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 Gazelle [Luna & Azhim]

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Azhim KhalilDomestique
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MessageSujet: Gazelle [Luna & Azhim]   Gazelle [Luna & Azhim] EmptyDim 3 Avr 2016 - 13:55
-- Gazelle --


Luna Montoya & Azhim Khalil


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C'était plutôt rare qu'il quittait le château. Encore plus la nuit. Autant, cela pouvait lui arriver en plein jour, pour acheter des commissions pour sa maîtresse, autant, de nuit, c'était une tout autre histoire. En fait, il ne se souvenait même plus la dernière fois qu'il avait mis les pieds dehors à une heure aussi tardive. Cela devait remonter aux temps où il vivait encore à la rue, pas plus tôt.

Alors, il excusait la boule d'angoisse qui lui tordait les tripes. Il excusait ses mains tremblantes d'appréhension et de nervosité. Maintenant qu'il était dehors et éloigné de son chez-lui, il n'était plus du tout sûr de lui. Pourquoi être sorti, alors ? Quelle idée saugrenue l'avait fais quitter son lit douillet ?
L'envie. Subitement, il avait repensé à son enfance. À son toute première vie, dans la grande maison en bois. Oui, c'était revenu comme ça, d'un seul coup, alors qu'il se regardait fixement, dans le miroir de son appartement. Il voulait la revoir, juste une fois. Une toute petite fois. Voir ce qui était advenu de cet endroit où il grandit, cet endroit qui fit de lui ce qu'il était à ce jour.

Et il avait cédé à cette pulsion soudaine. Sans un mot à personne, juste un mensonge bidon aux garde de la demeure Sombrebois, prétextant un caprice de Grâce qu'il devait combler rapidement.

Il referma son long manteau – le plus sobre qu'il possède – sur le devant de son corps et croisa les bras contre son buste, tête baissée, en avançant dans les rues de Marbrume. Il savait, malgré le calme apparent, qu'il était loin d'être seul et qu'il risquait à tout moment de se faire attaquer. Pour éviter au maximum les hostilités, il s'était vêtu simplement, sans bijoux ni artifice. Sans pour autant ressembler à un pouilleux – jamais de la vie ! -, il se fondait beaucoup mieux dans le décor. À sa ceinture et juste au cas où, était glissé un petit stylet, à la base réservé aux femmes pour se défendre. Il n'avait pu trouver que cela, dans sa hâte et l'effervescence de sa sortie.

Enfin, la grande maison se trouvait face à lui. Tout juste entre les Bas-Quartier et la Hanse, elle marquait la frontière entre ces deux lieux. Elle n'avait pas changé, à par qu'il n'y avait plus de volets aux fenêtres du dernier étage. La lueur d'une bougie créé des ombres mouvantes sur la fenêtre. La chambre de Vitéric. Là où aucun enfant n'avait le droit d'entrer. Il ne dormait pas encore, l'ancien maître d'Azhim. Ce dernier aurait aimé le revoir. Voir ce qui était advenu de ce vieil homme mauvais. Pouvoir affronter son regard, ou juste pouvoir le regarder. D'un côté, il lui faisait toujours peur. Peut-être même se sentirait-il ridiculement petit face à lui. Mais il s'en moquait. Y'avait tous ses souvenirs qui remontaient à lui dans une nostalgie tout à fait particulière.

Le nez en l'air, il laissait le vent glacial lui chatouiller le visage et s'infiltrer dans ses cheveux, pensif. Il demeura ainsi de longues minutes, plongé dans son passé. De la buée s'échappait de ses narines à chaque expiration, venant gercer un peu plus ses lèvres. Le froid rendait sa peau douloureusement sèche. Il n'avait jamais vécu ailleurs qu'ici, mais il n'avait jamais pu supporter les températures glaciales. Il tombait malade chaque année, et priait pour que les beaux jours reviennent rapidement.

