Quand Anür apparaît le temple est aux aguets.

Quand Anür apparaît le temple est aux aguets.Feat Léanne, Hassam, Barral,
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Les dés sont lancés, rien ne va plus. Je lâche un soupir avisant mes mains tachées de sang, mes vêtements, essuyant mon visage tant bien que mal afin d’oublier ce malencontreux incident. Je n’aimais pas tuer, je détestais prendre la vie d’une autre personne, qu’il soit bandit, bannis ou autre, mais certaine chose devait être fait. Alors, j’avais commencé à faire une liste, d’abord mental, puis écrite, afin de ne jamais oublier le nombre de personnes qui avaient disparu de mes mains, de ma faute. Je me suis en enfermée dans ma bulle, ne cherchant ni à rassurer les prêtres qui avaient trouvés important de faire une prière pour les victimes, ni même à réinstaller une conversation. Au fond et malgré mes croyances, j’avais trouvé ça terriblement déplacé de leur offrir quelques mots d’adieu. Après tout le choix avait été vite fait, soit eux, soit nous. Personnellement, je n’avais pas eu envie de disparaitre ici, alors à quoi bon leurs offrir un droit auquel ils ont renoncés en prenant la décision d’essayer de non tuer. Barral avait lui aussi mis à terre son adversaire, pour mon plus grand soulagement, il nous avait demandé d’avancer histoire de terminer le travail. J’avais simplement hoché la tête, incitant le groupe à reprendre la marche.

J’ai laissé au prêtre la joie de faire la conversation, d’échanger entre eux, sans ne jamais prendre part à la discussion. Je revoyais ce visage, ma lame qui transperce un corps et mon corps qui se crispe de soulagement, oui, au fond, je ne voulais jamais m’habituer à donner la mort et je me rassurais en constatant que cela ne me laisserait sans doute jamais indifférente. Mes supérieurs m’avaient souvent dit qu’à force, on ne ressentait plus rien, que cela devenait une habitude, mais moi je me refusais à rentrer dans cette routine. Une vie est une vie et elle n’a pas de prix. Instinctivement, j’avais pris la tête du groupe, surveillant les alentours avec plus d’attention que précédemment. Le bruit des vagues heurtant les roches m’indiquait que nous n’étions plus très loin, l’odeur était plus fraîche, moins lourde, plus agréable et cela m’apaisait. J’avais lancé un bref coup d’œil vers les deux prêtres, constatant qu’un titre ne voulait pas dire identique. En effet les deux me semblaient bien différents, non pas parce qu’il s’agissait d’une femme et d’un homme non, mais la méfiance du prêtre contrastait horriblement avec la douceur de Dame Léanne. Enfin, il fallait l’admettre, personne ne pouvait être identique à une autre personne. Nous sommes tous différents. Pour le meilleur et pour le pire.

Rapidement, nous sommes donc arrivés sur les hauteurs du littoral, la nature avait bien repris ses droits ici, ce qui étira un sourire sur mes lèvres. D’autres personnes étaient présentes, témoins ou curieux, il était encore difficile de le dire, mais là n’était pas mon travail, mais bien celui des deux religieux. Certain s’approchait osant posant la question qui leurs brûlaient les lèvres. Est-ce vrai ? Est-ce qu’on pouvait observer la même chose qu’eux, mais surtout qu’est-ce que cela signifie ? Instinctivement mon regard c’est porté sur le lointain, sur les vagues et les lueurs du soleil qui s’y reflétaient… Mais rien, je ne voyais absolument rien. J’ai fait une légère moue, prête à envoyer balader les individus qui me semblaient avoir menti, quand une chose étrange se manifeste sous mes yeux bleus. Une silhouette, une ombre, une chose étrange semblait flotter au loin, se mouvoir même. Mais de quoi s’agissait-il ? Même en plissant les yeux, impossible de le savoir, de l’identifier. Le doute venait de s’immiscer en moi, et si c’était vrai ?

Immédiatement, j’avais lancé un regard vers mon collègue qui venait de nous rejoindre, puis vers les deux prêtres. Mais rien, personne ne semblait vouloir prendre la parole, alors j’ai conservé moi aussi le silence, cherchant une manière de descendre plus bas, vers le bord de l’eau. Il y avait bien un petit passage dans la roche, mais cela ne me semblait pas évident du tout. La situation valait-elle la peine de prendre le risque ? Ce n’était pas à moi de prendre la décision, mais bien aux prêtres. J’avais fait un signe de tête vers Barral qui semblait lui aussi avoir identifié la manière de descendre. Et maintenant ? Maintenant, je souhaitais bien du courage à nos deux religieux. Ils semblaient pensifs, ailleurs, en même temps, difficile de ne pas l’être. J’avais donc brisé le silence pour forcer le groupe à revenir dans la réalité.

- « Bien, c’est à vous de choisir. Nous ne sommes là que pour votre sécurité »

Façon simple et efficace de ne pas prendre parti, mais aussi de me protéger. Hors de questions que je sois responsable d’une mauvaise rumeur, ou au contraire d’un fait qui changerait bien les points de vue et les choses… A eux de choisir. Les personnes semblaient se rapprocher de nous, prêtes à nous suivre dans nos mouvements, ce qui m’agaçait déjà, mais là encore je n’avais pas mon mot à dire.

