Marbrume


Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Partagez

 

 Gardes Côtes.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Lucain d'AgranceBanni
Lucain d'Agrance



Gardes Côtes.  Empty
MessageSujet: Gardes Côtes.    Gardes Côtes.  EmptyJeu 21 Sep 2017 - 23:58
Les deux hommes sur la berge tentèrent de découvrir le vaisseau ; Comment le faire, en pleine nuit sans lune ? Transis de froids, cachés sur la plage, ils tentèrent de se recouvrir de leurs imperméables qui ne cessaient de s’envoler sous la force du vent, découvrant leurs jambes mouillées par la mer et la pluie, leur filant un coup de frisson désagréable.
Et devant eux, les ténèbres, les ténèbres. Une mer agitée et un vent qui sifflait de colère, qui crachaient de l’écume sur le sable blanc, qui s’élevait et s’élevait à la vitesse du trot, qui claquait contre les rochers et s’élevait haut comme des arbres, postillonnant son sel sur les vêtements des deux comparses.

« Comment vous pouvez être sûr qu’ils viendront, sire ?
– Je le sais ; Ils sont ponctuels.
– Et comment vont-ils faire pour ne pas s’écraser contre le récif ?
– Ce sont des dauphins. Ils y arriveront. »

Le second n’était visiblement pas d’accord ; Il pinça ses lèvres devant l’assurance de son supérieur. Mais rien ne pouvait remettre cette mission en cause. La tranquillité et la routine imprégnaient toute l’âme du chef. Le second tenta, malgré l’obscurité, de mieux voir son visage. C’était un homme assez âgé, mais encore beau. Il n’avait pas de cicatrices sur son visage, une moustache fine, bien peigné, bien lavé. Il avait sur lui un air de calme et de nonchalance fort rare sur ce plateau du Labret, où tous les yeux étaient entourés de cernes et marqués par l’anxiété. On aurait dit qu’il était apaisé comme un saint. Et pourtant, au fond de sa pupille, une vivacité étonnante, acérée.
Il était beau comme un diable. Il réfléchissait comme l’un, aussi.

Levant son bras sous son imperméable, il observa un étrange objet à ressort, avec des aiguilles, qui firent immédiatement écarquiller les yeux de son second.

« Qu’est-ce que cette chose ?
– Une horloge portative et miniature.
– C’est fou ! Combien ça coûte ?
– Je n’en sais rien. Cela a appartenu à un noble. »

Nul besoin de plus de précision pour comprendre que le damoiseau ou le baronnet qui se pavanait avec ce petit outillage devait maintenant être dans les marais, bien croqué par un fangeux. Mais il reste que le second était impressionné par cette petite chose qui indiquait l’heure, qu’on devinait richement décorée, même si avec le noir rien ne scintillait.

« Il est bientôt quatre heures...
– Ils sont en retard.
– Les hasards de la navigation. Dame Anür est souvent capricieuse, surtout ce soir.
– Anür est la bonté ; Elle ne répondra pas aux prières de brigands.
– Anür est bonté ; Mais ses voix sont impénétrables. Enfin. Laissons ces considérations aux prêtres.
Eh puis. Parfois, faire le mal, c’est aussi faire le bien. Pas vrai ? »

Le second haussa les épaules. Voilà une heure qu’ils attendaient dans le froid, à observer l’horizon. Une heure à ronger son frein, à rester silencieux, sinon en échangeant quelques banalités de ce genre toutes les dix minutes, pour feindre de faire connaissance et s’apprécier ; Car c’est ainsi une occupation de beaucoup de gens de qualité, d’arriver à parler pour ne rien dire, comme un agrégat social dont seule leur espèce était capable, une manière plus courtoise que de se taper sur la gueule pour instaurer la dominance.
Et pourtant, entre les deux hommes, la dominance est claire. L’un a une montre qui lui donne l’heure. L’autre doit vivre sur son instinct. C’est au fond ceci, la différence entre la civilisation et la barbarie. C’est pas le langage, ou l’art, ou je ne sais quoi d’autre. C’est rien de plus que le confort qui permet d’outrepasser les lois de la nature.
Aussi, peu étonnant que les hommes les plus civilisés soient aussi les plus barbares.

« Ils sont enfin là ! »

Au loin, dans le noir, une minuscule petite lumière scintillait. Le second se retourna et s’éloigna de son chef, qui restait droit comme un épouvantail spectral sur le sable balayé par la marée montante. Le petit subalterne couru rapidement jusqu’à la route, posa ses doigts à ses lèvres, et siffla à l’attention d’un petit groupe.

« Ils sont ici ! Allez allez, on se dépêche ! Il faut que la cargaison soit prêtre ! »

Les hommes se pressèrent. Grands, forts, des hommes âgés ou jeunes, de la populace du Labret qui n’a pas été mangée. Malgré le froid, ils sortent enfin de leur cachette, ils éteignent enfin leur feu de camp auprès duquel ils se réchauffaient pour patienter, jouant de la musique ou se racontant des histoires pour tuer le temps, à défaut de tuer autre chose. Et immédiatement, ils sortent de leurs rêveries et de leur calme, pour retourner au travail. En se réveillant, ils réveillent leurs bêtes, mulets et juments, qui se mettent à hennir et se redresser sur leurs pattes. On tire les cargaisons, on soulève les coffres à grand coup de « À trois ! Un, deux, trois ! ». Et toute la logistique se déploie pour amener, jusque devant la plage, des coffrets et des caisses que l’on va embarquer en toute discrétion, et surtout, en toute illégalité.
Sur la mer, au loin, le feu scintille. On devine la coque d’un bateau qui a jeté l’ancre. Et pour l’heure, quelques personnes viennent à la rencontre des gens de la plage. Une barque dont l’on aperçoit le squelette au bout d’une vingtaine de minutes. Un homme est dressé dessus, la main dans le manteau et sur le ventre, alors que derrière, six personnes sont en train de ramer, trois de chaque côté. Sitôt que l’on a pied, un septième garçon descend de la barque, se retrouve mouillé jusqu’à la taille, et tire le vaisseau un peu plus loin. Lorsque l’eau arrive à leurs genoux, les rameurs l’imitent et se jettent tous dans les flots, et poussent ou tirent l’embarcation pour l’amener jusque vers la terre ferme. C’est uniquement à partir de ce moment que le chef range sa montre, et que lui et le second viennent à la rencontre des matelots, en présentant bien leur flanc droit, et en levant une main pour les saluer.
Le chef des matelots lui garde sa main à l’intérieur de son manteau. Il se met à pester en hurlant, un hurlement qui se fait entendre au-delà du son du vent et du flot, car il règne un silence puisque même les gaillards portant les coffres se sont mis à se taire.