Offert à ses songes éveillés, le domestique en vint même à baisser sa garde et à ne plus prêter attention à ce qui pouvait s'approcher.
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Luna MontoyaChâtelaine
Luna Montoya



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MessageSujet: Re: Gazelle [Luna & Azhim]   Gazelle [Luna & Azhim] EmptyMar 5 Avr 2016 - 0:39
Les domestiques, dans l'esprit de Luna, faisaient partie des meubles d'une maison noble, tout en disparaissant plus souvent qu'une commode en bois par exemple. Aussi pour ne pas s'attacher, la fillette avait tôt pris l'habitude de ne jamais retenir leur prénom plus que cela, ou leur faciès.
Ainsi elle ne pouvait songer langoureusement à quelques souvenirs auxquels ils étaient liés et elle n'avait pas de regrets quant à l'absence de l'un ou l'autre. Oh elle se montrait toujours fort polie avec eux, mais cela s'arrêtait là. Elle ne leur demandait jamais si ils mangeaient à leur faim. Ou encore si leur petite dernière qu'elle ne connaissait pas avait des cours avec un précepteur. Les servants étaient juste des pièces humaines dont d'autres disposaient pour elle. Elle n'avait donc pas à prendre soin d'eux. Ils étaient au final moins importants que des morceaux de son jeu d’échecs, mais davantage que ses poupées.

Par rapport aux séides d'autrui, la damoiselle avait la même image en tête. Elle ne les mirait que d'un œil absent, notant un joli sourire ou une lignée de cils fort noire avant de l'oublier parfaitement. Complètement, oui, le mot correspondait bien. Tant que l'on ne lui avait pas présenté réellement untel ou qu'ils n'avaient eu une discussion, il n'y avait guère d’intérêt à surcharger sa mémoire, même pour complaire à quelqu'un d'autre. Il y avait toujours mieux à penser.
Et, après tout, les nobles n'étaient pas censés frayer avec les petites gens qui étaient à leur service ou à celui d'un confrère. Même si les hommes, d'après la rumeur, trouvaient aux femmes de ce genre quelques avantages que la jouvencelle n'entendait guère entièrement. Son père y compris, si elle avait bien complété les bruits de couloir.

Enfin... Toujours était-il que tout cela expliquait pourquoi elle n'avait pas reconnu le bel Azhim lorsqu'elle s'était approchée et pourquoi elle ne savait toujours pas qui il était quand elle fouilla dans son balluchon pour en extirper un bout de miche de pain noir.

Elle avait conscience qu'elle n'aurait pas dû s'arrêter, là, devant cette grande maison sans intérêt si ce n'était qu'elle n'avait plus de volets au dernier étage. Elle n'avait rien à faire dans ces rues, à part se rendre à sa destination, puis à la suivante, encore à une autre, puis une énième et enfin rentrer. Devenir une cible pour un brigand affamé n'était pas dans ses priorités.
Mais, en percevant l'homme seul et aussi immobile qu'une statue, elle s'était dit qu'elle savait sans doute ce à quoi songeait cette si forte et si infortunée créature. Peut-être était-il revenu devant ce qui lui appartenait antan. Un foyer. Une maison. Deux choses qui avaient disparues d'autant plus pour bien du monde depuis que les fangeux étaient les rois sur tout le duché.
Combien exactement étaient dans son cas, elle n'aurait su le dire. Mais ils étaient tant à se retrouver dans le Goulot ou le Labourg, à battre les rues telles des âmes en peine, en chemises de seconde main quand ils avaient de la chance. Et ils revenaient, là, à pieds, à l'endroit où ils vivaient avant leur déchéance, pour repartir vers leur nouveau chez-eux encore plus abattus.

L'obscurité totale, presque sans étoiles, fit qu'à part sa silhouette ni malingre ni énorme, elle ne perçut rien de plus. Ni son regard absent, ni ses troubles. Camouflé par la noirceur, il paraissait simplement presque ne pas respirer, le menton levé.
Elle s'avança de six pas une fois sa recherche de mie et de croûte devenue fructueuse, claudiquant pour réduire de moitié la distance entre eux et put apprécier de menus détails qui ne lui dirent rien. Là, la courbe d'une lèvre. Ici un vêtement fort sobre, sans doute donné par le temple ou réminiscence de sa vie passée.

Non, elle ne regrettait donc pas, finalement, d'avoir fait une entorse à son plan de route. Elle avait fait une pause, parce que sa tourmente potentielle à lui l'avait touchée. N'était-ce pas aussi important, finalement, que tout le reste ? Parce qu'elle avait décidé de l'aider, sur un coup de tête, comme elle le faisait pour tant d'autres. Il le méritait, si il parvenait à vivre ici ou plus bas, dans les bouges que l'on nommait quartiers.

Mais voilà, comme chaque fois, le plus dur était le premier contact et... Elle ne savait que dire. Que faire. Tous ces gens étaient plein d'honneur, quand on grattait la crasse qui les recouvraient. Certains même étaient trop fiers et il valait mieux laisser derrière soi à manger que de leur offrir directement.
L'étranger à la peau rendue si foncée par la nuit, là, serait-il dans ce cas ? A cette idée, elle n'osa lui tendre la portion de nourriture et resta silencieuse trente secondes de plus, hésitante. Un coup d’œil aux alentours lui apprit cependant qu'il n'y avait rien de visible pour poser un quignon sans le salir, aussi se força-t-elle à reprendre du courage.

Allons. Il n'allait pas la frapper pour avoir simplement voulu s'assurer qu'il dinait ou aurait à manger demain. Tout au plus l'engueulerait-il fortement en lui disant que ce n'était pas ses affaires et dans ce cas elle n'aurait qu'à fuir vite et bien vers la Hanse.
Prenant une profonde inspiration, les doigts tremblants malgré les gants qu'elle avait revêtu en vitesse avant de disparaitre de sa chambre, elle se posta à deux enjambées de l'inconnu et lui offrit donc à grignoter comme on présente une pomme à un cheval.
La main tendue, le pain sur sa paume tournée vers le ciel, elle tenta de chasser toute trace de compassion de ses traits et de son ton avant de murmurer doucement dans le silence de la nuitée quelques dires sans intérêt. Juste pour être sûre d'avoir son attention.

" Avez-vous faim... Messire ? "


Zut. Elle avait oublié, bêtement, de rabattre en arrière la capuche de sa cape qui ceignait comme chaque nuit son cou. Il fallait espérer qu'il voyait mieux qu'elle dans la nuit et découvrirait qu'il n'avait pas affaire à une vilaine sorcière qui désirait l'empoisonner.
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Azhim KhalilDomestique
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MessageSujet: Re: Gazelle [Luna & Azhim]   Gazelle [Luna & Azhim] EmptyJeu 7 Avr 2016 - 11:15
Son regard se détacha de la bâtisse, attiré par une ombre mouvante, devant lui. S'il n'avait pas eu l'esprit rationnel, il aurait pu facilement penser à un fantôme. Mais il se contenta d'un humain en chair et en os.
Il dévisagea cette personne qui se plantait devant lui. Une petite personne, dont les prunelles claires brillaient dans l'obscurité. Le reflet de la lune donnait à cette peau déjà bien pâle des teintes presque translucides, et, une fois de plus, Azhim eut la vague pensée qu'heureusement, il ne croyait pas aux fantômes.

- Avez-vous faim … messire ?

Elle tendit une main vers lui. Curieux et par réflexe, Azhim saisit ce qu'elle lui offrait gentiment et le porta à hauteur de son visage pour constater qu'il s'agissait d'une simple miche de pain.
Son regard revint se planter sur elle. Elle était mignonne. Jolie, même. Bien que sa vision soit quelque peu altérée par l''absence de luminosité, il était aisé de deviner des traits fort plaisants. Même sa voix était belle. Avec des intonations spéciales, qu'il connaissait bien. Des intonations bourgeoises.

Penchant un peu la tête sur le côté, Azhim laissa planer une seconde de silence avant de prendre la parole. Il ne força pas sur sa voix.

- Que me vaut l'honneur de cette denrée rare ?

Il ne cessait de retracer les traits du visage de la jeune femme, se rendant de plus en plus compte qu'elle ne lui était pas inconnue. Si elle était de sang noble, ce n'était pas surprenant. Grâce connaissait beaucoup de monde, et comme il était toujours collé à elle, il commençait à en connaître aussi.

- Si se balader au milieu de la nuit dans ces quartiers mal-famés me fait croiser la route de bonnes âmes comme vous, je promets passer mes nuits à veiller dehors, ajouta-t-il avec un petit sourire en coin.

Lui qui pensait croiser le chemin de brigands, clochards ou autres immondices, il devait avouer qu'il était agréablement surpris.
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Luna MontoyaChâtelaine
Luna Montoya



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MessageSujet: Re: Gazelle [Luna & Azhim]   Gazelle [Luna & Azhim] EmptySam 9 Avr 2016 - 2:34
Sa main lorsqu'il eut pris le morceau de pain se rabaissa, se reposant sur son paquetage encore trop plein. Heureuse qu'il se soit servi comme elle le lui avait proposé, elle sentit son cœur se serrer lorsqu'il traita le pain noir de met rare. Ne mangeait-il plus à sa faim ? L'obscurité ne le faisait pas ressembler à ces émaciées chimères alcoolisées auxquelles elle songeait plus tôt, mais sa noirceur était trompeuse. Même les rictus s'y transformaient en sourires.

