Marbrume



Partagez

 

 La traque

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
InvitéInvité
avatar



La traque Empty
MessageSujet: La traque   La traque EmptyJeu 6 Avr 2017 - 18:48
La traque 491171Sorsha
Sorsha l'Ahurie

Du fond du long couloir on pouvait déjà l’entendre hurler. Sa voix criarde et aigüe raisonnait contre les parois de pierre. Dans un coin de la salle du chef, la sienne, Sorenn observa une torche s’éteindre. Le phénomène dura plusieurs secondes, comme si la flamme agonisait avant de disparaître, emportée à tout jamais par l’humidité ambiante. L’homme aiguisait son épée avec une pierre ponce, imbibant régulièrement sa lame en la passant sous une petite fuite d’eau qui ruisselait de ce plafond précaire. Le crissement du caillou contre le métal froid faisait écho en rythme et, après avoir plusieurs fois rebondi contre les murs, s’extirpait à son tour dans le dédale du repaire des assassins.

[Hugar] « Sorsha arrête de brailler. Le Murmure ne veut pas être dérangé.

[Sorsha] - Fous-moi la paix, l’Asticot. Et dégage de mon chemin, j’ai à parler avec lui. »

Le tumulte se poursuivit encore quelques minutes, durant lesquels Sorenn put entendre les deux individus se disputer, l’un essayant de retenir l’autre qui n’en faisait qu’à sa tête. Si seulement il savait. Personne sur cette terre ne pouvait raisonner Sorsha l’Ahurie, qui ne portait pas ce qualificatif par hasard. En plus d’être têtue, la femme était proprement instable. Il était monnaie courante de l’entendre se parler à elle-même, tout comme il était commun de discuter avec elle calmement et de la voir s’emporter soudainement sans raison apparente. Sorenn pensait qu’ils étaient plusieurs dans sa tête.

Et pourtant, de tous les assassins qui sillonnaient les ruelles de Mabrume et des alentours, Sorsha était probablement l’une des meilleures. Âgée de 19 ans, la jeune femme avait grandi orpheline dans les bas-fonds de la cité, traînant entre le port et le quartier du Goulot. Elle avait fait un temps dans la guilde des voleurs, jusqu’à ses treize ans, mais s’en sépara le jour où elle fit sa première victime pour quelques sous. Le serment du voleur était clair : on peut tuer pour se défendre, mais on n’assassine pas. Sorsha se sépara à l’amiable de la guilde des voleurs, sans que ces derniers n’exercent contre elle de représailles, notamment parce qu’elle leur avait apporté beaucoup d’argent. Qui plus est, malgré toutes les tares psychiatriques manifestes dont Sorsha était l’hôtesse, celle-ci ne trahissait jamais sa parole. Elle ne parlerait pas.

Lorsque Sorenn s’installa à Mabrume avec Ardea, il ne tarda pas à la repérer. Après plusieurs tests passés hauts la main, Sorsha fut la première recrue de Marbrume à intégrer les rangs de la nouvelle confrérie des assassins. Mais elle détestait Ardea, d’autant plus qu’elle jalousait sa relation avec Sorenn, lequel n’avait jamais été attiré par Sorsha. Ne pouvant se priver de cet élément hors du commun, mais devant composer avec cette problématique de taille, Sorenn chargea Sorsha du recrutement des assassins et de la plupart des contrats hors-les-murs de Marbrume, de telle sorte qu’elle soit le plus souvent possible en dehors du quartier général.

Le Murmure releva la tête, calme et impassible, comme à son habitude.

[Sorsha] « Le Murmure !!!

[Hugar] - Pardon chef, je n’ai pas réussi à la retenir.

[Sorenn] - Je me demande pourquoi je te paie si tu n’es pas capable de refuser un accès à cette salle. Dehors Hugar, laisse-nous. »

L’homme s’exécuta et quitta la salle, qui n’était d’ailleurs fermée par aucune porte.

