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 Eugène Lastuce - La loi, c'est moi !

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MessageSujet: Eugène Lastuce - La loi, c'est moi !   Eugène Lastuce - La loi, c'est moi ! EmptyJeu 7 Avr 2016 - 11:49




Eugène Lastuce




Identité



Nom : Lastuce / de Pont-au-Bois
Prénom : Eugène / Gabriel, Gabrielle
Âge : 27 ans
Sexe : Dépend des fois.
Rang : Chevalier errant, sauveur des petites gens, loqueteux en armure.
[vous pouvez rajouter des éléments à votre guise]
Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs :
Voie du guerrier / +3 PAR / +1 ATT

Compétences et objets choisis : (Faut arrêter D&D les gens)

- Arme de prédilection (Bouclier en acier)
- Coups puissants
- Désarmement
- Résistance accrue

+ Casque en plates
+ Harnois
+ Jambières de mailles
+ Bouclier en acier
+ Un pendentif à la con

Physique




Passons rapidement sur son anatomie. Que dire si ce n'est qu'Eugène est un grand gaillard, solidement charpenté, les épaules un peu étroites, la taille pas vraiment excentriquement large, (Vous comprendrez vite pourquoi) mais bien assez robuste pour se trimballer dans une marmite en ferraille toute la journée durant.
Mesurant bien son mètre quatre-vingt dix, le bougre domine bien son monde et en est fort satisfait. Pouvant toiser du regard les nains de jardin et les paltoquets qui se croient supérieurs, il est rare de croiser des colosses qui peuvent se vanter de devoir plier les genoux pour s'abaisser à son niveau. Grand bien lui fasse, puis ce serait quelque peu inquiétant. Restant relativement fin, sans être maigre, sa silhouette est dessinée par son armure. Qu'il porte fort bien cela dit.

En dessous disons simplement qu'il est sec, musculeux et noueux. Comme un sportif praticien qui se forcerait un régime drastique et refuse de voir sur lui la moindre once de graisse. Mais en réalité c'est surtout grâce à une alimentation riche en fibres, en céréales et en légumes de saison, gracieusement offerts par la communauté paysanne qu'il côtoie chaque jour que les Dieux font.

Pour peu que l'on s'intéresse davantage à ce qui se trouve en dessous, et vous n'avez guère le choix j'en ai peur, on peut y trouver une jeune femme. Oui, je sais, c'est surprenant, mais disons que... Eugène souffre quelque peu de troubles identitaires. En armure c'est un homme, quand il enlève son casque, parfois c'est Gabriel. Et à poil, c'est la même chose mais avec un autre "l" et un "e". Il y'a fort longtemps que plus personne ne l'appelle par son véritable prénom et il doute que cela revienne un jour. Mais cela est loin de lui manquer, car après tout, personne ne l'a véritablement considéré comme étant une femelle.
Pour ce qui est de ses formes, disons qu'elle n'est pas fort avantageuse de ce point de vue là. Sa poitrine est réduite à sa plus simple expression, au revoir les protubérances graisseuses exubérantes.
Au revoir larges hanches capables de pondre des armées de chiards en batterie, adieu corsets pour garder une taille de guêpe et que dirons-nous de son postérieur un peu absent. Disons que si vous cherchez quelqu'un pour élever vos enfants, peut-être Eugène, que dis-je, Gabrielle n'est-elle pas la matrice qu'il vous faut. Tournez vous plutôt sur un des nombreuses dindes de la cours, qui n'attendant qu'à être fourrées (Pardon) ou encore une rombière quelconque si votre lignage est trop insuffisant pour tabler dans les basses-cours de la haute société.

Plus handicapant encore, sa couleur de peau. Disons qu'elle est fort bronzée pour ces contrées et qu'elle ne passe pas inaperçu de ce coté là. Certains lui ont même demandé par quelle sorcellerie sa peau était-elle de cette couleur singulière, aussi on la questionna abondamment. Certains pensaient qu'elle avait survécu à un incendie et que cette obscurité pigmentaire était due à ce fait. Mais c'est en réalité bien plus simple. Une mère infidèle à son mari, curieuse d'exotisme et hop.

Sa voix est suffisamment masculine pour créer l'illusion et tromper son monde, et les réverbérations de son heaume n'arrangent rien. Bien peu de choses peuvent le trahir, à vrai dire, ayant passé plus de temps en homme qu'en femme... De là à dire qu'il ne sait pas ce que c'est, sauf une fois par mois.

Si vous voulez vous faire un idée de la demoiselle sans son armure... En imaginant le coté "tribal" en moins.

Personnalité



Un mot définit bien Eugène.
Altruisme.

Chevalier dans l'âme, et c'est à peu près tout, il exacerbe son honneur et son code de conduite en s'imposant des principes et des valeurs. Il ne vit de quasiment rien, n'ayant pas d'intérêt dans les biens matériels comme les biens immobiliers, les gens de maison, l'argenterie ou encore des sous-vêtements propres.
On pourrait presque dire qu'il a fait vœux de pauvreté. Il vit comme un assette et se contente de ce qu'il a, de ce qu'on lui donne. Rajoutons à cela que, par principe et par un soucis d'honneur, il se trouve être totalement incorruptible et n'apprécie que peu les propositions pécuniaires qui lui paraissent rapidement insultantes. Un bon chevalier ne devrait jamais demander la moindre rançon pour venir en aide à qui que ce soit. Car c'est le devoir de tous les preux que de secourir la veuve et l'orphelin. Au lieu de culbuter la veuve et d'égorger l'enfant comme le font beaucoup de jeunes seigneurs peu scrupuleux dans cette terre dévastée et abandonnée de tout sens moral.

Eugène possède un égo fort réduit en comparaison de nombre de nobliaux qui peuple ces contrées. Il vit chichement, comme un prolétaire de la plus basse extraction même. Il lui arrive fréquemment de dormir à même le sol, sur des paillasses inconfortables, dans ses salles communes d'auberges qui veulent bien l'accueillir ou carrément chez l'habitant. Mais il s'arrange toujours, en général, pour ne pas être vu en train de se changer -dans les lieux communs- ou négocier une solitude totale lorsqu'il se retrouve être seul. Car oui, Eugène souffre d'une légère crise identitaire. Il n'est pas né Eugène Lastuce, il l'est devenu par nécessité. Il n'évoque jamais son véritable nom. Mais son prénom, dans l'état civil, à sa naissance, était Gabriel. Par maladresse ou par volonté de son paternel, un "l" et un "e" furent omis. Faisant ainsi de cette fille un fils. Elément déclencheur, moteur de l'évolution hasardeuse de cet enfant perturbé par la perte précoce de toute sa famille. N'ayant d'identité propre ou de quelqu'un sur qui se baser pour prendre exemple, il est devenu Eugène Lastuce, pseudonyme utilisé par un intrigant de passage dans la région qui fascina à jamais la jeune fille qui se prenait déjà pour un petit garçon, mais qui ne trompa pas les yeux experts de l'arrangeur de vérité professionnel. (Pour votre information personnelle et car Eugène ne doit être confondu avec un vicieux, sachez que, dans cette phrase, Eugène est expert en mensonge et non pas en petit garçon. Merci.)

Eugène se prend pour un homme la plupart du temps et vit en pleine féodalité. Ayant un penchant certain pour la lecture, il s'est envenimé l'esprit de tout un tas de romans, d'ouvrages insipides, de contes démodés qui lui insufflèrent des valeurs dépassées et schématiques. Se prenant pour un preux chevalier, il parcourt les terres à l'aide des plus démunis, défend les demoiselles contre les gros lézards qui crachent des flammes ou contre leurs prétendants avec le feu au cul. Ses manières s'en trouvent impactées et en font un handicapé social et mondain. Impossible pour lui de faire la différence un couteau à poisson et une fourchette à huître, impossible pour lui d'apprendre l'étiquette, de suivre les méandres de la cours ou de participer à un débat philosophique pendant un dîner ronflant. Eugène n'est pas un chevalier de château mais d'action, il ne porte pas son titre pour la noblesse du titre mais pour ce qu'il implique en responsabilités envers les petites gens qui doivent voir en eux des sauveurs et surtout, des modèles de vertus.

