Pour un ch'val avec toi, je ferais n'importe quoi ! [PV Seren & Hector]

Pauvre Gris-Poil... il traînait la patte. Depuis ce long voyage autour du duché du Morgestanc, il n'avançait guère plus... Quel âge avait-il d'ailleurs ? Hector n'en avait aucune idée, il l'avait connu petit, il avait vécu à Sombrebois avant le fléau puis après... Et là, il emmenait son maître en direction de Marbrume, sans que ce dernier sache que c'était là son dernier voyage. Au lieu des deux heures habituelles, lorsqu'il était en forme. Il lui fallut cette fois presque le double de ce temps. Hector l'encourageait bien, mais rien n'y faisait, il avait le trot et le pas lourd et las. Hector dut même mettre pied à terre pour les derniers hectomètres du voyage... Et Gris-Poil rendit son dernier souffle à 20 mètres à peine des portes de Marbrume.

Hector ne sut vraiment quoi faire et son hésitation fit le bonheur des pauvres gens qui traînaient par là : ils emmenèrent la bête dans leur campement de fortune pour la dépecer et sans doute, la manger. Le baron alla à la ferme la plus proche pour acheter un autre cheval. Ce fût un certain Gontran qui l'accueillit, souriant, voyant dans la venue d'un noble le présage d'une fortune proche... et il ne se trompa pas. Hector, après avoir essayé son plus beau pur-sang, lui laissa deux pièces d'or, plus d'argent qu'il n'en avait jamais reçu pour l'une de ses bêtes. Hector l'avait essayée et avait été séduit par sa vitesse et la force qu'il dégageait.

- Avec lui, vous pourrez voyager longtemps... et vite ! Lui avait dit l'éleveur.

Et il n'avait pas menti (au moins pour la vitesse). La seule chose qui embêtait un peu le baron était que la bête, prénommée Moto, était relativement farouche. La jument se cabrait facilement et refusait parfois d'avancer. Hector décida d'aller voir Seren, la femme qui avait proposé le spectacle de chevaux, lors du bal de Sombrebois, en septembre dernier. Nous étions là en novembre, mi-novembre plus exactement, et le grand barbu espérait bien que l'artiste-éleveuse était toujours là où il l'avait connue.

Il franchit les portes de Marbrume aux alentours de midi et se rendit donc sans attendre dans le quartier du Labourg, à la recherche du campement d'artiste où il était déjà venu une fois. Cinq minutes plus tard, il attachait Moto à un arbre et s'approchait du feu de camp autour duquel des artistes et Seren partageaient leur repas.

- Seren, bien le bonjour ! Mesdames Messieurs, bon appétit ! Fit Hector qui avait reconnu quelques têtes.

Au même moment, Moto tenta de s'échapper : Elle hennit avec force et donna un violent coup de cou mais la corde tint bon et elle dut s'avouer vaincue : le nœud d'Hector et l'arbre (!) tenaient bon !

Alors qu'ils étaient tous attablés, si l'on puis le dire ainsi, autour du feu un bruit de sabot attira l'attention de la jeune femme. Les spectacles avaient peu à peu cesser, les artistes ne faisait guère plus que quelque numéros de-ci de la mais les numéros équestres avait été abandonnés suite aux nombreuses plaintes qu'ils avaient reçu. Seren montait toujours Enbarr mais ne pouvait le faire galoper à son aise. Elle était devenue triste, légèrement irascible. Seule la présence d'Astrid lui redonnait le sourire.
C'est donc en cette période de mal-être que le Baron de Sombrebois apparût au détour de la route sur un magnifique pur-sang brun. La jeune femme fronça le sourcils en ce demandant d'abords que qui pouvait l'amener mais se reprit bien vite et se leva d'un bon, renversant ainsi son bol et le bouillon qu'il contenait. Elle s'approcha du Baron pour le saluer correctement.

- Messire, c'est un plaisir de vous revoir ici ! Je me demande cependant ce qui vous amène dans notre humble camp ...

Elle n'eut pas le temps de finir ca phrase que la monture de noble, attachée un peu a l'écart, henni fortement tout en essayant de se détacher. La curiosité de la jeune femme augmenta d'un coup. Elle regarda ainsi la bête quelque minutes afin de l'évaluer. Jeune et puissant, le cheval devait être d'une ascendance noble et très prisée. De très bon chevaux si l'on oublie le le fait qu'ils soient bornés et aussi têtus qu'un troupeau d'ânes. Un sourire naquit sur les lèvres de Seren, son propre étalon avait été dans le même cas quelques années auparavant ! Elle invita le Baron a s'asseoir avec eux afin de pouvoir discuter tranquillement.

