Recrutement et nouveau départ. [Le Capitaine]

Sujet: Recrutement et nouveau départ. [Le Capitaine] Mar 29 Mar 2016 - 21:10

Il faisait beau songeait nonchalamment Cywel levant les yeux vers le soleil. Le ciel était dégagé, on pouvait en admirer sa simplicité et en même temps, elle ne pouvait que s'interroger sur ce paysage monochrome toujours présent et qui, selon la position du soleil, pouvait prendre les plus belles nuances rosées jusqu'au plus sombre voile parsemé de tâches blanches éparpillées en son sein. Comment appelez-t-on cela déjà ? Ah oui, les graines lumineuses.

La température n'avait jamais été si douce que ces derniers mois où le froid mordant n'avait eu de cesse de glaner deux à trois morts par semaine parmi les plus pauvres. En ce temps-là, Cywel appréciait davantage sa promenade à Marbrume, elle n'avait rien à faire, ni légume à vendre, ni tâches agricoles à accomplir, il lui suffisait simplement de laisser ses pieds la mener où bon leur semblaient, elle était tristement libre. Pourtant, elle s'était empressée de retourner à l'auberge où elle logeait pour deux raisons : D'un côté, Les regards moqueurs des marcheurs pesaient sur elle comme un tas de foin sur ses épaules : désagréable ; lourd ; irritable. A quoi s'attendait-elle ? Il n'était pas commun de voir une femme renoncer volontairement aux canons esthétiques de l'époque pour une habitude masculine. Sans doute était-elle la seule à assumer ses formes et ses vêtements. Sans doute la verra-t-on comme une folle. Ça lui était égal : tant qu'on ne l'ennuyait pas, les messes-basses sur sa personne ne se distingueront pas du vent.

De l'autre et depuis peu, les rumeurs sur le retour d'une guilde de mercenaire ne cessaient de bourdonner aux oreilles de Cywel. L'une des affiches en sa possession, elle s'était décidée à rendre une petite visite à celui qui se faisait appeler « Le Capitaine », un nom pas banal mais ô combien explicite. Il était l'homme qu'il lui fallait afin de crédibiliser sa récente vocation et d'obtenir ses premiers contrats.

Mais il y avait autre chose qui l'incitait à rendre visite à cet homme : connaissant la récente apparition du Capitaine dans les parages, elle ne pouvait se défaire de l'idée que, peut être il soit celui qu'elle recherche. A cette simple idée, le cœur de la paysanne s'emballait et le rouge lui monta aux joues. Tout ce temps à glaner des informations sur le compte de ce mystérieux personnage sans franc succès l'aurait amené à passer par la porte de son sauveur. Si elle ne croyait que peu à un miracle, l'éventualité semblait séduire la jeune femme. Une main caressant sensuellement son pendentif, elle pria silencieusement les Dieux que ses suppositions soient justes. Puis, elle pressa le pas.

En tout cas, l'auberge du hérisson mélomane était à portée. A vrai dire, elle y était déjà depuis un moment, c'était le seul endroit où elle put trouver refuge à la suite de l'attaque des fangeux dans les quartiers pauvres. Avec l'argent qu'il lui restait et le soutien relatif des villageois à la suite de ce désastre, elle se refit et acheta le matériel nécessaire à sa nouvelle vie : des vêtements décents pour son travail, une épée courte et un bouclier en bois. Mais, malgré ça, l'hospitalité hypocrite de l'aubergiste ne durerait qu'un temps et si elle ne trouvait pas vite un moyen de gagner de l'argent, elle retournera bien vite dans les bas-fonds, le pied du propriétaire bien envoyé au derrière.

Cywel s'était avancée vers le comptoir, scrutant vaguement son environnement de droite à gauche. En ce beau jour, il n'y avait pas grand monde si ce n'est quelques habitués et lève-tard du domaine. Le Capitaine devait être dans les parages, assis quelque part à s'occuper de ses affaires. L'ennui gagnant la mercenaire, elle se décida enfin à demander à l'aubergiste de lui présenter l'homme de ses convoitises. Il ne resterait plus qu'à le rejoindre et discutailler avec lui sur les modalités de son recrutement. C'est à espérer qu'il ne soit pas exigent. L'aubergiste avait levé son regard vers la jeune femme. Contrairement aux autres, il osait exprimer son dégoût pour l'habitude vestimentaire de la jeune femme d'un claquement de langue, son attitude semblait dire « Tu gâches le paysage». A cela, Cywel ne pipa mot. Elle se contenta simplement de présenter l'affiche qu'elle avait récupéré, un air de défi sur son visage.

« On m'a dit que « Le Capitaine » passait de temps à autre dans ton auberge, commença-t-elle, j'imagine qu'il te fait savoir sa présence au cas où on le demanderai, n'est-ce pas ? Je voudrais m'entretenir avec lui. »

L'aubergiste regarda l'affiche, avant de porter son attention sur la jeune femme ressemblant à un garçon, une moue de dégoût, désapprobation et moquerie sur le visage. Un sourire en coin illumina ses traits ridés et bourrus, et il désigna un homme, au fond de la taverne, assez fort et qui leur tournait le dos.