- « Si vous souhaitez vous rapprocher, il y a un sentier sur la droite un peu plus loin. Il faudra cependant descendre prudemment. »

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Peut-être que j'essaye de ne pas l'admettre, de ne pas voir ou de ne pas me rendre compte de ce qu'il s'était passé. Je veux juste oublier, ne pas y penser, bien que le sang éparpillé partout et encore la vue de leur visage, leur regard transmettant la peur … Je ne pensais pas que j'allais avoir dû mal à passer outre cela. Hassam et moi, nous commençons à suivre Sydonnie. Je ne regarde pas Hassam, en fait, je l'ai entendu dire sa prière, et nous avons bien des différences. Il espère que ces hommes vont trouver le repos tandis que je suis persuadée qu'ils ne peuvent le trouver vue ce qu'ils ont osés nous faire, Anür n'est pas aussi clémente. Barral lui n'a pas bougé, il nous a juste dit de passer devant et qu'il nous rattraperait ensuite. Je ne sais pas vraiment ce qu'ils comptent faire mais je ne sais pas si j'ai vraiment envie de le savoir. Nous nous contentons d'avancer vers le littoral, doucement, dans le silence et prudemment.

Arrivant à notre destination, je perçois plusieurs personnes, non pas une dizaine, peut-être moins, mais quelques personnes qui sont là depuis un petit moment et qui espèrent peut-être recevoir des informations sur ce qu'ils voient. Étonnement, je ne vois rien, mais lorsque nous arrivons à la hauteur de ces gens, ils se retournent et nous toisent, avec de gros yeux, et semblent attendre quelque chose. Je les regarde tous, un par un, ne comprenant pas ces regards. Je regarde à mes pieds et je décide d'avancer un peu au milieu de ces gens, je me fraye un chemin pour m'approcher au plus près afin de voir correctement ce que je n'arrive pas à voir : la chose dont l'on m'a parlé.

Je regarde au loin, je regarde le large, puis je perçois rapidement une masse d'ombre, une silhouette que je n'avais jamais pu voir auparavant, quelque chose que je ne peux effectivement pas identifier d'aussi loin. Je pris mes cheveux dans une main qui commençaient déjà à s'envoler à cause du vent qui souffle fort au bord du littoral. Je me concentre sur cette silhouette pour essayer d'en voir un peu plus, ne serait-ce qu'un petit peu.

« Bien, c’est à vous de choisir. Nous ne sommes là que pour votre sécurité »

Oui c'est vrai, c'est à moi de décider. Que faire ? Et si ce n'était qu'un tronc d'arbre ? Non ça ne peut pas être cela, la surface de cette silhouette n'est pas la même que celle d'un simple tronc. Il faut en avoir le cœur net, une fois pour toute. Je me retourne vers les gens et ceux qui m'accompagnent, je remarque que Barral est revenue avec les mains ensanglantées, j'essaye de ne pas y prêter attention bien qu'il en est difficile. Le peuple qui s'est réuni ici et qui a divulgué la rumeur nous regarde et s'apprête même à venir avec nous, mais il est trop dangereux de les embarqués si nous pouvons aller plus loin.

« Si vous souhaitez vous rapprocher, il y a un sentier sur la droite un peu plus loin. Il faudra cependant descendre prudemment. »

Je hoche doucement la tête en regardant Sydonnie puis que je regarde les gens qui sont ici, près de nous.

« Qu'avez-vous vus exactement ?

- Une très grande queue de poisson, comme celle qu'aurait pu avoir Anür, seulement les sirènes peuvent porter une chose pareil, me dit un homme d'une trentaine d'année.

- En êtes-vous certains ?

- Oui », répondit une jeune femme.

Je tourne le regard vers mes compagnons avant de dire : « Allons y alors, mais que nous, personne d'autre, question de sécurité. »

À sa demande, nous nous étions donc mis en route sans Barral. Léanne semblait bouleversée du double meurtre commis un peu plus tôt. Elle découvrait la violence. Pas la même violence que celle qu'elle a vue quand elle enfant, la violence de la pauvreté, de la misère. Ici, elle découvrait la violence de la mort, de la souffrance physique. Elle n'avait pas imité ma prière de pardon. Lorsqu'elle aura vu autant de morts que moi, elle le fera. Tout le monde a le droit à son repos. On ne peut pas laisser des milliers de personnes souffrir auprès des Trois sous prétexte qu'ils seraient des meurtriers. Que faire des miliciens sinon ?

Arrivant à destination, j'aperçois un groupe de personnes qui se tient là. *Par Serus ! Des inconscients. Si ils souillaient un signe divin.. il n'y a même pas un prêtre parmi eux. Et s'ils se faisaient attaquer par des Fangeux ?*
J'étais pris d'une grande empathie. Les gens étaient curieux jusqu'à en risquer leur vie.

Personne ne souhaitait prendre l'initiative. Sydonnie rappela que sa mission était uniquement de protéger notre integrité physique.

Léanne interroge un badaud, qui lui assure avoir vu :

"Une très grande queue de poisson, comme celle qu'aurait pu avoir Anür, seulement les sirènes peuvent porter une chose pareille"

Elle prend alors l'initiative d'emprunter ce sentier qui nous mène plus bas :
"Allons y alors, mais que nous, personne d'autre, question de sécurité."

Nous descendons doucement. Le sentier est un mélange de roches et de sable, et à mesure que nous descendons, la masse noire s'élucide peu à peu. D'ici, je vois une femme. Peut-être deux. Rien d'ichtyen pour le moment. Je me hâte, pressant mes compagnons. Nous avançons de quelques pas sur la plage, alors que j'entends des pas rapides. Barral était revenu ! Il avait dû se hâter particulièrement. Je lui fis signe de nous rejoindre.

[PS : Je laisse à Léanne le soin d'annoncer ce que nous voyons.]

Barral avait rejoint le groupe le plus rapidement possible. Il ne pouvait pas se permettre de laisser Sydonnie seule trop longtemps en compagnie des prêtres, certes elle s'était plutôt bien comportée face à la menace, mais c'était pour elle sa première mission à l'extérieur. D'ailleurs la foule était comme attirée par l'arrivée soudaine des prêtres, comme si le fait de leur venue signifiait que c'était bien un signe de la Déesse, voir la Déesse elle-même, qui se trouvait au large.