- Je vous en prie, venez vous joindre a nous. Je en peux malheureusement pas rivaliser avec l'hospitalité qui a été la votre il y'a quelques mois mais je peux néanmoins vous proposer un ragoût de lièvre préparé avec amour !

Seren aimait beaucoup le noble, il avait été courtois et aux petits soins avec sa troupe malgré leur différence de rangs ... un gouffre les séparaient socialement mais il était d'une gentillesse sans limites. Elle l'escorta donc jusqu'au feu de camp, chassa quelques petits malotrus pour qu'il ai la meilleure place et lui mit un bol de ragoût entre les mains. Elle attendit quelques instant, un sourire énigmatique sur les lèvres, sans le quitter des yeux. Elle jouait avec une mèche de ses cheveux d'ébène, signe d'une impatience difficile a contrôlée ...
N'y tenant plus elle s’adressa enfin a son invité de marque.

- Vous avec une fort belle monture monsieur ... Un peu revêche et têtue mais d'un potentiel exceptionnel ! Je ne crois pas l'avoir vu au domaine lors de notre visite cependant ...

- Ce qui m'amène dans votre camp ? C'est elle ! Fit Hector en désignant son impétueuse jument.

Cette introduction et la ruade de Moto ne sembla pas impressionner Seren outre mesure. Elle invita Hector à se joindre à elle et sa troupe. Le sol n'était pas très propre (c'est le moins qu'on pouvait dire) aussi Hector détacha-t-il sa cape afin d'y déposer son noble séant.

- Je ne peux malheureusement pas rivaliser avec l'hospitalité qui a été la votre il y'a quelques mois mais je peux néanmoins vous proposer un ragoût de lièvre préparé avec amour !
- Ah, vous aviez été prévenue de ma visite ? S'amusa le baron en offrant un clin d’œil à la jolie Seren. Z'avez dû voir une voyante car moi-même je ne pensais pas venir ici il y a deux heures encore !

*

Lorsque son hôtesse lui eut trouvé une jolie place près du feu, le baron se vit offrir un bon bol de ragoût. Il en huma avec délectation le fumet.
- Ça sent formidablement bon ! S'exclama-t-il, enthousiaste, en regardant Seren avec des yeux qui montrait toute la joie qu'il avait de la revoir.

Mais celle-ci semblait attendre quelque chose. Elle avait un sourire énigmatique et regardait Hector avec une curieuse lueur dans les yeux. En outre, la brune enroulait sensuellement une mèche de ses beaux cheveux entre ses doigts...
- Vous avec une fort belle monture monsieur... Un peu revêche et têtue mais d'un potentiel exceptionnel ! Je ne crois pas l'avoir vu au domaine lors de notre visite cependant...
- Elle s'appelle Moto et effectivement, elle me donne du fil à retordre ! Par deux fois j'ai manqué de passer par dessus sa croupe ! rien qu'entre les portes de Marbrume et votre camp !

Son regard s'assombrit un peu.
- Le voyage de ce matin, entre Sombrebois et ici a été le dernier voyage de Gris-Poil, mon ancien cheval. Il m'a heureusement mené jusqu'aux portes de Marbrume mais là, avant d'avoir pu les franchir, elle est tombée et s'est éteinte.

Il baissa un instant les yeux.
- Dans une des fermes des faubourgs, j'ai pu trouver cette jument. Une belle bête n'est-ce pas ? Mais terriblement sauvage ! D'habitude je n'ai rien contre les montures fougueuses - il fit un second clin d’œil à Seren - mais pour celle-ci, je la souhaiterais un poil plus docile.

Il pouvait se permettre d'être un peu tendancieux avec Seren car, malgré leur relation récente, il sentait que c'était une fille relativement ouverte, avec de l'humour, une artiste... Et, en plus, elle connaissait la réputation d'Hector ! Bref, le repas de midi s'annonçait amusant !

Hector, qui ne s'y connaissait pas du tout en élevage allait sans doute faire rire Seren pour de bon en lui demandant :
- J'ai quelques courses à faire cet après-midi. Vous pensez qu'elle sera opérationnelle ce soir... ou demain matin, pour que je rentre tranquillement à Sombrebois, sur elle ! sans risquer de me rompre le cou ?