" Adresses-toi à lui. "

L'homme en question devait avoir au moins soixante ans. Ses cheveux et sa barbe épaisse étaient grisonnants, sa peau sèche était ridée de nombreux canyons, et il faisait penser à ces vieux livres parcheminés trouvés au fond des bibliothèque. Il n'est pas très grand mais fort, et sous sa peau abîmée roulent des muscles puissants et affûtés.

Son regard, surtout, fait penser à celui d'un adolescent plein de vie. Ses yeux sont agressifs, mais s'adoucissent d'un coup devant la jeune fille, une fois qu'il comprend qu'elle cherche le Capitaine. Il tend sa main afin qu'elle puisse la serrer.

" Je suis Strakhov. Je suis un de ses hommes. " il la regarda de haut en bas après qu'elle ait expliquée la raison de sa venue. " Une jeune femme ! Ah, les temps sont durs... quelle pitié que cette génération soit sacrifiée sur l'autel des fangeux... "

Il tira sa chaise et se leva, dépassant légèrement la jeune fille.

" Le Capitaine entraîne deux recrues dans notre quartier-général. Moi, je suis vieux, je suis de repos. Suis-moi ! "

Il l'entraîna dans les rues de la ville. Il marchait vite et précipitamment, sachant parfaitement où il allait. Comme s'il était conscient qu'il pouvait donner l'apparence d'un rabatteur l'entraînant dans un piège, il n'hésita pas à faire des détours par des rues moins directes, mais plus peuplées. Il parla un peu à la jeune femme, répondant à ses questions et demandant son prénom.

Ils arrivèrent enfin au "quartier-général". Il s'agissait d'une bâtisse assez grande, apparemment une ancienne propriété abandonnée qui avait été infestée par les fangeux lors de l'invasion de ces derniers. Le Capitaine avait récupéré la bâtisse pour une bouchée de pain. Elle était encore assez poussiéreuse et ruinée, mais donnait des signes de vie.

Un jeune homme était justement en train de la retaper. Il était sûrement encore plus jeune que Cywel, et il accueillit Strakhov avec sourire, juché sur un escabeau.

" Salut Strakhov ! Bonjour Madame ! Nouvelle recrue ? Bonne chance ! Il est dans la cour, avec Tobias et Arlan ! "

Strakhov lui fit un grand sourire.

" Merci Finn ! Allez, suivez moi Cywel. Je préfère vous prévenir. Le Capitaine est rude et avare en paroles. Ne le jugez pas trop vite. "

Ils entrèrent. Le bâtiment était assez haut de plafond. Des murs avaient été abattus pour agrandir la pièce principale, et un escalier dont la moitié des marches étaient effondrées se dirigeait vers un mystérieux deuxième étage. Ici et là, des restes de meubles traînent. Seule une table et des tabourets semble fonctionnel. Le tout sent bon la poussière, la pierre, la mousse, le grenier. Le soleil filtre à travers les fenêtres, éclairant la pièce d'une lueur orangée, révélant les grains de poussière flottants dans l'air.

A plusieurs dizaines de mètres se trouvait une autre porte. Il emmena la jeune femme à sa suite.

La cour était assez grande pour abriter une quarantaine d'hommes à l'aise. Avec ses trois participants, elle semblait assez misérable. Le sol était de la terre battue, plus dur que la terre, moins que le sol en pierre.

Deux hommes étaient en train de courir à toute berzingue. Les pauvres étaient torse nus, en sueur, le visage rouge, s'arrêtant tous les quelques pas, pour se retourner, foncer sur quelques mètres, et recommencer ainsi.

Les observant, rugissant plus que criant un "Top ! ", Le Capitaine était immobile, campé sur ses deux colossales jambes. Il tournait le dos à Strakhov et Cywel, vêtu de son harnachement habituel, mélange bâtard 'armure de cuir et de plaques d'acier. Terminus Est reposait sur son dos, lame colossale et antique.

Lorsque Strakhov le hêla, le Capitaine se retourna, bras croisés. Il salua Strakhov de la tête, avant de poser son regard sur Cywel, restant muet, attendant qu'elle s'exprime.

Une fois sa demande satisfaite, Cywel entreprit de rejoindre l'homme qu'on lui désigna non sans précipitation. Son corps avait agit de lui-même : Le Capitaine était dans cette salle, elle le rejoignit. Avant qu'il ne puisse voir quoi que ce soit, elle avait rangé dans son vêtement son pendentif, il n'était peut être pas prudent de laisser traîner ce genre de trésor à la vue de tous, elle devait par ailleurs se montrer digne de son chevalier servant avant de lui révéler la vérité. Malheureusement, sa rencontre ne fut que désillusion. Il n'était ni question d'un physique ni même d'une allure décevante mais plutôt d'une identité faussée par son jugement, par ses désirs. L'homme n'était qu'un mercenaire, vieux, croûteux, certainement expérimenté mais sans intérêt autre que celui d'un médiateur. Une petite moue se dessina sur ses lèvres gercées, sans doute le prendra-t-il pour une remise en cause de son rôle du à son grand âge. Elle se moquait bien de ce qu'il pourrait interprété. Elle serra sa main d'une poignée faiblarde mais se voulant brusque, puissante. Son père avait raconté à un individu partageant avec elle le sang de ses géniteurs qu'une poignée de main était aussi efficace qu'une première impression visuelle, il valait mieux forcer à s'en faire des crampes que d'admettre que nos mains fussent fatiguées.

