Marbrume


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 Varamyr

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MessageSujet: Varamyr   Varamyr EmptyMar 14 Juin 2016 - 1:00




Varamyr




Identité



Prénom : Varamyr
Âge : 18 ans
Sexe : Masculin
Rang : Le Nobliau
Banni  : Thaumaturge, +2 CHA +2 INT
Compétences et objets choisis : Éloquence, Esquive, Comédie, Préparation de poisons
Arc court
Poignard
Gambison
Gants en cuir léger
Jambière de cuir
(son armure de plate est purement RP et ne sera pas portée en combat, voir histoire)

Physique




Varamyr est un garçon assez maigre possédant une carrure plus agile que puissante, avec des membres fins et allongés. Son visage plutôt féminin, aux traits gracieux et élégants rehaussés par sa chevelure corbeau et bouclée qui lui tombe sur les épaules, évoque celui d'un garçon malicieux, plein d'astuce. Il est presque totalement imberbe. Ses yeux verts-jaunes scrutent souvent les moindres détails chez une personne ou un lieu et sont passez maîtres dans l'art de véhiculer des émotions diverses ou, au contraire, de ne pas transmettre plus que la pierre. Ses bras secs et souples lui permettent de réaliser des mouvements fluides, à l'image de ses jambes athlétiques qui lui donnent une démarche de félin. Sa voix est claire et s'habille souvent d'accents colorés ou de tons variés tout comme ses cheveux sont souvent étouffés par perruques ou capuches. En effet, son passé de comédien lui a appris à se grimer et se faire passer pour quelqu'un d'autre, du grand seigneur à l'amante endeuillée.

En ce moment, il porte très souvent une armure d'une élégance rare qui témoigne de la richesse de son ancien propriétaire. Finement ouvragée, couverte ça et là de runes anciennes ou de têtes de loups, blason de celui qui la portait auparavant, elle est à l'origine de son surnom parmi les bannis et les gens de Traquemont, « Le Nobliau ». Il la porte avec une épaisse cape de fourrure et qui lui donne des airs royaux.

Personnalité



Varamyr est un renard, un type futé et intelligent pour son âge. Il est plus orgueilleux que certains nobles, plus ambitieux aussi, et peut même se montrer retord quand il s'agit d'écraser ses adversaires. Il ne recule devant rien pour remplir ses objectifs, et ne fait preuve de pitié que quand cela sert ses desseins. Ayant grandi parmi une troupe de saltimbanques, il est rompu à l'art de jouer le rôle d'un autre et maîtrise les grandes tirades épiques que les héros de jadis prononcèrent. Même s'il n'a pas mauvais fond, rares sont les personnes qui comptent vraiment à part lui et il est prêt à sacrifier n'importe qui pour réussir, quitte à se montrer lâche, vicieux, perfide. Ses ambitions le mèneront certainement à sa perte puisqu'il est prêt à prendre tous les risques pour les réaliser.

En dehors de ça, Varamyr n'est pas dénué d'humour, surtout de cynisme, ni de dérision. Car si sa quête représente tout à ses yeux, il est totalement conscient de sa vacuité et de son ridicule. Mais l'époque s'y prête et la Fange a redistribué les cartes, ce qu'il compte exploiter jusqu'à ce qu'il réussisse ou que mort s'en suive. Il est le meilleur et le sort lui-même ne pourra se mettre en travers de sa route. Né dans la rue et abandonné, peut-être, mais il finira au sommet quoiqu'il arrive. Il a un profond dégoût pour la noblesse actuelle même s'il reconnaît son utilité en général. En gros, il hait les nobles, mais reconnaît la noblesse. Quant aux autres, ils ne sont que des pions, qu'ils soient utiles ou gênants

Histoire



Acte I
Le Bâtard
Le sang ne ment pas

 « Un bâtard ? »

 « Le fruit d'une union illégitime entre un membre de la noblesse et une femme du peuple, oui, c'est ce que tu es. Parfois, ils peuvent être une épine dans le pied pour le sang-bleu qui a couru la gueuse, surtout à la veille d'une union avec une femme d'une autre maison. En tant qu'aîné, le bâtard peut revendiquer la succession de sa famille en tenant tête à l'héritier légitime, ce qui a déjà entraîné des conflits dans tout le royaume, tu comprends ? »

 « Oui... Mais si tu sais tout ça, c'est que tu as connu ma mère ? »

 « Oui je l'ai connu. »

 « Qui était-elle ? Et mon père ? »

 « C'est assez pour ce soir, il est déjà tard et je t'en ai donné suffisamment. Maintenant va dormir, demain nous avons de la route. »

