Quand la Trinité prend du bon temps à nos dépens [PV Azhim Khalil et Wilhem Terrefière]

La nuit avait été comme prévue : douloureuse. Malgré les fourrures et autres couettes, ça ne faisait jamais du bien de dormir sur le sol, et mes articulations douloureuses prenait un malin plaisir à me le rappeler au moindre mouvement. Autant le dos, passait encore.. Mais les poignets. Aoutch.
Bon, j'avais dormi dessus, faute de coussin alors forcément.. Mais c'était un endroit des plus étranges, peu habitué à avoir mal à cet endroit.

Fort heureusement pour moi, le voyage de retour vers Marbrume se passa sans encombre. Certes j'avais quitté Traquemont relativement tôt, afin d'éviter le plus possible les mauvaises rencontres, nous n'étions jamais trop prudent.. Mais je ne croisai rien ni personne, atteignant Marbrume le corps endolori mais en un seul morceau.

Mais maintenant, que faire ? Le soleil était bien trop avancé dans le ciel pour me permettre d'aller chasser suffisamment loin pour trouver du gibier, mais la journée n'était pas encore assez avancé pour que j'aille me terrer dans une taverne, en quête de quelconque proie consentante et ouverte..
J'errai donc sans but dans les ruelles aux alentours des remparts, sans un regard pour les gens affairés, simple membre du peuple ou milicien, en tête à tête avec mes pensées et ma solitude.
Je ne connaissais personne avec qui je serai susceptible de tuer le temps et je n'étais pas encore d'humeur à séduire chaque paire de hanches appétissantes que je croisais.

La journée promettait d'être longue.

Je marchais donc sans destination précise, mes pensées ressassant les événements de la veille. J'avais tué un homme. De sang-froid. Bon, c'était un banni certes, qui n'aurait pas hésité à faire la même chose. Mais le fait est que je ne lui avais pas laissé le temps d'essayer non plus.
Mais le pire était peut-être la suite. Si le début de soirée s'était déroulé dans une ambiance lourde, la suite avec Ilhanne -et Mira- n'en avait pas moins était réjouissante. La culpabilité ne m'a pas écrasé longtemps, il m'en avait fallu peu pour penser à autre chose.
A bien y réfléchir, c'était toujours le cas maintenant. Je n'avais pas tant honte de mon acte. Il était mort, c'était trop tard. J'étais simplement choque d'avoir accompli ça d'une telle facilité. Ce choc m'en avait fait rendre tripe et boyaux devant Ilhanne d'ailleurs. Très glorieux.
Mais oui, j'avais décoché la flèche fatale presque naturellement. Un geste aussi simple, aussi coutumier, et il était mort. Ce constat en était presque effrayant.

Il fallait que je me change les idées. Et sans le vouloir, au gré de mes pérégrinations, j'avais atterri à l'endroit dont j'avais besoin. Les thermes. L'idée d'un bon bain chaud, perdu au milieu des vapeur d'eau avait quelque chose d'alléchant. Un relâchement total et mérité, qui me ferait le plus grand bien.
C'était décidé, une halte s'imposait, et mon corps courbaturés la réclamait à grand cri.

J'entrai donc, me débarrassant au plus vite de mes affaires, pressé de m'immerger dans l'eau. Nul doute que ce bain effacerait la douleur ainsi que mes préoccupations, ce dont j'avais gravement besoin en cet instant..

Une fois mes affaires soigneusement plié et rangé dans un coin, je laissai mon corps glissé dans le grand bassin, la forte présence de vapeur m’empêchant de voir au delà d'une longueur de bras. Si je m'en étais plains tout à l'heure, finalement cette solitude était la bienvenue en de telle circonstances..
Comme promis, le relâchement fut immédiat. Et si ce n'est cette douleur sourde dans mes bras et poignets, mon esprit ne tarda pas à vagabonder librement et sans limites..

