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 Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé]

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Cyrielle DolwenMilicien
Cyrielle Dolwen



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MessageSujet: Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé]   Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé] EmptySam 25 Mar 2017 - 21:55
Elle lui avait donné rendez-vous sur le chemin de ronde qui longeait les remparts de Marbrume. Elle avait précisé qu’elle s’y rendrait peu après avoir pris son déjeuner. Cyrielle avait également pensé à indiquer exactement à quel emplacement du chemin de ronde ils devaient se retrouver. Pourtant, elle était là, à attendre, depuis bientôt une demi-heure. En ville, elle était très loin d’être connue pour sa patience, bien au contraire. Surtout dans le cas présent, il y avait beaucoup de circonstances atténuantes. Le milicien qu’elle attendait là, elle l’avait vu, ils auraient eu mille occasions de se parler, et pourtant aucun ne l’avait fait. La jeune femme avait des choses à lui reprocher. Il avait failli lui faire faire une crise cardiaque, ce cinglé. Elle lui en foutrait des « je pensais bien faire » s’il avait l’audace de lui en servir. Alaric et elle s’étaient retrouvés affectés à la même unité pour la récupération du Labret, et ce, pour les deux missions qui avaient été confiées à ce groupe. Avant ça, ils ne s’étaient pas vus depuis un très long moment.

Il faut dire qu’en dehors de ces évènements, il ne s’était pas passé grand-chose. Elle n’était pas vraiment d’humeur à parler de l’état de son frère, de ce qui lui était arrivé et surtout du pourquoi du comment ils en étaient arrivés là. Si elle le pouvait, elle préférait autant éviter d’en parler. Tout était encore beaucoup trop frais dans sa mémoire, et il fallait d’abord qu’elle s’occupe du cas Miraculé. Elle n’avait pas voulu se proposer comme chef de leur expédition, elle ne voulait pas de cette responsabilité, mais elle avait participé aux décisions prises, et avec l’état dans lequel s’était mis Alexandre, il avait bien fallu qu’elle fasse quelque chose. Avec le recul, en connaissant le résultat, elle aurait préféré ordonner de prendre la fuite avec le lâche. C’est exactement parce qu’elle n’était pas capable de prendre ce genre de décisions qu’elle ne voulait pas ces responsabilités, mais Alaric, sa décision avait été le pompon ! Elle comptait bien le lui faire comprendre, et en plus il la faisait mariner, autant dire que la sauce était en train de se corser.

Elle ne s’était pas particulièrement dépêchée pour arriver ni ne s’était mise sur son trente-et-un, mais tout de même. Elle espérait pour lui qu’il arrivait à l’heure lorsqu’il s’agissait de partir en mission. Attendre ici en territoire milicien en robe n’était pas vraiment dans ses plans. Peu de ses compagnons avaient l’occasion de la voir ainsi, en dehors de son uniforme de serveuse. Ses cheveux légèrement ondulés et bouclés au bout étaient relâchés et venaient flotter devant son visage au gré du vent. Le tableau aurait pu être beau s’il n’y avait pas cette cicatrice sur son visage. Elle n’avait pas l’impression de cesser d’y penser, de sentir sa présence, et elle commençait à s’en inquiéter. C’était fatigant de toujours avoir cet élément négatif dans un coin de son esprit alors qu’elle avait clairement plus important à faire. Elle ne pouvait plus remédier à ce fait, alors pourquoi est-ce qu’elle continuait à en être complexée, même inconsciemment, elle se le demandait parfois. Heureusement, Alaric avait enfin décidé de pointer le bout de son nez pour la sortir de son début de morosité. Elle ne devait pas se laisser aller tout de suite. La milicienne s’était mise à avancer vers lui d’un pas chargé, un sourire mesquin sur le visage et sa robe entre ses mains crispées pour être certaine de ne pas tomber lamentablement. Il n’avait même pas encore eu le temps de la saluer ou de s’excuser qu’elle avait mis sa tête sous son bras et qu’elle lui frottait furieusement les cheveux.

✧ Oh ‘spèce de sale gosse, j’te jure que j’te f’rais la peau un d’ces quatre si t’as l’malheur de r’commencer tes conneries !

Elle le lâcha enfin, s’éloignant un peu alors que sa respiration était plus laborieuse. Elle lui souriait enfin honnêtement, soulagée de l’avoir en face d’elle bel et bien vivant. C’était comme si elle avait eu un doute. Une mine inquiète ne tarda pourtant pas à déformer ses traits à nouveau. Elle avait réellement peur pour lui et elle aurait regretté de ne pas être allée lui parler pendant toute cette expédition folle si elle n’avait pas pu le voir à nouveau après celle-ci. Elle ne savait pas ce qui les avait tenus à distance, elle ne savait pas ce qui l’avait retenue d’aller le voir pour prendre de ses nouvelles. Certainement qu’elle avait réagi par automatisme. Ces propres amis ne se montraient jamais vraiment amicaux avec elle devant d’autres. Était-elle partie du principe qu’il n’apprécierait pas ce genre d’initiative, qu’il allait l’ignorer, ou même qu’il la rejetterait si elle décidait de faire le premier pas ? Elle n’en avait aucune idée, et elle aimait se dire que c’était faux. Cyrielle n’était plus une adolescente après tout, elle était adulte, elle n’avait pas peur d’assumer ses actes et leurs conséquences. Elle n’avait pas peur d’être blessée ou humilier, elle aimait se croire plus forte que ça, au-dessus de ces considérations.

✧ Plus sérieusement, j’ai vraiment eu super peur pour toi. T’as une de ces chances de pas être tombé. En tout cas, j’suis contente qu’t’aies pu venir. Et qu’est-ce qui t’a pris aussi longtemps pour commencer ?!