Tout croyant qu'il était, il n'en était pas au point de rentrer en transe au moindre signe de manifestation exceptionnelle comme l'était visiblement les quelques personnes qui se tenaient là, inconscientes du danger qui les guettait. Et c'est plus la curiosité qui l'emportait pour le moment. Peut-être que lorsque le mystère serait levé il en serait autrement. Parce qu'après tout il pouvait s'agir de n'importe quoi. Leanne exprima le souhait d'aller au plus près.

-Bien ma mère. Faites simplement attention où vous mettez les pieds. Il n'y a pas que du sable.

C'était normal. Il fallait que ça soit les prêtres qui voient la chose en premier. Mais Barral se doutait fort qu'ils puissent plus. La distance était encore bien grande. Ils devraient sans nul doute trouver une embarcation pour s'approcher au plus près. Là encore l'entreprise ne s'annonçait pas simple avec tous ces rochers à fleur d'eau. Qui serait assez fou pour s'y risquer ?

-Je ne sais pas si nous allons pouvoir aller plus loin. Les pêcheurs ont pour consigne de ne pas trop s'éloigner en mer.

Comment pouvait-il être aussi catégorique ? Tout simplement parce qu'il était lui-même ancien marin, et que ces dernières sorties en mer lui avait laissé un goût d'inachevé, même si son capitaine avait continué une ou deux fois à pousser plus loin. Barral ajouta quand même, au cas où ses compagnons ne comprendraient pas :

-Avec la Fange on ne peut pas se permettre de gaspiller du bois, et comme le poisson est la seule nourriture encore abondante tous les moyens de navigation doivent être préservés.

Soudain quelqu'un cria, les apostrophant même :

« - Hé ! La milice ! On a besoin d'aide. Venez nous aider »

Hum...Barral regarda Sydonnie, puis les prêtres. Que voulait-il ? Et si c'était un piège ? Barral tendit l'oreille voir s'il percevait un bruit suspect.

« Allez quoi, restez pas planter là, l'autre il va finir noyer sous sa barque si on le sort pas. »

Devait-il rester les bras croiser à ne rien faire alors qu'on réclamait leur aide ? Barral prit soin que ces propos ne soient entendus que par son groupe.

- Allons voir. Je pense que cet homme sait qu'il n'a pas intérêt à nous mentir. Et si ce qu'il dit est vrai alors nous prendrons la barque de l'imprudent.

Quand Anür apparaît le temple est aux aguets.Feat Léanne, Hassam, Barral,
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Mon regard se déplace d’un visage à un autre, d’une parole à une autre. J’écoute attentivement le témoignage de chaque individu présent. Des inconscients. Ce ne sont que des inconscients qui ne perçoivent même plus le danger, tout ça à cause d’une excitation montante devant la réalisation d’un possible signe divin. Je croise mes bras, perplexe devant cette montagne d’interrogation qui se dresse devant nous. Qu’est-ce que c’est ? Est-ce vivant ? Est-ce vraiment une sirène ? Peu importe, le mystère plane encore. La jeune prêtresse semble déterminée, l’autre prêtre un peu moins enjouée par tout ça. Je commence à me ranger de son côté, même si je ne dis rien. Inutile d’émettre une conclusion trop hâtive, une hallucination collective reste possible, surtout avec la famine. La première conclusion d’un homme me laisse dubitative, il prétend avoir vu une queue de poisson. Que dire ? Je l’ai dévisagé sans le vouloir, prenant un air qui se voulait bien malgré moi, particulièrement méprisant. Dame Dasmen prend donc la décision d’emprunter le sentier et nous n’avons d’autre choix que de l’accepter et de l’accompagner. Je ferme la marche, annonçant que personne ne doit nous suivre, sous prétexte de mettre sa vie en danger. Évidemment, certain râle, d’autre rechigne à reculer, mais je parviens à m’imposer avec un peu d’autorité et un soupçon d’agressivité –à comprendre de menace-.

La jeune femme descend calmement, trouvant visiblement un équilibre rapide. Le prêtre semble avoir un peu plus de difficultés, il est plus lent, plus prudent. Je progresse, cherchant mon équilibre qui reste précaire, puisque le dessous de mes bottes semble parfois glisser entre le sable et la roche. Je me sens un peu moins débrouillarde que la prêtresse qui arrive rapidement en bas, alors que moi, je suis encore sur les hauteurs. Je fais une petite pause, avisant l’ombre dans l’eau, même en plissant le regard, je ne parviens toujours pas à l’identifier. J’arrive enfin en bas, contente de retrouver un semblant de surface plane. Le sable sous nos pieds est humide, l’eau est juste là devant nous, mais toujours rien n’est visible. Comment faire ? Je lance un regard vers la prêtresse qui ne semble pas trouver de solution, je refuse de prendre des initiatives, la natation très peu pour moi. Je ne sais de toute manière pas nager. Barral nous retrouve, visiblement plus fermé que précédemment. On échange quelques mots, avant qu’un individu vienne nous interrompre. Un nouveau regard froid de lancé, l’homme insiste alors Barral accepte d’aller jeter un œil. Je me tourne vers les deux prêtres.

- « Nous revenons » annonçais-je.

On se dirige vers la potentielle zone de danger, avise la situation hésitante. Il y a bien une barque retournée, coincée dans la roche… Mais autour il y a de l’eau. Je me penche un peu, constate la profondeur qui me semble largement à ma taille. Je me lance, j’atterris dans l’eau et m’enfonce petit à petit, l’eau qui au départ m’allait au-dessus des genoux, m’arrive juste sous la poitrine. J’avance attends un peu Barral, refuse de plonger ma tête sous l’eau. J’agrippe la barque et avec l’aide de mon compère la retourne et l’éloigne. Ni une ni deux, on récupère l’autre type qui suffoque, nous recrache de l’eau au visage… Nous brise les tympans en hurlant qu’il est mort ou qu’il va mourir. Peut-importe au fond, il m’offre juste une migraine insoutenable et je n’ai qu’une envie le remettre à sa position initiale, il gigote tellement et nous offre une pluie de coup plus par crainte d’une attaque qu’autre chose, que je me retrouve complètement dans l’eau, chutant en arrière. Vent de panique je me relève immédiatement, les mains tremblantes. L’angoisse de la noyade est bien présente au fond de mon bas ventre, je ne sais pas nager, non, et je ne veux pas mourir comme ça. Je rejoins le rivage, laissant le soin à mon coéquipier de ramener l’autre idiot. Moi ? Je me contente de tirer la barque jusqu’à nous, baragouinant que maintenant elle appartient à la milice et que si il n’est pas content, c’est la même chose.

