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 Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra]

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Xandra ErkalMilicienne
Xandra Erkal



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MessageSujet: Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra]   Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra] EmptyVen 15 Juil 2016 - 16:13
C’était juste une journée comme une autre. Xandra se réveilla à la lumière du jour qui filtrait à travers l’unique fenêtre du grenier. Le soleil commençait tout juste à se lever. Elle ouvrit les yeux, les referma, le temps de s’y habituer. La rousse s’étira lentement dans un gémissement de protestation, bailla, puis se décida à se lever, écartant sa couverture du pied. Elle traversa la pièce dans le plus simple appareil, répéta les gestes habituels. Elle fit une brève toilette, s’habilla, rangea ses lames à leurs places d’un geste vif qui trahissait l’habitude, l’importance qu’elle accordait à ce geste, aussi.

Enfin, la jeune femme ouvrit la fenêtre, y appuiya ses avant bras un instant, ses yeux bleu parcourant la rue en contrebas. Une ombre se profila, elle n’y prêta pas attention, n’y prêtais plus attention, puis elle se glissa à l’extérieur. A peine debout sur le toit, Xandra compris que la journée n’était pas une journée comme les autres.

Une lame lui effleura la joue, reflétant l’éclat du jour un bref instant. Simultanément, son rythme cardiaque s'accéléra, du sang coula sur son visage et elle roula sur le coté, espérant avoir choisit le bon. Une second arme de jet termina son vol entre ses mains alors qu’elle se tenait accroupis. Le ruban rouge sur la garde, la marque de Ligran, celui qu’on appelait le Capo était en vie. Il ne l’avait pas oublié, il voulait qu’elle le sache. Il venait se venger, lui donner la mort lente et douloureuse qu’il lui avait promis.

Il n’était pas seul, il n’attaquait jamais seul. Xandra se releva prestement et se mit à courir comme une dératée sur les toits bien décidé à ne pas lui faciliter la tâche. Un an, il lui avait fallut tout ce temps pour baisser sa garde et elle allait le payer le prix fort. Bientôt elle entendis d’autres bruits de pas que les siens résonner, perçut un mouvement sur sa droite. Une masse noire et masquée. Ses mains dégagèrent ses lames et alors qu’elle avisait le toit voisin, l’ennemi fondit sur elle.

Xandra évita l’impact puissant qui l’aurait renversé, bondit un arrière, lame basse, genoux légèrement fléchit, la danse commença. La rousse savait pertinemment qu’elle n’était pas en mesure de la mener. Elle n’avait pas finis son apprentissage auprès des “Reitres”. Sa première lame évita de justesse le coup qui aurait dû l’éventrer, la seconde contre attaqua, l’homme au masque para sans la moindre difficulté.

Ils tournaient, bondissaient, bientôt Xandra se retrouva acculé, son pied glissa, rencontra le vide. Elle rejeta la tête en arrière, évita un nouveau coup mortel. Derrière se dessina la silhouette de son ancien maître. Elle n’avait plus le choix, elle avait besoin d’un miracle.

La rousse ferma les yeux, entendit à nouveau le sifflement d’une lame et se laissa tomber en contrebas, deux étages plus bas. Xandra savait tomber mais la chute fut violente. Quoiqu’il en soit, elle était en vie. Elle s’était mordu la lèvre à sang, la milicienne cracha le liquide métallique de sa bouche, grimaça de douleur, totalement indifférente aux cris et à ce qui se disaient autour d’elle. L’air avait quitté ses poumons et elle tentait désespérément de reprendre son souffle.

Animé par une volonté impérieuse de survivre, elle rouvrit les yeux, plissant les paupières, reconnu une tenue similaire à la sienne qui s’approchait au lieu de s’écarter. Xandra suivis la silhouette fine, releva le nez jusqu’à un visage beau et dur. La rousse planta son regard limpide dans le sien tout aussi pale. Se redressant lentement, Xandra resserra l’étreinte sur ses lames et pour la première fois de sa vie s’adressa à quelqu’un, à une femme, dans une supplique.

Aide moi...



Dernière édition par Xandra Erkal le Jeu 15 Déc 2016 - 19:04, édité 2 fois
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Valériane BarrowmerCoutilier
Valériane Barrowmer



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MessageSujet: Re: Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra]   Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra] EmptyJeu 28 Juil 2016 - 17:48
Un bâillement me saisit, alors que je préparais mon offrande à Anür. C’est à elle que je dédiais mon attention, depuis la naissance de mon fils. Il ne connaîtrait peut-être jamais sa mère, mais j’estimais que les Dieux sauraient lui faire part, en rêve ou d’une autre manière, de l’attention que je lui portais. Je n’avais pas oublié, ni son petit corps, qui passa si peu de temps entre mes bras, ni le reste. Encore moins la nuit où je l’avais abandonné. Une nuit qui me restait en travers de la gorge, comme beaucoup d’autres.

Voilà quelques jours que je n’avais pu retrouver mon foyer. Après la conquête du Labret… Le travail avait été plus difficile à assumer que jamais. Malgré les risques, je dormais très régulièrement à la caserne. Pas le temps de traverser les rues jusqu’au taudis qui me servait de maison. Propre, mais misérable. Enfin sauf aujourd’hui. Et le soir venu, j’en viendrais probablement à me demander pourquoi je n’étais pas restée une fois de plus en compagnie des barbares et crétins qui servent d’armée et de forces de maintien de l’ordre à la ville.


Equipée de pied en cap, comme toujours lorsqu’elle partait prendre ses ordres, Valérianne avait pris l’habitude de déposer une offrande au temple à chaque fois qu’elle dormait chez elle. Il n’était pas très loin, et un petit détour ne la retardait pas beaucoup, quand elle partait suffisamment tôt. Elle avait cousu une poupée de chiffon, un ouvrage médiocre - elle était loin d’être une couturière de talent - représentant la déesse Anür. Elle avait grandement soupiré en terminant l’ouvrage, se disant que ses mains n’avaient pas su rendre justice à l’irréelle beauté de la grande déesse des océans et des mers. Espérons, s’était-elle dit, que les pensées et l’amour qu’elle avait mis dans son travail, suffise à compenser la piètre facture de l’objet.

Il faisait encore très sombre lorsqu’elle quitta la maisonnée, pour se rendre au temple. Elle y pria jusqu’à ce qu’il fasse clair à l’extérieur, en tout premier lieu pour son fils, mais pria également Rikni de préserver sa soeur, et elle-même aussi, des épreuves que le temps leur réservait probablement. Ou au moins, à défaut de les leur épargner, que Rikni leur donne la force et le courage de les surmonter. Ce courage qu’elle avait l’impression d’avoir perdu depuis la conquête du plateau. Elle avait lutté, mais un goût amer n’avait plus jamais quitté sa bouche depuis lors. Eux étaient arrivés en retard, et s’ils avaient goûté aux affres d’un combat sans espoir de victoire, ils avaient surtout vu les monts de cadavres, les mutilés et estropiés, entendu les hurlements, et assisté à la vague fangeuse que rien ne semblait pouvoir arrêter. Elle ne se souvenait même plus comment ils avaient tous faits pour en réchapper. La défense de l’arrière garde avait fait montre d’une résistance inhumaine, et peut-être cela avait il aidé. Elle n’avait cependant rien fait d’autre que trancher dans le vif en priant pour que cela ne se retourne pas contre elle. Finalement, en dehors des quelques blessures, sans grande gravité, qu’elle avait récolté, le trauma avait été essentiellement mental. Elle n’était qu’une femme ayant pris les armes de façon presque aléatoire, sur un coup de sang, et n’avait jamais été préparée à ça, malgré toutes ses sorties d’exploration ou leurs expéditions punitives dans les marais. Un pareil nombre de fangeux et les conséquences qui en découlaient… C’était une chose que l’homme ne pouvait pas concevoir. Et pourtant ils avaient bien été obligés de le vivre.

