Une aide précieuse mais non gracieuse - quoi que... [PV Kira & Hector]

Hector sentait bien que sa place, à long terme, n'était pas à Marbrume. Ce nid de vipère n'était pas pour lui. Il pouvait de moins en moins supporter la compagnie des autres nobles. Ils parlaient dans son dos, manigançaient, manipulaient. Il ne s'entendait bien qu'avec quelques habitants de Marbrume et ceux-ci, pour la grande majorité n'étaient que de simple gens. Il avait donc décidé de réparer Sombrebois. C'était une activité qui lui occupait l'esprit et qui pourrait peut-être, un jour, lui être utile. Il avait déjà fait quelques aller-retour dans son château pour réfléchir aux travaux qu'il pourrait y faire et pour commencer les plus simples d'entre eux. Mais à présent, Hector avait besoin de plus de mains. Le reste nécessitait des hommes et des matériaux qu'il ne possédait pas. C'est pourquoi il se rendit chez ce bon vieux Alexandre de Terresang. L'homme était à la tête d'une guilde qui, malgré ce que pouvait penser Hector, était relativement importante et influente. La visite chez de Terresang commença relativement mal : l'homme avait été perdu une main et il semblait en souffrir profondément. C'était une souffrance plus morale que physique mais qui, en tout état de cause, l'empêchait d’œuvrer comme il en avait l'habitude. Hector se montra amical envers lui et le chef du Soleil Bleu - c'était le nom de sa guilde - lui proposa de demander de l'aide à l'un de ses subalternes. Sombrebois le remerciât et le paya en or... L'homme avait des tarifs bien arrêtés mais c'était de bonne guerre : Hector lui avait vendu, jadis, du bois au prix fort... Alors Alexandre lui demanda 100 pièces d'argent pour la mobilisation de 20 hommes, 400 pièces d'argent pour la mobilisation d'un gros convoi et 200 pièces d'or pour la prime de risque. Hector accepta et le rendez-vous pour l'expédition fut fixé à la semaine suivante, le temps de rassembler cette vingtaine d'hommes et le métal et les pierres dont il avait besoin pour consolider son bourg et surtout son château.

Le baron de Sombrebois, de son coté, profita de sa semaine pour recruter une quinzaine de mercenaires. Ceux-ci, grassement payés, devait protéger le convoi de toutes les attaques et protéger la ville abandonnée pendant toute la durée des travaux qu'Hector estimait à quatre ou cinq jours.

Le matin du départ, notre cher barbu se rendit avec Gertrude (sa bonne) au point de rendez-vous et il fût surpris de voir que celui qui avait été choisi par Terresang pour diriger l'équipée du Soleil Bleu n'était autre que Kira de Haldonorès, la fidèle baronne alliée de Sombrebois ! Hector eut un large sourire en la voyant. Cela faisait quelques temps qu'ils ne s'étaient pas vus et il était heureux d'avoir une connaissance, une alliée, une amie - presque - pour l'aider pendant ces quelques jours.

Le temps était beau et le voyage aller se passa sans encombre, dans la joie et la bonne humeur. Hector raconta ses derniers déboires : notamment l'annulation de son mariage avec Grâce pour la raison qu'ils étaient cousins - ce que le clergé n'avait pas su détecter avant leurs noces - et le sentiment qu'il avait d'avoir été mis à l'écart de la noblesse de Marbrume depuis quelques temps. Les mots de Kira étaient gentils et réconfortants et le voyage sembla bien court - pour une fois - jusqu'au petit bourg de Sombrebois.

Une fois sur place, Hector plaça ses mercenaires sur les remparts de bois et expliqua à Kira et ses hommes les travaux qu'il comptait réaliser ici :
- Madame, messieurs, voilà ce que j'ai prévu : Réparer les remparts de la ville là où le bois a été ronger et en consolider les portes. Dans le bourg, il faudra récupérer tout le matériel encore utilisable et l'emmener au château. Et enfin, au niveau du château : paver tout le tour de celui-ci ; renforcer, en la parant de fer, sa porte d'entrée ; aménager un chemin de garde en haut de ses murs... et, enfin, creuser un tunnel secret qui liera la cave du château à la maison de l'ancien garde chasse, dans la forêt de Sombrebois et bien sûr, construire des trappes solides pour en garantir l'étanchéité des deux accès...

Chacun compris à quoi il faisait allusion quand il parlait d'étanchéité... et quand il eut finit son discours, Kira répartit le travail entre les hommes du Soleil Bleu et ils se mirent à l'ouvrage sous la direction et le contrôle des deux nobles. Ce n'est que le soir que Kira et Hector, autour d'un modeste souper préparé par Gertrude, purent de nouveau discuter.

- J'espère que votre journée n'a pas été trop difficile, Kira. Pour ma part, je dois avouer que je ne suis pas trop fatigué : les hommes du Soleil Bleu sont de valeureux ouvriers et les diriger est bien moins usant que d’œuvrer soi-même comme j'ai pu le faire précédemment ! Nous avons déjà pu réparer les remparts de la ville... ce qui devrait nous permettre de continuer les travaux sans la menace directe des fangeux ! Mes mercenaires s'occuperont de veiller, cette nuit, sur notre sécurité et celle de vos hommes.

Hector prit une bonne gorgée de soupe et reposa son dos sur le dossier de sa chaise. Était-ce pour symboliser la tranquillité qu'il voulait offrir à la baronne ?

- Je vous ai beaucoup parlé de mes soucis sur le chemin de Sombrebois ce matin... mais, je suis désolé, je ne me suis pas préoccupé des vôtres. Comment allez-vous, Kira ? Qu'avez-vous fait, ces derniers temps, à Marbrume ?

La jeune femme vivait avec le Vicomte, et servait ce dernier du mieux qu'elle pouvait. Depuis la perte de sa main, celui-ci était presque l'ombre de lui-même. Il expliquait à ses visiteurs que c'était dû à la souffrance que la perte de sa main occasionnait, mais la rouquine ne s'était pas laissé avoir par ces mensonges. Elle avait été présente ce jour là... Lorsque le cadavre de l'ancienne épouse de ce pauvre Alexandre avait été découvert. La Baronne avait été au premier rang pour la voir être exécuté par les miliciens qu'elle avait essayé de dévorer. Depuis ce jour, le Terresang n'était plus vraiment le même. Mais Kira le comprenait, il faisait son deuil... La jeune dame aurait voulu le consoler, mais d'autres questions la taraudaient depuis la rencontre de la Fangeuse. Comment réagirait-elle si elle devait voir son père sous la forme d'une de ces créatures immonde? Perdrait-elle la tête, ou ferait-elle simplement son deuil, comme le Vicomte? Elle ne pouvait y répondre. Mais ces questions la rendaient nerveuse par moment, voire déprimée.

Alors pour sortir de cet état fantomatique, léthargique, la rouquine se penchait de plus en plus et de plus en plus souvent dans le travail que lui confiait le Vicomte pour la Guilde. L'homme ne pouvait plus faire la totalité de son travail, au vue de son état affaiblie. Alors la jeune femme s'occupait des points administratifs, des recrutements, de la finance. Mais le Vicomte s'occupait toujours d'établir les accords et de signer les contrats (de son autre main, évidemment). Quelques semaines de cela, Alexandre lui avait donc demandé de diriger une expédition au non de la Guilde, une expédition de reconstruction. Il ne lui avait rien dis de plus, lui donnant le contrat et la laissant s'occuper de réunir les matériaux et les escouades qui accompagneraient l'expédition. Kira fut bien occupée, tellement qu'elle en oublia le commanditaire de cette expédition. Elle n'avait point fait attention au nom du lieu où ils se rendraient, ni du nom de la personne qui avait fait la demande au Soleil Bleu. C'est pourquoi, le jour du départ, attendant dans sa tenue de cavalière devant les portes de Marbrume, déposant sa scelle et ses maigres affaires sur le dos d’Étincelle (la seule monture qu'elle avait réussis à épargner jusqu'ici), la jeune femme fut agréablement surprise de découvrir Hector de Sombrebois. La Baronne fut aussi très contente de voir qu'il était heureux de la revoir. Ces derniers mois, elle n'avait pas vraiment eu le temps de former quelques relations avec d'autres nobles ou miliciens haut-gradés. Ou plutôt, elle n'en avait pas vraiment ressentit le désir. Sa présence au palais du Duc était mal vue, et le peu de nobles avec qui elle avait pu avoir conversation très poussée ne se souciaient point du tout des problèmes que la contrées pouvaient rencontrer. Et cela désolait Kira de voir l'ignorance de ces compatriotes, et le peu conscience qu'ils avaient en pensant aux personnes qui mourraient chaque jour de l'autre côté des remparts.

Cette expédition tombait donc vraiment à pic. Et la compagnie du Baron ne serait pas de trop, au contraire. Kira se sentait toujours aussi redevable envers cet homme d'ailleurs.
Très vite, ils se mirent en route. Il faisait beau, le ciel bleu donnait un peu de baume au cœur à la jeune femme. Elle était sûre qu'ils n'auraient pas d'ennui sur le chemin. Pour occuper les pensées des deux nobles, Hector ouvrit la conversation. Il raconta à la jeune dame ses derniers déboires depuis l'Exode des Haldonores. Apparemment, le pauvre Hector n'avait pas eu plus de chance de la jeune femme. Elle fut sincèrement attristée d'apprendre que le Baron avait annulé son mariage. Pour le peu d'événement heureux qui arrivaient à Marbrume ces derniers temps, un mariage n'aurait pas été de trop aux yeux de la Haldonores. Mais apparemment, la chance n'était pas de leur côté. A croire que les Trois se jouaient d'eux et de leur bonne volonté a rendre le monde plus vivable. Kira rangea sa colère qu'elle sentit palpiter quelques instants au fond de son cœur. La rouquine se demandait comment sa tendre sœur pouvait garder autant sa foi indemne en constatant de l'apocalypse qui se déroulait sous les yeux des miliciens, derrière les remparts, chaque jour... Alors que Kira commençait à se demander si les Trois étaient encore de leur côté.
La jeune femme écouta avec attention le Baron, et prononça quelques paroles de réconfort pour redonner du courage à son allié et ami. Mais la jeune femme n'eut point de le temps de raconter ses propres aventures à Hector, ils arrivaient déjà à la petite citadelle.