Ses pas étaient un peu hésitants, sa démarche bien moins assurée que d'habitude. Une légère teinte rosée venait colorer ses joues pourtant bien basanées, et ses cheveux étaient quelque peu désordonnés. Ses lèvres, qui d'ordinaire tirent toujours vers le bas, étaient à cet instant étirées en sourire. En sourire ! Azhim souriait !
Et, aussi étonnant que cela pouvait paraître, ça ne lui allait pas si mal que cela. Tout son visage semblait s'ouvrir et sourire avec sa bouche. Des fossettes se creusaient sur ses joues. De petites rides venaient plisser ses yeux. Pour la première fois depuis longtemps, les gens qu'il croisait avaient l'opportunité de découvrir ses dents, blanches, étonnamment, qui ressortent grâce à son teint, mais pas droites, et aux canines plus longues et plus pointues que la normale.

Il déambulait au hasard des rues, les mains vides (il avait encore un minimum de conscience et ne tenait pas à ce qu'on le surprenne bouteille en main), mais bien entamé quand même. Il ne lui avait pas fallut grand-chose, à Azhim, car il n'était guère habitué à boire. Pour dire vrai, il n'aimait pas spécialement le goût de l'alcool. C'était l'un de ses entrevus avec Louise qui l'avait incité à toucher à cette denrée de plus en plus rare. Elle n'avait pas été désagréable, non, loin de là. Tout s'était très bien passé. Le domestique avait eu cette envie subitement, parce qu'il se rappelait que Vitéric buvait, parfois, et que ça semblait le soulager lorsque ça ne le mettait pas en rogne. Alors, Azhim était descendu dans les quartiers populaires de Marbrume, était entré dans la première taverne et avait enchaîné quelques verres sans vraiment les déguster, grimaçant face au goût beaucoup trop fort de l'alcool.

Il ne savait pas vraiment s'il avait apprécié les premiers effets. Le fait de perdre le contrôle de lui-même le dérangeait. Sa tête tournait légèrement, et il avait beaucoup de mal à mettre ses idées au clair. Ce qu'il savait, en revanche, c'était qu'il se sentait bien. Vraiment bien. Mieux encore, il avait l'impression, irréelle bien sûr, d'être tout à fait heureux, et ça se voyait. Il souhaitait montrer au monde entier son bonheur !

Sa bonne humeur l'incitait à saluait chaque passant, voir à carrément s'arrêter pour échanger une franche poignée de main ou une accolade, accompagné de 'mon ami !' ou de 'j't'aime toi !' un peu mou. Les gens se contentaient de le laisser faire, à moitié amusés, à moitié intrigués, bien qu'ils se doutaient bien qu'il n'était pas ainsi naturellement.

Son esprit égaré le guida naturellement vers les thermes. Une fois à l'intérieur, une pensée lucide lui traversa l'esprit, passant malheureusement beaucoup trop vite pour qu'il se penche dessus et qu'il réfléchisse. Pourquoi était-il ici ? Boh, au diable la réflexion ! Il faisait bien bon, et il pensait que ça lui ferait le plus grand bien de tremper un peu.
Son chemisier se retrouva très vite par terre, et le pantalon à moitié détaché. Il abandonna ses chaussures dans un coin, pas méfiant pour un sous, lui qui d'habitude considérait ses bien comme la prunelle de ses yeux.

- Hééé mais ! Clama-t-il en reconnaissant une silhouette familière.

Il s'approcha, tentant de percer à travers la brume de son regard sombre.

- Je te reconnais !

Oui, il le connaissait. Mais il avait du mal à restituer ses souvenirs. Alors, d'humeur joviale, voir câline, il lui offrit son plus beau sourire et s'accroupit à sa hauteur pour lui ébouriffer les cheveux. Il ne se souvenait pas de lui, mais il allait faire comme tel. L'autre n'y verrait que du feu.

- Alors, on s'décrasse ?

Que cela faisait du bien de se prélasser sans penser à rien ! Malgré une douleur sourde dans les articulations et en particulier les poignets, rien ne venait troubler ma quiétude bienvenue. Pourquoi un endroit si revigorant était aussi peu fréquenter ? Excellente question, mais je n'allais pas m'en plaindre.
Aaaah.. Que les Trois soient loués, un peu plus et j'irai au Temple pour les remercier de ce repos qu'ils m'ont accordé.

Jusqu'à ce que..