Elle rougit sous le compliment, bénissant la nuit d'être trop ténébreuse pour percevoir tous les traits de son interlocuteur : cela signifiait qu'il ne pouvait en faire de même pour elle. A moins qu'il n'ait de meilleurs yeux, ce qui était fort possible.
Grâce aux jeux d'ombres plus ou moins noirâtres et aux bruits, c'était tout au plus si elle devinait les contours de sa barbe ; quelque chose ressemblant à une moustache. Des froissements presque silencieux indiquaient avec quelques menus détails la présence d'un manteau qu'elle espérait chaud pour lui.

Elle inclina légèrement le torse, camouflant sa gêne de son mieux le temps de le saluer réellement.

" Veuillez je vous prie me pardonner. Messire. De... Pour vous avoir abordé. En faisant preuve de tant d'incivilité. "

Zut. Dire qu'elle n'avait pas prévu de lui parler à la base, juste de lui offrir à manger et de partir un peu comme une malpropre pour ne guère l'importuner. Pourtant à présent qu'il avait élevé la voix à son tour, elle n'osait plus mettre au point ce plan. Peut-être par peur de paraitre trop impolie cette fois.

" Je ne souhaitais vous importuner. "

Expliqua-t-elle sérieusement après un tout petit silence mal à l'aise.
Il fallait qu'elle dise maintenant quelque chose à propos de ses gentillesses, pour le remercier. Ainsi que sur ses sorties nocturnes, pour l'empêcher de tenir sa promesse si elle était sérieuse. D'après ce qu'il lui expliquait, il n'avait guère encore pris l'habitude de revenir trop souvent devant cette demeure. Mais comment lui faire passer alors l'envie de s'empoisonner l'existence en songeant trop fréquemment à ce qu'il n'avait plus ?

" Il... Il y a bien plus ici de bonnes âmes messire. Que de mauvaises. "

C'était là la seule phrase malhabile qui lui était venue à l'esprit, mais elle la regretta à peine sortie de ses lèvres.
Oh, ce n'était qu'une vérité. Il y avait bien en ces lieux bien des bonnes gens, qui avaient plus de courage que la plupart des habitants de la cité. Des héros inconnus du plus grand nombre, qu'on ne percevait pas à cause de la crasse et de leurs mauvaises manières. Mais ce n'était pas ainsi qu'elle allait lui faire comprendre qu'il ne devait pas se tourmenter inutilement.

" Puis-je... Puis-je simplement m'enquérir de votre santé ? "

Demanda-t-elle timidement finalement. Peut-être pour qu'il oublie ses propos précédents emplis de trop de maladresse. A moins que ce ne fut pour lui faire comprendre qu'elle ne voulait vraiment pas jouer au boulet et s'accrocher à lui si il ne souhaitait guère de compagnie.
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MessageSujet: Re: Gazelle [Luna & Azhim]   Gazelle [Luna & Azhim] EmptyDim 24 Avr 2016 - 22:55
Quelque chose de léger, de très doux se dégageait d'elle. À première vue, elle était très jeune. Très naïve aussi. Azhim voyait bien le genre de personne qu'elle pouvait être : le cœur sur la main et les yeux pleins de larmes. Le genre qu'il aurait aimé croiser lorsqu'il était encore dans la rue. Ça arrivait, parfois. Qu'un individu se sente subitement l'âme généreuse et fasse la tournée des clochards. Mais c'était, malheureusement, bien trop rare pour pouvoir sauver la vie de certains malheureux.
Azhim ressentait inconsciemment une certaine rancoeur envers elle. Comme s'il lui en voulait de ne pas avoir été là plus tôt, alors qu'elle n'était sûrement pas née à cette époque.

Il baissa un instant les yeux sur la miche de pain.

- Veuillez je vous prie me pardonner. Messire. De … Pour vous avoir abordé. En faisant preuve de tant d'incivilité. Je ne souhaitais pas vous importuner.

Le domestique haussa un sourcil, dubitatif. Il redressa le menton et avala sa salive, interpellé par cette jeune femme à l'excuse facile. Si elle ne jouait pas un rôle, elle était sûrement d'une gentillesse exacerbée. Le genre de petite bourge qui apprenait à lire dès son plus jeune âge et à qui on enseignait comment manger convenablement à défaut de lui apprendre la vraie vie.
Elle parla des bonnes âmes. Dans sa petite tête, il se trouvait, au sein de Marbrume, des gens bons. Plus de gens bons que d'enflures. Cette réflexion renforça Azhim dans ses pensées : elle n'avait probablement rien vécu. Elle vivait dans un monde où ses yeux demeuraient clos et où on lui chuchotait à l'oreille de belles paroles agréables.

