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 De soie et d'acier

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Cyrielle FerrandForgeronne
Cyrielle Ferrand



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MessageSujet: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyLun 22 Mai 2017 - 12:33
Une invitation du comte de Rougelac n'était pas de celles que l'on pouvait se permettre de refuser, ou même de délayer, et lorsque celle-ci avait été transmise au forgeron, par un page dont la tenue devait valoir à elle seule la moitié des outils produits dans la journée, celui-ci avait assuré qu'il serait présent au jour et à l'heure annoncés. Et le moment était arrivé. La conduite de la forge avait été confiée au plus ancien employé, avec comme consigne de travailler sur les commandes en cours, mais d'inviter les visiteurs à se présenter plus tard. Aucune vente ne devait être faite pendant son absence. Car si il confiait habituellement la gestion de ses affaires à sa fille lors de ses déplacements, il avait cette fois-ci prévu de s'en faire accompagner. Le Comte ne pouvait s'être adressé à lui que pour affaires, et c'était une occasion rare d'enseigner à sa fille la conduite d'affaires d'un tout autre niveau que celles se concluant usuellement dans leur échoppe. Et il devait aussi admettre que la présence de la forte femme à ses côtés le rassurait un peu. L'un des deux, au moins, devrait parvenir à conserver la tête froide.

Ils s'étaient préparés avec un soin rare, se rendant très tôt aux bains publics pour se débarrasser de la cendre et des esquilles métalliques qui les marquaient en permanence, ainsi que de l'odeur âcre de l'acier en fusion. Puis ils avaient délaissés leurs tabliers de travail afin de revêtir leurs plus beaux vêtements. Cyrielle se sentait mal à son aise, embarrassée dans une robe verte qu'elle n'avait plus revêtue depuis la mort de Robin, les cheveux coiffés avec plus de soins que sa tresse habituelle, et surtout dépourvue de son marteau, si familier que l'absence de son poids contre sa hanche lui donnait une impression de déséquilibre.

La route entre leur boutique et le manoir n'était heureusement guère longue, et ne nécessitait de sortir de la Hanse qu'au moment de pénétrer dans l'Esplanade, leur évitant les bas-quartiers et leur misère crasse. Ils leur fallut néanmoins montrer patte blanche pour passer le rempart intérieur, et le milicien auquel ils annoncèrent leur rendez-vous au manoir Rougelac tient à les accompagner, sans doute pour s'assurer qu'ils ne lui mentaient pas. Mais un domestique les attendait effectivement à l'entrée des jardins, les menant à travers des massifs comme les artisans n'en avaient encore jamais vus, jusqu'à l'entrée imposante. Aussi massive soit-elle, Cyrielle ne put s'empêcher de se sentir petite et insignifiante en pénétrant dans le hall luxueux, ce qui devait être le but recherché par l'architecte. Ses bottes de cuir épais lui paraissaient particulièrement bruyantes sur le marbre glissant, et elle craignait une chute ridicule, ses semelles étant humides de la pluie récente. Le soin que les artisans avaient apporté à leur allure lui paraissait ridicule et inutile, le luxe ostentatoire de l'endroit lui semblait suffire à rendre le plus riche bourgeois aussi misérable qu'un mendiant des bas-fonds.

Elle conserva néanmoins le menton levé. Ils n'étaient pas là pour la parade, mais pour leurs compétences, et celles-ci ne dépendaient pas de la quantité de soie qu'ils portaient. Elle se voyait bien davantage dans leurs pognes larges et cagneuses, et dans les muscles qui roulaient à leurs bras. Sa robe ne parvenait guère à estomper l'aspect masculin de sa silhouette, mais la carrure plus massive encore de son père la rassurait, tandis qu'ils attendaient le bon vouloir de leur hôte.
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyMar 23 Mai 2017 - 6:07
Ce mois doute était placé sous le signe du renouveau. L'ambitieux projet du Comte de Rougelac prenait forme , après la theorie la pratique s'était invité dans la partie. Si Victor menait sa barque avec force et détermination c'était sans nul doute grâce à son caractère d'homme qui ne lâchait rien et n'avait nullement froid aux yeux. Oh biensure il ne se battait avec vaillance comme le ferait tout guerrier avec sa lame, non, le sang bleu se battait avec d'autres armes tout aussi tranches même si immaterielles soient elle.

Après avoir recruté un réputé chevalier, une troupe de mercenaire et s'être acoquiner avec un Sergent de la milice tout en reorientant une partie de ses investissements dans la manufacture d'arbalètes, l'homme de la Bonne Société se devait de rallier quelques précieux artisans et il n'était que trop nécessaire de s'attacher les services d'un forgeron! Pourquoi me direz-vous? N'était ce pas l'élément essentiel qui contribuait à entretenir tout ce beau monde? Victor s'était entouré d'hommes et de femme d'armes et il était bien connu qu'avec du bon materiel le moral ne pouvait que mieux s'en porter.

L'objet de la visite du jour était donc ce qui allait représenter le ciment du projet du Comte de Rougelac. Beaucoup auraient reléguer ce pièce comme un pion sans grande importance mais pas Victor. La reconnaissance de ces artisans n'avait jamais été considéré à sa juste valeur et il fallait bien l'avouer, leurs dur labeur resteraient sans doute des siècles durant dans l'ombre.