Elle prit quelques instants pour mettre ses mains sur ses hanches et pencher la tête pour le regarder de plus près. Il avait l’air un peu prêt aussi essoufflé qu’elle, ce qui n’était pas étonnant. Il n’avait pas l’air particulièrement débraillé non plus, mais il avait tout de même quelques cernes sous ses yeux et elle soupçonnait qu’il avait également quelques bandages sous ses vêtements. Les siens avaient le mérite d’être bien moins visibles que dans son cas.
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MessageSujet: Re: Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé]   Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé] EmptyJeu 30 Mar 2017 - 22:36
Il dormait mal la nuit. Perdu dans ses pensées, son esprit travaillait sans cesse et ne franchissait que très peu les limbes d’un sommeil réparateur. Avant la mission suicide du Labret, Alaric avait toujours cru que les hommes devaient s’allier contre les créatures qui lui avaient tout pris. Malgré la présence de bannis, de bandits et autres malandrins peu fréquentables, il avait gardé foi en l’humanité. Cette espérance utopique était tombée aux oubliettes. Sa rencontre avec Séraphin l’avait changé définitivement. Des hommes étaient mauvais, et pire que ça, ils le revendiquaient. C’était comme s’ils ne craignaient pas le fléau, trop occupés à garder un œil sur leurs basses besognes. Le danger ne venait pas des Fangeux, mais des hommes eux-mêmes. Comment pouvait-on combattre les deux camps en même temps ?

Trempé de sueur, il balança ses jambes par-dessus son lit de bois. Il prit sa tête entre ses mains et respira profondément. Si au moins le mois d’Août pouvait se montrer un peu plus respirable ! Trouver les bras de Morphée se révélerait sans doute plus aisé. Enfin, la fatigue qui le tenaillait n’était pas trop problématique, puisqu’il n’avait pas de missions programmées pour le lendemain. Un rendez-vous avec une ancienne amie figurait dans son agenda bien maigre. Cyrielle. Il aurait voulu que leur mission commune connaisse de meilleures issues. Au moins n’avait-elle pas été blessée gravement. Pas physiquement, du moins. Mais en apparence, Alaric aussi semblait aller bien.

Il se leva et s’aspergea le visage d’eau froide. Il pensa regagner son lit puis abandonna cette idée. Il ne s’endormirait plus, pas dans l’immédiat. Il enfila son armure de cuir, cacha sa précieuse dague à ses côtés et sortit en silence. Il déambula dans le quartier de la milice sans but, si ce n’est essayer de mettre un peu d’ordre dans ses tortueuses réflexions. Il monta aux remparts et fit un bref signe de tête aux collègues qui y étaient assignés. Fort heureusement, personne ne l’empêcha de rester là et il s’assit sur le rebord, les jambes pendant dans le vide. Il s’appuya sur ses deux mains derrière lui et bascula sa tête légèrement en arrière, fixant le ciel noir moucheté d’étoiles. Combien de fois pourrait-il encore l’admirer ?

***

Il avait faim. Son ventre criait famine depuis un long moment, mais la sensation de tenaille n’avait pas été suffisamment forte pour le réveiller jusqu’à maintenant. Alaric ouvrit les yeux. Le ciel avait troqué son bleu nuit pour faire place à un bleu clair, illuminé d’un soleil rayonnant. Il se redressa, passa une main dans ses cheveux trop longs et cligna des yeux. Bizarrement, il se sentait reposé. Il ne savait pas quand ni comment il avait fini par plonger. La fatigue avait eu raison de ses tracas. Il prenait conscience de la dangerosité de son acte, bien que sur les remparts, personne n’aurait pu- dû- s’en prendre à lui lorsqu’il piquait un somme.

Alaric bailla et se redressa. Il aperçut un autre milicien non loin de lui qui le dévisageait, l’œil mauvais. Le pauvre avait passé la nuit à faire le guet, et lui s’était endormi au même endroit. Il descendit des remparts et passa à la caserne chercher un quelque chose à grignoter. La plupart des tables de bois avaient déjà été débarrassée, quelques soldats buvaient ou terminaient leur dîner. C’est à ce moment-là qu’il comprit que l’après-midi avait déjà débuté. Pas étonnant que son estomac ne cesse de le ramener à l’ordre. L’idée de se faire enguirlander par ce dernier l’amena à se souvenir de Cyrielle.

- Merde, lâcha-t-il en attrapant un quignon de pain – le dernier restant- agrémenté d’une confiture de cerises.

Il l’engouffra et sortit de la caserne plus vite qu’il n’y était entré. Elle allait le tuer. Il ne savait pas exactement de combien de minutes il était en retard, mais ça risquait de barder. Il courut le long du chemin de ronde, se rappelant avec précision le point de rendez-vous. Il faillit ne pas la reconnaître. Ses cheveux, habituellement attachés pour une question de pratique, ondulait autour de son visage. Elle ne revêtait aucune armure, mais une robe fine qui flottait au gré du vent. Tout d’un coup, elle lui semblait beaucoup plus jeune.

S’il avait préparé une phrase d’excuse, il n’eût pas le temps de l’employer. Cyrielle l’avait repéré dès le départ, et s’occupait – à sa manière, de lui dire bonjour. Il ne protesta pas et se contenta de s’éloigner une fois qu’elle lui eut ébouriffé les cheveux sauvagement. Il passa une main nonchalamment dans sa chevelure déchainée avec le mince espoir de l’aplatir quelque peu, tandis que son amie continuait de le sermonner. Il lui sourit.

- Moi aussi, je suis heureux que tu n’aies rien.

Il marqua une pause. Hésitant, il continua :

- En fait, je me suis assoupi. Euh… tu n’attends pas depuis trop longtemps, j’espère ?

Il préférait ne pas s’attarder sur la raison de son retard. Il en avait terriblement honte, d’autant plus que ça ne lui ressemblait pas du tout.

- Et puis, y’avait aucune chance que je tombe, tu me connais.

Il essayait de blaguer, mais même à ses oreilles, ses paroles sonnaient faux. Il serra les poings.

- Si Tancrétin ne s’en était pas mêlé aussi…

Le jeune homme haussa les épaules.

- C’est derrière nous.

Il essayait de s’en convaincre toutes les nuits.

- Comment vas-tu depuis ?
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MessageSujet: Re: Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé]   Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé] EmptyMar 25 Avr 2017 - 22:50
- Moi aussi, je suis heureux que tu n’aies rien.

Sur le moment, elle avait inspiré, prête à rétorquer, certaine de trouver une remarque inquiète à lui servir, peu importe son argument. Sa bouche se referma donc, un peu comme un poisson hors de l’eau, sur ce constat qui, il fallait l’admettre, lui mettait un peu de baume sur le cœur. Évidemment, qu’elle s’était inquiétée pour lui et qu’elle en avait peut-être fait un peu trop cette fois, mais son soulagement et sa joie avaient dépassé ses pensées et agis à sa place. Malgré les évènements, elle se sentait plus proche de lui et elle ne pouvait pas imaginer qu’il n’en était pas de même pour lui, en toute amitié bien sûr.

✧ Oh ça va, c’pas digne d’un troubadour, mais j’passerais l’éponge pour c’te fois. Veinard va.

Elle disait ça, mais sa tête ne criait pas victoire, ou du moins pas vraiment. Le fait que ces cheveux commençaient à être beaucoup trop longs n’avait pas pu lui échapper alors qu’elle avait dû faire attention de ne pas y emmêler ses doigts lors de son accueil. Les cernes sous ses yeux lui avaient mis la puce à l’oreille, mais pour ce qui était du reste, elle était totalement aveugle à l’ampleur de ses troubles. Peut-être qu’Alaric était plus à l’aise dans ce cas, peut-être que ça l’arrangeait, mais Cyrielle ne pouvait rien changer à la situation. Les signes n’étaient pas assez évidents, et qui était-elle pour dire qu’il avait sale mine alors qu’elle ne s’en sortait pas de manière plus élégante. Heureusement, le sommeil ne la fuyait pas, ou du moins pas encore.

Elle l’écoutait faire le malin, souriant en coin au fait qu’ils étaient sur la même longueur d’onde désormais. Elle savait que s’inquiéter et lui reprocher son comportement imprudent ne servait à rien, mais se débarrasser de ce poids qu’elle avait sur les épaules et de cette envie de l’enguirlander un bon coup était plus important pour elle. Jusqu’au moment où il se mettait à évoquer Tancrède. Les traits de la milicienne s’étaient durcis et sa mine renfrognée l’encourageait à ne pas poursuivre sur ce fil de discussion. Qu’elle le charrie au sujet de ce qui s’était passé n’était pas la même chose qu’évoquer sérieusement Tancrède. Elle l’avait encore en travers de la gorge, tout comme le pète au casque qui avait fait agir Leramey alors qu’il était si bien inconscient contre un arbre.

Lui aussi semblait être plus qu’heureux de ne pas aborder sérieusement la question. Au vu du surnom qu’il avait donné à Tancrède, on pouvait clairement sentir la rancune qu’il gardait à son égard. Après tout, un fait qui ne cessait de revenir dans son esprit était que sa vie, durant cette expédition, n’avait tenu qu’à un fil, et celle d’Alaric également. Ils n’étaient pas passés loin de la case cadavre définitivement mort. Tout ce qu’elle savait était que son ambition de vengeance ne pouvait pas être menée à bien, c’était un adversaire qui n’était pas dans sa catégorie, et si les connexions qu’il disait avoir étaient si importantes, ce n’était pas près d’arriver. Ce genre de sangsue qui en plus pouvait s’immiscer et comploter sous la cape et la protection de la noblesse la rendait malade et lui donnait envie de vomir ses tripes. Seulement un petit nombre de personnes pouvait réellement s’attaquer à lui, et ceux qui le pouvaient n’était peut-être même pas au courant de la menace qu’il représentait. Il devait forcément avoir quelque chose à leur proposer pour qu’ils acceptent que lui et ses pirates pillent ainsi les convois de Marbrume, surtout en un temps de famine pareille. Bref, il valait mieux qu’elle arrête d’y réfléchir ou sa tête n’allait pas tarder à exploser.

✧ Eh bien, on fait aller, j’suppose. J’essaye de m’reposer en attendant qu’ça guérisse. Même si c’est surtout mon égo qui doit guérir.

Elle avait dit ceci en riant, sur le ton de la plaisanterie, mais la vérité n’était pas cachée très loin sous ses mots. Elle n’avait aucun doute qu’Alaric saurait lire entre les lignes et comprendre où elle voulait en venir. Elle ne se faisait pas beaucoup d’illusions sur sa carrière, mais tout de même, elle savait qu’elle était capable de mieux que ça. Pourtant, elle était également certaine qu’ils n’étaient pas au courant de tout, et que certains évènements leur avaient échappés. Certaines choses qui s’étaient passées entre les autres groupes d’assauts et les pirates, ou alors d’autres magouilles qui avaient eu lieu dans le Labret, au nez et à la barbe de tous. Elle ne pouvait pas se résoudre à expliquer leur échec par leur seule incompétence.

✧ Puis, faut surtout pas qu’ma mère voie ça, elle s’inquiète beaucoup trop. Elle supporte pas d’me voir avec des bandages, alors j’évite de rentrer. Puis, si t’as eu l’temps d’entendre des rumeurs depuis quelques mois, tu sais certainement qu’c’est pas la joie non plus, mais j’préfères pas m’plaindre.

Elle avait été un peu naïve de penser qu’il ne serait pas au courant. Après tout, son frère possédé faisait du grabuge dans tout Marbrume, et maintenant qu’un couvre-feu était instauré, elle avait plus peur que jamais qu’il soit tué s’il avait le malheur de fuguer et de ne pas revenir avant la nuit tombée. Toutes ses inquiétudes lui laissaient en fait bien peu de repos en dehors de ses heures de sommeil pendant lesquelles, heureusement pour sa santé mentale, elle ne rêvait pas de Jacob. Elle ne pouvait pas continuer de le materner, mais arrêter de s’inquiéter n’était pas une option pour autant. Elle savait que les rumeurs allaient bon train à son sujet, ses apparitions en ville étaient remarquées et les mauvaises langues n’hésitaient pas à cracher devant la taverne. Si elle n’avait pas été milicienne, elle était certaine qu’on lui cracherait dessus également. Ou alors, peut-être que c’était égocentrique et nombriliste de penser que tout le monde parlait d’elle et de son frère ? Les miliciens qui lui ramenaient Jacob n’étaient pas du genre à alimenter le moulin à rumeurs. Pourtant, il était probable qu’il les ait entendu se plaindre à plusieurs reprises à son sujet. Il n’était pas dit non plus qu’il ferait le lien, que savait-il réellement d’elle de toute façon. Il valait mieux qu’elle arrête ses réflexions à ce stade, encore un peu et elle se croirait déprimée.

✧ T’as plus de chance que moi j’espère. On dirait qu’tu t’es fait un copain ?! Le milicien barbu, Leramey. On dirait que vous vous entendez bien.

Elle n’avait pas pu s’empêcher de le remarquer. Ils avaient semblé proches, et elle avait été envieuse d’être aussi à l’aise pendant quelques instants. Ce qui était ridicule de sa part.