La mère, la soeur, la femme qu’était Valérianne était devenue… Pas aigrie, mais bien plus sèche et renfermée. Ses hommes ne se faisaient pas trop de souci pour elle, ils la respectaient en tant que supérieure, mais n’avaient que faire des états d’âmes d’une bonne femme. Sa soeur était à Traquemont, elle restait donc seule avec ses réflexions. Elle s’était grandement endurcie, au moins, c’était le seul point positif que l’on pouvait tirer de ce désastre.

Ce qui expliquait peut-être sa réaction face à cette autre femme, étalée au sol, tombée du ciel - littéralement - et visiblement dans une royale panade. Sa réaction fut l’étonnement, tout d’abord. L’on voyait assez rarement des gens tomber du ciel, de nos jours. Même avant d’ailleurs, Valérianne pouvait le parier. Puis la méfiance. Elle plissa les yeux, et reconnaissant dans son accoutrement les couleurs caractéristique de la milice ducale, elle s’avança vers elle. Ces temps ci, les femmes avaient un don assez curieux pour s’attirer des ennuis, nota-t-elle. Entre Nicole, quelques mois auparavant, et maintenant elle… Et elles n’étaient ni les premières, ni les dernières. Elle dégaina cependant son épée. Elle n’était pas tombée par magie du ciel, et nul doute que la menace suivrait, elle aussi. Elle tendit sa main libre, gardant le regard levé, essayant d’anticiper l’ennemi et ses mouvements, où qu’il soit.

«Lève-toi, lâcha Valérianne d’un ton sec, un peu bourru. Elle n’aimait pas trop le Labourg. Elle y avait grandi pourtant, et appris à connaître ses habitants, les bons comme les mauvais. Mais depuis l’invasion de réfugiés suite au fléau… Des gens bien moins recommandables avaient fait leur apparition. Les sourcils froncés, elle baissa brièvement les yeux vers l’apparition. Qu’est-ce que tu fiches ici, et surtout sur les toits ?»
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Xandra Erkal



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MessageSujet: Re: Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra]   Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra] EmptyJeu 11 Aoû 2016 - 20:15
Il y a toujours pire, c’était ce dont essayait de se convaincre la jeune femme traquée par une guilde d’assassins particulièrement efficace et qui venait de s’écraser comme un sac de bouffe, la douleur en plus. Il fallut quelques secondes à Xandra pour voir la main tendue vers elle, cette aide dont elle avait terriblement besoin et le mot était faible, une seconde poignée pour s’en saisir avec hésitation. Avait elle le droit de l'entraîner là dedans, de sceller par ce geste un contrat, un morceau de destin dont la milicienne qui lui faisait face ignorait les tenants et les aboutissants ?

Elle s’y accrocha avec la ferveur du désespoir, se hissa sur ses pieds, opina du chef comme la malicienne lui demandait froidement, et à raison, de bouger sa croupe de là. Cette blonde au visage dur était son salut ou celle qui tomberait avec elle. Ses traits lui suggéraient qu’il n’en avait peut être pas toujours été ainsi, un peu de douceur, plus de féminité ? Xandra pouvait se tromper, ce n’était pas vraiment le moment pour un examen minutieux et déjà ses prunelles azurs se posaient sur le toit duquel elle avait chuté quelques instants plus tôt.

Elle roula des épaules, bougea les mains, cracha du sang à nouveau. Elle avait reconnu le regard qui la toisait encore là haut, un souvenir tellement enfoui, un homme oublié avec tellement de volonté qu’elle frissonna face à ce fantôme d’une autre époque, pas si lointaine et pourtant...

«Qu’est-ce que tu fiches ici, et surtout sur les toits ?


Pas ici.

Xandra lorgna la rue, avisa une rue animée, ne pas s’isoler, leurs compliquer la tâche. Ce n’était pas un ordre, pas vraiment une supplique, le ton suggérait juste l’empressement. Elle se pencha, ramassa son arme perdu, réajusta ses fourreaux. Elle allait en avoir besoin, trop, beaucoup trop aujourd’hui. C’était eux ou elle...ou elles. Nouveau regard en coin.

Je t’expliquerais en route.

Et c’est ce qu’elle fit, ses yeux, scrutant les environs sans arrêt. Elle se sentait vulnérable au sol et pourtant c’est sur les toits qu’ils l’avaient trouvés. Xandra avait envie de s’y hisser, de prendre de la hauteur, mais “elle” - d’ailleurs qui était “elle” ? - ne pouvait surement pas la suivre.

Je vis ici, au Labourg, depuis toujours. Quand aux toits…

Elle se surprit à baisser les yeux comme un petit enfant à qui on demande si c’est lui qui a mangé le pot de confiture et qui a une petite moustache sucrée sous le nez. Un peu honteuse de ce vieux grenier abandonné et humide qui se moquait d’elle en grinçant faiblement à chacun de ses pas.

J’habite un grenier, il n’est plus accessible que par les toits. C’est compliqué.


Pas vraiment, mais c’était un moyen comme un autre de dire “c’est un détail”.

Qui je dois remercier ? Je m'appelle Xandra, Xandra Erkal. Je suis désolé de t’entrainer dans cette...que tu sois mêlée à ça.

Visage un peu penchée, curieux, culpabilité dans le regard, toujours la peur en toile de fond.

Je suis de l’extérieur
ajouta la jeune milcienne bêtement, comme si ça avait un quelconque intérêt dans cette situation, comme si ça allait l’aider à associer son nom à son visage à ce souvenir de cette inconnue.

Ils se font appeler les “Reitres”. A l’époque ils étaient une dizaine environ, jamais vraiment plus, pour éviter les trahisons, entres autres. Ils ne laissent jamais personne leurs échapper…


Elle secoua la tête avec lassitude.

J’ai été naïve de croire qu’avec les années, les fangeux, ils m'oublieraient. Ils nous traqueront jusqu'à la fin. Ils nous faut un plan…

Oh oui il leur fallait un plan, ils savaient, connaissaient chaque endroit ou elle allait, c’était évident à présent. Pour une fois Xandra se surprit à être soulagé de son manque de lien, de contact poussé avec les autres. Pas d’amis, pas de familles, pas de moyen de pression, personne sauf peut être cette jeune femme ne mourrait pour elle.

Toutefois une question la taraudait, pourquoi maintenant ?
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MessageSujet: Re: Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra]   Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra] EmptyMer 7 Déc 2016 - 20:05
Tu, comme ça, directement. On ne se connaissait pas, et voilà qu’elle m’alpaguait comme si on avait élevé les cochons ensemble. J’avais conscience que les femmes étaient pas dans la milice depuis longtemps, et sur le principe, j’avais une nette tendance à les porter en plus haute estime, naturellement, que les hommes. Mais pas pendant le service. Pendant les heures de travail, ou lors de n’importe quelle interaction avec un milicien, c’était le respect du protocole qui primait. Et ce protocole indiquait que le sexe n’avait aucune importance, seul le rang devait compter. Et en l’occurrence, celle-là, elle en avait aucun, de rang. Donc… elle avait de la chance que la situation soit pas franchement opportune aux représailles de ce genre.

Valériane avançait en compagnie de la milicienne, peu envieuse de se retrouver, elle aussi, face à ces brutes, qui qu’elles puissent être. Elle avait beau avoir un charisme qui se sentait à des kilomètres à la ronde, ça n’en faisait pas forcément une amoureuse des effusions de sang et des distributions de marrons.
Elle réfléchissait ainsi au meilleur plan pour elles deux, alors qu’elle ne connaissait ni leur nombre, ni leurs compétences. Le nom que lui avait donné le soldat ne lui disait strictement rien; et pour cause, elle n’était dans la milice que depuis quelques mois, comme toutes les femmes qui désormais avaient eu la folie ou le courage de prendre les armes et l’uniforme sombre des miliciens. Et à elles deux ben… Elles risquaient surtout de se faire étaler propre et net. Nul doute que ces types, ces… Ces trucs au nom que Valériane n’arrivait pas à prononcer même mentalement, étaient bien plus rompus aux arts militaires ou au minimum à l’art de la violence qu’elles deux réunies. La coutillière avait beau s’être endurcie, elle n’en était pas moins qu’une femme, et l’on ne passait pas aisément sur près de trente ans de vie tout à fait normale comme l’on préparait une infusion. Elle eut un soupir agacé, et vérifiant derrière qu’elles n’étaient pas suivies - de toute façon, elle ne savait même pas à quoi ces types ressemblaient - elle vérifia également l’endroit où elles étaient. Non loin de la Grand Rue. Ca tombait bien. Elle jeta un regard courroucé en direction de Xandra, les mâchoires serrées, le pas hâtif. Elle n’aimait pas les menaces invisibles.