A peine arrivèrent-ils que le Baron donna ses directives et les travaux à effectuer. Dés qu'il eut fini, Kira s'occupa d'ordonner et de regrouper les ouvriers compétents dans différents groupes. Elle mis un ou deux maçons dans chaque groupe, et elle répartir le reste de la main d'oeuvre en fonction de la difficulté et du temps de travail sur la partie assignée. Evidemment, la jeune femme n'était pas devenu Lady Constructrice pour rien, elle avait un sens de l'organisation très pointu, et aimait les calculs. Son père avait toujours refusé qu'elle apprenne à se battre, alors Kira avait dû se rabattre sur d'autres domaines d'études. Les mathématiques, la construction, l'architecture, un peu de stratégie. Soit, ces domaines étaient très masculin, mais elle se cachait bien de révéler ses talents au grand jour. préférant chanter ou réciter des poésies lorsqu'elle faisait la cours. Mais depuis la Fléau... Tout avait changé.
La première journée fut assez compliquée, mais la jeune femme s'y était attendu. Le temps que tous trouvent leur marque et leur place, et comprennent les demandes exactes du Baron, il y avait forcément quelques litiges. Le tunnel était le chantier le plus compliqué et celui sur lequel Kira resta le plus de temps pour donner un maximum de détails clairs aux maçons.

Lorsque la fin de la journée arriva, la rouquine en fut heureuse. Elle était épuisée, mais se garda bien de le montrer au Baron. Ils avaient bien avancé sur certains chantiers, et la jeune femme était satisfaite du travail qui avait été fournis. Il restait encore beaucoup à faire, mais le premier jour était le plus difficile, comme toujours.
Kira mangea doucement la nourriture que la bonne du Sombrebois avait cuisiné pour eux. Ils étaient réunis dans une petite pièce, afin de faire des économies de bois de chauffage. Cela rendait ce moment assez agréable après avoir pataugé dans la boue et la sueur toute la journée.

"Ma journée fut fatigante, messire. Mais c'est de la bonne fatigue comme dirait certains paysans. Je suis assez contente du travail qui a été fournis et de l'avancement des travaux. Je n'espère qu'une chose: qu'aucune horreur ne vienne réduire nos efforts à néant." lança la jeune femme en jouant avec le vin dans son verre, puis elle apporta le liquide à sa bouche et se délecta du léger gout amer et sucré qui explosa entre ses lèvres.

Elle ne voulait pas invoquer ces immondices, mais ils savaient tout d'eux qu'elles n'étaient jamais très loin. Elle les sentaient. Ces choses savaient qu'ils étaient là. La question était de savoir surtout quand ils décideraient d'attaquer. Mais pour le moment, une bonne nuit de sommeil s'annonçait.
Hector ne fit apparemment pas attention à sa remarque et continua la conversation comme si de rien était, lui demandant à son tour de ces nouvelles. Il était vrai qu'ils n'avaient pas véritablement eut le temps de beaucoup bavarder et parler de ce qu'il s'était passé après l'Exode. Mais étrangement, Kira fut surprise qu'il se soucis ainsi de activités. Toutefois, cela la fit sourire, sa compagnie la changeait de la mauvaise humeur ou de la tristesse du Vicomte.

"La plupart des miens ont trouvé un travail dans la cité. J'ai gardé la plupart à mon service au sein de la résidence du Vicomte de Terresang malgré que celui-ci m'ait dit que cela n'était pas nécessaire. Ils étaient reconnaissant et souhaitant resté auprès de moi, donc... je n'ai pas refusé. Ah, et vous allez probablement me demander pourquoi je vie dans le manoir des Terresang. Eh bien sachez que le Duc n'a jamais voulu me recevoir, ni même daigné me confier un petit terrain où vivre. Sans le Vicomte, je serais dans le goulot. Et grâce à lui, j'ai également une agréable mission au Soleil Bleu. Je ne me suis jamais sentit aussi utile pour le peuple et la cité." expliqua doucement la jeune femme en fixant son verre de son regard. "Je suis assez reconnaissante envers cet homme... Encore une fois, je dépend de quelqu'un..."

Elle ne se rendit pas tout de suite compte de ses paroles et de leur potentiel impact. Puis, elle comprit, et regarda le Baron en coin, essayant de sonder sa réaction. Elle éloigna son verre de vin, elle devait en avoir trop abusé ce soir pour commencer à dire ce genre de chose.

"Enfin, malgré les quelques ennuis que peuvent me procurer certains nobles, je vais plutôt bien. Je vous remercie de vous soucier de mon état, Baron. J'espère que vous, vous vous êtes remis de votre malheureuse union non consommée." lança maladroitement la Baronne.

Cette fois, elle décida de ne plus toucher à une seule goutte de vin. Ses paroles devenaient de plus en plus mal-avisée. Elle regarda le Baron de ses yeux verres, et fut lui sourit pour montrer qu'elle n'avait pas forcément les idées claires, mais qu'elle essayait maladroitement de faire de l'humour.

"Pardonnez moi, Baron. Je ne souhaite pas vous froisser." dit-elle finalement, essayant d'alléger l'ambiance.

Elle ne s'était pas rendu compte qu'elle avait bu autant. Mais peut-être était-ce un effet secondaire de son travail abusif, et de son désespoir à se sortir de sombres pensées de sa tête. Elle essayait de fuir tant bien que mal sa tristesse et les profondes souffrances qui revenaient à la surface de son esprit depuis le Fléau et la disparition de son père.

Les quelques petites bougies qui éclairaient la scène faisaient virevolter les ombres des deux nobles contre les murs de pierres de la petite salle à manger. Les nouvelles que Kira venait de donner à Hector le rassurèrent. Il était content de savoir que la situation de son alliée et amie la satisfaisait... Seule sa relation avec Terresang ne lui semblait pas très clair. Hector n'avait jamais entretenu que des relations commerciales avec lui. Quelque chose en lui ne lui plaisait pas. Mais il n'aurait su dire quoi...

Le regard en coin de Kira laissait à penser que quelque chose la gênait et Hector ne voulut pas relancer la baronne sur ce sujet.

- Enfin, malgré les quelques ennuis que peuvent me procurer certains nobles, je vais plutôt bien. Je vous remercie de vous soucier de mon état, Baron. J'espère que vous, vous vous êtes remis de votre malheureuse union non consommée. Pardonnez moi, Baron. Je ne souhaite pas vous froisser.

Hector sourit. Kira devait avoir un peu trop bu pour parler aussi ouvertement. Mais cela ne choquait pas Hector. Contrairement aux autres nobles, elle disait ce qu'elle pensait et ne sous-entendait rien d'offensant.

- C'est un moment difficile, confia-t-il. Je ne sais pas vraiment comment interpréter toute cette histoire. Je crois que Grâce n'était pas faite pour moi, voilà tout. Avant même l'annulation du mariage, certains signes indiquaient que notre histoire n'étaient pas aussi parfaite qu'elle le semblait de prime abord.

Ses mots étaient sortis de sa bouche sans qu'il n'y puisse grand chose. Il avait longtemps ressassé seul ses soucis sans pouvoir se confier à personne. Là, il se sentait à l'aise. Il ne craignait pas de dévoiler ses secrets. Il y trouvait même un certain réconfort et la vision brumeuse de son avenir, même, semblait s'éclairer un peu.

- Aujourd'hui, je ne sais pas vraiment quelle direction prendre. Si vous êtes là en ce moment, d'ailleurs, c'est parce que je souhaite... redonner un peu de vie à Sombrebois. Je pensais m'y installer, peut-être... Disons que je veux me laisser une porte de sortie si... si Marbrume ne veut plus de moi, voyez-vous ?

Les bruits de pas de la bonne se firent entendre. Gertrude s'excusa de déranger les deux nobles. Elle leur prit leurs assiettes vides et elle leur présenta une tarte aux pommes qu'elle avait eu le temps de préparer en secret, elle posa également deux nouvelles assiettes et une cruche de vin pleine.

- Oh merci Gertrude, quelles belles attentions ! Vous pouvez aller vous coucher, vous l'avez bien mérité !

La bonne remercia le baron et s'en retourna dans la cuisine. Hector resservit une verre de vin à Kira avant de remplir le sien. Il découpa ensuite deux parts de tarte et en déposa une dans l'assiette de Kira et une dans la sienne.

- Mmmh, c'est exactement ce qu'il fallait pour finir ce repas ! Une petite douceur comme je les aime !

Avant de la goûter, Hector but une gorgée du bon vin rouge qu'il avait été chercher dans la grande cave du château. Cette soirée était si agréable qu'elle faisait oublier au baron les quelques courbatures nées de cette longue journée de travail. Il prit une grande bouchée de tarte et, se rendant compte de ce manque de tenue, arbora un doux sourire. Il finit sa bouchée et s'excusa :

- Désolé de vous infliger ce spectacle mais... je suis gourmand, que voulez-vous ! Après cette rude journée, j'ai besoin de reprendre des forces !

Son rire envahit un moment le petit espace de la salle. Lorsqu'il reprit contenance, Hector était apaisé et content. Il s'entendait bien avec Kira et il ne ressentait aucun malaise lors de ce tête à tête nocturne. Il se demandait si la jeune baronne se sentait aussi bien que lui. Il lui aurait bien posé la question mais il ne voulait pas la gêner. Ses yeux verts étaient si doux pour l'instant. Mieux valait ne pas gâcher le moment en posant des questions trop personnelles...

- N'hésitez pas à me dire si vous êtes fatiguée, je vous indiquerais votre chambre ! Je suis sûr que Gertrude l'aura parfaitement préparée. Vous verrez c'est rustique mais confortable... Comme tout par ici, d'ailleurs, n'est-ce pas ? Que pensez-vous de Sombrebois ?