« Crapule ! Vaurien ! Qu’est-ce donc que ces rendez-vous galants et imprévus ! Tu m’as pris pour une demoiselle que tu courtises !
– Eh toi donc ?! Hurle en retour l’homme à la montre, piqué dans sa fierté qui égale sa beauté, et sa richesse. Tu es en retard ! Tu ne sais donc pas ce que je risque, à t’attendre ici ! Qu’aurais-je fais, si par malheur des soudards de la milice étaient passés par ici ! Comment est-ce que tu aurais encore tes précieuses livraisons, si je finis la corde au cou !
– Un autre prendra ta place ! »

Les deux hommes s’avancent, leurs pas dessinés dans le sable ; Mais leurs pas seront vite balayés et cachés par la marée montante. Elle cache tout. Et alors les hommes lèvent leurs mains, et ils se serrent les poignes. L’un a une main douce et blanche. L’autre a une patte dure et rustre. Mais dans cette situation, ils sont d’égal à égal.

« Qui c’est, lui ? Demanda le chef des matelots en faisant un signe de tête vers le second de l’homme à la montre.
– Le remplacement de Gustian.
– Qu’est-il arrivé à Gustian ?
– Pauvre bougre a été pincé par les condés, dit l’homme à la montre en liant ses poings l’un à l’autre pour imiter des menottes.
– Ils l’ont pendu ?
– Non, il est encore en vie ; On ne peut plus se permettre de condamner à mort les gens. Mais on lui a arraché la langue, rasé le crâne, et maintenant il bosse comme forçat à la mine.
– Pauvre gars... Les choses changent vraiment. »

Le chef des matelots tendit sa main pour serrer celle du second. Le second tendit la sienne, un peu plus lentement, méfiant. Soudain, il sentit les doigts du matelot écraser sa petite mimine, ce qui manqua de le faire crier. Le chef des matelots tira le second vers lui, retroussa la manche du terrien, et regarda avec grande attention son bras.
Il était marqué. Atrocement marqué au fer rouge.

« Un banni...
– Il y a beaucoup de bannis au Labret.
– Ouais. Mais y bossent dans les champs sous l’œil des prévôts. Tu crois pas qu’il attire un peu trop l’attention ?
Hmpf. Au moins je suis sûr que c’est pas un agent du duc... Salut petit. Tu remplis ma barque ? »

Le second acquiesça silencieusement d’un mouvement de tête, comme il aimait acquiescer par des mouvements de tête. Il avait croisé le regard du matelot et il ne l’avait pas aimé ; Il avait des méchants yeux verts. Des yeux pleins d’avarice. Des yeux qui allaient très bien aller avec ceux gris et froids de son propre maître.
Copains comme cochons, les deux hommes s’approchèrent d’une des caisses de la cargaison. On l’ouvrit devant le matelot, qui se frottait les mains devant sa prise ; Une prise qui ne lui avait demandé aucune violence. Du moins, aucune aujourd’hui.

« Putain de merde ! C’est quoi ça !
– Des lingots de fer, mon bon ami. Tu en auras un prix magnifique à Marbrume.
– J’en doute ! C’est pas une cargaison de carotte ou de bœuf salé ! Ah ah ah ! Putain ! Je vais leur en mettre plein la vue à ces bâtards de Saint-Vespate !
– Fait attention ; Cela nous a demandé beaucoup de tractation de t’accorder une telle quantité. Mais enfin, rien n’est trop bon pour Maël le Noir.
– Maël le noir ! C’est comme ça qu’ils me surnomment les gueux, maintenant ?! Eh, Rodric ! Hurla-t-il à l’attention d’un de ses matelots en se retournant derrière lui comme une chouette. Est-ce que Yann Pêcheur a un surnom ?!
– Non, Maël.
– Et ce bâtard de Rollon Tencravel, est-ce qu’il en a un, de surnom ?!
– Non plus, Maël.
– Eh oui... Continua l’homme à la montre, avec un sourire complet qui afficha toutes ses dents. Aucun pirate n’a été plus actif que toi. Tu es vraiment un homme plein de force, terrifiant. Il faut dire qu’il en faut du courage, pour faire ce que tu fais. »
Maël sourit, satisfait de lui-même. Il avait une mentalité de noble, alors qu’il était né d’une prostituée ; Il aimait les flatteries.
« Tu tues des fermiers désarmés.
Tu violes des paysannes adolescentes.
Tu coupes les mains de vieillards sans défenses.
Tu as fait pendre une femme enceinte.
Et égorgé un bébé de trois mois.
J’applaudis. J’applaudis la grande vaillance de Maël le Noir ! Qui ici peut remettre en cause sa bravoure ?! »
Mais au fur et à mesure des faux compliments de l’homme à la montre, son sourire s’est estompé. Et maintenant, il faudrait plutôt l’appeler « Maël le Rouge », car il a l’air d’exulter de colère.
« C’est quoi ton problème ?!
– Mon problème ? Personnellement, ça ne m’intéresse pas tellement. Tu as choisi ta voie dans la vie. Tu as choisi de profiter de la malédiction des Dieux pour t’attaquer à des gens plus faibles que toi ; Mais tu ne t’es jamais demandé si les moutons n’étaient pas gardés par des bergers, Maël ? »

Au loin ce n’était plus une lumière qui scintillait. C’était un brasier. C’est Rodric qui interpella son chef :

« Regarde ! Au loin !
– Mais je ne t’ai pas menti sur un point, Maël.
Je compte bien te payer très cher... En fer. »

Son second, le banni, tira son couteau, et le plongea dans l'épaule de Maël le Noir, en hurlant une phrase ô combien ironique pour un homme marqué pour la curée, comme du bétail malade et indésirable.

