Taïaut ! [PV Alienor & Hector]

" Allons Rhaegar ! Nous allons perdre ce sanglier si tu continues ainsi à nous retarder ! La Grande ville t'a donc délesté de tes talents de chasseur ? "

Splendide et farouche, telle une amazone. Avdokeai clamait d'une voix haute son mécontentement face à son frère qui insistait pour suivre une autre piste que celle proposée par sa cadette. Tout deux accompagnés de quelques proches et amis s'étaient rendus dans ce qui jadis formait les terres du domaine Von Elrich, délaissés à cause du fléau qu'est la Fange, l'été et les nouvelles plus qu'encourageantes parvenu par de multiples missives des places fortes tenant encore tête à l'avancée de ces bêtes ont pu convaincre les plus hardis à se rendre au milieu de cette étendue verdoyante, arc et hache à la main chasser comme jadis il en était chose coutumière entre nobles. C'est donc avec enthousiasme que la jeune baronne accueillie cette idée, Anûr seule sait ô combien l'ennui d'une vie mondaine assez redondante l'eut accablée et lassée surtout après ses mésaventures à Bourg-Levant où le chevalier de Rivenoire fut son salvateur, se retirant ainsi de toutes escapades nocturnes et autres vagabondages et s'enfonçant dans une routine contraignante mai garantissant sa sécurité.


Vêtue d'une longue robe de chasse en taffetas bleu minuit dont le tissu fut admirablement tissé de lierres et de feuillages ambrés et orné d'un col bateau et rond qui dévoilait une gorge laiteuse habillée lestement d'un collier en or pourvu d'un lourd médaillon encastré d'un saphir. La jeune femme ne manqua pas de prendre soin de sa toilette même si le reste de sa journée allait s'écouler au milieu de pins et de chênes, sa chevelure flamboyante avait été soigneusement coiffée en une longue et épaisse tresse et habillée d'un coquet chapeau en feutre décoré d'une plume, en sa qualité de femme précieuse qui plus ai se tenant au milieu d'une joyeuse assemblée de gentilshommes, rien ne devait être laissé au hasard quoique s'étant délester de bons nombres de ses artifices : joyaux, dentelle et autres délicats apparats de femme pour arborer un charme plus épuré. Les mains mignonnes et gantées de cuir tenaient fermement la bride de l'étalon noir qui furieusement remué la terre de son sabot, la baronne observait avec une certaine impatience le chemin sinueux qui se creusait dans le bosquet, plusieurs ronces avaient étés brutalement arrachés, un buisson et plusieurs herbes piétinés, le sanglier avait probablement prit cette route-ci ou n'importe quel gros gibier elle en était certaine. Il était amusant de constater néanmoins, l'imprudence et l'insouciance de la jeunesse qui en oublia presque que tapis au loin se cachait des créatures humanoïdes, prête à déchiqueter d'un coup de mâchoire la chair des mortels.


" Ma Dame ! Ne soyez pas si dur avec votre frère. Attendez nous donc ! " La voix appartenait à Ser Arthur de Vivessaigues qui d'un coup de cravache, écourta la distance entre lui et la sœur de son éternel compagnon de buverie et de chasse Rhaegar Von Elrich. " Voyez vous messire j'ai l'impression que vous allez rentrer tous bredouille et que ce sera une frêle jeune fille qui apportera un trophée en fin de journée ! C'est pourquoi excusez-moi mais je vais vous laisser à vos enfantillages de grands garçons, YA ! " Un coup de talon à son étrier suffit à ébranler le fidèle destrier qui s'enfonça vif et agile au plus profond de la forêt, plein ouest à la frontière de ce qui constitue le domaine Sombrebois, un voisin respectable et noble qu'Avdokeai n'eut guère le loisir de connaître ou de rencontrer ce qui n'est guère le cas bien-sur de son paternel ainsi que de l'aîné de la fratrie Alaric. Mais loin de se soucier des limites et démarcations de territoire la sulfureuse rousse ralentit la cadence pour brandir son arc et tendre sa corde, l'animal était nerveux mais suffisamment stable pour pouvoir lui porter le coup de grâce. Alors que sa monture trottait à un rythme régulier et la fièvre que procure les plaisirs de la chasse la gagnaient dans une excitation subite, la jeune femme tira sa flèche.


Le grognement suivi du gémissement sourd de la bête lui assura qu'elle était à terre, arborant un sourire narquois et fier, Avdokeai s'accorda un instant pour savourer la brise légère ainsi que le bruissement furtif du feuillage, elle croyait être sortie d'un couvent ou d'une prison, l'air, les odeurs, tout était si différent ici hors des hautes murailles et fortifications qui tenaient Marbrume encore debout. A la fois libre mais exposée au danger, un mélange de sentiments euphoriques faisait battre son cœur et colorier ses joues de rose, sa main droite s'échouait un instant sur le bois d'un des arbres, le parfum de résine et de terre la ressourçait. Très peu de jeunes femmes de la haute société, appréciaient autant la campagne et ses charmes, ayant était assez têtue et bornée pour avoir convaincue son père de lui offrir un maitre d'équitation ainsi que des leçons auprès du meilleur archer de la garnison, elle usait désormais de ses qualités-ci autant pour éblouir la gente masculine que pour sa propre satisfaction.

" Allons-y mon tout beau." Murmura-t-elle en tapotant le cou de l'animal, la marche ne fut guère longue car quelques minutes à peine la séparèrent de ce qu'elle considérait jusqu'à lors comme son butin et telle ne fut pas sa stupeur lorsqu'elle aperçut à quelques pas d'elle sa silhouette d'un homme à genoux face au corps étendu du gibier qu'elle traquait tantôt " C'est une bien curieuse situation que voici ! " La noble avait levé assez haut le ton pour que l'inconnu puisse prendre connaissance de qui avait fait irruption dans cette semi-clairière, d'un mouvement élégant elle descendit de sa monture, avant de lisser coquette les pans de sa robe retirant au passage l'arc qui enserrait son buste et dessiner la courbe galbée d'un sein voluptueux, ses pas silencieux s'accompagnait du chuchotement de l'herbe caressait par le satin de sa toilette. " Je suis la baronne Avdokeai Von Elrich… messire ? " Ses sourcils à demi froncés montraient sa pleine interrogation quant à l'identité du chasseur mais une chose est sur la qualité de son vêtement et les traits de son visage ne pouvaient qu'appartenir à un homme de haute naissance.

" Je vois que nous chassions la même proie. Cette flèche par ailleurs … " Sa main plongea dans le corps de l'animal sans aucun dégoût, pour extraire l'arme qui avait mis à terme sa vie " M'appartient ! Démarcations bleus, c'est ainsi que nous opérons pour savoir à qui revient le mérite d'avoir porté le coup fatal. Je chasse avec quelques gentilshommes et mon frère, maintenant que ces odieuses créatures se soient quelques peu … éloignés va-t-on dire ? " Lentement elle retira ses gantelets pour tendre sa main droite habillée de quelques bagues.

Avdokeai s'éloigna quelque peu de son interlocuteur, assez pour atteindre son étalon tout en tendant l'oreille pour que les dires du baron de Sombrebois soient un tant soit peu audible, ainsi elle rangea sa flèche dans son carquois habilement arraché à la selle du cheval qui avançait d'un pas lent en direction d'un bouleau au bois blanc zébré de noirs " Tout doux … Voilà …" Contrairement à plusieurs propriétaires de chevaux elle n'avait guère donner de nom à ce noble animal dont la robe onyx reluisait sous le soleil matinal d'un éclat particulier. " N'y aurait-il pas un point d'eau sur vos " terres " Messire ou nos bêtes peuvent se repaitre ? " Elle avait particulièrement appuyé sur le mot "terres" d'une intonation taquine et sévère avant de se retourner vers son interlocuteur sa longue tresse ondulant d'un mouvement circulaire au niveau de son bassin.