Il eut envie de la contredire sur le champs, mais se rappela qu'il s'agissait-là d'une noble. D'une jeune fille aux idéaux infondés, insouciante, malléable. Une petite gamine qui n'y connaissait rien à la vie. Il suffirait que des bannis parviennent à s'infiltrer dans l'enceinte de Marbrume et tombent sur elle pour que ce soit terminé. En vérité, le domestique se disait que même un gueux pouilleux et imbibé d'alcool pourrait la maîtriser.

- Puis-je … Puis-je simplement m'enquérir de votre santé ?

Un petit sourire étira les lèvres de l'homme qui réfléchit rapidement.

- Je me sens bien mieux maintenant que je vous ai rencontré. Merci. Pour la nourriture également.

Au risque de priver un vrai nécessiteux, Azhim serra le pain entre ses doigts.

- Et ma santé est plutôt bonne. Ce n'est pas facile tous les jours, mais je garde le sourire et la tête haute. C'est ainsi la meilleure manière de survivre, n'est-ce pas ? Et cela me donne parfois la chance de croiser le chemin d'ange gardien.

Il glissa le pain dans la poche de son manteau pour joindre les mains devant lui et incliner légèrement la tête en avant, fermant un instant les yeux, face à la jeune femme.

- Que la Trinité vous bénisse, douce enfant. J'ai grandi dans cette maison délabrée. Aujourd'hui, je donnerais tout pour que mes pas puissent fouler une dernière fois le sol en bois. Pour voir ce qu'il est advenu de ce lieu chargé de souvenirs.

Sa main vint frapper son front :

- J'en perds mes manières ! Permettez-moi de me présenter : je me nomme Azhim. Et aurais-je l'honneur de mettre un nom sur cette voix qui m'enchante ?
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MessageSujet: Re: Gazelle [Luna & Azhim]   Gazelle [Luna & Azhim] EmptyJeu 5 Mai 2016 - 23:36
Si elle fit mine de reflechir, ce fut surtout pour calmer un peu son cœur qui battait de manière désordonnée, comme si les galanteries à répétition avaient rajouté à sa cadence parfaitement imparfaite quelques paragraphes de plus. Mais peut-être valait-il mieux chercher ailleurs la cause de son trouble.
Dans ces grands yeux noircis par les étoiles trop faibles pour n'y jeter qu'un éclat vif et troublant. Dans cette chevelure lâche, courte et en même temps longue puisqu'elle était aussi bouclée que des rubans de soie trop longtemps noués. Dans ce sourire, que là encore les astres daignaient souligner de manière intermittente. Dans cette voix, basse, veloutée, grave sans paraitre terrorisante.

Luna baissa le menton, les joues toujours couleur tulipe. Il n'avait pas l'air de vouloir la faire fuir et ne lui en voulait pas pour ses maladresses. Joie. Et si ses compliments la gênaient donc terriblement, ils le faisaient moins que ceux d'un noble, qu'elle savait moins sincère.
L'homme en face d'elle n'avait pas grand chose à gagner à ainsi la flatter, puisqu'il n'avait pas fait de requête, réellement, à son égard. Alors elle le crut. Un tout petit peu. Pas trop. Son ton à elle n'avait rien de spécial, elle le savait.
Il avait dit que sa voix l'enchantait, en tout cas, donc. Et la demoiselle mal à l'aise songea que l'inverse aurait aussi pu être vrai, si Mère ne lui avait pas appris qu'il n'était pas très poli de dire ce genre de choses. La formulation incorrecte, si elle apportait bien des rêveries à Luna, pouvait aussi être porteuse de cauchemars pour certains.
Après tout, une personne capable de magie, au point d'enchanter, était souvent vue tel un sorcier. Non, vraiment, la voix de du messire ne l'enchantait pas alors. Elle lui plaisait plutôt, même si ses mots la dérangeaient une fois encore tout en flattant la partie d'elle coquette. Qu'il devait être doux d'entendre un conte provenant de ces lèvres bien dessinées.