« POUR LE DUC ! »


***

Le baptême se fait dans l’eau.
Le nourrisson, encore chauve, tout tremblant et hurlant de terreur, à peine raccroché à la vie, parfois malade, est amené devant un prêtre. La vie n’est pas une chose facile ; Et naître est toute une épreuve, difficile est pleine d’incertitude. Mais il faut le noyer pour le faire revivre. Et il faut mourir une fois pour pleinement ouvrir les yeux.
Pourtant il n’y a pas mort plus douloureuse que celle d’être noyé. Je préférerais être brûlé vif que noyé. Peu étonnant que ce soit ainsi la condamnation à mort pratiquée par l’Inquisition ; On attache l’apostat à marée basse à un poteau, et on attend la marée haute. Anür fait tout le boulot.

Est-ce que c’est pour ça que je suis à la mer ? Pour mes péchés ?

Je me réveille subitement alors qu’il fait jour. Le soleil est assez haut pour qu’il indique 10 ou 11 heures, je sais pas du tout. J’ai mal de le regarder. Mon crâne me fait mal. Mes oreilles sifflent. J’entends plus rien, je vois plus rien. Je suis endolori partout ; Surtout au ventre et à la mâchoire. Et j’ai froid. J’ai si froid. Je bouge dans tous les sens, comme un chaton terrifié, mais je me sens lourd. Je suis dans de l’eau, je coule. Je tente de m’accrocher à quelque chose ; Et de là où je suis, y a beaucoup de choses auxquelles se raccrocher. Surtout du bois noirci par le feu, encore un peu fumant d’ailleurs. Mais y a aussi beaucoup d’autres choses qui flottent.
Des cadavres à moitié calcinés.

Ça fait un moment que je suis là-dedans. Mais ça doit être la deuxième ou troisième fois que je m’évanouis. Ou au contraire que je me réveille, et que le sommeil qui devrait m’attirer vers la mort devrait plutôt être mon état naturel. Pourquoi est-ce qu’il faut que je me raccroche à la vie ? C’est totalement débile. J’aurais dû me suicider le jour où j’ai appris ma condamnation au bannissement. Non, je déconne. J’aurais dû mourir bien avant ça. J’aurais dû mourir en Terre-Sainte. Ou devant la ville de Calà. Ou sur les lices du tournoi au manoir des Mirail. J’aurais dû mourir dans la force de mon âge, avec un grand palmarès de cœurs brisés et de lances cassées.
Plus je survis, et plus je m’enfonce. C’est comme lutter dans des sables mouvants.

Et pourtant j’arrête pas de tenir à la vie. Comme ces gens-là ont dû tenir eux-aussi à la vie. Tout l’équipage d’un navire, anéanti. Détruit. Je crois que certains ont hurlé à l’aide, pitié, qu’ils se rendaient, quand le bateau de l’amirauté Marbrumoise est passée. Mais on les a cueillis à coup de traits d’arbalètes.
C’est une sensation un peu bizarre, d’être le dernier vivant parmi des morts. J’ai froid et j’ai chaud à la fois, comme quand on a la fièvre. J’ai froid à cause de l’eau glacée, mais apaisée et calme, contrairement à hier soir. Mais j’ai chaud parce qu’il y a du feu. Un morceau de la coque et des voiles n’a pas été encore entièrement consumé, et, au-dessus des flots, on voit cette braise géante qui tient encore bon.
Je crois qu’un autre vaisseau est arrivé, mais pour tout vous dire je fais plus tellement attention. Je crois que je me suis mis à prier. À prier comme un fou en transe, les yeux quasi-révulsés, en grognant.

« Sáncte Domina Rikni, defénde nos in proélio, cóntra nequítiam et insídias diáboli ésto præsídium. Ímperet ílli Anür, súpplices deprecámur: tuque, prínceps milítiæ cæléstis, Sitry aliósque spíritus malígnos, qui ad perditiónem animárum pervagántur in múndo, divína virtúte, in inférnum detrúde. Ámen. Sáncte Domina Rikni, defénde nos in proélio, cóntra nequítiam et insídias diáboli ésto præsídium. Ímperet ílli Anür, súpplices deprecámur: tuque, prínceps milítiæ cæléstis, Sitry aliósque spíritus malígnos, qui ad perditiónem animárum pervagántur in múndo, divína virtúte, in inférnum detrúde. Ámen. Sáncte Domina Rikni, defénde nos in proélio, cóntra nequítiam et insídias diáboli ésto præsídium. Ímperet ílli Anür, súpplices deprecámur: tuque, prínceps milítiæ cæléstis, Sitry aliósque spíritus malígnos, qui ad perditiónem animárum pervagántur in múndo, divína virtúte, in inférnum detrúde. Ámen. Sáncte Domina Rikni, defénde nos in proélio, cóntra nequítiam et insídias diáboli ésto præsídium. Ímperet ílli Anür, súpplices deprecámur: tuque, prínceps milítiæ cæléstis, Sitry aliósque... »
Revenir en haut Aller en bas
Yann PêcheurPirate
Yann Pêcheur



Gardes Côtes.  Empty
MessageSujet: Re: Gardes Côtes.    Gardes Côtes.  EmptyVen 22 Sep 2017 - 10:53
Debout à l'arrière de La Déception, Yann regardait ses hommes. Une belle bande de forbans, prêts à beaucoup pour de l'argent et, finalement, pour la survie. La compagnie avait quittée Saint-Vespate la veille et avait caboté tout le long de la côte en direction du Labret en espérant rencontrer un quelconque navire de ravitaillement. Mais la journée avait été paisible et ils s'étaient finalement contentés de faire une escale dans un petit village de la côte où ils savaient trouvés des amis qui leurs fourniraient quelques vivres.

Yann avait débarqué, accompagné d'Arval et trois autres gaillard, confiant son précieux navire à Ours. Dès qu'il s'était engagé dans le village, il avait su que quelque chose n'allait pas. Ordinairement, les habitants l’accueillaient et s'enquérissaient de sa cargaison. Ici, et aux yeux de tous, il n'était qu'un marchand de Marbrume. Peu importait à la population qu'il soit véreux, tous savaient que Yann Pêcheur apportait régulièrement des objets de la ville, ne manquant jamais une occasion, lorsqu'il le pouvait, de se fendre d'un présent à l'un ou l'autre des habitants du village. Seulement, ce jour-là, personne.

Méfiant et s'attendant à un piège de l'Amirale, homme désigné par le Duc dont il avait eu vent, Yann ordonna à deux matelots de rester en arrière et de courir prévenir Ours s'ils avaient le moindre sentiment de danger. Lui-même, accompagné d'Arval et de Marwin, continua son chemin vers la place centrale du village. Alors seulement, il aperçut les tissus noirs pendus à toutes les fenêtres du village. Apparemment, tous étaient en deuil... Curieux et inquiet à la fois, Yann pénétra dans la petite auberge. Elle était déserte. Il s'approcha néanmoins du comptoir pour commander un alcool de mûre pour ses hommes et lui. Le patron les-leur servit mais ne leur décrocha pas un mot.

Arval, connaissant le goût de son capitaine pour le mutisme prit la parole interrogea le tavernier quand aux raisons de toutes ces tentures noir. Ce dernier hocha tristement la tête et leur conta l'histoire de sa nièce. La pauvre enfant était enceinte, son mari et elle étaient des originaux qui vivaient un peu à l'écart du village, derrière une palissade de bois qui protégeait leur famille et leurs quelques cochons des fangeux et des brigands. De braves gens qui vivaient durement et pieusement. Seulement, si la palissade avait suffit contre les quelques fangeux qui traînaient près de la côté, elle n'avait rien put contre Maël. Ce pirate avait eu besoins de vivres et, ayant eu vent de la vie que menait la famille, il avait décidé de leur voler leur bétail.
La femme, alors enceinte, s'était interposée. Maël, furieux l'avait battue puis pendue, laissant la maison dévastée.

Lorsque le tavernier eu finit son histoire, Yann se leva, déposa trois sous sur le comptoir et sortit en entraînant sa petite troupe. Il n'y avait rien à tirer de ce village aujourd'hui. Ils étaient tous trop prostrés pour penser à autre chose qu'au chagrin, à la colère ou même à la vengeance. Durant un instant, le capitaine se dit que, peut-être, il pourrait engager à bord le mari de la pendue. Mais il se ravisa, ce n'était sûrement pas le bon moment, l'homme devait ruminer son chagrin, s'il ne s'était déjà lancé à la poursuite du meurtrier.

Alors, sans rien attendre, La Déception avait mis la voile vers le Labret. Arval se chargea de conter l'histoire à leurs compagnons. Nul ne s'exprima quand au comportement de Maël, nombreux étaient les pirates qui avaient déjà navigué sous ses ordres. Mais Yann et Ours étaient d'accord sur un point, s'il leur arrivaient de rencontrer Maël et si les conditions leurs étaient favorables, ils s'arrangeraient pour le passer au fil de l'épée.

Le vent s'était levé, Yann avait fait emmener la voile et les hommes se pelotonnaient sous leurs imperméables, tentant d'échapper à la pluie diluvienne. Yann, serrant son manteau sur ses épaules, avait pris la place du barreur. Ce temps lui plaisait. Il se sentait dans son éléments, au milieu de la tourmente.

Un peu après l'aube de ce deuxième jours de navigation, le vent retomba un peu et la pluie cessa. On envoya à nouveau la voile et Yann rectifia le cap en direction d'une petite crique abritée qui était parfaite pour mouiller à proximité du Labret. Mais alors qu'il arrivait à proximité des lieux, les matelots de La Déception virent les premiers morceaux de planches calcinées et ne tardèrent pas à apercevoir le reste du navire qui brûlait encore.

"-A vos rames le gars, et amenez la voile, on va aller jeter un coup d'oeil."

Tous obéir promptement et l'on mis le cap sur le petit tas de bois flottant. Il s'agissait d'un reste de mât et de voile qui finissait de se calciner. Quelques corps flottaient autour. Le Capitaine les fit repêcher.

On en repêcha un qui fut identifié comme l'un des habitués de Saint-Vespate. Au dernières nouvelles, il s'était embarqué avec Maël. Un sourire de satisfaction se peignit sur les lèvres de Yann.

"-La colère d'Anür nous rattrape tous un jour"fit-il lugubrement.

On attacha du leste au corps du défunt et on le ré-envoya par le fond avant d'entreprendre cette tâche pour tous les hommes qu'on trouverait flottant à la surface. Pendant ce temps, Yann scrutait la côte. Il aurait donné cher pour savoir ce qui s'était passé. Il avait beau ne pas porter Maël dans son cœur, il n'en restait pas moins un frère de la côte et si l'un d'entre eux était en danger, tous l'étaient. Le capitaine fut interrompu là dans ses réflexions par un cris de ses compagnons.