Du bruit. Des pas qui se rapprochent, rapidement mais sans grande régularité, comme si la personne ne savait pas où elle mettait les pieds. Allons bon, on repassera pour le peu de fréquentation donc.. Mais avec un peu de chance, il ou elle restera dans son coin. Enfin, au vu de la lourdeur de la marche, plus il qu'elle. A moins que ce soit une femme.. Imposante. Bah ! Ça ferait des vagues et voilà tout !
Je pouffai légèrement de ce trait d'humour avant d'essayer de scruter à travers la vapeur d'eau. Sans grand résultat.. A ce que je comprenais, la mystérieuse personne se déshabillait. Peut-être ne m'avait-elle même pas remarqué ?

« Hééé mais ! »

Ah bah si, elle m'a remarqué. Mais.. Cette voix.. Ce timbre particulier me disait vaguement quelque chose, mais quoi ? Mais malgré le ton joyeux, elle m'évoquait quelque chose de désagréable en tout cas.. Mais qui cela pouvait-il bien être ?

« Je te reconnais ! »

Malheureusement, moi aussi. Miséricorde.
Non, pas assez vulgaire. PU-TAIN. Voilà qui est mieux. Au diable les Trois, qui doivent bien se foutre de ma gueule. Me voilà, quasi nu, vulnérable, barbotant dans une eau trop chaude, le corps ankylosé, en compagnie de ce très cher Sieur Khalil. Que pouvait-il m'arriver de pire, je vous le demande !!

Je me retournai lentement, faisant face au bord du bassin et à Azhim, avec un sourire contrit et crispé, dans l'attente des foudres moqueuses qui ne tarderait pas à me tomber dessus.
Mais.. Problème.

Azhim souriait. Et pas un sourire ironique et froid comme il avait l'habitude de m'adresser, noooon. Un immense sourire bien joyeux, comme celui d'un gosse qui aurait eu une sucrerie. Gros gros problème donc. Qu'elle manigance le rendait aussi joyeux ? C'était certainement pas ma présence, oh non ! Mais quoi alors ?

« Alors, on s'décrasse ? »

Finalement, le problème n'était peut-être pas où je l'attendais.. Il finit par se glisser à mes côtés dans l'eau, sous mon regard suspicieux. C'est qu'il avait les joues bien rouge, le domestique.. Ca plus le sourire débile.. Et sa soudaine amitié envers moi. Non.. Il avait quand même pas bu ? Si .. ? Monsieur le roi du self-contrôle, rond comme une barrique ? Mais c'est que j'assistais à un moment d'anthologie !

Mais bref. Si pour le moment, il était de bonne humeur, ce n'était peut être pas amené à durer, et là.. Va savoir ce qu'il serait capable de faire. Enfin, de ME faire en l'occurrence. Comment est-ce que j'allais me sortir de ce merdier ?

« Hum, ouais. L'eau est plutôt bonne c'est.. C'est sympa. »

Pas terrible mais bon. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir lui dire moi ?

« Et.. Hum, et sinon ? Quoi de neuf ? Qu'est-ce qui t'amène en fait ? »

Faire genre que je suis son ami, rentrer dans son jeu. Oui, pas mal ça. On verra bien s'il s'énerve.
Puis pour rien arranger, plus ça va plus je commence à avoir mal moi. J'espère qu'on n'en viendra pas au mains, parce que sinon risque d'y avoir soucis.. Pour moi évidemment.

« C'est bien la bonne humeur hein ? Ça change.. »

La remarque était partie toute seule. Par les dieux mais quel con je faisais !! Avec un peu de chance, il captera pas la nuance ironique. J'espère pas.

À son tour, Azhim se glissa dans l'eau trop chaude. Avec un peu de retenue tout de même. Un pied, une jambe, le bassin, le buste, les épaules et pour finir, les bras. Il lui semblait qu'il n'avait pas l'habitude de venir ici, mais sans en être certain. Lui qui, d'ordinaire, était si pudique … sur le coup, ça ne lui posait pas de problème d'être totalement nu.
Trop concentré pour ne pas mourir noyé, il ne remarqua pas la tête de trente-six pieds de long de son interlocuteur. Il releva les yeux vers lui lorsqu'il tentait de reprendre ses esprits.