Beaucoup d'autres questions lui brûlaient les lèvres, et Gallot n'acceptait que très rarement de lui dévoiler quelques détails sur sa mère et sa petite enfance. Mais Varamyr le savait sévère et avait appris à ne pas réclamer et à obéir à ses ordres, fussent-ils injustes. C'est donc déçu qu'il regagna sa couche autour du feu de camp avec encore plus d'interrogation qu'auparavant, tandis que Gallot s'en éloignait pour trouver un coin plus tranquille afin de finir sa gnôle en paix. Ce moment de calme fut de courte durée, puisqu'il fut rejoint par Choucas, un autre membre de la troupe, qui s'approcha de lui avec sa démarche balourde, faisant flotter ses cheveux noirs et bouclés ainsi que sa panse flasque.

 « Quand est-ce que tu vas cracher le morceau à propos du gosse ? C'est vrai quoi, même nous on sait pas grand chose. C'est pas le fils du Duc quand même ! »

Gallot soupira et secoua la tête. Ses longs cheveux blancs et sa carcasse décharnée lui donnaient un air spectral en cette soirée d'automne.

 « C'est qu'un enfant trouvé dans la rue, pourquoi est-ce qu'il vous intéresse tous autant ? »

 « L'est quand-même pas banal c'gamin, avec sa gueule de pute et son intelligence de r'nard ! Pis ça intéresse toujours tout le monde les histoires de bâtards, ça prouve que ceux qui nous dirigent aiment quand-même trousser d'la gueuse, tout comme nous autres les crève-la-faim ! Aller Gallot, vide ton sac, j'y répéterai pas moi au tiot. »

 « Bon... Tu te souviens de Layne, la serveuse au Cochon saoul ? Tu sais, la rousse là. »

 « Ouais bien sûr que je me souviens, c'est moi qui t'ai ramassé quand tu dormais complètement ivre dans la rue, avec ta tignasse couverte de merde et tes joues brûlées parce que t'avais trop chialé à cause qu'elle voulait pas de toi ! »

 « Oui voilà, elle... C'est la mère du petit. Et c'est elle-même qui me l'a donné. »

 « Comment ça donné ? Tu l'as engrossé au final cette coquine? »

 « Un peu de respect tu veux. Et non ce n'est pas moi, c'est un noble. Roland Fortesque, le baron là, seigneur de Vieille-Écorce. Il l'a... « engrossé » comme tu dis, la veille de son mariage avec la fille unique des Tristesire, son nom m'échappe... »

 « Nan ? L'gamin est une gueule de loup ? Y'en a qui disaient que c'était pas le plus aimable des seigneurs, et que l'temps lui a pas arrangé l'âme. Et que même si c'est lui là, Roland, qu'est le pire dans sa famille, les autres sont pas forcément mieux. »

 « Oui, ils sont à l'image de leurs mots, « Nulle pitié pour celui fait ouvrir sa gueule au loup » . Layne est venue me voir alors que le garçon n'avait quelques mois. Elle était paniquée et m'a demandé de lui pardonner son refus avant de me dire que si elle m'avait choisi rien de tout ceci ne serait arrivé. Elle m'a supplié de prendre son fils et de veiller sur lui, puis elle est partie et je ne l'ai plus jamais revu. »

 « D'où c'est qu'elle est maintenant ? »

 « Morte j'imagine. »

Un lourd silence régna pendant plusieurs minutes entre les deux hommes avant que Choucas ne reprenne.

 « Sale histoire y'a pas à chier. J'pige mieux pourquoi tu l'as appelé Varamyr maintenant. »

 « Par rapport au « Roi en Guenilles » oui.

Acte II
Le comédien
Tout homme a un rôle à jouer dans l'existence comme sur les tréteaux

 « T'as bien joué aujourd'hui gamin. »

Varamyr ôta sa longue perruque brune qui lui descendait jusqu'au bas du dos. Depuis peu, il jouait le rôle de Cat, la fille du Roi en Guenilles, qui mettait fin à ses jours lors de la dernière scène de la pièce, après avoir perdu toute sa famille et s'être fait violer par le seigneur qui usurpe ensuite le trône. Ce n'est pas la première fois qu'il jouait une femme, il y était même assez habitué puisqu'il y avait le droit à presque toute les pièces, à cause de ses traits féminins, de sa voix ténue et de sa carrure discrète. Mais Cat était particulière, puisque c'était le premier grand rôle qu'il endossait ! Il en était fier, lui qui n'avait quatorze ans que depuis quelques semaines, car c'était la récompense d'un long travail en coulisse à répéter encore et encore, à jouer seul, à maîtriser le ton particulier du personnage, à adopter des airs royaux.