"-Vindioux Cap'taine, celui-là est vivant!"

Yann fit volte-face et écarta ses hommes pour voir le rescapé.

"-Apporte-moi des couverture et de la charpiefit-il à Ours. Et a vos bancs vous autres, cet endroit sent mauvais, on s'en vas.

Le capitaine se pencha alors sur le survivant et commença à la déshabiller, ses vêtements étaient trempés, s'il les gardait, c'était la mort qu'il allait attraper. Le capitaine en profita pour faire disparaître tous les objets qui avaient un peu de valeur dans sa cape. Il n'aurait qu'à dire que tous cela était tombé à l'eau... L'homme ne sembla pas réagir. Depuis qu'on l'avait repêché, il avait gardé les yeux mis-clos et remuait lentement les lèvres. Sans s'en préoccuper outre mesure, Yann utilisa la charpie qu'Ours lui avait apporté pour nettoyé le blesser du sang qui le recouvrait.

Son dos était couvert d'une large estafilade qui s'ajouterait aux nombreuses cicatrices déjà visibles. Son arcade droite sourcilière droite est éclatée, mais pour le reste, l'homme s'en sort bien. Comme on a rien à bord pour le soigner mieux, Yann fais bander sa blessure avec une bande de tissus qu'on vient d'arracher à la voile de rechange. Puis, on l'abrite sous la tente de toiles cirées qui sert de cabine au capitaine et on le recouvre de couvertures.

On doit avoir dépassé la mi-journée à présent. Le temps est toujours aussi froid mais par bonheur, il ne pleut plus. Yann est en train de prendre son repas dans la tente en compagnie d'Ours lorsque leur hôte commence à tousser. Les deux hommes se rendent à son chevet. A présent, il a les yeux biens ouverts et apparemment, il tente de parler.

Yann ne lui en laisse pas le temps et luis fait avaler une gorgée d'alcool de mûre. Il n'y a rien de mieux pour vous redresser un homme!
Revenir en haut Aller en bas
Lucain d'AgranceBanni
Lucain d'Agrance



Gardes Côtes.  Empty
MessageSujet: Re: Gardes Côtes.    Gardes Côtes.  EmptyVen 22 Sep 2017 - 18:42
J’aime pas être nu.
Être nu c’est être vulnérable.

Songez, bien sûr, à la cotte de maille, cette peau d’acier dont tous les chevaliers se revêtissent avant la rixe, pour se rendre immortels et invincibles, pour se garder des longs couteaux et des traits qui sifflent par milliers dans le ciel. Mais ça ma cotte de maille, seconde peau, on me l’a déjà volée avant que je ne sois repêché ; Mes fringues étaient déjà atrocement limitées, je n’avais sur moi qu’un doublet matelassé un peu trop ouvert, et des braies trouées, et des bottes avec la semelle qui couine. Mais la vulnérabilité ne vient pas que de ma peau, et de mon gras, qui peuvent être chatouillés par la lame. Ma nudité est tout autre. Ma nudité me force à être honorable et modeste. Je suis comme Serus m’a fait. Sans mes beaux vêtements, sans mes bijoux, sans le collier à mon cou et les nombreuses bagues à mes doigts, je passe pour un homme quelconque.
On oublie mon rang. Et on peut me rendre toutes les méchancetés dont autrefois j’abusais les gens du fief de mon père ou de mon oncle.

Et pourtant quand je me réveille à moitié dans la cale d’un navire, bougeant encore jusqu’à me donner le mal de mer, un goût de sel au fond des narines tant j’ai dû boire la tasse, les yeux qui piquent, les oreilles qui sifflent, transi de froid et endolori, c’est bien tout nu que je suis. J’ai pas tellement le temps de vous faire une description de ce que je vois, parce que immédiatement, on me file au fond du gosier, comme maman oiseau à son poussin, une lourde rasade d’un alcool immonde. L’alcoolisme dont je suis empreint depuis que je vis dans les marais – il faut au moins ça pour pas devenir fou à force de côtoyer des monstres et des démons – me permet d’encaisser le choc, mais la propre surprise et la gorgée trop lourde me font avaler de travers. Et voilà que je me penche vers le sol, me courbant en deux, pour me mettre à tousser, tousser très fort, et plusieurs fois, du fond de mon palet.
J’entends un petit ricanement amusé. Je relève mes yeux, mes yeux prêts à foudroyer celui qui ose se moquer de moi. Mais en quoi est-ce que j’ai l’air agressif, avec mes yeux rouges et peut-être de la morve qui coule du nez ?

« Bienvenue chez les vivants, raille une voix grave. »

Vous auriez pu me laisser de l’autre côté, bande de cons. Ça aurait probablement été me rendre un service. Non pas que je serais mort avec une conscience tranquille ; Mais j’ai le grand sentiment que ma résurrection ne vas que me donner l’occasion de commettre encore plus de péchés.
Pauvre Anür va devoir juger des chefs d’inculpations longs comme ma queue.

Je me rends compte que ça aurait été une blague marrante à faire à l’oral, si seulement ma gorge n’était pas endolorie.
C’est le moment où je vous fais une longue description physique de moi, hein ? Un truc de ce genre ? Mais y a pas tellement grand chose à en dire. Du moins je suis pas en état d’insister véritablement sur ma tronche de beau garçon qui doit être amochée, d’autant plus que je me suis pas revu dans le miroir. De quoi puis-je parler, alors, hein ? De ma peau blanche et creusée par la faim qui est couverte de chair de poule ? De mes petits genoux tout ronds qui tremblent ? De mon zizi ? Un peu de pudeur.

Je devine qu’ils vont me poser des questions, les gens qui m’ont recueillis. Alors il faut jouer stratégique, et charger avant qu’ils ne dressent leurs lances, si vous voyez ce que je veux dire. La première question à poser, elle est pour moi.