Je reviens vers les deux prêtres, visiblement ronchonne. Je laisse le soin à Barral de dialoguer avec les pêcheurs. La discussion, c’pas mon point fort, ou alors au contraire il est trop fort… Mon poing. J’avise le prêtre, pousse la barque devant lui, la tirant un peu sur le sol, histoire de la bloquer. Je lance un bref regard vers la prêtresse, sortant de l’eau particulièrement dégoulinante.

- « Bon. Eh bien. Je pense que la question du transport ne se pose plus. On monte dans la barque, on ne monte pas ? On va voir, on reste là ? »

Je me replace en posture plutôt militaire, le dos droit, la carrure imposante. Essayant d’oublier mon taux d’humidité qui vient de particulièrement augmenter.

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Il le fallait, je devais cela à tous ces gens. Je pris l'avant, je me mis à descendre doucement, j'essaye en tout cas de faire attention à où je mets les pieds pour ne pas tomber et me blesser.

-Bien ma mère. Faites simplement attention où vous mettez les pieds. Il n'y a pas que du sable.

Je souris, instinctivement, en entendant Barral m'appeler une fois de plus « ma mère », non pas que cela me dérange, en fait cela me gêne presque et me donne envie de rire. Je sais bien qu'il en est la coutume et que l'on lui a apprit à appeler les prêtresses de la déesse ainsi mais je préfère me tourner directement vers lui, lui dire gentiment et en souriant : « S'il vous plaît Barral, vous pouvez m'appeler de la même manière que le fait votre collègue Sydonnie, j'ai l'impression d'être vieille lorsque vous m'appelez « ma mère ». »

Bien que je fais quelques pas de plus sur la roche, je ne peux allez plus loin, l'espace n'est pas grand, le vent et l'eau sur la roche peut faire tomber n'importe qui. Je regarde au loin, essayant de retenir mes cheveux, et je peux constater que nous sommes encore bien loin de la dite sirène. Peut-être nous faudrait-il une barque ?

-Je ne sais pas si nous allons pouvoir aller plus loin. Les pêcheurs ont pour consigne de ne pas trop s'éloigner en mer.

Je prends appuie sur mon bâton de marche et de cérémonie que je cale bien au sol en essayant de réfléchir à une solution, pourtant il faut bien y accéder à moins que l'on reste ici à attendre que le courant amène cette sirène ou bien qu'elle prenne la décision de venir seule. Mais pourtant la forme au loin reste statique, elle ne bouge pas, est-ce possible que la créature soit morte dans ce cas là ?

-Avec la Fange on ne peut pas se permettre de gaspiller du bois, et comme le poisson est la seule nourriture encore abondante tous les moyens de navigation doivent être préservés.

Je comprends parfaitement la situation, pourtant j'ai envie d'aller voir ce qu'il trame là-bas, ma curiosité ne peut être comblé que par la vérité que je vois de mes propres yeux.

« - Hé ! La milice ! On a besoin d'aide. Venez nous aider »

Je me tourna vers les deux miliciens avant de diriger mon regard vers la personne qui avait émit ce cri.

« Allez quoi, restez pas planter là, l'autre il va finir noyer sous sa barque si on le sort pas. »

Un marin attend désespéramment l'aide des deux miliciens pour sauver son acolyte de l'eau.

- Allons voir. Je pense que cet homme sait qu'il n'a pas intérêt à nous mentir. Et si ce qu'il dit est vrai alors nous prendrons la barque de l'imprudent.

« Nous revenons »

Je regarde les deux miliciens partir et être à l'oeuvre auprès de ces deux marins. Ce sont vraiment des miliciens ayant une bonne conscience qui nous ont rejoins. Aussi vite la mission remplit, Sydonnie arrive en toute hâte, traînant derrière elle la barque. Elle semble exaspérée et essoufflée par ce qu'elle vient de faire.

« Bon. Eh bien. Je pense que la question du transport ne se pose plus. On monte dans la barque, on ne monte pas ? On va voir, on reste là ? »

Je lui souris doucement :

« Merci à toi Sydonnie, je propose que l'on embarque tous, ou autant que possible, afin d'aller voir au plus près ce qui se passe là-bas. Je ne peux pas rester là et attendre que le courant l'amène. Et au pire des cas je risque ma vie à aller voir ce qu'il se trame, rien de me retient sur cette terre mis à part la curiosité qui m'habite à présent. Alors … Allons-y. »

Je m'empresse de descendre quelques roches avant de me retrouver sur le bord de la barque, je monte à l'intérieur et je m'assoie aussitôt, attendant que l'on me rejoigne.

« S'il vous plaît Barral, vous pouvez m'appeler de la même manière que le fait votre collègue Sydonnie, j'ai l'impression d'être vieille lorsque vous m'appelez " ma mère ". »

C'était bien la première fois qu'une prêtresse lui faisait une telle demande. Il était un peu surpris que la jeune femme ne tienne pas à être appeler 'ma mère'. Pour lui c'était impensable de nommer les serviteurs des Trois autrement. On le lui avait souvent répété. Et puis il comprit d'où venait la gène, ce qui lui arracha un léger sourire.

-Je vais essayer, je ne vous promets rien.