Elle ne s'était en tout cas pas plantée, lui, Azhim avait bien vécu là et le silence qu'elle laissait se teinta d'un peu de tristesse. Pour lui. Pauvre être. N'y avait-il rien qu'elle puisse faire, pour lui faire garder encore cet air heureux qu'il avait sur les traits ?
Elle ne pouvait ni le loger, ni lui fournir une chambre on ne pouvait plus décente dans une auberge pour plus de quelques nuits ; cela crèverait trop son modeste pécule. Lui donner plus de nourriture ? Il semblait avoir gardé le morceau de pain pour plus tard, puisqu'elle ne l'entendait guère manger devant elle. Peut-être n'apprécierait-il pas davantage de charité alors, puisqu'il n'osait déjà rendre plein son ventre affamé.
Mais n'avait-il pas demandé une chose, simple comme bonjour ? N'avait-il pas dit qu'il désirait pénétrer à nouveau dans la maison de son enfance ?

Elle se tourna vers la porte, hésita. Elle pouvait toujours payer d'elle-même les propriétaires pour qu'ils le laissent entrer. Mais demain. Ce soir, la lune effacée était trop haute pour importuner des gens qui n'attendaient personne. Si toutefois quiconque vivait en cette bicoque ; elle avait l'air tellement... Délabrée. Abandonnée.
Reportant son attention sur Azhim - que ce prénom sifflait délicatement ! -, elle lui sourit encore, timidement pour se faire pardonner de ne s'être présentée avant et lui offrit une courbette polie.

" L'on me nomme Luna, messire. "

L'enfant se remit ensuite à fouiller son paquetage, songeant soudainement que non, ce n'était pas à elle de faire ces démarches. L'homme en face d'elle, trop galant, ne l'accepterait sans doute pas.
Et puis elle le gênerait, si les habitants souhaitaient qu'elle reste à son coté en les voyant tous deux à leur porte. Les réminiscences les plus douces et les plus mélancoliques ne revenaient qu'en présence du silence et de nul autre, souvent.

" Je ne connais guère le... Les personnes qui vivent ici. "

Il sembla qu'elle mit la main sur ce qu'elle espérait trouver, puisque, après une hésitation, elle posa finalement au sol son balluchon et chercha à nouveau à tendre quelque chose à son interlocuteur.

" Mais même si ils sont moins affamés que la plupart des gens du quartier non loin... Ils vous permettront peut-être de venir revisiter votre ancien chez-vous contre... Contre un peu de pitance et quelques récits de vos souvenirs. "

La nourriture réglait bien des soucis, n'est-ce pas ? Et elle permettait d'ouvrir des discussions, parfois, comme la leur.

" Si ce n'est pour vous, s'il vous plait... Acceptez ceci pour eux. "

Rajouta-t-elle en attendant qu'il prenne à nouveau le bout de pain.

" Peut-être pourront-ils vous donner aussi des nouvelles de ceux avec qui vous viviez. "

Murmura-t-elle, songeant que la maisonnette était bien grande pour un seul habitant. Mais semblant songer que ses dires n'étaient pas polis et trop intrusifs, elle rajouta vivement :

" Je veux dire si... Si vous n'étiez guère seul. "

Elle hésita encore puis, ramassant son paquetage, reprit doucement en pensant qu'elle ne pouvait abandonner ce nouveau protégé là. N'osant lui mander son adresse actuelle exacte pour l'ajouter à sa liste de livraisons quasi-quotidiennes, elle tenta de présenter les choses autrement pour lui faire comprendre qu'elle aimerait le revoir. Au moins pour s'assurer qu'il allait bien.

" Si il devait vous arriver quoi que ce soit, messire, que vous ne sauriez gérer. Vous... Vous rendrez-vous chez messire Abel de ma part ? Il vit non loin d'ici. "

Le lieu précis fut indiqué, si le bel homme en fit la requête.
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MessageSujet: Re: Gazelle [Luna & Azhim]   Gazelle [Luna & Azhim] EmptyMar 24 Mai 2016 - 0:23
Finalement, il se demanda s'il n'avait pas fait une bourde en mentionnant son désir de retourner une dernière fois dans cette maison. La jeune femme tourna la tête vers la bâtisse, et le visage d'Azhim fut animé d'un petit tic et son cœur d'un léger soubresaut. De quelle folie était-elle capable pour voir quelqu'un sourire ?
Fort heureusement, elle n'entreprit rien de compromettant pour le domestique et se contenta de se présenter. Luna. Donc, Azhim la connaissait bel et bien. Il l'avait vu discuter poliment avec sa maîtresse, il y a un moment de cela, durant le tournoi des chevaliers. Elle, ne devait sûrement même pas avoir posé les yeux sur lui. La sensation qui animait Azhim était étrange, il se fit la réflexion que même les gueux recevaient plus d'attention qu'un servant. C'était vexant, frustrant voir même attristant.