Pour l'arrivée du père Lefebvre et sa fille Ferrand, tout avait été préparé, du domestique qui les acceuilla, au petit salon cosu, richement décoré et offrant une table garni de douceur froide sucré et salé. Le majordome se tenait dans un coin de la pièce, inclinant la tête à l'arrivée de la petite famille qui avait fait l'effort de se laver et s'habiller sur leur trente et un. Même si leur costume n'était à peine digne d'une petite famille bourgeoise, l'effort avait été fait. Et si le Comte n'avait prévu qu'un seul convive, lorsque les Ferrand se trouvèrent entre ses murs, il fut rapidement informé de ce détails par Arold son plus ancien et fidèle servant. Cette petite surprise n'allait nullement changer les plans du Comte mais la curiosité de découvrir ce qui allait incarner l'avenir de l'affaire familiale était bien présente dans son esprit, finalement c'était une aubaine.

Faisant irruption dans le salon dans toute sa sublime, il offrait sa prestance la plus légendaire drapé d'une chemise fine surélevé d'un pourpoing grenat. Levant les bras vers le ciel, il gratifia ses invités d'un large sourire.

- Ah monsieur Lefebvre ! Quel réel plaisir de vous rencontrer ! On m'à tant parlé de vos talents !


Il vint à son encontre, posant sa main gauche sur son épaule tandis qu'il offrit sa main droite pour une vigoureuse poignee de main. Ceci étant fait, il detourna brièvement son regard pour le porter sur la jeune femme, radieuse dans cette robe verdâtre et dont l'effort semblait réel au niveau de sa coiffure. Et même si les odeurs de la forge étaient toujours collées légèrement à leur peau, cela n'était que superficiel et pas le moins du monde incommodant.

- Oh mais que vois-je? Vous avez amenez avec vous votre fille? Mais dite moi, les Trois l'on béni d'un charme certain!


Prenant une legere pose, il inclina légèrement la tête en guise de salutation.

- Madame Ferrand, c'est une joie de vous rencontrer. Votre robe vous va à ravir.


Claquant subitement des doigts, le majordome servi trois coupes d'hydromel qu'il offrit à son maître et ses deux invités.
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Cyrielle FerrandForgeronne
Cyrielle Ferrand



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MessageSujet: Re: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyVen 2 Juin 2017 - 21:14
Le comte fit une entrée flamboyante, vêtu avec une opulence rendant dérisoire les efforts de présentation auxquels s'étaient astreints les deux artisans, et se mouvant avec une aisance au sein de la pièce luxueuse qui prouvait bien que son monde était très différent du leur, loin de la fumée et des cendres. Il se déclara ravi de rencontrer celui dont il avait entendu vanter l'art, provoquant l'embarras de ce dernier. Son teint coloré rosissant, il rendit sa poignée de main au noble, avec grande précaution. En effet, il craignait que sa poigne de forgeron ne blesse un membre plus accoutumé à la danse qu'au métal. Dans le même temps, il tâcha de rendre la politesse, se forçant à ne pas marmonner.

« Monseigneur, c'est un honneur pour nous ! »

La forge fournissait les sangs-bleus autant que les miliciens, mais jamais ils n'étaient admis dans leurs demeures. Les chevaliers venaient chercher leurs désirs à l'atelier, et les plus puissants envoyaient leurs serviteurs. Et si Thomas gardait son aisance sur son territoire, il était là totalement déraciné, hésitant. Mais le seigneur de Rougelac ne sembla pas s'en apercevoir, à moins qu'il n'y soit tant accoutumé qu'il ne le remarquait même plus.

Il se tourna vers Cyrielle, la reconnaissant comme fille de son invité, et lui adressa quelques compliments. Qui n'eurent pas l'effet qu'on pouvait en attendre. Le visage de la ferrailleuse se ferma, alors qu'elle le jugeait de la plus profonde hypocrisie. Il fréquentait les femmes les plus apprêtées et gracieuses de la ville, comment pourrait-il trouver le moindre charme à cette femme lourde et hommasse, engoncée dans une robe qu'elle portait sans aisance, et lui en faire compliment ? Elle ne se leurrait pas sur son apparence, et n'aimait pas qu'on essaie de prétendre autre chose. Elle songea qu'elle aurait mieux fait de porter son tablier de travail, ainsi le comte se serait intéressé à son talent plutôt qu'à sa robe. Au moins n'avait-il pas tenté de lui faire un baise-main. Elle ignorait dans quelles circonstances cela se faisait ou non, mais elle était certaine d'avoir les mains plus fortes et plus calleuses que celle de leur hôte, et un tel geste aurait été du plus parfait ridicule. Elle se força tout de même à faire bonne figure, et esquissa un semblant de révérence.

« Merci messire. »

D'un claquement de doigts, le noble fit apporter de gracieuses coupes d'hydromel, et les forgerons prirent les leurs avec précaution. Jamais ils ne manipulaient de si fine vaisselle, et ils craignaient de la briser, bien conscients que chaque coupe valait sans doute le prix d'une épée. Cyrielle laissa son père mener les discussions, mais elle demeurait attentive, prête à intervenir si elle le jugeait nécessaire. Thomas osa prendre la parole.