Hector faisait référence aux belles forêts qu'ils avaient traversé pour venir ici. Avec le beau soleil du printemps, les arbres étaient magnifiques. Il ne connaissaient pas la tourmente du fléau, ils s'épanouissaient comme si de rien était, profitaient du climat humide et des premiers rayons de soleil de l'année. Le bourg, lui, était dans un triste état. Abandonné, délabré, poussiéreux, boueux, il n'était guère accueillant. Enfin le château, bien abrité derrière ses lourds murs de pierre, était resté intact : rustique mais avec une certaine majesté. Les tapis et les toiles qui couvraient ses murs étaient encore relativement beaux. Peut-être qu'Hector pourrait demander à sa bonne de faire la poussière, simplement.

- Je vous ferais visiter la bibliothèque et la salle de réception ! Ce sont les deux plus belles pièces du château, vous verrez... demain si nous aurons le temps...

Kira fut reconnaissante au Baron de ne pas tenir rigueur de son état un peu trop aviné, et de sa bouche un trop audacieuse en cette soirée marquée par le sceau de la fatigue. Toutefois, la jeune femme gardait les idées claires, même si elle ne contrôlait plus vraiment ce qu'elle disait, et comprenais parfaitement qu'Hector ai besoin de changer d'air. Elle comprenait également qu'il n'ait pas envie de s'étaler sur les sujets dérangeant. D'ailleurs, la bonne tombait à pic, car la pauvre Kira ne savait pas comment reprendre la conversation avec un ton plus léger une ambiance un peu moins blafarde. La tarte que la bonne femme venait d'apporter, sentait extrêmement bon, cela faisait quelque temps que la rouquine n'avait pas pu déguster un met qui n'avait pas une odeur de renfermée, de pourriture ou même un arrière gout de rance. Et oui, malgré ce que le petit peuple pouvait penser, même les nobles pouvaient être toucher par la pénurie de nourriture. Evidemment, ce n'était pas tous les jours que la jeune femme avait le droit à des aliments avariés, mais il était encore plus rare que les cuisiniers arrivent à préparer un festin délicieux... A part dans quelques occasions rares, lors de banquets ou de réception organisé par le Vicomte. Mais ce n'était évidemment pas dans l'état actuel de celui-ci que de telles choses seraient organisées.

La jeune dame souris en se servant, son ventre gronda doucement. Se manifestait-il pour approuver sa gourmandise ou pour la prévenir qu'elle était déjà rassasiée? Quoi qu'il en soit, Kira n'en tint pas compte, et commença à couper doucement la tarte quand elle se rendit compte que le Baron ne se servait tout simplement pas de ses couverts, et qu'il y allait à pleine dents. La jeune femme s'arrêta, un peu surprise et hébétée. Puis celui-ci s'excusa. En effet, ce n'était pas vraiment des manière à adoptée en présence d'une femme, même si la journée avait été fatigante et qu'ils étaient entre amis. Mais la rouquine se mit à glousser, puis à rire. Un fou rire comme on en connait que très rarement dans cette vie si courte en ces temps ternie par un fléau mortel. Toutefois, ce fut la meilleure manière de détendre l'atmosphère que la Baronne avait maladroitement rendit terne. Kira essaya de se calmer dû mieux qu'elle pu, et fini par se résoudre à boire encore son fond de vin... En fait de fond de vin, son verre était plein. Quand est-ce qu'il s'était remplis celui-là? Bonne question, dont elle ne trouverait pas la réponse. Ses sens commençaient vraiment à lui faire défaut. Malgré cette constatation, Kira but une petit gorgée de vin pour calmer son fou rire qui était aussi mal venu que ses paroles et les mauvaises manières du Baron. Ce repas prenait une tournure amusante, ou catastrophique, peut-être les deux. La rouquine essaya enfin de terminer son morceau de tarte tant bien que mal, sans tenir compte de la facilité qu'avait le Baron de lui parler. Après tout, n'était-ce pas ce que l'on faisait lorsqu'on avait besoin de se libérer d'un poids? Pourquoi ne le faisait-elle pas, elle? Cela la libérerait probablement mieux que le vin... Et l'alcool avait toujours tendance à provoquer des effets secondaires assez néfastes pour son image... Comme une langue trop pendu.

Kira finit son morceau de tarte, et mâcha bruyamment le dernier morceau qui remplissait ses joues. Elle avait été trop gourmande sur le gout, et elle avait du mal à finir ce repas. Elle devait avoir l'air aussi ridicule que le Baron avec ses manières enfantines, mais celui-ci ne fit que de sourire. L'ambiance s'était vraiment allégée, et la jeune femme en était rassurée. Pour autant, elle ne s'autorisa pas à toucher une fois de plus son verre de vin, et ne reprit pas de tarte malgré la bonne odeur qui s'en libérait encore. Non, la Baronne décida de rester un peu près raisonnable. Elle s'assit au font de sa chaise, reculant son assiette et son verre loin d'elle pour mieux résister à la tentation. Et se concentra de nouveau sur la conversation avec Hector. Oui, il était vrai qu'elle était fatiguée, voire même épuisée, mais elle se sentait encore capable de rester quelques minutes encore pour bavarder. Elle sentait bien que Hector appréciait leur discussion et la présence de Kira, et cela était réciproque. Loin de Marbrume, ici, à Sombrebois, la jeune Baronne se sentait presque libre, presque éloignée de ses fameuses responsabilités. Elle ne sentait plus la pression et les regards inquisiteurs de tous ces nobles qui la jugeaient sans cesse à cause de la réputation que laissait derrière elle le fantôme de son père.

"J'aime Sombrebois." commença-t-elle en suivant le petit chemin de ses pensées vagabondes.

Puis, voyant le regard surpris et appuyé du Baron, la jeune femme se rembrunit, comprenant encore une fois que sa langue n'en avait fait qu'à sa tête. Quel lapsus! Ces mots pouvaient être à double sens, et ce n'était pas le moment pour se pauvre Baron d'être ainsi gêné par une maladresse supplémentaire de la part de cette rouquine. Kira commença à bafouiller une excuse sans pouvoir sortir un seul mot audible et compréhensible. Finalement, elle s'arrêta, posa doucement ses mains sur la table et se leva, fermant les yeux pour calmer son cœur tambourinent dans sa poitrine. Elle respira un moment, ainsi, immobile devant Hector. Puis, elle rouvrit les yeux, et regarda celui-ci. Le sang devait avoir monté aux joues de la jeune femme, car elle sentait une vague de chaleur au niveau de son visage et tout particulièrement de ses joues.

"Je voulais dire, Baron, que j'aime beaucoup votre domaine. Votre forêt est réputée pour son calme et les nombreuses vies animales qu'elle renferme." expliqua enfin la Baronne, puis, elle avala un peu de salive et continua calmement, essayant une fois de rendre la discussion à son état normal. "C'est d'ailleurs pour cela que mon père s'est tant querellé avec le vôtre pour quelques parcelles de terre. Et malgré le mauvais état des habitations, je suis persuadée que Sombrebois retrouvera de son faste d'avant le Fléau."

La Baronne se redressa, quittant la table et s'approcha du Baron. Elle espérait véritablement que ses maladresse n’entache pas leur relation. La jeune femme commençait à vraiment avoir l'impression d'avoir un ami, ou du moins un très bon allié à qui elle pouvait tout dire, ou presque. Mais, quelque chose en elle restait toutefois très présent : la méfiance. Qu'est-ce qui lui disait que le Baron était fiable? Il l'avait aidé pour l'Exode, il était vrai... Mais depuis ce jour il ne s'était pas véritablement reparlé, à part durant quelques entre-vue au Palais ducal lors de bal ou de réceptions. Et encore, Hector avait été occupé et également préoccupé par son mariage... Désormais, Kira comprenait pourquoi. Mais rien ne pouvait confirmer à la jeune femme que tout ce qui serait dit ici, à Sombrebois, loin des oreilles de Marbrume, ne serait pas répété et amplifié plus tard, après leur retour. La Baronne avait toujours appris à se méfier, mais malgré cette méfiance quasiment omniprésente, Kira sentait chez ce Hector quelque chose qui la poussait presque à lui faire confiance. Raison de plus pour s'en méfier lui soufflait sa conscience.

"Mais pour aboutir à cet ultime objectif, il va falloir travailler durement. Et pour cela, il faut du repos. Alors avant que le vin ne me monte trop à la tête, et que je ne vous froisse véritablement. Je vous demande humblement Baron, pourriez-vous m'emmener à ma chambre? Je vous propose que nous visitions votre magnifique château demain, cela vous convient-il?" fini par demander Kira, se disant que ce serait plus poli et que cela corrigerait ses maladresse passagères de la soirée de demander au Baron de la mener à sa chambre, plutôt que de partir sans prévenir pour aller dormir.

Le fou rire de Kira fut contagieux ! Hector, hilare à son tour devant sa maladresse et la réaction inattendue de la baronne éclata de rire comme rarement il l'avait fait depuis le fléau. Il était devenu pivoine et ne pouvait s'arrêter de rire. Des petites larmes, même, emplissaient ses yeux ! La gentille Gertrude qui finissait de ranger la cuisine fut surprise par ces rires francs et bruyants qui venaient de la petite salle à manger. Elle soupira et, ayant fini son travail, monta se coucher dans la chambre que son seigneur lui avait indiqué.


Les deux nobles finirent par se calmer et Kira s'adossa à sa chaise, visiblement rassasiée et apaisée.




- J'aime Sombrebois, répondit-elle à Hector.


Evidemment ce dernier sourit à cette réponse qui aurait pu paraître ambiguë en d'autres circonstances. Mais elle venait après une question sur le lieu et non le seigneur, alors, comme il savait aussi la baronne fatiguée, il n'en tira aucune conclusion quant aux sentiments qu'elle pouvait nourrir à son égard. Kira explicita tout de même ses propos avant de se lever, de s'approcher du baron qui s'était levé à son tour et conclut par une note d'espoir, certifiant à Hector que son domaine retrouverait son faste d'antan, si les travaux continuaient comme ils avaient commencé.