«Et maintenant, ils sont combien ? Elle se dressa un bref instant sur la pointe des pieds, pour projeter leur itinéraire, et accéléra encore un peu sa foulée. Mes hommes traînent souvent dans la basse-ville, le matin, visiblement picoler se fait à n’importe quelle heure. Elle eut un nouveau soupir, clairement irrité, à la fin de cette phrase. Elle les respectait, en aimait bien certains qui l’avaient acceptée dans les rangs, mais bordel, si tôt le matin… Bref. Si on peut les retrouver on aura déjà plus de chances de s’en sortir.»

A leur arrivée, quelques minutes de marche frénétique plus tard, Valériane eut la déception de constater que la rue était bondée. Les marchands avaient installé beaucoup d’étals ou étaient encore en train de le faire, pour les plus tardifs, quant aux clients, ou aux simples badauds, ou encore aux travailleurs qui se dirigeaient vers la porte du crépuscule pour rallier les faubourgs et les champs jouxtant la ville, ils suivaient un même courant, des anges vers le soir, sans discontinuer. Parfait, si quelqu’un décidait de leur coller un coup de poignard entre les côtes, elles seraient mortes avant même de s’en rendre compte.

«Coutillière Valériane Barrowmer, affiliée à l’exploration des marais et à la surveillance des domaines extérieurs à la ville. Ravie de te connaître, soldat, mais si ça te dérange pas on verra les politesses un brin plus tard, quand on sera plus menacée par… Par quoi, d’ailleurs ? Tu m’as donné leur nom, mais ça ne m’aide en rien; une description de leur trogne serait déjà plus consistante, tu n’crois pas ?»

Les mèches blond foncé caressant les arêtes saillantes de ses mâchoires, elle suivit le flux humain qui descendait dans la ville, méfiante, cherchant des yeux la taverne dans laquelle ses hommes avaient l’habitude de se réunir. Un bouiboui de piètre qualité, mais qui avait au moins le mérite de servir une cervoise qui humait pas trop la pisse de rat. Un bon point pour eux. Elle les soupçonnait cela dit de couper le breuvage avec de généreuses quantité d’eau, parfois salée quand l’eau douce venait à manquer. Et vu tous les soiffards qui traînaient leur gosier jamais rassasié en ville, elle manquait souvent.

«Les Rieuses, c’est le nom du tripot qu’on cherche. Je sais pas comment ça s’écrit par contre donc… »
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MessageSujet: Re: Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra]   Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra] EmptyJeu 15 Déc 2016 - 19:03
Xandra n’en menait pas large, plus elles avançaient, plus sa partenaire d’infortune prenait la parole, plus elle se décomposait. Parce qu’elle comprenait que tôt ou tard elle allait devoir se justifier, vraiment, que tôt ou tard, cette femme saurait tout, que tôt ou tard, son avenir au sein de la milice lui reviendrait surement. Si d’aventure, elles ne mouraient pas, ce qui restait l’issue la plus probable. Le sang continuait d’affluer dans sa bouche, sang qu’elle avalait à regret, à défaut de le cracher comme elle l’aurait préféré. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser des traces aussi flagrantes de son passage. Ses mains tremblaient légèrement et la jeune femme n’avait de cesse de glisser ses doigts dans ses cheveux pour dégager son visage, seul signe extérieur de la peur qui lui tordait les entrailles.

«Et maintenant, ils sont combien ?

- Je l’ignore, sincèrement, mais celui qui veut ma peau est toujours le chef alors je doute que leurs méthodes de travail et la...gestion du groupe aient beaucoup changée.

Ca restait une supposition, bien qu’elle fut quasi certaine de ce qu’elle avançait elle ne pouvait se permettre de l’affirmer au risque de se retrouver avec des ennuis supplémentaires…

« Mes hommes traînent souvent dans la basse-ville, le matin, visiblement picoler se fait à n’importe quelle heure. Si on peut les retrouver on aura déjà plus de chances de s’en sortir.»

Xandra avec un peu accéléré l’allure pour dépasser la milicienne de quelques pas, capter son regard et lui adresser un petit signe de tête qui se voulait reconnaissant et qui était ridicule en comparaison de toute la gratitude qu’elle éprouvait envers cette autre femme qui ne l’avait pas abandonné à son sort peu enviable.

Merci, pour ce que tu fais. Rien ne t’y obligeait, tu aurais pu fermer les yeux.

Elle lui aurait bien dit qu’elle en aurait fait tout autant si ça avait été elle à sa place, c'était le cas, mais cette femme n’avait aucune raison de la croire sur parole. Seulement pour Xandra, La milice c’était la famille, une famille composées de fruits pourris en grande partie, mais qu’elle n'abandonnerait pas. Et ce matin, elle avait étrangement le sentiment d’avoir fait le bon choix.

La progression rapide des deux femmes étaient ponctués de coups d’oeils, de retournement brusque parfois, Xandra évoluant à la limite entre la prudence et la paranoïa. Elle les connaissait trop bien, elle savait qu’une minute d'inattention pouvait lui être fatale, leurs êtres fatales. Si la foule les obligeait à agir dispersés, prudemment, elle leurs offrait à l’inverse d’autres possibilités peu réjouissantes. Un coup de dague c’était si discret, si rapide, si...mortelle. Elle en savait quelque chose. Son quotidien pourrait être celui là si elle ne les avaient pas trahis.

«Coutillière Valériane Barrowmer, affiliée à l’exploration des marais et à la surveillance des domaines extérieurs à la ville. Ravie de te connaître, soldat, mais si ça te dérange pas on verra les politesses un brin plus tard, quand on sera plus menacée par… Par quoi, d’ailleurs ? Tu m’as donné leur nom, mais ça ne m’aide en rien; une description de leur trogne serait déjà plus consistante, tu n’crois pas ?»


- Cout…

Bien sûre ! Si elle n’était pas à deux doigts de se faire couper la gorge, la rousse aurait percuté quand Valériane avait parlé de “ses hommes” quelques instants plus tôt.

- Je suis désolé pour...l’manque de politesse justement. C’est la première fois que je rencontre une femme gradée.


Jusque là elle n’avait travaillé que sous les ordres d’hommes et si effectivement, on n’avait jamais évoqué une interdiction de monter en grades pour les femmes, elle pensait que dans les faits, il en était tout autre. Elle songea un instant à cette possibilité, avant de la balayer aussitôt. Non, pas elle. Elle n’avait pas le quart de l’assurance ni du charisme de cette femme. En d’autres circonstances, elle aurait voulu lui poser des milliers de questions, mais on était pas en d’autres circonstances.

- Ca fait...longtemps maintenant que je ne les fréquentes plus, mais je connais leurs chef, son bras droit s’il n’a pas changé et je peux te...vous décrire sommairement les deux hommes qui m’ont attaqués sur le toit. On va dire qu’il ne m’ont pas vraiment laissé le temps de les admirer !

- La tête pensante se fait appeler Le Capo dans le milieu, mais son vrai nom c’est Ligran. Ils l’ont prononcé une seule fois devant moi. Il dirige un groupe d’assassins particulièrement retors et étrangement...très rancuniers. Ils sont craint et pour les avoir vu bosser...C’est propre, discret, expedif. Ils se réunissent rarement, ils préfèrent passer par un intermédiaire, c’est plus ou moins tout ce que je sais. La seul signe distinctif c’est le ruban rouge qu’ils doivent tous avoir noué à la garde de leurs lames. Sinon ils sont toujours masqués, certains ne se sont même jamais vu entre eux. Moi je connais leurs visages parce que...Peu importe.

La rouquine secoua la tête comme si ce geste allait suffire à lui faire oublier, à elle et à la coutillère ce qu’elle venait d’évoquer avec la subtilité d’un cheval de guerre.

- Ligran est brun, plutôt bel homme, tant qu’il n’ouvre pas la bouche. Il a une large cicatrice sous l’oeil. Son bras droit s’était Everic, Ovoric, quelque chose dans ce goût là. Grand, blond, maigre visage émacié, la quarantaine. A l’époque c’était le plus vieux. Le plus souvent ils portent des masques, à la place des traditionnels foulard, un moyen comme un autre de faire savoir que c’est eux qui ont fait le coup quand ils ont envie de faire un peu peur à la concurrence…

Xandra se tut quelques secondes.

- Je te dirais tout ce que tu veux savoir et que j’aurais pu oublier de mentionner, mais au final je ne sais que peu de choses...Et ce peu de chose, j’ai tout fait pour l’oublier.

«Les Rieuses, c’est le nom du tripot qu’on cherche. Je sais pas comment ça s’écrit par contre donc… »


Le visage de la jeune femme retrouva un vague éclat, elle connaissait ce nom là, elle connaissait presque tout les coins de Marbrume, pour peu que ce soit un peu malfamé et que les rues sentent la pisse.

- Moi non plus, mais j’ai déjà entendu ce nom ! Si ma mémoire est bonne, c’est par là !


La jeune femme la conduisit à bon port, s’offrant le luxe d’un semblant d’espoir soudain.
Un peu à l’écart, entre l’angle d’une rue et deux planches de bois, un homme masqué les observait. Un sourire se dessina sur ses lèvres quand il obtint l’information dont il avait besoin. Il poussa un cri strident, puissant, en tout point, ou presque, identique à celui d’un oiseau. Xandra l’aurait reconnu si elle n’était pas déjà l’intérieur de la taverne avec Valériane et tous les bruits qui allait de pair avec ce genre d’endroit fréquenté. Dans les rues adjacentes, ça se mettait en branle. Des bruits de capes, des souffles discrets, les Reîtres avaient un travail à accomplir et celui là leurs tenait particulièrement à cœur. Cette gamine avait osé se jouer d’eux. C’était tout simplement inacceptable.
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Valériane Barrowmer



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MessageSujet: Re: Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra]   Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra] EmptyVen 20 Jan 2017 - 18:23
Ouais j’aurais sûrement dû les fermer, les yeux. A croire qu’ils sont attirés par les emmerdes, c’est incroyable. Je ne savais pas encore dans quoi je m’étais embarquée, mais comme à chaque fois, cela ne pouvait pas être une promenade de santé, agrémentée d’un ou deux rigolos qui pensent pouvoir faire les malins parce qu’on était des donzelles, avant de se faire corriger d’un coup de bouclier droit dans les noix. Non, ça c’était la situation idéale, celle qu’on rencontrait parfois en taverne, quand on était assez débiles pour s’y pointer. C’est ce qu’on s’apprêtait à faire, d’ailleurs.

D’un geste désinvolte de la main, j’excusai le “manque de politesse” de Xandra. Elle avait pas tort, même moi j’en croisais rarement, des femmes gradées. De mon côté, j’avais surtout l’impression qu’ils m’avaient collée là parce que la coutillerie s’était faite décimer, et que j’étais la seule qui semblait encore porter plus ou moins ses couilles. Intéressant, comme situation.


«Ne t’en fais pas pour ça, tout le monde est toujours surpris, répondis-je, levant les yeux au ciel. Ca me surprend encore moi-même, parfois.»

Valériane laissa passer du temps, écoutant simplement ce que lui racontait Xandra à propos des bougres qui s’étaient mis en tête de les pourchasser. Pour des mecs discrets, qui ne se voyaient pas et visiblement méconnus du grand public, la milicienne semblait quand même en connaître un sacré rayon. La coutillière lui adressa à plusieurs reprises, au fil des paroles qu’elle prononçait, des regards entre la suspicion et l’accusation, mais elle ne releva pas. Aujourd’hui, le passé des hommes et femmes ne comptait plus trop, c’est comme si le temps qui avait coulé avant le fléau n’avait plus d’importance. On accueillait dans la milice des gens honnêtes, d’anciens soldats de métiers, mais aussi des paysans, des femmes qui comme elle, n’étaient que de simples mères au foyer, et, parfois, quelques immondices sociales comme les types qui les suivaient. C’était ainsi, la fange avait tout bousculer, et toutes les armes étaient bonnes pour lui faire face. L’humanité devait s’adapter ou crever. En tout cas, c’était ainsi que Valériane le percevait.

Quelques minutes plus tard, elles étaient finalement en taverne. Et tout comme Xandra, Valériane était passée complètement à côté de l’homme qui les avait espionnées, puis averti ses comparses. Tout ce qu’elle voulait c’était tirer ses hommes de leur beuverie, et elle les aperçut à une table au fond tu tripot, en train de se livrer à un quelconque jeu d’osselets. Quelques piécettes étaient amassées sur la table, et de nombreuses chopes vides également. Un grognement consterné s’échappa de la gorge de la coutillière à ce constat, et elle fonça vers eux comme une tornade.

Ses hommes eurent à peine le temps de blêmir en voyant la petite femme qu’elle était déjà là, le visage fermé. Pour une fois, elle n’était pas d’humeur à leur allonger des taquets en série devant leur horrible tendance à picoler entre les missions dès qu’ils avaient assez d’économies pour se mettre à l’envers. Au contraire, elle désigna d’un geste impérieux du menton leurs armes déposées contre le mur proche de la table, et les invectiva d’un ton sec.

«Fini la sauterie, on est traqués par des assassins ou je sais pas quoi, ils nous ont sûrement vues entrer ici. Xandra Erkal, voici Gontrand, Luzerne, et La Torche. Armez-vous, et déployez-vous autour du bâtiment. On va voir si y’a pas une sortie à l’arrière, Erkal et moi. Euh… Elle réfléchit quelques secondes aux renseignements qui lui avaient été donnés quelques minutes plus tôt. Ils portent des rubans rouges autour de leurs armes, ou ont des masques. L’un des deux, les deux… Faites gaffe à tout individu suspect. Foncez pas dans le tas, et venez me prévenir si vous voyez quelqu’un. On doit se rabattre petit à petit vers le temple, c’est beaucoup plus dégagé.»

Les hommes hochèrent vivement la tête, et une fois leur équipement récupéré, foncèrent en dehors du tripot.

Gontrand était un type à la mine plate, inexpressive. Même lorsqu’il avait bu, il semblait fait de marbre, sa face ne bougeait presque jamais. Le teint laiteux de son visage était piqueté de tâches rougeâtres dues à une consommation assidue de vin et de spiritueux divers et bon marché. Les boucles noirâtres de ses cheveux dépassaient de son chapel sans discipline aucune, et surmontaient un front plat et large, qui surplombait deux yeux d’un marron terne, dont l’un d’eux, le gauche, semblait s’être fâché avec le droit.
Luzerne était un soldat de métier, lui. Bien avant Valériane, d’ailleurs. Son seul problème, et ce qui lui avait soutiré le poste de coutillier lorsqu’il avait fallu remplacer Embaum, l’ancien chef d’unité, c’était son manque cruel de charisme. Il ne parlait pas, était ridiculement petit - bien que musclé - et surtout, sa présence frôlait le néant si l’on ne posait pas les yeux sur lui. Un atout de qualité lorsque l’on menait des opérations discrètes, mais pour mener une unité, il en fallait beaucoup plus, et la grande gueule de Valériane était bien plus utile pour diriger des hommes qu’une présence fantomatique, voire inexistante.
Quant à La Torche, pas besoin de chercher loin la provenance de son surnom. Il était roux, mais roux ! On voyait sa tignasse à cent lieues, tel une tour à feu dans un port, vue depuis l’horizon. Son teint blafard était moucheté de tâches de rousseur, mais il fallait tout de même prendre garde. En plus d’avoir une chevelure à la couleur littéralement agressive, sa carrure était elle aussi de type prédatrice. Aussi haut que large, il était très calme - moins maintenant qu’il avait bu comme un trou - mais ses coups avaient de quoi vous briser les os dès qu’ils s’abattaient. Ancien forgeron dont la fabrique familiale avait périclité, il se servait désormais des fangeux et brigands comme enclume. Ca lui réussissait assez bien. Et c’était l’homme préféré de Valériane. Etonnamment, elle qui avait, entre son père et son défunt mari, toujours vécu avec des brutes, trouvait cette qualité fort utile dès lors qu’il s’agissait de servir le duc et d’assurer leur survie à l’extérieur des murs de la ville.