« Merci de m’avoir secouru... Je dis avec une petite voix toute rauque, car j’ai appris depuis longtemps que les gens sont plus accortes quand on parle poliment. Vous... À qui ai-je l’honneur ? »
Revenir en haut Aller en bas
Yann PêcheurPirate
Yann Pêcheur



Gardes Côtes.  Empty
MessageSujet: Re: Gardes Côtes.    Gardes Côtes.  EmptyVen 22 Sep 2017 - 21:40
Le pauvre bougre s'étouffa à moitié, faisant rire Ours. L' homme tenta un regard courroucé mais il ne réussir qu'à se donner l'air encore plus misérable qu'il ne l'était.Alors, Ours rit de plus belle et ajouta quelques mots pour réconforter leur hôte.

Yann, pour sa part, scrutait l'inconnue. Il ne le connaissait pas, c'était certain. Pourtant, quelque chose -dans son regard peut-être- ne lui plaisait pas chez cet homme. Le capitaine s'apprêta alors à lui demander qui il était, mais le naufragé le devança, lui épargnant cette peine.

« Merci de m’avoir secouru....Vous... À qui ai-je l’honneur ? »

Ours leva un sourcil et adressa un regard interrogateur à Yann. Impassible, ce dernier répondit à la question.

"-Capitaine de La Déception, et voici mon second.Nous faisons du commerce avec les locaux en cabotant le long de la côte."

Ce n'était pas tout à fait vrai. Mais ce n'était pas tout à fait faux non-plus. Le capitaine se refusait à donner plus d'informations que nécessaire à leur invité. Après tout, s'il avait été retrouvé sur les restes du navire de Maël, rien ne laissait devinner son camps... Même la Marque n'était pas un argument suffisant!

Alors, Yann reprit immédiatement, sans laisser à l'autre le temps de répondre.

"- Nous t'avons trouvés sur les décombres fumant d'un navire. Tu es le seul survivant à notre connaissance...Qu'est-t-il arrivé?"

La question était brutale, certes, mais Yann ne voulait prendre aucun risque. En tant que Capitaine, il tenait à protéger ses hommes, ainsi que son commerce, bien sûre.
Revenir en haut Aller en bas
Lucain d'AgranceBanni
Lucain d'Agrance



Gardes Côtes.  Empty
MessageSujet: Re: Gardes Côtes.    Gardes Côtes.  EmptyVen 22 Sep 2017 - 22:03
À force de draguer des filles, j’ai gagné un talent bien particulier et sacrément utile dans ma vie de tous les jours. J’aimerais vous en parler à nouveau, mais c’est pas la première fois que je vous raconte toutes mes déboires et mes glorieuses conquêtes, au bout d’un moment vous devez n’en avoir cure, et vous devinez déjà la fin de mes phrases, si bien que vous devez avoir l’impression que ce début de récit n’est qu’une quelconque escapade comme j’en ai vécu des dizaines ; Mais je vous prie, restez jusqu’au bout, je vous jure que celle-ci aura quelque chose en plus. Bien sûr, tout juste ramené d’entre les morts, je suis tout juste en train de douiller, à peine en train d’analyser la situation, peu alerte. Oui, draguer des filles, ça m’a offert un talent ; Ce talent c’est le mensonge. Mais le secret avec le mensonge, pour qu’il soit convainquant, c’est qu’il faut toujours dire des demi-vérités. Faut que l’âme pense ce que vous disiez pour que cela se traduise à l’oral, voyez-vous ?
Enfin bref. J’aimerais bien vous faire croire que, à peine réveillé, j’étais en mesure de jouer à la comédie, d’être un super manipulateur qui comprend tout ce qui se passe. Mais même si l’alcool de mûre venait effectivement de me donner un coup de sang et devait certainement me remettre du rouge aux joues, j’étais pas du tout en état de réellement comprendre où j’étais. Et comme je vous l’ai dis, j’étais cul nu, sans armes à ma portée. Pas de quoi jouer au malin. Pour l’heure, je préférais surtout me recroqueviller tout tremblant de froid dans ma couverture, en cachant mes parties génitales à la vue de mes interlocuteurs.

C’était qui, ces interlocuteurs, d’ailleurs ? Maintenant que le chef de ce capharnaüm a dit son nom, je pense pouvoir lever mes yeux vers lui, puis à nouveau vers le balourd qui était en train de préparer un deuxième godet de la même liqueur assez infecte, qu’il me tendait chaleureusement. Je le remerciais silencieusement d’un geste de la tête, avant de me saisir de ce godet d’une petite patte froide et mouillée. Juste le temps de boire, j’essayais de jauger le capitaine et de savoir quoi dire.
Plus particulièrement, j’étais en train de me demander s’il était dans un camp ou l’autre.

Entendez bien. Je suis un funambule. Je joue avec l’ordre et le chaos. Avec les patrices corrompus et les prêtres vertueux. Avec les pirates tortionnaires et les nobles aux dents longues. Depuis que j’ai été marqué, je n’ai jamais été vu par personne comme autre chose qu’un jouet ; Mais c’était déjà le cas avant, quand j’étais un petit chevalier matamore qui papillonnait de cour en cour. Le seul moyen de survivre, quand on est dans ma position, c’est de suivre la danse, mais de surtout ne jamais se tromper de partenaires. Dans ma profession, les ruptures de contrat ça se fait à coup de flèches dans le dos ou de poison dans le verre.
Je finis l’alcool de mûre tout entier, jusqu’à faire un bruit désagréable avec ma bouche. Ils doivent bien se gausser, tiens ; Je me demande si le balourd va faire une remarque sur le fait qu’il pensait pas que je serais assoiffé à ce point, vu comment j’ai bu la tasse. Mais j’ai pas envie de faire des blagues comme ça après avoir passé quelques heures à nager avec des cadavres.