Ce qui lui avait demandé le plus de temps était la fameuse dernière scène, où la princesse fondait en larmes alors qu'elle se passait la corde autour du cou, puisqu'il ne pleure jamais lui. Pire encore, il détestait depuis toujours ceux qui s’apitoyait sur leur sort comme des crétins sans importance. D'ailleurs, il était content de mourir sur scène, cette idiote de Cat et sa famille d'incapables ne méritaient que ça.

Le garçon se lava le visage à l'eau clair pour se débarbouiller de tout ce fard avant de récupérer sa dague qui traînait sur un tonneau. C'était un cadeau de Gallot qui s'avéra empoisonné, puisqu'il était dorénavant de corvée de dépeçage quand le public avait été trop pingre et qu'il fallait chasser le lapin pour manger. Mais bon, vu qu'ils comptaient rester à Marbrume pendant plusieurs semaines avant de reprendre la tournée des hameaux, il était tranquille et ces bestioles aussi.

 « Varamyr ? Viens voir mon garçon. »

C'était Gallot qui l'appelait dans une autre salle remplie de barriques et de gros jambons que l'on laissait fumer.

 « Oui ? »

 « Je suis content de ta prestation d'aujourd'hui, tu fais de gros progrès, et très rapidement, c'est bien. D'ailleurs, tu as plu à d'autres personnes également, comme par exemple le seigneur Guillaume de Sanguis. Il est prêt à t'offrir dix pièces d'argent si tu acceptes de jouer tes scènes juste pour lui, dans son manoir. Tu peux être content, tu es le seul à qui il a demandé une telle requête. »

Un énorme sourire vint illuminer le visage du bâtard. Il aimait le théâtre, jouer un rôle, et quand quelqu'un appréciait ses prestations alors c'est que le travail ne fut pas vain et que son talent était reconnu. Il courut se rhabiller et se farder les joues, renfilant sa perruque et rougissant ses lèvres de jus de mûres écrasées avant de s'enfermer plusieurs heures pour répéter l'entretien de la soirée. Cela devait être parfait, le noble allait lui donner plus d'argent qu'il n'en gagnait en plusieurs mois, il ne fallait pas le décevoir.

**********

Le soleil commençait à se coucher, il était temps d'y aller. Il rangea machinalement sa dague avec laquelle il jouait depuis plusieurs minutes dans l'une des poches de sa robe et cavala jusqu'au manoir, excité comme un puceau au bordel. Il arriva finalement devant l'énorme porte de la demeure à côté de laquelle se tenait un épais gaillard vêtu de mailles et tenant une pique. Il le toisa quelques secondes d'un air méfiant avant de le laisser passer.

 « C'est au deuxième, la pièce au fond. »

Varamyr monta les marches par deux et pénétra dans la pièce. Jamais il n'avait vu un endroit aussi grand, et aussi beau. De grandes tapisseries contant les exploits des héros de jadis lézardaient les murs, et une énorme cheminée où brûlait un feu copieux se tenait au fond de la salle. Devant elle étaient disposés plusieurs coussins sur le sol et sur lesquels était affalé un vieil homme au crâne dégarni et à la barbe presque blanche qui tenait une coupe de vin dans main droite. Le cœur du garçon sautait si fort dans sa poitrine qu'il semblait vouloir s'en échapper. Il s'approcha du noble, lui fit une révérence et commença.

Il joua tout abord la peur, quand Cat apprenait le départ de son père le Roi et de ses frères pour une guerre contre un méchant seigneur étranger, puis l'amour, quand elle tombait amoureuse du fils de ce même seigneur, alors captif dans les geôles de sa famille. Puis, enfin, la tristesse alors qu'elle nouait la corde lors du dernier acte.

 « Ô Anür ! Pourquoi fallait-il que tu arraches ma famille de notre monde ? Ô Serus ! Pourquoi faillait-il que tu donnes naissance au seigneur Rhakar ? Ô Rikni ! Pourquoi faillait-il que ton courroux s'abatte sur les miens ? »

Il s'écroula ensuite au sol, en sanglots, avant de feindre d'être mort, non pas par pendaison faute de moyen, mais par empoisonnement. Le noble, qui s'était redressé depuis un moment déjà, se leva en applaudissant.

 « Incroyable ! J'en suis ému aux larmes ! »

Puis il s'approcha du garçon, qui s'était relevé et souriait presque niaisement, content que la pièce ait plu.

 « Tu es très douée pour ton âge, et très belle. »

Il écarta l'une des mèches de la perruque pour lui caresser la joue. Varamyr recula, gêné et surpris.