«Viens avec moi.»

Dès que les hommes furent sortis, elle emmena Xandra avec elle dans l’arrière salle de la taverne, où elle espérait trouver une sortie de service. Et il y en avait une. Elle entrouvrit le panneau, profitant que le tenancier était bien trop occupé avec la clientèle nombreuse pour faire attention à elles. Elle jeta un regard à l’extérieur.

Citation :
Test d’observation


Valériane Barrowmer - Intelligence : 8.
Jet : 4. Réussi.

Elle fixa pendant un moment la ruelle derrière eux. Quelques âmes perdues étaient effondrées et prostrées sur le sol, soit complètement ivres mortes, soit affligées par la faim. Il y en avait dans toutes les rues du Labourg. Mais son regard fut accroché par un détail anormal. L’un des clochards transis n’était pas normal. Elle chercha, pendant quelques secondes, ce qui pouvait bien lui laisser cette impression bizarre, puis finit par trouver. Sa cape était propre. L’on pouvait faire le tour de tous les sans abri de la ville, le constat était simple. Tous avaient des étoffes miteuses, trouvées, couvertes de poussières et d’autres substances beaucoup moins ragoûtantes. Sauf lui. Un peu de poussière des routes certes, mais rien de dégueulasse. Elle fronça les sourcils, et tourna le visage vers sa compère d’infortune, indiquant d’un signe discret l’homme qui semblait attendre de l’activité.

«Lui, là. C’est pas un miséreux. Je crois que le bâtiment est cerné. Attendons de voir ce que les trois autres vont trouver.»

Citation :
Test d’observation


La Torche - Intelligence : 8
Jet : 11. Raté.

Luzerne - Intelligence : 8.
Jet : 8. Réussi.

Gontrand - Intelligence : 8.
Jet : 4. Réussi.

Le faux miséreux n’était pas le seul. Que ce soit dans les ruelles adjacentes ou même sur les Hytres, où l’affluence atteignait son apogée, ils étaient présents.

Citation :
Test Embuscade


Réitres vs La Torche - Jet : 18. Raté.
Bien que discret, la présence de trop de monde alentour et la vigilance manifeste du colosse empêchèrent l’assassin de frapper. Il retourne donc sain et sauf dans la taverne pour faire son rapport, signifiant la présence à Valériane et Xandra d’un assassin très proche des Rieuses, non loin de la devanture d’une joaillerie.

Réitres vs Luzerne - Jet : 17. Raté.
Là encore, l’assassin n’étant pas idiot, il était aisé de faire le lien entre les couleurs ducales portées par Luzerne et l’entrée de Valériane quelques instants plus tôt dans la taverne. Mais tentant de l’embrocher par l’arrière, il se fit bousculer par un groupe de marchands à la criée, et dut se replier loin de la taverne. Luzerne l’a en plus remarqué, et est immédiatement rentré donner son signalement à la coutillière.

Réitres vs Gontrand - Jet : 11. Mitigé.
La discrétion n’est clairement pas au rendez-vous, mais dans une ruelle à l’opposé de celle que Valériane a examiné, Gontrand se retrouve embusqué, mais sans surprise réelle, par deux des Réitres. Son absence aura tôt fait d’alerter ses collègues.

Dans le tripot, les quatre protagonistes venaient d’échanger leurs dernières informations. Ils avaient donc repéré trois assassins, quant au dernier il était actuellement face à Gontrand. Pour Valériane, la suite était simple.

«On va l’aider d’abord, on sait pas combien ils sont, alors on reste groupés, surtout. Et pour les autres, on avisera sur la suite. Erkal, reste bien avec nous, La Torche te protègera. Et c’est surtout après toi qu’ils en ont, je crois.»
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Xandra ErkalMilicienne
Xandra Erkal



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MessageSujet: Re: Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra]   Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra] EmptyMer 25 Jan 2017 - 17:56
C’était comme ça que ça marchait. Les miliciens et les soldats portaient des armures, plus ou moins rouillées, avec des attaches plus ou en moins en état de faire le travail, des armes plus ou moins émoussés et il buvait, plus ou moins. Alors les yeux de la rouquine qui se tenait à quelques pas derrière Valériane dans cette taverne, dont elle ne connaissait que le nom, allaient d’un type à l’autre, cherchant à se faire une idée de leurs état d'ébriété. Ma foi, ça avait l’air d’aller, ils avaient pas encore le regard éteint des poissons sur l’étal. Pis bon, elle pouvait pas vraiment faire la fine gueule la petite rousse, c’était cette femme, c’était eux ou c’était une dague enfoncé quelque part, Xandra n’avait pas envie de se demander ou.

Un éclat d’admiration traversa le regard de la jeune femme en voyant comment Valériane menait son petit monde. Elle était persuadé qu’elle avait toujours été comme ça cette, même avant de passer coutiière, ça transpirait dans son attitude. Peut être qu’elle devrait en prendre de la graine, arrêter de jouer les carpettes dans l’espoir d’un semblant de reconnaissance, peut être même qu’elle provoquait sans le vouloir l’effet inverse.

Ce n’était pas vraiment le moment pour faire le point sur sa vie pleine de trous, c’était le moment de survivre, de se tenir droite et de sourire, du moins essayer, à ces types qu’elle n’avait jamais vu et qui tenait, sans pouvoir s’en rendre vraiment compte, une vie en plus de leurs armes entre leurs mains.

Xandra avait appuyé les propos de la coutilière d’un signe de tête. Elle n’avait rien à redire à ses ordres et si ça avait été le cas, elle ne l’aurait pas fait savoir de toute façon, la description, malheureusement trop sommaire, était la bonne. La rouquine ne put s'empêcher de se demander s’ils les laisseraient atteindre le quartier du Temple ? Ligran auraient tôt fait de comprendre ou se ils se dirigeaient, mais il fallait bien avancer, tenter.

Un roux ! C’était un peu comme les femmes qui se soutenaient d’instinct dans la milice, y avait un petit lien entre eux, comme s’ils étaient désolés de l’être mais ensembles, entre les lépreux aussi, mais ils avaient la chance de ne pas être dans ce cas. Alors Xandra lui avait fait son plus beau sourire à La Torche, celui qu’elle réservait aux quelques rares collègues qu’elle portait en haute estime. Ne retenant de Luzerne que son nom et sa petite taille, quand à Gontrant, ce fut son oeil qui disait merde à l’autre qui s’ancra dans sa mémoire. En vérité, Xandra faisait dans son froc, elle n’avait pas été terrorisé comme ça depuis qu’elles les avaient quitté, justement. les Reitres et elle avait du mal à aligner des pensées cohérentes et à retenir quoique ce soit.

«Viens avec moi.»

D’ailleurs il y eut un petit blanc avant qu’elle ne détourne les yeux des hommes qui sortaient de la taverne et ne se mette à suivre Valériane.

- Tout de suite chef.

Alors qu’elles arrivaient à l’arrière sans que personne ne les remarque, la rouquine avait prit soin de le vérifier, elle ne put s'empêcher de murmurer.

- Merci de prendre des risques, je vais m’en sortir grâce à vous.


C’est fou comme dans sa voix se lisait une incertitude flagrante, mais elle avait besoin de positivez, de se convaincre et la manière d’agir de Valériane l’aidait à se dire que décidément, oui, la survie était une option.

«Lui, là. C’est pas un miséreux. Je crois que le bâtiment est cerné. Attendons de voir ce que les trois autres vont trouver.»


Bientôt elle se tenait au côté de Valériane et son regard bleu se posait à son tour sur un homme, il avait réajusté sa position, ce simple geste avait suffit à Xandra, en plus de sa cape trop propre, à remarquer qu’effectivement, il n’était pas ce qu’il essayait de faire croire.