Et puis il y avait eu cet appel à l'aide. Et Sydonnie avait accepté de l'accompagner. Les deux miliciens avaient donc laisser les deux prêtres au bord de l'eau, espérant que tout aille bien, le temps de tirer au clair cette histoire. Entre perdre du bois, si précieux, ou une vie le choix était vite fait. Peut-être qu'ils arriveraient à faire les deux si la situation n'était pas trop grave.

Le pêcheur se trouvait coincé sous son embarcation qui s'était retournée. Il était vivant. Plus paniqué à l'idée de finir noyer que réellement blessé. Son compagnon d'infortune, celui qui les avait alerté avait pu s'extirper seul, mais l'autre refusait obstinément de bouger.

- On soulève la barque et Sydonnie tu vas voir ce que tu peux faire.

Aucun préjugé là-dedans, simplement qu'elle était la plus mince d'entre eux, et que donc ils n'auraient pas à soulever trop haut l'embarcation. La milicienne fit des miracles. Et l'homme fut sauvé. En guise de remerciement, ce fut de grandes gerbes d'eau salée.

- Du calme. Du calme, t'es sur la terre ferme à présent. Bien vivant. Par contre ce genre de sortie n'est pas vraiment toléré...et tu le sais.
"Mais...le poisson..."
-Je sais...il est bien plus abondant au large qu'au abord de la ville...mais t'a failli y laisser ta vie, celle de ton collègue et ta barque. Alors je veux bien fermé les yeux pour cette fois, mais ta barque on la garde avec nous.
"Je voulais..."
-Tais-toi maintenant et rentre chez toi. Médites sur ta bêtise. Y'en a qui ont fini banni pour moins que ça...

L'homme bougonna un peu, puis finit par capituler. Il n'était pas de taille à affronter la milice. Et il se rendait compter qu'il s'en tirait plutot à bon compte. Rien ne l'empêcherait de recommencer un autre jour. Les gros poissons se vendaient beaucoup plus cher que le menu fretin.

Pendant qu'il discutait Sydonnie avait trainé la barque tant bien que mal. Barral la rejoignit alors qu'elle proposait de prendre la mer aux prêtres. Il lui mit une légère tape dans le dos pour la félicité.

-Bien joué !

« Je propose que l'on embarque tous, ou autant que possible, afin d'aller voir au plus près ce qui se passe là-bas. Je ne peux pas rester là et attendre que le courant l'amène. Et au pire des cas je risque ma vie à aller voir ce qu'il se trame, rien de me retient sur cette terre mis à part la curiosité qui m'habite à présent. Alors … Allons-y. »

Au moins ça avait le mérite d'être clair. Barral était tout aussi impatient de faire toute la lumière sur cette mystérieuse manifestation. Il les laissa tous grimper, leur rappelant de ne pas trop s'agiter sous peine de faire retourner l'embarcation. Et il poussa ensuite avant de sauter d'un bond agile à l'arrière. Inutile de préciser qu'il était ravi de se retrouver là. C'était son élément. Il se saisit des rames. Luttant contre les vaguelettes un moment avant de s'éloigner pour de bon en direction de la "chose". Il positionna la barque de manière à masquer la vue de l'objet flottant à ceux qui était resté au bord. Qu'allaient-ils découvrir ? La tension était à son comble.

Quand Anür apparaît le temple est aux aguets.Feat Léanne, Hassam, Barral,
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Je hais la mer, je hais les vagues, je hais les marins qui s’improvisent pécheurs… Enfin, je n’aime tout simplement pas l’eau, il faut l’avouer… Et Barral lui ? Il semble parfaitement à l’aise, pire il propose même d’emprunter l’embarcation avec l’objectif de faire réfléchir les deux hommes… Tu parles sacré prétexte… Je ne perds pas mon temps à argumenter, j’attrape la barque et la ramène jusqu’à la Prêtresse qui nous attend. Difficile de lui expliquer la situation. En même temps, comment admettre à une jeune femme pleine de croyance et d’utopie que nous venions de voler un moyen de transport pour notre confort personnel. Je l’avise un moment, tout en repoussant la barque dans l’eau, la maintenant au bord. Nous attendons à présent Barral, qui ne tarde pas de revenir, le moment propice pour la jeune femme de nous informer de son choix : le départ vers l’infini et la noyade. Mon visage se ferme presque instinctivement, mes lèvres s’entrouvrent pour laisser entendre un « hors de question », avant de finalement se refermer dans un raclement de gorge peu élégant. Deux choix s’offrent à moi, rester là comme une idiote et admettre avoir une peur incontrôlable de l’eau ou bien faire comme-ci tout allait bien, monter et prier les divinités de rester en vie le plus longtemps possible. Évidemment il est hors de question, de passer aux aveux. J’émets un nouveau son indescriptible et reprends la parole afin de remettre les choses à plat.

- « Je veux dire qu’il est hors de questions de tous monté dans l’embarcation. Prêtre, la prêtresse étant déjà dans la barque je vous propose de rester là, de remonter afin de rassurer la population. »

J’incline la tête, reçois la tape de Barral, que je prends comme un signe purement professionnel avant de me glisser dans la barque et de me retrouver avec les deux autres au milieu de l’eau… Mon visage blanchi immédiatement, me donnant un aspect très cadavérique. Je sens mon cœur s’accélérer, plus vite, plus fort, toujours plus fort… La tête me tourne et mes yeux ne parviennent qu’à fixer l’eau, l’eau et encore l’eau. Blurp. J’approche par réflexe une main de ma bouche, avant de prendre une grande et longue inspiration. Tout va bien se passer. J’avise la prêtresse, puis Barral qui rame et finit par me résigner à lui poser la question dont j’appréhende la réponse.