En attendant sa réponse, il enfourna dans son bec une grande quantité de ragoût. A son air enchanté, ses yeux brillants et son hochement de tête affirmatif, la jeune femme pouvait voir que le plat lui plaisait énormément !

L'annonce de la mort de Gris-poil peina réellement Seren, elle s'en était occuper quelques instant en attendant de faire leur apparition pour le spectacle du Baron. C'était une bête douce et docile, gentille et affectueuse ... Un voile de tristesse passa dans les yeux de la cavalière, la mort d'un animal était toujours triste et savoir qu'elle allait finir en ragoût rendait la chose presque insupportable. Savoir également qu'elle avait rempli son rôle jusqu'au bout la réconforta quelque peu.

Le clin d’œil du noble fit sourire Seren, sa réputation le précédait et la jeune femme n'était pas une sainte non plus. Elle ne se vexerait pas pour si peu et trouvait même cela assez comique, qu'un noble fasse ce genre de commentaire était assez inattendu ! La demande du baron la fit sourire encore plus. Elle se pencha vers lui et lui murmura :

- Je veux bien être douée dans ce que je fait Messire mais je ne peux pas faire de miracle !

Le ragoût semblait lui plaire, elle attendit donc qu'il finisse son bol pour aller voir la cause de ses soucis. La jeune femme se releva souplement et fut prise d'un petit rire en regardant son interlocuteur.
Elle designa son menton.

-Messire, si vous l'aimer tellement ce ragoût je viendras a Sombrebois pour vous en refaire. Pas besoin d'en ramener avec vous !

Une tâche se sauce maculait la barbe du gaillard, avec ses manières Hector n'avait surement pas l'habitude de manger ce genre de chose et surtout pas avec des couverts en bois grossiers. L'acrobate se dirigeat doucement vers la nouvelle monture de son invité surprise. Jeune et vive, les poils brillants, les yeux réactifs et les naseaux propres. Un très belle bête a n'en point douter. Son dressage n'était pourtant pas des plus productif. On l'avait peut être frapper d'ou le stress qu'elle ressentait en la présence d'humain.
Seren s'approcha doucement, un morceau de pain dur dans la main. Elle présenta la friandise au cheval qui s'ébroua bruyamment. Seren resta immobile, seul l'air qui passait dans ses poumons et qui gonflait sa cage thoracique la faisait bouger. Elle regardait la jument dans les yeux.
Celle-ci fini par s'approcher doucement et accepta enfin le bout de pain qu'on lui présentait. La cavalière lui donna une ou deux caresses avant de se tourner vers son propriétaire.

- Je pourrais la calmer légèrement mais pour que vous soyez à l'aise sur votre selle, il faudrait un travaille régulier avec elle. Quelques exercices avec votre présence et d'autres ou vous allez devoir mener la dance.

La jeune femme lui souris a nouveau tout en flattant l'encolure de Moto. Elle ajouta avec un clin d’œil :

- Et pur le ragoût, vous devriez remercie mon amie cartomancienne !

Hector leva un sourcil d'un air perplexe, voire incrédule :
- Les canassons sont donc des bêtes si dures à dresser ?

Il savait bien que Seren était "amoureuse" des chevaux et c'était à dessein qu'il avait utilisé le terme péjoratif de "canasson". Il avait bien envie de la taquiner un peu, cette gentille acrobate. D'ailleurs, celle-ci ne se priva pas de se moquer - gentiment - d'Hector lorsque ce dernier macula sa noble barbe de l'excellent ragoût. Rougissant légèrement, il essuya sa barbe avec un beau carré d'étoffe sorti de sa poche, puis il suivit la brune jusqu'à sa rebelle Moto qui s’apaisa sous les douces caresses de la dresseuse. Hector sourit en voyant la jeune femme à l’œuvre. Il constatait qu'en une minute elle avait fait mieux que lui en une heure ! Mais une toute autre pensée s'insinua dans son esprit. Il s'imaginait, lui, à la place de la bête, se faisant caresser son grand museau pour calmer ses ardeurs... Un sourire ambiguë éclaira son visage.

- Vous avez la caresse efficace... Dit-il coquinement.

Et lorsque la jeune femme parla de cartomancienne, des idées encore moins chastes remontèrent à sa mémoire. C'est que lui même connaissait une cartomancienne... et le moins qu'on puisse dire était que leurs relations furent brûlantes...

- Si elle s'appelle Astrid, je la remercierais bien volontiers en effet ! Fit-il à tout hasard !