Eugène est un grand bavard. Par moment. Il parle beaucoup mais surtout pour évacuer son stress ou de mauvaises pensées. Puis il s'emporte et bavasse pour lui-même plus que pour ses interlocuteurs, contant sa vie ou celle des autres, souvent des banalités ineptes et sans grand intérêt, parfois de petites histoires fort drôles ou affligeantes. Mais lorsqu'il sort pour rendre la justice sur ces terres désolées, il se mure souvent dans un silence religieux et perd en éloquence ce qu'il gagne en concentration.
Car avant toute chose Eugène est un combattant, un adversaire redoutable qui ne recul jamais devant aucune adversité, quitte souvent à s'élancer à corps perdu dans une bataille perdue d'avance. La providence s'est toujours montrée souriante aux plus audacieux, à défaut de les faire pourrir dans un fossé, et pour l'instant n'a-t-il pas encore été tué (Logiquement) donc c'est que ça fonctionne plutôt bien. Non ?
Le jeune chevalier est un peu brutal, se bat sans beaucoup de style et avec beaucoup de force. Il n'est pas taillé pour les joutes amicales ou les duels entre baronnets car il casserait quelques os et forcément, ça ferait des histoires. Quand il se bat, c'est pour de vrai.

De manière générale, il n'est pas un grand amateur du meurtre. Les méchants doivent être punis, bien évidemment, et il a une bien piètre opinion du système judiciaire, aussi prétend-il à rendre une justice bien plus honnête qu'un système rouillé qui peine à faire ses preuves, réfuté et contesté par beaucoup, alors qu'il suffit bien souvent d'un coup de lame dans le crâne pour régler bien des conflits. Encore que, Eugène ne se bat plus qu'avec son bouclier, car c'est fort déstabilisant et que les épées, bah ça coûte bien cher et que c'est de la vraie encu...

D'une grande maladresse avec les donzelles, il ne sait trop quoi en faire à part leur sauver les miches. Il ne saurait leur faire la cours, encore moins devenir un prétendant. Puis il faudrait bien un moment dans leur vie où il faudrait qu'il retire son armure et là, tout de suite, ça ferait des histoires. Difficile pour lui d'envisager la moindre relation amoureuse ou même simplement matrimoniale. A cause de son identité. Il se contente simplement d'esquiver la question et le contact prolonger avec les femmes trop aguichantes, qui s'excitent rapidement lorsqu'on leur rend service ou qu'on roule des mécaniques en armure de plates, à croire que ça vaut des sous et qu'on a la thune derrière pour assurer l'entretien avec une armée de gens serviles.


Histoire



Chapitre 1 :

Le sol boueux envahissait les environs, entravant les pas et tâchant les bottes d'une épaisse couche argileuse. L'abondante pluie de la veille n'avait rien arrangé à l'ambiance fort humide de l'accoutumée saisonnière. Les escargots de sortis, les timides pâquerettes perlant de petites larmes, maman ours se faisant culbuter par papa ours à quelques encablures de là, oui, voilà le printemps.

Cela semblait, étrangement, bien puéril à Ernest. La guibole à l'équerre, la gueule à l'envers et sans réel espoir de s'en tirer, se traînait lamentablement de sa dernière main valide, pataugeant dans la terre détrempées, les brins d'herbe humides et les défections d'écureuil.
Poussant un râle rauque à chaque mouvement de bras, sa cage thoracique le faisant atrocement souffrir, sans doute s'était-il brisé une côte, en plus de reste.
De toute sa vie n'avait-il été autant blessé. Et pourtant, il ne avait vue d'autres. Chute de son alezane à onze ans, seulement un bras pété et quelques contusions. A vingt ans, sa première vraie bagarre, un vilain bobo à la joue et une flèche dans le genou droit. Deux semaines plus tard, un coup de chaise dans les testicules alors qu'il se remettait douloureusement d'un coup de poing dans le nez après une altercation houleuse à propos des origines modestes de la génitrice d'un gaillard de deux mètres qui venait de lui roter sa suffisance à la gueule avec son haleine à la bière et sa coiffure à la con.
On ne compte plus les fractures, les balafres ou les bleus... Car, de trop il y'en a, dans une vie de rapine (ça n'a rien de vulgaire, il y'a un "ra" devant) et de fornication, (Là c'est grossier, vous voyez ?) et de banditisme ordinaire. Sa vie est sans tumulte, sans gloire. Il exerce une profession comme une autre, n'est pas plus méchant ou plus vil. Il n'a jamais pris aucun plaisir dans le meurtre et évite, de manière générale, d'en venir à cette extrémité, car ça attire l'attention et les courroux de la populace et de la milice. Aussi, il a vu beaucoup d'assommés, d'immobilisés, d'entravés, mais assez peu de cadavres. Car il savait s'entourer d'hommes de confiances, qui, comme lui, respectent la vie et surtout, tiennent à la leur. Devrions-nous dire tenaient, car ses camarades gisent à présent, bien loin de la leur... De vie.

Ernest n'était pas le seul à gueuler. Non, pas loin de lui, n'agonisait-on pas, mais on agonissait d'injures scabreuses, de propos outranciers remettant en question la vertu d'une éventuelle génitrice et la qualité d'un matériel qui a, pourtant, maintes fois fait ses preuves.
Eugène se faisait-il appeler. Bien qu'on le connaisse davantage sous le sobriquet de "Lastuce". Sa particule est partie en même temps que ses possessions terrestres ainsi que sa noblesse de cour et de cœur. Pour l'instant, on aurait dit un paysan un peu gras qui aurait tenté d'enfiler un heaume trop étroit et qui jurerait comme un chartrier en tentant de s'en défaire. L'explication est simple, ce dernier venait d'être légèrement enfoncé... Par le flanc et par le sommet... Aussi, le métal se trouvant être plié, son visage se trouvait être ceint, presque étouffé par cette cage de faire devenue forte inconvenante pour le chevalier qui commençait à perdre patience, au point de prendre la décision de le laisser tel quel. Bien qu'inconfortable, ce contretemps lui rappela tout de même que, sans doute, si cette protection venait à lui manquer, il serait peut-être, dans une éventuelle éventualité, en train non pas d'essayer de retirer son casque, mais de tenir les lambeaux de sa peau déchirée ou de maintenir le haut de son crâne après une terrible trépanation au gourdin.

Ernest quant à lui, le souffle à moitié coupé, se sentait... à la fois partir et à la fois tout court, à cause de la transpiration. La douce odeur printanière ne parvenait pas à ses narines à cause de l'aigreur de ses aisselles, aussi lui était-il impossible d'en apprécier le délicat et doux... Oui, comment ça je m'éloigne ?
Fort bien, reprenons. Ernest, qui puait de dessous les bras, bien qu'homme de mal mais sans trop en faire, n'était pas sans cœur ni sans foi. De son bras presque infirme, une larme perlant au coin de son œil, provoquée par une douleur insoutenable en de multiples points de son anatomie ainsi que par la subodoration (Pourquoi pas ?) de la rencontre inéluctable avec le croche-pied rigolard de la mort imbécile... De ce bras donc, il tira de la poche de ses braies brunes un petit objet qu'il portant jusqu'à ses lèvres. Tremblant, brisé, au bord de la névrose, de la perte de conscience et, intrinsèquement, de la mort elle-même, il trouva la force d'embrasser cet objet de convoitise, à ses yeux, si important, si doux... Qui lui rappelait tant de souvenirs, qui lui apportait satisfaction et réconfort. Ainsi, pendant ne serait-ce qu'une fraction de seconde, au moment exacte où il y'eut le contact de ses lèvres humides sur la froideur presque glaciale de métal doré, il oublia un instant son sort et ne sentit plus le poids écrasant de sa carcasse patauger dans la boue et le sang des siens.
Il se retourna péniblement, dans un dernier effort, fixant le ciel assombrit par les nuages et partiellement dérobé derrière l'épaisse végétation de la forêt dans laquelle il s'était aventuré en quête de maigre pécule, de petits larcins et dans lequel il venait de rencontrer un destin s'annonçant funeste et... Improbable, démesurément violent et rapide pour lui, qui, au fond, ne méritait peut-être pas tant. Soufrant à présent uniquement dans son enveloppe, dans ses chairs, mais plus dans son âme, il ferma les yeux, tranquillement, il attendait l'achèvement, la frappe, le coup porté au cœur, qui le libérerait des maux qu'endurent son corps pour qu'il corrèle avec la paix que venait de trouver son âme.