- « Tu veux que je prenne le relais ?... Pour ramer, j’entends. »

Tout en posant la question, mon attention se fixe sur l’origine de notre curiosité… Qu’est-ce que c’est que… Cette chose ? Je ne parviens pas à identifier la créature, ni même à comprendre son origine. Au fond, à notre distance il est encore particulièrement difficile de poser des réponses sur la multitude de questions qui se bousculent dans notre esprit.

- « Vous êtes toujours aussi certaine de vouloir » mon regard croise le bleu de la substance liquide sur laquelle nous avançons.. « De vouloir continuer ? »

Non pas que l’idée de faire demi-tour m’enchanterait, mais, un petit peu quand même. Le danger de la noyade m’obsède même, la possibilité même de me retrouver entièrement dans l’eau, sous l’eau, me tétanise… Si la barque se retourne, ou commence à prendre le liquide bleuté, nous sommes morts… Triste façon de perdre la vie, alors que notre monde se fait envahir par des créatures. À choisir, je préfère largement et de loin, le risque F. Je lance un regard furtif vers mon collègue, sans avoir l’impression qu’il partage mes appréhensions… Pire monsieur à l’air de se sentir comme un poisson dans l’eau… Par les divinités… Qu’est-ce que je fais là…

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Je m’assois comme je peux dans la barque, je bouge un peu en tentant de trouver une position qui ne me fera pas passer par-dessus bord. Je sais ce que j’ai dit, je sais que je suis prête à mourir pour voir cela mais je veux avant tout rester le plus possible en vie. Quand quelque chose de curieux nous attire, je veux au moins combler cette envie avant de pouvoir expirer un dernier soupir. Je regarde Barral puis Sydonie s’installer, après que celle-ci ai demandé au prêtre qui m’accompagnait de rester sur le côté, étant donné que nous sommes assez nombreux sur la barque. A peine sommes-nous partis que j’avise Sydonnie du coin de l’œil, je peux sentir dans son regard mais aussi vue la blancheur de son visage qu’elle ne semble pas à l’aise du tout sur le navire. Je ne l’ai jamais forcé à monter, si elle savait qu’elle n’était pas à l’aise en mer, il aurait mieux fallu qu’elle refuse de monter. Je ne voudrai pas que cette pauvre femme tombe malade et se sente mal dans sa peau pour si peu.

« Tu veux que je prenne le relais ?... Pour ramer, j’entends. »

Je regarde Barral aussitôt après cette question, mais je me résigne assez vite, je pense beaucoup à ce qu’il nous attend au large. Je tourne mon buste vers la droite pour regarder le grand bleu et la masse qui flotte. Mais qu’est-ce que cela peut bien être ?

« Vous êtes toujours aussi certaine de vouloir ... De vouloir continuer ? »

Je nous sens avancer de plus en plus vers cette chose, vers cette entité flottante.

« Nous ne pouvons plus reculer, nous y sommes presque. » Dis-je d’une voix distincte.

Je ne cherche pas à être agressive, ni à me montrer froide, ni à être autoritaire mais nous sommes plus qu’à quelques mètres de cette chose. Je ne peux imaginer ce que pense le peuple qui est resté vers les rochers, est-ce qu’ils sont aussi excités que nous ? Avons-nous bien fait d’aller voir au plus près ce qu’il nous attendait ?

J’entends les rames frotter, cogner et pousser l’eau pour nous faire avancer et je crois que nous y sommes. Oui. On y arrive.

« Arrêtez-vous Barral ! Nous y sommes … »

Je sentais ma voix se faire moins forte, moins présente. Mes yeux n’avaient que pour seul but de découvrir ce qui se dissimule sous toutes ces algues qui flottent. Je repousse mes cheveux en arrière, je retrousse les manches de ma robe puis je passe mes mains sur les algues moles et gluantes. Je les empoignes et je les rejette d’un coup sec. D’abord une première poignée et puis une deuxième, une autre et puis … Mon excitation, ma curiosité, tout est tombé d’un coup au fond de l’eau. Ce qu’il flotte, il n’y en a pas ici, il n’y en a jamais eu. Comment se fait-il que cela soit ici ? J’avais déjà entendu parlé de ces créatures, les peintures et les livres en parlent, mais je ne comprends pas comment cela a pu arriver.

« Un dau… Un dauphin ? Ici ? »

Je reste choquée devant cela, je n’arrive pas à comprendre. Une queue comme celle des sirènes oui, une créature qui fait clairement pensée à notre déesse ! Mais une créature belle et bien morte depuis quelques jours …

Barral était aux anges, ravi de pouvoir se mesurer à l'immensité salée, il tirait sur le manche des avirons de bon cœur faisant rouler les muscles de ses épaules. Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas goutté à ce plaisir. La mer lui manquait c'était indéniable mais il avait toujours cet espoir de pouvoir un jour repartir sillonner les mers, comme si rien ne s'était passé. Il ne s'apercevait même pas du mal être de Sydonnie à bord concentré qu'il était sur des sensations qu'il avait cru longtemps ne plus jamais vivre jusqu'à ce qu'elle prenne la parole et qu'il sentit une pointe d'inquiétude dans son intonation.

« Tu veux que je prenne le relais ?... Pour ramer, j’entends.»

Barral lui sourit.

- Au retour si tu veux.

Et il ajouta pour la rassurer :

- Nous ne craignions rien tant que personne ne remue trop.

Si elle voulait ramer il n'y voyait pas d’inconvénient même si l'exercice n'était pas aussi simple qu'il n'en avait l'air. C'était tout un art. Il fallait doser son effort, ne pas laisser les avirons s'enfonçaient ni trop ni pas assez dans l'eau, sous peine de rencontrer une trop grande résistance. La milicienne suggéra même de retourner à terre. Mais il était trop tard. Et puis Léanne ne semblait poursuivre qu'un seul objectif : découvrir si oui ou non Anür adressait un signe aux Hommes.

« Arrêtez-vous Barral ! Nous y sommes … »

- Ce n'est pas aussi simple à stopper qu'un attelage...

