Marbrume


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 [Zone éphémère] Une réjouissance populaire :

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HypothermieMaître du jeu
Hypothermie



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MessageSujet: [Zone éphémère] Une réjouissance populaire :   [Zone éphémère] Une réjouissance populaire : EmptyLun 11 Nov 2019 - 19:05
[Zone éphémère]
◈ Une réjouissance populaire ◈


1er juillet 1166, soirée & nuit.


[Zone éphémère] Une réjouissance populaire : Jardin10

La nouvelle provoqua un véritable raz-de-marée au sein de la population de Marbrume. De fait, ce n'était pas véritablement l'idée d'une fête, organisée par l'entourage du roi lui-même, qui suscitait pareil émoi. En effet, bien que cette réalité en soit une à même de faire sourire les plus acariâtres et crier de joies les plus commodes, celle-ci ne fut point commuée dans l'enthousiasme pour cette raison. Ce qui choquait et créait cet engouement sans précédent était plutôt le lieu où se déroulerait cette festivité d'un soir, cette célébration qui existait grâce au retour du Grand Marché de Marbrume.

Ainsi, la fête organisée pour le peuple et les autres groupes sociaux de plus basse extraction aurait lieu directement sur l'Esplanade, en l'occurrence dans les jardins royaux. De mémoire d'homme, jamais une telle célébration pour la lie de la société n'avait été organisée dans le quartier de la noblesse ou même à promiscuité de celui-ci. Véritable vent de changement ou de renouveau, cette nouvelle sublimait aisément l'engouement que le marché avait suscité.

Pour autant, cette opportunité n'était pas organisée dans la précipitation. La milice était bien en place, surveillant d'un œil concentré -pour la plupart- le passage des badauds et autres quidams qui foulaient le pavage de la zone de vie des nanties. Au niveau de la porte des anges, l'ensemble des visiteurs étaient fouillés. Aucune arme n'était autorisée sur l'Esplanade. Au moindre doute de la fiabilité des individus ou de ses raisons pour venir fouler de ses pieds crasseux ledit lieu, ils étaient refoulés. Dans le quartier, plusieurs coutelerie déambulaient entre les vastes demeures pour assurer leur sécurité contre un quelconque fou ou forcené en quête de richesse, alors que leurs maîtres étaient partis à l'intérieur du palais royal pour les festivités mondaines. Bien guidé par une ribambelle d'hommes d'armes les menant comme des bergers faisant avancer son troupeau, le peuple devait passer par une dernière fouille avant de pouvoir fouler les jardins royaux et participer aux réjouissances.

Sur les lieux, une foule en liesse se pressait déjà ici et là entre les parterres de fleurs. Singeant et actant en quelque sorte les soirées de la haute société, tout un chacun semblait avoir fait un effort au niveau de sa tenue pour être à son meilleur. Pour autant, les vêtements de seconde main ou l'agencement catastrophique des différentes pièces suffisaient à comprendre d'où provenaient cette masse et l'inexpérience de celle-ci pour ce genre de rencontre festive bien triviale.

Le lieu en lui-même était idyllique. Constitué d'arbres, de buissons et de fleurs parfaitement taillés, l'endroit dégageait un calme et une sérénité bien difficile à trouver depuis l'apparition des prédateurs de l'humanité. Les principales réjouissances avaient lieu au centre dudit lieu, en l'occurrence autour d'une grande fontaine qui crachait une eau cristalline. L'endroit était éclairé par des torches et des braseros, donnant une lumière tamisée à l'ensemble. Accompagnée de musiciens jouant des airs entraînant sur une estrade de bois, la foule était invitée à danser en face de ceux-ci. Certes moins virtuose que les artistes jouant à l'intérieur du palais, les musiciens n'en restaient pas moins excellent, à même de faire taper du pied même le plus récalcitrant. Surplombant le jardin, le palais et les réjouissances mondaines baignaient dans la lumière. D'où ils étaient, il était possible d'entendre les mélodies plus lancinante et courtoise qui se jouaient par là-bas.

Ici et là, quelques tables avaient été montées. N'ayant aucun serviteur pour faire le service, les denrées et autres vivres placés à l'intention des visiteurs étaient offerts à tous. Bien que le choix soit plus simple que diversifié, la quantité n'en restait pas moins impressionnante. Pour ce qui était des boissons houblonnées, la cervoise et la bière étaient maîtres, alors que dans le palais, l'hypocras et le vin les suppléaient. Ces boissons, se trouvant encore à l'intérieur des grands fûts, dans lesquels il attendait de s'écouler, se trouvaient offertes à tous, tandis qu'il suffisait de prendre une chope trônant sur ces barriques et de faire couler le liquide dans celle-ci.

À l'entrée du jardin, un homme au service du roi saluait tout le monde qui passait face à lui. N'hésitant pas à nommer encore et toujours Sigfroi de Silvur et rappeler que leur suzerain a tous était heureux de les voir participer à ces célébrations, le petit messager tentait d'instiguer un vent de félicité pour son seigneur qui semblait désirer une ferveur plus forte, ainsi que l'oblitération des événements du Goulot. Qu'est-ce qui allait arriver ce soir ? Simple festivité, qui se clôturerait sans heurt, ou la milice aura-t-elle besoin d'intervenir pour une quelconque raison ? Dur à dire, difficile à savoir...

◈ ◈ ◈


mj: a écrit:
Bonjour à tous, :rev:

Pour participer aux célébrations, vous n'avez pas besoin de passer par le sujet d'ouverture de la zone éphémère, sachant qu'il est possible pour votre personnage de ne pas avoir visité l'événement, mais de se présenter aux festivités de la soirée. Évidemment, vous êtes invités à ouvrir des sujets privés par la suite. Toutefois, en un tel cas, il vous faudra publier sur ce sujet au minimum une fois.

Quelques informations importantes;

-la sécurité est évidemment très forte, sachant que vous êtes au plus près du roi. Toutes les personnes sont fouillées à l'entrée et aucune arme n'est acceptée dans l'enceinte de l'Esplanade.

-Cet événement se veut pour tout le monde, sans la moindre distinction. Bien que les nanties risquent de privilégier les célébrations à l'intérieur du palais, rien n'empêche leur visite ici.

Si vous avez des questions, n'hésitez pas.

Bon jeu à tous !
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Bérénice MonetPaysanne
Bérénice Monet



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une réjouissance populaire :   [Zone éphémère] Une réjouissance populaire : EmptyDim 17 Nov 2019 - 23:29
Elle cueillait du regard les verdures qui bordaient la fontaine des jardins. Et à la douceur de la nuit tombée, si les couleurs tombaient mollement dans une fine obscurité, Bérénice pouvait encore en imaginer tous les éclats, subtils et comme figés dans le temps. La nature immuable restait sourde au tapage du peuple, et rien non ne parvenait tout à fait à ternir le charme secret d’un ridicule bosquet à l’orée des festivités. Etroitesse, si peu réelle en comparaison des vastes champs du Labret, dorés par l’aurore, ravissants parterres à l’apothéose du faste, à l’image d’un univers de parade aux artifices indécents. Le bucolique tendait ici à un ordre minutieux, de sorte qu’il lui semblait que le ravissement éprouvé à cet instant précis ne résultait que d’une savante manipulation à la rêverie. La pensée lui vint enfin derrière un rictus arrogant, comme si son petit air satisfait venait de mettre le doigt sur la faille vraiment qui s’était secrètement glissée dans les jardins de la royauté ; c’était à dire un grossier manque de spontanéité.

Il fallait se trouver dans une prédisposition bien hautaine pour se permettre seulement de juger. La jeune femme agita mollement le tissu de sa robe contre le sol, ne se lassant pas de la sensation, du lent frôlement. Dans un geste contrôlé, elle fit un nouveau tour sur elle-même, se délectant ridiculement de l’allure qu’elle pensait que cela lui rendait, puis, posant le nez sur un spectacle qui eut finalement raison de son sourire, elle retomba mollement dans une forme d’ennui qui sembla lui étourdir toute manifestation de joie et d’euphorie. Les ouailles se pavanaient en parlant haut et fort et en se prenant pour ce qu’ils n’étaient pas, presque somme toute à l’identique de ce qu’elle se plaisait à faire, voilà quelques secondes plus tôt. Sans doute le mimétisme de ses pairs lui renvoya sa propre image et lui fit découvrir un nouveau sentiment de honte. Enfin, non, elle n’avait rien à voir avec la plupart d’entre eux. Elle était domestique elle, d’un Comte. Et l’étiquette voulut qu’elle prêta une belle image de ses maîtres ; sous ses yeux doux Berenice était exceptionnellement à l’astre de sa beauté. Cela n’arrivait jamais. Et il fallut que les festivités lui apparaissent comme un rare évènement, car enfin, elle s’était seulement excitée toute seule à l’idée même de mettre les pieds dans les jardins du roi, de pouvoir contempler de si près le fabuleux palais à défaut de pouvoir y entrer.

Elle avait bien travaillé. Et tout s’était adouci et comme apaisé dans ses traits. Elle avait cessé d’être tendue. Et lorsqu’elle voulait bien relever la tête vers les hautes fenêtres du château, et qu’elle distinguait les contours des belles étoffes des femmes, des courbes gracieuses, elle pouvait deviner tout le raffinement fastueux qui lui était à moitié dévoilé. Alors seulement, Berenice portait à ses lèvres des soupirs rêveurs. L’ombre revenait alors parader et défaire subtilement toute la délicatesse qu’elle s’était plu à tricoter sur son faciès ; la jalousie était une tendre gangrène qui lui grignotait ardemment l’intérieur des joues, qu’elle mordait, tandis qu’elle contemplait avec envie tout ce qu’elle n’obtiendrait jamais. Car elle avait beau avoir revêtu sa plus belle robe, sa plus belle coiffe, rien ne rivaliserait jamais avec les somptueuses soieries dont se drapait l’élégante noblesse. La jeune femme en ressentit alors une profonde amertume qu’il lui tarda bientôt de noyer dans une cervoise. Les effets de l’alcool au moins avaient la décence de ne froisser personne, et embrumaient l’esprit des riches comme des plus pauvres.

Elle regretta de ne pas avoir emmené son fils, dont elle avait été bien aise de se débarrasser pour venir, mais dont elle regrettait à présent la présence : c’était qu’il savait l’occuper et lui faire passer le temps. Elle se trouvait bien seule sans sa petite tête blonde pour lui courir entre les jambes. Ah mais après le scandale qui avait éclaté au grand marché, elle ne désirait plus non l’emmener nulle part maintenant qu’elle savait qu’il était prisé des pauvres âmes. Alors, sa chopine entre ses doigts, elle s’éloigna boudeuse de la troupe, et alla s’isoler d’elle-même dans les jardins, pestant devant tous les miliciens qui montaient la garde et l’empêchaient tout à fait de combler son besoin de solitude. Elle finit néanmoins par s’abandonner sur un banc, fort fâchée, là où elle pourrait desserrer son corset en toute tranquillité, ou presque, et pour se masser les pieds tout endoloris par cette paire de chaussures inconfortables que Rikni avait dû bénir du don de faire souffrir les chevilles. Elle jeta ses godilles quelques mètres plus loin dans un formidable lancé. Rien n’était plus inconfortable que d’être une femme. De surcroît pour celle qui avait une tendance naturelle à la mauvaise humeur.
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Barral TrellMilicien
Barral Trell



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une réjouissance populaire :   [Zone éphémère] Une réjouissance populaire : EmptyVen 22 Nov 2019 - 17:48
C'était la première fois que ses pieds le menaient aussi loin dans l'antre royal. C'était aussi étrange de se retrouver en habits de ville sans ses armes. Le brun se sentait bien nu sans son attirail habituel, ce soir pourtant il n'était pas milicien, mais bel et bien un simple citoyen de Marbrume qui profitait de la fête. Il portait pour l'occasion une tenue que sa cousine lui avait fait et qui le mettait plutôt en valeur. On aurait presque dit un autre homme. De fait si son imbécile de père ne s'était pas volatilisé aussitôt qu'il était apparu dans son existence, le cours de sa vie aurait sans doute changer. Que pouvait-il y faire ? Pas grand chose. Il ne restait plus qu'à espérer que personne ne fasse le rapprochement entre les deux hommes...

Barral passa les nombreux contrôles avant de pouvoir accéder aux jardins gardant son calme face à l’afflux de questions de la part des miliciens en faction. Lutter contre la fange laissait malheureusement des traces indélébiles.

Dépassant la plupart des personnes d'une bonne tête, le brun avait une bonne vision de l'ensemble de la fête. Même s'il paraissait détendu, la vigilance était de mise. Beaucoup de monde se trouvait réunis ici depuis l'invasion fangeuse du goulot. Au moindre dérapage, peu importe sa nature, ça serait la panique. D'autant qu'à l'intérieur se trouvait la majorité des sang-bleus encore en vie.

S'écartant un peu de la foule pour respirer un peu d'air frais une coupe à la main, le brun eut la surprise de voir attérir à ses pieds une paire de souliers.

- C'est une nouvelle mode ?

Se penchant pour se saisir de l'objet volant, il constata que c'était une paire féminine.

- Made...Madame où étes-vous donc ?




( je me suis permis de réagir )
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Alfred BernicourtCharlatan
Alfred Bernicourt



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une réjouissance populaire :   [Zone éphémère] Une réjouissance populaire : EmptyDim 8 Déc 2019 - 1:55
Habituellement étrangé à ces commodités, réservées jusqu’alors aux élites de la citadelle, le misérable ne put contenir son désir de se joindre aux réjouissances organisées par les hautes sphères. De nature plutôt prudente à l’accoutumé, le paria s’était risqué à s’extirper de la bourbe des quartiers malfamés pour se joindre au commun des mortels, et des fortunés. Braver ses mœurs n’était en aucun cas motivé par un quelconque désir de boire ou de ripailler, mais bien par l’envie d’observer – de son air omniscient – l’allégresse de la plèbe.

L’âme damnée s’était donc joint à la foule qui fourmillait, joviale, jusqu’aux jardins royaux. Prenant soin de glisser ses mains dans les manches, l’échine éternellement courbée, son manteau à capuchon voilant parfaitement ses stigmates et ses tatouages, il marchait en admirant les battisses se nuancer du gris mélancolique au blanc immaculé. Symbole des inégalités du royaume, ce dégradé fit jubiler le vagabond, se remémorant, un vague instant, la vérité de ce monde dystopique enrobée de sourires et d’hypocrisies pour l’occasion.

Au fur et à mesure qu’il avançait, de sa dégaine piètre et miséreuse, l’être se délectait de l’allure des citoyens, parés de leur plus beaux atours pour les festivités. Les rires, les chants et les accolades qui accompagnaient la marche semblaient avoir substitués les pleurs, les hurlements et la douleur, un bref instant tout du moins. Il était peut être temps de se fondre dans le décor, songeait-il. Ce n’était de toute façon guère le moment propice pour une des remontrances macabres dont il avait le talent. La décence aurait même voulu qu’il arbore des vêtements nettement plus chaleureux, mais, les années faisant, il ne se résignait toujours pas à soumettre ses stigmates aux jugements des quidams ; préférant se muer en faux prêtre pour l’occasion. Aussi avait-il pris soin de laisser ses armes dans son logement miteux, préférant user de son allure de pénitent pour tronquer la vigilance de la milice, sur le qui-vive à n’en point douter. Quelques citadins avait même salué l’imposteur, corroborant la réussite de sa ruse, vieille comme le monde. D’antan, certainement qu’une telle malice aurait suffit à asseoir sa perfidie auprès des gardes mais aujourd’hui, alors que tout le peuple tentait de s’engouffrer dans les jardins, nul ne pouvait se dispenser de la fouille.

Résigné à subir cet inconfort, le charlatan s’avoua même avoir craint d’être arrêté lorsque le regard du soldat insista sur les peintures qui ornaient ses bras livides et froids. Absent de toute marque de brigand ou d’une arme dissimulée, l’homme fit un hochement de tête et le va-nu-pieds put s’inviter aux ouailles.

L’ivresse de la fête battait son plein, la musique se confondant délicieusement aux visages enjoués et détendus. Face à cette abondance de victuailles et de boissons, le maraud se souvint des heures sombres de sa vie où il s’imaginait engloutir un festin de la sorte. Désormais, toute la nourriture n’avait qu’une désagréable saveur de cendre et d’amertume entre ses lèvres, se contentant, pour l’heure, du verre de vin que l’on lui tendit chaleureusement. Feignant un sourire amical pour remercier l’âme généreuse, le mendiant s’éloigna de la cacophonie générale, gagnant un recoin plus calme pour observer ces mondanités.
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Faustine MontenoirPrêtresse de Serus
Faustine Montenoir



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une réjouissance populaire :   [Zone éphémère] Une réjouissance populaire : EmptyJeu 19 Déc 2019 - 0:21
Jamais Faustine n’a croisé autant de monde sur l’Esplanade. Maelström de vieilles robes rapiécées et de costumes rafistolés, de châles cache-misères de guenilles élimées. Visages fardés de vieux pigments trouvés çà et là. Chairs qui s’entrechoquent, dans un mélange de sueurs âcres et de souffles avinés. Elle fait partie des mieux habillés, clergé oblige : d’amples drapés solaires ondoient autour de son corps d’albâtre ; ses cheveux sont relevés en tresses attachées en chignon, piqués de rubans jaunes qui tranchent avec le noir corbeau. De chaque côté de son crâne, une barrette imitant la corne d’un faune rappelle son appartenance. La plèbe ne peut que mieux voir ce visage sec, aux traits anguleux, comme taillé à la va-vite dans le marbre, où s’enfoncent les yeux sévères. Un trait de khôl vient exagérer les prunelles aux couleurs du grand Nord.

Les mains jointes, Faustine salue avec flegme les miliciens de garde ce soir. Il y a foule, à en perdre la tête. Elle aurait dû prendre son carnet, pour immortaliser cette joie factice. De courte durée, elle en est sûre. Depuis le couronnement, les Fangeux se sont toujours invités à la fête. L’Esplanade est loin du Chaudron ; la milice, sans doute distraite par les lueurs de la fête et les manants qui s’y mêlent. Frôlement. La prêtresse sursaute ; jette un coup d’œil en arrière, les entrailles nouées. Rien. Pas un macchabée à l’horizon, ni de gueule toute en crocs avide de chair vivante. Elle secoue la tête, se frottant le front d’une main.

Elle se glisse dans la masse, fade soleil dans la galaxie plébéienne. S’empare d’une coupe de vin d’une main nerveuse. Porte l’ambroisie à ses lèvres, laissant couler l’alcool dans sa gorge. Futile tentative d’apaisement, qui a le mérite de l’hydrater. Elle déglutit. Répond aux saluts de tête respectueux du peuple. Son regard glisse vers l’entrée du palais, ponctué d’un rictus ironique. Bien sûr. Inviter la populace, à condition qu’elle ne se mêle pas aux puissants. Elle ne voit aucun sangbleu, pas même le Roi, franchir les portes de l’édifice. Sigfur serait-il prompt à s’entourer d’empoisonneuses et d’assassins, pourvu qu’ils portent une chevalière ? La prêtresse se détourne. Et se fige en apercevant une paire de chaussures voler, atterrissant aux pieds d’un jeune borgne. Elle s’approche de lui, le doigt tendu vers la direction du lancer.

« La propriétaire de ces chaussures vient de là-bas, semble-t-il. Mais je ne pense pas qu’elle ait très envie de les récupérer. Mes respects. »

Son regard coule vers l’extérieur, et trébuche sur un homme courbé aux allures de pèlerin. Encapuchonné, semble-t-il perdu dans son verre autant qu’elle. Présence macabre et sans visage au milieu des sourires. Faustine quitte la compagnie du jeune homme pour s’avancer vers le spectre. Elle le salue, ses prunelles froides tentant de percevoir ce qui se cache sous le tissu.

« Que la paix des Trois soit sur vous, mon frère
, fait-elle en levant son verre. Votre allure de pénitent laisse deviner un long voyage. A-t-il été éprouvant ? »
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Alfred BernicourtCharlatan
Alfred Bernicourt



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MessageSujet: Re: [Zone éphémère] Une réjouissance populaire :   [Zone éphémère] Une réjouissance populaire : EmptyJeu 19 Déc 2019 - 23:32
Exhiber son véritable « moi » avait toujours été un jeu dans lequel le maraud n’excellait guère. Alors qu’il était encore un jeune bourgeon, tentant de résister aux dernières gelées de l'hiver, se fondre dans la masse avait toujours été son unique moyen de survivre. Le b.a.ba de son existence. Son passage d’enfant à un être damné et conscrit avait été le point de départ de sa vie dans l’ombre. La maladie qui rongeait sa chaire, ses contritions marquées sur sa peau achromique, son appétit bestial pour la mort et la souffrance, tout cela restait profondément enfoui dans les méandres nébuleux de son for intérieur. Seulement quelques uns pouvaient se vanter d’avoir percé les noires pulsions de son esprit dérangé. La plupart de ses confidents n’étant plus de ce monde pour en témoigner d’ailleurs, songea t-il en forçant son rictus démoniaque. Plus jamais il n’avait prononcé son prénom, encore moins mentionné à quiconque ses origines.

Lui même avait fait vœu de se vouer corps et âme à cette cause divine, ce jugement dernier qu’il défendait, animant tout ce qu’il demeurait de son humanité. Aussi, c’était la raison pour laquelle il s’était octroyé une panoplie conséquente de personnages pour dissimuler sa véritable identité. Le dramaturge s’était doté d’un véritable talent pour se confondre tantôt en prêtre, tantôt en gueux ou bien d’autres encore. Son apparence de mendiant ne lui rendant pas la tâche difficile. Dans un royaume gouverné par la loi du plus fort – ou du plus riche –, incarner un vulgaire manant ou un pénitent n’était pas si ardu. Alors qu’il aspirait à être le venin qui infecterait la civilisation, le serpent ondulait en toute impunité au milieu de ses proies imprudentes. De loin, il se délectait de la vision des regards innocents et enjoués se subroger soudainement en des cris d’horreur, consumés par la fange et les flammes de l’apocalypse, qu’il se ferait une joie d’embraser.

Sous son linceul, voilant sa carcasse atrophiée, l’homme n’exhalait qu’une créature mélancolique, impassible et étrangère aux réjouissances qui résonnaient dans toute la cité. Malgré ses prédispositions pour costumer sa psychose torturée, être au milieu de cette foule étouffante lui était trop éprouvant, presque risqué. Il se devait de ne jamais trahir son rôle, quand combien même ses pulsions frénétiques martelaient son subconscient d’envies macabres en tout genre. Il s’espérait à rêver de pouvoirs surnaturels, permettant de balayer les rires et les accolades chaleureuses de la plèbe, d’un vulgaire claquement de doigts. Le désaxé se surprit même à essayer, sait on jamais, pensait-il en échappant un rire sournois. Cela l’aurait attristé de voir tout cela se solder sans une once de hurlements ou de lentes agonies, se consola t-il en forçant son rictus. Lorsque l’indigestion de cet attroupement d’âmes lui fit remonter un goût de bile désagréable – le ramenant à cette impuissante réalité –, le damné se contenta simplement de ravaler son âcreté et de l’estomper rapidement d’une gorgée du nectar carmin.

Alors que cette débauche de bonne humeur continuait sans imprévus distrayants, à ses yeux tout du moins, une silhouette vint le sortir de ses méditations funestes et altérer sa précieuse solitude. D’un regard fugace, il détailla brièvement la perturbatrice. Une prêtresse s’il pouvait en juger par les quelques symboliques qui se dissimulaient ici et là sur ses accoutrements ou dans sa crinière ténébreuse. De part ses divergences d’opinions avec les dogmes enseignés par le clergé, le vaurien n’appréciait pas plus cette caste de la cité que les autres. Sa peau livide et son allure sibylline n’était pas sans lui rappeler quelques similitudes avec son propre portrait, tel un reflet, nettement plus agréable à regarder et civilisé que lui s’il pouvait en juger par les quelques mots qu’elle lui adressa.

« A vous aussi très chère, répondit-il, intrigué, séduit par la perspective des palabres hypocrites à venir. Il prit une deuxième gorgée de vin pour ravaler sa rancœur et continua, poliment, amicalement. Oui, long. Très long. Si long que je ne me souviens plus de l’instant où je l’ai emprunté. Le chemin vers le salut n’a pas de fin et guide mes pas, tout au long de mon humble existence. Conclue t-il en s’inclinant légèrement avant d’alimenter de nouveau la conversation. Pardonnez ma curiosité, mais qu’est ce qui peut bien vous éloignez de ces délicieux moments de communion, si précieux par les temps lugubres qui courent ? »
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