« J'ai ouïe dire que Le Capitaine était à la recherche de compagnons, j'aimerais m'engager. »

Strakhov se lamenta ensuite des malheurs de la génération, soumise aux dures épreuves des Dieux et envoyées à la morgue face à des créatures peu recommandable. C'était une chose que bon nombre auraient pu penser mais que peu oserait dire de peur de devenir aux yeux de tous un impotent se réjouissant hypocritement de sa condition. Un léger sourire naquit sur les lèvres de Cywel et elle remercia le vieil homme de sa compassion. Ces paroles-là ne pouvaient qu'être acceptée avec chaleur tant qu'il ne jura pas sur l'incompatibilité entre être une femme et porter une épée.

Il l'emmena alors avec une vitalité qu'elle ne lui aurait pas cru posséder, zigzaguant parmi les quartiers populaires et les foules marchandes. Cywel répondit à toutes les questions de son guide, la main portée au pommeau et la tête haute, elle n'avait pas prêté davantage d'attention aux alentours, elle ne regardait ni les jeunes femmes surprises de constater qu'elles avaient observé un homme ayant une poitrine ni le jeune garnement qui avait tenté de lui lancer un fruit, interrompu de justesse par sa mère. Il fallait se le dire très honnêtement, le travestissement n'avait jamais vraiment été mal considéré à l'époque tant qu'il s'agissait d'un travestissement volontaire à la préservation de la virginité et la sécurité de la bonne dame qui empruntait les bas d'un homme. Certains penseurs relataient même d'un stratagème évitant à la femme d'être déshonorée, le savait-on ? Le juge vous dirait certainement qu'il s'agit ici d'une raison non primordiale mais intéressante pour divertir la populace d'une potence.

Le bref voyage toucha à sa fin lorsqu'ils s'arrêtèrent devant une bâtisse en construction. Cywel déglutissait bruyamment en constatant qu'elle se situait dans l'un des quartiers ayant été ravagé par l'effroi et le sang, son ancienne demeure, ce qu'il en restait, n'était pas loin.

Un garçon salua chaleureusement les deux arrivants, reconnaissant d'un coup d'oeil le sexe de la recrue, un fin sourire sur ses lèvres, elle était presque déçue de ne pas avoir laisser un seul instant planer le doute dans son esprit. Cette fois-ci elle hocha simplement la tête en remerciement de ses encouragements courtois tandis qu'elle accompagna le vieux Strakhov dans les locaux délabrés jusque dans une cour de terre battu où l'entraînement des mercenaires se déroulait. Ce qu'elle voyait là, les hommes obéissant au doigt et à l'œil d'un leader, rubiconds presque grisés par l'effort et la fatigue, les muscles saillants et la sueur teintant la terre, c'était ce qui l'attendait très prochainement.

Pour autant, malgré ce merveilleux spectacle de gros bras, malgré ce à quoi toute femme vierge aurait pu prêter attention avec le rouge aux joues, Cywel l'égarée, la rêveuse n'avait d'yeux que pour l'homme campé sur sa position droite et dominante. C'était lui, c'était son sauveur. Il était celui qui s'était dressé devant ces fangeux et l'avait sorti in-extremis d'un enfer où les âmes de gueux n'avaient jamais connu la sensation d'avoir un ventre trop rempli ni même celui d'être aimé autant qu'un paysan aime une duchesse. Ce preux chevalier avait fait plus que lui offrir une nouvelle vie, il lui avait offert l'espoir et la passion d'une nouvelle ambition. Un homme tel que cela ne pouvait être qu'un leader, un capitaine assurément.

Obnubilée par ses fantasmes, elle laissa le silence planer suffisamment pour observer Le Capitaine : un grand gaillard à l'allure bourrue et parsemé de cicatrices, un œil manquant et une barbe de quelques jours. Son seul œil suffisait à lui donner des frissons dans le dos, il valait certainement mieux parler ou disparaître rapidement. Son expression n'était plus digne d'un garçon manqué, elle venait de perdre en une fraction de seconde le peu de masculinité qu'elle voulait faire dégager d'elle. Cywel n'était plus un mercenaire fier et robuste mais belle et bien une femme. Néanmoins, elle prit une grande inspiration et se lança.

« Mon nom est Cywel Tannhauser. Lorsque les fangeux sont parvenus à atteindre notre région j'ai décidé de prendre les armes pour les combattre. Les rumeurs m'ont mené jusqu'à vous et je souhaiterai dévoiler dignement mon épée à vos côtés. Je suis peut être une femme mais ma détermination ne vaut pas moins le triple de tous vos hommes réunis. »

Elle releva la tête à nouveau, oui elle devait être forte et fière de cette envie intarissable de revanche, que cela soit au nom de sa famille ou de celle de son sauveur. Un léger air de défi dans le regard, Cywel osa montrer tout le culot qu'elle pouvait avoir, si toutefois cela pouvait changer quoi que ce soit à son recrutement.