Barral fit ce qu'il put pour ralentir leur barque laissant pour cela les rames traîner dans l'eau. Il rappela à la prêtresse de ne pas trop s'agiter mais visiblement la jeune femme était bien trop pressé d'éclaircir le mystère. Alors il prit les devants avant qu'ils ne finissent tous à l'eau.

-Sydonnie venez près de moi pour rééquilibrer le bateau. Ma mère ne vous penchez pas trop auquel cas, malgré que le bateau soit stabilisé vous risqueriez de passer par dessus bord.

« Un dau… Un dauphin ? Ici ? »

Le mystère était enfin levé sur l'étrange forme aperçue depuis plusieurs jours au large des côtes. Ce n'était qu'au final un pauvre animal englué dans un important amas d'algues. La créature marine avait du lutter jusqu'à la mort pour tenter de s'extirper de sa prison en vain.

- Souhaitez-vous qu'on le remonte à bord ? Pour l'étudier ? La pensez-vous capable de faire ce que les hommes nous ont décris sur la place?

Quand Anür apparaît le temple est aux aguets.Feat Léanne, Hassam, Barral,
image perso avec qui tu rp

Barral avait essayé de me rassurer, tant bien que mal je lui avais accordé un sourire. Non, je n’étais pas pour autant à l’aise, je ne croyais pas une seule seconde à notre chance de survie au milieu de l’eau, il suffisait de faire renverser notre embarcation pour que notre groupe se retrouve dans une mauvaise posture. À ce risque, il fallait ajouter la difficulté de manœuvrer, impossible à arrêter net, impossible à vraiment bien manier, non cette idée était loin d’être la meilleure que nous aillons eu. J’ai lâché un soupir, avisant autour de nuit la silhouette encore non identifiable qui se dessinait devant nous. Leanne ordonna l’arrêt, qui arriva un peu après le moment où l’ordre fût prononcé. Barral me demanda de le rejoindre pour rééquilibrer le poids de la barque, il n’avait pas eu à me le répéter deux fois que, déjà j’étais juste à côté de lui, lâchant un nouveau soupir.

- « Alors de quoi s’agit-il dame Leanne ? »

Elle n’avait pas eu besoin de me répondre, mes yeux s’étaient écarquillés sous la surprise, alors que mes lèvres s’étaient entrouvertes. Impossible, j’avais vraiment voulu y croire, je voulais conserver l’espoir que les trois allaient finir par nous venir en aide, mais rien, ce n’était qu’un animal. La déception était parfaitement lisible sur chacun de mes traits, j’étais amère, pleine de déception et de colère et malgré toute la bonne volonté que je voulais avoir de n’absolument rien montrer… Je n’y parvenais pas. Je n’ai pas pris la peine d’analyser davantage l’animal, jugeant que j’étais suffisamment déçu pour ne pas m’infliger un nouveau coup moralement.

- « Vous voulez vraiment remonter ça ? Tout ceci n’était qu’une mauvaise plaisanterie, nous avons fait tout ce chemin pour rien… Pensez-vous vraiment que cette pauvre bête puisse nous apporter d’autre information que nous ne connaissons pas ? »

Légère retournée par tout ça, j’avais simplement haussé les épaules, peu importe le choix de notre prêtresse, elle savait très bien que je le respecterais et l’aiderais dans ses projets, j’avais seulement besoin d’un peu de temps pour digérer, oublier ma naïveté et mes espoirs de voir un jour, nos divinités venir nous porter secours…

- « Je voulais vraiment y croire » admis-je doucement « je pensais vraiment que nous allions enfin être témoin d’un signe… Pensez-vous que cela puisse en être un, simplement détourné ? Pensez-vous qu’il y a autre chose à voir qu’un simple animal ayant perdu la vie d’une façon cruelle ? Peu importe votre choix, je vous suis. Après tout, nous avons fait tout ce chemin… Le ramener ne devrait pas être le plus complexe. »

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Sans voix, les mains sales, des bouts d’algues entre les doigts, je regarde la bête. L’odeur n’était pas agréable, elle a déjà commencé à se décomposer. J’avais entendu Barral et Sydonnie derrière-moi qui essayaient de me soutenir, de ne pas me laisser tomber à l’eau tellement ma curiosité avait pris le dessus. Je sens aussi que quelque chose s’est éteint. Puisque la « sirène » est un dauphin, le mythe était tombé, et pour le moment je ne voyais rien de bon. Je ressens de la déception, de la colère, un peu. Ma curiosité, mon envie, voulait y croire mais ce n’était rien, ce n’était qu’un dauphin. Bien que cela est une déception en vue de ce que l’on nous avait annoncer, je ne peux tout de même pas rester aussi longtemps en colère. Il y a tout de même un dauphin ici et il se trouve que nous sommes, sans doute, les premiers à voir un dauphin d’aussi près et en vrai. Barral et Sydonnie me demandent si je veux que l’on remonte le dauphin à bord. Pour quoi faire ? Il est en train de se décomposer de l’intérieur, ce ne sera qu’une question de temps avant qu’il ne pourrisse.

Je fini par me retourner, faisant face aux deux personnes qui m’ont accompagné jusqu’ici. La personne la plus affectée avec Sydonnie, je sais que c’est une fière croyante, une fière servante des dieux de la Trinité et savoir qu’un messager d’Anür vient à nous c’était ce que nous attendions le plus. Malheureusement, l’imaginaire des personnes avaient rendu cette situation embarrassante et décevante.

« C’est une surprise, oui. On voulait voir une sirène, on se retrouve avec un dauphin. Voyons le bon côté de la chose, des dauphins il n’y en a pas ici, c’est la première fois que nous en voyons un de notre vie. »

Il fallait d’abord les rassurer, on voulait voir quelque chose d’extraordinaire et on se retrouve avec quelque chose d’ordinaire, mais pas dans notre ordinaire.