Mais ce dernier assaut ne venait pas. Au lieu de ça, sa sérénité s'étiolait. Il pouvait entendre cette masse de métal, ce colosse de fer, cette marmite ambulante, ce tas de ferraille, CET ENC...
Je m'égare à nouveau. Plouf.
Il pouvait entendre cet arrogant olibrius dépouiller ses camarades. Oui... Chacun de ses pas, il les sentait, ils résonnaient dans la terre jusqu'à lui. Et chaque résonnance battait de concert avec son cœur meurtrit... Ses doigts se crispèrent autour de l'objet froid de ses ardentes convoitises, son bien le plus précieux, qui lui donna alors le courage d'ouvrir à nouveau les yeux pour s'apercevoir que son homocideur se tenait là, penché sur lui, à même pas un petit pas.

"Oh, quelle surprise, vous respirez. Laissez-moi vous aider à vous remettre sur vos deux jambes." Pouvait-il entendre résonner derrière les parois d'acier du casque enfoncé, suivit de près par une mais gantée du même métal tendue en sa direction.

"Je... Je n'en ferai rien, monseigneur..." Siffla-t-il entre ses dentes crispées. Alors qu'il perdait presque conscience, ayant perdu une partie de son sang et ce qui lui restait de son amour propre, cet homme lui tendait la main, comme si il venait simplement de choir d'une chaise longue après s'être assoupit. Il grimaçait en s'imaginant un sourire mesquin se dessiner sur le visage dissimuler derrière de heaume.

"Oh. Soit, comme il vous sied, alors c'est à moi de me mettre à votre niveau." Répondit-il sur un ton presque enjoué, s'asseyant tout près de celui qu'il venait de terrasser sans pour autant lui ôter la vie. Il ne semblait en rien menaçant, étrangement, dans son allure, encore moins dans son ton de voix. Il ne paraissait pas non plus rancunier pour quelqu'un que l'on venait de tenter d'occire... Sur quel genre d'énergumène Ernest venait-il encore de tomber ? C'est du moins ce qu'il se demandait.

Faisant glisser doucement sa main contre son torse, posant la main à terre, paume contre le sol, il espérait ainsi le dissimuler à la vue de ce chevalier... Cela ne devait pas être trop compliqué, cabossé comme son heaume l'était, ne devait-il plus y voir grand chose. Autre indice dans ce sens, il s'était assis dans la mauvaise direction et la visière ne semblait pas être pointée en sa direction, aussi il n'était pas difficile de deviner qu'il ne devait pas y voir grand chose... Des silhouettes, tout au plus, des formes, pourquoi pas... Ou carrément rien et y allait-il au jugé en espérant sauver les apparences.

Ses doigts se crispèrent à nouveau... Et vinrent à son esprit des paroles, des pensées, qu'il récitait autrefois, qu'il souffla tout bas, fermant à nouveau les paupières. Depuis des années, son enfance, lointaine, absente... éphémère... Elles ne reparaissaient que maintenant. Ainsi, il se surprit lui-même, machinalement, à se les remémorer, à se les rappeler et c'est sans faute qu'il put s'en souvenir... Car, dans ces moments de perdition et d'abandon, l'homme ne trouve souvent qu'un seul refuge : la prière.


Chapitre 2 :

Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis leur disparition dans les méandres des ruelles sombres de la ville. Le temps n'engageait pas vraiment les petites balades rurales. Il pleuvait même, pour tout dire. Et non pas une petite bruine, non non. Un déluge comme on en fait plus, bien contraignant, bien froid, bien tout comme il faut.
C'est à l'abri de cette eau humide qui mouille que celui qui se nommait désormais Eugène scrutait les environs, à l'affût du moindre mouvement. Il serait bien inutile de vous dire que les ruelles se trouvaient fort désertées faute d'un temps pluvieux, mais je vous le dis quand même, comme ça vous ne me reprocherez pas de ne pas l'avoir fait, et en même temps, je vous montre à quel point il peut être facile et ce, je vous le dis sans gêne, à peu de frais de gratter quelques lignes sans même éveiller le moins soupçon et malgré tout les malandrins firent de nouveau éruption hors de leur tanière malfamée. Sortant en file indienne désorganisée de cette bigote infâme qui pourrait prétendre à l'appellation d'auberge mais qui n'est en fait rien d'autre qu'un infâme coupe-gorge pour les gugusses mal avisés ou les suicidaires passé vingt-trois heures.

D'une rare discrétion dans son armure de métal poli, luisant telle une pierre ponce à la lumière de l'astre solaire totalement absent, habilement dissimulé derrière force cumulo-nimbus, l'Eugène profitait de l'occasion pour éventuellement tomber sur la caouanne de ces malotrus qui sévissent sur terre depuis bien trop longtemps sans recevoir le juste châtiment qui leur est dû. Le monde est bien cruel, froid et amer, le destin nébuleux et l'avenir incertain voir un peu pire que ça pour les plus mauvaises langues et les plus défaitistes. Mais tout n'est pas perdu, non, car, fort heureusement, il y'a des gens comme Eugène qui, et ce de manière quotidienne, sauve les chats perchés dans les arbres, aide les grands-mères à traverser et sert des salades de phalanges aux méchants pas beaux qui font rien qu'à perturber les paisibles citoyens qui ne demandent qu'à vivre en paix, dans la crasse et qui ne demandent qu'à profiter davantage de leur pauvreté latente, leur débilité congénitale et de leur bubon sur la fesse gauche. Car le peuple lui aussi a le droit de vivre plus d'une vingtaine d'années dans la maladie et l'oppression des classes plus aisées et ce, sans craindre qu'on ne vienne écourtée leur vie pathétique à grand coup de gourdin après leur avoir dérobé la bourse et coupé les testicules, ce qui revient à peu près au même. Mais le plus important, c'est que dans tout ça, Eugène leur permet de conserver le plus important, car on peut vivre dans la boue et n'avoir aucun espoir de prospérité ni de paix, leur dignité.

C'est par une inextricable soif de justice qu'Eugène se lance à corps perdu dans la traque de abjectes fripons qui ne reculent devant aucune bassesse, arrachant des mains des plus démunis leur maigre pécule, dérobant malhabilement les possessions des petits bourgeois ou les biens d'un marchand itinérant. Le monde est trop préoccupé par les Fangeux qu'il en oublie parfois que la plus grande menace vient de l'Homme lui-même. Car même en ces temps de crise -Voir plus qu'à l'accoutumée- l'Homme qui ne peut s'épauler décide de s'entre-tuer.