« C’est le navire de Maël le Noir....
À l’heure actuelle il doit être enfermé dans une cage de fer. Si je devine les attentions des autorités, y vont sûrement le ramener à Marbrume pour le torturer en place publique. Ou bien le faire devant la populace du Labret... »

Jusqu’ici, notez que je me mouille pas trop. J’ai rien dit sur moi. J’essaye de noter leurs réactions, ce qu’ils vont dire suite à ce commentaire. Parce qu’en réalité j’ai très très peur de dire des choses sur moi.
J’ai très peur. Parce que j’ai aucune idée de si ce capitaine à la gueule de mignonnet un peu trop bronzé est dans le camp de la loi ou de la désobéissance. Je suis très joueur, mais j’ai pas envie de parier ma vie à pile ou face. J’ai pas envie de finir rejeté à l’eau. Surtout pas à l’eau. Je n’y pense pas là, mais des images de la scène me reviennent en tête, et c’est digne de cauchemars.

« Tout s’est passé super vite... C’était horrible... Les cris... »

Je relève mes yeux sans relever la tête.

« Vous avez trouvé des survivants ? Y avait avait qu’un seul vaisseau qui brûlait ? »
Revenir en haut Aller en bas
Yann PêcheurPirate
Yann Pêcheur



Gardes Côtes.  Empty
MessageSujet: Re: Gardes Côtes.    Gardes Côtes.  EmptyJeu 28 Sep 2017 - 12:50
Ours et Yann scrutent l'homme pendant qu'il leur confirme ce dont ils se doutaient déjà. il s'agissait bien du Colère d'Anür, le vaisseau de Maël. Les deux pirates s'autorisent tout de même un haussement de sourcils en entendant le sobriquet de leur ancien compère mais ne réagissent pas en apprenant la future sentence. Cet énergumène, Yann l'aurait préféré mort. C'était tout ce qu'il méritait.

Le rescapé se tu alors quelques instants avant de reprendre, pâle comme un linge;

« Tout s’est passé super vite... C’était horrible... Les cris... Vous avez trouvé des survivants ? Y avait avait qu’un seul vaisseau qui brûlait ? »

Ours ne met pas longtemps à lui répondre, mais avant il lui ressert une rasade d'alcool de mûre.

"-Ouai mon gars, y'avait qu'un bateau. 'Fin s'qu'il en restait. On a repêché tous les morts avant de les envoyer par le fond..."

"-Ours, va dire au cuistot de faire chauffer un peu de ragoût pour notre naufragé. Et reviens quand ce sera prêt s'il te plaît." fit alors Yann.

L'ordre était claire et sans appel, pourtant, Ours hésita un moment devant la porte, il lui fallu un froncement de sourcil réprobateur de la part de son capitaine pour qu'il daigne s'éloigner. Ours était un brave gars, un lieutenant fidèle qui connaissait son métier. Et son métier consistait en partie à veiller sur la vie de son capitaine, alors le laisser seul avec un inconnue... Mais les ordres étaient les ordres alors il avait obéi!

Resté seul avec le naufragé, Yann décida de prendre le taureau par les cornes. Il n'aimait pas quand la situation n'était pas claire. Et comme il était en situation de force, il ne voyait pas pourquoi il ne pourrait pas éclaircir les choses, après tout; il était sur son navire!

"Bien, maintenant qu'il n'y a plus que nous, on va pouvoir jouer franc-jeu. Je te fais la promesse que rien de mal ne t'arrivera à bord de ce navire, j'y veillerai personnellement. A condition bien sûre que tu te tiennes tranquile.
Mais que les choses soient claires, si tu touches terre ou que tu passes sur un autre bord, je ne répondrais ni des actes de mes hommes, ni des miens."


Là-dessus, Yann présenta sa main à l'homme pour sceller son serment. il en profita pour se présenter.

"-Yann Pêcheur, capitaine de ce navire et de cette compagnie. Je suis pirate."
Revenir en haut Aller en bas
Lucain d'AgranceBanni
Lucain d'Agrance



Gardes Côtes.  Empty
MessageSujet: Re: Gardes Côtes.    Gardes Côtes.  EmptyJeu 28 Sep 2017 - 13:26
On respire mieux sans la massue ; En partant, on entend ses pas faire grincer le petit escalier de bois, alors qu’il remonte sur le pont du navire. Quand il ouvre la porte, je peux ressentir tout le bonheur de la mer et des vastes étendues d’eau. C’est à dire le cri des mouettes – parce qu’on est tout de même proche des côtes, même si on ne voit que de la mer autour du bâtiment – l’odeur du sel, et le souffle du vent.
J’ai jamais navigué. Mais j’ai passé ma vie sur des bateaux. Je crois que ça m’apaise un tout petit peu, et que je retrouve à nouveau un peu de vivacité pour pouvoir dire ce que j’ai à dire. Je souris au capitaine. Pas un de mes sourires de mauvais garçon, plein de défi, avec mes belles dents qui brillent. Juste un sourire un peu doux, et un peu peiné. Je suis reconnaissant. Et puis le type en face de moi est tout fin, et se dégage de son âme un air bien plus accorte et moins impulsif que celui de Maël. Il est même plus sympathique que Vital, mais ça j’ai pas tellement d’autre choix.
Alors je tends ma main et serre la patte fine du capitaine. Il peut voir mon bras gravé avec une méchante cicatrice sur tout l’avant-bras, en détail. Et pourtant je le regarde droit dans les yeux, avec mes yeux au blanc devenu rouge et à la pupille marron en amande qui doit avoir l’air à peine alerte. Et je déballe tout d’une voix enrouée.