 « Mon seigneur il y a méprise, je suis un garçon. »

Mais le sang-bleu s'avança à nouveau et l'attrapa par la main.

 « L'es-tu ? Tu étais une princesse il y a encore un instant non ? C'est à une princesse que je vais donner dix pièces d'argent, pas à un garçon. »

Ses yeux brillaient d'une lueur malsaine alors que les doigts de son autre main effleuraient le menton du comédien.

 « Alors gardez vos pièces ! »

Il repoussa le vieillard et tenta de faire demi-tour, mais ce dernier lui attrapa à nouveau le bras avec cette fois-ci avec plus de force, en le tirant vers lui avant de le plaquer au sol, le visage contre la pierre froide.

« Allons, n'aies pas peur... Je serai aussi courtois que le fils de ton seigneur, Cat. »

Ses mains couraient ça et là sur ses cuisses et ses hanches, déchirant la robe par endroits.

 « Lâchez-moi ! »

Mais il avait beau se débattre et repousser les griffes vicieuses du pervers, elles revenaient inlassablement. Puis il se souvint que sa dague l'attendait dans le fond d'une des poches à l'avant de la robe. Il l'attrapa tant bien que mal et attendit que le noble se déshabille pour se retourner en un éclair en décrivant un arc-de cercle rapide vers sa gorge qui s'ouvrit en un torrent écarlate parsemé des bruits sourds d'une toux asphyxiante.

Varamyr se releva en reculant, hébété devant la vision de ce vieillard qui gisait à présent dans une marre de sang, animé de sursauts grotesques et poussant des gémissements étouffés. Frappé par la terreur, le garçon resta là à écarquiller les yeux devant ce spectacle pathétique avant de se ruer vers la fenêtre la plus proche pour escalader le mur du manoir et filer très vite d'ici en espérant que les gardes tardent à se rendre compte de son œuvre.

Il arriva quelques minutes plus tard à l'auberge où logeait la troupe, la chevelure hirsute et débarrassée de sa perruque. Sa robe ouverte sur les côtés des pieds jusqu'à l'aine et imbibée de sang ressemblait maintenant au tabard d'un chevalier après une terrible bataille.

 « Gallot ! Gallot ! »

Il lui raconta toute l'histoire, essoufflé et dégoulinant de larmes et de sueur devant les yeux médusés de l'adulte.

 « Tu dois partir, et vite ! Change toi et va te cacher dans les marais, je viendrai te retrouver plus tard ! »

Varamyr enfila rapidement une tunique et des chausses en laine, noires toutes les deux, avant d'ouvrir la porte pour fuir.

 « Varamyr ! »

Il se retourna et Gallot lui lança un objet. C'était une broche en forme de tête de loup, servant probablement à tenir une cape.

 « C'était à ton père. Maintenant va ! On se retrouve dans quelques jours.

Acte III
L'empoisonneur
Le pire poison est celui qui corrompt lentement jusqu'à changer la nature de l'être

Varamyr errait seul depuis maintenant trois jours dans les marécages de l'Obliance, se nourrissant uniquement de baies douteuses ou de plantes inconnues, privé de chasse puisqu'il n'avait pas emporté son arc dans sa fuite. Il n'était pas vraiment accoutumé à la tourbière car la troupe de Gallot se contentait de suivre les routes pour donner des représentations dans d'autres villes ou villages, et campait à côté d'elle quand elle n'avait pas d'autre choix. Mais en aucun cas les saltimbanques s'amusaient à prendre les sentiers battus, cela fatiguait inutilement les bêtes et du matériel pouvait finir embourbé, ce qui retarderait les prestations et, par conséquent, la rentrée d'argent.

C'était donc un tout nouveau monde pour le jeune garçon qui vagabondait au hasard parmi les eaux stagnantes, le ventre serré par la faim et la peur. Qu'allait-il devenir ? Allait-il mourir ici, seul, sans jamais savoir qui il était vraiment ? Ou est-ce que les hommes du nobles ou bien de la milice allaient-ils le retrouver et le pendre ?

 « Je ne suis pas le Roi en Guenilles, je refuse de perdre... »

Cette fable il l'aimait et la détestait. C'est elle qui révéla ses dons de comédiens et qui lui permit de se faire une meilleure place dans la troupe. Mais l'histoire était si stupide, ses personnages si couards et si défaitistes. Lui n'abandonnerai pas, jamais, tant que tous ne seront pas d'accord pour dire qu'il est le meilleur. Certes il était à présent un meurtrier mais qu'importe, ce contre-temps ne l'empêcherait pas d'atteindre son but. Et à mesure que sa détermination grandissait, un sinistre rictus lui déformait le visage.

Il tomba sur une cabane au détour d'une marre vaseuse entourée de saules, elle était grossièrement faite avec des pierres certainement trouvées ça et là, et de la chaume un peu passée. Une fumée paisible s'échappait de sa cheminée alors que le garçon s'approchait. Qui vivait dedans ? Pouvait-il leur faire confiance ? Ses doutes ne le retinrent pas longtemps car il fut vite décidé quand il entendit son ventre rivaliser de grondement avec l'orage qui arrivait.

Il ébouriffa encore plus ses cheveux et se rajouta de la boue sur ses habits pour paraître encore plus ahuri et moins dégourdi qu'il n'en avait l'air, afin de susciter de la pitié chez les habitants, puis il frappa à la porte.

 « Excusez-moi m'sieur dames, j'ai perdu mes parents et je meurs de faim, auriez-vous un peu de soupe pour... »

La porte s'ouvrit, lui coupant l'herbe sous le pied et dévoilant une vieille femme très laide, couverte de verrues et de rides, avec un nez crochu et une orbite creuse, une bouche édentée et des cheveux aussi blanc que les premières jutes. Elle le toisa quelques instants avant de dire, avec une voix plus désagréable qu'une porte qui grince :

 « Y'a pas de m'sieur ici, que moi. L'msieur il existe pas, comme tes parents. Si t'étais un gosse perdu tu te baladerai pas avec une tenue aussi discrète et une dague à la ceinture. Alors déguerpie sale menteur ! »

 « Attendez ! »

Trop tard, la porte lui claqua au nez.

 « Vieille carne ! J'ai tué un noble et je me suis enfuis de Marbrume, si vous me laissez dehors je viendrai vous tuer dans votre sommeil ! »

La porte se rouvrit, dévoilant à nouveau la vieille femme, le visage déformé. Était-ce une grimace ? Ou souriait-elle ? Le garçon ne pouvait trancher, mais il était en tout cas certain sur une chose, le spectacle était immonde.

 « Et si je te fais rentrer, qu'est-ce qui t'empêchera de me tuer quand-même dans mon sommeil hein ? »

 « Je ne suis pas un meurtrier. Je fais seulement ce qui est nécessaire pour survivre, et votre maison fait parti de ces nécessités. »

L'ancêtre haussa un sourcil, curieuse, alors que sa bouche se tordit encore plus.

 « Très bien, entre. Mais tâche de te rendre utile ! Et sois prudent avec cette dague, ce n'est pas pour rien si une vieille femme à réussi à survivre autant de temps dans les marais, et seule ! »

C'est vrai ça, comment cette peau de parchemin pouvait s'en sortir toute seule, au milieu de ce trou bourbeux ? Peut importe, au moins ce soir il aurait le droit à un repas chaud et à une couche. Il entra donc dans la modeste demeure dont l'intérieur lui parut serein et apaisant. Beaucoup d'objets traînaient partout, certains couverts de poussières et appartenant à une autre époque, ce qui en disait long sur l'âge de la vieille femme et le nombre d'années qu'elle avait pu passer ici. Sur une étagère était disposé de nombreux volumes tous plus épais les uns que les autres, certains traitant d'histoire, d'autres de légendes, mais beaucoup de plantes. Le regard de Varamyr s'arrêta alors sur une table où alambics et fioles s'étalaient allégrement. Le comédien sourit, comme fier.

 « Je le savais, vous êtes une sorcière. »

 « Une sorcière ? Et pourquoi donc, l'assassin ? »

Il ne releva pas la remarque, trop content d'avoir vu juste.

 « Vous êtes aussi laide que celle dans la chanson « Lison vieille fille », vous savez celle qui... »

 « Oui je connais, celle de la fille qui repousse tous les hommes qui la courtisent parce qu'elle pense valoir mieux, et qui finit en vieillarde qui maudit tout le monde. »

 « Ouais voilà. Je pensais que la chanson exagérait trop, avec « la peau du visage comme le cul d'un crapaud » ou « la bouche aussi vide que le crâne d'un cabot », mais vous êtes encore plus vilaine. Et cet atelier là, c'est pour créer des philtres d'amour et préparer des potions qui vous transforment le visage en cul de nonne j'pari. »

La vieille éclata d'un rire qui évoqua à Varamyr le bruit que ferait un gros oiseau s'il essayait de jurer et de tousser en même temps.

 « Tu ne manques pas de culot toi ! Oui je suis une sorcière, comme toi tu es un meurtrier. »

Les deux phénomènes firent plus ample connaissance, et le comédien apprit qu'il était chez celle que truands, bandits et assassins appelaient « Mère », une ancienne empoisonneuse qui troquait à présent ses essence néfaste contre de la nourriture ou des objets. Elle lui apprit à concocter des philtres capables d'endormir un homme en quelques secondes, des liqueurs calmant toux et fièvres, un catalyseur au goût de pisse qui engourdissait les membres, ou encore des quintessences d'effluves si brûlantes qu'elles poussaient un homme à s'arracher la peau jusqu'aux os pour calmer les démangeaisons. En échange, il s'occupait de chasser ou de se rendre dans les villages pour acheter du matériel neuf de temps à autres, voire de cueillir plantes et feuilles indispensables à la confection des poisons de l'ancêtre. Et celui qui ne comptait rester qu'une soirée passa ainsi quatre années aux-côtés de la vieille mère. Il devint plus grand mais resta maigre, son visage garda les mêmes traits féminins quoiqu'ils devinrent plus résolus et plus confiants au fil des années. Il avait continué à confectionner des perruques à partir de bric et de broc, tout en s'entraînant toujours à la comédie en parallèle, même s'il n'avait plus vu Gallot depuis le soir de sa fuite. Peut-être que le noble l'avait fait pendre pour voir élever un meurtrier, ou bien était-il encore en vie mais n'avait su retrouver le garçon, Varamyr l'ignorait.

Au détour d'une conversation il avait montré la broche en forme de tête de loup qui appartenait apparemment à son père à Mère. Elle lui expliqua alors à qui en était le possesseur, que le baron Roland Fortesque était mort l'hiver dernier d'une vilaine fièvre, et que c'était à présent son jeune fils qui était à la tête de la maison, alors qu'il avait tout juste 18 ans et était un peu plus jeune que Varamyr. Depuis ce jour, le jeune comédien fit tout pour rencontrer son demi-frère.

Acte IV
Le Nobliau
Qu'est-ce qui fait qu'un oiseau est un oiseau ? Ses plumes, ou son chant ?

Arthur se réveilla en sursaut, de grosses gouttes de sueur perlant sur son front et sa tunique en eaux. Il jeta un coup d’œil vers la fenêtre, l'aube arrivait bientôt. C'était le grand jour.

La Fange s'était abattue sur le Royaume de Langres depuis quelques semaines, Marbrume tenait encore mais était sans nouvelles des autres cités du pays. Petit à petit, les marais devinrent moins sûrs et les places places-fortes tombaient les unes après les autres, contribuant à installer morosité et désespoir dans la cité. Mais la défense s'organisait et aujourd'hui avait lieu l'opération Labret qui portait les espoirs de nombreuses personnes. Et lui, Arthur Fortesque, nouveau baron de Vieille-Écorce depuis la mort tragique de Père, devait apporter le soutien de sa maison pour l'opération en organisant un repérage autour de la route, la veille, jusqu'au plateau afin d'éliminer les fangeux qui rôderaient trop près.

Accompagné de cinq homme d'armes pour la mission, il avait aussi fait appel à un pouilleux du nom de Guenilles qui jurait connaître les marais comme sa poche trouée et qui, à l'origine, avait été raflé pour accompagner le convoi. Il espérait que ce gueux remplisse sa mission, car si sa sortie était un succès, Arthur rentrerait en héros. D'ailleurs, il portait pour l'occasion sa plus belle armure, celle que son père lui avait fait faire en récompense du tournoi qu'il avait gagné l'année d'avant. Somptueuse, couverte du blason familiale, la tête de loup, elle était impeccable et lui donnait des airs de grande noblesse couplée à sa cape constituée du pelage du même animal.

 « Je te préviens, crasseux, tu as intérêt à avoir dit vrai à propos de tes talents de guide. Au moindre accroc de ta part je te fais couper la tête pour la mettre sur une pique et l'exhiber sur les remparts de la ville. »

 « Ouais m'sire, z'inquiétez pas j'y suis né dans c'marais, j'le connais comme que l'mari y connait l'trou son épouse après vingt ans d'mariage ! »

Arthur avait hérité des traits dominants de sa famille, à savoir une patience quasiment inexistante, une pitié encore plus maigre et un caractère exécrable. Pire encore, étant déjà baron à son âge, il prenait un malin plaisir à dominer les autres surtout ceux qui ne pouvaient répondre, comme ce guide aux dents brunes, aux cheveux gras et au corps amaigri par la famine. Ils devaient avoir le même âge, mais c'était là leur seul point commun, car tout les différenciait à commencer par l'odeur. Arthur portait une essence agréable aux parfums de menthe et fleurs de soleil, signe de richesse, afin de plaire aux autres dames de la cour, alors qu'il se dégageait de la fripouille une odeur étrange, comme s'il s'était torché le cul avec la mauvaise plante avant de se rouler dans sa propre merde. Écœurant.

Toujours est-il que la troupe avançait sans encombres pour le moment, et les rares fangeux qu'elle croisait étaient rapidement anéantis. On décida de faire une pause à la mi-journée pour reposer les chevaux. Le guide indiqua une petite clairière à coté de laquelle coulait un ruisseau, un endroit idéal pour abreuver les bêtes tout en pouvant repérer l'ennemi rapidement.

 « Donnez vot'monture m'sire, m'en occupe de l'faire boire, sa seigneurie f'rait mieux de se r'poser un peu. Les Fangeux y sont jamais très loin, ah ça non. »

Le baron descendit de sa monture et la confia au pouilleux avant de s'asseoir sur une souche aux côtés de ses hommes. Ils attendaient depuis plusieurs minutes quand un hurlement retentit, puis un autre, et un autre. Des fangeux, en grand nombre.

 « Vos épées ! Où sont les chevaux ? »

 « Le guide n'est pas revenu sire ! »

Arthur n'eût pas le temps de jurer que les créatures fondaient déjà sur eux. Trois, puis cinq. Elles étaient déjà huit alors que Fortesque battait en retraite vers ce ruisseau d'où n'était jamais revenu le sans-dents, mais sa course fut bien courte puisque l'un des démons lui planta ses crocs au mollet, lui arrachant de grands morceaux de chair. Fou de douleur, l'épée du noble fendit le crâne du sanguinaire qui relâcha prise avec un glapissement dérangeant. La lame frappa une seconde fois et la bête fut muette une bonne fois pour toute, tandis que le jeune garçon se traînait la carcasse jusqu'à un arbre pour s'y adosser, sa jambe pissant du sang à foison.

Les bruits de lutte cessèrent mais pas les grognements, il comprit donc que ses compagnons n'avaient pas remporté l'escarmouche et qu'il ne tarderait pas à les rejoindre dans la tombe. Mais au final, il s'était si éloigné de la clairière que les créatures ne se mirent pas à sa recherche, le laissant ainsi agoniser dos au tronc.

Il allait perdre connaissance quand il sentit une odeur familière, celle de la merde farcie de plantes, avant d'entendre les branches au-dessus de lui craquer et se tordre. Il leva la tête et remarqua le guide qui était perché tout là-haut et qui semblait sourire alors que la vision du noble se faisait de plus en plus floue.

 « Ah t'es encore vivant, c'est bien. C'est vrai qu'on a la peau dur dans la famille, à ce qu'on dit. »

Le guide sauta de sa branche pour atterrir devant Arthur, qui ne put s'empêcher de grimacer à cause de l'odeur encore plus prononcée qu'auparavant qui émanait de lui.

 « Ça pue hein ? C'est vrai que c'est pas très agréable, mais avec ça ils te sentent plus trop. C'est un truc qu'on apprend, quand on est forcé de vivre dehors parce qu'on s'est fait volé. Enfin tu connais pas ça toi, hein, mon frère ? »

 « Frère ? Mais bons dieux t'es qui toi ? J'ai pas de frère. »

Il peinait à s'exprimer avec sa voix tremblante.

 « Je viens de te le dire, je suis ton frère. Aîné en plus, vu que je suis né la veille du mariage de notre père et de ta mère. C'est moi le baron Fortesque, Vieille-Écorce est à moi, et ton armure là, bah c'est à moi aussi. »

 « Espèce de chien, comment oses-tu... Viens là que je t’étripe. »

Il tenta de se relever, en vain.

 « Tu devrais pas trop bouger avec ta jambe, ça saigne beaucoup. Reste tranquille, j'ai des trucs à te dire. Tu vois, je m'étais accommodé au fait d'être un bâtard, je n'avais aucune ambition au départ, être comédien puis empoisonneur, ça m'allait très bien. Puis un jour, alors que j'étais à Traquemont pour je ne sais plus quoi, j'ai entendu dire que tu montais cette expédition. C'était l'occasion rêvée pour te rencontrer, toi qui ne sors jamais de la ville, parce que je suis banni tu vois. Ce pédéraste de Sanguis, c'est moi qui l'ai tué, je lui ai tranché sa gorge de misérable. La milice a fini par m'attraper alors que je faisais des courses pour la vielle, enfin je te passe les détails, mais t'imagines comment j'étais content quand j'ai su que tu préparais une petite escapade au-dehors. J'ai demandé à un gars de s'arranger pour que tes hommes entendent parler de Guenilles le guide miraculeux et voilà le travail. »

À mesure qu'il comprenait le piège dans lequel il était tombé, Arthur rougissait de colère et serrait ses poings avec le peu de force qu'il lui restait.

 « Au départ je voulais pas vraiment ta mort. En fait, je voulais juste voir qui t'étais, ce qui nous différenciait, quel genre de seigneur était Arthur Fortesque quoi. C'est pas le fait que tu m'aies parlé comme au pire des pouilleux qui m'a motivé à mener les fangeux sur toi. C'est le fait que tu sois assez stupide pour te jeter comme ça dans la gueule du loup. Tu vois, je préfère que notre maison s'éteigne plutôt que de partager mon nom avec un idiot comme toi. »

 « Tu n'as aucun nom sale bâtard ! »

 « Non c'est vrai, pas encore. Bientôt. Mais tu seras plus là pour le voir. »

Il s'approcha de lui, sa dague à la main. Le mourant tenta d’agripper son épée mais le comédien lui écrasa la main de sa botte, avant de se pencher sur lui.

 « Maintenant meurs, que je récupère mon armure. »

Quelques jours plus tard, à Traquemont, on parlait de ce jeune banni bizarre qui portait une armure de seigneur. Et les rumeurs sur « le Nobliau » allèrent ainsi de bon train.



Soi réel




Certifiez-vous avoir au moins 18 ans ? Oui.
Comment avez-vous trouvé le forum ? (Topsites, bouche à oreille...) Je sais plus.
Vos premières impressions ? Y'a trop de rousses !
Des questions ou des suggestions ? Dire à Phil de canoniser Hugues.



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Dernière édition par Varamyr le Jeu 16 Juin 2016 - 17:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Varamyr   Varamyr EmptyMar 14 Juin 2016 - 7:51
Un personnage intéressant que voilà, ça promet pour la suite. :-D
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MessageSujet: Re: Varamyr   Varamyr EmptyJeu 16 Juin 2016 - 17:25
Bonjour Varamyr et bravo pour ce DC dont j'ai fortement apprécié la construction de la fiche et la plume.

Il n'y a rien à faire changer dans la fiche, néanmoins j'aimerais relever un détail. Tu décris ton personnage comme un banni et souhaites te lancer dans la carrière du Banni Thaumaturge. Or, ton personnage n'est pas banni. Ta fiche, en l'état, amène à valider ton personnage comme un jaune et non un rouge. Ton Varamyr est certes un hors-la-loi, mais il ne porte pas la marque au fer rouge du bannissement et n'a jamais reçu cette sentence pour ce crime.

Aussi, ton personnage ne peut être banni dans ce contexte, puisqu'il a tout droit de revenir en ville quand il veut, jusqu'au jour où on l'attrape pour ses crimes peut-être. Du coup, souhaites-tu être validé ainsi, en tant que jaune et homme du peuple (et donc avec une autre carrière), ou souhaites-tu modifier la fiche pour ajouter le fait qu'il a bien été banni et condamné ?
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MessageSujet: Re: Varamyr   Varamyr EmptyJeu 16 Juin 2016 - 17:51
Hey, merci pour les compliments :).

Je me doutais que ça allait être un peu léger pour faire parti des bannis aussi, du coup j'ai édité vite fait, c'est amené brièvement mais je pense que ça suffit. La partie modifiée / rajoutée est en rouge :


 « Tu devrais pas trop bouger avec ta jambe, ça saigne beaucoup. Reste tranquille, j'ai des trucs à te dire. Tu vois, je m'étais accommodé au fait d'être un bâtard, je n'avais aucune ambition au départ, être comédien puis empoisonneur, ça m'allait très bien. Puis un jour, alors que j'étais à Traquemont pour je ne sais plus quoi, j'ai entendu dire que tu montais cette expédition. C'était l'occasion rêvée pour te rencontrer, toi qui ne sors jamais de la ville, parce que je suis banni tu vois. Ce pédéraste de Sanguis, c'est moi qui l'ai tué, je lui ai tranché sa gorge de misérable. La milice a fini par m'attraper alors que je faisais des courses pour la vielle, enfin je te passe les détails, mais t'imagines comment j'étais content quand j'ai su que tu préparais une petite escapade au-dehors. J'ai demandé à un gars de s'arranger pour que tes hommes entendent parler de Guenilles le guide miraculeux et voilà le travail. »
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MessageSujet: Re: Varamyr   Varamyr EmptyVen 17 Juin 2016 - 0:42
Très bien, je te valide en l'état ainsi ! Bon jeu avec ce personnage !
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MessageSujet: Re: Varamyr   Varamyr Empty
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