Toutes les routes ménent au poison (PV Hector de Sombrebois)

Les derniers clients du matin venaient de partir et le zénith annonçaient l'heure du midi ou du jeun pour bon nombre de personnes. Ce n'était pas mon cas, midi correspondait pour à la l'heure des livraisons. J'avais préalablement caché les plantes ainsi que les décoctions les plus rares dans une trappes proches du comptoirs, elle même cachée par une caisse lourde que je mettais au dessus.

La livraison concernait surtout les vieilles personnes, les mourants et les criminels ne voulant pas se montrer. J'acceptait ce travail il me faisait gagné plus d'argent, je rajoutais des frais de déplacement au coût du produit plus du temps de travail.

Je pris ma respiration et dis "Mére, Pére, je sors faire la livraison! Faites attention quand je ne suis pas là d'accord?" d'une voix forte que que ma phrase parvienne à l'étage.

"Va-y ma fille" répondit ma mère "tu as bien pensé a ton arme?"

"Ne t’inquiète pas, je l'ai" dis-je avant de sortir.

Mais, mon arme n'était pas nécessaire. Je fournissais en poisons, en drogues et en potions la moitié des gangs de Labourg et si d'entre eux s'en prenaient a moi, ce serait la derniére erreur de leur courte vie. Même si cette situation ne me déplaisait pas, je n'aimais pas trop être associé à des malfaiteurs, ce n'était pas ce que je voualis. Je préférerais être associé à la milice plutôt qu'a ces voyous.

Une heure et demie plus tard, j'avais fini mon travail de livraison. Je marchais donc tranquillement dans la rue, saluant les gens sur mon passage quand je me pris les pieds dans ma robe et manque de tomber tête la premiére dans la boue.

Heuresement, l'homme qui était en face de moi me rattrape.

"Merci beaucoup monsieur!" lui dis-je avant de me rendre compte qu'il était beaucoup mieux habillé que moi.

20 Août 1165
Hector était sorti de l'atelier de couture et s'était rendu dans l'une de ses auberges favorites de Marbrume. Il ne s'agissait pas, comme l'on pourrait croire d'un lieu fastueux mais d'un simple troquet du Labourg où l'ambiance était simple et le patron sympathique. Il y avait bien mangé (en quantité plus qu'en qualité, il est vrai) et s'était même fait offrir un verre de vin par un "admirateur". Le baron était appricié de la population Marbrumienne. Il avait mainte fois défendu celle-ci contre la fange et lui avait souvent offert quelque argent ou des denrées alimentaires... Il ne se méfia pas. Il ne vit pas en ce sympathique bonhomme aux cheveux blonds un envoyé d'un vicomte ennemi... Il but le vin avec plaisir - il lui trouva bien un goût bizarre mais que voulez-vous, il ne se méfia pas.
Il décida ensuite de remonter Marbrume en direction de l'esplanade pour y trouver celle qui depuis presque deux mois faisait battre son coeur. Il avait un peu mal à la tête mais se dit que la promenade lui ferait du bien et la vue de son amante plus encore. Chemin faisant, il suivit une femme qui, visiblement, allait également vers le nord... et qui trébucha sur sa longue robe (de piètre qualité). Hector, habillé élégamment comme à son habitude, parvint à la rattraper avant qu'elle ne tombe dans la boue. Seulement, alors qu'ils étaient tous deux accroupis, le baron sentit un vertige le faire vasciller.
- Bonjour, je... m'appelle Hector de Sombrebois.
Il fit aussitôt le rapprochement entre son vertige et le vin vicié - ou pire... - qu'on lui avait offert.
- Connaitriez-vous un apothic... une miresse ou un doc... ? Je crois que j'ai été... emp... oisonné...
Il se releva complètement mais se sentit faible. En outre, sa vision était troublée et, malgré la chaleur de l'été, il frissonnait. Il posa sa main sur l'épaule de Danaë pour s'éviter une mauvaise chute et de l'autre, il prit dans sa bourse une pièce d'or qu'il déposa dans la paume de la jeune femme.
- Je crois qu'il... faut faire vite !

Ce n'est plus le travail qui me tombe dessus, c'est littéralement moi qui tombe sur le travail. A regarder le visage fatigué de l'homme, il devait être sous l'emprise de drogue ou d'un poison. Je devais faire vite.