Tout ça pour dire qu'à force de réfléchir à tout ça, Eugène venait de perdre la trace de ces fieffés brigands... Ils venaient de disparaître au coin d'une petite ruelle où même la lumière n'osait pénétrer de peur de se faire elle-même dépouillée. Ne voulant risquer inutilement sa vie, ou les égratignures sur sa belle armure polie, le chevalier contourna le problème et tenta d'anticiper la prochaine destination du groupe de louches individus. Se rendant tout droit alors vers la porte de sortie, s'adossant au mur d'une petite masure, attendant à nouveau patiemment leur arrivée qui annoncerait leur départ de la ville.
Son instinct fit à nouveau ses preuves lorsqu'il aperçut la bande d'affreux s'approcher à pas de loup de la sortie de la ville. Ils semblaient aux aguets, épiant fébrilement le moindre bruit ou mouvement trop brusque d'une foule réduite par le temps pluvieux. Eux-mêmes emmitouflés derrière de longs manteaux de laine sombre, rapiécés en de nombreux endroits, traînant dans la bouillasse, ils pensaient passer inaperçu. Ce qui pourrait être le cas si Eugène ne les connaissait pas déjà suffisamment pour savoir à qui il avait à faire. Plusieurs fois, la garde, la milice ou même le moindre connard armé aurait pu tenter de s'interposer, mais jamais ils n'étaient efficacement arrêtés. Ayant déjà occis, toujours par le même, le plus trapu et sans doute, le plus violent de la bande, un zélé un peu fêlé répondant au nom de Tucdual... Ayant déjà occis, disions-nous avant d'être odieusement interrompus par nos propres digressions, un ou deux gardes et au moins quatre miliciens, et ce, au cours des derniers mois passés, la justice ne s'abattait toujours pas sur eux. Ne s'occupant jamais des affaires publiques, Eugène ne se serait qu'interposé si il les avait pris sur le fait, mais ils ne les connaissaient que de réputation.
Cependant, une âme en peine vint jusqu'à lui. C'est alors, le corps meurtri et l'âme blessée qu'un homme frêle, portant la jute en guise de frusque et le bol en guise de pilosité crânienne (C'est dire si il faisait peine à voir) implora sa miséricorde, alors qu'il dormait sur sa paillasse à l'air libre, juste en face d'un temple d'une divinité dont le nom lui échappait toujours. Si cette dernière lui en avait voulu pour cet oubli, voulait-il bien être foudroyé sur place, mais elle ne semble pas lui en tenir rigueur, aussi c'est un peu comme une sorte d'indifférence mutuelle qui s'installe entre eux qui paraît ne déranger personne, même pas sa conscience. Toujours est-il que le malheureux, blessé à la jambe, s'était courageusement, de ses dires, interposé face aux bandits qui s'apprêtaient à rapiner une gueuse qui se pavanait fièrement de quelques nouvelles breloques clinquantes offerte pas un nobliau graisseux et libidineux. Il s'était alors pris une grosse branlée, ce ne sont pas ses dires, mais en substance c'était le cas, la maraude s'était alors faite dépenaillée et son sauveur autoproclamé dépouillé et malmené avant d'être jeté sur le bas coté, la trogne bastonnée et la guibole en l'air. La femme était morte à l'extérieur, l'homme à l'intérieur et Dieu que ça fait mal au moral et à sa fierté. Aussi, dans un dernier élan de courage, était-il venu quérir de l'aide auprès de celui qui ne refuse rien à personne, celui qui sauve les plus démunis et tombe dans les pièges les plus grossiers, pour un regard humide et un sourire... Ces petites choses que les vivants ont oublié, dans leur quotidien blême et morne, alors qu'un seul mot embellit la journée d'un Chevalier. Le sentiment d'accomplissement, de béatitude peuvent suffire. Mais jamais ils ne remplaceront l'expression de gratitude s'échappant naturellement entre les lèvres sincères d'une âme apaisée...

"Merci"


Chapitre 3 :


Certains parlent de sens de l'honneur, de chevalerie, d'équité ou pourquoi pas, de fair-play. Les autres se battent à trois contre un et se chient dessus à l'idée de se faire embûcher ou prendre à revers par un pignouf qui lui, n'a pas eu vent de toutes ces conventions anoblissantes pour l'âme et navrante pour les autres.

Eugène s'avança sur la route, paisiblement. Campant alors en plein milieu, il se retourna vers trois encapuchonnés hagards qui, sous leur capuche, arboraient des airs interrogateurs. L'armuré souleva son godillot droit, qu'il frappa trois fois de son bouclier de ferraille, faisant alors retombé l'épaisse vase qui recouvrait le dessus de ses solerets. Il fit de même pour l'autre pied, dans un rituel bien définit, de gestes assurés, précis... Il se mit alors en position, comme si il s'apprêtait à recevoir un assaut frontal, prêt à recevoir une charge de plein fouet. Derrière son heaume, son armure complète, il paraissait tranquille et confiant, sa respiration régulière et ses jambes ne pas lui faire défaut. Pourtant, son épée restait étrangement dans son fourreau, accrochée à son dos par un ceinturon en bandoulière.
Le plus trappu de la bande s'avança alors vers celui qui s'interposait en travers de leur route. Qui tendait une pseudo embuscade à lui tout seul à des brigands de grand chemin habitué à provoquer ce type d'évènements... Mais pas les subir.
Le hasard voulut qu'à cet instant très précis un arbre branlant en bord de route se déracine complètement et ne vienne couper la retraite des malandrins dans un craquement sinistre, soulevant boue et le cœur fragile de bandits inquiétés par la présence inattendue de ce énergumène sur leur route.

"Maroufle, il nous encercle !" s'écrit alors l'un d'eux, sous le regard hagard de ses comparses qui lui mugirent dessus.

"Allons donc, il est seul, comme pourrait-il donc nous encercler ?" l'interrogeât rhétoriquement son camarade d'infortune.

"Assez !" s'écria le trappu à l'encontre de deux truands qui l'accompagnaient. Il brandit alors un coutelas de son ceinturon et le pointa en la direction du monstre d'acier qui se tenait impassible devant lui. "Très bien, monseigneur..." Il insista sur le dernier terme d'un air sarcastique et emplit d'insolence, se voulant provocateur. "Voyons voir si il y'a une paire de couilles sous cette armure ou si il n'y à que du vent là dedans." Ricanait-il.

"Nous allons le savoir très vite." Se contenta de répondre Eugène, toujours en position.

Tucdual fronça ses sourcils broussailleux et sourit de toutes ses dents, haussant les épaules, il se retourna vers ses camarades le visage bouffit de suffisance et toujours sur un ton insolent il reprit : "Mais c'est qu'il parle le baronnet..." Avant de repointer son regard en direction d'une armure désormais à même pas quelques centimètres de lui. Le sourire qui balafrait son odieux faciès disparut... Le plat du bouclier vint heurter sa main droite, le désarmant. Le bras à l'assaut prit du recul, et d'un geste vif et précis vint à la rencontre de sa gorge, mais cette fois-ci, par la tranche. Le métal enfonça la pomme d'Adam du trapu à un endroit qui ne saurait être approprié, le privant ainsi de pouvoir asséner davantage de paroles insolentes et, par la même occasion, de vivre. Sa dépouille s'effondra dans des spasmes gargarisant et il s'éteint dans la seconde, visage dans la boue et postérieur pointé vers le ciel.


"Orchidoclaste !" s'écria un des bandit en pointant son camarade tombé si aisément devant le tas de fer. Leur moral s'en retrouva quelque peu impacté et dans les rangs, quelque peu réduits, on commençait déjà à envisager un repli stratégique. Mais la force du nombre prit le dessus et on ne pouvait laisser la mort d'un compagnon d'arme impunie, surtout lorsqu'on est seul.

"Allez, dégaine et défends-toi, maraud !" s'encanailla l'un des brigands, en empoignant son épée tandis que ses comparses faisaient de même. Ils commencèrent à se déployer, tentant malhabilement de prendre le chevalier en tenaille.

L'un d'entre eux s'élança sur lui, armé d'un simple gourdin. Eugène le repoussa de son bouclier, lui coupant momentanément le souffle. Galvanisé par une victoire fortuite sur un des fripons, il avait sans doute sous estimé leur force. Il esquiva de peu un coup de lame sur le flanc. Le chevalier bondit alors sur celui qui lui fit face, empoignant fermement son écu, et appuyant avec conviction sur la partie supérieure, exerçant alors une forte pression, il exécuta d'un geste vif une attaque en piquée sur une partie vulnérable de l'anatomie d'un être humain. Il planta son bouclier jusque terre... Aplatissant, tranchant presque (Et il eut mieux valu qu'il en fut ainsi) le malheureux panard de l'infortuné. Ce fut cependant une erreur, sans doute, tactique... Après un bref hurlement, l'homme ne fut pas déstabilisé mais plutôt enragé par ce coup. Le gourdin prit entre ses deux pognes, il l'écrasa contre le crâne de son assaillant... Pliant alors le métal du heaume d'un chevalier contraint de faire plusieurs pas en arrière, de peur d'en prendre un autre. N'ayant qu'à peine le temps de se remettre de cette frappe, il put voir au travers de sa visière, un homme désemparé donner un coup de tatane dans une extrémité de ce même pied pour le dégager. Quel spectacle fort étrange.
Pris au dépourvu, une épée vint à la rencontre de son casque. Le rendez-vous n'ayant pas été préalablement noté et notifiée, le heurt fut violent et fit chavirer le chevalier par la puissance bestiale d'un revers assommant. Ebranlé, c'est titubant et pestant contra son matériel qu'Eugène sentit la situation s'envenimer quelque peu. Ne voulant y rester face à trois voyous, l'adrénaline fit son travail... Mais pas son casque, qui, ayant encaissé deux assauts sans céder, ne lui laissait plus qu'une vision succincte du champs de bataille et de ses adversaires. Par chance, il ne combattait pas de fins bretteurs, de puissants guerriers ou de valeureux miliciens surentraînés.