------------------------------------------------------

HRP:

Le Capitaine regardait le jeune homme devat lui. où plutot, la jeune femme. Il l'avait au départ prise pour un garçon, mais le son de sa voix leva ses doutes. Des cheveux blonds et courts, un visage assez dur mais non dénué de charme, des tâches de rousseurs lui donnant une certaine innocence. Son regard était toutefois plein de défi et de détermination. Il aimait ca.

Il l'écouta parler, avant de la détailler de la tête au pied. Plutôt grande (du moins, pas trop petite : du point de vue du Capitaine, presque tout le monde est petit), bien équipée pour une débutante... et un physique, s'il n'est pas celui d'une guerrière, est loin de celui d'une petite fille fragile.

* Hmm... on en fera quelque chose. *

Elle était décidée, prête à relever tous les défis. Pour le vieux borgne, la détermination était importante, mais ne valait pas la compétence. Un inapte surmotivé se fera tuer plus vite qu'un guerrier expérimenté et déprimé. Cette jeune Cywel a l’œil vif de celle qui rêve de s'affirmer, mais que vaut-elle dans la fureur du combat ?

D'autant que l'idée d'une femme combattante fait toujours grimacer le conservateur Capitaine. La place des femmes, surtout en cette ère d'extinction, est pour lui à soigner les hommes, enfanter, tenir la maison, faire à manger, bref, toutes ces tâches indispensables mais dont l'homme au combat ne peut s'en occuper. Les femmes sont moins fortes et robustes. Et si le Capitaine a un immense respect pour les rares femmes qui deviennent de vrais guerrières, les autres ne lui inspirent que condescendance.

Mais ces pensées, il les gardât pour lui. Il serra la main de Cywel, d'une poigne ferme mais qui ne se voulait ni écrasante, ni intimidante.

" Enchanté Cywel. "

Il ne jugea pas utile de se présenter. Elle savait qu'il il était. Il l'invita à le suivre.

" Tu parles bien, mais les fangeux et les armes se fichent des mots. "

Ils se trouvaient au centre de la cour. Les hommes du Capitaine étaient tous présents, se tenant contre le mur, debout ou assis. Ils savent déjà ce qui va se passer, et ils fixent Cywel avec le regard de charognards sur une future victime.

Le Capitaine fit signe à Cywel de rester où elle était, et fit quelques pas, avant de se retourner. Il dégaina une dague, qu'il fit tourner entre ses doigts. La vision du colosse maniant la dague, arme - arme associée aux assassins - comme un expert avait quelque chose de foncièrement dérangeant, voir contre-nature. Son énorme espadon était toujours accroché dans son dos. D'une impulsion, il sauta en l'air, décollant de quarante centimètres, avant de retomber sur le sol. Il expliqua les règles.

" Montre-nous ce que tu a dans le ventre. "

Il désigna ses hommes d'un coup d'oeil. Ils tenaient tous une épée en bois dur, et s'étaient rangés en file. La situation se dessinait. Elle allait devoir tous les affronter, tour à tour.

Le Capitaine se mit en garde, et fixa la nouvelle venue.

Les paroles du mercenaire la fit se taire rapidement. Il est vrai que des mots n'étaient rien sans les actes derrières. Il lui fallait donc prouver son courage et sa soif de vengeance. Le Capitaine s'imposa comme un adversaire qu'elle devrait combattre, un obstacle pour son recrutement. D'abord intimidée par le petit spectacle qu'il lui proposa, elle accepta finalement le défi. Après tout, elle ne pouvait plus faire demi-tour à présent.

Le premier combat venait de commencer. Le capitaine assena le premier coup. Un coup colossale digne d'une chute de rocher s'abattant sur un pauvre rongeur malchanceux. Malgré la tentative de Cywel de parer en protégeant son corps avec son épée, le coup avait été si puissant que la jeune femme tomba au sol en un seul coup. La douleur de la chute était forte, le poing avait transpercé la défense de la jeune femme quitte à briser son arme pour atteindre son tronc de sa force. La suite du combat allait s'avérer être un champ de bataille où un golem affronte un rat des champs. Elle se releva, déterminée à ne plus laisser à ce colosse la moindre occasion de la toucher à nouveau. C'était à son tour de frapper. Cywel serra le poing et envoya celui-ci de toute ses forces sur sa cible. Raté, manquant de puissance, de vitesse et de toute manière évitée par le titan, ce fut un échec. L'occasion d'une riposte fut prise : Le Capitaine est à bonne distance, il attaque de nouveau mais cette fois la défense de l'adversaire se fait plus forte, davantage que son coup. Elle s'attendait à cette attaque. Pour autant elle n'avait pas profité de l'ouverture pour attaquer. Un coup d'épée en bois dans les côtes, faiblard, peu assuré est envoyé, elle se déséquilibre, elle tombe. Le Capitaine la récupère avant qu'elle ne tombe, profitant de cet instant pour lui envoyer non pas le poignard dans le ventre mais le manche de son dernier aussi puissant voire plus que le premier dans l'estomac. Elle se recroqueville, son couinement plaintif répond à l’unisson au bruit inquiétant se faisant dans son corps. Elle crache du sang, il s'étale sur la terre, sur son menton, sur ses vêtements et son corps la force à choir médiocrement sur le sol. Sa main se crispant sur son ventre, elle émit un râle presque gargouillant avec le sang dans sa gorge. Elle avale difficilement mais ne se démonte pas. Cywel tenta de profiter de sa position pour faire un croche-pied à son adversaire qui se contente de lever le pied, prenant même l'occasion pour marcher sur sa cuisse dans le but d'éviter toute nouvelle tentative. C'était la fin. Les derniers coups portés ne furent que tentatives désespérée de se défendre et d'attaquer son adversaire. La défense la plus surprenante fut sans doute celle d'une roulade dans le sable pour éviter une attaque parmi tant d'autres qui perça la défense de la jeune femme. La fin du combat sonna et Cywel était à terre.