✧ J’espère que toi aussi tu t’remet bien, même si ça a pas l’air d’être la joie.
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MessageSujet: Re: Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé]   Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé] EmptyMar 2 Mai 2017 - 20:29
Alaric hocha la tête. Sa fierté aussi en avait pris un sacré coup. En réalité, plus il ressassait cette histoire, plus il se disait que cette expédition avait toujours été vouée à l’échec. Des pirates volaient dans l’ombre, des contrebandiers avaient des affaires à mener et d’autres hommes malhonnêtes affichaient des sourires sincères avant de vous poignarder dans le dos. Et vous ne vous rendiez jamais compte de rien. C’est ce que le jeune milicien se disait, depuis quelques jours. Il avait rencontré le Séraphin et ce dernier leur avait livré quelques informations. Mais il s’était contenté de leur donner ce qu’il voulait, pas ce qui était réellement important. L’homme serait dur à faire tomber, mais Alaric y mettrait tout son cœur. Devant les Trois, il l’avait juré.

Il était sur le point de lui parler de ses tortueux raisonnements quand Cyrielle reprit la parole. Le jeune homme passa sur la mère inquiète que son amie avait – lui aussi, aurait aimé toujours l’avoir- pour se concentrer sur les rumeurs qu’elle venait d’évoquer. Il fronça les sourcils. Aurait-il dû être au courant de quelque chose ? Il fouilla sa triste mémoire, mais n’y trouva rien qui collait avec les paroles de la milicienne.

- Quelles rumeurs ? lâcha-t-il simplement, les bras croisés sur sa poitrine.

Il avait senti dans la voix de Cyrielle de l’angoisse, de la peine aussi. Brusquement, il eut envie de l’aider. La milicienne était certainement sa seule amie dans toute la ville, il pouvait bien se montrer un peu plus compréhensif qu’à l’accoutumée. Surtout, il préférait écouter les soucis de la jeune femme afin d’éviter les siens. Était-il donc si égoïste ?

- Leramey m’a sauvé la vie. Je lui en dois une. Ça s’arrête là.

Il balaya l’espace d’une de ses mains, afin de lui signifier qu’il passait à autre chose.

- C’est pas la joie pour toi, surtout. Parle-moi de ces rumeurs. Tu as des ennuis ?

D’un signe de tête, il lui proposa de marcher le long du chemin. Du coin de l’œil, il la détailla alors. À cause de sa cicatrice sur une partie de son visage, Cyrielle avait souvent un air rude, des traits marqués qui pouvaient vous intimider. Au début, Alaric n’avait pas toujours été capable d’interpréter ses paroles, ses pensées. Il avait commencé à la connaître, mais aujourd’hui, il découvrait une nouvelle facette de la jeune femme. Peut-être était-ce parce que ses cheveux flottaient dans le vent et que sa taille féminine était cintrée par une robe, et pas par une armure de cuire. Elle lui semblait plus fragile. Et pourtant, il ne doutait pas un seul instant que, si un quelconque danger se présentait face à eux, elle n’hésiterait pas à agir promptement et avec hargne, comme elle savait si bien le faire. Mais pas devant moi. Peut-elle baisser sa garde, face à moi ?
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MessageSujet: Re: Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé]   Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé] EmptyMar 16 Mai 2017 - 22:47
Évidemment, en bon compagnon inquiet qu’il était, il s’était attardé sur ses soucis plutôt que sur les questions qu’elle lui avait posées. Cyrielle n’arrivait pas à déterminer s’il ne voyait réellement pas de quoi elle parlait, s’il ne savait juste pas qui était son frère ou s’il n’avait vraiment rien entendu à ce sujet. L’option de faire l’ignorant devant elle afin de ne pas donner un avis avant d’avoir tous les éléments était exclue d’office de son esprit. C’était presque rassurant, de savoir qu’elle n’était pas le centre de Marbrume, et que sa famille souffrait beaucoup moins des rumeurs que ce qu’elle pensait. Le bar avait toujours l’air d’être bien assez fréquenté pour leur permettre de manger et vivre. Elle ne les entendait pas se plaindre, il était certainement temps qu’elle s’inquiète un peu moins pour eux. Elle n’était certainement pas capable de beaucoup les aider avec ses maigres économies. Toujours est-il qu’elle allait certainement devoir lui expliquer toute cette situation. Surtout que la discussion Leramey semblait également close. Elle était d’ailleurs un peu partagée quant à sa réponse. Il ne voulait pas s’attarder sur le sujet et elle ne savait pas si c’était encore son égo qui ne supportait pas de devoir sa vie et ainsi un service aussi important à quelqu’un, ou si l’avis qu’il avait de ce dernier n’était pas très reluisant. Il avait pourtant voté pour lui afin qu’il prenne la tête de leur groupe, ça valait certainement quelque chose. Dans ce cas, pourquoi ne pas vouloir parler d’un ami ?

La milicienne ne pourrait pas répondre seule à cette question. Surtout si Alaric lui-même ne souhaitait pas lui donner une réponse. Peut-être qu’elle réfléchissait trop au sujet de choses qui ne la regardaient pas. Certainement que son esprit, aussi peu féminin et fouille-merde soit-il, se faisait des histoires à partir de détails insignifiants. Voilà déjà que le milicien revenait sur le sujet des rumeurs. Il lui avait fait signe pour lui proposer de marcher le long du chemin de ronde et elle accepta volontiers, ne se faisant pas prier. Lorsqu’elle marchait avec quelqu’un, ce qui arrivait plutôt rarement, elle avait développé un réflexe, une habitude. Depuis son « accident », elle se plaçait toujours à gauche des gens dès qu’elle en avait l’occasion, leur présentant le côté valide de son visage lorsqu’elle ne les regardait pas. Surtout depuis les récentes rumeurs de contamination et de morsures, elle était tout particulièrement prudente et elle devait l’être. Pourtant, dès le premier pas qu’elle s’apprêtait à faire, elle jeta un regard au milicien, et il ne lui fallut que quelques secondes pour prendre la décision consciente de rester à sa droite. L’instant n’avait duré que quelques secondes à peine, mais c’était une petite étape en soi pour elle. Il était le premier depuis ses amis d’enfance à qui elle accordait volontairement sa confiance. Les miliciens de son équipe ne comptaient pas, elle n’avait pas d’autre choix que de leur accorder un minimum de confiance. En dehors de ses parents, elle ne se permettait pas ce genre de comportement, c’était une proximité qui avait son importance.