[Sorsha] « Elle est partie ! PARTIE PARTIE PARTIE ! Pourquoi tu ne m’as pas rappelée depuis le Labret pour prendre sa place, HEIN ?! Je suis pas assez bien pour toi c’est ça ? Je…

[Sorenn] – Arrête tes délires Sorsha. Si tu dois avoir une utilité elle n’est pas auprès de moi, mais à faire ce que toi seule sait faire. Je te compte parmi mes lames les plus fatales.

[Sorsha] – Hm. Ouai. Mais maintenant qu’elle est partie je veux plus. Cette trainée m’a toujours volé le premier rôle, tout ça parce qu’elle t’a connu avant moi. C’est mon tour maintenant. MON TOUR D’ÊTRE LA COMPAGNE DU MURMURE.

[Sorenn] – Et tu crois que c’est en gueulant comme une hystérique que j’aurai un jour envie de toi Sorsha ? Commence par te calmer et par te rendre désirable. Tes sautes d’humeur feraient pâlir un fangeux.

[Sorsha] – C’est que… La jeune femme s’arrêta soudain de s’emporter. Pourquoi elle est partie ? C’est toi qui l’a mise dehors ?

[Sorenn] – Ardea a été mordue dans les marais. Elle est contaminée par le Fléau. Notre code est clair, quiconque est contaminé doit quitter les Assassins. Et le code s’applique à tous, y compris à moi s’il le faut. Elle n’est plus à Marbrume désormais. Sans la confrérie pour refuge, elle n’aurait pas pu rester en ville très longtemps sans se faire abattre par la milice. J’ignore où elle est partie, mais elle n’est plus qu’un souvenir pour les nôtres désormais.

[Sorsha] – Ooooooh comme c’est triste. Hahaha. Bien fait pour elle. Tu es à moi maintenant le Murmure.

[Sorenn] – Tu aimerais être ma compagne ?

[Sorsha] – Oh oui ! ne put-elle retenir, tandis que ses yeux s’illuminaient de joie.

[Sorenn] – Dans ce cas tu vas devoir le prouver. J’ai d’abord une mission pour toi, une mission que je ne pourrais confier qu’à une personne digne de ma confiance… »

De toutes les subtilités dont le Murmure avait recours, la manipulation était de loin celui dans lequel il excellait le plus. Sorenn n’avait que faire de l’amour qu’on pouvait lui vouer ou des sentiments qu’on lui prêtait. Si l’espoir d’être un jour à son bras démultiplierait les talents de Sorsha, alors il lui ferait miroiter l’improbable.

[Sorenn] « Mergal le Sombre a déserté il y a une semaine. Il nourrissait depuis quelques mois des velléités de départ, mais sa fidélité aux assassins n’est plus qu’un amas de poussière. Il a disparu et n’a plus donné de nouvelles. Mes informateurs croient qu’il a été approché par la Milice. Depuis la tentative d’assassinat d’Adélie, une enquête a été lancée après nous. La dernière fois que Mergal a été vu à Mabrume, c’était à l’auberge du Fût Troué. Le problème, c’est qu’il avait l’air d’avoir rendez-vous, et que ce rendez-vous était avec un sergent-enquêteur de la Milice. »

Sorenn marqua une courte pause.

[Sorenn] « Mergal le Sombre est un danger pour nous. Traque-le, où qu’il soit. Tu as carte blanche. Nous rediscuterons de ta place à mes côtés lorsque tu m’apporteras sa tête. »

Aussitôt, Sorsha fit volte-face. Elle disparut en courant. La traque était lancée.


Dernière édition par Sorenn le Murmure le Ven 7 Avr 2017 - 9:19, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
InvitéInvité
avatar



La traque Empty
MessageSujet: Re: La traque   La traque EmptyJeu 6 Avr 2017 - 21:22
La traque 112283Mergal
Mergal le Sombre

Une fois en dehors de la taverne, les deux miliciens s’engouffrèrent dans une ruelle voisine. Vérifiant qu’ils n’étaient pas suivis, l’un d’eux ouvrit une trappe cachée sous quelques caisses en bois vides, et tout en l’y poussant d’un geste ferme, jeta Mergal à l’intérieur. Les deux hommes du sergent Gardan refermèrent la trappe, enfermant l’assassin dans le noir complet. Mergal les entendit rebrousser chemin dans la ruelle d’où ils étaient arrivés, et commençait à se demander ce qui était en train de se passer quand d’autres pas se firent entendre plus loin. Les lueurs d’une torche dessinaient des ombres inquiétantes contre les murs de ce qui semblait être les débuts des égouts de la ville.