L'homme au gourdin, qui n'avait trouvé son compte dans la perte de son pied, décida de s'élancer à la rencontre de l'homicideur d'arpion. Mais il rencontra sur sa route, malencontreusement, un écu brandit qui, à nouveau, s'écrasa sur son poitrail. Suivit d'un coup de tranche sur le bas du menton, lui brisant mâchoire et chicots et le laissant inconscient pour une durée indéterminée par la médecine compétente locale inexistante.
Les deux derniers compères s'élancèrent à leur tour, tentant leur chance contre un ennemi affaiblit, qu'ils savaient désormais vulnérable. Après tout, la force du nombre avait déjà fait ses preuves par le passé et personne ne pouvait se vanter, avec ou sans armure, d'être invincible.
Parant la lame d'une épée, contre-attaquant habilement, connaissant les faiblesses des combattants peu avisés qui négligent une bonne défense et ne savent comme bloquer les attaques, Eugène perça celles de ses adversaires et, brisant un avant bras, exécutant un petit croc-en-jambe sur le second, assénant un coup dans le genou, écrasant un crâne du talon et laissant un infirme s'égosiller... La victoire était assurée mais pas totale. Eugène était une brute et ces brigands pas si dangereux que ça. Sans doute étaient-ils plus efficaces dans la ruse, auraient-ils dû prendre la fuite. Ou peut-être les Dieux avaient-ils jugé bon de stopper ici leur vie de maraude et les avaient, à leur insu, un courage qu'ils n'avaient d'habitude et qui, inexorablement, les avait conduit à une mort certaine, d'une seule tranche d'un écu de fer.

Celui qui vit encore s'empare alors de son dernier butin, son métal, même si sa couleur diffère de celle de l'acier, est aussi froid que les autres, mais il lui procure une chaleur d'apaisement que rien nul ne saurait lui procurer à cet instant.

Chapitre 4 :

Dans une autre vie, Gabriel flânait, battait la campagne et les garçonnets à grand coup de latte.
Dans son souvenir, l'air était pur, la journée radieuse, l'astre du jour brillait haut dans le ciel, il ne devait pas être loin qu'un peu plus tard que midi. (Donc treize heures mais en plus long)
Gabriel entendit alors un bruit singulier. N'écoutant que son courage, Gabriel se jeta ventre à terre, se dissimulant habilement derrière un fourré, s'écorchant un genou au passage. Refrognant le mal qui rongeait sa jeune chair, il se mordit la lèvre.
C'est alors, de ses deux grands yeux sombres, que Gabriel l'aperçut. Un homme, bien habillé, étrangement bien habillé, trop bien habillé. Il était beau, fringuant, portant une fine moustache huilée et parfumée, comble de la coquetterie. Pas vraiment frêle, un peu faux maigre, il aurait pu être longiforme si il ne dissimulait pas ses formes dans de si amples vêtements, ce qui avait pour but de contrebalancer un peu l'effet. Ces habits, parlons-en. Certains paraissaient exotiques, d'autres sortis tout droit d'un autre ère. Il n'avait rien d'uniforme. Il paraissait fort riche, mais on aurait dit à la fois un de ces gens du voyage, un itinérant qui eux, en général, sont sans le sous. Chapeau en feutre posé sur le crâne, cheveux courts grisonnants, et surtout... Ce sourire, collé à son visage. Il respirait à la fois l'arrogance, mais surtout l'assurance et... Une étonnante joie de vivre communicative.
Gabriel sortit de sa cachette, l'homme était fort captivant pour l'enfant qui ne put s'empêcher de l'admirer de ses grands yeux ronds, tout étonné.

L'homme se courba légèrement, puis tendis sa main. Gabriel lui offrit la sienne et ils se serrèrent ainsi la pogne solennellement. Ce contact ne signifiait rien à cet instant pour Gabriel. Pourtant, il s'en souviendrait tout au long de sa vie durant. Peut-être jusqu'à son dernier soupir.
L'homme sentait étrangement bon. Gabriel, connaissait plutôt la sueur ou l'eau de toilette de chez La Marée, édition morue du mois passé.
Cette main gantée, aurions-nous omis de dire qu'il portait des gants à ses mains, diantre, quel oubli. Des gants blancs immaculés, d'une soie légère et douce au toucher. S'appuyant sur une canne ouvragée en bois sombre exotique, qu'on ne trouve sans doute pas en ces contrées, il s'adressa alors directement à l'enfant subjugué.

"A quel monde appartiens-tu, mon jeune ami ?"

Cette question laissa le petit être de marbre. Déboussolé, Gabriel regardait alternativement ses petits petons et le pantalon du Monsieur. N'osant à nouveau croiser son regard et ne voulant avouer qu'il n'eut pas compris la question. Gabriel finit par hausser les épaules. L'intriguant pouffa alors de rire derrière sa moustache et dévoila une dentition parfaite, sans anicroche, pas une seule de manquante...

"Excuse-moi, l'habitude." Reprit-il en se penchant davantage pour étudier son interlocuteur fort peu loquace. Il se racla la gorge et reprit en cherchant à capter l'attention de son publique composé d'une seule personne. "Tes parents sont-ils cultivateurs, laboureurs de sol, exultent-ils à la traite des bovins ruminant ou ruminent-ils comme des bœufs exaltés ? Seraient-ils propriétaires terriens ? Possèdent-ils des gens, pour peu que l'on puisse par un quelconque biais posséder un homme ou même une femme, que ce soit physiquement ou sentimentalement. Vis-tu dans la rue, avec les autres primates que la société omet chaque jour ou bien as-tu enlever par quelque forban qui t'aurais laissé prendre tes petites jambes à ton cou ? Tu ne ressembles en rien à un vagabond, tu ne portes pas de haillon, pas de négligence particulière, encore que, tous les enfants se négligent et sont négliger par leurs géniteurs, que ce soit à cause d'un travail harassant ou par désintérêt maternel. Allons, réponds, n'ai peur de me décevoir, car nul n'est responsable de son lignage qu'il soit couché sur le parchemin sur des siècles ou gravé dans les mémoires des plus anciens."

"Je... Euh..."

C'est alors qu'une femme, un peu ronde, les joues rouges accourait en direction de l'enfant, le ceignant de ses bras comme pour le protéger. Elle portait des habits de ces gens de maison que les plus aisés peuvent se permettre de s'offrir du moins... Leurs services. Officiellement.

"Monsieur, éloignez-vous de cet enfant ! Vous lui faites peur."

"Peur ? Plait-il ?"

"Parfaitement ! Vous me paraissez bien grossier, vous restez couvert en vous adressant à moi, vous abordez des inconnus sans même vous présenter et..."

"Vous n'êtes pas sa mère, me trompe-je ?"

"Comment osez-vous ?"

"Répondez."

"Non, je suis la gouvernante de la maison. Mais je ne vous permets pas de me parler ainsi, quel toupet. Je m'en vais de ce pas prévenir les autorités qu'un vagabond..."

"Un vagabond ? Comment ça un vagabond ?"

"Allez, viens Gabriel, éloigne-toi de ce saltimbanque..." Renchérit-elle en prenant l'enfant par les épaules.

"Arrière guenon !" S'enflammait alors l'inconnu. "Assez de tes sornettes, vipère, vampire suceur de sang, vieille carne ménopausée, retire tes paluches de ce moufflet que tu ne saurais élevé convenablement, aucune de tes éducations ne saurait faire de lui un être accomplit, tu vas en faire un nobliaux, un pompeux comme tes Maîtres, car ils te l'ordonnent, tu lui cèdes tout de peur qu'il ne te dénonce et que tu ne perdes ta place, place que tu ne devrais avoir et qui devrait être celle de sa génitrice, au lieu de ça tu le gaves d'inepties et de fausses bonnes manières, il sera comme tout ces gens qui s'entassent à Marbrume et qui vivent au détriment des autres, aux dépens des autres et aux dépens d'eux-mêmes. " La servante inspira profondément, s'apprêtant à rétorquer, son visage bouffit par la colère montante, mais elle fut interrompue par un doigt brandit. "Pas un mot, insolente, rombière, vieille toupie ! Je vous chasse dans l'instant et, si vous ne voulez un coup de canne, je vous somme de disparaître de mon champs de vision, allez !" Brandissant sa canne, la servante se dégonfla, souleva son jupon et partit en hurlant, allant sans doute chercher une aide qui tarderait à arriver.