- T'as vu un fantôme mon grand ?

Il eut un petit rire, amusé de lui-même.

- L'eau est plutôt bonne c'est … c'est sympa.

Encore un rire, plus franc cette fois. Azhim leva la main et la tint horizontalement à la surface de l'eau. Le jeu étant de garder sa main hors de l'eau le plus possible, tout en l'enfonçant doucement. Il eut une fraction de seconde où l'on put croire qu'il jouait ainsi sa vie, avant qu'il ne daigne de nouveau braquer son regard alcoolisé vers ce gamin qu'il n'arrivait pas à reconnaître pour de vrai.

- Et … hum, et sinon ? Quoi de neuf ? Qu'est-ce qui t'amène en fait ?

Il rit encore, Azhim. Pourquoi ? Aucune idée. Peut-être était-ce l'air complètement perdu du type qui le mettait dans cet état, mais bon sang ce qu'il avait envie de rire ! Alors, à la petite taquinerie du jeune homme, c'est un franc éclat de rire qui sortit de ses lèvres. Il leva le bras vers lui pour lui tapoter un brin brutalement l'épaule et se rapprocha de lui pour lui souffler à quelques centimètres du visage.

- Oh la mais t'es taquin toooi ! Fais attention, hein, ou j'vais m'énerver, tu sais !

Mais son expression amusée le faisait bien mentir.
Il se réinstalla, poussa un soupir d'aise et pencha la tête en arrière, trempant alors la pointe de ses cheveux charbons. Ses yeux se fermèrent un instant. Mais il les rouvrit bien vite.

- Oh mais ouais pardon ! J'ai oublié de te répondre ahah !

Il se frotta le visage.

- J'passais par-là. Genre, pas loin. Par là. Mais pas loin.

Petit sourire en coin. Il guettait une quelconque réaction de la part du gosse.

- Pis j'me disais wouhlaaaaa ! Fais pas chaud hein ? Pis l'est tendu moi. Et puis voilà. Et j't'ai croisé Wi … Wi …

Son visage se teinta d'une expression de profonde réflexion.

- William ? William. J'suis content d'te voir, ça fait longtemps, hein ? Viens par-là mon grand !

N'en déplaise au renommé 'William', il fut tiré dans la direction de notre basané pour une étreinte aussi étrange que chaleureuse.

Après Azhim qui souriait.. Azhim qui riait.
Je n'étais pas prêt à ça. Non mais rendez vous compte.. AZHIM. KHALIL. SAVAIT. RIRE.
Et pas un ricanement froid et fout le frisson noooon.. Un rire, vrai de vrai, d'une personne qui s'amuse. Le domestique était donc humain.
Un peu plus et je me demanderai ce qu'on m'a dit dans mon verre si j'avais bu avant.. A moins que.. Les vapeurs du bain était-elle toxique ? Ça expliquerait beaucoup de chose.

Enfin, hallucination sacrément réaliste. Il avait l'air de rire, mais il n'y ai pas aller de main morte sur mon épaule. Mon premier réflexe fut de reculer quelque peu, sur mes gardes. Joyeux -et complètement bourré- il restait une menace. Et je ne voudrai pas être à porter de main quand il se souviendra de ses griefs contre moi !

Perdu dans mes pensées, et essayant de discipliner mon cœur en plein marathon, je n'écoutai que d'une oreille discrète ses élucubrations. L'alcool lui réussissait pas à ce pauvre homme.. Si je n'étais pas trop occupé à être terrifié j'aurai sûrement ri ! Mais là dans l'immédiat, je cherchai surtout un échappatoire.

« Pis j'me disais wouhlaaaaa ! Fais pas chaud hein ? Pis l'est tendu moi. Et puis voilà. Et j't'ai croisé Wi … Wi … »

Aie. Alerte. Il va se souvenir de moi, ça y est. Et il va tenter de me noyer parce qu'il me déteste. Et je vais mourir là maintenant tout de suite sans personne pour s'en rendre compte. Et personne ne me cherchera ou ne s'en souciera. A part Grâce peut-être ? Non, il va faire en sorte de me discréditer pour qu'elle m'oublier. JE FAIS QUOI ALORS?!
Je m'enfonçai doucement dans l'eau, de dépit, de peur et de résignation. Putain, j'ai mal partout en plus, je ferai comment pour l'en empêcher si ce dingue m'attaque ?!

« William ? William. J'suis content d'te voir, ça fait longtemps, hein ? Viens par-là mon grand ! »

Il se jette sur moi et m'attrape, s'en ai finit de moi !! Je ne peux retenir un glapissement effrayé -et douloureux- avant de me rendre compte qu'il.. Me fait un câlin.
Ah. Bon. D'accord. Pourquoi pas. Il est gentil.
Enfin non, ce n'est absolument pas normal !!! Impossible de calmer mon cœur chamboulé, ainsi que ma respiration courte -en partie du à la chaleur étouffante des thermes-. Mais pour ne pas éveiller ses soupçons, je lui tapote maladroitement le dos.

« Euh.. Ouais, ça fait longtemps moi aussi ça me fait plaisir ! »

Aie. Mes poignets. J'aurai pas du lui tapoter le dos, ça n'a fait qu'accentuer ma douleur. Outch. Si ça continue, la chasse demain ce sera même pas la peine d'y penser..

« Et sinon.. Qu'est-ce qui te met de bonne humeur comme ça .. ? »

Autant en profiter et soutirer un max d'infos non ? Ah ouais c'est pas trop mal comme plan, je lui tire les vers du nez pour ensuite prendre la poudre d'escampette.. Ouais ça se tente.
Je me détache de lui avec un sourire crispé, plongeant mes avant bras dans l'eau dans l'espoir d'atténuer la douleur et la raideur de mes articulations douloureuses, gardant toujours l’œil sur Azhim, à l’affût de ce qu'il pourrait tenter de faire..

Il termina son étreinte chaleureuse par une série de petites tapes sur la tête de son ami du jour. Le couinement effrayé de William ne lui avait pas échappé, et, à vrai dire, ça l'avait légèrement interpellé. Non, enfin, il avait beau être totalement torché, le Khalil, il ne perdait pas non plus totalement la tête. Il savait très bien comment il pouvait être et comment il était en général. 'Pas un bon type'. Oh, et même avec tout cet alcool dans le sang, il ne s'en voulait pas. Il faut de tout pour faire un monde, non ? Lui faisait parti des malhonnêtes, et cela ne le gênait pas. Mais il devait admettre que relâcher ainsi la pression n'était pas du tout désagréable.
Il décida d'être sincère avec William, ignora sa question idiote – qui n'aurait pas pu voir qu'il était déchiré, enfin ?! -, et s'enfonça une seconde la tête sous l'eau pour calmer les vertiges qui lui donnaient la nausée.

Ses mains vinrent, une fois émergé, ramener ses cheveux en arrière pour dégager son visage ruisselant. L'eau formait de petites gouttelettes à la lisière de ses cils.

- Ecoute, mon grand, reprit-il d'une voix grave. Là, j'suis torché, hein, j'suis posé. Mais j'suis pas non plus con. J'vois bien qu't'es troublé, sceptique et même angoissé. J'ai dû faire l'salop, pour changer. Mais là, j'en ai pas d'souvenir. Rien ! Alors vas-y, calme-toi, détends-toooooi !

Il attrapa William par la nuque pour le tirer vers lui. Son front se posa sur le sien dans une proximité probablement très embarrassante pour le chasseur, mais réconfortante pour le domestique qui se révélait très tactile quand il buvait trop.

- On r'part à zéro, on est pote ! Tu devrais boire, toi aussi. Profites un peu de la vie, tu vas être ridé avant l'âge !

Ses doigts lui massouilla la nuque un instant, avant qu'il ne sorte de l'eau pour aller chercher, dans une des poches de son grand manteau, la bouteille de rhum qu'il avait emporté.

- Allez ami, on fait une trêve !

Il renversa sa tête en arrière pour en avaler une grande lampée, avant de la tendre dans la direction de son ami.