"Appuyez-vous sur moi, on va a ma boutique" lui-dis alors que j'avais mis la piéce dans ma bourse et que je le faisais marcher vers chez moi. "Vous avez de la chance, je suis apothicaire"

Une fois arrivés, je le posa dans le chaise pour les patients et lui donna un antidote universelle. Cela n'allait sans doute pas résoudre le problème mais au moins stopper temporairement les effets du poison ou les atténuer.

Je pris une grande inspiration "père, mère, j'ai un client surprise, il a surement été empoisonné, je m'occupe de lui et je viens manger"

Je n'attendis pas de réponse avant de m'adresser à ce Hector "Si vous voulez que je vous aide plus, il faut que vous me décriviez vos symptômes et me dire comment vous avez été empoisonné ou drogué".

Dans son malheur, Hector avait - encore - un incroyable coup de chance. La jeune femme qui l'aidait était apothicaire ! Il s'était un peu appuyé sur elle et elle l'avait guidé jusque chez elle. Le baron s'assit sur la chaise qu'elle lui avait indiqué. Professionnelle, elle lui demanda :

- Si vous voulez que je vous aide plus, il faut que vous me décriviez vos symptômes et me dire comment vous avez été empoisonné ou drogué.
- Je... J'ai bu un verre de vin que... qu'on m'a offert... il a-vait un goût un peu b-bizarre... vicié, acide...

Hector n'était pas expert en poison. Sa miresse, à Sombrebois, Brenna, aurait certainement pu lui apprendre quelques choses à ce sujet mais ça ne l'intéressait guère. Il ne croyait pas en avoir jamais besoin... Il s'était trompé.

- Je me sens fatigué et... j-j'ai froid. Et je vois t-trouble...

C'était peut-être le plus ennuyeux. Il avait bien vu dans la rue, tout à l'heure, la belle chevelure rousse et la poitrine attrayante de la demoiselle... et là, tout ça était imprécis, mélangé, flou...

Il s'adossa à la chaise et se sentit presque partir.

- J'ai des v-vertiges...

Je fouillais dans mes placard a la recherche de quelques choses pouvant sauver cette âme mais les indications donnés étaient assez vagues.

"Tenez, un vomitif ainsi qu'un sceau, vous devriez aller un peu mieux après ça"

Voyons voir, un poison qui se sent quand on bois, c'est bizarre, souvent les gens ne veulent justement pas que l'on sente le poison. Cela devait donc être un poison de piètre qualité. Par contre, la personne a choisis un poison qui ne serait pas neutralisé par les effets du vin.

En effet, et je le savais, certains poison, mélangés à du vin devenaient complètement inoffensif ou amoindris. Et tout d'un coup, je souviens. C'était moi qui avait ce poison. Deux jours auparavant un homme m'avait demandé un poison qui ne dissolvait pas dans le vin et m'avait payé grassement pour que je ne dise rien et que je ne lui pose aucune question. Vu qu'il n'avait précisé aucune autre chose, j'avais fait un poison grossier et qu'on pouvait sentir en buvant le vin.

Vu que je connaissais les ingrédients du poison, faire un antidote était beaucoup plus simple mais ça allait prendre un peu temps et je ne savais pas si mon client allait tenir assez longtemps.

"Je vais vous préparer l'antidode. Je vous en supplie, tenez bon!"

Les planches de bois, autour, c'était celle d'une petit baraque dans la neige. Il y avait du bruit dehors, les chasseurs sans doute, son père, son oncle, ses cousins... Il faisait froid ici, bien sûr, mais il n'y avait pas de vent au moins. Il fallait garder les yeux rivés sur la fenêtre mais celle-ci était couverte d'humidité et l'on ne distinguait rien depuis cette chaise branlante. Cela faisait au moins quatre ou cinq heures qu'on chassait et rien n'allait en fait... Il était temps de rentrer et d'aller dormir. Mais au lieu de ça, une chasseresse aux cheveux tomate entra et lui offrit à manger. Il n'avait pas vraiment faim. Il se sentait barbouillé. Mais il mangea quand même... et but la boisson offerte. Quelques instants plus tard, il vomit... Non, vraiment, il fallait rentrer à Sombrebois. Ça n'allait pas du tout. Un sourd bourdonnement se fit entendre. Il le craignait. Le sanglier. Ses pas, sa course folle, devaient exciter les chasseurs... mais là, non merci, mieux valait ne pas penser à reprendre la hache. Les Dieux seuls savent comment, le sanglier avait pénétré le petit abris de bois et reniflait autour. Son haleine bruyante envahissait l'atmosphère et rien ne servait de se battre. Ne pas bouger, ne pas parler, ne pas respirer ; voila ce qui restait à faire.

Et Hector tint bon.

Je me hâtais de préparer la potion mais il valait mieux perdre un peu de temps à bien faire plutôt que de se précipiter et rater la potion. J’espère que ce noble me remboursera les plantes car elle sont plutôt chères et rares. Même si la pièce qu'il m'avait couvrait une grande partie de frais, j'aimerais bien gagner un peu plus que d'habitude.

"Allez Dana, tu peux le faire!!" Cela me rassurait et me calmait. J'étais une vraie alchimiste et je ne pouvais pas rater une potion aussi simple.

Une fois finie, je me dirigeais vers mon client, je le vit comme s'il était complètement ailleurs. Mon poison avait plutôt bien marché en fait. Je lui la tête, lui ouvrit la bouche et lui fit boire le contenu de la fiole. Il ne restait plus qu'a espérer que cella marche.

Le sanglier était parti. Hector pouvait enfin respirer. Il pencha la tête en arrière et ferma les yeux. Il se sentit partir...


Un goût bizarre dans la gorge, Hector ouvrit les yeux. En face de lui, une jolie rousse à la poitrine fort développée. Était-il au paradis ? S'agissait-il de sa tendre Kira ? Son regard monta un peu plus haut, au niveau du visage de la jeune alchimiste.

- Bonjour mademoiselle... A qui ai-je l'honneur ?

Ses mains pendaient le long de ses bras. Il les rassembla sagement sur ses cuisses avant de se gratter la barbe.

- Où suis-je exactement ? Si vous m'avez jeté un sort, sachez qu'il ne fut pas si désagréable que ça mais... que je préfère tout de même ce monde ci.

Le baron se leva, légèrement chancelant, et, par réflexe, porta la main à la hachette accrochée à sa ceinture.

C'est bon, elle est toujours là.

Il attendit alors les explications de la demoiselle, tout en tournant en rond dans ce qui semblait être un laboratoire ou un cabinet médical ; difficile à dire... En tout cas, le baron commençait à sentir une certain excitation s'emparée de lui. Sans doute les effets secondaire de l'antidote... Ses pas s'accélérèrent si bien qu'il devait paraître bien étrange à sa sauveuse à tourner ainsi en rond à toute allure dans la petite pièce aux allures de capharnaüm !

Et bien, c'était pas passé loin, j'ai bien cru qu'il allait me mourir entre les doigts. Cela aurait été dommage car j'aurais sans doute eu des problèmes avec la garde. Mais bon, il avait l'air d'aller mieux, un peu trop même. Je le voyais loucher sur mon décolleté avant de regarder mon visage avec un air un peu hagard mais surtout surpris.

Il se leva et à ce moment là que je me rendis compte, J'avais dût avoir la main lourde sur les ingrédients, l'homme ne tenait littéralement plus sur place et marchait partout la pièce. Ce n'était pas grave, la potion serait juste un peu plus chère.

"Vous ne vous rappelez pas? Vous avez été empoisonné alors que vous mangiez dans une auberge. Je vous ai donc amené chez moi et je vous ai soigné. Ce ne sera pas gratuit par contre." lui dis-je avant de lui faire un sourire radieux. "Je suis une âme charitable mais je perds du temps et de l'argent à vous soigner.

En entendant le récit de l'alchimiste, quelques bribes des faits exposés revinrent en tête du baron.

- Ah oui ! En effet, je me souviens de cette auberge ! Enfin... merci de m'avoir soigné !

Hector sortit 5 écus d'or pour payer l'alchimiste. C'était une somme énorme... mais, après tout, elle lui avait sauvé la vie ! Il stoppa sa rapide ronde pour poser les pièces dans la main de la jolie rousse.

