Ardent night in the rain [Bôdan / Aénor]

L'eau battait en rythme sur les pavés comme une caisse clair à contre temps, les pas de plusieurs hommes battaient le rythme de la course et les différents cris donnaient le tempo, ils étaient cinq à lui courir après, cinq miliciens tout juste recrutés et en forme. Bôdan aimait la nuit autant qu'il la détestait, dans les rues pourris du Goulot Bôdan courrait, sa vie en dépendait, si on lui passait les menottes il perdrait la tête sans jugement. À droite, puis à gaucher, les pavés hétérogènes rendait la route glissante et les mouvements imprévisibles de quelque passagers pouvaient à tout instant brisé sa route, casse le rythme, écourter le morceau.

Le voleur soupirait tout autant qu'il souriait, il aimait ces situations ça lui arrivait rarement, mais à offrait quelques pulsions sauvages, le goût du risque, c'était ce qu'il fallait apprécier au point de vouloir mourir pour savourer ce sentiment qui prenait aux tripes, ce sentiment incroyable qui faisait prendre les décisions les plus stupides.

Ils hurlaient, ces braves bonhommes courraient sans relâche, ils s'étaient divisés en deux groupes pour essayer de le coincer, mais Bôdan connaissait ce quartier par coeur, il y avait grandit, il y avait fait ses preuves, ses marques et plus encore: ses larcins. C'était "le pays" le lieux où il se sentait le plus en sécurité. Mais depuis qu'il avait volé ce Victoir, un noble parmi tant d'autres, il avait l'étrange impression qu'on le traquait. Ma foi se disait-il, c'est que sa tête valait quelques écus de plus qu'avant.

Il s'enfonça dans un cul de sac rapidement et escalada les caisses pour agripper les rebords du toi et s'y hisser, cet endroit était son lieu d'échappée préféré, il pouvait grimper ce haut mur qui donnait l'impression d'appartenir à une habitation, mais derrière celui-ci, on retombait sur un cul de sac. Bôdan retomba sur ses pieds et à l'entrée de la ruelle, quelques mètres seulement devant lui, il vit une femme. Il s'approcha, pour lui passer devant et enfin quitter la ruelle pour retourner chez les ptits vieux où il "vivait". À l'approche de la jeune femme il prit un air naturel, son coeur battait la chamade, il avait du mal à garde un rythme respiratoire normal.

Elle avait un visage qui ne donnait pas envie de lui chercher des emmerdes. Deux cicatrices, visibles malgré le visage trempé. Elle était belle, comme ces statues de marbre qu'on vanté dans les livres, mais l'épée qu'elle avait à la ceinture faisait d'elle une femme dangereuse.

-IL EST OU CE VOLEUR NOIR AVEC SON SAC! Ptin! On allait gagner une belle prime.. quoi, une demie année de salaire voir même plus. Victor de Rougelac va nous faire pendre si on arrive pas à le chopper.

Un milicien venait de gueuler ça, et ça venait en plus de derrière le mur. Bôdan s'arrêta un instant, mais c'est ce qui acheva de le trahir. Il leva son regard sur la femme, toisa l'épée. Quelle merde. Mais il comprit clairement l'attention de la balafrée de lui déboîter les jambes pour toucher la prime.

-C'pas ma nuit... soupira-t-il, si j'avais su..

Rapidement avant qu'elle ne se jette sur lui, il avisa une caisse au couvercle légèrement arrondis vers l'intérieur, une flaque d'eau, exactement ce qu'il lui fallait, d'un revers de la main et en faisant demis tour sur lui, il fit gicler l'eau au visage de la blonde, en même temps il avait lever une jambe pour amorcer la première foulée de sa course.

Il détala aussi rapidement que possible, prenant la première à droite, il n'avait pas du tout l'attention de rester ici trop longtemps. Une personne face à lui, pour l'éviter il monta sur un tonneau et le fit tomber en même temps qu'il redescendait pour qu'il tombe sur le milieux de la chaussée afin de gêner celle dont les pas étaient dangereusement proches de lui.

La pluie. C’était l’un des moments que la mercenaire préférait. Elle pouvait écouté le doux murmure de la nature rythmés par les gouttes s’écrasant délicatement sur les feuilles d’arbres.
La pluie ressemblait à un moment suspendu dans le temps, comme figer dans un état. Personne n’aimaient la pluie, et les individus courraient chez eux afin de se protéger, vidant les ruelles de Marbrume et permettant de profiter des lieux sans l’abondance de population.

« La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis ;
Pies, corbeaux, nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis ;
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
À son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez la Trinité que tous nous veuille absoudre ! »
François Villon, La Ballade des pendus

Elle avait entendu un barde un soir dans une taverne du Goulot, et ses paroles lui avait parler, pour une fois qu’un barde au Goulot disait quelques choses de censé et de poétique.