- Vous avez raison Kira, il se fait tard et une bonne nuit de sommeil nous est indispensable !


Hector lui offrit une bougie et son bras, avant de prendre une bougie à son tour et d'emmener son invitée en direction du grand escalier de pierres qui menait à l'étage.


Le château était calme et silencieux. Il devait être tard et seule Gertrude couchait aussi au château. Les mercenaires et les hommes du Soleil Bleu avaient été installés dans le baraquement de l'ancienne garde de Sombrebois, à proximité des remparts du bourg, afin de s'organiser des tours de garde pour surveiller l'arrivée éventuelle des fangeux. Hector leur avait donné l'ordre de ne l'avertir qu'en cas d'arrivée massive de fangeux. Après tout, il avait payé cher pour cette expédition et il ne souhaitait pas être sorti du lit en pleine nuit si la réussite de son entreprise n'était pas menacée.


Dans le couloir menant aux chambres, Hector expliqua tout cela à Kira afin qu'elle aussi dorme sur ses deux oreilles. Il lui montra également la porte de la salle d'eau et, enfin, s'arrêta au bout du couloir, là où se faisaient face les deux portes des chambres les plus luxueuses, celles que le baron avait demandé de préparer. Il lâcha le bras de Kira pour ouvrir la porte de droite.


- Voici votre chambre. J'espère qu'elle vous conviendra...


Gertrude avait pensé à mettre une nouvelle bougie sur la table de nuit, une cruche d'eau ainsi qu'une coupe. Le grand lit était fait, couvert de draps à la blancheur immaculée. La pièce en elle-même était relativement sobre : cinq mètres sur six, un bureau dans un coin, une coiffeuse de l'autre et un large tableau représentant un cerf majestueux dans une clairière de la forêt de Sombrebois. C'était la chambre des parents d'Hector. La lignée forestière n'avait jamais aimé le luxe outrancier, les ors et les pierres précieuses...


Hector fit un pas en arrière pour laisser passer la baronne puis il la salua.


- Je vous souhaite une bonne nuit. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à frapper en face !


Le baron se courba et se tourna pour ouvrir la porte de sa chambre. Là, il hésita une seconde. Il ne pouvait quitter Kira sans lui avouer ce qu'il avait sur le cœur... Se retournant vers elle, le visage souriant et reconnaissant, il ajouta :
- J'ai passé une excellente soirée en votre compagnie, merci.


Effectivement, depuis des jours, il traînait sa peine à Marbrume, tournait en rond dans son manoir presque vide. Il n'imaginait même pas réellement qu'en venant ici il retrouverait la joie et la sérénité qui lui manquait tant. Mais, la jolie rousse avait changé la donne. Sa présence, sa gentillesse et son entretien éclairait Sombrebois d'un éclat nouveau.

Kira accepta volontiers le bras du Baron, ne se sentant pas la force de monter les escaliers seule. Elle savait pourtant que les boissons légèrement alcoolisées comme le vin, la trompaient très souvent, et la rendait un peu pompette très rapidement. La jeune femme soupira doucement lorsque les deux nobles se dirigèrent vers l'étage, doucement, sans se presser. Décidément, était-elle si mal au point psychologiquement pour accepter ainsi l'aide d'un homme? Peut-être. Le Fléau l'avait beaucoup plus changée que ce que la rouquine l'admettait. La jeune femme écouta, ou essaya d'écouter Hector, par rapport aux directives que lui-même avait prise pour que les Fangeux ne soient pas une source de problème durant les travaux et durant leur nuit de sommeil, évidemment. Mais la Baronne doutait fort que malgré ces directives, elle dorme à poing fermé comme semblait l'espérer Hector. Depuis que le Vicomte n'avait plus sa main, les cris de celui-ci la réveillait parfois en pleine nuit... Et des cauchemars agitaient le sommeil de Kira de plus en plus souvent. Des songes aux sujets divers et variés. Après tout, ce n'était pas l'inspiration qui pouvait manquer aux Trois pour la tourmenter. Elle avait fait tant de choses... Tant de choses qu'elle regrettait peu à peu aujourd'hui.

Le Baron lui fit visiter rapidement l'étage. Il devait sûrement sentir la pauvre Kira peser sur son bras. Le vin devait avoir aggravé son état de fatigue, et elle n'avait qu'une seule hâte dormir. Même si la jeune femme savait d'avance que le lendemain serait un peu plus dur que prévus, étant donné qu'elle hériterait peut-être d'un léger mal de crâne. Cela aurait probablement pour effet qu'elle serait de mauvaise humeur, voire qu'elle aurait beaucoup de mal à réfléchir et à répondre aux demandes du Baron convenablement. Quoi qu'il en soit, elle avait fait son choix, elle assumerait... Elle espérait juste que Alexandre n'apprendrait pas cela trop tôt... Sinon qu'elle image médiocre aurait-il d'elle? Dés la première expédition en solitaire, elle se serait mise à boire, au risque de faire échouer l'expédition? Quelle belle vision cela donnerait encore des Haldonores! Non, décidément, Kira n'était pas mieux que son père, parfois.
Hector lui ouvrit sa chambre, et la fit entrer. La jeune femme avança et se dirigea doucement vers le rebord du lit. Elle essaya de rester debout jusqu'au ce que le Baron de Sombrebois ferme la porte. Elle voulait éviter de montrer à quel point elle était en mauvais état. Les paroles de son hôte la firent une fois de plus sourire, d'un sourire bête et fatigué. Elle espéra que cela ne se verrait guère dans la pénombre de la chambre. Mais Hector ne sembla même pas y accorder d'attention, et referma la porte.

Instantanément après, Kira se retrouva écroulée sur le lit. Elle était épuisée. Pourtant, elle devait trouver le courage de se changer avant de sentir la sueur et l'alcool. Elle se releva avec grande peine, laissa tomber ses vêtements au sol tel des chiffons, et s'approcha, nue, de la coupe et de la cruche d'eau avant de se rincer le visage. Après s'être rafraîchit, elle chercha dans sa malle une robe de nuit. Elle l'enfila rapidement sans faire plus de bruit et alla s'écrouler une seconde fois dans le lit en essayant de se blottir sous les draps chaud. Au contraire de ce qu'elle s'était attendu, Kira ne trouva pas le sommeil immédiatement. Ce n'était pas sa première nuit à l'extérieur des murs de Marbrume pourtant... Et ils étaient loin des dangers de la Fange. Elle était dans un château, certes en piteux état, mais les monstres allaient avoir du mal à rentrer et à ne pas mourir sous les coups des mercenaires ou des gardes aux ordres su Soleil Bleu. Ou alors était-ce l'alcool?... Ses pensées ne faisaient que de vagabonder sans qu'elle puisse les calmer et enfin trouver un sommeil reposant.
Après ce qui lui sembla un éternité, et d'innombrable tour dans le lit, la Baronne finit par s'endormir. Evidemment, ses songes ne furent pas heureux, et loin d'être rassurant. Mais c'était devenu un lot quotidien pour la jeune femme. Une fois elle entrapercevait son père mourant dévoré par les Fangeux, une autre c'était sa mère qui se métamorphosait en l'une de ces créature... Avec un poignard planté dans le crâne... Son poignard. Non, ce n'était pas sa mère, c'était une autre personne. Mais là, Kira se réveillait en sursaut, et soupirait en comprenant qu'elle avait rêvé de la femme, morte, du Vicomte. La Baronne se répétait alors que ce n'était pas de sa faute, qu'elle n'y était pour rien. Et se rendormait plus à cause de l'accumulation de fatigue, que parce qu'elle avait été réellement rassurée.

Le rayons du soleil pointèrent enfin à l'horizon. Et la jeune femme se réveilla en même temps qu'eux, ou du moins, elle le fit croire. Car elle était réveillée depuis bien plus tôt, mais je voulait pas déranger son hôte et sa bonne. Comme s'y attendait, elle avait mal au crâne, mais c'était moins insupportable que ce qu'elle redoutait. Après encore quelques minutes, elle décida de trouver une tenue adéquate pour la journée. Elle porterait une robe aux couleurs ternes, légère, un peu plus courte que les autres, et qui facilitait ses déplacements et ses gestes. Une robe qui ne lui collait pas à la peau et qui évitait qu'elle sente ainsi plus le sanglier plutôt que la belle noble dans la fleur de l'âge à la fin de la journée. Elle ne comptait pas abuser de la salle d'eau pendant les quelques jours qu'elle allait rester ici. Son objectif étant de travailler, et non pas de se refaire une santé.

Quand Kira fut prête, elle descendit dans le petit salon où Hector et elle avait dîné la veille. Elle comptait bien essayer de manger quelque chose avant de reprendre le travail. La jeune femme rousse descendit doucement, profitant de l'odeur du pain chaud qui se dégageait de la cuisine. La bonne du Somrebois était véritablement douée. Kira se demanda si elle pourrait... emprunter cette femme, pour quelques réceptions. Mais l'idée lui sembla fort ridicule en ce contexte étrange. Peut-être plus tard, quand tout serait revenu à la normal. Quand la Baronne arriva dans la petite pièce, à sa grande surprise, Hector était déjà présent. Et la nourriture était déjà servit.

"Bonjour, Baron!" essaya d'entamer joyeuse la jeune femme, malgré son mal de crâne qui taper à ses tempes. "J'espère que vous vous êtes bien reposé. Quel est le programme d'aujourd'hui?"

Reprenant ses habitudes volontairement désinvoltes et provocatrices, Kira alla s'installer sans demander le moins du monde la permission à son hôte, et se servit quelques miches de pain pour grignoter. Elle regarda Hector avec un grand sourire. Soit, elle avait fait preuve de faiblesse et avait fait des erreurs hier, mais elle devait montrer à son commanditaire que le Soleil Bleu n'était pas une guilde de bienfaisance, encore moins d'amateurs.