Gabriel hésitait à suivre la gouvernante ou rester... La situation l'amusa, dans un premier temps, puis sa conscience lui rappelait qu'il s'agissait là d'un parfait inconnu... Nul ne connaissait ses agissements, sa réputation et encore moins ses intentions. Que voulait-il, mais surtout... Qui était donc cet homme, venu d'ailleurs ?

"C'est quoi ton nom, monsieur ?" Demanda alors calmement Gabriel en tentant de le regarder dans les yeux.

"Je suis Eugène." Lui répondit-il poliment en reprenant son grand sourire qui s'agrandit à la reprise de la parole : "Eugène Lastuce, pour te servir."

"Lastuce ? C'est bizarre comme nom..."

"C'est comme cela que l'on me nomme ici."

Le ici tiqua la curiosité du marmot qui s'empressa d'en faire la remarque. "Ici ?"

"Je suis ici incognito dirons-nous." Lui enjoint alors Eugène en clignant de l'œil. "Je suis omnipraticien, curateur par les plantes, anthropologue reconnu, vétérinaire assistant et grand orateur au congrès des guérisseurs par la pensée et les ondes cérébrales alternées. Egalement proctologue à mi-temps thérapeutique. Mais ça, c'est un détail. Voici ma carte." Conclut-il en lui tendant un petit bout de papier. Seulement deux initiales se trouvaient être griffonnées dessus, avec une fort belle écriture.

"E... L..." Murmura l'enfant songeur.

"Le diminutif de bien des noms." Sur ces mots, Eugène lança un petit clin d'œil à Gabriel. Il prit un air sérieux un instant et s'assit à coté de l'enfant et l'invita à en faire autant. Il soupira et se mit à fixer l'horizon. "Je peux me confier à toi Gabriel. Car tu vois, tu es trop jeune pour comprendre ce que je vais te dire. Et tu as sans doute déjà oublié ce que j'ai tenté d'inculquer à ta gouvernante. Vois-tu Gabriel, il faudrait..." Il semblait hésiter un instant. "Je pense que ce monde a besoin d'honnêteté." Puis il se tourna vers Gabriel. "Je suis sérieux." Dit-il, comme si il se parlait à lui-même, comme si il cherchait à se convaincre de ce qu'il venait lui-même de prononcer sans conviction. "Ne deviens pas comme moi. Enfin... Si, peut-être un peu. Mais vois-tu... Je pense que trop de gens mentent et que cela crée beaucoup de conflits et de malheur tout autour de ces menteurs, puis à leur tour, leur entourage ment, puis un tourbillon de folie et de tourment se lie alors à eux. Puis le mensonge colle, il colle et on ne peut s'en dépêtrer, il prend peu à peu le pas sur le reste, puis il vous ronge... Un matin on se réveille avec une femme qu'on a épousé pour de mauvaises raisons, avec une fortune qui n'est déjà plus à nous. On dit qu'on l'aime au creux de l'oreille pour aller en voir une autre le quart d'heure d'après dans la ruelle d'en face à qui on murmurera le même mensonge au creux d'une oreille différente... Mais vois-tu, au fond..." Gabriel le fixait, hagard... Bouche bée. "Tu auras beau faire tous les efforts du monde, tu ne pourras être honnête avec autrui si tu n'es honnête avec toi-même." Il posa son regard à nouveau sur l'enfant, leur regard se croisèrent. Ils restèrent ainsi plusieurs secondes, puis c'est finalement Eugène qui détourna son attention vers les nuages. "Comme tous, tu auras tes secrets bien évidemment. Et tu mens déjà à tout le monde. Il me suffit de te regarder pour le comprendre. Tu ne saurais tromper un trompeur. Tu auras beau te trav..."
L'enfant porta son doigt à sa bouche, signe qu'il devait se taire. "Oh. Tu veux te mentir à toi-même." Gabriel hocha la tête, et fit la mou, manifestant son mécontentement de manière silencieuse. "Bien. Disons alors que tu es ce que tu prétends être. Penses-tu pouvoir l'assumer ? Le cacher toute ta vie durant, sans en souffrir jamais ? Et si on perçait à jour ton secret, saurais-tu affronter la vérité ou bien tenteras-tu de sauver les apparences et de te terrer derrière tes mensonges ?"

Eugène n'attendit pas de réponse et se releva, époussetant son large pantalon beige de velours brodé de petits motifs bruns.
"Quelle que soit ta décision, je peux te donner un conseil que l'on m'a transmis et... Que je me répète chaque fois que je me lève... A haute voix..." Il marqua une pause, son regard se perdit sur le sol cette fois... "L'important n'est pas qui tu es ou qui tu veux être. Mais qui tu DOIS être." Il haussa les épaules. "Le paraître... Il fera de toi une coquille vide. Si tu n'as pas d'identité propre, tu ne peux exister et alors, comme moi, peut-être, tu te retrouveras perdu sur une route, à parler à des enfants de ton mal être. Demain j'aurai tout oublié, et je serai alors moi-même à nouveau. C'est à dire personne."

Eugène sortit un calepin de la poche de son pantalon ample. Difficile de dire de quoi il s'agissait véritablement, mais c'était un livre apparemment tiré en exemplaires très limités.

"Cela devrait t'apprendre les bonnes manières. Car rien n'est plus important que l'éducation." Son regard se fixa sur là où se trouvait la bonne un peu auparavant. "Sauf avec les gens foutre, bien entendu." Il s'agenouilla, tapota les épaules de Gabriel et plongea une dernière fois son regard dans le sien. "Prends la bonne route et deviens quelqu'un de bien. Nous en avons fort besoin."

Alors qu'il s'éloignant, Gabriel pouvait entendre résonner sa voix dans son petit crâne remplit d'étrangetés bizarres, de bizarreries étranges...
"... Qui tu dois être..."


Chapitre 5 :

Brève interlude dans une vie déjà fort remplie, c'est à ses débuts, alors qu'Eugène cherchait encore ses marques qu'il trouva l'objet de ses convoitises. N'ayant les ronds nécessaires pour se financer une lame neuve, une masse d'arme ou un fléau à pointes acérées, il jugea qu'il serait fort astucieux d'en trouver une. L'idée de la récupérer sur un corps encore tiède le rebutait quelque peu, dépouiller les cadavres n'est pas dans sa nature, encore moins les refroidis de longues date qui gisent dans les cimetières et s'enterrent avec leurs possessions.
Quelle ne fut sa surprise de trouver une épée plantée ainsi là, dans une souche. La providence fit qu'une raie de lumière pénètre l'épaisseur des bois pour s'abattre sur la lame luisante, ondulant faiblement reflétant la lumière de l'astre d'une pureté aveuglante.

C'est à cet instant précis qu'un malotru sortit d'un fourré, remontant ses bas négligemment en poussant un râle de satisfaction.
Quelle ne fut sa surprise de voir qu'un fieffé opportuniste tentait de lui tirer sa lame... Brandissant son index vengeur et laissant tomber ses chausses, se retrouvant alors le cul et le doigt à l'air, il agonit l'infâme en ces mots : "Allons, maraud, vil faquin, qui es-tu donc pour prétendre ainsi dérober la possession d'autrui et ce, sans même demander ma permission ou tenter de m'occire pour gagner l'objet de tes convoitises ?!" Reprenant son souffle et son froc dans les mains (Son froc seulement, pas son souffle) "Trop tard pour la ruse, il ne te reste plus qu'à m'affronter en combat singulier, prie les Dieux que ta mort soit rapide et sans douleur, car je ne te laisserai pas t'enfuir après un tel affront, tu es entré dans ce bois à la force des tes jambes et tu vas en sortir les pieds devant." D'un geste vif, il bondit et se saisit du pommeau de sa lame, d'un geste brusque et puissant, il tira l'épée de la souche, soufflant comme un taureau, bandant ses muscles d'aciers sous son harnois de fer.

