Nom :  L'Orphelin
Prénom : Filou
Âge : 16
Sexe : Gars
Rang : Orphelin, gamin des rues, voleur de pommes
Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs : Voie du voleur. HAB + 3 ; INI + 1
Compétences et objets choisis : Fuite, Vol à la tire, Sens du détail, Sens de la répartie.

Objets: Ce sur quoi il met la main, donc pas grand chose.

Filou est un jeune garçon chétif. Il est simplement vêtu, des sandalettes trop petites et une chemise en lin un peu rapiécée si grande qu'elle lui descend jusqu'aux genoux. Et un slip qu'il change quand il peut. À seize ans, il ressemble à pas grand chose, petit, le teint pâlot, les quenottes déjà bien attaquées et deux yeux bleus aussi rond que clairs. Ses cheveux sont toujours coupés à ras, assez mal, la tonsure est loin d'être régulière, car faite avec un petit sécateur la plupart du temps.
Il n'a pas bien grandi, il n'a aucune idée de combien il mesure, mais ça ne culmine pas bien haut. Idem pour le tour de taille, bien maigrichon. La faute à la mal nutrition, à des heures passées à crapahuter dans des endroits clos et exigus, à se faufiler dans la moindre fissure, à donc tout faire pour limiter sa croissance. Le bon côté, outre sa capacité à s'insinuer partout, est que Filou court vite. Ses mouvements sont rapides et léchés, il sait quoi faire et comment le faire et s'adapte dès qu'il le faut à son environnement. Un homme l'a vu voler, peu importe, il se fond dans la foule ou se camoufle dans l'ombre, un milicien l'a reconnu, un sprint et un saut pour se propulser sur un toit ou derrière une barrière et le voilà semé.
Tout ça pour dire que Filou ne paie pas de mine, passe parfaitement inaperçu et a les genoux ainsi que les mains couverts de croûtes.

Filou ne croit en rien, si ce n'est que de chaque jour dépend sa survie. Rien d'autre n'a chapitre à sa foi. Du petit groupe d'orphelins des rues, il n'était ni le leader, ni le frondeur, ni le sage, peut-être le malin, mais vu qu'il n'était que rarement consulté par les autres, il pouvait garder ça pour lui. Filou est discret et s'occupe bien davantage du comment que du pourquoi. Il ne cherche en rien la reconnaissance et au final, ne fait partie de ce petit groupe uniquement car il suppose que c'est bon pour sa sécurité. À plusieurs, on est moins fragile. Le reste, les liens sociaux, les bons moments, c'était cool à sa manière. Mais il fallait tout de même en payer le prix, c'est-à-dire aussi voler pour les autres, les aider à fuir quand il le faut, veiller sur eux mieux qu'ils ne veillent sur nous. Enfin bon, il avait accepté les règles et de toutes façons c'était comme ça et pas autrement.
Et puis après tout, Filou ne s'embarrassait pas trop des règles, peu importe lesquelles. Les règles du groupe, les lois, l'éthique, ça lui passait un peu au-dessus. Tant qu'il y gagne quelque chose, la règle ne le dérange pas. Dès que ça s'inverse, c'est sans remord qu'il la brise.
Mais en dehors de ses aspects les plus pragmatiques, en dehors de son obsession pour sa survie, Filou est un rêveur intermittent. Quand il se permet de s'échapper de son quotidien morose, Filou jette un regard au ciel et se demande ce qu'il reste au loin, à l'ombre d'autres nuages. Que reste t-il en dehors, un autre bastion de résistance, un havre de paix, une coque de noix qui vogue au gré des embruns ? Peut-être. À chaque lever de soleil, il se questionne, qui d'autre est en mesure de le voir ?

Filou n'a pas de souvenir de sa famille. Dans un vague relief de sa mémoire, on lui dit que ses parents étaient marchands itinérants et qu'un brigand avait eu raison de sa peau. La mère, accablée de chagrin, s'était suicidée et le petiot, encore tout jeune, avait été recueilli par un orphelinat. Sans indice sur son prénom, le jeune garçon fut nommé Filou, parce qu'il était très fort au cache-cache, et que Filou ça sonne mieux que Lebiencaché. Poursuivi par la poisse, l'orphelinat dut déposer le bilan, faute d'acheteurs pour les enfants jugés turbulents. Les fauves furent lâchés dans les ruelles inhospitalières de Marbrume, certains s'en allèrent chercher un boulot en tant qu'apprenti, que petite main dans une auberge ou un restaurant ou dans les différentes guilde de marchands. D'autres, prirent l'ombre et se réfugièrent sur les pavés glacés d'une ville alors vivante.
C'est le cas de Filou et de cinq de ses anciens camarades. Menés par l'inusable Bavard et la très agressive Mordeuse, ce petit groupe devint maître dans l'art du vol à l'étalage, du vol de bourse à la ceinture, et surtout, de fuites trépidantes dans un terrain de jeu qu'ils apprirent par cœur. Filou était d'ailleurs le plus rapide d'entre tous, et le plus agile. Il revêtait ainsi souvent le rôle d’appât ou de leurre. Celui qui tape dans l’œil, qui provoque le milicien et qui s'en va le semer un peu plus loin, pendant que ses petits copains chapardent, chourrent, volent, détroussent et détournent.
Sans être vraiment heureux, Filou se contentait de cette existence frugale et rude. D'un côté, il était toujours en vie, toujours libre et à peu près en bonne santé. De l'autre, aucune autre existence ne l'attendait. Entre les querelles incessantes dans le groupe d'orphelins, l'incertitude totale du lendemain et les perspectives assez bouchées, Filou faisait contre mauvaise fortune bon cœur. La nuit ou au petit matin, il rêvassait, s'imaginait marin, corsaire ou pirate, voire marchand comme ses défunts géniteurs. Changer d'horizon, voir le monde, faire le tour du périmètre, aussi large soit-il. Le regard planté dans le ciel, il se voyait ailleurs, simplement. Avant que Bavard ne se réveille et ne rameute ses troupes.
Ça, c'était avant les premières rumeurs. Dès les premières attaques, Filou fut le premier à avoir compris. Les orphelins et les voleurs ne sont pas de ceux que l'on défend. Il fallait donc passer d'un mode de survie à un autre, bien plus dangereux. Il se désolidarisa peu à peu du groupe, qui, il l'apprit, se firent avoir les uns après les autres. Dormir dans les impasses, les égouts, ce n'était plus suffisant. Filou dormait sur les toits, là où les fangeux ne le sentaient pas. Partir devenait impossible. S'engager pour être utile, encore moins, vu que son seul talent était de fuir et en aucun cas de combattre ou de protéger. Rester à régner sur son royaume, celui de son existence et de son carré de tuiles. En attendant, peut-être, un jour meilleur.

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