"Je propose que nous nous concentrions sur votre fameux tunnel. Mes maçons avaient quelques difficultés à réaliser les esquisse et à donner des ordres à leurs ouvriers. Apparemment, ils ont également des difficultés à creuser la roche. Je vais réfléchir à leur fournir ou leur fabriquer peut-être des outils plus adapté grâce à ce que nous avons récupéré dans le bourg. Nous allons également installer également les portes du château, et si le temps nous le permet, nous commenceront à aménager le chemin de garde. Quand pensez-vous?" développa distraitement Kira en dégustant l'un de son pain et les quelques aliments délicieux qu'avait préparé la bonne.

Hector n'avait pas eu de mal à s'endormir. Sa nuit fut revigorante et il se leva de bonne humeur, en forme, prêt pour une grosse journée de travail. Avant de prendre son petit-déjeuner, il fila à la caserne pour voir comment c'était passé la nuit pour les mercenaires et on lui apprit qu'aucun fangeux n'avait pointé le bout de son nez aux abords de Sombrebois. C'était une bonne nouvelle. Les hommes étaient en forme, prêts pour une bonne journée de travail ! Il retourna donc au château et il tomba sur Gertrude qui, elle, lui annonça une mauvaise nouvelle : vu l'appétit des mercenaires et des hommes du Soleil Bleu, les provisions qu'ils avaient seraient insuffisantes pour tenir les 4 jours officiellement prévus. Hector lui dit qu'il irait donc chasser. C'est à ce moment là qu'arriva dans la petite salle à manger Kira.


Un vent de fraîcheur accompagnait la jolie rousse. Elle portait une jolie robe, relativement courte et ample, une robe qui, mine de rien, mettait en valeur sa silhouette et sa chevelure de feu. Hector, légèrement charmé par cette belle vision matinale, fit signe à Kira de s'installer à sa table et la salua amicalement. Celle-ci s'assit, salua Hector et, tout en mangeant le bon pain qui sortait tout juste du four, expliqua son plan.


- Attention de ne vous brûler, Kira ! Fit Hector en souriant. Pour ce qui est de votre plan, il me parait très bon. Deux choses simplement : Premièrement, il faudra prioriser le renforcement de la porte du château car c'est là son plus gros point faible. Et si nous faisons de celle-ci un élément vraiment solide, le château constituera un bâtiment des plus imprenables ! La deuxième chose est que je vais devoir m'absenter un moment pour chasser. Sans cela il n'y aura pas assez de nourriture pour les 4 jours prévus... Je donnerais mes instructions à mon équipe et je reviendrais après la chasse voir si tout s'est bien passé.


Hector et Kira se répartirent donc les tâches et, sans trop traîner, partirent au travail.




Le soir était tombé sur Sombrebois. La journée de travail avait fini plus tard que la veille. Hector, en plus, avait décidé de passer par la salle d'eau pour se rafraîchir avant le dîner. Il avait revêtu un pourpoint blanc du plus bel effet. Ensuite il était redescendu à la cave pour y chercher une bonne bouteille de vin. C'est essoufflé qu'il arriva à la table du dîner, alors que de la cuisine s'échappait une bonne odeur de viande et de légumes mijotés...


En fin de matinée, Hector avait ramené deux gros gibiers à Gertrude. Celle-ci avait dû dépouiller le sanglier et le chevreuil en plus de la préparation des repas. Mais sa dévotion pour le baron était telle qu'elle n'avait point trop râler et que, ce soir encore, le repas s'annonçait délicieux !


- Mmmh, je crois que Gertrude a profité de ma bonne chasse pour nous préparer du gibier ! Dit-il avec enthousiasme, tout en servant le vin à Kira et lui-même.


Et effectivement, la bonne arriva rapidement avec un grand plat contenant un ragoût de chevreuil accompagné de carottes et de pommes de terre. Le reste du gibier, expliqua-t-elle, avait été salé pour être bien conservé jusqu'à la fin du séjour.


- Merci, Gertrude, vous êtes formidable ! Buvons à votre santé !


Hector leva son verre et l'offrit à sa bonne qui rougit, n'osant boire le vin de son seigneur. Elle prétexta ne pas aimer l'alcool et s'en retourna en cuisine. Le baron sourit d'un air complice à son invitée.


- A-t-elle encore l'âge d'être intimidée ? Je lui offrais mon vin de bon coeur pourtant ! Enfin...


Hector sourit et trinqua avec Kira. Il ne but d'abord qu'une petite gorgée du bon vin rouge de Lyrie. Celui-ci lui réchauffait le gosier et flattait ses papilles de son arôme délicieux, fruité et en même temps puissant.


- Mmmh, Philippe avait raison. Le vin de Lyrie est le meilleur... Qu'en pensez-vous ?


Et il posa son verre derrière son assiette avant de servir le ragoût à son invitée et à lui-même. Il avait envie d'une conversation légère, ce soir... mais il fallait tout de même s'enquérir des avancées de la mission initiale des hommes du Soleil Bleu. Peut-être qu'après, la discussion serait moins formelle.


- Alors dîtes-moi, Kira, les travaux ont-ils avancé comme vous le souhaitiez aujourd'hui ?

La jeune femme fut encore étonnée de la petite attention qu'il lui accorda en la mettant en garde contre le pain encore chaud. Était-ce ainsi qu'il traitait tous ces invités? Si c'était bien le cas, Kira n'était pas surprise de la bonne réputation dont Hector avait hérité au sein du peuple. Quoi qu'il en soit, la Baronne prit note des recommandations et des explications de son hôte. Lors du petit déjeuner, elle ne parla que peu, acquiesçant aux demandes du Baron, et ajoutant un simple "Fort bien." à la fin du repas avant de prendre congé de son hôte, tout en le remerciant.

La reprise des travaux de la veille ne se fit pas dans la difficulté à la surprise de Kira. Les hommes comprenaient vite. Après tout, pour certains maçons et ouvriers, ce n'était pas la première fois qu'ils travaillaient pour le compte du Soleil Bleu. La Baronne constata très vite de la rapidité d'exécution de ses équipes et des compétences de ses ouvriers. La porte du château fut mise en place dans la matinée. Et au retour du Baron, les finissions étaient en train d'être réalisées.
Tandis que les forgerons qui ne s'étaient pas attelés à la porte, s'occupaient de fabriquer des outils plus adaptés à la solidité de la roche où il fallait creuser le tunnel. Les remparts furent rapidement fini, les ouvriers furent alors redistribué selon les ordres de la jeune femme dans les autres équipes. C'est ainsi que le chemin de ronde commença à prendre forme. Mais il faudrait encore du temps pour effectuer les finissions des remparts, Kira comptait s'y atteler plus tard, lorsque la porte du château serait véritablement mise en place. C'était, comme l'avait dis le Baron, leur seul défense contre l'extérieur qui était solide, autant que le travail soit bien fait.

Le soir venu, la jeune dame était contente de l'avancée des réparations, même si elle savait pertinemment que tout n'était pas encore fini. Evidemment, le château de Sombrebois ne retrouverait pas son faste tout de suite. Et même après l'expédition, Hector devrait encore faire quelques restaurations et réparations. Malheureusement, Kira n'était là que pour réaliser ce qu'il y avait sur le contrat, et elle ne pourrait aider pour le reste, à part en donnant de sa propre personne, et de son propre trésor, évidemment. Mais d'autres choses l'attendaient à Marbrume, et elle savait que si le Baron devait encore avoir besoin d'aide, il ferait de nouveau appel à la Guilde d'Alexandre. Surtout si le travail qu'avait fourni la Lady Constructrice et tous les ouvriers était à la hauteur des espérances de leur commanditaire.

La jeune femme avait rapidement essayé de se faire un brin de toilette avant de se rendre au dîner ce soir là. Elle s'était également changé pour porter une robe plus longue et plus gracieuse. De couleur pourpre, le tissu était assez léger pour ne pas trop fatiguer les muscles un peu endoloris de la Baronne. C'était ainsi lorsqu'on cavalait au trois coins du château et du bourg. Mais Kira était au moins sûre de bien dormir cette nuit là. Elle pensait également faire un petit saut dans la salle d'eau du château après le dîner pour détendre un peu ses muscles.
Mais pour le moment, ses pensées étaient sur la réussite de l'expédition. Quelque chose en elle avait hâte de raconter à Hector l'avancement des travaux et de voir son sourire heureux et plutôt fière. Et puis, ils n'avaient pas vraiment eu l'occasion de bavarder, Hector était rentré assez chargé, et il avait dû s'occuper de la relève des mercenaires assignés à la surveillance du Bourg et du château. Pour le moment, rien était venu troubler le calme des derniers jours. Et, étrangement, la Baronne espérait que cela continu ainsi. Ils arrivaient à travailler bien, et vite.

Kira arriva dans le petit salon où était servit tous les repas, maintenant. Elle salua son hôte d'un grand sourire avant de venir s'installer à sa place habituel. Une odeur bien plus qu'alléchante flottait depuis la cuisine, et l'estomac de la jeune femme revendiquer avec ardeur cette nourriture, grondant légèrement. La rouquine espéra que sa faim et sa gourmandise ne s'entendaient pas assez pour perturber le repas. Mais très rapidement, la bonne arriva avec le plat, et l'eau vint à la bouche de la jeune femme qui respira un bon gout l'odeur de ce fabuleux repas. Et alors que Gertrude rougissait au Baron, Kira lui lança discrètement :

"Vous êtes une merveilleuse perle en cuisine, chère dame! Je comprends pourquoi ce cher Hector vous cache dans sa cuisine!"