Malheureusement, elle avait tendance à avoir de hautes attentes pour les gens à qui elle accordait ce niveau de confiance. Pourtant, au moment de se mettre en route, elle se sentait plutôt sereine et se raccrochait de toutes ses forces à ce sentiment d’un poids qui tombait de ses épaules. Un sourire s’imprima sur son visage et après un soupire, s’envola pour la laisser entamer une petite explication de la situation. Elle essayait de réfléchir à la manière de le dire. Encore une fois, elle ne voulait pas se plaindre à proprement parler, elle n’était pas la plus malheureuse dans cette histoire. Pourtant, il n’y avait rien de drôle ou de plaisant à raconter. Il ne tenait qu’à elle de faire de ce sujet de discussion quelque chose de temporaire qui n’alourdirait pas trop l’atmosphère entre eux. Heureusement, entre la ville et leurs pas, le silence de leur conversation était meublé par des bruits et des sons de la vie qui grouillait à quelques mètres d’eux.

✧ C’pas moi, c’est mon frère. L’est plus lui-même d’puis un moment. Il fugue et il fait du grabuge un peu partout où il passe. Il nous r’connait même plus.

Cyrielle marchait plutôt lentement, profitant d’être un peu en hauteur par rapport à la ville pour apprécier la brise qui soufflait sur la partie valide de son visage. Le sel et l’atmosphère marine sur sa cicatrice lui avaient longtemps gâché la vie, la faisant souffrir au quotidien dès qu’elle devait laisser « respirer » sa peau. Les picotements avaient arrêté depuis bien longtemps, et son visage avait perdu quasi toute sa sensibilité de ce côté-là. Pourtant, elle l’exposait à Alaric en ce moment même. Une faiblesse qui l’avait rendue plus forte et qui avait fait d’elle ce qu’elle était aujourd’hui. C’était une manière supplémentaire d’assumer, de s’avouer qu’elle avait parfois envie de s’inquiéter de ce que les autres pensaient d’elle, si elle savait que quelque chose de positif pouvait en ressortir.

✧ J’pense qu’il est possédé, mais la Trinité a mieux à faire que d’s’occuper de l’guérir. Après tout, faut bien qu’y ait quelqu’un pour sauver nos miches, on peut pas tout avoir, j’suppose. J’lai déjà trimballé au Temple, mais ça a rien donné.

Elle continuait de marcher, de poser un pas devant l’autre. Parfois elle regardait le milicien, parfois la mer, parfois droit devant elle. Elle ne savait pas ce que le futur lui réservait, ni à elle ni à son frère. Pourtant, elle espérait bien faire tout ce qu’elle pouvait pour le récupérer. Elle n’était pas très à l’aise sur ce sujet. Son ami était l’un des mieux placés pour savoir ce que ça voulait dire de perdre sa famille, ceux avec qui on avait grandi et de n’avoir aucune chance, aucun espoir de les revoir un jour. Pourtant, c’était un autre genre de cruauté que de vous laisser cette personne, de la laisser vivre là, juste sous vos yeux, mais de vous empêcher de l’atteindre. Elle était tiraillée par cette sensation.

✧ J’veux pas pleurnicher sur ton épaule. J’te dis juste c’qui se passe. J’vais m’en sortir, d’une façon ou d’une autre. J’sais juste pas encore comment, mais ça viendra.
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AlaricGarde de Sombrebois
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MessageSujet: Re: Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé]   Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé] EmptyDim 21 Mai 2017 - 20:41
Son amie mit quelques instants à lui raconter ce qui la tracassait. Tous deux marchaient côte à côte, lentement et appréciant simplement leur discussion. Alaric avait le sentiment d’être au calme pour la première fois depuis des semaines. Rien ne pressait, aucune épée n’était fixée au-dessus de sa tête. Pas de mission suicide, pas d’histoire de traîtrise, ni de saoulards empotés qui pouvaient troubler ce moment de tranquillité. Lorsqu’il prit conscience de cette occasion fort rare, il décida de mettre tout en œuvre pour en savourer chaque instant. L’eau ne restait pas calme et sans vagues éternellement, la vie le lui avait bien souvent démontré.

Le milicien écoutait attentivement les dires de Cyrielle. Il avait entendu parler de ce jeune fauteur de troubles, mais ne s’était jamais douté qu’il s’agissait de son petit frère. De plus, étant donné qu’il était plus à l’aise avec les interventions en dehors de Marbrume, il n’avait jamais été confronté à cet enfant possédé. Il comprenait mieux désormais les marques de soucis et de traquas qui soulignaient les traits de Cyrielle. Hélas, il se sentait terriblement impuissant. C’était bizarre. Lorsqu’il lui avait demandé de lui en parlé, il n’avait jamais pensé qu’il ne trouverait pas de solutions. C’était comme si, dès le départ, il avait pensé que ce n’était pas grand-chose, qu’il réglerait le problème et que tout redeviendrait gentil et mignon. C’était une drôle d’impression, sur laquelle il n’était pas capable de mettre des mots clairs.

Il resta muet quelques secondes, alors que des pensées diverses et peu cohérentes s’affrontaient en lui. Que devait-il lui dire ? Y’avait-il une bonne réponse ? Était-il à ce point inutile ? Cette simple idée le tiraillait. Maintenant qu’il reconnaissait Cyrielle comme son amie, il ressentait une pression qui planait sur ses épaules. Il ne voulait pas commettre d’erreurs. Fini le comportement taciturne et je-m’en-foutiste dont il avait fait preuve pendant presque trois ans.

- Qu’est-ce que tu racontes ? Si y’a quelqu’un qui a le droit de se plaindre, c’est bien toi.

Puisque son esprit se maintenait sombre et tortueux, il décida de l’ignorer. Les mots franchissaient ses lèvres sans qu’il ne sache ce qu’il allait dire. Il découvrait ses propres paroles au même moment que Cyrielle.

- Avant, je pensais que l’homme était bon, Cyrielle.

Il était rare qu’il prononce son prénom à voix haute. Sans doute était-ce une manière à lui de lui témoigner de l’importance.

- Mais après ce qu’il s’est passé, je sais que c’est faux. Je me berçais dans cette folle idée, peut-être ne voulais-je pas croire ce que je voyais. Nous avons des monstres en face. Mais l’homme est trop bête pour s’en préoccuper. Il préfère sa petite personne et les pièces d’or à fourrer dans sa bourse.