« Je peux me permettre de vous demander pourquoi vous avez voulu qu'on vienne, plutôt que d'envoyer un larbin passer votre commande ? »

Cela pouvait paraître abrupt, mais il était bien trop mal à l'aise pour faire des politesses.
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyVen 2 Juin 2017 - 23:09
Et bien oui! Quel noble ne flatterait pas une dame même faussement? Aucun sang bleu bien éduqué aux intrigues de cours ! Et si monsieur Lefebvre semblait enjoué par cette rencontre, il ne semblait pas que ça fille le rejoigne sur ce point. Aux compliments exprimé par le sang bleu, la jeune femme offrait un visage fermé, tout portait à croire qu'elle n'était pas dupe. Ainsi, alors qu'une poignée de main avait sceller l'acceuil de Victor à l'attention de Thomas, l'approche, le contact semblait plus distante voir froid de la part de la blonde à l'attention de l'hôte.

L'observant un instant après qu'elle l'ai sommairement remercier, il la detailla de long en large tout en prenant un gorgée d'hydromel. Au premier abord, il etait certain qu'il ne fallait pas chercher de noise à cette armoire à glace féminine, pour sûre qu'une simple baffe aurait fait vaciller beaucoup d'homme. Un instant, son esprit s'égara en la fixa droit dans les yeux. Il se dit intérieurement que si un gringalet élisait domicile dans la couche de la dame, il n'en ressortirait pas indemne physiquement!

Un étrange sourire s'afficha donc à cette pensée avant que le forgeron ne brise sa rêverie, si l'on pouvait décrire cela ainsi. Détournant alors son regard de Cyrielle, il opéra quelques mouvements de poignets pour faire tourner le précieux nectar dorée dans sa coupe avant de donner quelques éléments de réponse, mais à peine ce qu'il fallait de façon à pouvoir sonder les réactions des deux individus, alors que déjà le patriarche Lefebvre semblait bien mal à l'aise et hésitant.

- Détendez-vous mon cher. Bien, si je n'ai fait appel à ce que vous appelez un "larbin" c'est évidemment pour de bonnes raisons...


Il posa sa coupe sur un meuble à proximité pour prendre un posture plus sérieuse.

- Tout d'abord, je vous sollicite pour une commande un peu particulière... qui impose ma présence et la votre monsieur Lefebvre. Ce n'est pas d'un armure ou d'une arme qu'il est question. C'est votre talent qui m'intéresse, un talent que je veux mettre à contribution dans un vaste projet.


Il se tourna vers Cyrielle, un regard espiègle et charmeur, rajoutant sur un ton toujours des plus sérieux.

- Madame souhaiterait elle faire le tour du propriétaire peut être ? Nous avons tout notre temps et soyez sûre que cela ne sera pas du temps de perdu pour vous.

Venait-il de donner un premier élément de réponse aux deux forgerons qui lui faisait face. S'il n'avait pas l'habitude d'accueillir ce type d'individu, il cherchait toutefois à imposer ses règles, son autorité au sein de sa demeure et d'offrir la même prestance quelque soit la couche sociale de ceux qui lui faisait face, une sorte de savoir être mêlant respect et fausserie de convenance. Victor était dans l'attente d'épier les premières réactions de ses invités.
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Cyrielle FerrandForgeronne
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MessageSujet: Re: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyJeu 8 Juin 2017 - 22:21
Sentant le regard du noble sur elle, elle devina que ce n'était pas ses formes voluptueuses qui lui valaient une telle attention. Elle se fit une idée assez précise de ce qu'il devait penser selon elle et rougit, furieuse de cette faiblesse mais ne pouvant l'empêcher. Elle s'obligea néanmoins à conserver la tête haute et à ne pas détourner le regard. Mais cet examen ne dura guère, et il se détourna pour répondre à la question du père de famille. Sans réellement apporter de précision, il éveilla la curiosité des deux artisans, qui échangèrent un regard interrogateur avant de reporter leur attention sur leur hôte, attendant la suite.

Mais le comte ne semblait pas désireux d'écourter le suspense, et s'interrompit pour proposer à Cyrielle une visite des lieux. Celle-ci comprit que sa présence n'était pas désirée, elle était accueillie mais visiblement, il était temps de laisser les hommes parler entre eux des affaires sérieuses. Elle aurait aimé rester, et prenait très mal d'être ainsi écartée comme gênante, mais elle ne s'imposerait pas si sa présence était jugée malvenue. Elle se raidit davantage encore, et son regard se fit de glace, fixant son père pour le prendre à partie, sans esclandre, mais avec toute la dureté de son expression devenue marmoréenne.

« Si tu as besoin de moi, j'ai vérifié les stocks de la forge avant de venir. Souviens-toi simplement que la commande de monsieur Destrelmar va déjà les diminuer. Tu sais, la compagnie de mercenaires ? »

Elle s'adressa ensuite au noble, avec une courtoisie guindée.

« Est-ce que je peux me promener à ma guise, ou vous préférez me faire accompagner ? »

Et sa question sonnait d'un sens double, la prenait-il pour une voleuse, ou pour une créature incapable de se débrouiller seule, ou reconnaîtrait-il qu'elle puisse être une personne capable ? Thomas tenta de protester.

« Messire, pardon mais... J'aimerai qu'elle reste, si vous voulez bien ? »

Il n'osait aucunement imposer sa volonté, mais témoignait au moins de son soutien à sa fille, et de sa place dans l'affaire.
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyVen 9 Juin 2017 - 9:08
De Rougelac prenait un malin plaisir à laisser son regard sous entendre bien des choses face à la gente féminine et Cyrielle ne dérogea pas à cette règle. D'ailleurs, l'effet sur la massive blonde ne se fit point attendre, cette dernière réagissant par une gêne mal dissimulée, les pommettes rougirent et son regard se fit instantanément fuyant, preuve que Victor avait atteint sa cible. Un léger sourire satisfait, il passa donc rapidement à autre chose afin de ne pas mettre la dame plus mal à l'aise. Et si Victor souhaitait en effet habilement congédier la fille du forgeron c'était pour discuter entre "hommes" car à preuve du contraire, c'était bien le patriarche de la famille qui tenait la forge et non sa fille.

Pourtant les événements ne se passèrent pas comme prévu. Tout d'abord, Cyrielle évoquait une importante commande pour une compagnie de mercenaire... qui se trouvait être justement celle dont il s'était attaché les services. Lorsqu'elle prononça son nom, Victor écarquilla les yeux avant d'esquisser un mince sourire en coin sans dire mot sur l'instant. Ensuite, la forgeronne demanda à son hôte si elle pouvait déambuler librement dans sa demeure, ce qui lui valu un réponse plutot direct et non moins franche.

- L'un de mes domestique vous fera la visite.

Mais alors qu'il leva le bras pour claquer des doigts, il fut interrompu par un Thomas protestataire. N'achevant son geste, le mondain fixa le forgeron puis Cyrielle. Une telle réaction n'était pas anodine et en cela Victor comprit que la jeune femme tenait une place importante au coté de son père dans les affaires.

- Soit, qu'il en soit ainsi, je vous accorde donc la présence de votre fille durant notre entretien. Veuillez me suivre s'il vous plait.

D'un geste du bras, il les invita à se diriger vers la sortie du salon, prenant la tête du trio, ils empruntèrent le couloir principal puis les escaliers jusqu'à se rendre dans le bureau du Comte à l'étage. La salle était vaste, pouvant acceuillir par moins d'une douzaine d'individu sans ressentir quelques oppression. Au beau milieu de la pièce trônait un large bureau en chêne massif. La décoration des lieux était riche, moins sobre que lorsqu'il avait acceuilli le chevalier Amédée, exposant de manière bien moins feutrée les richesses du Comte de Rougelac.Bibelots en tout genre, argenterie, tableau de maître, Victor exposait ses richesses pour en mettre plein la vue a ses deux invités d'un rang social bien moindre. Des tentures grenats épousaient les contours de hautes fenêtre, un tapis de la même teinte venant rappeler cet élément de gout. Deux fauteuils de grandes factures avaient été disposés face à l'imposant siège presque digne d'un petit trône derrière le bureau et une table basse avait été apprêtée, avec quelconques collations de toute horizon, alcoolisé ou non. Un buffet massif venant achevé d'habiller la pièce contre le mur principal.

- Veuillez vous mettre à votre aise si vous le voulez bien. Un petit rafraîchissement peut être?

Sortant trois coupe, il attendit que les deux forgerons ne porte leur dévolu sur une quelconque boisson, remplissant alors les coupes en métal sertie de rubis. Se concentrant sur son oeuvre, sans même regarder Thomas et Cyrielle, Victor leur accorda une certaine liberté d'expression.

- Auriez-vous quelques requête préliminaires à me faire part avant que nous puissions entrer dans le vif du sujet? Je vous écoute, je suis tout ouïe. Ah et je puis juste vous dire que nous avons déjà un point commun... Destrelmar.

Laissant donc ce nom en suspend, il laissa donc la latitude à ses deux convives de parler librement. Rougelac n'était nullement pressé lorsqu'il s'agissait des affaires. La patience, la nécessité de prendre son temps étaient des vertus que l'expérience du haut de sa quarantaine de printemps lui avait apprit à respecter scrupuleusement.
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Cyrielle FerrandForgeronne
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MessageSujet: Re: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyVen 16 Juin 2017 - 11:26
Alors qu'ils quittaient le salon sur les talons du noble, Cyrielle accrocha le regard de son père, articulant silencieusement « merci papa ». Tout en sachant l'amour et la confiance qui lui portait l'imposant artisan, elle n'avait espéré qu'il ose s'opposer à un ordre à peine voilé du comte pour la conserver à son côté. En réponse, ce dernier se contenta de presser fermement l'épaule robuste de la jeune femme, avant de quitter les lieux, l'entraînant dans son sillage. Le bureau qu'ils investirent n'avait rien à envier au salon en terme de luxe ostentatoire, oppressant pour les forgerons accoutumés à la sobriété de la pierre brute. Devant toutes les tentures, tout le tissu qui occupait la pièce, elle ne pouvait qu'imaginer les dégâts que causerait la première étincelle ou chandelle renversée, alors que l'alcool abondait.

Le seigneur des lieux les invitait à se mettre à leur aise, mais ils étaient incapables de se détendre, et demeurèrent debout, jetant des regards en biais tout autour d'eux. L'endroit, l'univers même qui les entourait leur était si étranger qu'ils n'avaient pas même la moindre idée de ce que pouvaient contenir les flacons disposés à leur intention. Mais il était une boisson universelle, dont ils étaient aussi certains que possible qu'ils pourraient demander sans se ridiculiser. Comme pour imposer sa présence, dont le Comte semblait si peu désireux, ce fut la fille qui prit la parole la première.