- Bon c'est pas tout, mais j'ai fort à faire !

Le baron retrouva son allure de messager pour se diriger vers la porte et l'ouvrit avec toute sa vigueur retrouvée.

- Hum... dans quelle direction se situe l'Esplanade ?

Il était encore légèrement déboussolé... mais il le fut encore plus lorsque trois hommes encagoulés le chargèrent avec fureur pour pénétrer la boutique de Danaë.

- La bourse ou la vie, sale noble ! Cria l'un d'entre eux.

Les deux autres, les lâches, se dirigèrent vers la jeune femme.

- Donne nous l'or ! Et le reste de ta caisse !

Tous trois étaient armés de longs couteaux et ne semblaient guère enclin au dialogue...

5 écus, ouah!! Quelle bourne journée pour moi aujourd'hui. J'avais gagné plus en une heures qu'en une semaine. Puis, je vis les voleurs débarqués en trombe dans ma boutique pour me dévaliser

Je soupirais, encore des inconscients... Pourquoi fallait-ils que des abrutis viennent m'embêter en permanence? Mais bon, j'avais l'habitude. Je leur jetais littéralement aux visages les cinqs écus et je me dirigeais tout doucement vers la pile de caisse où je cachais mon argent en essayant de gagner du temps.

Je leur dis par dessus mon épaule "C'est pas une bonne idée de m'attaquer, je suis la fournisseuse de beaucoup de gang du coin et j'ai besoin de ma caisse pour payer mes herbe. Donc, si vous me dévalisés, vous les dévalisez eux et je crois que les truands n'aiment pas trop ça. D'ailleurs, je pense que le guet qui est posté sur le bâtiment en face de nous vous a déjà vu et a du prévenir ses collègues. Je vous donne environ deux minutes d’espérance de vie si vous ne fuyez pas tout de suite."

Dans son état d'excitation, le baron ne put attendre la fin de la négociation de Danaë. Il s'empara de sa hachette et l'envoya avec la rapidité d'un chat sauvage en travers du visage de son assaillant, faisant gicler un large jet de sang dans la pièce. L'homme, sous la force du coup s'écrasa au sol, lâchant son grand couteau pour tenir son visage ensanglanté comme si sa peau risquait à tout moment de s'en défaire (peut-être le risquait-il réellement) !

Hector se tourna alors vers les deux autres bandits qui écoutait la fin des mots de l'apothicaire, se regardaient d'un air perplexe, puis se tournaient vers Hector qui, les yeux exorbités, tenait une arme dont la lame laissait couler des gouttes rouges, le sang de leur camarade. Ils se regardèrent de nouveau avant de s'enfuir à toutes jambes. Hector fit un croche-pied à l'un d'eux qui s'étala dans l'encadrement de la porte. Le baron posa sa botte sur son dos et cria vers l'extérieur :

- Gaaaaaaaaaaaaaaaardes !

Quelques instants plus tard, une escouade de miliciens arriva pour s'emparer des deux hommes à terre. Le troisième ne leur échapperait sans doute pas...

- Danaë, merci pour tout... et bonne fin de journée ! Je... j'ai passé un agréable moment avec vous - il lorgna une dernière fois, rapidement, nerveusement, inconsciemment, sur la belle poitrine de sa sauveuse - et j'espère que nos routes se recroiseront ! Au revoir...

Et, le visage crispé par quelques tics inconnus, il reprit sa route à travers l'immense et dangereuse Marbrume.

C'était vraiment un tir parfait.

"Wow" dit Danaë a bout de souffle, c'était arrivé si vite. Il en avait tué un si rapidement et les autres s'étaient enfuis en un battement de cils. Elle n'avait jamais vue ça. Mais elle repris vite son esprit, son sens de commerçant reprenant rapidement pied.

"Euuuuuuh.... A votre service monsieur, si j'avais vous avez besoin d'une apothicaire dans le futur. N'hésitez pas à faire appel à moi. Je répondrais volontiers. D'ailleurs, si vous pouviez parler de vous autour de moi, cela m'arrangerait beaucoup."

Elle le salue alors qu'il partait. Pour un noble, il était plutôt sympathique. Il ne l'avait au moins pas prit de haut.