- Merde…

Une dizaine, jamais plus, se répétait la rouquine en boucle. Mais depuis les choses avaient pu évoluer. Dix c’était gérable, elle affrontait des fangeux non ? Combien étaient-ils là à attendre avec patience, à resserrer l’étau ? Les rapport étaient logiques eux aussi et Xandra se disait qu’ils avaient de la chance d’être là pour les faire.

«On va l’aider d’abord, on sait pas combien ils sont, alors on reste groupés, surtout. Et pour les autres, on avisera sur la suite. Erkal, reste bien avec nous, La Torche te protègera. Et c’est surtout après toi qu’ils en ont, je crois.»

- Une chance, finalement, qu’ils aient tellement envie de me faire la peau qu’ils se montrent imprudent. Ligran à lâché les chiens mais il ne commettra pas l’erreur de frapper maintenant. Ca nous laisse l'opportunité de les affaiblir. Dans un sens, que je sois tombé sur toi, sur vous, c’est un miracle qu'ils ne pouvaient anticiper…

Obéissant à Valériane, Xandra s’était en effet placé à une distance suffisante de La Torche pour pouvoir combattre sans le gêner, suffisamment proche toutefois, pour qu’il puisse réagir immédiatement à la moindre attaque surprise. La foule, la vie, les multiples conversations qui se mélangeaient c’était un avantage, il était plus difficile pour les assassins d’attaquer, mais il était aussi plus facile pour eux, de se fondre, de suivre leurs mouvements. Un souffle égalait un autre dans une foule.

Mais le groupe de milicien s’en éloignait de tout ça, pour rejoindre ses ruelles que les badauds évitaient d’instinct pour certains, parce qu’ils avaient entendu dire par untel que untel s'était fait agresser, tuer ou n’importe quoi d’autre de peu rassurant. Dès qu’ils avaient quitté le tripot, d’autres âmes s’étaient mises en branle elles aussi, se mouvant avec une certaine impatience dans les ombres. Mais ce qui accaparait les sens des hommes et des femmes du Duc pour le moment, c’était les bruits du combat qui se déroulait tout proche et qui bientôt fut sous leurs yeux.

Personne n’avait pris l’avantage pour le moment, les Reitres semblaient jouer avec lui comme un chat avec une souris, comme s’ils...attendaient quelque chose, peut être ? Quoiqu’il en soit, les visages masqués s’étaient tournés vers les nouveau venus et derrière les miliciens, deux autres assassins faisaient leurs apparitions, leurs lames sifflant dans l’air alors qu’elles quittaient leurs fourreaux. Tout replis étaient dorénavant impossible et le nombre d’adversaires dans chaque camp presque égal.
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Valériane BarrowmerCoutilier
Valériane Barrowmer



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MessageSujet: Re: Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra]   Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra] EmptyVen 17 Fév 2017 - 20:23
L'oeil morne, je jugeai de notre situation. Pas brillante, je le crains. Même si nous avions un léger avantage du nombre, à quatre contre cinq, je ne savais toujours pas s'il y en avait d'autres, ni où ils étaient. Plus je réfléchissais et plus les solutions m'apparaissaient claires. Soit j'attendais leur attaque, au risque qu'eux-même attendent des renforts, ce qui nous placerait dans une situation encore pire. Soit j'ordonnais une attaque immédiate, sans même savoir si d'autres assassins se dissimulaient non loin. La deuxième solution m'attirais un peu plus, je devais bien l'avouer. Pour commencer, c'était plus dans mes cordes, et je sentais déjà la Torche, aux côtés de Xandra, bouillonner d'impatience à l'idée d'éclater des crânes. Et surtout, même s'ils avaient des hommes supplémentaires dans le coin, on aurait au moins le temps d'en étriper un ou deux.

Valériane eut un rictus contrarié et leva son bouclier. Le principal problème, en réalité, c'était qu'elle ne savait pas du tout à quel point ces types savaient se battre, et qu'au contraire elle connaissait parfaitement le talent que possédaient ses hommes. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il était fluctuant, pour être gentil. Ils pouvaient être capables de miracles, comme des pires stupidités que ce monde eut connu. Seul La Torche semblait garder une certaine constance en agissant comme une brute éminente en combat, et distribuant des avoines à tour de bras. Ne restait plus qu'à ce qu'il se préoccupât un peu des cibles qu'il frappait, histoire de ne pas confondre alliés et ennemis ; cela lui arrivait encore régulièrement.

« Xandra, La Torche, Luzerne, occupez-vous des deux à l'arrière, et faites bien attention à ce que personne d'autre nous tombe sur le râble. Je vais filer un coup de main à Gontrand. »

Elle grogna légèrement et resserra la poigne autour de son épée. Voilà pourquoi elle avait préféré intégrer l'extérieure ; au moins, les fangeux, on savait comment ils se comportaient. A partir du moment où il y avait de la viande au menu pour eux, ils fonçaient martel en tête pour atteindre leur objectif. Là elle devait prendre beaucoup plus de facteurs en compte, et ça avait une tendance à l'emmerder. Elle était pas taillée pour ce genre de bisbilles, elle. Son truc c'était d'explorer les marais, de convoyer des ressources ou des habitants jusque dans les quelques patelins qui restaient encore habitables, et de temps en temps de mettre une trempe à des bannis tellement rachitiques que c'est à peine si elle avait besoin de son épée. Bref, une routine difficile, mais qui avait au moins le mérite d'être complètement intégrée. Elle avait fini, à force d'arpenter ses rues, témoins d'une vie plate et morne, par les détester profondément. Là-dehors, elle faisait quelque chose de sa vie, et même si elle risquait la mort, voire pire, elle était utile et les jours ne se ressemblaient presque jamais.

« Gontrand, t'en as vu d'autres ? Demanda-t-elle, après s'être prudemment approchée de son coéquipier.

- Nan chef. Sa voix était monocorde, il jeta un coup d'oeil rapide à la petite coutilière, puis haussa doucement les épaules. Je suis sorti comme z'avez dit et ils me sont tombés dessus comme par magie. J'sais pas ce qu'ils attendent. »

Valériane jeta un bref regard en arrière, puis leva son arme. Le signe de l'assaut, pour ceux qui s'étaient déjà battus avec elle, en tout cas. De l'autre côté de la ruelle, Xandra connaissait bien mieux ces types qu'eux, aussi la coutilière lui avait laissé toute marge de manœuvre concernant leur propre combat. D'autant qu'ils avaient un léger avantage de plus avec leur milicien supplémentaire. Tout ce qu'il fallait, c'est que ce nombre ne bouge pas. La blonde n'était une femme d'armes que depuis quelques mois, mais elle s'était bien habituée au poids des mailles de son armure et de son arme, et commençait à manier cette dernière avec une dextérité qui faisait plaisir à voir.

L'épée brutalement abaissée en une passe d'estoc, elle fonça, lame en avant, suivie de près par Gontrand, bouclier levé et arme au côté, prêt à frapper. Ses soupçons se confirmèrent bien assez vite. Leurs deux premières attaques furent aisément esquivées. Elle crut même percevoir, au moment où l'assassin se dérobait à sa lame, un petit ricanement moqueur. Elle n'était qu'une femme, après tout, elle n'aurait jamais dû tenir une épée. Faisant de son mieux pour garder la tête froide et ne pas céder à la frustration qui montait, elle laissa couler un regard bref vers Gontrand, qui s'était attaqué à l'autre assassin avec les mêmes problèmes, et tenta deux nouvelles passes. Les deux finirent par tailler du vent. Elle para de justesse un coup de taille de son adversaire, et répliqua vicieusement d'un coup d'estoc, droit vers son estomac. Il eut le réflexe de se décaler au bon moment, mais avec un léger temps de retard. Si bien qu'il s'écorcha le flanc contre la pointe de la lame. Le grognement qu'il émit fut clairement audible, et un mince sourire barra l'espace d'une seconde le visage fermé de Valériane. Bien. Ces types étaient bien faits de chair et de sang. Elle recula alors prudemment de quelques pas, et jeta un autre coup d'oeil derrière elle pour voir comment ils s'en doutaient. Puis elle repartit à l'assaut. Là, il n'était pas question de faire de prisonniers, sauf s'ils avaient la chance d'en capturer un en vie.