Kira rit doucement en tendant à son tour son verre vers la cuisinière, et but une petite gorgée à sa santé. Puis, Gertrude repartit. La jeune dame espéra intérieurement que la bonne n'ait pas préparé un autre dessert comme la veille. Parce qu'avec le bon plat qui embaumait la pièce, Kira n'était pas sûre de manger quoi que ce soit d'autre. Quoi qu'il en soit, la rouquine posa son verre de vin encore à moitié remplis avant de regarder le plat. Ce soir, elle comptait bien ne pas abuser de ce délicieux breuvage, même si ce vin, qui provenait probablement des caves du Baron, était vraiment goutteux comme le souligna Hector au même moment que la Baronne le pensa.
Puis, ce dernier s'informa de l'avancé des travaux. La jeune femme le regarda et lui raconta rapidement la journée qui s'était écoulée, comme un milicien ferait son rapport à son sergent. Elle lui avoua que quelques difficultés avaient été rencontrées lorsqu'ils avaient travaillé sur les portes du château, mais rien de bien compliqué à surmonter. Elle décrit également les fabuleux outils qu'avaient crées les forgerons à la demande des maçons chargés du tunnel. Et enfin, elle finit par expliquer rapidement les restaurations qui avaient été faites sur les remparts et les modifications effectuées sur le chemin de ronde.

Après ce petit "rapport", Kira et Hector se servir presque avidement de ce fameux ragoût que semblait avidement réclamer l'estomac de la Baronne. Celle-ci essaya de faire preuve de courtoisie et mangea doucement, même si elle n'avait qu'une seule envie : dévorer le chevreuil et ses loyaux serviteurs, les légumes.
Mais sentant le silence commençait à peser, malgré les bruits de mandibules dans la pièce, Kira essaya de meubler un peu ce vide. Car même si le plat était chaud et réchauffait la pièce, jusqu'ici, la rouquine avait trouvé que leur discussion était plutôt formelle.

"Une bonne chasse, et une bonne cuisinière, n'est-ce pas? Que demander de plus? Vous avez de la chance, Baron. D'ailleurs, comment s'est passé cette chasse? Vous n'avez donc pas rencontré l'une de ces... monstruosités sur le chemin?" lança légèrement Kira, plus sur le ton de l'humour et de la discussion que véritablement soucieuse.

Kira sourie légèrement à son hôte avant d'avaler une bouchée plus de ce gibier succulent. Gertrude était véritablement une déesse en cuisine. Anür en serait presque jalouse, dis donc! pensa la jeune dame, amusée.

L'ambiance dans la petite salle à manger était, comme la veille, des plus agréables. Les deux nobles semblaient apprécier leur compagnie réciproque. Hector souriait aux mots de Kira. Son rapport était plus qu'encourageant : Les travaux avançaient très bien et à ce rythme là, tout serait terminé dans le temps imparti. Le baron fit tourner le vin dans sa coupe en écoutant les questions de son invitée.


"Pour tout vous dire, répondit-il, je ne savais pas que Gertrude était une si bonne cuisinière ! Dans le manoir que nous occupons à Marbrume, elle ne s'occupe que de l'intendance et des diverses tâches ménagères. J'ai un cuisinier, Albert - qui est excellent - mais j'avoue que Gertrude n'a pas grand chose à lui envier !"


Après ses quelques mots, Hector porta un premier morceau de viande à sa bouche et put effectivement en apprécier le goût. Sa bonne avait ajouté quelques herbes et le résultat était fantastique ! Les légumes étaient également très bons mais Hector préférait de loin la "barbaque". A Marbrume, elle se faisait rare. Il en apprécia d'autant plus la dégustation.


"Quant à la chasse, elle s'est très bien passée ! Avec ce soleil, les... fangeux nous épargnent et c'est tant mieux. Et puis, vous savez, comme la région s'est vidée de ses habitants, le gibier semble s'être multiplié. Le fléau ne touche pas les animaux des bois... Tant mieux pour eux... et pour nous autres chasseurs !"


Buvant une gorgée du bon vin de Lyrie, Hector ne put s'empêcher d'ajouter :


"Ce vin sied parfaitement au gibier, n'est-ce pas ?"


Hector mangea ensuite le reste de son assiette tout en racontant comment il avait chassé le sanglier et le chevreuil :


"A Sombrebois, nous avons une technique de chasse bien particulière : nous élevons des chevaux pour qu'ils soient à l'aise dans les bois. Ainsi ils sont capables de courir derrière le gibier avec une grande vivacité. Ils slaloment entre les arbres et nous, avec nos grandes haches, nous tentons simplement de ne pas tomber en frappant les animaux. Lorsque... Lorsque nous étions nombreux, nous encerclions nos proies... Mais là, seul, je ne peux compter que sur Gris-Poil et sa célérité."


Hector s'adossa à sa chaise, repu, et d'une voix apaisée demanda à Kira :


"Je crois que la chasse en famille est une des choses qui me manque le plus depuis... depuis que le malheur s'est abattu sur notre beau pays... Et vous, Kira, qu'est-ce que - il hésita, trouvant que le sujet était un peu sensible, mais après tout... - qu'est-ce qui vous manque le plus ? Je ne parle pas des gens, évidemment, mais plutôt des activités... Etes vous une femme d'extérieur ? Ou préférez-vous les mondanités ?"


L'on pouvait sentir dans le ton de la voix d'Hector qu'il n'était lui-même pas friand des réceptions mondaines ; que, pour lui, le rôle du noble était plus de parcourir ses terres, de prendre le pouls de son peuple, de l'aider, d'assurer sa protection, etc. Comploter pour déstabiliser d'autres seigneurs n'était pas sa tasse de thé. Recevoir ses alliés en grandes pompes pour flatter leurs ego et le sien l'ennuyait également. Kira, d'ailleurs, malgré les bons repas et la chambre bien préparée, devait se rendre compte que le château de Sombrebois était relativement austère, très typé - et les travaux actuels ne feraient qu'augmenter cet aspect - château fort !


Hector finit son verre de vin, resservit la baronne et lui-même, et se rappela qu'il devait lui montrer la bibliothèque du château. Cette perspective l'enchantait ! Il avait d'ailleurs envie d'y prendre un livre pour lire un peu cette nuit, si le calme devait durer...

La Baronne prit goût à se délecter de ce fameux ragoût. Elle gloussa légèrement, la bouche pleine, à la réflexion d'Hector vis-à-vis de son propre cuisinier. La jeune femme aurait eut envie de faire une remarque sur la cuisine dans la résidence des Terresang, à Marbrume, mais se retint. Elle ne voulait pas vraiment donner une mauvaise image de son protecteur, et puis, le Baron était déjà passé à autre chose. Parlant de chasse, de Fangeux et d'animaux. Il était vrai qu'il faisait beaucoup plus beau que les quelques mois que la rouquine avait passé enfermée à son Pavillon de chasse. Cela réchauffait les cœurs et les esprits bien assombri par ce maudit Fléau.

"Quoi de mieux qu'un beau soleil printanier pour remonter le moral et rengorger les volontés." dit-elle calmement après avoir fini une bouchée du plat qui touchait bientôt à sa fin.

Mais alors que le Baron faisait quelques compliments à son vin, ce que Kira trouva amusant, la jeune femme se resservit un petit peu de ce magnifique plat. Gertrude avait véritablement réussis à sublimer une viande difficile à cuir et normalement très dur et sèche en bouche. La Baronne avait en effet eut l'habitude de manger du gibier lorsque sa famille et elle s'étaient réfugier au Pavillon. Après tout, c'était un lieu de chasse, c'était un temple où l'on remerciait la fertilité de Serus et de sa progéniture forestière, comme disait souvent le défunt Baron de Haldonores. La jeune femme sourit légèrement à se souvenir. Au même moment, Hector se mit à raconter sa propre journée de chasse.
Ce qu'il décrit à la jeune rouquine ne lui était pas totalement inconnu. Même si Kira n'avait jamais tenu un arc ou une lance avant le début du Fléau, elle avait déjà vue et participé indirectement à l'une des journées de chasse de son père. Evidemment, quand celui-ci partait pour plusieurs jours, la jeune dame n'était pas autorisé à se rendre avec lui. Ce qui l'avait frustrée au plus haut point pendant des années. Avant qu'elle n'arrive à trouver une place qui lui sciait un peu près au côté de sa mère, et qu'elle se fasse peu à peu au monde des nobles et à leur manigances... Et puis, il y avait eu les herbes et les poisons. Puis les mathématiques et la stratégie quand elle était devenu plus grande, et plus mature aux yeux de son père... Qui commençait à comprendre qu'il n'aurait pas d'héritier mâle, et où la pensée de désigner l'une de ses filles héritières commençait à lui chatouiller dangereusement l'esprit. Oh oui, il avait bien des choses qui manquait à la Baronne, mais... pas son père. Pas CE père, si strict et si tacticien. Pas celui qui avait fait coulé sa famille. Mais le père aimant qu'elle avait vue pour la dernière fois avant qu'il ne parte du Pavillon... Lui, lui seul lui manquait.
Kira finit par vider tant bien que mal son assiette, trop gourmande qu'elle était. Et prit un certain temps à regarder le vide. Puis, elle s'assit au fond de son siège, et regarda le Baron. Le regard vert émeraude avait prit une teinte verdâtre, triste à ces souvenirs plus ou moins joyeux en fonction des saisons. La jeune femme se décida à répondre après plusieurs minutes à fixer son invité :

"Je... Pour tout vous avouer, mon ami. Les étés en compagnie de ma famille me manque."

Une image s'imposa alors à la jeune femme : sa sœur et elle, cueillant innocemment des fleurs sur l'une des collines environnant la Pavillon. Elle s'était fait un collier de marguerite chacune. Talya avait décoré le sien de coquelicot, et Kira avait prit des boutons d'or, parce qu'elle préférait ressembler à une riche dame de la cours. Evidemment, avec le temps, elle avait compris que ses relations avec les autres étaient... plus difficile que ce qu'elle espérait.