L'arbitre aurait pu arrêter le combat tout de suite, poursuivre les combats aurait très certainement été de l’acharnement, surtout envers une femme. Pour autant, lorsque les murmures, les questionnements et les ricanements se firent entendre peu à peu en un bruissement désagréable, elle se releva avec peine, attrapant du bout du bras son arme en bois hurlant de poursuivre. Par pitié, certainement, on lui laissa le temps de se relever, Le Capitaine ne l'avait absolument pas ménagé, qu'elle soit une femme ou non. Les Fangeux ne feront absolument pas cette distinction non plus, elle le savait.

Des larmes de rages et de douleur roulait sur ses joues jusque sur le sol. Son corps tremblait face aux coups portés, Ses avants-bras avaient pris une teinte violacée de la taille du poing du Capitaine. Elle n'osait se plaindre. Cywel serra les dents, montrant à tous la couleur rougeâtre qu'elle prirent avec le jaune de ces dernières.

« Je suis prête… ! Amenez-vous ! » Gémissait-elle d'impatience et de douleur.

Six autres combats l'attendait, elle savait que si elle ne réagissait pas au plus vite, ce serait très certainement ces derniers combats. Le Capitaine avait été sans pitié, les autres ne se laisseront pas faire non plus. Il lui faudra passer outre cela et continuer les combats.

Le second adversaire s'était avancé. L'arbitre le présenta sous le nom de Finn. Il n'était pas aussi robuste et imposant que son capitaine, certes. Ce n'était pas pour autant que la jeune femme se méfia de lui. Cette fois-ci, lorsque l'on annonça le début du combat, Cywel fut la première à attaquer, Finn attendait certainement de savoir si l'inconscience de la jeune femme irait jusqu'à la pousser à l'assaut. Son coup fut esquivé d'une facilité déconcertante, il n'eut aucune peine à s'écarter. Nouvelle erreur, même erreur, le second adversaire lui assena un coup au visage sans ménagement. Elle n'avait pas prit en considération son ouverture, elle ne s'était pas défendue suite à son attaque, cela lui était sévèrement sanctionnée d'un coup dans le nez. Envoyée valsée sur le sol, sur le dos, elle gesticulée en plaquant ses mains au visage. Toute la première rangée avait pu entendre le coup toucher la jeune femme. Finn, lui, pouvait sentir que son coup était parti trop fort et qu'il venait au mieux de lui tordre le nez.

Il n'était plus nécessaire de continuer. Si elle souhaitait se relever, les coups de ses adversaires avaient été si puissant qu'elle n'était plus en état correct pour se battre. Son corps était voûté, sa bouche vomissait du sang et ses muscles même chargé d'adrénaline n'étaient pas assez suicidaire pour la forcer à poursuivre. Un autre coup de ce genre la mettrait K.O. si ce n'était pas déjà le cas. Le spectacle était terminé. Pour autant, l'arbitre tourna son regard vers le Capitaine, histoire d'avoir de lui son approbation d'achever ce massacre ou bien son refus. Cywel avait les poings serrés, grattant par moment la terre, le visage face à la terre, baignant dans son sang.

HRP:

Le Capitaine décida d'aller fort dès le début. Pas question de faire preuve de faiblesse, ni même de favoritisme. Chacun de ses hommes était aussi passé par cette épreuve. 8 minutes de combat permanent. Le seul ayant réussi à tenir jusqu'au bout était Thomas. Ils combattent.

Elle est déterminée. Assez rapide, même, et ne manque pas de force, pour une femme sans entraînement. Malheureusement, elle est trop franche. Pas de technique. Un vrai livre ouvert. Il la frappe une fois, deux fois, trois fois. Elle gronde, elle couine, elle saigne, tombe et se relève.

Le combat contre lui toucha à sa fin, et, bien qu'elle était en piteux état, elle demanda à continuer. Demande acceptée. Il lui fit un salut grave de la tête, avant de se retirer, croisant Finn. Il tape son épaule pour l'encourager, et il sent le garçon souffler, un souffle de motivation.

Trop motivé peut-être, il esquiva une attaque télégraphiée de Cywel et riposta par un formidable coup dans le nez, qui fit grimacer tous les hommes présents.

" Ouch... " grimaça Strakhov. Cywel tomba au sol dans un plainte, avant de se rouler par terre, gémissante, portant toute la douleur du monde. L'arbitre, Arlan, échange alors un regard avec Le Capitaine, qui secoue la tête d'un air triste.

" On arrête là. " Il marcha lentement vers Cywel, qui fut aidée par le vieux Borgne et Finn à se relever. Les jambes de la jeune femme tremblait.

Ses joues sanglantes se font presser par les doigts gantés du Capitaine. Il tient délicatement son visage comme un vase de porcelaine qu'on craint de briser, et relève doucement son visage afin qu'elle puisse le regarder dans les yeux, ou plutôt, dans son unique oeil.

" Bienvenue dans notre monde. "

Il la fixa quelques instants, avant de lui demander si elle pouvait marcher. Elle opina du chef. Il se pencha en avant, son bras puissant épousa le dos de la jeune femme, et il la soutint. Sa voix grave se fit plus douce.

" Je vais te soigner. " Il se retourna vers ses hommes, Finn, Thomas, Arlan, Strakhov et Tobias.

" Temps libre ! "

Ils entrèrent dans la maison, et, petit à petit, entreprirent l'ascension des marches. Cywel laissait du sang derrière elle. Finn ne l'avait pas raté, et le Capitaine avait pu saisir sa mine à la fois piteuse d'avoir blessé quelqu'un et fière d'avoir remporté aisément son duel.

Il y a une chambre, isolée et propre, au premier étage. Le lit y accueille temporairement Cywel, alors que le Capitaine fouille dans une armoire. Plantes, potions, médicaments s'y trouvent.

" ton oeil droit est gonflé. "

Le vieux Borgne s'agenouille devant la jeune femme et la fait saigner encore plus, incisant la chair gonflée pour que s'écoule le liquide vermeil. Il essuya son visage, massa doucement ses muscles abîmés.

Les soins furent lents, mais effectués avec l'application de celui qui ne veut pas se tromper. Puis, il l'aida à s'allonger sur le lit. Il s'écarta d'elle, s'adossant dans un coin de la pièce.

" Alors, ca fait quoi de se battre ? "

On sonna la fin des combats, Cywel n'était plus en état de se battre convenablement. La honte semblait la perforer de toute part, comme si le regard des mercenaires étaient des lames aiguisées qui appuyait sur ses blessures. Elle retenait ses larmes mais elle ne pouvait pas s'empêcher de gémir de douleur. La position qu'elle avait opté malgré elle était inconfortable, elle appuyait sur son estomac et son visage proche de l'odeur du sang lui donné la nausée.

C'est alors qu'on l'aida à se relever, c'était ses deux assaillants tels deux bourreaux la menant à sa prochaine destination de torture. Elle ni l'envie de se débattre, ni l'envie de sourire la douleur était trop présente et de toute manière, ses jambes semblaient incapable de soutenir son propre corps.

On releva son visage, elle ouvrit son seul œil en bon état tandis que l'autre ne s'ouvrit qu'à mi-clos. « Bienvenue dans notre monde. » qu'il disait. Ces mots avait une sonorité à la fois macabre et désespérée. Oui, ce monde, elle n'aurait pu le découvrir que sous la pression des combats, sur chaque goutte de sueur et de sang coulant sur son corps. Ses paupières se fermèrent de nouveau, sans doute trop épuisée pour seulement les ouvrir ou trop honteuse pour laisser son regard traîner sur quiconque. On allait la soigner et très certainement la congédier par la suite, songea-t-elle.

Elle opina lorsque Le Capitaine lui demanda si elle pouvait marcher, c'était difficile mais elle pouvait faire quelques pas. Se laissant guidée, abandonnée, elle finit par être posée sur un sommier tandis que les entrechoquements des bouteilles de verres, des fioles en tout genre tintait dans ses oreilles de la même manière qu'on aurait hurlé dans celles-ci. La tête légèrement chancelante, elle semblait presque vouloir se décrocher de son corps et rouler sur le sol. Perdue dans un état second par l'effet de l'adrénaline, elle n'était pas plus fraîche qu'une femme qui venait tout juste de faire l'amour, le sourire et la sensation d'euphorie en moins.

Cywel serrait les dents mais ne se dégagea pas aux soins du Capitaine. Il fallait le laisser agir, cette pensée résonnait dans son esprit sans qu'elle ne sache pourquoi. Ses doigts serrait les draps et les quelques résistances de son corps n'avait pour autant pas empêché le Capitaine d'appliquer ses soins au final.

Allongée, elle pressait sur sa main un tissu imbibé sur son visage. Cywel n'aurait su dire si où elle avait le plus mal. A son ventre, à son visage, à son égo…

« C'que ça fait… » répéta-t-elle en un murmure. « C'est douloureux.. Je n'avais jamais ressenti une douleur aussi forte. J'ai été fermière, j'ai connu la famine, les bleus, les douleurs d'après travail mais aussi la peur et la rage… Là, je ne suis même pas capable de dire si je souffre plus au corps ou à l'âme. »

Elle serrait les dents, une larme coulait de son œil intact.

« J'me rends compte que j'n'ai pas la force ni le niveau nécessaire pour affronter un fangeux. On dit qu'ses bestiaux-là sont plus forts qu'un homme. On m'a dit, Cywel, t'bonne qu'à te faire prendre par ces bons hommes et pas à t'battre. J'avais pris une autre apparence avant d'entendre qu'on avait l'droit de prendre les armes maintenant. »

Sa lèvre inférieure tremblait, elle avait vécu un mois dans cette sombre comédie, se croyant suffisamment forte pour aller combattre un fangeux, ne plus revivre ce sentiment d'impuissance comme elle avait pu le ressentir ce jour-là.