- Je ne connais guère le … les personnes qui vivent ici.

Il hocha brièvement de la tête et pinça ses lèvres, jetant un regard furtif sur ses mains graciles remuant dans son balluchon, toujours un brin inquiet sur ses intentions. Serait-elle assez folle pour entrer ?

- Mais même s'ils sont moins affamés que la plupart des gens du quartier non loin … ils vous permettront peut-être de venir revisiter votre ancien chez-vous contre … Contre un peu de pitance et quelques récits de vos souvenirs.

Il ne pouvait le nier : cette petite avait au moins le mérite d'être attendrissante. Pour lui, il était limite inconcevable de pouvoir être dans son genre. Douce, gentille, prévenante et autres qualités inconnues. D'aussi loin que remontent ses souvenirs, jamais il ne se souvint avoir eut affaire à une personne faisant passer les autres avant elle-même. Même Clotaire, feu le grand-père de Fleurine, qui pourtant était d'une bonté inégalable, n'aurait jamais agi si cela aurait pu lui causer un quelconque tort, à lui, ou à sa famille.

- Si ce n'est pour vous, s'il vous plaît … acceptez ceci pour eux. Peut-être pourront-ils vous donner aussi des nouvelles de ceux avec qui vous viviez. Je veux dire si … Si vous n'étiez guère seul.
- Vous êtes trop bonne, madame, souffla-t-il après qu'il eut récupéré les mets qu'elle lui offrait gracieusement. Mais la seule consolation que je peux ressentir est que je n'ai aucune angoisse quant au sort de mes proches. La Fange a bien eu raison d'eux, je n'ai maintenant plus de soucis à me faire.

Menteur.

- Seul, il est plus simple de survivre. Je n'ai pas à culpabiliser de ne rien pouvoir mettre dans l'assiette de mes enfants, ni d'étoffe sur les épaules de mon épouse. L'égoïsme me pousse à me satisfaire de cette situation, mais les souvenirs m'empêchent d'en profiter pleinement.

Il leva la tête, laissa son regard vagabonder dans les étoiles. Il était fort, le Azhim. Lui-même semblait croire à ses paroles, à tel point que même si l'interlocuteur connaissait la vérité, il pourrait se mettre à douter.

- S'il devait vous arriver quoique ce soit, messire, que vous ne sauriez gérer. Vous … Vous rendrez-vous chez messire Abel de ma part ? Il vit non loin d'ici.

Son regard sombre vint se replanter sur la menue silhouette de Luna. Un petit sourire en coin vint égayer le visage du domestique qui prit quelques secondes pour répondre d'une voix touchée.

- Je m'y rendrai. Et si un jour, vous nécessitez une aide quelconque, vous me trouverez probablement dans le coin. Je mettrais tout mon cœur à vous prêtez main forte.

Sa main vint attraper celle de la jeune femme pour la monter à hauteur de son visage et y déposer un léger baisemain tout ce qu'il y a de plus respectueux.

- Mais de simples promesses ne pourront jamais égaler les actions que vous faites pour aider les plus miséreux. Je parais bien piètre avec mes belles paroles. J'espère avoir un jour l'occasion de vous prouver ma sincérité.
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MessageSujet: Re: Gazelle [Luna & Azhim]   Gazelle [Luna & Azhim] EmptyLun 13 Juin 2016 - 22:27
Il lui aurait dit à cet instant qu'il était servant de celle qui fut Dame de Sombrebois qu'elle n'aurait pas cessé de le traiter avec douceur puisqu'il était son interlocuteur. Elle se serait même présentée confuse d'une autre manière et aurait mandé un pardon pour ses dires qu'il n'avait visiblement pas mal pris. Mais tôt rentrée, elle aurait oublié plus rapidement ses traits qu'en se le représentant comme potentiel protégé. Elle ne se serait souvenue des rougeurs qu'il avait provoqué sur ses joues qu'en le recroisant et avec une pointe d'indifférence. Un domestique n'avait en effet pour elle que peu d'intérêts. Mais messire Azhim, dans son rôle de miséreux, lui, en avait plein.
Sitôt qu'il délivra sa main, elle inclina le torse à son égard, le saluant tel un commerçant avec qui l'on a aimé négocier un bijou ou un petit contrat, ou un petit noble méritant son respect puis elle sourit timidement encore.