« Mon nom c’est Lucain. Lucain d’Agrance. Je suis chevalier.
Enfin, je l'étais. »

Je lâche la main de Yann, et lève ma paume pour bien lui montrer ma marque de banni. Il est capable de bugger, et de se rendre compte à quel point ça n’a pas beaucoup de sens, un bon chevalier de Marbrume qui est gravé comme du bétail. Un gosse de noble. Et d’ailleurs j’ai une belle trogne de noble si maintenant on décide de me regarder sous cet angle, et qu'on s'attache aux petits détails, derrière ma barbe crasse et mal taillée, plus fournie à droite qu’à gauche. J’ai les mains trop fines et trop douces pour un travailleur acharné qui a manipulé la terre toute sa vie. J’ai des mains de fille.

« En fait c’est compliqué... Je... Je vivais sur l’Esplanade à une époque. Mais on m’a condamné pour le meurtre d’un... D’un rival. Alors on m’a marqué et on m’a jeté au milieu des morts.
J’ai bien dû survivre... Alors je me suis mis au service de contrebandiers du Labret. Il semblerait qu’ils m’utilisaient comme... Comme de la chair à canon. Comme un type sacrifiable.
On avait des types avec nous dans le Labret. Des, heu... Des mineurs, des officiels, des prévôts. Les types détournaient des vivres et des choses de valeurs, et nous on l'amenait vers la côte pour le filer à des pirates. C'est plus simple que de terroriser les villages alentours. Je pensais, un peu naïvement, que c'était une sorte de pot-de-vin des autorités, vu à quel point on arrivait à mettre la main sur tous ces biens de valeurs avec facilité...
On bossait avec un type surtout. Maël le Noir. Y payait très bien ; On amenait des vivres, lui il nous filait des produits transformés de Marbrume. Dans un sens, il était pas si différent d'un commerçant, sauf qu'il paye pas la douane. Il était censé recevoir une jolie cargaison hier soir.
Bah c’est pas tout à fait ce qui s’est passé. Parce que quand Maël est apparu, hier soir, dans la rade du Labret, y a immédiatement deux galères ducales qui sont sorties de l’escale de Saint-Jenez. Maël avait aucune chance. Son navire a été enflammé, les galères du duc transportaient une sorte de... D’engin étrange qui crachait du feu. Quand les pirates ont sauté à la mer, on les a criblés de flèches et de carreaux, on a pas laissé le moindre survivant.
Moi je me trouvais sur le navire de Maël, avec les contrebandiers. On transportait des... Des lingots de fer. »

Là à ce moment-là, en plein dans toute cette bouillabaisse d’information que je viens de servir, je détourne un peu le regard, et ma voix se fait moins sonore.

« Quelqu’un nous a foutu dans ce guêpier... Je vois pas d'autre explication. Un putain de traître. »

Je prends une grande inspiration, avant d’à nouveau regarder Yann. Et ma voix se fait un peu plus dure, mes lèvres retroussées.

« Vous m’avez sauvé la vie. Je vous dois une dette éternelle. Mais j'ai bien peur que je puisse pas faire grand chose pour vous. Pour vous rembourser je veux dire... »
Revenir en haut Aller en bas
Yann PêcheurPirate
Yann Pêcheur



Gardes Côtes.  Empty
MessageSujet: Re: Gardes Côtes.    Gardes Côtes.  EmptyMer 8 Nov 2017 - 10:39
Le capitaine écouta patiemment le récit du chevalier déchu. Sa noblesse passée ne le fit qu'à peine tiquer. Après, sa propre situation était tout aussi improbable. Par contre, l'histoire de l'attaque. Ce n'était pas impossible, loin de là, mais Yann avait la sentiment que quelque chose clochait. Il avait assez menti dans sa vie pour être observateur et avoir le nez fin sur la question. En fait, sa vie entière était un mensonge... Seulement, il savait que pour pouvoir accuser crédiblement qui que ce soit, il était nécessaire d'avoir des preuves irréfutables. Aussi le pirate devrait se satisfaire de cette réponse.
D'ailleurs, la marque du bannis ne faisait qu'appuyer ses dires. Cette cicatrice soudait entre eux tous les hors-la-loi, qu'ils la portent ou non.

"-J'ai fait mon devoir d'homme en te sauvant. Cela peut paraître ironique de la part d'un pirate, mais il me semble que c'est le moins que je puisse faire pour racheter mes pêchés aux yeux d'Anür."

Le regard du capitaine s'égara quelques instants sur le visage de Lucain. Il était négligé, une barbe irrégulière masquant des traits pourtant non-dénués de charmes. Il était assez fin mais musclés. S'il ne venait pas de réchapper à la noyade, l'homme en aurait imposé. Ce devait être un bon combattant comme le déclamait son ancien titre de chevalier.
Avec une point d'amusement, Yann réalisa que cet homme était son opposé total, il était issus d'une noble famille, pouvait être fière de ce qu'il était, avait tout pour réussir. Pourtant, il était passé de l'autre côté de la lois. Comme le capitaine.

Ours alors passa à nouveau la porte, sortant Yann de ses songeries. Il tendit le bol de ragoût chaud à leur invité.

"-Alors, qu'est-ce que tu veux faire de lui?" demanda-t-il abruptement à son capitaine.

"-Pour le moment, l'habiller. Si ce n'est fraîchement au moins sèchement.

Ours compris et hocha la tête pour ressortir se procurer des vêtements à peu près secs.

-Honnêtement, je ne sais pas quoi faire de toi. J'ai horreur de me mêler des affaires d’autrui. Ne compte donc pas sur moi pour retrouver ce supposé traître. Je pense d'ailleurs te débarquer à la prochaine escale. A moins que tu n'ai autre chose à proposer...

Conclu le capitaine en haussant un sourcil interrogateur.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Gardes Côtes.  Empty
MessageSujet: Re: Gardes Côtes.    Gardes Côtes.  Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
Gardes Côtes.
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Alentours de Marbrume ⚜ :: Marécages de l'Oubliance :: Littoral-
Sauter vers: