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 Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé]

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Hector de SombreboisBaron
Hector de Sombrebois



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MessageSujet: Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé]   Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé] EmptyVen 1 Avr 2016 - 16:49
Grâce était une femme si délicieuse. Elle aurait contenté tant d'hommes - et des plus difficiles qu'Hector. Elle avait le beauté d'une nuit étoilée et la sensualité d'un chatte angora. Ce sont ces qualités qui avaient attiré Hector ; ces qualités et le jeu de séduction auquel ils s'étaient livrés. Tout cela l'avait poussé à la demander en mariage. Comme Sombrebois était un territoire fantôme, les alliances n'avaient plus guère d'intérêt. Alors ce mariage était l'occasion de satisfaire sa passion pour cette jeune femme si envoûtante... et de l'aider, elle, à quitter sa prison dorée.


Mais quelque chose - un petite chose, certes - déplaisait à Hector. Grâce de Brasey ne s'était pas vraiment muée en Grâce de Sombrebois. Le mariage n'avait pas totalement rapproché les deux nobles. Si physiquement, leur entente était parfaite, Hector reprochait à Grâce son éternelle distance psychologique, celle-là même qui la rendait si mystérieuse, si intrigante, si attirante... au début ! A présent, Hector voulait savoir qui elle était. Il voulait partager ses joies et ses peines. Il aurait voulu qu'elle lui crie son amour lorsqu'ils s'étaient retrouvés enfin seuls, dans la tendre nuit de leur mariage, il aurait voulu qu'elle lui crie sa haine lorsqu'il était revenu des bois enneigés, portant encore sur lui le parfum d'une autre... Mais tout cela, elle le gardait pour elle seule. Hector avait décidé de donner du temps à sa femme. Peut-être était elle encore échaudée par sa tromperie - appelons un chat un chat - et peut-être qu'avec le temps, elle finirait par se confier à lui. C'est pourquoi, depuis ce jour, il faisait tout pour être un meilleur mari. Il passait du temps au manoir, ne participait plus aux soirées mondaines - pour éviter toute tentation - travaillait (à la conception d'une arme anti-fangeux et à l'organisation des bûchers-pièges-à-fangeux), chérissait sa femme, etc. D'ailleurs depuis qu'il l'avait emmenée à Sombrebois et qu'une bande de hors-la-loi les avait séparé, il avait senti en elle un léger changement : elle se livrait un peu plus - certes sur des sujets peu important mais tout de même... Sa persévérance était peut-être en passe d'être récompensée.


Lorsqu'il avait rencontré Luna - je veux parler de cette soirée dans la belle auberge du quartier noble et non de la réunion chez le Duc - il était rentré au manoir de la rue des Aiglons troublé. Il n'avait pas fait part de ce trouble à Grâce. C'était peut-être la première fois qu'il ne se montrait pas honnête avec elle. Il voulait chasser la petite Montoya de ses pensées. Il s'était replongé dans ses divers travaux mais, inexorablement, lorsque la nuit tombait, il avait une pensée pour cette demoiselle. Et s'il parvenait à la chasser en s'oubliant dans une gracieuse étreinte, l'image de la jeune fille n'en revenait pas moins le lendemain, aussi pure que la veille, régulière comme l'astre sélénien.


Ce doux fantôme, il devait le chasser. Il connaissait la réputation de cette noble enfant. Elle aidait les pauvres, les plus démunis, elle respectait les convenances, elle s'était - semble-t-il - toujours conformé à la bienséance. Elle était, en ce monde crépusculaire, plus pure que bien des choses, que bien des êtres... Elle n'aurait jamais pu être la maîtresse d'un homme marié. Elle n'aurait jamais pu contenter Hector autrement qu'en étant son adversaire échiquéen... Et cela n'eut fait que le tourmenter toujours plus ! Lui, de son coté, tenait à garder sa ligne de conduite, à faire de son mieux pour que Grâce soit bien avec lui et devienne son amie autant que son amante. Aussi, à l'aube, le baron de Sombrebois avait mis son lourd manteau bordeaux et, sous la grisaille des nuages et avant d'attaquer une longue journée de travail, s'était rendu au Temple de la Trinité. Il remettait son salut entre les mains des Trois. Il s'était agenouillé devant leurs statues et leur avait demandé d'effacer l'ange blond de sa mémoire. C'était mieux pour tout le monde. Pour elle, pour Grâce et pour lui.


Lorsqu'il était sorti du lieu saint, il était plein d'espoir. Il s’apprêtait à rejoindre la première personne qui devait l'aider dans ses travaux... mais un couple de sa connaissance croisa son chemin. Sur le parvis du majestueux Temple, le chevalier de Cul-Rieux et sa femme le saluèrent. Poliment il fit de même. Il aurait espéré que cette entrevue s'achève ainsi mais ce ne fût pas le cas. Ces ennuyeux personnages semblaient à tout prix vouloir expliquer à Hector qu'ils étaient là pour demander l'aide d'Anür. Ils voulaient un petit héritier de Cul-Rieux.


Grand bien leur fasse !


Hector faisait mine de s'intéresser à leur propos mais il craignait que les Cul-Rieux se fassent curieux et lui demandent ce que lui venait faire ici. Il regarda au loin, espérant trouver quelque part une raison de quitter ce couple bavard... mais il n'en trouva pas. Il souriait légèrement pour cacher sous tourment - mais ce sourire ne cachait pas totalement son air soucieux et son regard agacé.


Dernière édition par Hector de Sombrebois le Mer 11 Mai 2016 - 19:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé]   Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé] EmptyLun 4 Avr 2016 - 16:09
La petite démone blonde avait menti. Le regard bas, ses mains se tordant, entremêlées dans les plis de ses jupes, le sourire hésitant et tremblant, elle attendait à présent le jugement de sa domestique.
Celle-ci ne fit que marmonner quelques mots : qu'elle allait prévenir la maîtresse des lieux que toutes deux souhaitaient sortir.

Un soupir de soulagement s'échappa finalement de la bouche de la fille Montoya et les marques de sa culpabilité commencèrent à s'estomper peu à peu tandis que la servante partait vers d'autres appartements que les siens. Le froufrou de sa robe et le bruit de ses talons résonnèrent longuement.
Luna déplia les froissements de sa tenue, puis boita jusque un miroir pour vérifier qu'elle n'avait pas défait sa chevelure en jouant avec une mèche auparavant. Mère allait accepter, n'est-ce-pas, même si elle ne lui offrait guère de visite et faisait passer l'information par le truchement d'une de leurs gens. Et ce sans explication du réel but de sa visite au temple exactement ?
Elle avait dit qu'elle avait des questions, pour son professeur. Rien n'était moins vrai. A dire vrai, jamais elle n'oserait aller importuner l'illustre prêtre plus que nécessaire : elle le faisait déjà assez lors de leurs cours.

Son but exact était de se rendre à la bibliothèque, ce lieu empli de choses intelligentes. Elle avait beau savoir qu'il y avait quelques livres à la maison, elle souhaitait en découvrir plus. Davantage. Cet endroit magique auquel le domaine d'Anür devait ressembler contenait donc l'espoir de combler son ignorance, puisque interroger autrui ne suffisait guère.
Mais voilà, elle n'était pas sûre que son envie de connaissances soit du goût de Mère. A part les jolies robes, les bijoux et ce genre d'objets parfois dignes de figurer dans un manuel de torture, la matriarche ne s'intéressait pas à grand chose. Oh, si, à la peinture, un art que sa fille ne maîtrisait absolument pas et n'avait pas l'intention de réellement travailler plus que cela.
Lorsque la puinée avait fait à son ainée un résumé des premières leçons reçues par son précepteur, son interlocutrice avait fait la moue en entendant le privilège que l'on lui avait offert ; celui de pouvoir venir tourner les pages de manuscrits sur place. Pour Mère, une femme se devait de plaire. Pas de pouvoir converser sur autre chose que la couleur de ses rubans. Elle paraissait songer que le savoir faisait fuir tout potentiel galant.
Bref, si ceci expliquait le mensonge que la jeune femme avait fourni pour sa maman, cela ne le pardonnait pas pour autant et Luna se promit de prier d'autant plus pour faire oublier son péché. Du moins si on lui donnait bien le droit de sortir.

La servante rassura d'un sourire sa gracile maitresse en revenant et les deux damoiselles se préparèrent pour sortir. Grâce aux cieux et à la terre, la châtelaine douairière était toujours éveillée en cette heure de la matinée et avait offert à sa descendance la liberté qu'elle désirait pour la journée à venir, ce sans même râler. Quoi qu'avait raconté sa dame de compagnie, cela avait fonctionné.
Revêtue d'une de ses capes habituelles, la donzelle pressa donc les préparatifs, ne prenant pour sa part, tandis que sa suivante se démenait à exécuter des tâches ancillaires, dans son escarcelle qu'un peu d'argent pour quelques douceurs et un mouchoir pour ne pas tâcher les pages qui allaient lui tourner la tête, plus surement encore que les liquides alcoolisés des salons. Ou qu'un sourire offert par qui que ce soit.

Sa marche fut plus rapide que normalement -sans courir cependant - et son oscillement moins prononcé. Malgré la fatigue, elle était heureuse. Autour d'elle, en conséquence de ses pas plus réguliers, ses jupes apparaissaient presque flotter sur le sol, comme le faisaient si bien habituellement les autres nobles dames.
Elle ralentit, enfin, en arrivant à la porte séparant le sang bleu et reste du monde. Un hochement de tête fut offert aux miliciens en place, puis l'enfant reprit sa route, déjà plongée en pensées dans ce qu'elle allait chercher à dévorer du regard. Trouverait-elle des livres d'Histoire ? Ou des contes et légendes inconnus ? Des manuels pour les soins de base ? Oh il y avait tant à faire... Et les heures passaient si vite !
Le cœur battant, échangeant avec sa compagne de route quelques erratiques dires connus d'elles seules tellement ils étaient bas, Luna songea soudainement que non, finalement, parfois le temps passait bien trop lentement. Que le temple lui paraissait loin encore.

La journée avait beau s’annoncer douce, la châtelaine ne percevait que son but. Elle ne sentit pas les rayons de l'astre du jour encore pas totalement levé venir taper sur sa chevelure, lui donnant davantage de dorures. Elle n'apprécia guère à sa juste valeur non plus le paysage formidable qu'il offrait.
La nuit avait enlevé son froid manteau, laissant messire Soleil s'étirer tel un chat dans un ciel à la robe surtout bleue, mais tout aussi rose, or et violacée. Les bras ensommeillés de la boule jaune venaient déposer avec délicatesse mille et une formes difficilement blanchies sur les murs et les toits. Ils passaient au travers de nuages, qui, à l'instar d'oiseaux fantomatiques, avaient une consistance vaporeuse et légère. Presque invisibles, peut-être camouflaient-ils en leur sein les petits monstres nocturnes que l'étoile solaire renvoyait chez eux. Toujours était-il qu'ils filaient comme le vent, insensibles aux fangeux et aux humeurs humaines qu'ils survolaient. Pour peu que l'on avait de l'imagination, l'on pouvait aussi voir passer des anges menus et à moitié nus tirant à toute vitesse ces filets cotonneux aux formes variables.

Le tableau qu'elle formait avec la puinée chargée de la surveiller aurait presque pu être joli, lui aussi, si seulement elle ne boitait pas et si, sans faire exprès, tout à coup, Luna après avoir lâché ses jupes ne manqua pas de faillir se ramasser sans aucune manière. Trop distraite, elle sentit son pied droit déraper soudainement dans un petit trou sur la chaussée et grimaça quand sa compagne l'agrippa par le bras pour éviter qu'elle ne titube comme un marin trop saoul et peu habitué à l'absence de roulis sur le sol ferme.
Sagement alors, l'enfant décida de se focaliser sur ses pas pour le reste de la traversée. Muselant son imagination ubéreuse et son impatience, le dos bien droit, elle ne fit ainsi pas une seule autre bourde de ce genre.

... Ce fut les joues quelque peu rougies par leur marche même lente qu'elle parvint sur le parvis du temple. Le lieu majestueux fut dévoré par son regard. Elle caressa tendrement des yeux les pierres usées par le temps et son cœur rata un battement pour le rattraper d'autant plus vite quand elle pensa à ce qu'elles renfermaient exactement. Il fallait qu'elle obtienne de Mère et Père le droit d'y passer une bonne partie de ses après-midis. Peut-être Père pourrait-il lui arranger cela ? Il avait été tellement... Adorable lorsqu'ils avaient parlé de ses fugues nocturnes.
Jamais elle n'avait songé jusqu'alors que son papa était au courant de tout. Mais il était maitre en sa maison, elle aurait dû s'en souvenir. Il ne pouvait pas ne pas savoir.

Enfin... Un dire de sa domestique lui fit glisser son attention ailleurs. D'abord sur le visage légèrement parcheminé de sa servante, puis sur ceux aux alentours. Son sourire se fit plus timide à chaque nouveau faciès, mais s'agrandit - tout comme son regard - en percevant quelqu'un en particulier.
Elle ouvrit la bouche, sans doute pour dialoguer avec sa compagne, mais la referma presque aussitôt, en offrant à celui qui l'avait surprise des regards par à-coups.
L'homme était toujours aussi grand et robuste que dans ses souvenirs. De là où elle marchait à pas encore plus fortement alentis que précédemment, elle percevait sa bouche de couleur cinabre ne bouger que de rares fois. Oserait-elle aller l'importuner ? Non, ce serait incorrect, même si l'envie ne lui manquait guère. Il était occupé par un couple qu'elle ne connaissait point. Se faire présenter et l'entretenir d'une passion qu'ils avaient en commun serait malvenu.
Indécise malgré tout, elle arrêta sa route, sous l’œil surpris de son séide qui lui manda si tout allait bien. Un hochement de tête et quelques murmures rassurèrent la pauvrette qui se demandait déjà si sa maitresse n'avait pas attrapé quelque chose. Après tout, le fait que sa rougeur se soit accentuée pouvait signaler une fièvre. Ou autre chose...

Avait-il revu leur partie ? Avait-il ronchonné, lui aussi, devant son plateau seul en ne parvenant pas à se rappeler un coup joué par l'un ou l'autre ? Lui en voulait-il de n'avoir pu lui accorder une balade ? Elle aurait voulu lui dire que cela aurait été avec plaisir, dans d'autres circonstances et l'imagina encore concentré sur un plateau.
Elle ramena vivement ses mains sur le devant de ses jupes, camoufla l'une par l'autre, pour que l'on ne remarque pas que ses doigts bougeaient, comme à la recherche de pièces en bois inexistantes.

Finalement, après un temps, la domestique apposa sur son bras une petite pression, lui faisant signe qu'il leur fallait pénétrer dans la bâtisse. Chose qui n'avait plus, pour le moment, le même intérêt qu'auparavant, mais comment l'avouer ? Ce serait offrir une vérité qui ne devait pas être prononcée.
Avec un coup d’œil empli de regrets à l'intention d'Hector, suivi par un menu sourire penaud, la jeune femme commença donc fort lentement à obéir à l'ordre, priant déjà mentalement pour que la prochaine fois qu'ils se croiseraient, ils auraient tous deux la possibilité de dialoguer.
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MessageSujet: Re: Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé]   Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé] EmptyMar 5 Avr 2016 - 11:51
Était-ce possible ? Les Dieux pouvaient-ils être si sourds à ses prières ? C'était elle qui apparaissait là, derrière les deux curieux. Celle qu'il voulait oublier... Elle se rappelait déjà à son doux souvenir...


- Monsieur de Sombrebois ?


Hector n'entendit pas cet appel du chevalier. Toute sa capacité sensorielle était à présent concentrée dans sa vue, dans le regard qu'il portait à la lointaine jeune fille. Elle était accompagnée d'une servante, a priori. Elle regardait dans sa direction à la dérobée, les mains posées l'une sur l'autre devant ses jupes, intimidée. Si distante aujourd'hui, elle semblait bien plus petite que l'autre soir, bien moins assurée. Hector se félicita de ne pas lui trouver ce matin là tout le charme qu'elle avait revêtu lors de leur partie d'échecs. Était-ce cela, le résultat de sa prière ? Les Dieux lui proposaient-ils de la trouver banale, bancale, petite et sans attrait ? Hector se tourna vers les deux nobles.


- Je suis désolé j'ai fort à faire aujourd'hui, je dois vous laisser.


Une certaine impolitesse mais peu importe... Il y avait bien plus important que froisser les Cul-Rieux. Il regarda de nouveau vers Luna pendant que le couple le saluait avec la politesse qu'exigeait leur différence de rang. Luna avançait vers le temple, vers lui... Et, à mesure qu'elle approchait, son visage apparaissait plus entier, plus lumineux, plus expressif. Ses yeux émeraude aux mille brillants détails revêtaient un éclat nouveau et semblaient vouloir lui communiquer quelque chose. Hector, la bouche entrouverte, affichait un visage surpris. Il retrouvait la Luna qui l'avait charmé à l'auberge. En silence elle lui disait qu'elle était désolée, qu'elle ne pouvait pas s'arrêter pour lui parler, qu'elle aurait bien aimé...


Lui eut à peine le temps de sourire, tant il fût surpris par son propre revirement dans sa perception de la jeune fille. Déjà, elle n'était plus là ! Il se tourna bien vers l'entrée du temple mais il n'eut le temps de distinguer qu'une cape qui disparaissait dans l'ombre froide des pierres séculaires.


Hector fit un mouvement de tête à l'adresse des deux nobles et, d'un pas lent, déçu par son manque de réactivité, quitta le parvis du temple.


Lui ai-je au moins montré un peu de chaleur ? d'amitié ?Pesta-t-il intérieurement.


Sa requête aux Dieux avait disparu de sa mémoire comme il avait souhaité, précédemment, que l'image de Luna l'eut fait... Quelle ironie ! Maintenant, il était juste déçu. Déçu de ne savoir ce qu'elle avait perçu de lui. Son sourire tardif, elle avait dû le voir mais que voulait-il dire ? Et ses yeux ? Ses yeux avaient sans doute montré plus de surprise que de ravissement...


Hector ne se retourna pas. Il continua sa route, ne sachant s'il devait être heureux ou malheureux. Une chose était sûre : Les Dieux s'étaient bien joués de lui.
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MessageSujet: Re: Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé]   Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé] EmptyJeu 7 Avr 2016 - 20:33
Citation :
Hj : N'étant fort pas douée pour les histoires rigolotes, pardonnez-moi pour le rp pourri qui suit.

Elle laissa échapper un grand sourire, la damoiselle, qu'elle tenta de camoufler derrière le dos de sa main, comme si il n'était qu'une toux malingre et désarticulée.
L'éclat de joie furtive dans son regard, cependant, prouvait réellement que son geste n'était qu'apparence. Il lui était de plus impossible de cacher totalement la rougeur qui envahit ses joues, lorsqu'elle se sentit à moitié coupable de se moquer des tracas d'un autre.

Il fallait dire que la rumeur que venait de lancer innocemment la domestique avait de quoi rendre guilleret certains. Une consœur lui avait visiblement expliqué que tout n'allait pas bien dans la demeure de sa maîtresse. On avait volé d'abord quelques pièces sans intérêt : un pinceau jauni, une breloque, une statuette fait dans un matériel lumineux. Rien qui ne valait des milliers, même si cela n'excusait guère le geste. Un peu inquiète, la dame de la maison avait cependant fait noter ces disparitions à son employée principale ainsi qu'à son épousé.
Aucun d'eux ne se tourmenta, cependant, même lorsqu'une cruche finement ouvragée obtenue en cadeau de noces par la dame se fit la malle. L'on ne prit réellement conscience du tracas que quand deux jupons cousus au fil d'or de la délicate matriarche et une robe sertie de pierres précieuses disparurent à leur tour. La femme fit en effet alors une crise de dame enceinte qui força chacun à l'écouter.
L'on fouilla chaque membre du personnel, ainsi que les malles d'été qui n'avaient point bougé depuis des mois. Les écuries même furent visitées. Mais rien ne permit de recouvrir ces objets volés. Pas davantage que la belle broche qu'ensuite madame perdit.
Chaque nuit par la suite, l'on renomma certains des servants en gardes, pour veiller sur les possessions. L'on engagea même un mercenaire. Hors cela ne servit à rien : les objets continuèrent à disparaitre.
On se demanda si il ne fallait guère appeler un prêtre, pour enlever tout risque de malédiction. Mais nul n'était disponible.
Après des semaines de nouveaux vols et de stress pour toute la maisonnée, fut découverte la vérité. Le seul lieu non vérifié de toute l'habitation était la chambre du maître, car nul ne pouvait concevoir qu'il était responsable et que seul son valet y avait le droit d'y entrer.
L'une des rares fois où il fit le ménage sous la paillasse de son employeur, le séide - Il était homme, il fallait le pardonner de ne pas être doué pour les tâches ménagères. - buta contre quelque chose. Il souleva donc les affaires de nuit pour découvrir ce que chacun cherchait et plus encore. Sur le plancher.
Le Sire des lieux, apeuré par la première grossesse de son épouse, avait développé les caractéristiques d'une pie voleuse endormie. Chaque fois qu'il venait visiter sa compagne, il repartait les bras pleins tandis qu'elle ronflait du sommeil des bienheureux. Il ne s'en rappelait jamais, puisque lui-même n'était pas davantage éveillé.
Dans tous les cas, pour éviter que cela ne se reproduise, il fut décidé que la dame serait placée dans la chambre de son épousé et que son ancien lieu de repos deviendrait son boudoir. Si cela régla le problème, cela n'expliqua pas à qui appartenait la fine bague en or retrouvée au milieu du butin...

L'aubergiste vint déposer une cruche d'eau sur le bord de la table, interrompant leurs gloussements d'écolières.
Puisqu'elle avait obtenu sa journée, la châtelaine avait décidé d'en profiter pour s'arrêter déjeuner ailleurs que dans ses appartements. La belle auberge du quartier noble où Hector et elle s'étaient rencontrés avait donc servi de refuge aux deux affamées qui s'y étaient régalées de quelques frugales plats. Enfin, nuance, la damoiselle y avait picoré tout en jetant des regards pensifs à la table où ils avaient joué tandis que son chaperon avait rempli son ventre. Mais dans tous les cas chacune paraissait repue.
Elles finissaient à présent le verre chaud que l'on leur avait fourni avec leur pitance, plongées dans une ambiance délicieuse. Ce n'était guère habituel que les deux femmes parlent tant ensemble, mais la liberté que l'on leur avait offerte était toute autant insolite. Et la bienheureuse fatigue - conséquence de la matinée - aidant, les langues s'étaient déliées après leur passage à la bibliothèque qui les avait englouties quelques bonnes heures.
Fourbues d'avoir porté de lourds ouvrages et d'avoir passé bien du temps à lire des caractères parfois trop petits, l'esprit ailleurs, elles avaient commencé leur discussion sur des sujets frivoles tels que la broderie et les rubans - la maîtresse de l'une ayant perdu l'un des siens peu de temps auparavant - avant d'enchainer sur les couleurs en vigueur pour les jeunes filles dernièrement. Ensuite, leurs palabres avaient dérivé vers les robes de certaines.

Elles avaient parcouru le temple, murmurant à mi-mots bien des choses que seules des femmes pouvaient entendre et s'étaient arrêtées devant une statue d'Anür pour lui offrir un silence plaisant et plein de prières. Adonc, une fois de retour sur le parvis, la morsure du soleil leur avait paru néfaste un bref instant. Elles avaient cligné des yeux comme si ce spectacle leur avait été refusé des ans, puis souriant comme des enfants, avaient ramené leurs pas vers le territoire qu'elles connaissaient le mieux : au-delà de la porte des anges tout en devisant sereinement. Si elle avait été déçue de ne pas recroiser messire de Sombrebois, elle ne l'avait pas montré.
Leurs pas irréguliers avaient été hésitants ensuite, ils avaient dû choisir entre le parc, la maison et la taverne. La dernière avait eu rapidement la préférence de tous et le chaperon improvisé n'avait rien eu à critiquer. Puisque l'on était de jour et que Luna n'était pas seule, il n'y avait rien d'inconvenant à aller se désaltérer dans un lieu public.

Bref. Ainsi s'étaient retrouvées les deux femmes sur ces petits tabourets, devant une table moins gracieuse que celles familiales, mais tout autant utile. Leurs chuchotis ne s'étaient interrompus que bien peu de temps : quand autrui s'approchait trop de leur bulle notamment. Elles avaient été placées légèrement à l'écart, dans un simili d'alcôve qui n'offrait pas grande intimité, mais cachait au moins légèrement leur vue aux inconnus qui vaquaient, une chope ou des sous à la main et leur permettait de parler.
Du moins la servante parlait. Luna, elle, écoutait et réagissait parfois, l'incitant à continuer quand elle s'essoufflait. Après tout, cela l'occupait.

Elle étira ses jambes sous la table, veillant à ne point buter contre les pieds chaussés de sa compagne. Rester assise toute la demi-journée l'avait endolorie ici et là. Finalement, il serait peut-être délicieux d'aller se promener. L'atmosphère du jardin ducal devait être fort revigorante en cette heure gracieuse.
Et même si ce n'était le cas, cela l'empêcherait de songer à une partie d'échecs qui s'était jouée là. Qu'il avait l'air si occupé, ce matin, le messire de Sombrebois. Allait-il bien ? Il avait souri, lui semblait-il. Mais peut-être cela n'avait-il été adressé qu'à ses partenaires. Pas à elle. L'avait-il vue seulement ? Serait-il heureux de la percevoir de jour, si ils se croisaient dans la rue et avaient le temps d'échanger quelques palabres ?
En fait, elle ne savait pas trop. Vu sa bonhommie, elle aurait dit oui, mais ne le connaissait pas assez pour être sûre. Lanceraient-ils une partie sans plateau ?
Attirée comme un moustique par le feu, elle ne pouvait s'empêcher de jeter à la dérobée des regards remplis de souvenirs heureux vers les sièges où se déroulaient ses réminiscences les plus proches physiquement parlant, à demi-camouflés de sa position. Quel dommage qu'elle n'ait jamais trouvé une soirée pour revenir. Tenir leur promesse.
Celle qu'ils s'étaient fait alors, lorsque l'ambiance était bien différente, les gens moins nombreux. La nuit avait étendu son voile et avait assombri chaque détail. Pourtant, dans la clarté du jour elle revoyait parfaitement certains des coups qu'ils avaient échangé.

Elle se sentait néanmoins un peu coupable d'avoir ainsi brisé l'étiquette, mais le plaisir d'avoir joué avec un adversaire galant homme et fort gentil surpassait sa honte. Et puis, c'était un secret. Normalement, à part l'aubergiste qui l'avait saluée comme si rien ne s'était passé ici, personne ne savait combien avait duré la partie. N'est-ce pas ? Tant qu'elle ne l'avouait pas à Père, elle avait donc des circonstances atténuantes à son manque de manières. Enfin, tant que son géniteur n'apprenait pas non plus son emploi du temps d'alors.
Sa conscience la travaillait cependant à ce sujet. Devait-elle expliquer à son paternel tout ce qu'elle avait fait cette nuitée là ? Il ne lui en avait pas voulu lorsqu'ils avaient discuté de ses voyages dans la basse ville. Mais se retrouver avec un homme seul dans une auberge n'avait pas grand chose à voir avec ses pérégrinations. Elle risquait de le décevoir et de lui faire honte... Mais ce n'était pas comme si c'était son unique non-dit, n'est-ce pas ?

Elle lança un dernier coup d’œil à la table de jeu si vide en ce jour et tenta de se forcer à reporter toute son attention sur sa chope et sa domestique. Cette dernière était déjà lancée et à la moitié d'une nouvelle anecdote croustillante, mais Luna se força à écouter chaque mot de sa fin.
Quitte à ne pas comprendre, autant se montrer polie...
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MessageSujet: Re: Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé]   Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé] EmptyVen 8 Avr 2016 - 11:18
Ô rage, ô désespoir ! Hector n'avait pas trouvé Grim ce matin dans Marbrume. Il voulait lui commander un nouveau tonneau de sa mixture inflammable mais il n'était pas aux endroits où Hector le trouvait habituellement. Le baron en fût navré et se décida finalement à rejoindre son deuxième rendez-vous avec un ingénieur. Avant cela, il décida d'aller se consoler - et de remplir sa pense - dans une auberge. Et devinez laquelle il choisit ? Et oui, évidemment, celle-là même où il avait, l'autre soir, partagé une partie d'échecs avec la jeune Montoya.


Il entra et offrit un sourire à la serveuse qui vint lui proposer une table. Manger seul ne lui était ni familier ni très agréable. Mais il avait une idée.


- Puis-je m'installer à cette table ? Demanda-t-il à la demoiselle en désignant la petite table pour deux qu'il connaissait bien.
- Bien sûr, monseigneur.


Et la demoiselle habillée aux couleurs des pies accompagna le baron jusqu'à la petite table. Hector pensait que déjeuner avec le fantôme de Luna pourrait être agréable. Les souvenirs étaient encore vivaces dans son esprit. Les mains frêles de la petite blonde qui déplaçaient les pièces, ses yeux un peu timides, ses joues qui passaient du blanc au rose, sa myriade de cheveux clairs... Il ne serait pas vraiment seul ainsi. Marchant tranquillement jusqu'à la table, Hector regarda autour de lui pour voir s'il connaissait quelqu'un. La noblesse de Marbrume n'étant finalement pas très nombreuse, il salua d'un mouvement de tête trois ou quatre nobles qu'il connaissait un peu. Ses yeux se portèrent alors sur une petite alcôve, un peu à l'écart... Et là, il la vit de nouveau ! Plus souriante que sur le parvis du temple, plus joyeuse qu'au lever du jour, il la trouva radieuse. Elle semblait finir de déjeuner. Elle était avec le même chaperon que tantôt et elles discutaient avec entrain.


Hector l'observa avec tendresse. Elle lui semblait si angélique, là, dans cette auberge, dans cette alcôve où une petite fenêtre éclairait légèrement la table et ses mains pures. Sombrebois regarda ces jolies mains claires qui jouaient avec une choppe sans intérêt. Il enleva son manteau et le tendit à la serveuse. Celle-ci dût lui dire quel était le menu mais il ne l'entendit pas. Il s'assit en souriant, les yeux toujours posés sur le visage juvénile de Luna. Il était heureux de la revoir ici.


Le visage du baron exprimait une sorte de tranquillité, de contentement, de soulagement. Il attendit que Luna le voit à son tour et son sourire bienveillant s'élargit. Il inclina très légèrement la tête à son attention... quand il sentit la présence de la serveuse à ses cotés. Il la regarda. Elle semblait agacée. Depuis combien de temps attendait-elle là ?


- Un plat du jour et une petite cruche de vin rouge, commanda-t-il simplement.


Hector se disait qu'il aurait sûrement un instant libre, bientôt, pour aller voir Luna et échanger quelques mots avec elle. Il ne savait pas ce qu'il pourrait lui dire mais ce n'était pas un problème, il trouverait bien ! Il sortit un petit ouvrage de mécanique de sa poche et l'ouvrit devant lui, histoire de se donner un peu de contenance et d'avoir un prétexte à fournir à quiconque lui demanderait ce qu'il faisait là, seul, à quelques décamètres de son manoir. Le chapitre concernant les engrenages de bois était celui qui l'intéressait le plus et il le commença distraitement en attendant sa commande. A vrai dire, les mots qu'il lisait ne formaient pas de phrases dans son esprit ! Il n'arrivait pas à se concentrer sur l'ouvrage - relativement compliqué qui plus est ! - et ses yeux étaient inexorablement attirés par celui de la noble demoiselle dans l'alcôve. Il la regarda à nouveau, espérant pouvoir échanger quelques pensées avec elle.
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MessageSujet: Re: Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé]   Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé] EmptyLun 18 Avr 2016 - 0:45
Il était là, assis comme si il allait prendre les blancs. Elle le remarqua sans le voir une première fois, assurée que son esprit dérivait pour trouver un palliatif à la discussion avec sa servante qui enchainait encore sur une autre histoire et commençait à perdre pas mal d'intérêt.
La fille Montoya ne perçut pas le hochement de tête de l'homme ni réellement son sourire, mais s'attendit presque à l'entendre dire que c'était à elle de jouer. Alors, vivement, comme pour ne pas se laisser tenter, elle retourna la tête vers sa domestique et fit encore semblant d'être une élève attentive.

Pourtant, un nouveau coup d'oeil après de menus battements de coeur lui prouva qu'elle n'était point dans un rêve quelconque. Il était bien posé à leur table, ouvrant un livre. A moitié camouflé par l'angle de vue mauvais qu'elle avait, il paraissait occupé par les pages qu'il tenait.
Surprise. Zut. Joie. Corne de bique. Un semblant de frustration vint déposer un goût amer sur sa langue, se mêlant à une joie enfantine, tandis qu'elle souriait à son séide en jupons. Il lui était impossible de tenir sa promesse à l'égard du seigneur de Sombrebois, de leur offrir une revanche, même si les deux parties étaient enfin réunies. Le plateau n'était qu'à quelques palabres d'eux, mais tout l'empêchait de le demander.
L'heure, la compagnie, la présence de trop de monde étaient autant d'obstacles à ce plaisir qu'elle se voyait refuser, mais qu'elle appelait.

Alors, puisant dans son imagination bien trop débordante pour satisfaire son envie puérile, elle commença un énième jeu en duo, prenant le baron comme adversaire mental. Ses doigts à lui vinrent se saisir d'un de ses pions d'une blancheur exacerbée alors qu'il tournait une page...
Elle lui offrit un nouveau sourire absent tout autant dédié par politesse à sa servante qui s'esclaffait suite à quelques mots sans importance quand le fou blanc se mouva.
Luna ramena ensuite une mèche de ses cheveux invisible derrière son oreille tandis que leurs cavaliers entraient dans la danse puis elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose en voyant l'un des fols et albâtres esclaves reculer, mais la referma en silence en coulant un regard à la table devant elle où se déroulait sa partie fantasmagorique.

Il s'amusa entretemps à lui manger quelques pions qu'elle vengea rapidement, happant une de ses pièces, ce qui le força à retourner en défense. Peu de temps plus tard, les deux camps protégèrent leur royauté respective grâce à des tourelles fortement armées.
A moitié dans ses pensées, si ce n'était davantage, elle joua adonc avec les chopes devant elle pour les placer tels les rois en des gestes lents. L'un à coté de sa main droite à elle, l'autre à coté de la gauche de sa suivante qui ne parut guère se rendre compte plus que cela de sa manœuvre distraite.

Ses doigts dissipés et ailleurs vinrent par la suite caresser délicatement le rebord du verre devant elle. Loin d'espérer tirer de leur effleurement un sifflement désagréable, ils esquissaient une tête couronnée qui ordonnait à ses troupes de se battre...
A un moment, bien après qu'elle ait repris la danse des pièces dans ses rêveries, l'on la tira bien malgré elle du sommeil éveillé dans lequel elle s'était plongée. Elle se demanda si c'est parce qu'elle avait gigoté sans le vouloir, trouvant soudainement les sièges trop durs pour ses fesses. Mais non.

Le chaperon attendait une réponse à une question qu'elle n'avait pas même ouï ne serait-ce qu'un peu et s'agaçait quelque peu du manque de réaction de sa compagne. Elle en arrivait même à effleurer le bras de sa maîtresse et à faire de petites moues.
La damoiselle prit un air confus de circonstance, demanda à ce qu'on lui répété l’énoncé qu'elle avait foiré et la domestique obéit de manière condescendante, vexée peut-être de ne plus avoir de public conquis.
Un sourire timide vint orner les lèvres de la puinée tandis qu'elle donnait enfin son avis à la femme plus âgée en face d'elle. Prenant pour excuse ensuite de vouloir mirer la salle, elle fit profiter Hector de ses fossettes, s'assurant par là qu'il était toujours en place et se portait mieux que ce matin.
Si seulement elle pouvait aller lui parler...

... Il fit une erreur, finalement, après bien du temps. En avançant un pion en G, il rendit sa défense plus faible, lui laissant une piste à explorer. Ou pas en fait. L'erreur était sienne, puisqu'elle l'avait imaginée, comme tous les autres échanges de pièces qui avaient précédé ce coup. Stupide, stupide Luna.
Un regard furtif à l'homme lui prouva qu'il ne lisait fort heureusement pas dans ses pensées et ne l'avait point perçue lui faire faire une ineptie. Ouf. Elle n'avait donc pas à s'excuser.
Cependant, en ramenant son attention sur sa servante, elle s’aperçut que celle-ci par contre avait suivi ses derniers gestes, même les plus innocents. Et qu'elle fusillait maintenant sa protégée de ses iris, ne comprenant rien à la situation....

Finalement, après un soupir, la vieille enjoignit la jeune à sortir en se penchant vers elle. Elles n'avaient soit disant que trop tardé ici-même.
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MessageSujet: Re: Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé]   Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé] EmptyMer 20 Avr 2016 - 9:20
L'art de la transmission de pensées n'est pas aisé. Il aurait sans doute fallu, pour le faciliter, que l'interlocutrice d'Hector échange avec lui plus que de rapides coups d’œil et des sourires absents... Mais celle-ci, dans sa position, accompagnée d'un attentif chaperon, ne semblait pas pouvoir se le permettre. Néanmoins, à bien y regarder - et Hector ne se gênait pas pour observer attentivement le doux visage de Luna - elle ne s'occupait pas vraiment de sa compagne. Elle semblait perdue dans ses pensées, quelque part entre le baron et la domestique, peut-être...


Hector la vit se jouer d'une mèche de ses blonds cheveux et ouvrir sa bouche comme pour dire quelque chose... mais ses yeux bleus-verts, dans le vague, ne semblait vouloir définir le destinataire de tous ces gestes... s'il y en avait un ! Par vanité, sans doute - ou était-ce de l'espoir ? - Hector imagina qu'elle les adressait à lui. A présent, elle jouait avec les chopes de sa table... Ces belles mains aux doigts élégants dansaient sur ces récipients en une étrange chorégraphie.


Hector fronça les sourcils et la chorégraphie finit par s'éclaircir dans son esprit. Ces choppes, grosses et cylindriques, elle en dessinait un contour en dents de scie... comme des couronnes ! Le visage du baron s'illumina. Ses yeux s'ouvrirent un peu plus grand, brillant d'un éclat nouveau, et un sourire en coin apparut dans sa barbe épaisse. Elle "jouait" aux échecs ! Rien de très explicite, bien sûr, mais tout de même, elle semblait s'imaginer quelque partie en se figurant les objets qui l'entouraient en pièces noires et blanches. C'était aussi amusant qu'intrigant et Sombrebois prit un malin plaisir à la regarder faire. Malheureusement, cette partie fut finalement interrompue par une réprimande de la chaperonne. La magie disparue...


Hector en profita pour écarter son livre afin de laisser la place à l'assiette et le vin que la serveuse apportait fort à propos.


- Merci.


Et il but une gorgée de vin rouge.


Lorsqu'il posa son verre, un sourire plus franc était visible sur le visage de la jeune Montoya. Et elle le regardait ! La main d'Hector trembla un peu sur son verre. C'était un rayon de soleil qui illuminait le cœur du baron. De jolies fossettes se dessinaient sur les - sans doute - douces joues de la jeune châtelaine. Souriant à son tour, Hector décida de faire comprendre à Luna qu'il avait compris son petit manège en avançant légèrement son verre sur la table, comme s'il avançait un pion d'une case. Avait-elle compris ce geste de connivence ? Rien n'était moins sûr. Elle fut de nouveau rappelée à l'ordre par son dragon et les deux femmes se mirent sur le départ. Le visage d'Hector montra une légère panique... Lui qui croyait avoir le temps d'échanger un peu avec sa partenaire d'échecs risquait de la voir partir avant même d'avoir pu lui glisser un mot.


Hector voulut se lever pour la saluer mais, à ce moment précis, le patron de l'auberge arriva à sa table.


- Le plat ne vous plait pas, monseigneur ?


Effectivement, Hector n'y avait pas encore touché.


- Je ne sais pas, j'étais plongé dans mes... dans ma lecture, fit-il en désignant son livre.


Déjà les deux femmes passaient derrière l'aubergiste. La main d'Hector glissa vers le rebord de la table près duquel passait Luna sans pouvoir le franchir. Hector aurait pu se lever et saluer les dames... mais bousculer ainsi le patron aurait été assez malpoli. Aussi le baron se résolut-il à ajouter à l'homme qui se tenait à coté de lui :


- Mais je suis sûr que c'est très bon... - il eut une idée ; il haussa la voix - tout est toujours très bon chez vous !


Il espérait qu'à son tour, Luna saisirait son allusion à la bonne soirée qu'ils avaient passée ici tous les deux...


Quelques secondes plus tard, Le baron se trouva bien seul. Plus de patron, plus de Luna, même plus de serveuse pour lui re-remplir son verre ! Il se contenta de finir rapidement son repas avant de reprendre son livre et de quitter l'auberge. La journée était encore loin d'être finie. Il devait aller voir une femme qu'il ne connaissait pas mais qu'on lui avait recommandé... Hector cherchait un ingénieur et cette femme était, selon un autre baron, le meilleur ingénieur qui soit ! Sombrebois était plein d'espoir bien que prudent vis à vis de cette femme-ingénieur. Selon lui, ce métier était un métier d'homme. Il était parfois de la vieille école, notre brave Hector... Mais qu'importe, il se rendit aussitôt à l'adresse de la dame, dans le quartier de Bourg-Levant.
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MessageSujet: Re: Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé]   Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé] EmptyMar 26 Avr 2016 - 15:04
Elle sourit, distraitement, humant le bon air frais. La journée disparaissait lentement au profit du soir, comme chaque jour à cette heure en ce moment. Et le ciel trop azuré se couvrait de la couleur des alysses et des pâquerettes tout en laissant messire Soleil s'esquiver, agrandissant les ombres au sol tout en rajoutant des reflets là où on ne les attendait pas toujours.
Ainsi, dans cet espace délimité qu'était le jardin ducal, tels des hommes qui dépérissaient les corymbes de roses autrefois rouges ou chairs prenaient des tons violacés, l'herbe bien entretenue se noircissait, les buis finement taillés semblaient s'alourdir et les arbres pleurer.
Leur houppier apparaissait plus las qu'au temps où les rayons de l'astre journalier les baisaient totalement, si bien que l'on pouvait presque confondre leur fût avec quelque poteau dressé sans raison pour peu que l'on ne levait pas la tête. Leur ramule cependant rappelait parfois aux oreilles attentives ce qu'ils étaient en gémissant sous l'embrassade du vent. A bien y regarder, si les nervures de leurs feuillages étaient devenues véronèses et leurs limbes un chrome parfait, elles aussi vivaient toujours, se chahutant dans des murmures à peine prononcés.
Etaient-ce en tout cas des elfes qui agitaient les aiguillons fins que l'on percevait autour de tiges disparates ? Leurs doigts agiles attiraient parfois sur l'objet de leur amusement les dernières lueurs jaunâtres, prévenant en les transformant en dagues miniaturisées les passants de ce qu'ils risquaient si ils s'approchaient...

Il n'y avait pas tant de brise que cela ; guère assez en tout cas pour faire se soulever trop les pétales à moitié endormies qui se refermaient pour espérer emprisonner la rosée dans un futur proche.
Les coiffes de ces dames ne craignaient donc point de s'envoler et restaient paisiblement coincées, les jupes se soulevaient à peine en de petites vaguelettes tandis qu'elles esquissaient des pas lents.
Ici, rien ne s'entendait ou presque, outre le son de ces marches paisibles et ceux plus douceureux de la nature enchantante. Si il existait un havre de paix en ce monde, c'était bien là que l'on pouvait le trouver : dans ce jardin ducal ouvragé par la main de l'homme et pourtant sauvage. La nuit qui approchait ajoutait à cette impression de rêverie qui se dégageait de la verdure : le chant pépié d'oiseaux nocturnes


Bref. Les deux femmes se baladaient quoi, profitant des dernières lumières de la journée et de celles de la nuitée qui s'avançaient à leur tour.
Elles s'entretenaient d'un sujet on ne pouvait plus commun : les fleurs qui les entouraient et pour lesquelles toutes deux ressentaient quelques affections nuancées. L'une préférait les tulipes si gracieuses et élancées, l'autre avait davantage de goût pour ces glycines violacées et leur profusion qui les faisait ressembler à de longs rideaux fleuris.
La domestique avait donc décidé de décrire par le menu les caractéristiques de chacune de leurs préférences, comparant ce qui était incomparable. Pour tromper l'ennui et cette fichue partie d'échecs mentale qui ne s'effaçait guère de son esprit, Luna elle tentait de se concentrer sur les détails que sa vue désespérante ne lui permettait pas de percevoir. Le babillage de la dame de compagnie l'embêtait, mais voilà, elle mettait tout son coeur dans ces babillages dignes d'une moujingue et sa chaperonnée n'osait plus l'interrompre. Et puis, si elle osait, elle ne pourrait s'empêcher d'encore tenter de décrypter les gestes de messire de Sombrebois à la taverne. Ainsi que ses dires.
Elle n'avait pas compris grand chose aux signes qu'il lui avait envoyé et n'était pas sûre de devoir leur chercher une signification à dire vrai. Le baron avait beau avoir apprécié leur partie, il ne souhaitait sans doute pas lui parler plus que cela en dehors du plateau. Comme tous les adultes, il se montrait simplement poli à son égard en lui offrant de l'attention quand elle le mirait. Alors donc, pourquoi laisser son imagination chercher des définitions à des choses qui n'en n'avaient pas ? Non, vraiment, elle ne devait plus y songer.

Finalement, lorsque la bavarde reprit son souffle, Luna en profita pour la faire changer de sujet et l'on partit donc sur les roses.
Aussitôt, pour la reine des fleurs, les envolées lyriques reprirent à propos des pétales pointues, de leur douceur soyeuse au toucher, de la forme si courbée de sa corole, de ses mouvements terriblement délicats. D'autres mots fut offert à son calice si verdoyant, à ses piques si fragiles et si cruels. L'on enchaina sur la couleur de cette beauté quand la fille Montoya, n'y tenant plus, interrompit l'ancienne.

" Savez-vous qu'il existe bien des légendes sur cette fleur ? "

Demanda-t-elle doucement tandis que l'employée reprenait son souffle et de la salive.
Luna continua, menant sa comparse à un banc où toutes deux prirent place.

" Notamment, l'on dit qu'antan la rose n'était que tendresse et innocence. Vêtue de sa plus belle robe blanche, elle se baladait partout, riant à tout. "

Une main fut avancée comme pour se saisir d'une des fleurs en question à leur coté, mais se retint au dernier moment. La jeune fille se redressa en silence.
Elle ne balbutiait pas avec son interlocutrice, par habitude, aussi continua-t-elle ensuite d'une voix assurée.

" Quand par un beau jour, messire Rossignol la vit ; il se pencha de sa branche pour contempler son coeur et fut séduit. En gazouillant, il vint se poser à son coté et faire la cour à Dame Rose qui ne lui prêta aucune attention, trop occupée à prendre soin de sa robe.
Messire Rossignol continua cependant, jour et nuit, à chanter pour sa mie sans se soucier même de boire ou de manger. Au bout de quatre jours, sa voix n'était plus qu'un souffle qui s'égarait, mais il ne s'arrêtait pas, trop amoureux de sa belle.
Alors Dame Rose lui somma de se taire, l'entendre ne lui complaisant plus. Messire Rossignol accepta ; contre un baiser. Dame Rose s'inclina vers lui et réfléchit la requête de son chevalier si courtois. "


Elle releva le menton, fixa d'une manière rêveuse le vide qui les entourait.

" Après maintes délibérations, elle lui donna donc son aval et il se précipita dans ses bras. Les épines lui déchirèrent la chair. Ce fut son bec contre ses pétales qu'il poussa son dernier soupir avant de disparaitre pour le jardin d'Anür. "

Elle inclina légèrement la tête, apparaissant détailler du regard un point en particulier, puis rougit en fermant les yeux.

" Depuis, l'on dit que le sang de Messire Rossignol tâche toujours grâce à l'aide des dieux la robe bien des filles de la trop orgueilleuse naïve, pour rappeler à cette sotte reine quel amour précieux elle a perdu. Chaque matin, chacune d'elles pleurerait d'ailleurs de la rosée à ce sujet car elles savent toutes qu'elles n'en retrouveront jamais un semblable. "

Son attention fut reportée sur sa compagne, à qui elle sourit de manière un peu penaude.

" Mais ce n'est là sans nul doute qu'une histoire pour enfant. Veuillez me pardonner, je vous prie de l'avoir citée... "

Elle enchaina sur un mensonge flagrant qui fut fort heureusement un peu camouflé par le soir tombant.

" Je ne souhaitais vous... Interrompre. "


Son menton se rabaissa, elle porta des doigts à ses cheveux tout en parlant.
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MessageSujet: Re: Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé]   Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé] EmptyMer 27 Avr 2016 - 20:01
Le rendez-vous s'était bien passé. La femme-ingénieur avait bien compris l'idée d'Hector et, moyennant finance, matériel de base (bois, peaux et quincaillerie) et matière première (liquide inflammable), elle était prête à faire un prototype de sa machine à lancer le feu ! C'est donc avec une certaine joie qu'Hector prit le chemin du retour par la grande rue des Hydres. Il marchait d'un pas rapide, souriant à qui croisait son chemin. Il avait bon espoir que son idée soit la bonne : celle qui débarrasserait enfin, définitivement, la terre de cette maudite fange.

Mais, plus il approchait de son logis, plus son humeur s'assombrissait. A l'instar du jour, il sentait les ténèbres l'envahir de nouveau. Il repensait à la jeune Montoya, il repensait à sa visite au temple, ce matin même, il repensait aussi à Grâce et à la lente évolution de leur relation. Toutes ces choses, toutes ces pensées, toutes ces relations, avaient une face lumineuse et une face ténébreuse. Et là, il ne pensait qu'aux zones d'ombre de celles-ci. Les Dieux se moquaient de lui et de ses tourments. Luna, la pure, l'inatteignable, lui resterait à jamais interdite. Grâce, elle, ne changerait jamais, ne serait jamais comme il le souhaitait, ouverte et franche, naturelle et joyeuse... Et pourtant, n'est-ce pas comme ça qu'elle avait été à l'aube de leur relation, avant leur mariage ? Comme tout souvenir, celui-là était magnifié par le temps qui le séparait du présent. Mais quoi qu'il en soit, ce souvenir, cette femme qu'il avait croisé dans les jardins du duc, celle qu'il avait aimé au premier regard, lui manquait. Hector laissa ses pas le guider, de rue en rue, perdu dans ces pensées.

Ce n'est que lorsque le chant gracieux d'un oiseau de nuit le sortit de ses songes qu'il s'aperçut qu'il était aux portes des jardins ducaux.

Pourquoi pas...

Qu'espérait-il voir en franchissant les portes de cet îlot de verdure ? Le fantôme de la jeune de Brasey ? Son visage se para d'un sourire mélancolique. Il marcha lentement jusqu'à l'arbuste derrière lequel Grâce l'avait embrassé il y a bien longtemps. La chaleur de ce baiser était encore intacte dans sa mémoire. Il posa sa main sur sa joue comme pour offrir de nouveau ce fabuleux contact à sa joue... en vain.

Reprenant sa marche au hasard, il passa devant des tulipes dont la clarté défiait - également en vain - l'arrivé de la nuit. Là haut, l'étoile du berger brillait plus intensément que la lune.

Luna !

Elle était là, un peu plus loin, dans ces mêmes jardins, vers les roses. Comme ce matin et ce midi, elle était en compagnie de sa même domestique. Et Hector avait le cœur gros. Il resta un moment derrière elles, à l'arrêt tout comme elles. Elles parlaient. De quoi ? Hector n'en savait rien. Il fit demi-tour et pensa un instant à hurler. Pourquoi diable devait-il vivre cela ? La voir sans pouvoir simplement lui parler. Il marcha jusqu'à l'un des bancs proches de l'entrée du parc et s'y installa pour se calmer. Il respira lentement, regarda les sombres plantes de cette nature apprivoisée, vida son esprit de sa colère, puis regarda, au loin, le visage angélique de la jeune châtelaine. Elle semblait heureuse, parlait avec entrain à sa compagne. Hector la trouva plus belle encore dans cette intime obscurité.

Puis il se décida à agir ! D'un bon il se leva et alla dans la direction des deux femmes. Luna caressait gracieusement sa divine chevelure claire. Hector vit les deux femmes prendre une allée. Il prit alors cette même allée, mais dans le sens contraire, pour les croiser, pour la voir face à face ! Les battements de son cœur s'emballèrent légèrement en pensant à ce qu'il allait faire mais il ne ferait plus demi-tour. Lorsqu'il arriva à un mètre d'elles, il s'arrêta. Il ouvrit la bouche pour parler mais en un éclair, il se ravisa... Leurs deux dernières "rencontres" s'étaient faites sans échanger un mot. Alors la troisième ne dérogerait pas à cette drôle de règle ! Il adressa un discret et courtois sourire à la domestique et inclina légèrement sa tête pour la saluer. Et, lorsqu'il tourna son visage vers Luna, son sourire s'élargit et ses yeux s'éclairèrent d'une lueur joyeuse. Son visage tout entier révélait le bonheur qu'il avait à se retrouver face à elle... et il ne cachait pas la complicité qui les liait - n'en déplaise au chaperon...

Hector était amusé de son petit jeu et se demanda si la domestique se douterait de quelque chose. Aurait-il un jour la réponse ? Les Trois seuls le sauraient. Il s'inclina à l'adresse de Luna et se décala enfin pour laisser passer les deux femmes, choisissant le coté de la jolie blonde, pour observer du coin de l’œil, sa réaction.
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MessageSujet: Re: Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé]   Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé] EmptyVen 6 Mai 2016 - 23:54
Il existait en effet bien des contes et légendes liés aux fleurs de tout genre. Des centaines, ou tout du moins des dizaines et des dizaines, dont certains parlaient même de la naissance première de ces bourgeons.
Par exemple celui-ci...
Il y a très très longtemps, une délicate humaine du nom de Rose et aux joues rougies par le bonheur, vivait dans ce qui faisait antan la région. Son sourire bienheureux charmait chacun, tout comme ses pas de danse qu'elle maitrisait à merveille. Car la demoiselle valsait en effet à chaque heure, esquissant des pas chassés le reste du temps.
Il vint le temps de la marier et son père, l'aimant tendrement, lui laissa poser ses conditions. L'enfant demanda donc à ce que chaque prétendant lui ramène la plus jolie et incongrue des fleurs existantes. Elle précisa que celui qui lui offrirait le plus merveilleux de ces présents deviendrait son époux, quoi que soit son tempérament. Aussitôt, son papa fit-il courir une annonce et trois hommes répondirent.

L'un avait depuis bien longtemps la préférence de la future mariée. Le jeune John au regard rieur et à la blondeur des champs avait grandi avec elle. Mais il ne possédait rien, outre une poignée de terre et des connaissances en botanique. Rose savait que son père ne l'aurait jamais accepté comme gendre si elle l'avait demandé directement, mais espéra de toute son âme - priant Serus - qu'il gagnerait.
Le second prétendant à se présenter dans les rangs se nommait Elor. Soit disant fils d'un riche homme aux responsabilités nombreuses, il n'était que de voyage dans le coin et était tombé sous le charme de la délicieuse jeune fille à marier. L'on ne savait rien de plus de lui, outre qu'il paraissait assez austère.
Le troisième, qui avait les faveurs du père, se nommait Ehren. Héritier de terres aux alentours, il avait la jeunesse de John, mais guère sa sincérité. Et derrière ses courbettes se cachaient parfois mille mensonges que son argent excusait.

Chacun de ces hommes se mit donc à la recherche de la plus précieuse, la plus incongrue des fleurs. John ramena, rapidement, un coquelicot d'un blanc virginal que Rose vit telle une merveille. Il n'en poussait guère dans les champs qui bordaient la maison et elle dansa de joie en disant que nul autre ne pourrait ramener mieux tant les pétales étaient délicats et splendides.
Son père lui conseilla avec sagesse d'attendre, cependant. Les autres hommes pouvaient bien faire un miracle.

Et il y en eut bien un. Ehren revint trois semaines plus tard, tenant dans ses mains une marguerite bleue que le géniteur de la future épousée trouva magique. Le cœur brisé, Rose pria Serus de lui accorder un moyen de fuir cette odieuse alliance et le dieu lui offrit puisque lui aussi aimait tendrement cette jeune fille. Il appela un rossignol qui vint se poser sur la fleur, grignota un bout et mourut, à cause du poison que contenait le colorant.
Ehren fut donc disqualifié, ayant tenté de tromper tout le monde. Il ne restait plus qu'à attendre Elor...

Ce dernier mit tant de temps à revenir que Rose avec les jours devint de plus en plus folle de joie. Remerciant Serus, elle lui promit de ne plus lui demander de faveurs outre de continuer à veiller sur elle et sur son futur mariage. Car elle allait épouser John elle en était sûre.
Trois mois passèrent, durant lesquels son père fit envoyer des hommes à la recherche d'Elor, refusant à son enfant le droit d'annoncer ses fiançailles tant que le dernier promis ne serait pas de retour ou prouvé mort.

Les gardes revinrent finalement, portant l'homme qu'ils cherchaient. Sa barbe aux reflets bleutés avait tant poussé qu'il était méconnaissable ; ses doigts étaient couverts de tâches disparates. Mais au moins était-il là.
Il tendit au maître des lieux une fleur qui surprit chacun tant elle était étrange. D'un jaune bordé de noir, le bourgeon à peine éclot ressemblait à celui du muguet, bien que ses contours étaient bien plus longs et courbés vers l'extérieur. On aurait dit aussi qu'en son centre il retenait une goutte de rosée tant l'intérieur changeait selon comment on le mirait.

En voyant cette merveille, la main de Rose fut accordée à Elor par le père de l'enfant avec joie. Les festivités et fiançailles durèrent trois jours, un pour chaque mois de recherches du promis. Au terme de ce trio de lever de soleil, Rose fut amenée devant le prêtre.
La veille la jeune fille avait tenté d'attendrir son père, mais celui-ci, pas davantage que Serus, ne lui permit point de revenir sur ses promesses. Elle avait juré d'épouser quiconque lui ramènerait un tel présent et de ne plus demander quoi que ce soit, aussi devait-elle à présent s'y tenir.
Elle s'y tint et l'on raconte encore qu'elle se présenta à son mari tel un pâle fantôme au cœur brisé. Ainsi, elle devint mariée et ne sourit ni ne dansa plus jamais.

Elor, des mois plus tard, la ramena chez lui, loin, par delà les mers et les nuages, mais Rose ne trouva à ce voyage rien de fabuleux. L'ennui et le désespoir la brisaient chaque journée un peu plus.
Se parjurant, elle priait Serus toutes les nuits de lui rendre John, mais le dieu se refusait à l'écouter. Même Anûr et Rikni ne lui prêtèrent guère main forte...

L'arrivée chez son époux la fit pâlir d'horreur quand elle s’aperçut qu'il n'était ni noble, ni vraiment riche réellement et que son père n'existait plus depuis bien longtemps. Son mari était simplement un peu sorcier : il ne devait ses atours qu'aux potions qu'il vendait et la fleur qu'il lui avait offert poussait ici à profusion. Elle n'avait rien de rare...
Il conduisit son épousée à une vaste demeure en très mauvais état qu'il prétendit être la sienne et lui confia une clef d'un grand trousseau qui lui appartenait. Avec rudesse il lui dit qu'elle ne craignait rien ici, tant qu'elle n'allait pas voir les autres pièces et ne restait que dans celle qui était sienne.
En lui faisant jurer, aussi, de ne pas sortir dehors puisqu'elle ne connaissait pas les lieux, il la laissa là à peine installée et disparut par un couloir.

Elle contint sa curiosité, jusqu'à ce que même sa lassitude l'ennuie trop. Flouée par cet homme qui ne revint pas la voir pendant des jours, elle sentit une colère désespérée la gagner et se décida à lui désobéir. Parce qu'il avait menti et parce qu'elle souhaitait retrouver John et l'envie de danser, la belle Rose prit quelques affaires ainsi que la poudre d'escampette vers l'extérieur.
Sans se préoccuper de visiter les laboratoires d'alchimie de son mari, les geôles pour ses expériences ou le reste de la maisonnée, elle brisa sa promesse et ses vœux de mariage en lui désobéissant totalement et le paya.

Après six jours de marche vers là où pour elle se trouvait la maison de son père, elle tomba, épuisée, sur le sol de terre battue. Seule.
Ses derniers mots, à peine murmurés furent pour John et Serus. Le dieu l'entendit et sans doute eut-il pitié puisque pour la belle Rose, il créa un miracle.

Le fermier qui pleurait toujours l'absence de l'élue de son coeur, vit, là où s'écrasaient ses larmes, naître de petites plantes à grande vitesse. Chaque sanglot cumulé aux derniers souffles de Rose les firent pousser plus vite. Et bientôt, des fleurs majestueuses et d'un blanc immaculé s'offrirent au regard éploré du pauvre homme.
Leurs pétales semblaient aussi fragiles que celles du coquelicot qu'il avait offert à son aimée, mais aussi bien davantage veloutés. Leur blancheur avait un lien on ne pouvait plus clair avec la fleur précédemment citée et avec la couleur de la peau - outre des joues - de la divine Rose. Et le vent les faisait danser, doucement, tendrement.
Ainsi nomma-t-il rose cette nouvelle merveille qui n'était apparue que pour lui seul, sans se douter qu'au même moment, sa muse expirait.

On dit que jusque son décès à lui, John replanta devant la maison d'enfance de celle qu'il aurait voulu épouser bien des boutures de cette plante et ne se maria jamais. Quant à ce que devint Elor, il fallait pour le savoir se pencher sur une autre histoire...

La petite Luna s’apprêtait à enchainer sur ce conte sans grand intérêt quand messire de Sombrebois se posta non loin d'elle et de sa compagne. Lire lui avait permis d'apprendre plein de petits textes de ce genre complètement puérils, innocents et pleins d'une morale cachée. Ils ne lui servaient à rien, véritablement, à part à rêvasser et éviter que sa servante ne reparte dans un babillage agaçant.
Si Rose n'avait pas désobéi à son épousé et aux promesses faites, sans doute serait-elle toujours en vie à l'époque où elle s'était tuée de fatigue. Peut-être serait-elle de plus heureuse, à force de faire son devoir de femme et de fille. Car tenir sa parole n'apportait-il pas bien des satisfactions ? Et si elle avait moins aimé John, jamais le dieu de la nature n'aurait eu pour elle et son aimé tant de douceur...

Un regard interloqué fut offert au noble tandis qu'il les saluait ou du moins inclinait la tête pour son dragon, se contentant d'un sourire pour elle qu'elle lui rendit avec timidité. Trop polie sans doute, elle s'inclina ensuite lentement à son égard, sans rien dire et se redressa presque aussi peu prestement. Il n'avait pas l'air fâché. Ouf.
Elle ouvrit la bouche et la referma, laissant à sa domestique le soin de dire quelques mots de salutation qu'elle approuva d'un nouvel hochement de tête. Son attention vint fixer le sol, quelques secondes. Le faciès légèrement penché vers le coté droit, elle ne releva pas le menton, mais ses yeux revinrent rapidement sur Hector qui se dressait là.

Elle pensait bien l'avoir aperçu, tout à l'heure, tandis que l'une comme l'autre se relevaient du banc où elles avaient pris place, mais elle avait mis sa vision sur le compte de ces songes furtifs qui ne la quittaient pas, même quand elle parlait d'autre chose.
Elle força sa partie mentale à se terminer avant de relever la tête complètement. Ses mains vinrent trouver refuge sur le devant de ses jupes et ses poignets s’entrelacèrent. Si son sourire ne se mouva pas d'un iota, son regard parut se faire plus pétillant quand il se posa sur son interlocuteur impromptu encore, après avoir dévoré l'horizon sans trop bouger.

Madame sa domestique babillait à nouveau, mais ce verbiage creux que la puinée avait tenté d'éviter précédemment ne lui était plus destiné à elle. Heureusement. Elle n'était guère sûre qu'elle aurait supporté encore longuement que sa servante se serve d'elle comme d'un... Miroir devant lequel s'exprimer sans fin et pour rien.
Bon, si qu'elle ait trouvé une nouvelle cible n'était pas pour lui déplaire, que cela tombe sur un gentilhomme tel que le seigneur de Sombrebois la peinait un peu. Il ne méritait pas cela, aussi à son air malicieux se joignit une rougeur nouvelle sur ses joues. Dire qu'il n'avait pas même le temps de répondre, même quand elle prenait une simple inspiration...

Ses fossettes se réduisirent finalement quelque peu, ses doigts parurent esquisser quelques gestes de leur propre volonté, puisque de ses mains qui restaient bien à leur place, elle montra ses paumes après ne lui avoir présenté que leur dos.
Elle adressa un air davantage penaud au baron, ramena ensuite une mèche invisible encore derrière son oreille gauche avant de laisser son poignet se reposer là où il se trouvait précédemment. La femme causait de l'heure à présent. Elle allait vouloir qu'elles fuient, puisqu'il était tard. Point assez pour devoir courir à la maison, mais trop pour discuter avec un homme, fut-il haut placé, dans un lieu aussi vide.

La fille Montoya passa un bout de langue hésitant sur l'intérieur de ses lèvres entrouvertes en offrant une nouvelle révérence à leur interlocuteur silencieux. Elle s'inclina davantage que la première fois, d'un centimètre ou deux, peut-être pour le remercier d'une chose. Puis elle récupéra un semblant de sourire en dirigeant toute son attention sur lui une fois totalement droite.
D'un pas fort alenti elle suivit la matrone qui souhaitait rentrer pour se reposer disait-elle fermement. Si ses yeux restèrent sur Hector, sa tête elle se tint bien droite dans le sens de sa marche.

Peut-être rêva-t-il ensuite. Peut-être pas. Ses lèvres à elle bougèrent à peine, nébuleusement. S'étirèrent-elles en un énième sourire ou murmurèrent-elles bien deux simples lettres rauques lorsqu'elle passa à son coté sans l'effleurer ?

" D4. "
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Hector de Sombrebois



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MessageSujet: Re: Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé]   Une longue valse muette [PV Luna & Hector] [Terminé] EmptyMer 11 Mai 2016 - 18:58
Elle avait la beauté des poupées de porcelaine. Elle se tenait là, droite et un peu gênée, les yeux bas. Elle souriait un peu - malgré elle ? - et croisait ses poignets dans une posture presque enfantine. Hector échangea deux ou trois banalités avec sa servante mais il ne pouvait détacher ses pensées d'elle. Il fût heureux - ô combien heureux - de voir qu'à son sourire de connivence, Luna répondait par un regard étincelant. Tout lui semblait alors possible. Mais cet instant de grâce fût malheureusement interrompu par une nouvelle salve de mots de la domestique. Hector répondit poliment mais ce n'était que pour rester un peu plus auprès de la jeune Montoya, pour tenter d'échanger encore un peu avec elle.

Celle-ci, avec ses mains, semblait lui dire "et oui, je suis désolée, elle est bavarde." Hector lui fit un discret clin d’œil pour approuver cette pensée mais déjà l'heure de la séparation était arrivée. Une révérence échangée avec Luna et il s'écarta de leur route. Lorsque la noble demoiselle passa devant lui, il crut entendre un murmure de sa part, deux syllabes qu'il ne comprit pas tout de suite. Sa main s'était tendue dans la direction de la jeune fille sans s'avancer assez pour pouvoir la toucher. Sa chance était passée. Il fit un pas derrière les deux femmes puis s'arrêta. Il n'était pas un rôdeur ou un voleur, n'est-ce pas ? Il ne pouvait pas les suivre ! Il resta donc là, regardant avec regret les deux silhouettes quitter lentement les jardins. Une vague de tristesse le submergea. Il n'arrivait pas encore à savoir pourquoi. Il marcha d'un pas las vers les rosiers et arracha un bouton de rose qu'il cacha dans le creux de sa main.

D4 !

Voilà ce qu'elle avait dit ! D4. Que cela voulait-il dire ? Il s'agissait bien sûr d'une ouverture classique aux échecs... Mais n'étant pas, ni elle ni lui, devant un échiquier, cela devait signifier autre chose, mais quoi ? Il soupira de dépit. A quoi bon se poser cette question ? Ils ne pourraient jamais rien partager de plus que quelques parties d'échecs. Elle était bien trop sage, bien trop parfaite, cette belle enfant. Elle ne se laisserait jamais aller à tomber amoureuse, elle ne laisserait jamais ses sentiments la perdre dans les bras d'un homme. Elle était bien trop pure pour cela. Le mariage ? La cours ? Tout cela dégoûtait Hector à présent. Tout cela lui rappelait trop de choses...

Il quitta les jardins du duc et rentra chez lui. Le manoir était calme. Il monta les escalier. Sa chambre était rangée, vide et froide. Il mit dans le verre d'eau qui traînait sur sa table de nuit le bouton de rose puis se déshabilla et se blottit sous les couvertures comme il faisait enfant.
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