« J'vis des p'tites économies d'la ferme, de s'qu'il en restait avant l'attaque des fangeux. J'ai plus rien qu'cette haine pour eux... »

Elle préférait omettre quelques détails. Cywel serra ses poings, Elle tenta de se relever avec difficulté pour poser son regard sur le Capitaine.

« Mais après tout ça, j'préfère pas m'démonter. J'suis allée trop loin pour croire que j'peux pas le faire. Y'a bien ces femmes miliciennes que j'vois avec leur cheveux bien peigné et leur armure brillante. S'pas du chiqué, on peut vraiment être comme vous. J'préfère mourir en ayant fait honneur au nom d'mon père que d'finir ma vie à écarter mes jambes. »

Le Capitaine écouta silencieusement les réponses de la blonde, sévère et neutre. Il comprend qu'il est en face d'une ancienne fermière, une fermière sans ferme. Qui a tout perdu récemment. Biens, famille peut-être ? Cheveux aussi, s'il en croit ce qu'elle dit sur son changement d'apparence. Il se dit qu'elle devait avoir été une très belle femme avec des cheveux longs, avant de s'étonner de penser ce genre de chose hors de propos.

Une pauvre fille qui ne voyait que deux choix, les armes ou le stupre. Quel choix ! Charon ou Lilith. Elle avait fait son choix, et ne comptait pas en changer. Elle a de la volonté, à se relever après ce qu'elle a pris.

" C'est un bon choix. " dit-il avant de rajouter." Il y a bien assez de putains dans cette ville. Et c'est avec des guerriers que l'humanité survivra. "

" Des guerrières aussi. " dit-il dans un sourire encourageant. Il tira une chaise et s'assit dessus, contre le mur, à côté de son espadon qu'il avait posé dans le coin de la pièce. L'immense arme noire comme la nuit, construite d'un seul bloc, semblait veiller sur eux.

" Les autres n'avaient jamais tenus une arme avant de s'engager. Tu progressera vite, si t'es prête à encaisser ce que je te ferait subir. Tu es des nôtres, jusqu'à ce que mort s'ensuive."

Il la regarda quelques instants, avant de se rappeler quelque chose.

" Tu peux vivre ici. Et donner un coup de main pour retaper, les jours où tu ne t'entrainera pas. "

C'est presque un ordre autant qu'une invitation.

" Des questions ? "

Son regard s'était adoucis. Ses paroles étaient certes d'une grande simplicité, brèves mais efficace. Il accepta de la garder dans son campement et elle en était ravie.

Si la douleur ne lui donnait pas autant de difficulté à exprimer la moindre émotion sans trembler ni pleurer, elle aurait arboré un sourire doux, aimable et reconnaissant. Très peu d'hommes n'auraient permis à une femme de sa condition de participer à ce genre de combat. En plus de cela, il lui offrait un toit où vivre tant qu'elle participait aux besoins des lieux. Ce n'était pas un problème, elle pourrait très certainement aider d'une manière ou d'une autre dans cet endroit. Après tout, elle était destinée par dépit à la vie à la ferme. La dot perdue et la beauté féminine disgracieuse elle ne saurait non plus trouver époux. Ce n'était de toute manière plus ses intentions, pas tant qu'elle n'aurait pas ce qu'elle voulait.

Reniflant péniblement non sans une sensation dégoûtante de sentir son propre sang couler le long de sa gorge, Cywel se contenta de remercier le Capitaine de sa générosité et de son entrée parmi eux.

« Aucune questions. Je ferai ce qu'il faudrait dès que… je ne menacerai pas de chuter en plein milieu d'une tâche, mon Capitaine. »

Elle était insouciante mais pas totalement stupide. Sans doute devra-t-elle attendre quelques heures si ce n'est une ou deux journées entières pour être assez fraîche à faire quoi que ce soit. Cela lui permettrait aussi de réfléchir à ce qu'elle devra faire par la suite. Notamment s'entraîner le double de ces hommes pour oser donner des coups au moins aussi imposant qu'ils n'aient pu lui faire. Sa fierté lui réclamait aussi un jour de reprendre l'exercice en se jurant, cette fois, de tenir durant l'ensemble des combats. Il lui faudra du temps mais tant qu'elle ne parviendrait pas à cet exploit, alors affronter un fangeux sera une mission-suicidaire.

« Merci, Capitaine... »

Il y avait autre chose également, cette étrange sensation que cet homme était celui qui l'avait sauvé. D'être ce preux chevalier, celui qui se moquait bien de savoir qu'elle n'était qu'une pauvre et dont la force et le courage valait toutes les faveurs du monde. Cet homme elle le cherchait encore et toujours mais, préférant ne pas sauter sur qui que ce soit, ne sachant par ailleurs pas comment réagir avec cet homme, elle préféra se taire, ranger son collier contre ses seins et prier pour que celui-ci ne se manifeste ou qu'il ne la reconnaisse pas pour qu'elle le fasse.