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MessageSujet: Re: Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra]   Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra] EmptyMer 1 Mar 2017 - 17:31
L’ordre était clair, concis et simple, ça rassurait un peu Xandra, franchement dépassé par la situation, personne ne l’aurait été moins à sa place. Ce n’était pas tout les jours qu’une dizaine d’hommes entraînés à tuer décidaient de faire de vous leur prochaine victime. Sans Valériane et ses hommes elle ne serait déjà plus là pour avoir le temps d’avoir peur.

«Xandra, La Torche, Luzerne, occupez-vous des deux à l'arrière, et faites bien attention à ce que personne d'autre nous tombe sur le râble. Je vais filer un coup de main à Gontrand. »

- Bien chef…

Au début ça s'était mal passé. Le combat semblait perdu et des sueurs froides parcouraient le corps de la rouquine alors que chacue de ses attaques se soldaient par un echec, une esquive joliment exécutés une parade parfaite, le tout accompagnés de sourires qu’elle devinait derrières les masques, aux yeux rieurs de ses adversaires. Ils étaient sûrs d’eux, bien trop. C’est peut être ce qui finit par leurs donner l’avantage à Luzerne, La Torche et elle. Ca et le fait que Xandra avait comprit que qu’il fallait éviter de se trouver trop prêt du rouquin au risque de se prendre une nouvelle mandale involontaire. Elle avait finit par retrouver ses réflexes aussi et alors qu’elle portait sa première attaque réussit il lui semblait presque entendre la voix du Capo’ qui lui dictait ses actes.

Ils avaient reculés, ils avaient cessés de sourire et il prenait à présent conscience de la menace que les trois miliciens représentaient. Régulièrement ses yeux balayaient la ruelle, les hauteurs dès qu’un bref répis leurs étaient accordés. Le combat durait et comme tout “vrai” affrontement qui s’éternisait il devenait fatiguant, aussi bien pour eux que pour l’ennemi, habitués à tuer sans se faire voir. Des affrontement lâches, surprises, qui ne duraient guères plus d’une poignée de secondes.

Xandra avait gagné en endurance, les longues promenades de santé dans les marais avaient du bon.

- Un de moins !

Elle ne savait pas trop si elle avait soufflé ça pour s’encourager elle ou les deux hommes qui l’aidaient, mais sentir le sang d’un Reitre coulé le long de son poignet jusqu’à s’infiltrer sous le cuir de son armure lui faisait du bien et lui donnait confiance. Sa confiance qui juste là allait et venait comme les vagues semblait décidé à ne plus l’abandonner. L’homme s’écroula, il gémissait, l’une de ses mains cherchant à endiguer le flot rouge qui s’échappait de son bras, laissant de coté celui qui s’écoulait plus doucement de son mollet. Il n’était pas mort, il ne mourrait pas tout de suite, la rouquine avait prit soin de viser l’avant bras mais il lui restait quelques minutes. Une occasion en or à ne pas rater, la possibilité de l’interroger. Encore fallait-il parvenir à se débarrasser du second adversaire bien plus coriace que le premier rapidement. S’il souffrait de plusieurs entailles, ils n’avaient pas réussis encore à porter de coups décisifs, heureusement pour l’autre camp, c’était réciproque.

La rousse s'autorisa un regard par dessus son épaule, inquiète pour sa bienfaitrice et son collègue. Espérant que ça se passe “aussi bien” de leur côté. La Torche lâcha un râle rauque et fonça de nouveau sur l’assassin, visiblement le combat, avait, à ses yeux, assez duré.

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MessageSujet: Re: Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra]   Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra] EmptySam 4 Mar 2017 - 16:52
Difficile de savoir s'ils allaient tous s'en tirer. La plupart d'entre eux, à part Luzerne et La Torche, n'excellaient pas vraiment au combat. Et pour Valériane, le corps à corps était encore pire. Elle n'était peut-être pas une héroïne de guerre, un soldat prodigieux, mais elle en avait tout de même dans la tête. Le combat rapproché contre les fangeux, c'était suicidaire. Tout le monde le savait. Et même si une unité au complet pouvait en mettre un à mal en évitant de subir des pertes trop lourdes, cela restait un risque énorme qu'elle avait cessé de prendre dès lors qu'elle avait pris le commandement de son unité. Son truc à elle c'était l'arc. Mais elle ne le portait jamais en ville, faute d'avoir à s'en servir, et dans cette ruelle, c'était particulièrement difficile de tirer un trait sans perforer ses propres alliés. Néanmoins, les miliciens avaient un avantage certain. Ils s'entraînaient tous les jours, et leurs missions, qui duraient parfois bien trop longtemps, avaient contribué à forger leur endurance de manière brutale, mais efficace. Soit l'on y survivait, soit l'on ne rentrait pas. Valériane, elle, avait survécu. Ses hommes également. Les assassins en face, ils n'avaient pas cette persistance. Leur métier c'était de tuer vite et bien, et de disparaître aussitôt. Si l'affrontement durait, s'ils avaient été repérés, cela signifiait déjà que leur travail était mal fait, voire raté.

Valériane s'en rendit compte au bout de quelques minutes. Après avoir constaté que Xandra, la Torche et Luzerne s'en sortaient assez bien de leur côté, elle s'était complètement désintéressée d'eux pour se recentrer sur son propre combat. C'était loin d'être évident, mais plus l'affrontement durait, et plus elle sentait qu'elle prenait le dessus. Ils tenaient bon, difficilement mais ils s'arrangeaient pour rendre autant de coups qu'ils en recevaient, et minimiser leurs blessures. L'estafilade d'une dague, comparée à la griffure ou à la morsure d'un fangeux, n'était vraiment pas grand-chose. Et surtout ils étaient capables d'en encaisser beaucoup plus.

Au début elle avait l'impression qu'elle devenait plus rapide, ou que ses coups étaient plus puissants ; il n'en était rien. L'assassin face à elle avait de plus en plus de mal à esquiver avec souplesse ses offensives, et ses répliques, alourdies par une endurance sur le déclin. Un autre coup franchit les défenses de l'assassin, fragilisées par son propre corps mal entraîné aux affrontements sur la durée. L'épée de Valériane glissa contre son flanc, et arracha la protection en cuir qui le recouvrait, dessinant une longue traînée rougeâtre, bientôt suivie d'une large coulée de sang, sur son côté. Il grogna et contre-attaqua, mais la colère qui anima son geste lui fit perdre en habileté. La milicienne plissa le regard, suivant le mouvement de sa lame avec attention, puis lorsqu'elle estima le moment venu, frappa du plat de son bouclier dessus pour la dévier, pivota vers l'avant pour se rapprocher encore plus de son agresseur, et asséna un coup de coude brutal sur son nez, éclatant le cartilage dans un craquement sinistre. Elle ignora le grognement de douleur et les gouttelettes de sang qui vinrent éclabousser son visage, et ramena sa lame contre son flanc avant de l'enfoncer, avant qu'il ne reprenne ses esprits, dans l'estomac du Reitre.

Elle sentit le souffle de sa cible se bloquer et la lame s'enfoncer profondément en lui, bloquant sur l'épine dorsale. Quelques pulsations sanguines agitèrent la lame pendant quelques secondes. Elle grogna et fit tourner la lame au sein même de la blessure pour l'élargir et causer un maximum de dégâts internes, puis la retira avant que l'assassin ne la lui arrache en tombant, ce qu'il ne tarda pas à faire dans un bruit mou. Il n'était pas encore complètement mort, mais cela ne prendrait que quelques dizaines de secondes avant qu'il n'aie à rendre des comptes à Anür pour sa vie de péché.