Au bout de quelques minutes, une escouade composée de cinq hommes portant le signe distinctif de la Milice intérieure fit son apparition. Sans dire un mot, ils firent comprendre à l’assassin qu’il devait les suivre et entamèrent un trajet qu’ils paraissaient bien connaître, à travers ce labyrinthe qui serpentait dans les sous-sols de Marbrume. Plus d’un curieux s’était déjà vu saisir par la folie, perdu là-dedans. Et les histoires populaires du Goulot ou de Labourg faisaient souvent état de jeunes gars descendus dans les égouts pour une course peu onéreuse, desquels ils ne remontèrent jamais. Et puis il y avait cette malédiction des Fangeux qui avait pris gîte dans les entrailles putrides de Marbrume. Depuis l’invasion de ces derniers en janvier, plus rares et plus fous encore étaient ceux qui osaient s’aventurer dans le dédale crasseux. Seule la Milice, préparée et armée, y effectuait des rondes régulières.

[Milicien] « Nous, on va pas plus loin. Le sergent nous a dit de te conduire jusqu’ici. Le décret nous ordonne de tourner dans les égouts, mais de ne jamais nous aventurer au-delà de ce secteur. Ici, c’est le début de ton exil. Ou de ta liberté, j’en sais rien. Ça dépend des gens qu’on amène tu m’diras. Certains sont heureux de quitter Marbrume, d’autres y sont contraints. Bref. Je sais pas ce que tu trouveras dehors, mais que la Trinité protège ton âme. Personne ne survit seul hors les murs. »

Le groupe de miliciens commença à faire demi-tour, laissant Mergal à son sort. Celui qui venait de lui parler et qui semblait être leur chef se retourna une dernière fois.

[Milicien] « Oh, j’allais oublier. Prends cette torche. Il faut que tu suives le couloir principal sur huit-cent mètres. Au bout, tu arriveras à un carrefour composé de trois issues. Prends la plus à droite, et marche encore quelques minutes. Au bout, la sortie des égouts donne sur une grille. Elle sera ouverte pour toi. Referme-la derrière toi, et disparais. »

La troupe fit demi-tour, et on ne l’entendit plus au bout de quelques minutes. Mergal, quant à lui, avait suivi les indications. Il déambula tant bien que mal à travers les ordures innommables portées par les eaux sales. A un moment, il eut même l’impression de distinguer un morceau de cadavre humain, flottant un peu plus loin. Les rats pullulaient, et semblaient communiquer ensemble à son sujet, discutant probablement du merveilleux repas qu’il représenterait une fois mort. Parfois, un bruit strident venu de nulle part provoquait un écho terrifiant à travers les couloirs. L’effet était d’autant plus redoutable que le silence était bien trop lourd pour être rassurant dans ce sous-sol.

Mergal parvint à la grille. Il tourna la poignée, elle était bel et bien ouverte. Il sortit des égouts. La nuit n’était éclairée que par la pleine lune, ce qui était déjà une chance. Face à lui, s’étendait des kilomètres de terres marécageuses, parfois boisées. Sur sa droite, l’homme pouvait voir l’étendue des murailles de Marbrume, dont il était à l’extrémité, défier la région maudite de leurs hauteurs imposantes. Et à gauche, la mer. Aucun port ne permettait d’y prendre la route, hormis celui de Marbrume.

Mergal le Sombre savait que le prochain lieu habitable se situait de l’autre côté d’une étendue marécageuse. Il pourrait rejoindre Menerbes en recoupant la route un peu plus au Nord. Il lui faudrait cependant traverser le marais, ce qu’il craignait par-dessus tout. L’homme prit une bouffée d’air, implora la Trinité, tira sa dague affûtée, et s’enfonça dans les terres. C’était sa seule issue.
Revenir en haut Aller en bas
 
La traque
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - Quartiers populaires ⚜ :: Bas-Quartiers :: Le Goulot-
Sauter vers: