Mauvais saut, Mauvais sort [Alfonso]

Sujet: Re: Mauvais saut, Mauvais sort [Alfonso] Mar 17 Oct 2017 - 16:53

Ce goût dégueulasse ne quittait ma bouche. Elle restait même bien présente, et j'avais beau avaler de la salive, rien n'y faisait. Alors je grimaçais de temps en temps. Je voulais savoir ce qu'il y avait dans ce produit. Je posais ma main droite sur mon front, en relevant quelques mèches de cheveux. Des gouttes de sueurs coulaient. C'était affreux !

Le noble d'un rire moqueur me disait que je reprenais des couleurs, je ne savais pas quoi en penser, je devais être tout rouge au vu du souffle de chaleur qui s'emparer de ma tête. Autant dire que moi, je ne riais pas, et je n'en avais pas envie.
Mederich accompagna ma question en encourageant le soigneur à me répondre. Oui il fallait, je voulais savoir, enfin, à moitié, je me disais que je pouvais aussi vomir s'il me récitait des ingrédients originaux.

J'observais le soigneur quand il débuta sa tirade. Je le regardais avec une grimace, et une peur à la fois d'en savoir plus tellement c'était écoeurant.
Il racontait que ce produit était un secret de famille. Je voulais bien le comprendre. Je n'avais pas le temps de répondre que le chevalier le fit à ma place comme s'il avait lu mes pensées.
Oui je voulais connaître quelques composants.

Le soigneur hésita, c'était étrange, puis il céda... Sans doute se disait-il qu'il valait mieux respecter la hiérarchie, juste pour ses intérêts.
Je fermais les yeux en secouant ma tête lentement en écoutant. J'avais vraiment envie de vomir, ma gorge se serrait.
On ne pouvait pas dire que cela me rassurait. Et penser à pire m'effrayait. Je me mis soudainement à tousser alors que le noble fit cesser le soigneur.
Rien de bien méchant, me disait le chevalier. Je m'en souviendrais en tout cas. Il souhaitait vraiment être sur pieds rapidement. Il espérait que ce remède se montre aussi efficace que mauvais au goût.

Le soigneur continuait à observer mes blessures sans que je ne puisse rien y faire. J'écoutais le noble qui me parlait d'un ton que j'avais du mal à décrire, je le sentais à la fois sincère, et méprisant. Ainsi je ne savais pas comment je devais prendre les fleurs qu'il m'adressait. De toute façon je n'avais en cet instant pas l'esprit assez net pour émettre un jugement.
-" Mademoiselle de Brasey se porte bien ! Vous savez mieux que moi la suite pour les gens de votre espèce. Les affaires tout ça ! " Dis-je en poussant de temps en temps des petits gémissements de douleurs.
-" Vous me flattez... Je ne mérite pas d'éloges après ce que je viens de faire. Si j'avais perdu la vie, elle aurait vite fait de me remplacer sans que cela lui change quoi que ce soit... Il y a plein de gens comme moi qui cherchent du travail. Je doute que ma mort lui aurait tiré une larme ! Sans doute un soupir de dépit à l'idée de devoir trouver quelqu'un d'autre prêt à mettre son existence dans son ombre." Répondis-je avec sincérité sans vraiment savoir, juste par impression. La Baronne ne m'avait jamais vraiment montré d'attention, juste le jour où je m'étais interposé dans une bagarre et qu'elle me mena chez un soigneur qu'elle connaissait. Mais sinon... Un instant je pouvais croire qu'elle appréciait ma présence mon travail, puis l'inverse...

-" Dans combien de temps serais-je rétabli ? " Demandais-je au soigneur pour éviter de trop penser à la Baronne. Je savais qu'elle me sanctionnerait à mon retour. Je le supposais surtout. J'avais dans le fond ce mépris que portent la plupart des gens du peuple envers les sang-bleus.

Sujet: Re: Mauvais saut, Mauvais sort [Alfonso] Lun 23 Oct 2017 - 12:17

« Les gens de mon espèce. » Répéta dans un souffle le comte de Corburg tandis qu'il continuait de tendre l'esgourde aux dires du valet. Peut être était ce la douleur, peut être était ce la folie, peut être était ce la fatigue, quoi qu'il en soit, le jeune homme avait sans aucuns doutes vrillé de la caboche pour se permettre une tel familiarité. Le visage du comte se ferma d'instinct, il avait était conciliant depuis le début, mais s'en était maintenant trop. Un gueux restait un gueux et il devait savoir se tenir à sa place, sans quoi, il ne valait la pas mieux que les pitoyables hommes et femmes qui arpentaient l'extérieur, le bras marqué au rouge-fer.
Pourtant, il le laissa d'abord déblatérer de tout son soûl, mais il ne l'écoutait plus. Seul le guérisseur était encore aux aguets quand au sort d'Alfonso. C'est d'ailleurs ce dernier qui prit la parole en premier de sa voix de vieil chouette.

« Il vous faudra du repose. Beaucoup. Il vous faudra boire mes décoctions pendant encore quinze jours, chaque matin. Au minimum. Et peut être votre chute sera t'elle un simple souvenir dans un bon mois. Bien sûr, ces prévisions prennent en compte que vous survivez à cette nuit. Il existe des blessures à l'intérieur du corps que je ne peux prédire et que personne, je dis bien personne, pas même cet vieil enflure de Trois-Dents, ne peut deviner à l'avance, vous m'entendez ?!» Le vieil homme était monté dans les aigus, s'emportant tout seul dans sa propre tirade contre sa Némésis personnel, un ennemi que ni Mederich, ni Alfonso ne devait connaitre, mais qu'importe.
A l'annonce de la possible mort de du valet dans la nuit, un sourire c'était dessiné sur les lèvres parcheminés du comte. Ainsi le jeune homme passerait les prochaines heures suspendus entre la vie et la mort et il n'aurait aucuns moyens de savoir de quel coté pencherait la balance. Une confusion qui lui servirait de punition. Oui, Mederich ne portait plus aucunes sympathie à ce dernier maintenant, la liesse était passé.
Le comte s'adressa alors au guérisseur.

« Seriez vous en possession d'un parchemin ou quelques feuillets que ce soit et de quoi écrire Bilefrusque ?»
Le rebouteu grommelait en crachotant dans sa barbichette, il fouillait une besace.
« Pour sûr Monseygneur, pour sûr.»
Répondit t'il en lui tendant une feuille de piètre qualité et un set d'écriture qui l'était encore moins. Visiblement, l'homme n'appréciait pas ce séparer de ces biens qui devaient avoir valeur de trésor pour lui.
« Vos tarifs sont t'ils communs à ceux de votre profession ? »
« Tout à fait Monseygneur, tout à fait.»

Mederich se mit alors à écrire, en silence. Un silence pesant qui se rependit dans la petite pièce comme une chape de plomb. Seuls les bruits sec de la plume sur le papier brisait régulièrement le silence. Puis, Mederich passa une main agile dans le gambison sous son armure, il en sortit une petite boite d'une dizaine de centimètres de long sur cinq de large, elle était cerclé de fer et contenait un de ses propres trésors. A l'intérieur, se trouvait calfeutré son sceaux et une barre de cire de couleur rouille. Saisissant une bougie, il apposa d'une main ferme ses armoiries en bas du parchemin. Parchemin qu'il tendit en suite à Alfonso.

« Veuillez porter cela à votre Maîtresse. Il s'agit de la note concernant les dépenses engagés à votre survie en ce jours, ainsi que les honoraires de notre cher Bilefrusque ici présent. Vous lui transmettrez aussi mes amitiés et salutations. Mon intendant se rendra au Manoir des Brasey dans la semaine.»

Il se leva en suite, se saisit de la bouteille du vin et lui fit enfin son affaire, la vidant jusqu'à la dernière goutte. Il l'envoya voler dans la pièce, le verre passant entre Korin et Alfonso avant d'aller se briser contre le mur de pierre. Sanglant son casque, il passa une main sur son épée avant de lâcher d'une voix étouffé, ferreuse.

« Bon vent, valet.»

Et le comte quitta les lieux, comme un vicieux vent d'hiver.

Sujet: Re: Mauvais saut, Mauvais sort [Alfonso] Mar 24 Oct 2017 - 12:08

Je lisais sur le visage du noble que je l'avais vexé dans la façon dont j'avais parlé du sang de ma Maîtresse. Mais après tout, j'avais trop mal, et je venais de boire une boisson au mauvais goût, alors sans doute avais-je parlé comme ça, sincèrement, grossièrement. Ce qui n'était pas dans mes habitudes.
Mon état, hélas, ne me permettait pas d'être très conséquent dans mes paroles. D'ailleurs, je souhaitais que mon interlocuteur le comprenne.
Je savais bien ce que je lui devais, et qu'il m'avait sauvé la vie.

Même si sur le moment je n'avais forcement pris la chose de cette manière.
Heureusement, je n'allais pas souffrir les foudres du sang-bleu, car le soigneur prit la parole pour m'expliquer ce qui allait se dérouler par la suite.
Des gouttes de sueurs coulaient sur mon front quand il annonça que les prochaines heures seraient un poignard sur mon coeur que seul le hasard maintiendrait ou non.

Un destin immédiat qui me priva un instant de la parole, et de tout mouvement, je restais stupéfait, inquiet, paniqué aussi. Plein de sentiments de ce genre se mélangeaient.
Je hochais timidement de la tête, le regard dans le vide, pour dire que je comprenais. Je me sentais mal. Un frisson froid glissait le long de mon dos avec une langueur terrifiante. A peine avais-je entendu le noble parler avec le soigneur.
Il voulait de quoi écrire.
Je ne m'en occupais plus, j'étais mal, si mal, au fond, je m'attendais à une violente douleur qui allait précéder ma mort.
Horrible pensée, j'avais maintenant froid, si froid que je croisais mes bras en me courbant un peu. Il n'y avait plus dans l'air que le bruit de la plume, et du papier qui se coloriait.

Il me tendait ce qu'il venait d'écrire, il s'agissait donc du coût des soins. Je ne lisais rien...Il se leva.
-" Je lui transmettrai, n'ayez crainte..." Dis-je d'une petite voix, sans ajouter... Si je suis encore en vie demain.
Je l'observais s'éloigner, moi je restais assis en compagnie d'un violent vertige.
-" A bientôt Monsieur, et merci pour tout, et navré de..." Il était parti, je n'avais pas pu lui demander pardon pour mon mauvais langage. Je soupirai, en voyant devant moi la mort, elle allait m'accompagner un certain temps...

[Merci pour ce RP bien chouette ^^ ]