Les passes de l'Ombre [Bôdan / Danaë]

Y'avait toujours ce moment désagréable de la journée où il se levait. La gueule fatiguée, le visage prêt à partir avec ses valises de cernes. Comme toujours, son premier réflexe était de regarder par l'oeil de boeuf du plafond où il squattait depuis des mois chez un couple de vieux quasiment sourds. Puis il se levait, s'habillait rapidement dans les combles avec ses affaires. Le ton maussade du ciel le saluait avec amertume, ne tâchant pas de déranger le monde agacé et indécis, il prit le chemin le plus court pour voler une toilette chez l'un de ses alliés. Il ne lui dit rien de particulier, la guilde faisait profil bas, encore plus lors de la sale période du couvre-feu. La guilde avait prit un sacré coup avec l'invasion des fangeux, le coup au Labret, les bannis qui devaient être tués à vue. Mais il était temps de reprendre du service. Les riches étaient de nouveau trop à l'abris du danger pour le voleur. Il devait prendre des décisions et vite. Voler à nouveaux quelques personnes, quelques riches.

Que faire? Se disait le voleur au nez et au visage masqué d'un voile de tissu noir? Ses cheveux de jais cachés par la capuche les empêchaient de voler au grès du vent comme sa cape qui ondule au rythme de la brise matinale. Il avait cette adresse depuis quelques temps, il ne s'y était jamais rendu, mais son ancien fournisseur à finit en quarantaine, résultat: plus de tranquillisants, plus de drogues. En soit, tout ce qui permettait de voler tranquillement.

Il descendit dans le Labourg, là, la milice avait peu de chances de le reconnaître, même si sa tête avait son pesant d'or, ce n'était plus trop à l'ordre du jour, mais il fallait faire grossir la famille, qu'elle se repeuple, aussi il soupira en imaginant ce qu'il allait devoir faire, ça ne l'enchantait pas trop, mais il allait devoir voler la trinité, il ne croyait pas tant que ça aux dieux, mais il fallait croire qu'ils allaient finalement lui être utile.

Ses pas le menèrent en direction d'une boutique, une pancarte, simple, en bois, un trèfle à deux feuilles, le nom de la boutique éponyme semblait appréciait, pour ses drogues et autres. La boutique était pas si mal, pour le Labourg. Mais il y avait quelques imperfections, devait-il voler directement? Où essayer une approche diplomatique? Il ne faisait pas forcément bon de s'attirer des ennemis dans son propre trou à rats. Sa main s'approcha de la porte d'entrée, avant de l'ouvrir il effleura la poignée et jaugea sa qualité, son âge et en l'ouvrant il observa l'ouverture pour déterminer si oui où non la porte fermait facilement, si on avait où non quelques difficultés à l'ouvrir.

Devant lui s'ouvrait un microcosme intéressant, plantes et fioles, s'offraient l'air frivole aux poisons et décoctions, qui regorgeaient de danger si l'on manquait d'attention. Le voleur n'abaissa ni sa capuche, ni son tissu sur le visage, son regard brumeux détaillaient la pièce, les imperfections du bois vieillis, l'odeur des plantes et il y n'y avait personne ici, sauf une présence, des plantes le voleur voyait bien ces cheveux roux, presque rouges encadrer un visage de belle femme, plus jeune que lui de quelques années. Il n'avait rien fait pour être discret, il referma même la porte avec force, pour manifester clairement sa présence. Ses mains gantées ne révélaient rien de ses doigts fins, de sa peau pâle atténuée par le regard grisâtre de ses yeux. La jeune femme n'avait pas l'air mauvaise, elle ne semblait pas être une personne mauvaise.

-Mon ancien fournisseur est mort. Commença-t-il simplement. Alors je suis ici sur les conseils d'un ami, car votre boutique semble remplir les conditions nécessaires pour que je vienne la visiter pour y faire mes achats. Son regard se posa sur une jolie plante, il s'en approcha, gardant une distance respectable avec celle-ci pour ensuite concentrer son regard directement dans ses pupilles, il reprit simplement. Bien le bonjour, tenancière du trèfle à deux feuilles. J'espère que vous disposerez de quelques produits qui soient sur ma liste d'acquisition!