"Les étés, nous avions l'habitude avec ma sœur de sceller nos chevaux et de partir à la rivière, à une journée de galop effréné. Nous y passions une nuit, mangions des provisions piquées à l'improviste dans la cuisine. Et le lendemain, nous rentrions... Jusqu'au jour où mon père a enfin trouvé notre cachette." lança Kira, essayant de sourire à ce souvenir. "Après une bonne rouste et quelques retour à l'ordre, enfin... vous voyez l'affaire, Hector. Mon père a décidé de nous accompagner à chacune de nos ballade à la rivière."

Kira prit alors son verre et l'amener à ses lèvres pour goutter le délicieux nectar, puis le reposa. Elle regarda son hôte. il semblait attendre la suite... La rouquine détourna les yeux, la nostalgie et la tristesse se lisait beaucoup trop sur son visage. C'est fou comme elle se laissait aller. Hier, elle s'était montrée avinée, voilà qu'aujourd'hui elle racontait sa vie passée, et montrait ses faiblesses. Comment se faisait-il qu'elle se sente autant en confiance avec cet homme? Était-elle à se point affectée par l'air de Marbrume, et tous ces événements, qu'elle devait ainsi vider son sac en public? La Baronne finit par revenir à Hector, son visage beaucoup plus différent, elle affichait un sourire gênée.

"Enfin, l'été va revenir! Et j'espère évidemment, que ces repas au bord de la rivière pourront de nouveau se réaliser. En mémoire de mon défunt père! Cela serait tout à faire ironique." avoua-t-elle, essayant de réchauffer la pièce avec des pensées plus heureuses. "Bientôt, une solution sera trouvée, et le Fléau sera loin, n'est-ce pas?"

La phrase de Kira, sur le temps qui remonte le moral, fit sourire et hocher de la tête le baron. Il ne s'en était pas rendu compte mais sa volonté de rénover Sombrebois intervenait, comme par hasard, en ce beau printemps 1165... Malheureusement, peu après, la belle baronne plongea dans ses pensées et Hector comprit ce qui semblait l'attrister :

- Je... Pour tout vous avouer, mon ami. Les étés en compagnie de ma famille me manque. Les étés, nous avions l'habitude avec ma sœur de sceller nos chevaux et de partir à la rivière, à une journée de galop effréné. Nous y passions une nuit, mangions des provisions piquées à l'improviste dans la cuisine. Et le lendemain, nous rentrions...

Hector se souvint à son tour de la vie facile que les hommes menaient lorsque les bois n'étaient peuplés que d'animaux bénis des dieux, que les plus dangereuses rencontres qu'on pouvait y faire étaient celles des ours ou des brigands.

- Jusqu'au jour où mon père a enfin trouvé notre cachette. Après une bonne rouste et quelques retour à l'ordre, enfin... vous voyez l'affaire, Hector. Mon père a décidé de nous accompagner à chacune de nos ballade à la rivière.

Le baron sourit à cette belle anecdote.

- Ah la la, j'aimais cette époque, Kira... J'étais fils unique mais mes cousins habitaient Sombrebois - ce château, même - et nous allions également vivre d'héroïques aventures dans les forêts qui entourent le bourg ! Peut-être était-ce le fait d'être des garçons, mais nos parents ne nous ont jamais réprimandé pour cela ! Vous auriez dû nous voir, Louis, Hubert et moi, courant dans les bois, nos hachettes à la main, derrière les faisans ou les lièvres... le bon vieux temps...

Sans vraiment s'en rendre compte, la simplicité de ce dialogue, les petits secrets qu'on se racontait, les prénoms qu'on prononçait naturellement, tout cela était plaisant et léger. Hector finit son assiette et son verre.

- Enfin, l'été va revenir! Et j'espère évidemment, que ces repas au bord de la rivière pourront de nouveau se réaliser. En mémoire de mon défunt père! Cela serait tout à faire ironique, avoua-t-elle, essayant de réchauffer la pièce avec des pensées plus heureuses. Bientôt, une solution sera trouvée, et le Fléau sera loin, n'est-ce pas ?

- Espérons le, Kira, espérons le !

Et, sans détailler ses pensées, d'ailleurs il ne voyait pas comment débarrasser le monde de ces maudits fangeux - il espérait juste pouvoir vivre avec - il se leva et prit la main de Kira. Il venait d'avoir une idée...

- Venez ! Suivez-moi ! Il faut que je vous montre quelque chose !

A pas pressés, Hector abandonna la salle à manger et mena la belle rousse dans l'escalier jusqu'à la grande double porte qui donnait sur la bibliothèque. Devant celle-ci, il lâcha la main de Kira et ouvrit les portes.

- Et voilà !

Il avait envie de montrer cette pièce unique à son invitée, de partager un moment particulier avec elle. Le baron, comme Kira, n'avait jusque là fait que travailler, manger et dormir... Une petite découverte des beaux livres de Sombrebois semblait une bonne idée à ses yeux.

Hector invita donc Kira à entrer la première dans cette grande pièce d'environ dix mètres sur cinq dont les murs étaient cachés par de grandes bibliothèques remplies de livres. Le plafond n'était pas très haut (trois mètres tout au plus) mais l'impression de grandeur était tout de même indéniable. Il y avait quelques escabeaux ça et là pour attraper les ouvrages les plus haut perchés. Une longue table au milieu de la pièce entourée d'une dizaine de chaises et quatre fauteuils dans les coins de la pièce constituaient le reste du mobilier. Dans les bibliothèques, l'on trouvait divers ouvrages d'histoire, de géographie, de botanique, de zoologie, de science, de technique, de religion, de philosophie, mais aussi quelques romans, nouvelles et recueils de poésie. Les tranches des ouvrages faisaient une sorte de mosaïque multicolore plaisante à l’œil.

- Alors qu'en dîtes-vous ? Venez par là, regardez... Ici, là - il s'était dirigé vers le rayonnage contenant les ouvrages consacrés à la géographie - je suis sûr que vous allez aimer !

Hector prit alors un grand livre consacrés aux paysages du pays. L'on y voyait quelques esquisses des forêts, des collines et des plages de toute la région. Il y avait une dizaine de pages pour chacune des terres nobiliaires : un chapitre sur Sombrebois, un sur Traquemont, un grand sur Marbrume, évidemment, et... huit pages sur Haldonorès ! Le baron avait retrouvé ce chapitre et il tendit à l'héritière de Haldonorès le livre, ouvert sur les pages consacrées à son pays. Il y avait un petit texte détaillant les personnages importants de cette famille, un autre sur la faune et la flore de leurs terres, un autre sur la ville d'Haldonorès et les villages de cette région et un dernier sur les richesses dont jouissaient ses habitants.

Hector ne dit rien de plus, laissant son invitée parcourir ces pages. Il s'était tourné vers Kira pour lire ses réactions sur son visage et écouter ses premiers mots.

Lorsque le Baron décida de lui prendre la main, Kira s'apprêter à saisir son verre de vin. Elle fut encore plus prise de court lorsqu'Hector lui demanda de le suivre pour qu'il lui montre quelque chose. Étrangement, le cœur de la jeune rouquine battait. Était-ce encore ce maudit vin, ou le fait qu'elle ai parlé de sujets qui lui tenait à cœur avait-il affaiblit ses défenses? Non. Elle appréciait juste la délicatesse du Baron, et c'était cela qui la perturbait le plus... Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas apprécier le contact d'un homme de la sorte.
La jeune dame se leva malgré sa surprise, et suivit malgré tout Hector dans les couloirs. Où l'emmenait-il donc? Très vite, Kira eut la réponse à sa question. Le Baron de Sombrebois lui lâcha délicatement la main pour ouvrir les grandes portes de la salle qui renfermait un trésor dont la jeune femme ignorait tout jusqu'à présent. Et quand elle aperçut les étagères, les manuscrits, les échelles et que l'odeur de papier envahit son esprit, un grand sourire se dessina sur les lèvres de la jeune dame. Pétrifiée, elle eut besoin de l'invitation d'Hector pour la sortir de sa stupéfaction. Il était vrai qu'elle avait promis au Baron d'aller voir sa bibliothèque, et elle avait totalement oublié. Quoi qu'il en soit, elle ne pensait pas que cela pouvait être une mauvaise idée après tout.

Kira rentra dans la pièce et admira les étagères, les couvertures en peau teintes, la légère poussière au bord des étagères, la richesse des thèmes. Après tout, la Baronne avait bien un salon avec quelques livres comme décoration à son Pavillon, ou quelques ouvrages qui étaient réunis dans un bureau, celui de son défunt père. Mais jamais, elle n'avait vue autant de manuscrits réunit en un seul et même endroit - si l'on ne comptait pas la bibliothèque de Marbrume, évidemment. Elle s'assit lorsque le Baron de Sombrebois lui tendit un gros livre. La jeune femme regarda le livre et l'ouvrit. Son sourire s'élargit encore plus en observant les gravures des différents paysages et les peintures des terres et paysages. Elle fut d'ailleurs surprise de découvrir autant de pages ayant pour thème son territoire.
Il était vrai que les terres des Haldonores n'étaient pas uniquement composée de forêts, mais aussi de prairie verdoyante, des quelques collines magnifiques, la fameuse rivière où les deux jumelles avaient aimées passé du temps dans leur jeunesse, avant que leur querelle ne commencent. Et beaucoup d'autres paysages magnifiques! Kira observa ces vues qu'elle avait déjà vue, vue et revue, mais dont elle ne se lassait vraiment jamais.

Puis la rouquine observa les autres paysages. Ceux de Traquemont qu'elle avait peu vue, ceux de Terresang évidemment, dont elle en avait beaucoup entendu parlé par la bouche du Vicomte. Et puis ceux de Sombrebois, très proche des Haldonores. Il y en avait que Kira reconnu immédiatement, comme le château ou la forêt, mais d'autres qu'elle ne connaissait pas. Elle s'approcha alors d'Hector et sans le regardait, lui montra la petite gravure d'une falaise avait une petite cascade d'eau dont elle dégringolait.

"Est-ce au milieu de la forêt de Sombrebois? Je ne l'ai jamais vue. Quoi qu'il en soit, c'est magnifique." demanda curieusement la jeune femme. "L'auteur de se livre et le dessinateur a beaucoup de talent. Je n'ai jamais vue ce manuscrit jusqu'ici, y en a-t-il d'autres de ce type?"