Il marqua une pause.

- Pourtant, je pense que les Trois ne nous laisseraient pas ainsi, sans rien faire. Il doit y avoir une raison. Ce sont des messages qu’ils nous envoient, tu ne crois pas ? Si le Séraphin nous a laissés en vie, c’est qu’il y a une bonne raison. Et je pense bien que c’est la même chose pour ton frère. Peut-être a-t-il un message à nous délivrer ? Nous ne savons juste pas comment l’écouter… Mais je suis sûr que tu trouveras.

Il lui offrit un sourire sincère. Avoir parlé de manière aussi directe lui fit un bien fou. Finalement, lorsqu’il s’agissait de trouver les mots, il suffisait peut-être de les laisser venir d’eux-mêmes.
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Cyrielle DolwenMilicien
Cyrielle Dolwen



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MessageSujet: Re: Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé]   Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé] EmptyMer 31 Mai 2017 - 20:17
Ils marchaient. En tant que miliciens ils le faisaient déjà bien plus que les civils, mais en étant dans la milice extérieure, c’était une activité loin d’être anodine. Ils marchaient et courraient bien plus souvent dans des conditions dangereuses et suicidaires qu’autre chose. Pourtant, c’était reposant de marcher, faire quelque chose qui ne nécessitait aucune réflexion. Elle était presque détendue ainsi, en sa compagnie. Presque, uniquement parce qu’ils étaient sur le chemin de ronde et qu’ils étaient en ville. S’il y avait bien une chose qu’elle avait apprise, c’était qu’il y avait autant de danger au-dehors qu’à l’intérieur des remparts, ce danger ne faisait que prendre une forme différente et bien plus discrète. Cependant, ce danger ne l’empêcha pas de pouffer légèrement de rire à l’affirmation d’Alaric. Elle savait qu’elle avait le droit de se plaindre, et même si ce n’était pas le genre de réaction qu’elle voulait susciter, haïssant la pitié, elle était quelque part soulagée par ce qu’il disait.

Pourtant, le ton de la discussion était très rapidement redevenu très sérieux et elle se tourna vers lui, le visage inexpressif. Qu’il prononce son prénom et la manière avec laquelle il l’avait fait n’avait pas manqué d’attirer son attention. Lorsqu’il avait dit ça, elle avait su qu’il était déçu, qu’il avait perdu une part de naïveté, qu’il ne pouvait plus se permettre de penser de cette manière. Pourtant, elle ne pouvait que remarquer dans ces premiers mots que cette fois c’était lui qui était « optimiste » comparé à elle. Même s’il les qualifiait de monstres et d’égoïstes, égocentrique, il laissait entendre que c’était par ignorance ou par peur. Contrairement à la milicienne qui s’était persuadée qu’être malhonnête et salaud était devenu leur mode de vie et leur façon d’être. Que toutes ces mauvaises choses qu’ils leur faisaient subir étaient intentionnelles et faisaient partie de leurs objectifs ! Elle n’avait aucun moyen de le prouver, mais c’était une impression, une sensation qu’elle avait. Le Séraphin et ses pirates ne pouvaient pas causer autant de torts sans réellement le vouloir, elle ne le croyait pas.

Contrairement à ce que Cyrielle pensait, le message final était de l’espoir. L’espoir que tout ceci avait un sens, que ce qui leur arrivait cachait une bonne raison, une justification à la hauteur de leurs sacrifices. Elle ne pensait pas que la Trinité leur avait tourné le dos, mais elle savait qu’ils n’étaient pas les seuls à avoir besoin de leur protection, de leur présence ou de leur clairvoyance. Les laisser en vie était au premier abord quelque chose de stupide, mais s’il espérait les manipuler ou avoir une emprise sur eux, ce n’était pas totalement débile. Ils n’avaient aucune idée de ce qui se tramait dans son esprit, et deviner sans indice ne la mènerait à rien, mais elle ne pouvait pas nier qu’il avait une part de vérité. Elle avait envie de croire qu’il y avait une raison et qu’elle traversait ceci pour leur permettre de mieux avancer vers l’extermination de la fange. La jeune serveuse se mit à sourire et le regarda sincèrement.

✧ Merci Alaric.

Ce qu’il lui disait était mieux que ce à quoi elle pouvait s’attendre, ou ce qu’elle pensait avoir besoin d’entendre. Il croyait sincèrement en elle, et sans lui dire que tout était rose dans le meilleur des mondes, il savait lui montrer l’impact qu’elle avait sur les évènements. L’impact qu’avait la Trinité sur leurs joies et comment ils atténuaient même leurs plus grandes peines. Elle ne pouvait pas prétendre savoir ce qu’ils leur réservaient ou ce qu’ils essayaient de leur communiquer, mais il était évident pour elle qu’ils faisaient leur possible pour les sauver. Tout comme Alaric et elle faisaient leur possible pour s’en sortir et combattre les fléaux de leur entourage. Cyrielle ne savait pas combien de temps elle allait garder la tête hors de l’eau cette fois, jusqu’à ce qu’elle retourne voir sa mère ou des abominations sans doute, mais c’était toujours ça de gagner.

✧ Ouais, t’as raison j’finirais bien par trouver c’qui lui arrive.

Elle continuait d’avancer, partageant le sourire du milicien. Elle n’était pas si mal que ça finalement. Elle se mettait souvent à penser à toutes les situations plus horribles dans lesquelles elle pouvait se trouver pour ne pas passer trop de temps à se lamenter. Ce n’était pas son genre et elle ne s’autorisait pas à se laisser aller à ce genre de choses, pourtant, c’était dans la nature humaine de convoiter ce qui n’était pas à sa portée. Elle voulait réellement chérir ce qu’elle avait acquis, même seulement temporairement, et l’estime d’Alaric, ainsi que son amitié en faisaient désormais partie. Ce fait était, par contre, loin d’effacer les inquiétudes qu’elle pouvait avoir à son sujet. Elle décida de laisser couler pour cette fois, au moins le temps de laisser flotter la joie entre eux.

✧ En tout cas, y s’rais temps qu’tu t’trouve une donzelle pour changer tes bandages ! Y d’vraient déjà être guérit sur un gaillard comme toi…
✧ D’ailleurs, t’as commencé à la cherché ton amie d’enfance ? Tu sais, celle dont tu m’avais parlé l’aut’fois.
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Alaric



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MessageSujet: Re: Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé]   Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé] EmptyMar 6 Juin 2017 - 21:21
Elle le remercia et elle sentit que son amie était sincère. Une partie de lui-même en fut soulagée. Il avait intégré la milice parce que c’était la seule manière pour lui de se rendre utile, parce qu’il avait soif de vengeance. Cette soif demeurait toujours au fond de lui et resurgissait toujours dans le feu de l’action, il ne pouvait l’ignorer. Néanmoins, il n’obtenait plus seulement de la satisfaction pour lui-même, mais également pour les personnes qu’il avait été en mesure de protéger. C’était une seconde nature qu’il avait remarquée chez lui, lors de la terrible attaque du quartier de la Hanse. Après les événements qu’il avait subis, il n’avait pas pensé être ce genre de personnes : altruiste et généreux. Mais c’était indéniable. Pourquoi s’était-il donc dénigré à ce point ? Parce qu’il n’avait pas su protéger ceux qui lui étaient chers. Les cris d’Ellaine résonnaient toujours dans ses cauchemars… quoiqu’il n’ait pas besoin de fermer les yeux pour les entendre le supplier. Les remerciements qu’on lui avait adressés à la fin de ses missions l’avaient touché petit à petit. Aujourd’hui, ce n’était pas dans le cadre de son travail qu’il avait agi, mais il s’était adressé à sa seule amie dans l’espoir de l’aider. Savoir qu’il lui avait été utile le bonifiait.

Lorsqu’elle ajoutait qu’elle finirait par y arriver, il lui donna un coup de coude en rigolant, tandis qu’un « mais oui » presqu’inaudible franchissait ses lèvres. S’il y croyait, peut-être y croirait-elle aussi ? Était-ce comme cela que les choses devaient fonctionner ? Il se posait trop de questions.

Alaric grimaça pourtant lorsqu’elle poursuivit leur petite discussion. Cyrielle était d’avis de lui parler plus légèrement, il ne pouvait l’en blâmer. Il se contenta de hausser les épaules.

- C’est qu’elles étaient pas bien belles, ces blessures. T’inquiète pas trop, c’est en bonne voie de guérison.

Un mince voile de tristesse assombrit ses yeux bleus avant qu’il ne reprenne.

- Rien trouvé. Aucun membre de la famille d’ailleurs. Je me suis fait une raison. Tu vois, si je la revoyais vraiment, je serais très heureux. Mais j’imagine qu’on mène chacun notre vie de notre côté maintenant. Puis bon… Elle aimait un fermier, pas un tueur sanguinaire de bestioles démoniaques.

Il sourit.

- Et mon beau corps est abîmé, maintenant.

Il avait parlé sur un ton presqu’enjôleur. Déjà lors de leur première rencontre, il s’était montré quelque peu arrogant, préférant cacher ses craintes derrière un sourire qu’il pensait faux. Mais la vérité était bien là : faux, il ne pouvait l’être avec Cyrielle. C’était rafraichissant et il préférait en profiter. Il ne savait pas ce que les Trois lui… leur réservaient.
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MessageSujet: Re: Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé]   Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé] EmptySam 1 Juil 2017 - 16:18
Elle sentait qu’Alaric essayait de plaider sa cause sans trop de conviction. Quelque chose lui disait qu’il n’était pas vraiment convaincu par ses propres mots. Non pas qu’elle pensait qu’il n’avait écopé que de quelques égratignures. Elle avait été témoin des nombreuses blessures qui lui avaient été infligées, il avait eu son lot comme tous les autres miliciens présents à cette foutue embuscade. Pourtant, elle avait l’impression que quelque chose l’empêchait de prendre soin de lui, quelque chose qui le travaillait assez pour qu’il se néglige. Évidemment, elle ne pouvait pas mettre le doigt dessus, elle n’était pas dans son esprit, mais c’était peut-être la voie un peu trop confiante qu’il avait employée qui lui faisait penser ceci. Il ne serait pas le premier à penser que tout se passait bien et à se retrouver du jour au lendemain à devoir se faire amputer. Elle était très bien placée pour en savoir quelque chose. Pourtant, elle décida de ne pas trop insister sur le sujet, ils étaient amis, mais elle n’allait pas non plus se prendre pour sa mère, c’était un grand gaillard.

Elle était attristée d’apprendre qu’il n’avait rien trouvé depuis la dernière fois qu’ils s’étaient parlé. C’était dommage, vraiment. Elle sentait dans sa voix qu’elle ferait partie de ces personnes qui resteraient à jamais dans son cœur, il n’était pas près de l’oublier. Elle espérait juste que même s’il ne la retrouvait pas, ces souvenirs finiraient par être de ceux qui le feraient tout de même sourire avec le temps. Le coin de ses lèvres se souleva lorsqu’il émit la possibilité de la revoir et la joie qu’il ressentirait à cet instant. Elle aussi était pleine d’espoir pour lui, pour eux. Pourtant, l’expression contrariée de la milicienne ne tarda pas trop à refaire son apparition. Il avait fallu qu’il se rabaisse ainsi, qu’il se dévalorise encore. Alaric l’agaçait presque à force de faire ça. La définition de tueur sanguinaire était bien loin de lui correspondre, et si loin de l’image qu’elle avait de lui. Elle était certaine qu’il avait bien plus de remords qu’elle, qu’il avait bien plus de tourments qu’elle lorsqu’il en venait à tuer quelqu’un. Malheureusement, cela faisait partie des « symptômes » qui venaient avec la pratique régulière et prolongée de leur métier, mais elle ne pensait pas qu’il était capable de perdre autant de son humanité qu’elle. Et elle était loin de se considérer comme inhumaine.

Elle s’arrêta, les traits tirés, une expression de colère collée sur son visage défiguré, ce qui lui donnait un air encore plus inquiétant qu’à son habitude. Elle attrapa son bras et le fit tourner pour qu’il soit en face d’elle. D’un geste un peu sec et maladroit, elle souleva son menton pour qu’il ait le visage droit, elle lui ordonna un peu sèchement de bomber le torse avec quelques tapes de sa main. Son doigt pointa sur sa poitrine alors qu’elle parlait d’un ton qui ne laissait aucune place à la négociation.

✧ Tu n’es pas sanguinaire ! C’lui qu’elle aimait c’tait le gars juste et attentionné qu’tu caches en toi. C’lui qu’est capable d’voir une donzelle autr’ment qu’un jupon à d’effleurer !