« Maintenant … Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, il a l’air d’être vraiment très lourd, il est mort, il commence à se décomposer comme n’importe quel animal, ce serait idiot de l’amener jusque là-bas. On est les seuls à l’avoir approché, si on le ramène tout le monde viendra pour le voir et ce dauphin n’est pas un instrument de foire. »

Je tourne mon regard vers le cadavre de ce dauphin. Comment a-t-il pu faire son chemin jusqu’ici ? Comment est-il mort ? Pourquoi ici ?

« Peut-être … Que ce dauphin n’est qu’un présage. Malheureusement pour nous, il est mort. Il est sûrement le premier présage, peut-être que d’autre éclaireront ce que Anür veut nous dire. A moins qu’il ne devait pas arriver mort ici. »

Je me tourne vers eux, il faut que nous rentrions, que nous rassurons la population.

« On devrait rentrer, je sais que c’est décevant et rapide comme proposition mais je ne vois rien d’autre à faire mis à part rassurer la population, leur faire comprendre qu’il n’y avait pas l’ombre d’une sirène. »

- Mais si on le laisse là, il va être encore visible pendant je ne sais combien de temps. Des gens vont surement encore venir au bord de la falaise sur les rochers pour tenter de le voir...

Barral n'était pas vraiment convaincu qu'il fallait laisser la dépouille du dauphin flottée encore comme ça pendant des jours jusqu'à son entière décomposition. Les temps étaient troublés. Et les charlatans ne reculeraient devant rien pour attirer des croyants ou des désespérés avec des "bout de déesse".

- Ma mère, ne prenait pas mal ce que je vais dire mais, certaines personnes avec de mauvaise intention pourraient être tenté de la récupérer cette carcasse et abuser de la naïveté d'autres en leur vendant je ne sais quel élixir de déesse...

Après tout il avait déjà entendu parler de morceaux de fangeux en faisant quelques descentes au marché noir alors pourquoi pas ! Et au fond il ressentait comme un certain soulagement que ça ne soit pas la Déesse. Il n'aurait pas su quoi dire devant sa divinité préférée parmi les Trois. Bien que le dauphin ressemblait beaucoup à Anür. Les dernières paroles de la prêtresse le laissaient perplexe. On ne saurait jamais si la déesse avait voulu communiquer puisque son hypothétique messager était mort.

- Comme vous l'avez dit les dauphins sont rares ici. On en avait même jamais vu jusqu'à présent. Alors dès que les gens sauront , dès qu'on aura rejoint le rivage, ils voudront savoir.

Et puis leur présence ici, l'était sur requête du temple, donc il y aurait forcément une trace de cette sortie en mer dans leur registre et de leur découverte.

- N'avez-vous pas des gens au temple qui étudient les animaux ? Ne devrait-on pas ramener cette carcasse au temple pour que l'on puisse faire un dessin de la créature ? Pour enrichir la bibliothèque.

Si j’avais pu imaginer voir un présage, j’étais loin en revanche d’accepter le fait de trouver un dauphin, mort en plus. La prêtresse essayait de faire bonne figure, mon collègue aussi, mais moi honnêtement, je n’en menais pas large. La déception devait être parfaitement lisible sr les traits de mon visage, j’avais affronté ma plus grande peur pour… rien ? J’étais dans une barque, sur l’eau, avec une prêtresse et un autre milicien. Notre embarcation était loin d’être la plus sécuritaire et en plus de tout ça, on n’avait rien trouvé hormis une bête morte ? Non, je ne parvenais pas à l’accepter, pas à faire passer cette sensation d’amertume. Mon sourire avait bel et bien disparu et aussi surprenant que cela puisse paraître, l’idée d’embarquer l’animal ne m’emballait plus tant que ça.

- « Je pense que la prêtresse à raison, hors de questions de tomber dans l’eau pour récupérer la bête. »

Si dans un premier temps ma réponse semblait catégorique, j’étais tout de même sensible aux arguments de Barral, l’homme n’avait pas tort. Bon nombre de curieux étaient déjà sur le bord des falaises, d’autres allaient certainement arriver, ils attendaient tous des réponses, ils avaient tous certainement des questions et nous allions devoir ensemble y faire face. Quoi que Léanne y serait beaucoup plus enclin que nous, pauvre petit milicien, pauvre petit homme de main. Les hommes étaient d’un naturel curieux, bien trop pour laisser l’animal ici… La boule en ventre, je commençais à accepter mentalement, du moins j’envisageais de le monter dans la barque avec nous au risque de me retrouver au fond de l’eau, morte par noyade. Brbrbr, rien que d’y penser, j’en avais des frissons. La sensation était désagréable, j’avais un peu l’impression d’être celle qui allait faire pencher la décision dans une direction ou dans l’autre.

- « J’accepterai votre choix, peu importe votre décision… Même si j’admets que Barral n’a pas forcément faux dans son raisonnement, le laisser là n’est pas l’idée la plus lumineuse qui soit…. En revanche, vous n’avez pas faux non plus, le monter dans l’embarcation ne sera pas une mince à faire, on risque très fortement de se retrouver dans l’eau et… » je prends une grande inspiration « Et pour remonter ensuite, cela sera d’autant plus complexe. »

J’hausse lourdement les épaules, alors que mon regard se dépose enfin sur cette pauvre bête. Des multitudes de questions me traversent l’esprit sans jamais obtenir de réponses. Comment est-ce qu’il a pu arriver jusqu’ici, comment est-ce qu’il est mort ? Comment le faire monter dans notre médiocre embarcation, est-ce qu’on aller finir par couler ici ? Un soupir s’échappe de mes lèvres, de toute façon le choix ne nous revient pas, si Léanne veut rentrer, alors nous rentrerons en le laissant ici, sans aucune négociation possible. Risque ou pas risque.