Quelle ne fut sa surprise de voir que, dans son empressement et sa maladresse, la lame céda à ses ardeurs et se brisa nette. C'est alors avec une parodie d'épée qu'il menaçait un Eugène dépité. Le duel tenait toujours, d'un revers de la main il désarma son opposant, puis de sa main droite lui enfonça le groin de son faciès désormais porcin, écrasant ses narines, broyant ses sinus et lui déchaussant quelques canines. La violence de l'impact suffit à le balayer. Sans doute n'était-il pas physiquement mort, mais son amour propre venait à jamais de rendre l'âme.

Eugène se baissa pour ramasser son nouveau bien, loyalement gagné au cours d'un duel entre gentilshommes, duquel Eugène était persuadé qu'il n'y aurait aucun émule. Nul n'oserait se vanter d'une telle prouesse... Puis pour une lame cassée, très franchement...

Comble de l'ironie Eugène possède toujours cette lame. Elle se promène dans un fourreau qui lui est intact.
Le plus drôle dans l'histoire c'est qu'il n'a toujours pas les moyens de la faire réparer. Encore moins de s'en payer une neuve, du moins, digne de ce nom.



Chapitre 6 :

"Pourquoi... N'as-tu pas user de ton arme ? Serais-tu... Donc... Confiant à ce point, face à quatre hommes ?" s'enquit alors le brigand, interrompant l'autre en plein discours.

L'homme à terre respirait bruyamment. Son état général n'allait pas en s'améliorant et il se trouvait être dans l'incapacité de faire le moindre mouvement sans en souffrir. Parler lui coûtait également, mais c'était sans nul doute l'action la moins difficile pour le moment. Il remuait toujours fébrilement la terre de sa main, préservant son trésor du regard obstrué de son interlocuteur.

Ce dernier haussa les épaules tout en s'asseyant non loin de lui. Visiblement pas inquiet, il semblait s'étirer et reprendre son souffle.

"Pas exactement. La raison est toute autre à vrai dire." Tout en continuant ses petits exercices, il prêta une oreille attentive aux alentours, par précaution, des fois qu'on ne vienne dans les parages. Comme des fangeux par exemple, ou un opportuniste malavisé ou un dernier comparse un peu en retard qui chercherait à porter secours à son camarade blessé. Mais non, rien de tout ça. Le chevalier d'infortune dégaina la lame de son fourreau, dévoilant alors ce morceau de métal ridiculement cassé à quelques centimètres de la garde. "Il m'aurait été bien difficile de vous faire le moindre mal avec ça."

Surpris, d'abord décontenancé, le malandrin se fendit d'un rictus, et se surpris lui-même à lâcher un rire amer. "Si je n'en avais encore quelque chose à foutre... J'aurais pu me vexer..." Souffla-t-il péniblement.

"Toujours est-il que..." Reprit consciemment le jeune Eugène à l'encontre de son interlocuteur qui perdait son dernier espoir d'échapper à ce calvaire.

"Oh non, par pitié..."

"Tout petit déjà" reprit-il d'un air songeur "je me battais à l'épée. Tout d'abord de bois, puis rapidement le fer pris le pas sur le reste. Je vois encore mon père me présenter à un maître d'armes. Malgré le fait qu'il ne me portait pas dans son cœur, et c'est peu de le dire, il a tout de même chercher à m'élever convenablement. Bien qu'avec le recul, je me dis que parfois, il payait ces maîtres d'armes pour m'homocider discrètement en tentant de rendre ma fin accidentelle. Imaginez-vous, votre propre père, un propriétaire terrien fortuné et de bonne lignée, en venir à demander à un roturier d'occire votre unique héritier, tout ça car il porte des doutes et des accusations infondées sur votre légitimité. Bon d'accord, certaines de ses théories furent troublantes, mais il ne put jamais rien prouver." Eugène se mit à ricaner et à rêvasser, parlant plus tout seul que pour le brigand.
"S'il vous plaît, arrêtez."

Mais il n'en fit rien et Eugène continuait son récit, inlassablement. "Je me souviens encore, père fou de rage. Il cherchait inlassablement le coupable, alors qu'il l'avait renvoyé une petite semaine auparavant, mais jamais il n'avait remarqué sa particularité qui, pourtant, l'accablait. Le plus drôle dans l'histoire, c'est qu'il a quand même finit par le retrouver, en engageait des limiers, finançant des intrigants, des enquêteurs, que sais-je encore comme folies. Il voulut l'assassiner de ses propres mains. Mais celui qui pouvait prétendre à être mon véritable géniteur se trouvait être un véritable buffle, un gaillard de deux mètres. Mon père est mort, par strangulation, dans la boue. Et le germinateur imprudent s'est retrouvé pendu deux jours plus tard pour ça."

Eugène secouait la tête, il paraissait tout excité. "C'est follement amusant et fort triste à la fois. Rendez-vous compte, on pourrait dire que j'ai perdu deux pères à deux jours d'intervalle, quelle mélancolie, quel désarroi, je ne savais plus où donner de la peine."

"Monseigneur, je vous en prie. Je m'en fous vraiment."

Eugène n'entendit même pas les gémissements plaintifs de son ancien agresseur et comptait ses déboires familiaux avec passion. "C'eusse put s'arrêter là, mais les Dieux n'en firent rien. Cela a fait jaser à l'époque, mais ma mère s'est, un malheur n'arrivant jamais seul, en plus de ça donner la mort. Ayant perdue à la fois un amant et son mari elle venait de voir s'échapper sa fortune et son honneur." Eugène fit comme si on lui posait la question qu'il voulait entendre. "Comment est-elle morte vous demandez-vous, oh, c'est fort simple, la défenestration. Cela ma coûté une mère et un carreau. Elle aurait pu tout de même avoir la grâce, que dis-je, l'élégance de penser à ceux qui durent payer et la faire réparer par sa négligence. Mais vous savez elle n'a jamais beaucoup penser aux autres..."

"... Vous savez, je ne mentais pas tout à l'heure en disant que je m'en foutais et..."

"Mais au fond, comment pourrais-je jamais lui en vouloir. Si vous connaissiez ma mère comme je le connaissais..."

"Eh bien justement, à propos de ça..." Tenta l'infirme pour attirer son attention et gratter, pourquoi pas, un godillot en travers de la mâchoire qui aurait pour résultat d'abréger ses souffrances, mais non.

"... Ma mère, si vous saviez, elle buvait tellement que mon père en était devenu alcoolique." Eugène sembla songeur, une fois de plus. "Vous savez, elle ne l'a sans doute pas trompé par insolence, par ennui ou lassitude de la consommation matrimoniale, non. Mais, pour parler vulgairement, elle était tellement imbibée du soir au matin qu'elle aurait tout à fait pu copuler avec un rocher."

"... Si vous avez la moindre considération pour un homme qui souffre, je vous prierai d'abréger mes souffrances sur l'instant..."

"... Oh, vous m'y faites penser, les fangeux ! Fort bien. Assez d'histoires pour aujourd'hui, nous reprendrons tout ceci une autre fois."

Le brigand hésita fortement entre le rire ou le sanglot. Comment un être tel que celui-ci avait-il pu se défaire de sa troupe si aisément alors que visiblement son esprit lui paraissait fort dérangé. Les fous n'étaient-ils donc plus pris en charge ? Se baladaient-ils en liberté sur les terres sans que quiconque ne les diffère des sains d'esprits ? Ou bien était-ce tout simplement une méchanceté gratuite, un vilenie à son encontre ?

"Oh. J'oubliais. Pardonnez-moi, j'oubliais votre situation."

Le bougre paraissait sincère. Peut-être ne faisait-il pas exprès... Mais tandis qu'il semblait vouloir le quitter promptement, l'homme à terre lui agrippa le mollet et chercha, derrière tout cet attirail, une lueur, un regard...

"Vous n'oseriez me laisser présentement ici monseigneur. Vous m'avez brisé de votre écu et m'avez achevé de vos histoires mièvres. Mes tourments doivent... Cesser ici. S'il vous plaît, ne laissez pas les fangeux dévorer mes chairs de mon vivant... Chevalier... Ayant bon cœur, si vous me connaissiez, comme vous connaissiez votre mère, vous sauriez que je n'étais pas un mauvais bougre, au fond. Allez, achevez-moi, vous qui n'avez l'air de vous soucier des autorités, grand bien nous fasses à tous les deux... N'ayez crainte, je ne vous maudirai dans mon passage dans l'autre monde, je pense avoir mérité mon sort... Vous savez... Je..."