La mercenaire déambulait dans les rues après être partie de bonne heure du manoir du comte. Il l’avait exhorter à rentrer chez elle au plus vite, Il ne sortirait par ce temps.
Elle marchait tranquillement alors qu’elle entendait des miliciens courir après un voleur. Battant le pavé afin de le rattrapé. Mais visiblement celui-ci ne se trouvait pas si loin, à vrai dire à seulement quelques mètres d’elle, sur sa droite.
La mercenaire tourna le regard et regarda le voleur. C’était une impasse, et un milicien se trouvait la ruelle derrière et criait des ordres a ses camarades.

Pour obtenir un certain acquis de conscience, elle essayait d’attraper le voleur, mais il esquiva et l’éclaboussa d’eau avant de détaler en courant.
Il n’en fallait pas plus pour énervé la Mercenaire, qui se trouva la chemise tremper. La pluie n’ayant pas mouiller plus que le dessus de son armure.

*J’aurai ta peau…*

Aénor fit volteface suffisamment vite pour le voir tourner à l’angle et se mit à le poursuivre Il était rapide et agile, faisant tombé un tonneau au milieu de la ruelle pour lui faire perdre plus de temps. Elle sauta par dessus le tonneau et continuait de courir sur le pavé rendu glissant par la pluie, espérant qu’un glisserait et stopperai sa chute.
Elle se moquait de son vol, elle désirait uniquement le frapper pour se venger de l’avoir tremper plus qu’elle ne l’était déjà.

Il entendit le bruit des pas de sa concurrente contre le sol, elle venait de dépasser son obstacle. Leurs pas battaient une nouvelle cadence, Bôdan fatiguait, courir avec ces miliciens ne l'aident pas du tout. Le sang battait contre ses tempes, ses yeux s'embrumaient à cause de l'eau qui gouttait de sa capuche et il sentait ses jambes grincer à chacune de ses foulées. La situation était critique. Il jetait quelques regards nerveux vers l'arrière pour voir si elle était toujours. En effet elle était toujours là et elle le rattrapait petit à petit. Son sac l'handicapait énormément. Alors qu'il tournait au coin d'une ruelle, s'enfonçant un peu plus dans le quartier, avisa plus loin un ensemble de caisses qui permettraient une échappée par les toits. À l'instant même où il finissait son virage, il entendait ces bruits de pas typiques d'un virage en pleine course poursuite, ces pas à la fois ralentit mais pressé par l'envie.

Il la trouvait tenace, bon en même temps il commençait à avoir un point de côté. Un dernier regard en arrière et il puisa dans ses dernières forces pour faire une dernière accélération vers ce monticule de caisses, Bôdan était léger et il entendait les cliquetis de l'armure de la femme derrière lui. Alors qu'il battait les pavés pour la dernière fois, il s'élança vers la première caisse puis il en profita pour lancer son sac sur le toit au-dessus avant de continuer sur les caisses allé retrouver le toit d'en face. La rue était étroite et en déposant le larcin juste au-dessus du toi où se trouvait sa poursuivante, elle n'aura pas le recul nécessaire pour le voir dès qu'il aurait rejoint son sac, le temps qu'elle se décale, elle aurait crée une trop grande distance et donc permettrait à Bôdan de s'évader de l'autre côté. Puis si elle se décidait à monter, nuls doutes que son armure serait bien trop handicapante. Bôdan traversa le toi sur lequel il s'était réception grâce à l'élan donné par les caisses puis d'un saut agile avait rejoint son sac. Pour ne pas être vu, il recula un peu et écouta, longuement le bruit des pas, les éventuels cris de rage. Le voleur se tenait prêt à décamper à tout moment si jamais la guerrière venait à le rejoindre sur les toits. Il n'avait pas envie de finir tranché à cause d'une hache.

-Voilà une bonne chose de faite....

Il soupira le souffle court, une main à ses côtes, il avait un effroyable point de côté, reprendre une course juste après ces quelques instants de répit en ayant forcé une respiration normale, avait totalement brisé son souffle. Il espérait sincèrement que sa prime allait encore se développer, il devait amasser un nombre considérable de voleurs pour pouvoir redorer le blason d'une guilde décimée ces derniers mois.

Finalement elle partie, il reconnut les cliquetis de l'armure, mais pris de curiosité, comme un vilain défaut qu'on ne refrène pas, il se décida à la suivre, restant sur les toits un premier temps pour ne pas être vu et le temps de retrouver une respiration stable. Puis il descendit de son perchoir pour tranquillement la suivre, il laissait une certaine distance pour la tracer discrètement, de plus le bruit de la pluie aidait à masquer ses pas.