Danaë, dans ce commerce avait l'habitude des têtes mises à prix, c'était même le mieux car elle donnait souvent un petit extra en plus pour ne pas qu'elle révèle le fait qu'ils étaient passées mais parfois, elle rompait le serment lorsque la personne était un assassin très dangereux ou un psychopathe.

Lorsque le client rentra, au bruit d'un petit carillon qui était placé en haut de la porte,  Danaë était en train de nettoyer ses ustensile dans un grand récipient et manque de se cogner au comptoir en se relevant brusquement. C'était la règle ici, il fallait savoir quand une personne rentrait et ensuite ne plus la lâcher des yeux car ils étaient capables de vider la boutique en deux minutes. Même si la boutique de Danaë n'était pas la plus susceptible de se faire voler, les gens ne sachant pas s'ils volaient un médicament ou un poison.

"Bien le bonjour mon cher ami, vous m'en voyez navré pour votre fournisseur mais dîtes moi ce que je peux faire pour vous." dit elle avec un grand sourire. Ce sourire contrastait entre la gentillesse et la bienveillance de ce dernier et le fait qu'elle vendait des drogues et des poisons mortels.

Le voleur toisa du regard la vendeuse. Ses yeux fins en amande d'où s'échapper un flou velouté de brume détaillait son interlocutrice. D'une taille moyenne il a appréciait la rousseur qui encadrait un visage plus jeune que le sien, de quelques années, quatre où cinq, elle devait faire un peu plus âgée grâce à un physiques aux arguments développés et corrompant le regard. Un nez droit, comme il en voyait rarement, plus habitué aux nez retroussé qui ajoutés un peu de candeur et de pudeur dans ce monde où les illusions juvéniles et naïves cachent souvent de viles vérités auxquelles mêmes les plus jeunes participent bien souvent en premiers acteurs.

Une voix forte, grave mais pas moins féminine, comme le poison, si doux en apparence, mais si brutal, après tout, qui pourrait imaginer qu'une goutte puisse tuer un gabarit égal à un cheval? Alors un homme ce n'en est que plus facile. Elle ne semblait pas mauvaise, où alors elle cachait bien son jeu, une rose bien que belle cache souvent des épines accérées. Intéressant.

Le voleur ne répondit pas immédiatement, ses doigts explorait la surface rugueuse d'une table en bois sans que jamais il n'explore quelques plantes dangereuses. À nouveau son regard croisa celui de l'herboriste, mais il ne dit rien, il réfléchissait. Quelle approche? Pas celle du vol, prendre le risque de se tuer seul est bien trop dangereux, il n'avait pas le temps pour mourir, c'était trop tôt. Lentement il s'approcha, mais sa tenue empêchait la jeune femme de voire autre chose de lui que ses fins yeux gris et le haut du nez.

-Quelques broutilles. Des babioles, des petites choses, dit-il avec un sourire qui se dessinait sur les plis du tissu recouvrant le bas de son visage. De quoi endormir quelqu'un par voix respiratoire, Une liquide inoffensif à la couleur rappelant de puissants poisons. Diverses plantes pour se soigner, quelques drogues qui endorment la douleur. Ce qui permet à une personne de prendre des risques.

Un nouveau rictus vient déformer le tissu de son visage alors qu'il s'adossait à moitié dans l'ombre à un mur. Il observait la tenancière, charmante, mais il préférait Satine, cette dernière donnait peu de nouvelles, comme Célestine, il espérait que ces deux rousses n'aient pas subit l'exil.

-Vous disposez de la liste énumérée Mademoiselle..?

Danaë écouta attentivement la demande de ce -sûrement- futur client tout en hochant la tête.

"Oui, j'ai de tout cela mais en fonction de votre porte-monnaie la qualité peut-être plus ou moins importantes. Prenons par exemple les drogues contre la douleur. En fonction du prix que vous êtes prêt à payer, il y aura plus ou moins d'effets secondaires. De plus, quand vous dîtes diverses plantes pour le soin, pouvez-vous être plus précis? "

Elle avait prit un air plus sérieux bien que toujours illuminée d'un sourire mais elle était passé de la greluche qui vendait sans réfléchir à l’apothicaire sérieuse mais avec un bon fond.

"De plus, il me va falloir me demander leurs usage précis que mes produits correspondent au mieux à vos attentes.