Elle entendit le cri de Gontrand avec un très léger temps de retard. Léger, mais trop grand. Elle se retourna en entendant son avertissement ; il tentait de la prévenir, sitôt qu'il avait vu son comparse s'effondrer, l'autre avait bondi dans sa direction pour remettre à sa place cette petite soldate impudente, lame en avant, braquée sur son dos. Elle évita le pire, tournant dans le sens de son bouclier, mais il eut tout de même le temps de voir venir la parade, et de sortir une dague de son étui avec sa main libre. La lame déchira la maille de Valériane au niveau de l'épaule, traçant une plaie profonde sur son bras. Il fut très vite sanctionné d'un coup de bouclier de l'estomac, alors que la milicienne tentait de prendre un peu de recul pour éviter un nouvel assaut, et ce fut Gontrand qui le cueillit, d'un coup de la tranche de son propre bouclier, droit sur la nuque. Il s'effrondra sans un bruit au sol, la nuque tordue dans un angle anormal. Mort sur le coup.

Ayant constaté que les autres s'en sortaient aussi bien, elle prit le temps d'observer la blessure. Elle fronça les sourcils, il faudrait sûrement recoudre. La plaie était nette, mais la coupure s'enfonçait profondément dans les chairs, et outre le sang qui sortait généreusement, elle sentait déjà une certaine raideur dans son bras. Le muscle avait probablement été entaillé aussi, ou peut-être un nerf, bien qu'elle n'ait aucune réelle connaissance en anatomie. Elle soupira, exaspérée, et jeta un œil mauvais au cadavre responsable. Gontrand lui jetait un regard inquiet, et elle le rabroua d'un ton bourru.

« Je vais pas mourir, imbécile. Me fais pas ces yeux-là. Allons aider les autres, plutôt. »

Elle joignit le geste à la parole, mais à vrai dire, son injonction était un peu inutile. De l'autre côté de la ruelle, Xandra semblait en avoir neutralisé un proprement, même s'il vivait toujours – Valériane eut à ce constat un rictus de satisfaction – et la Torche en avait visiblement marre de cette situation, et était en train de transformer le pauvre assassin en tas de bleus et contusions qui risquait fort de succomber à ses blessures. Et dans cette situation, vu leurs ennemis, elle ne chercha même pas à arrêter le colosse dans son pilonnage. Elle l'observa quelques secondes, puis se pencha vers l'assassin immobilisé.

« Erkal, toi tu connais ces types. Tu dois savoir quelles questions leur poser. »

Elle resserra la main autour du manche de son épée pour bien montrer au captif qu'il risquait de ne pas aimer son traitement s'il s'avisait, à un seul moment, de tenter de leur résister, puis lui jeta un regard vindicatif.

« Attaquer des soldats en patrouille, t'es décidément pas aidé… Si votre chef nous a pris pour les bourgeois que vous allez dépouiller quand vous avez rien d'autre à faire, il va le regretter amèrement, crois-moi. Elle leva les yeux vers la Torche, qui venait de finir de broyer l'assassin, et avait laissé tomber son corps en tas au sol, immobile et informe. Tu vois le grand costaud là ? Si jamais tu essaies de nous rouler, il va se charger de toi. Son boulot c'était d'abattre des arbres. Un dadet comme toi devrait pas résister longtemps à sa poigne. »

Elle leva les yeux vers Luzerne et Gontrand.

« Vous deux, je vous veux à chaque extrémité de la rue. Faites le pet le temps qu'on en finisse avec celui-là. Et levez les yeux, aussi. Visiblement ces gus aiment bien les toits de la ville, alors méfiez-vous. Erkal,
reprit-elle en s'adressant à la rouquine, cuisine-le, tes questions seront plus pertinentes que les miennes, c'est toi qu'ils traquaient. »
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Xandra ErkalMilicienne
Xandra Erkal



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MessageSujet: Re: Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra]   Peut-on empêcher un renard de mourir ? [Valériane - Xandra] EmptyDim 19 Mar 2017 - 16:49
« Erkal, toi tu connais ces types. Tu dois savoir quelles questions leur poser. »

La rouquine hocha la tête positivement, il ne lui en fallait pas plus pour s’agenouiller devant l’homme, l’une de ses dagues restant soigneusement dans sa main.

« Attaquer des soldats en patrouille, t'es décidément pas aidé… Si votre chef nous a pris pour les bourgeois que vous allez dépouiller quand vous avez rien d'autre à faire, il va le regretter amèrement, crois-moi.

Ce que venait de dire la coutilière fit cligner plusieurs fois des paupières la rousse qui releva le nez vers son alliée, comme si elle venait d’avoir une révélation soudaine avant de reporter son attention sur l’homme masqué. Xandra n’écouta pas la suite de l’échange, les menaces de Valériane, la fausse assurance du Reître et remarqua à peine les deux hommes s’éloigner, perdu dans ses pensées.

...les toits de la ville, alors méfiez-vous. Erkal, cuisine-le, tes questions seront plus pertinentes que les miennes, c'est toi qu'ils traquaient. »

- Très bien. Le Capo ?

La question pouvait sembler étrange, du genre qui demandait des nouvelles d’un ancien ami. Mais le but était tout autre.

- Ce n’est plus lui qui mène la barque Renarde.


L’homme eut un petit rire étouffé.

- Oublie ce nom Boscombe.

- Tu penses ça suffisant pour renier le passé ?

Même si elle l’avait voulu, ça n’aurait pas suffit. Parce que sa voix faisait remonter un flot de souvenirs, de culpabilité enfoui, mais de fierté surtout. Elle avait été capable de leurs tourner le dos, de se refuser à tuer. La vraie raison était moins glorieuse, la peur. Celle de prendre plaisir à tuer sans état d’âme, de changer sa nature profonde tout simplement. A moins qu’elle ne fasse que l’étouffer ? Un voile inquiet traversa les prunelles claires mais elle se reprit instantanément.

- C’est nous qui posons les questions, tu n’es pas en bonne posture pour ça. Ce simulacre de combat n’est pas digne des Reîtres. Qui vous commande ?


Il y avait une colère sourde qui vibrait au fond de la gorge de Xandra. A la peur et la haine que lui inspirait l’ancien chef des assassins se mêlait le respect et une étrange attraction malsaine. La même qui animait l’ensemble des hommes, de la meute sanguinaire réduite à...ça. Ca n’avait pas de sens, pourquoi La Capo était en vie, pourquoi aurait-il céder sa place, qu’est qui aurait pu l’y contraindre ? Beaucoup de questions, trop. Pas assez de temps, c’était risqué. Il allait falloir poser les bonnes.

- Au contraire Renarde, nous n’avons jamais été aussi puissant, nombreux et organisés qu’aujourd’hui, ma mort n’a pas d’importance, nous ne sommes plus en tant qu’individu, bien des choses ont changés depuis ton départ. Nous te trouverons et nous te tuerons, tu n’as nulle par ou te cacher. Nous savons tout de toi et de tes habitudes, nous avons eu tout le temps pour ça…

Ce fut Valériane qui réagit la première, moins stressée, plus expérimentée, peu importe, Gontran ensuite, en donnant l’alerte. Xandra suivit le regard de l’homme vers le toit et recula en toute hâte pour éviter la flèche qui se ficha dans le coeur de l’homme déjà bien mal en point, mettant un terme à ses souffrances mais surtout à toutes choses qu’il aurait pu dire.

Il fallait se tirer de là et vite ! Xandra se releva prestement, abandonnant le cadavre.

- Il faut le rattraper, à tout prix ! Je dois en apprendre plus, bien plus...Ça change toute la donne chef. TOUT ça change TOUT.

La jeune femme aurait voulu qu’elle lui ordonne de monter là haut et de le rattraper, elle y serait déjà mais ce serait une erreur, elle était vulnérable, impuissante et cet état la frustrait terriblement. Xandra paniquait à nouveau, essayait de remettre les pièces dans le bon ordre, de comprendre. Le Capo, l’organisation, les changements, disait-il vrai, mentait-il ? Son regard à sa supérieure se fit presque une supplique, il leurs fallait une langue à délier.

- On va avoir besoin d’aide, je le sens…


Ce fut les derniers murmure de la rouquine alors qu’elles cherchaient toujours à se mettre à couvert, hors de portées des flèches qui par miracle ou mû d’une étrange volonté, ne les atteignirent pas.
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