Elle aurait dû rougir, et la milicienne était certaine que ses joues trahissaient une partie de son embarras à ces paroles, mais c’est ce qu’elle pensait, et il était hors de question de le laisser douter de ça. Elle toussa pour faire passer ce silence gênant et repris de plus belle.

✧ C’pas une ou deux cicatrices qui risquent de l’effrayer. Ça fait d’toi un gars courageux, t’es quelqu’un d’bien, alors m’fait pas m’répéter et arrête de remplir ton crâne avec ces salades. Sinon j’te les f’rais sortir, et ça t’fera pas plaisir !

Elle sourit légèrement sur la fin, remarquant le regard qu’il lui jetait. Dans sa position actuelle, et étant plus grand qu’elle, il la regardait de haut. Pourtant, ses yeux pétillaient d’un peu de malice et de taquinerie, ou était-ce seulement de la joie, était-il touché par ses mots ? Elle l’espérait, et qu’il ne lui retraverse pas l’idée de lui faire un discours du même ton. Un sourire satisfait étira son visage et la fit rayonner alors qu’elle-même suivait les instructions qu’elle lui avait données. Elle souleva le menton, gonfla la poitrine, ses mains dans le dos en signe de confiance et le dos droit. Elle se tourna à nouveau pour l’encourager à se remettre à marcher un peu. La ville s’agitait de plus en plus au fur et à mesure du temps qui passait, mais c’était agréable.

✧ T’es bien plus beau comme ça.

Elle rit légèrement. Pas qu’elle ne pensait pas ce qu’elle venait de dire, mais elle était déstabilisée par la proximité et la franchise qu’elle s’autorisât avec lui. Habituellement, quand on disait d’elle qu’elle était franche et honnête, c’était toujours négatif, c’était toujours pour dire qu’elle allait se plaindre et qu’elle se montrerait désagréable à la moindre occasion. Pourtant, elle se retrouvait à être franche dans le bon sens du terme. Certains diraient qu’elle était en train de le séduire, d’autres qu’elle était déjà trop impliquée avec lui pour être objective et qu’elle ne tarderait pas à se jeter dans ses bras ou dans ses draps. Elle n’avait pas besoin de ça, elle savait ce qu’il en était, et ne voyait pas le mal qu’il y avait dans ces situations. Elle ne voulait pas penser à ça. Ce qui devait arriver arrivera, elle n’avait pas besoin de savoir plus que le fait qu’elle était heureuse, là tout de suite, en sa compagnie. C’était suffisant lorsqu’on ne savait pas de quoi demain serait fait.


Dernière édition par Cyrielle Dolwen le Dim 30 Juil 2017 - 21:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé]   Les joies d'une retrouvaille [Cyrielle Dolwen & Alaric le Miraculé] EmptyDim 30 Juil 2017 - 20:47
Cyrielle s’arrêta brusquement et d’un mouvement sec, Alaric tournoya dans sa direction. Avant qu’il ne comprenne ce qui lui arrivait, elle avait posé un doigt furieux sur son torse, tandis que son visage respirait la colère et l’indignation. La tirade qu’elle lui lâcha alors le laissa pantois, et le jeune milicien ne fut pas capable d’y répondre quoi que ce soit. C’a avait été direct, franc, peut-être même vulgaire, ce qui l’interpella. Bon, son amie n’était pas du genre à y aller par quatre chemins, mais son ton était plus sec que d’habitude, plus rude. Elle était en colère contre ses paroles. C’était comme si elle le connaissait par cœur, qu’elle avait les mots qu’il désirait entendre. Alaric avait besoin d’une personne qui soit capable de le ramener à la réalité. Seul, il sombrait sans cesse dans des méandres maussades.

Elle toussa afin de briser le silence qui s’était installé entre eux, et renchérit. Il avait voulu plaisanter sur ses cicatrices, mais Cyrielle avait pris ses dires très à cœur. Peut-être était-ce parce qu’il l’avait déjà énervée auparavant ou bien parce qu’elle était inquiète au sujet de son frère… Ou les deux. Pendant l’engueulade, Alaric avait baissé les yeux, l’air honteux. Une fois le silence revenu, il releva son regard bleuté pour rencontrer celui de son amie. Elle lui souriait. Bon, elle n’était plus si fâchée contre lui, finalement. Il lui sourit à son tour. Elle l’avait bien eu avec sa sérénade ! Certes, le milicien savait qu’elle pensait ce qu’elle lui avait dit, mais il était soulagé de voir qu’elle ne lui en garderait pas de rancune. Tournant la tête de droite à gauche, il rigola avant de reposer ses yeux sur elle et de croiser ses bras sur son torse.

- J’te jure, marmonna-t-il en la suivant pour reprendre leur route le long du chemin de ronde.

Sa dernière phrase le fit tressaillir, et il releva la tête vers elle lorsqu’il l’entendit rire sincèrement. Il avait comme l’impression que cette nouvelle entrevue leur avait permis à tous les deux de franchir un nouveau pas. Il savait déjà avant qu’il aurait pu compter sur elle, en cas de pépin sur le terrain ou à la caserne. Mais le stade de collègue était dépassé. L’un comme l’autre, ils s’aideraient mutuellement et se rapprocheraient, qu’importe les circonstances.

- Flatte-moi plus souvent, j’aime ça, blagua-t-il en lui donnant un léger coup de coude sur l’épaule.

L’heure avait déjà bien avancé. Il était étonné de voir que le temps pouvait passer si rapidement alors que les secondes lui semblaient interminables lorsqu’il tenait un fangeux en joue. Brisant leur discussion, un milicien des remparts les interpella. On demandait de l’aide pour escorter un convoi, et pour une raison qu’Alaric ignorait, son nom circulait dans les personnes que l’on demandait.

- La célébrité, tu vois…

Il aurait pu la laisser là, lui faire un bref signe et s’en aller. Mais il fut pris d’un besoin urgent de la regarder une dernière fois. Instinctivement, il agrippa sa main et cette fois, c’est lui qui l’arrêta pour la forcer à croiser ses yeux.

- Merci, souffla-t-il.

Puis, lâchant sa main, il ajouta :

- Je dois toujours te payer un verre alors… Quand tu seras libre, tu sais où me trouver. D’ici-là, sois prudente.

Il lui offrit un beau sourire passa sa main sur son épaule en un geste affectif et s’en alla dans la direction opposée.
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