« Si vous avez du vin, ce serait avec plaisir. »

Son timbre était neutre, son regard légèrement dévié vers l'épaule droite de son interlocuteur, tout en elle témoignant d'un respect sans chaleur. Son père ne mit qu'un instant à renchérir.

« Du vin, ça serait parfait oui ! »

Le nectar qui leur fut servi n'avait rien à envier à la couleur profonde des joyaux qui ornaient les coupes, et son arôme témoignait de son excellence, même auprès de la famille ayant davantage l'habitude des vins simples et honnêtes que des grands crus. Les premières gorgées les tinrent muets, et Cyrielle se promit de faire durer son verre, tant pour éviter que la tête ne lui tourne que pour le savourer plus longtemps. Elle qui ne craignait pas de vider godet sur godet en compagnie des ouvriers de la forge préférait faire preuve de retenue et de prudence, rendue méfiante par cet environnement trop différent de ses habitudes.

Cet instant de calme s'acheva lorsque leur hôte s'exprima à nouveau, les invitant à exprimer d'éventuelles requêtes. Père et fille échangèrent un regard qui ne pouvait échapper au mondain, chacun questionnant silencieusement l'autre, incertains de ce qu'il pouvait entendre par « requête » et de ce qu'ils pourraient avoir à demander à un noble qui n'était ni leur client ni leur protecteur. Mais il était une précision que Thomas jugea utile d'apporter, afin d'éviter la reproduction de la scène précédente, et toute autre mésinterprétation.

« Je dois juste vous préciser que Cyrielle, c'est pas juste ma fille que je sors pour la faire voir. C'est mon associée à part entière, c'est elle qui reprendra la forge quand je serai plus là, et elle gère déjà une bonne part de l'affaire. Vous pouvez lui parler comme à moi, si on conclue une affaire elle sera informée de toute façon. Votre Destrelmar, c'est elle qui s'en occupe. »

La concernée apprécia la mise au point de son statut. Elle n'était pas ici comme fille ou femme, mais comme forgeronne. Elle se permit d'interroger le Comte.

« Vous dites que Gabriel Destrelmar est un point commun, je peux vous demander ce que vous voulez dire ? »

Si de Rougelac avait engagé la compagnie de mercenaires, cela pouvait expliquer qu'il s'adresse à eux, pour de l'équipement, ou pour tenter de diminuer le coût de la commande passée par le meneur de la troupe...
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyVen 16 Juin 2017 - 12:35
Il était un fait indéniable que les deux forgerons n'était pas à l'aise dans ce cadre qui semblait être à l'opposé de ce qu'il côtoyait au quotidien. Victor n'était pas certains de pouvoir comprendre leur réaction craintive mais nul doute que père et fille était déstabilisé. D'ailleurs, ni l'un ni l'autre ne daignèrent s'installer dans les larges fauteuils qui leur avaient été attribués. Malgré tout, ils n'étaient contre un peu de vin, alors, sans attendre, le Comte rempli trois coupes en tendant deux a ses invités avant d'aller s'installer à son siège derrière le bureau. Rougelac était homme à toujours chercher à garder le contrôle, cela passait par son timbre de voix posé et ses manières mondaine dénotant une sérénité à toute épreuve. Notant alors avec le plus grand intérêt la remarque de Thomas, il opina du chef avant de goûter le précieux nectar.

- Hmmm... juste à maturité. Excellent!

Fallait-il y voir un double sens? Bien entendu, parlait-il du vin mais... n'y aurait-il pas une pointe d'assimilation à la fille du forgeron, son associée? Victor aimait laisser planer les doutes, renchérissant tout de même en s'enfonçant dans son fauteuil.

- La présence de madame prend donc tout son sens à vos dires mon cher. La relève est donc plus qu'assurer! Voilà un élément qui sonne comme un gage de fiabilité.

S'il avait noter l'échange de regard des forgerons, cela révélait une complicité notoire et lorsque Cyrielle se montra curieuse, le mystérieux regard du mondain se posa avec force sur ses iris.

- Installez-vous, j'insiste. Bien, je ne sais quel contrat vous lie avec cet homme, monsieur Destrelmar, et j'aimerais d'ailleurs en connaitre les détails, mais jouons donc carte sur table si vous le voulez bien. Cet homme et sa compagnie viennent de passer un accord avec ma personne, dans le cadre du vaste projet qui prend forme. Il n'est ni plus ni moins que sous mon service... enfin... c'est un peu plus complexe dirons-nous, mais cela ne vous intéresse que peu je présume.

Il jaugea le père et la fille un instant, laissant ainsi leur esprit commencer à rassembler quelques pièces du puzzle et déduire de fait ce que Cyrielle semblait faire mûrir dans ses pensées.


Dernière édition par Victor de Rougelac le Mar 20 Juin 2017 - 15:20, édité 1 fois
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Cyrielle FerrandForgeronne
Cyrielle Ferrand



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MessageSujet: Re: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyMar 20 Juin 2017 - 15:07
La remarque, accompagnée d'un regard lourd, n'échappa pas à Cyrielle, mais elle tenta de ne pas relever. Elle était femme faite, mais elle avait conscience que la maturité, comme pour un fruit, devenait vite surie. Cependant elle avait déjà un fils, et se jugeait donc comblée, bien qu'elle n'aurait pas dédaigné en avoir d'autres. Aussi parvint-elle à ignorer la remarque, pour se concentrer sur la situation. Si le noble tentait d'obtenir d'elle autre chose qu'une relation professionnelle, il en serait pour ses frais.