" Je vous remercie pour vos palabres, messire. Et saurai vous les rappeler si... Si le besoin s'en faisait ressentir. Même si... "

Le début de la phrase suivante, ou plutôt la fin de son discours trop court parut lui échapper, à elle, la damoiselle troublée par quelques attentions dignes de salons. Elle s'en mordilla la lèvre, vérifia rapidement que son balluchon se retrouvait bien à son bras. Son regard remonta de force ensuite vers le servant et l'effleura encore, cherchant peut-être aussi par là à imprimer pour de bon son image dans ses rétines abimées.

" Je crains que vous vous fourvoyez sur mon compte. Il n'y a rien de fabuleux à partager ce que la naissance donne... Nos dieux eux-même ne nous incitent-ils pas à cela ?... A veiller que dans le malheur, nul ne soit abandonné ? "

Ses mots furent accompagnés d'une petite note interrogative, mais le calme gêné de ses traits et la petite lueur douce qui naquit dans ses yeux prouvaient qu'elle pensait ce qu'elle disait.
Elle continua, et le questionnement se mua en regrets :

" Je... Je prierai la Trinité, messire pour que vous vous portiez bien. Mais j'ose espérer que vous ne m'en voudrez pas de... De vous abandonner dès à présent.."

Elle inclina à nouveau la tête, glissa ses mains dans son dos telle une enfant qui s'attend à se faire gronder. Le balluchon suivit ses gestes, rebondissant parfois contre ses jupons.
L'enfant aurait voulu adresser, à ce jeune homme qui lui faisait face, un compliment qu'elle ne savait trop comment formuler. On était loin des boudoirs où les amies de Mère recevaient. Heureusement, puisque là-bas les propos la fuyaient à cause de la foule qui s'y trouvait. Mais malgré le nouveau lieu où ils se trouvaient et leur solitude, elle n'en demeurait pas moins mal à l'aise pour mettre en pratique cet art théorique qu'elle connaissait.
La nuit la tira de son ignorance, finit par lui souffler quelques contre-indications à son désir habituel de demeurer muette. Il devait mal voir ses traits, se rappela-t-elle, aussi ne s'offusquerait-il pas de la voir mal à l'aise avec ses mots, sans doute. Elle pouvait donc s'essayer, même avec maladresse, à souffler quelques espérances qui donneraient au cœur solitaire des envies de survie plus prononcées.
Et elle le fit donc, en mettant l'accent sur les qualités de ce serment fait, quand bien même elle n'était guère sûre qu'il ne serait jamais brisé. Mais ce n'était pas comme si elle espérait le vérifier dès cette nuit ou demain. Elle garderait la proposition, elle l'avait promis, au fond de ses pensées. Cependant, à moins d'un miracle, elle demeurerait inusitée.
Elle n'avait besoin de rien pour elle qu'on ne lui offrait déjà.

" Souffrez aussi de m'obliger, je vous prie... "

Commença-t-elle en reculant d'un pas, prouvant par là qu'elle était sur le départ. Il lui restait à livrer de la nourriture qu'elle ne pouvait laisser gâter, même pour les beaux yeux d'un étranger qui tourmentait les battements de son cœur.

" En me laissant me rappeler votre promesse, pleine d'un original honneur s'évapore davantage chaque jour. S'il existe une chose qui mérite nos louanges, ce... C'est bien celle-là. Bien peu de... D'hommes encore donnent leur parole aussi largement. "

Un nouveau et candide sourire accompagna sa déclaration, étira ses joues aux couleurs des fraises sauvages. Puis, enfin, elle disparut s'il ne rajouta rien rapidement et fuit, loin de cette scène trop rapide, mais dont elle se souviendrait un moment. Ne serait-ce que pour ces yeux, si noirs, qui lui avaient paru un temps porter toute la souffrance et toute la douceur du monde.
Ses pieds lui parurent voler un instant, au rythme de son sang, alors qu'elle disparaissait loin du serviteur.
Comme elle le songeait depuis longtemps, cette rencontre lui remémorait que le royaume de la nuit était délicieux pour les vivants. Chargé de mystères et de petits plaisirs que la lumière du jour rendait malheureusement parfois sans saveur.
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