« Vous z'êtes la seule personne sur qui j'aurai pu me tourner en ces temps-là. Avec ces fangeux qui traînent dehors et ces histoires qu'on raconte sur des traitres.. On est plus sûr de personne dans l'coin. »

Il était bien dans son coin, contre le mur, à l'abri de toute surprise et imprévu. Le Capitaine fixait cette jeune femme, assez jeune pour être sa fille. Son visage amoché, ses cheveux courts et ses mots trahissaient une force d'esprit, malheureusement pénalisées par un corps faible, encore fragile et vulnérable.

Il pourrait la tuer. Le Capitaine se visualisa en train de prendre sa dague, la lever et l'enfoncer dans son corps, le sang tâchant la peau, les tissus, les murs et son visage, la gorge ouverte, les viscères au sol. Il pouvait écarter ces jambes, jambes dont Cywel était obsédée à l'idée de ne pas les ouvrir, et la violer sans qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit. Une grande chaleur envahit le corps du Capitaine, qui croisa les mains derrière son dos, afin de cacher son tremblement.

Ses vieilles habitudes, ses vieux réflexes revenaient de plus en plus souvent. Le Vieux Borgne n'avait en général aucun problème à contrôler sa soif de sang et cette envie de tuer. Elle s'était répandue dans son corps tel un poison insidieux au fur et à mesure des ans et des décennies passées à répandre le sang et les tripes sur le sol. Tuer était devenu aussi machinal et banal pour lui que manger, dormir et monter les escaliers.

Cywel prendra t-elle plaisir à tuer ? Est-elle seulement prête à ça ? En tout cas, elle était prête à aller jusqu'au bout de ses tâches. Il fut heureux qu'elle l'appelle "Mon Capitaine" et pas seulement " Capitaine" comme le font beaucoup d'autres. Elle ira loin. Ou du moins, il se jura de faire en sorte qu'elle aille le plus loin possible.

Lorsqu'elle confia n'être sûr de personne, le Capitaine se fit philosophique.

" Comme à chaque changement d'époque. Mais je ne sais pas s'il y aura un après. "

Sa mort prochaine le déprimait toujours un peu. Il voyait le regard de Cywel s'égarer toujours un peu plus. Il se dit qu'elle avait peut-être envie d'être seule. Il sorti de son coin de mur, s'approchant d'elle. Allongée dans son lit, elle était touchante. Il posa sa colossale main sur son épaule, résistant aussi bien à l'envie de la lui briser que de la caresser.

" Tu pourras toujours compter sur moi, sur Finn et les autres. Et nous compteront sur toi. "

Il lui tourna le dos, récupérant le mastodonte lui servant d'arme. Et la quitta en silence, après lui avoir dit de se reposer.

Elle planta son regard bleu ciel sur son supérieur, ils luisaient de fatigue et d'une passion nouvelle animée par le simple contact de l'individu. D'étranges pensées qu'elle n'avait jamais eu auparavant la traversait, telles des esprits malicieux, telles des voix intérieures faisant surface. Ce contact n'était pas anodin. L'aimait-il ? Etait-ce un signe ? Un message dissimulé ? Ce geste était plus qu'une simple tendresse, bien plus, c'était une marque d'une sexualité dissimulée. Un geste de plus et elle l'imaginait déjà la posséder. Nul comparaison n'était possible avec les pulsions du Capitaine, cela était inconnu à la jeune femme, c'était là tout autre chose. Une chose sordide qui germait dans son cœur et son esprit. Une amourette ? Une passion face à l'homme ? Ce qu'il dégageait, cette assurance et cette sécurité rappelait les souvenirs de son sauvetage. Cet individu en armure, était-ce… ?

Bien avant qu'elle ne puisse émettre d'autres suppositions, le Capitaine avait retiré sa main. Son arme récupéré, il lui intima de se reposer à la suite de ces émotions. Les journées seront longues et difficiles se disait-elle en complément à ses non-dits. Elle tourna légèrement sa tête en sa direction, le regardant partir de son champ de vision, une dernière larme coulait de sa joue, une échappée, une retardataire.

Finalement, Cywel s'allongea de nouveau, trop faible pour agir autrement, elle observa le plafond, attendant que ses blessures et ses douleurs fussent moins fortes, moins prenantes. Peut être l'avait-il reconnu se disait-elle, peut être son instinct n'avait pas tord. Non, plus que son instinct c'était une certitude. Ne venait-il pas de lui indiquer clairement de sa main qu'il était celui qu'elle cherchait ? Vrai ou non, Cywel était la seule à s'en sentir assurée. Un large sourire apparu sur son visage, cet homme ne voulait pas révéler à tous leurs amours, il souhaitait faire messe-basse et prétendre ne pas la connaître. Le silence était la meilleure des choses. Un jour il leur faudra se révéler aux yeux de tous mais le temps seul dira quand et où.

Comme auprès des Dieux, ses yeux se fermèrent, Le capitaine, SON capitaine. Le héros et seul allié qui l'a secouru des fangeux alors qu'elle n'avait plus rien, ni route, ni destin si ce n'est celui de la mort pure et dure.

Fin du RP