"Soit." L'abrégea-t-il en plein discours d'un coup de tranchant de bouclier dans la gorge. Cela l'occis dans l'instant. Considérant que le moment fut opportun surtout qu'il semblait être fort occupé à raconter sa vie, Eugène s'imaginait que sa mort fut rapide et suffisamment indolore pour qu'il vienne même à le remercier. Bon. Peut-être aurait-il pu le laisser finir, mais Eugène n'aime pas qu'on palabre des heures sans lui laisser la parole au moins une fois. En plus, c'est fort malpoli.

Un détail cependant attira son attention... Un rayon, perçant l'épaisse cime des arbres centenaires frappait la main désormais inerte de la dépouille immobile. Un éclat doré scintillait faiblement dans cette pogne refermée... Retirant alors son heaume, fait assez rare pour qu'il soit ici noter, Gabriel s'agenouilla, retrouvant une vision correcte du monde qui l'entoure. Agrippant la main tantôt encore frétillante, il la retourna paisiblement et y découvrit un simple médaillon doré. De facture fort simple, il ne devait pas valoir bien cher, surtout privé de la moindre chaînette pour qu'il serve de pendentif. Par maladresse, son doigt glissa sur le coté et l'ouvrit, brisant le petit mécanisme fragile qui le maintenait fermé. Ce qu'il vit lui rappela un autre Eugène. Le véritable, Lastuce. Nom légitime qu'un cours instant, sans doute pour cet enfant qu'il avait rencontré par hasard mais dont il se souviendrait à jamais, et qui lui subtilisa son nom... Ce qu'il vit lui remémora tant de choses, un simple petit évènement qui dura à peine quelques minutes, une rencontre fortuite qui aurait pu ne jamais se produire mais qui bouleversa sa vie.

"... Celui que tu dois être..." Murmura le chevalier.

Gravé à l'intérieur, le portrait d'une femme.

Une femme sans visage.


Soi réel




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MessageSujet: Re: Eugène Lastuce - La loi, c'est moi !   Eugène Lastuce - La loi, c'est moi ! EmptyJeu 7 Avr 2016 - 12:25
Si la Loi c'est toi, et l'ordre ? *sort*

Bienvenue sur le forum. :-D
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MessageSujet: Re: Eugène Lastuce - La loi, c'est moi !   Eugène Lastuce - La loi, c'est moi ! EmptyJeu 7 Avr 2016 - 12:54
Yeah, un homme cultivé, j'aime ça !
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Yseult de TraquemontChâtelaine
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MessageSujet: Re: Eugène Lastuce - La loi, c'est moi !   Eugène Lastuce - La loi, c'est moi ! EmptyJeu 7 Avr 2016 - 16:05
Coucou et bienvenue ! Je vais procéder à la correction de ta fiche et-...

Non je rigole, je suis en train de lire, fausse alerte. é-è Ça t'apprendra à faire des pavés !

Je te MP quand j'ai fini.

Have a cookie (pour la rime seulement, tu le rends quand t'as fini).

Eugène Lastuce - La loi, c'est moi ! 3161563044


Lecture finie.

Re-coucou et re-bienvenue ! La fiche est assez particulière, présentant un personnage pour le moins atypique. À titre personnel j'apprécie tant le fond (ayant plusieurs fois joué des personnages travestis) que la forme, laquelle nous offre une narration à l'humour très british que j'apprécie beaucoup.

Cependant il y a quelques points que j'aimerais éclaircir.

Nous avons à la naissance un enfant bâtard qui s'avère être une métisse, soit. On nous parle de parents assez fortunés mais étaient-ils bourgeois ou nobles (j'interprète "propriétaire terrien" comme étant la première option mais sait-on jamais, d'autant plus qu'on nous parle d'une "bonne lignée") ? Là où le background recèle quelques écueils, c'est au niveau du passage entre Gabriel et Eugène, voire de Gabrielle à Gabriel. Il paraît étonnant, a fortiori dans un milieu aisé, qu'une simple bourde d'orthographe puisse conduire à éduquer une petite fille comme un petit garçon. C'est un peu flou pour moi et je me demandais comment tu voyais les choses à ce niveau.
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MessageSujet: Re: Eugène Lastuce - La loi, c'est moi !   Eugène Lastuce - La loi, c'est moi ! EmptyJeu 7 Avr 2016 - 17:20
Merci pour ta rapidité, déjà.

J'avoue que rendre ces passages moins cryptiques ne me plait pas vraiment. Si je retrouvais le mot que je cherche ce serait super pour expliquer, mais disons que j'aimerais rester dans la suggestion.

Alors, sachant que l'on considère que c'est un simple oubli, en réalité son père a fait exprès. Quitte à avoir un "bâtard" métissé, autant essayer d'en faire un garçon.
La logique voudrait qu'il s'en moque, mais l'homme étant un peu perturbé par l'évidence que ce n'est pas son enfant, ne devait sans doute pas compter faire un nouveau chiard à sa régulière. Donc dans le doute, en cas de guerre ou de mort prématurée, tenter de sauver le nom et la fortune dans un dernier élan désespéré.

Donc dans l'état civil, disons simplement que Gabrielle n'a jamais eut d'existence propre.

La transition Gabriel => Eugène s'est produite naturellement à la mort de ses parents, ne voulant porter un nom qu'il ne pourrait supporter, il a décidé de prendre le nom de celui qui l'avait fasciné étant enfant. Se doutant, par la suite, qu'il s'agissait d'un pseudonyme parmi tant d'autres de ce saltimbanque.

Il est chevalier, sur le principe, mais ne possède plus rien, si ce n'est un titre de noblesse qui est au nom de Gabriel de Ponton. Il n'en a jamais usage car nul ne le connait comme tel, et chacun assume qu'il s'agit d'un chevalier car il se comporte suffisamment outrancièrement pour ça... Du moins pour les loqueteux. Les autres le prennent pour un fêlé et ne participant pas à la vie de cour, il ne se fait que peu remarquer par ses pairs.

Seuls les mercenaires et la milice peuvent lui reprocher de faire leur boulot gratos, mais bon. C'est plutôt anecdotique. J'espère avoir répondu à tes interrogations.

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MessageSujet: Re: Eugène Lastuce - La loi, c'est moi !   Eugène Lastuce - La loi, c'est moi ! EmptyJeu 7 Avr 2016 - 17:47
Okay, je me fais une assez bonne idée maintenant. Ça me va en l'état, bien que j'attire ton attention sur quelques points pour les RP futurs :

- Eugène risque assez gros de la part des autorités (voire de la simple société) si on venait à découvrir sa réelle identité, laquelle présente une combinaison de facteurs très propices au rejet (bâtard, femme combattante et métisse, c'est le pompon).

- Il lui sera difficile, mais je pense que tu l'as anticipé déjà, de réellement asseoir son statut de chevalier parmi ses pairs. Déjà parce que le personnage, comme tu le montres bien, est chevalier "de terrain plutôt que de château" (expression joliment trouvée, je t'en félicite !) mais encore parce qu'il lui est impossible de se révéler - ou au risque d'être, encore, rejeté/tourné en ridicule.

Je vais te mettre ta couleur et ton rang, n'oublie pas de renseigner dans ton profil le champ correspondant à ta présentation avec l'adresse de ce sujet. Quant à ta fiche de personnage elle se trouve ici (à renseigner également dans le profil) : https://marbrume.forumactif.com/t946-eugene-lastuce-carriere-du-chevalier#12798

De même que de faire lorsque tu en auras le temps ton journal d'aventure : https://marbrume.forumactif.com/f45-journal-d-aventure

Je t'invite à jeter un œil aux demandes de RP en cours si l'une d'elles t'inspire ou à en poster toi-même à cette adresse (bien que la cb fonctionne également très bien pour ça) : https://marbrume.forumactif.com/f11-demandes-de-rps

À nouveau bienvenue sur le forum et bon RP !
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