De loin, Eda pourrait facilement être confondue avec un adolescent. Haute d'un peu moins de 4 coudées*, elle a une silhouette étroite aux épaules carrées, sa musculature sèche s'étant formée lors de nombreuses années passées à aider son père bûcheron. Sa peau basanée par le soleil est couverte de taches de rousseur, noyant son visage aux yeux globuleux et aux dents écartées. Ses iris sont d'un bleu si clair qu'ils paraissent presque sans couleur. Ils sont encadrés par des cernes sombres et des sourcils épais et broussailleux, s'étirant loin sur ses tempes.
Ses lèvres charnues restent constamment entrouvertes, laissant entrevoir une dentition chaotique aux incisives écartées et jaunes, rappelant la couleur terne de sa tignasse blonde. Coupés au niveau de la mâchoire, les cheveux frisés et épais forment un triangle entourant sa tête, renforçant encore sa silhouette disgracieuse.
Laide et masculine, Eda peut paraître simplette au premier abord à cause de sa bouche constamment ouverte et ses yeux globuleux. Mais son regard, qu'elle a tendance à fixer droit dans les yeux de ceux qu'elle regarde, fait penser à un prédateur jaugeant sa proie. Un air d'autant plus renforcé qu'elle se tient avec le coup en avant, légèrement voûtée comme prête à mordre.

Taciturne et discrète, Eda n'aime pas spécialement se faire remarquer. Malgré son air un peu bête, rien ou presque ne peut la perturber et elle effectue toujours ses tâches avec un seul objectif en tête: un travail bien fait.
La fille de bûcheron semble bien plus heureuse une hache à la main. Une propension à la violence et sa détermination (que certains appellent entêtement) en font une combattante qui ne lâche jamais son adversaire, de la même manière qu'un chien qui ne desserre pas sa mâchoire après avoir mordu.

Eda vient du village de Montpazier. Fille de bûcheron, elle aidait son père dans son travail dès qu’elle fût assez grande pour porter une hache, qu’elle n’a depuis jamais quitté. Sa vie, jusqu’à lors, ne se résumait qu’à cela: tous les jours, elle accompagnait son paternel au bois, partageant avec lui des moments qui forgèrent son caractère ainsi que son physique. Car avec le temps, cet exercice lui avait donné de larges épaules et un physique davantage masculin que féminin. Les boutades et les surnoms disgracieux que lui donnaient les hommes du village ne semblaient pas l’atteindre, toutefois, Eda faisant de son mieux pour calquer son comportement sur celui de son parent, que rien ne semblait faire réagir.

Quand les rumeurs d’apparitions de monstres se répandirent dans les environs, le père d’Eda, fidèle à lui-même, n’y prêta guère attention. De son travail dépendait la survie de sa famille et il continua à retourner tous les jours au bois, emmenant sa fille avec lui. Les disparitions se faisaient plus fréquentes et la forêt plus sinistre mais Eda et son père, aussi bornés l’un que l’autre continuaient de retourner travailler, inlassablement, jusqu’à ce qu’ils se rendirent compte que les rumeurs disaient vrai.

Lors d’une de leurs habituelles virée en forêt, un Fangeux se jeta sur eux au détour d'un chemin. S'interposant entre la bête et sa fille, le bûcheron tentait vainement de retenir la créature, tout en hurlant à Eda de repartir au village trouver du secours. Paniquée, elle lui obéit à contre-cœur, courant dans les bois à toute vitesse, poussée par la peur. Mais lorsqu’elle revint, accompagnée des quelques braves encore assez courageux pour retourner dans la forêt, elle ne trouva rien.

Son père avait disparu, laissant une tache de sang sombre sur le sol de la forêt, les entrailles que la créature lui avaient arraché menant vers le marécage non loin. Malgré sa volonté de rester sur place pour retrouver son père, qu’elle croyait encore miraculeusement en vie, Eda fût forcée de retourner au village, annoncer la nouvelle à sa mère et à sa petite sœur, que le bûcheron n’était plus.

Depuis lors, Eda n’était plus la même. Renfermée et complètement muette durant les mois qui suivirent la mort violente de son père, elle passait ses journées à aiguiser sa hache et à couper hargneusement les bûches qu’il restait, n’osant plus s’approcher du bois. Sa peine atténuée par le temps, elle se rendit compte que cette colère qui la rongeait depuis ce soir là pouvait être utilisée autrement qu’en coupant du bois. Et c’est ainsi qu’elle fit ses adieux à sa mère et sa sœur et qu’elle partit, sa hache et celle de son père à sa ceinture, vers la Cité de Marbrume, bien décidée à mettre sa force à contribution pour venger son père.

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