Kira avait bien été formé à quelques arts féminin, comme la broderie, la coutures, mais c'était plus dans le dessin qu'elle avait un talent peu commun. Evidemment, elle n'en était pas à peindre de magnifiques œuvres, mais juste à faire des croquis, de temps en temps. Et elle savait reconnaître le talent quand elle le voyait. Elle était donc avide de savoir qui était l'auteur et/ou le peintre de ce livre. La jeune femme avait déjà vue des Atlas du monde connu, de très rares et très magnifiques ouvrages, mais elle n'avait jamais vraiment pu en étudier un en détails. Elle se tourna vers Hector, mais son attention vint très vite sur la bibliothèque où elle se demanda s'il y avait d'autres magnifiques ouvrages du même type et que la jeune rouquine n'avait jamais vue.

Hector lisait la surprise et l'émerveillement dans les yeux de son invitée. La bibliothèque ainsi que l'ouvrage qu'il lui montrait, semblaient l'émouvoir et le baron regardait cela d'un oeil attendrit. Il connaissait Kira comme une femme forte, une guerrière, une meneuse d'hommes... et là, il la découvrait plus émotive, plus fragile, plus féminine. Elle semblait ailleurs, dans ses pensées, dans son enfance ; elle avait un regard doux et plaisant. Hector sentit son coeur s'élever...

Quand elle lui montra le dessin de la cascade, il sourit :

- C'est la cascade des trois crapeaux. Elle est au sud de nos terres... C'est sans doute pour ça que vous ne l'avez jamais vu. C'est assez loin d'ici et de notre frontière commune. Mais, en effet, c'est un très bel endroit. L'auteur des textes est mon grand-père, Herald, et le dessinateur est en fait une dessinatrice. Il s'agit de ma grande-tante Jeanne.

Tous deux, comme le reste de sa famille était mort... mais leurs oeuvres continuaient d'exister ici, dans cette bibliothèque presque oubliée. Et Hector, en cet instant, se disait qu'il ne devait pas laisser mourir ce patrimoine... et la mémoire de sa famille.

- D'autres de ce type ? A dire vrai, il y a quelques ouvrages consacrés à des territoires plus lointains mais ils ne contiennent pas, si je me souviens bien, de gravure.

Hector prit une longue inspiration et posa sa main dans le dos de Kira. Il avait eu envie de faire ce geste, il avait eu envie de sentir la chaleur de Kira ; il se sentait très proche d'elle à ce moment là. Partager ce livre lui semblait plus qu'une simple lecture commune. C'était quelque chose de plus intime, de plus personnel. Elle avait aimé regarder ces pages et il avait aimé la regarder. Mais sa main ne fit qu'entrainer doucement la baronne vers un autre rayonnage.

- Je.... Comme vous semblez intéressée par les gravures, voici quelque chose qui pourrait peut-être vous plaire.

Il retira sa main du dos de Kira et sortit de l'étagère une pochette cartonnée peu épaisse mais dont le format était plus grand que le livre précédent. A l'intérieur, des pages volantes, des pages de dessins au fusain, des natures mortes et quelques portraits, des autoportraits surtout, réalisés devant un miroir. On y voyait l'agréable visage de son auteur. C'était une femme simple. Elle avait un visage rondouillard. Elle devait avoir une quarantaine d'années et c'est la malice de son regard qui surprenait le plus. Malgré la simplicité des dessins (quelques traits gris et des ombres ici ou là), ils étaient fait avec une grande précision et la dame avait réussi à rendre son regard brillant et plein de vie... comme elle l'était à l'époque.

- Je vous présente Jeanne de Sombrebois, fit Hector en sortant l'un de ces autoportraits.

Les yeux du baron brillèrent d'émotion. C'était la première fois depuis le massacre de Sombrebois qu'il "revoyait" l'un des membres de sa famille et beaucoup d'images et de souvenirs remontaient "à la surface"...

La jeune rouquine regardait avec des yeux émerveillaient et pétillant ces magnifiques esquisses. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pu admirer ce genre d'art… En fait, depuis que les Haldonores avaient quitté de force Marbrume pour se réfugier sur leur terre, loin de la colère du Duc. A ce moment là, la Baronne n'avait pas beaucoup d'ami à la cours, mais elle avait quand même quelques femmes avec qui elle partageait quelques passions plus ou moins féminine. Dans son petit groupe, il leur arrivé de philosophé comme les hommes le faisaient, ou alors de peindre ensemble, ou même de rire tel des enfants. Mais depuis la jeune femme n'avait pas eu l'occasion de recroiser ces femmes… Et elle avait bien peur qu'elle soit morte ou retourné sur leur terre pour y remettre de l'ordre après l'arrivée du Fléau.

La jeune dame soupira devant ces magnifiques dessins, ces autoportraits, ces croquis plus ou moins bâclé. Puis, Kira regarda se tourna vers Hector, et remarqua son regard. Lointain, distant. Il se remémorait des souvenirs, tout comme elle. La jeune Baronne se souvenait du différent de leurs deux familles, et elle en sourit. Leurs cher paternelles devaient se retournaient dans leur tombe en voyant les enfants ainsi allié. Mais bon, les événements récents (enfin si plusieurs mois peuvent être considéré comme récents) avaient changé la donne.
La rouquine tendit la main vers le Baron, mais hésita à prendre à son tour la main de son compagnon d'infortune. C'était un geste déplacé pour une femme, elle se ravisa. Ce n'était pas à elle de faire ce genre de chose. Même si Hector s'était autorisé cela, il était un homme, il avait le droit. Elle finit juste par regarder avec un sourire un peu plus radieux son interlocuteur et à lui adresser la parole pour le sortir de ses souvenirs, peut-être trop douloureux ?

« Je peux vous montrer mes propres croquis, lorsque nous rentrerons à Marbrume. Je vous inviterez à boire un thé, et puis nous pourront bavarder. Malheureusement, mes croquis récents ne sont plus ceux que j'ai réalisé avant… avant tout ça. » expliqua Kira en désignant les dessins de la tante de Hector. « Quoi qu'il en soit, cette femme avait un talent certain. »

La jeune femme se détourna d'Hector pour aller inspecter les autres étagères, pérégrinant au file de ses pensées entre les lignes et les ranger de manuscrits. Certains noms lui étaient totalement inconnus, mais d'autres lui plaisaient beaucoup plus. Eric de Valbois, Sidonie de Dénaïra, Jules de Châteaunoir, etc. Des noms qui lui étaient familier car elle avait déjà lu certains de leur écris. Beaucoup portaient des noms de Nobles, mais Kira savait qu'ils avaient juste gardé leur nom de famille, mais qu'ils étaient entré dans les Ordres, au service de la Trinité. La jeune femme savait que c'était souvent les prêtres qui écrivaient autant. Mais au contraire de ce qu'elle aurait pu penser de l'aspect religieux, les prêtres ne faisaient apparemment pas que prier, ils philosophaient, calculaient, écrivaient, contaient, etc. Des sujets divers et variés qu'appréciaient tout particulièrement la jeune rouquine.

« Votre bibliothèque est bien fournis, Hector. J'aurais aimé avoir une bibliothèque avec des livres aussi variés. » avoua la jeune Baronne en caressant une couverture d'un doigt.

Les yeux d'Hector s'éclairèrent.

- Oh vous dessinez ?! C'est extraordinaire ! Je serais ravi de voir vos travaux, Kira !

Il ne connaissait pas d'artiste ; juste un saltimbanque et des artisans... Alors voir les travaux d'une artiste, vous imaginez... Et puis il avait de l'affection pour la jeune femme. Qu'elle lui propose de voir son oeuvre n'était pas, à ses yeux, anodin. Cela signifiait qu'ils étaient à présent assez proches pour dévoiler un peu de leurs secrets, de leur intimité...

Hector suivit du regard la belle rousse marcher d'un pas léger devant les étagères. Il écoutait avec délice la poésie des soies de ses robes. Et il souriait en la voyant caresser d'un doigt fin, la couverture d'un des innombrables livres de cette pièce enchanteresse.

- Votre bibliothèque est bien fournis, Hector. J'aurais aimé avoir une bibliothèque avec des livres aussi variés.
- Vous êtes la bienvenue ici, Kira. Je... je sais que vous n'habitez pas - ou plus - la porte à coté... mais quand je suis ici, n'hésitez pas, si le cœur vous en dit, à venir visiter cet endroit, à venir parcourir les pages de ces livres...

Il s'approcha d'elle. Plus que tout il était séduit par la chevelure cuivrée, ondulante et soyeuse de son invitée.

- Vous pouvez même m'en emprunter quelques uns...

Il posa sa main sur la main de Kira et lorsqu'elle tourna la tête vers lui, il lui déroba un baiser...

C'était un baiser dont il ne put jamais déterminer la durée. Étrangement, il crut percevoir mille réactions sur les lèvres de Kira... de la surprise, de la crainte, de la tendresse, de l'amour, même... Mais il n'était pas elle, il ne savait pas. Était-ce ses sentiments à elle ou à lui ? Il n'aurait vraiment su dire pourquoi il l'avait embrassé là, si vite, sans vraiment de signe de consentement de la part de la belle... Il l'avait fait et c'était ainsi. Il ne le regrettait pas. La douceur de ses lèvres, le parfum de ses cheveux, la chaleur de sa peau... Hector s'enivrait de toutes ces sensations qui caressaient ses sens. Son cœur battait fort, de plus en plus fort... Et, lorsque sa conscience revint à la vie, il s'écarta du visage de Kira et... la prit dans ses bras pour cacher sa gêne. Quelques secondes plus tard, il lui murmura à l'oreille :

- Désolé... je... je n'sais pas ce qui m'a pris...

Sa main posée dans le dos de la baronne, sur le tissu pourpre et léger de sa robe, Hector se sentait fébrile...