" Malheureusement je suis une femme assez peu encline à partager ce qui me revient de droit et j'avoue que je suis tendancieuse à me battre toutes griffes dehors pour ce que je désire et ce que je convoite." Tout sourire, ses maints gantées de cuir s'afférait à tordre une cravache entre ses doigts habiles et souples, sa robe effleurait les hautes herbes en un bruissement cristallin tandis qu'elle fixait la bête gisant au sol. " Vous ai-je interrompu ? Il est drôle de voir un homme seul chasser si gros gibier, votre cheval pourra-t-il supporter le poids du sanglier ? " Puis la phrase de son rival de chasse la fit éclater d'un beau rire sonore qui sonnait claire et haut comme une cloche d'église " Vos terres Messire ? Je ne veux point vous paraître présomptueuse ou irrespectueuse, vous êtes après tout mon aîné de part l'âge. Mais nous sommes sur les terres de mon père je peux vous céder le fait qu'a priori nous sommes aux frontières de nos domaines respectifs mais du reste je ne vais pas demander à faire construire des murs pour le bon plaisir de la chasse surtout que les temps apocalyptiques ne s'y prêtre guère."


Converser était un art habile que se doit de maîtrise une jeune dame mondaine, une grâce parmi nombres d'autres qui s'allie avec brio pour désigner un vocabulaire riche, un esprit vif et une aisance pour briser ce stéréotype de jeunes pucelles tout juste bonnes à glousser et à rire si tôt qu'un chevalier l'eut fait quelques avances un soir de banquet. D'un regard elle jaugea un instant le prénommé Hector et fut frappé par son nez assez … comment dire ? Présent oh oui ! Sur le visage du noble personnage. Puis advint ce qu'elle attendait clairement, un souvenir qui lui ai entièrement inconnu tant cela remonte à l'âge ou elle n'était qu'un enfant en bas âge a peine plus haute que trois pommes le baptême au Temple familiale communiquant avec le château par le biais d'un long vestibule de marbres bordés de colonnade.


" 3 ou 4 ans ? Vous devez être surpris de me voir ainsi à courir les bois un arc à la main dans ce cas j'imagine ! En effet je n'en garde pas le moindre souvenir, ne m'en tenez pas rigueur j'étais bien jeune à l'époque mais j'ai ouïe dire de Père ainsi que de mon très cher frère Alaric que nous avons fort heureusement des relations bien sympathiques entre voisins contrairement à d'autres seigneurs qui se font la guerre." Peut-être que cette dite sympathie était sincère peut-être que non au vue du massacre qu'a commis le patriarche des Von Elrich 16 ans auparavant. " Je vous en prie dîtes moi à quoi je pouvais bien ressemble ! Et si j'ai gardé quelques traits ou ai-je complètement changé ce sera bien drôle de conter cela à mère en rentrant le soir !"


Anûr en soit témoin, Eleanor Von Elrich est une mère dévouée et aimante qui par-dessus tout au monde chérie son unique petite fille d'une force et d'un amour incroyable, aussi un peu de conversation sur ces doux souvenirs qui ont bercés sa vie avant l'arrivée de la Fange évènement marquant qui l'a vieilli brutalement ne saura que faire du bien à la douce dame.


" Retourner vivre sur nos terres ? Oh grands dieux non ! Voyez vous nous avons décidé avec quelques amis de notre société de nous rendre ici pour chasser maintenant que quelques courriers plus qu'optimistes nous a assuré que ces horreurs humanoïdes ce soit éloignés un tant soit peu… Mais j'ose imaginer que nous ne sommes à l'abri de rien … Néanmoins en vue de votre tournure de phrase vous avez décidé de reprendre possession de votre demeure ? Les domestiques ont accepté de vous suivre … Je vous avouerais que vous êtes bien le premier à quitter les murs de Marbrume pour vous exposer à un tel danger !"