout.

La rumeur de la « conversion » de la taverne s’était répandue à la vitesse de l’éclair. Les petites malines profitaient de la liberté relative que leur permettaient certains horaires pour effectuer quelques extras directement auprès des clients. Depuis ce moment, Lilith était devenue bien plus stricte et surveillait à la trace tout ce qui se passait dans l’enceinte du bâtiment. Elle ne supporterait pas qu’on ternisse l’enseigne « Aux Trois Cerfs ». Si Edgar n’en avait pas fait tout un foin, c’était uniquement parce qu’il n’arrivait pas à en vouloir à ses « pauvres » hommes seuls. Beaucoup disaient qu’il avait lui-même profité de ses petits bonus. La main de sa mère la ramena rapidement à la situation actuelle, la forçant à se baisser en avant, humblement, assez pour offrir une vue souvent alléchante dans la tenue de serveuse habituelle.

✧ Je vous présente mes plus sincères excuses s’il se trouve que Cyrielle vous importune, soyez certain que ça ne se reproduira pas. J’espère que vous avez apprécié votre repas et vous souhaite une excellente soirée.

C’était expéditif, clair et sans appel. Lilith lui adressa un dernier sourire, mettant le plateau vide dans les mains de sa fille avant de lui ouvrir la porte et de l’inciter prestement à sortir. À peine la porte refermée qu’elle lui jeta un regard meurtrier, elle attendit tout de même qu’elles soient à l’abri d’oreilles indiscrètes pour venir lui hurler qu’elle était inconsciente de rester avec un client pareil aussi longtemps. Quelle ingrate jeune femme laissait tomber le commerce de ses parents pour fréquenter un homme aussi vieux et dangereux dont l’arme était si imposante. Si elle ne portait pas ses bandages, aucun doute qu’elle l’aurait giflé ou lui aurait au moins tiré l’oreille. Cyrielle faisait profil bas parce qu’elle avait trop besoin d’argent pour rembourser Denea, mais aucun doute qu’elle ne laisserait pas cette remontrance sans conséquences.
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MessageSujet: Re: Un peu de compagnie ? [Terminé]   Un peu de compagnie ? [Terminé] EmptyDim 6 Mar 2016 - 0:49
Elle acceptait son offre, ce qui le rendait heureux. Il ne s'attendait pas à une telle réponse, ni à un tel... engouement. Pour la première fois, les deux se comprenaient, au moins un petit peu. Il est alors sur le point de parler... mais est interrompu par la mère de Cyrielle. Elle est aimable, polie et souriante, mais aussi hostile qu'une meute de loup. Elle regarde le Capitaine avec une méfiance cachée, se demandant ce qu'il a fait, ou essayé de faire à sa fille.

Le pire, c'est qu'ils ont simplement discutés. Les apparences sont trompeuses. Elle s'excusa exagérément, se mettant d'elle même en position d'infériorité par rapport au mercenaire, qui la fixait d'un œil inquisiteur. Il échangea rapidement un regard entendu avec Cyrielle, qui semblait honteuse et énervée. Elle força Cyrielle à se baisser en avant.

" Votre serveuse ne me dérangeait pas. Bonne soirée à vous. "

Elles partirent, et il se retrouva une nouvelle fois seul.

****

Il fait nuit. Et froid. Le soleil s'est couché depuis un bout de temps et la ville est presque endormie.

La mer est calme. Le port est presque vide. Les maisons restent encore chaudes et vivantes. Les gens dînent, se soulent dans les tavernes. Ici et là, quelques personnes sont en train de pêcher.

Thomas, assis sur sa caisse, regarde le ciel. La voie lactée n'a jamais été aussi visible. Il souffle, et s'amuse de voir les volutes blancs de sa respiration. Mais étrangement, il n'a pas froid. Tenant fermement sa hallebarde, il regarde le Capitaine.

Le vieil homme est plein de vie. Il est assis en tailleur, par terre, le regard fixant le Port. Son unique œil brille d'excitation et de vie, de la fougue d'un jeune homme. Jamais Thomas n'aurait cru rencontre un jour Le Capitaine, le chef de la Compagnie des Lames. Ni qu'un homme aussi âgé puisse être ainsi. Silencieux certes, mais incroyablement vivace et motivé.

Il attendait quelqu'un. Tous les jours, chaque soir, après leur entraînement, le Capitaine attendait. Thomas avait décidé pour ce soir d'accompagner son professeur et son capitaine. Le solide jeune homme restait muet, laissant le Capitaine dans sa tranquillité.

Puis, une silhouette vint. Emmitouflée dans une cape à capuche qui masquait son visage et son corps, même si l'oeil avisé du Capitaine reconnu une femme. Cyrielle Dolwen. Elle enleva sa capuche, présentant son visage nu devant lui. Il se mit à sourire.

" Je savais que tu viendrais un jour. Ça faisait longtemps. "

D'un oeil entendu, il tira son épée, dont le fourreau était posé sur ses jambes.
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