Tout au moins semblait-il accepter sa présence pour ce qu'elle était réellement, et non comme une simple silhouette féminine, après les explications de son père. S'il la voyait comme une professionnelle et une possible partenaire commerciale, les rapports pourraient se détendre entre eux. Peut-être pourrait-elle même le trouver moins antipathique. En gage de bonne volonté, elle s'assit sur l'un des fauteuils, et son père l'imita, écoutant le mondain évoquer Gabriel et leur lien. Même si il semblait vouloir faire des mystères, il paraissait être son employeur, quelle que soit la raison pour laquelle il avait besoin d'une compagnie si imposante.

« Gabriel nous a passé une importante commande pour sa compagnie, tout simplement. »

Elle n'en dirait pas davantage, l'homme n'avait aucune autorité pour réclamer davantage de détails, et cela ne regardait que le mercenaire et elle.

« Ça a un rapport avec ce que vous attendez de nous ? »

Thomas renchérit.

« Je suppose que c'est parce qu'on est des forgerons qu'on est là, mais je ne sais toujours pas pourquoi exactement ? Je veux dire, si vous avez une commande à passer, on peut en parler et discuter du prix, mais pourquoi tout ce bazar autour ? Si vous voulez de la discrétion, on parle pas de nos affaires, ça regarde personne. Sauf le Duc, bien sûr. Mais ça, si vous voulez faire un truc contre lui, faudra voir avec un autre, on trempe pas dans les magouilles. »

Car les manières du Comte pouvait laisser craindre ce genre de dérives, et aussi dangereux qu'il puisse être de s'y opposer, il jugeait plus risquer encore de se trouver pris entre les combats des puissants.
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyMar 20 Juin 2017 - 15:46
Il semblait à mesure du temps qui s'écoulait, que le réel interlocuteur dans l'affaire n'était pas le père mais bien la fille qui n'hésita nullement à prendre la parole. Dans quelconque cercle mondaine, cela aurait été interprété comme un affront à l'autorité parental pour sûre. La forgeronne ne semblait d'ailleurs que peu enclin à livrer plus de détails au Comte de Rougelac, lui dévoilant par son attitude un caractère bien tranché, le corps et l'esprit semblaient aller de paire, aussi fort l'un que l'autre. Se délectant de son breuvage tout en toisant de manière naturellement mystérieuse les deux forgerons, rien n'échappait à l’œil acéré du quadragénaire, ne prenant finalement nullement la peine d'insister au sujet de la commande de son associé d'affaire.

Reportant alors son attention sur Thomas qui renchéri au parole de sa fille, ce dernier semblait tendu, peu à l'aise et suspicieux quand à la démarche du Comte de Rougelac. Fallait-il mettre un terme à ces doutes, il était certain. Victor se releva alors, coupe dans une main, tandis que son autre main se plaça dans son dos, lui accordant une certaine prestance dans les pas qu'il exécuta alors et qui le firent dessiner un rond dans le salon, passant derrière ses deux invités avant de déclarer.

- Ne vous méprenez pas quand à mes intentions. Mettons donc aux oubliettes la teneur de la commande passé par mon bon serviteur pour nous concentrer sur notre affaire.

Continuant son tour de table ou plutot de salon, il glissa des regards plus soutenu vers Cyrielle, qui pour Victor semblait être la tête pensante du duo.

- Voilà, l'affaire est simple, je désir passer avec vous un contrat un peu particulier. Un contrat dit "d'entretien". Je ne vais pas vous donner la définition de ce mot, vous le connaissez. A partir de demain, toute réparation, rénovation du matériel de la compagnie des dragons sera à ma charge. Nous aviserons d'une rémunération fixe tous les mois. Cela ne concerne pas uniquement la compagnie mais aussi mes hommes d'armes personnels et quelques chevaliers qui m'ont prêter allégeance.

Il se posta devant les forgerons pour émettre une remarque important avant que ses deux invités ne viennent à mal interpréter ce qu'il venait de déclarer.

- Attention, n'y voyait dans ma démarche aucune forme de rebellion envers le Pouvoir, bien au contraire. Je me porte à l'inverse garant d'incarner, à moindre mesure, un soutien à sa position et à ses projets. Il n'y a nul menace à y voir, mes intentions restent noble, j'insiste sur ce point. Je me dois de vous le dire car j'apprécie q'une confiance réciproque s'installe avec mes partenaires. Voici le cadre que je vous dresse, de la proposition que je vous fais. Bien entendu, pourrais-je aller plus loin encore en vous proposant d'administrer l'intégralité de votre fond de commerce, mais je suis presque certain qu'au jour d'aujourd'hui, vous refuseriez un tel projet et je le comprendrais aisément.

Il se réinstalla dans son fauteuil croisant les jambes avant de les jauger du regard à nouveau. venait-il de leur offrir son intervention en prenant de la hauteur, comme il aimait le faire, c'était des petits choses anodine en soit mais qui pouvait influencer l'inconscient des gens.

- Un autre projet se dessine d'ailleurs, où une main d'oeuvre telle que la votre pourrait m'être à nouveau utile. Enfin bref, si je vous propose cela, c'est évidemment pour amortir mes coûts et aussi pour vous offrir une rentré d'argent régulière... voyez le pour et le contre... le choix vous appartient. c'est à prendre ou à laisser. D'autres forgerons sont déjà sur ma liste de prospection au cas où...

Allait-il laisser quelques marges de négociations aux deux forgerons, il ne semblait pas le concevoir pour le moment.
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Cyrielle FerrandForgeronne
Cyrielle Ferrand



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MessageSujet: Re: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyMar 20 Juin 2017 - 17:00
Le noble se mit à déambuler autour de la pièce, affichant la prestance de son allure et de sa vêture tout en forçant ses interlocuteurs à quelques contorsions afin de ne pas lui tourner le dos. Les inquiétudes exprimées par le forgeron reçurent une rapide réponse, alors que Victor renonçait à s'immiscer dans leurs affaires avec d'autres, avant de leur décrire ce qu'il attendait d'eux. En comprenant ce dont il s'agissait, Thomas laissa échapper un léger soupir et un sourire en coin, tandis qu'une lueur d'amusement faisait luire les prunelles pâles de sa fille.

Rien de ce qu'il leur proposait ne semblait justifier de tels mystères. L'aspect très formel qu'il semblait désireux de placer sur leur accord était certes surprenant, mais dans leur esprit, se justifiait par son statut de noble et d'homme d'affaires. En effet, il était dans les habitudes de la forge d'entretenir et de remplacer les outils qu'ils fournissaient, à des tarifs avantageux, afin de se conserver une clientèle. De plus, cela leur assurait des rapports cordiaux avec d'autres corps de métiers, depuis les charpentiers jusqu'aux miliciens, ce qui était toujours bienvenu. Nul besoin, pour cela, d'accord d'exclusivité ou de contrat. Mais aussi inutile que leur paraissent ces formalités, elles n'allaient pas les empêcher d'accepter, si l'arrangement leur paraissait avantageux. Dans les circonstances actuelles, un apport financier régulier et assuré n'était pas à dédaigner. Ils n'étaient guère habitués à gérer autant de matériel que semblait l'évoquer le Comte, mais ils leur faudrait davantage de détails avant de se prononcer.

Avant tout, le seigneur de Rougelac sembla trouver indispensable de préciser qu'il visait à soutenir le Duc, et non à s'y opposer. Il prétendait vouloir leur confiance, mais Cyrielle n'était pas dupe. Une véritable confiance ne pouvait naître que dans la durée, pas uniquement sur quelques paroles enrobées de mystères et de non-dits. Mais l'affaire éveillait leur intérêt, ils ne pouvaient prétendre le contraire. Thomas se tortilla un peu sur son fauteuil, et se racla la gorge, avant de s'exprimer.

« Parlons concret, si vous voulez bien messire. On parle de combien d'hommes d'arme ? De combien de chevaux ? Et on s'occuperait que du matériel militaire, ou aussi du reste ? La vaisselle, tout ça ? Il faut aussi parler du prix, vous comprenez bien qu'on parle pas de la même chose si c'est cinq pistoles par mois pour une centaine d'hommes ou dix écus pour moitié moins. »

Cyrielle demeura en retrait, cet aspect des choses concernait surtout son père, même si elle comprenait l'intérêt instructif pour elle que d'observer les négociations. Elle se demandait si le Comte avait la moindre idée du cours de l'acier, du prix d'une journée de leur travail, de la carence de matière première... Il leur faudrait aussi estimer de la charge de travail que cela représentait, et de leur capacité à absorber une telle demande. Ils sauraient vite à quoi s'en tenir, et si ses exigences étaient ridicules, alors ils n'auraient guère de scrupules à le laisser tenter sa chance auprès de leurs confrères...
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyMer 21 Juin 2017 - 13:06
Il y avait bien un monde entre les petites gens et la noblesse. Là où l'éducation exigeait de prendre son temps, de poster pierre par pierre l'édifice, la bassesse d'esprit voulait bafouer ses règles de bonne conduite pour en venir directement aux faits. Par tous les saints, cela pouvait exaspérer le mondain! A quoi devait ressembler une parade amoureuse chez le bas peuple? Ah rien! A un besoin simplement primaire! Victor semblait si heureux d'appartenir en cet instant à la noblesse, aux gens éclairés! N'exprimant nullement ces pensées, il esquissa simplement un sourire lorsque le patriarche réclamait donc du concret avant que le Comte n'aille se rassoie.

- Bien, si vous y tenez, allons droit au but. Nous parlons d'une trentaine d'hommes, mercenaires pour la majorité et quelques chevaliers. Nous parlons bien de leur matériel "militaire" et rien d'autre. Quand au prix... le nerf de la guerre j'en conçois... j'avais pensé, après analyse du marché, à une rétribution s'élevant à 100 pistoles par mois. Et je veux également joindre à ce contrat, une possibilité de renégociation si d'aventure un second projet prenait forme et que vos compétences puisses s'y associer. ne m'en demandez point la teneur, je vous recontacterais le cas échéant.

Il les jaugea tours à tour avant de conclure, conscient que les deux forgerons tenteraient sans doute de proposer une autre offre.

- Alors qu'en dites-vous? Marché conclu?

Victor semblait garder une maîtrise de soit a toute épreuve, il ne voulait nullement faire paraître quelques émotions pressantes ou anxieuses, non, plus il se montrerait détacher plus il aurait la main sur le cours de l'opération qui était en train de prendre forme entre homme d'affaire et artisan.
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Cyrielle FerrandForgeronne
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MessageSujet: Re: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyMer 28 Juin 2017 - 9:19
Tout en réprouvant par son attitude la manière abrupte dont son interlocuteur écourtait la discussion, le comte accepta de préciser ce dont il parlait. Les armes et armures d'une trentaine de combattants, chevaliers et mercenaires. Une charge de travail conséquente si elle venait s'ajouter à leur quotidien, d'autant plus que le noble entendait certainement être servi en priorité, mais que la forge serait capable d'absorber. Les deux artisans échangèrent un regard, et chacun hocha légèrement la tête, ne voyant ni l'un ni l'autre d'obstacle matériel à ceci.

« On peut se charger de ça ouais. »
« Ça nous permettra d'embaucher un ou deux apprentis de plus, et de passer Jehan ouvrier. »

Le plus âgé de leurs apprentis méritait cette promotion, et pourrait ainsi prendre en charge un nouvel arrivant. Thomas hocha distraitement la tête. La suggestion n'était pas mauvaise, mais ils en parleraient entre eux, et non en compagnie d'un client, que la gestion interne de l'affaire ne concernait aucunement. En revanche, le prix annoncé par le comte leur convenait moins, mais cela ne les inquiétait guère. Les négociations n'avaient pas encore commencé, et le prix initial, bien qu'un peu bas, n'était pas non plus ridicule, ce qui leur laissait une certaine marge de manœuvre. Cet aspect des choses serait géré par Thomas, bien plus fin négociant que ne le laissait penser sa carrure et son visage ouvert.

« Si notre association nous est mutuellement profitable, il n'y a pas de raison de ne pas l'enrichir un peu plus tard. A condition, bien sûr, que vous ne nous demandiez pas d'accepter tout de suite une modification, sans en voir la couleur ni pouvoir la discuter ! »

Un rire accompagna la derrière phrase, présentée comme une plaisanterie, mais un éclat froid dans le regard laissait deviner qu'il ne fallait pas le croire né de la dernière pluie. Et sur le même ton, il ajouta :

« Je pense qu'on va conclure le marché oui, dès que vous serez sérieux sur le salaire. Avec une demeure comme la vôtre, vous ne me ferez pas croire que vous n'avez pas les moyens d'un paiement honnête ! »

Il jouait à nouveau la carte de l'humour, mais les tractations venaient de débuter. Silencieuse, Cyrielle observait la manière dont s'y prenait son père, apprenant. Pas tant la méthode, que son caractère et son attitude générale risquaient de rendre inefficace, mais la manière générale dont il contournait et abordait le cœur du problème, ainsi que ce qu'il demanderait, et ce sur quoi ils s'accorderaient finalement.

« Pour ce que vous nous demandez, va falloir payer les gars, les matériaux, le fer, le charbon, le bois... Non, soyons sérieux, pour ça, il va plutôt falloir cent cinquante pistoles par mois. »
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MessageSujet: Re: De soie et d'acier   De soie et d'acier EmptyJeu 29 Juin 2017 - 17:50
Allaient-ils accepter l'offre du mondain? Allaient-ils tenté de négocier, les choses intéressantes allaient réellement commencer maintenant. Le Comte jaugeant tour à tour père et fille forgerons avant de les entendre échanger entre eux.

Puis leur attention se reporta sur Victor, lachant une réflexion sur le ton de la plaisanterie mais pourtant tout ce qu'il y avait de plus sérieux. Rougelac ne sourit nullement en retour, gardant alors un visage sérieux, pour lui, il n'était plus temps de parler à la légère.

- Monsieur, vous n'allez pas m'apprendre comment on gère une affaire. Je possède nombres d'établissements, j'ai une multitude de contrats d'ordres variés, bref votre remarque n'à nulle intérêt.


Là Victor ne jouait clairement plus il sentait venir la négociation de la partie adverse et c'est bien ce qui se produisit. Allait on parler gros sous, qui aurait la part belle ? Peut etrr les deux, mais il y avait toujours un camp plus lésé qu'un autre. Rougelac écoutait attentivement, aiguisant ses arguments, ses angles d'attaque dans son esprit vif d'homme d'affaire.

La carte de l'humour n'était pas envisagé par Victor contrairement à son vis à vis. Le respect était pourtant mutuel alors que Thomas lançait ses arguments à sa manière avant d'entendre le mondain répliquer.

- Ne vous fiez pas à l'emballage, aux apparences mon cher. Ce que vous voyez ici est pour la plupart lié à l'héritage familial et non tiré des profits actuels. Je comprend vos arguments mais, voyez vous, en ce moment, mes revenus sont presque en équilibre avec mes dépenses. Je n'ai point que des affaires qui dégage du bénéfice voyez vous...


Il jaugea à nouveau le forgeron avant de proposer une contre offre.

- Vraiment... je ne pourrais aller au delà de 115 pistoles par mois sans risquer de me mettre dans le rouge, ce qui vous serez automatiquement préjudiciable de fils en aiguille.


Menti-il. Victor bluffait, pensait il que le forgeron n'ai étudié en détails ses affaires. Thomas céderait il? Il semblait que Cyrielle ne prenne par aux négociations et ce n'était pas plus mal au vu de son tempérament.
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