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 Au Lion d'Or [Ferdinand]

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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptyVen 3 Nov 2017 - 12:41
L'obscurité, la noirceur et le désespoir qui vient avec, ça c'est une constante universelle. Je me sens creux, devant ma bougie, sur mon tabouret devant le grand récipient qui traîne dessus ma cheminée. C'est pas que remuer de l'eau en attendant qu'elle bout n'est pas passionnant, ce qui est déstabilisant, c'est de n'entendre que ça, se laisser aller à la nuit, entendre ses pieds remuer, avoir pour seul lumière la bougie qui traîne à côté, sur l'âtre de marbre. Dans ces moments là je me laisse aller. Je sais même plus à quoi penser. Mais je vais cuisiner hein? Ça va aller mieux? Faut que je boive. J'ai soif, j'ai plus envie de penser droit, encore un peu de valse s'il vous plaît.

Je me lève de mon siège et me dirige vers un armoire au fond de la pièce de vie, elle a toujours été là, même s'il paraît menaçante, j'ai jamais eu les couilles de la virer. Je l'aime pas, elle est moche, ses grandes portes ne ferment plus, elle me surplombe d'une cinquantaine de centimètres ce qui me force à lever la tête. J'sais pas, y'a quelque chose de mauvais là dedans, j'en ai le cœur qui accélère lorsque je l'ouvre. J'ai juste envie qu'elle disparaisse loin et vite, mais j'peux pas. Parce que dedans...

Dedans, y'a tout mon stock d'alcool.

- Vous êtes là?

"-Toujours..."

J'écoute même pas la réponse, j'ai la défaite au corps alors que je prend une bouteille de vin épicé, le plus fort possible. Avec un verre, j'en prend un autre? J'en prend pas un autre, j'vais essayé d'être suffisamment altruiste pour pouvoir garder Astrid en dehors de cette défaite face à l'alcool.

Je me ramène sur mon grand tabouret taillé y'a de là quelques années, avant même cette armoire, j'ai bien aimé faire autre chose que de la forge, lorsque j'ai pris mon ciseau à bois pour affiner la bûche qu'on m'avait amené, avant même la Fange.

La Fange, elle bat dehors, tue des gens et bouffe le territoire plus vite qu'une petite grosse devant et travers de porcs caramélisé, et moi je suis là, à pas être capable de bouger une armoire sans trembler au bout d'une journée. J'ai la tête qui tourne quand je bois, et quand je bois pas, pendant que y'en a qui se la font découper à la griffe derrière ces putains de murs de pierre inhumains.

- Dites... À quoi ça va vous servir, le sac ? Y a encore des... Tests de ce genre ou c'est fini ?

"-On verra ça demain, je vous prie."

Bordel, j'comprend dans quel état elle était la gamine sur la table. Bouffé de l'intérieur par des sentiments humains, la fragilité et la honte, j'ai même plus envie de penser. Je bois mes trois premiers verres cul sec, pour ne pas sentir le goût et ne pas cacher la misère avec de la misère. Comme ça, tout disparaît d'un seul coup avant même de se rendre compte que ça va revenir un jour. Le quatrième, lui je peux le savourer, m'y délecter, sans penser à ce que je suis en train de m'enfiler, et combien ça me coûte de faire ça.

"-Pour faire court, c'est le test le plus crucial compte tenu de votre profession, ça peut changer une vie, le résultat, c'est pour ça que je dis pas.

Après, selon ce que les graines nous diront ou pas, on prendre certaines mesures... Il se peut que ça ne soit que le début."


Je respire un grand coup, j'en ai plus rien à foutre enfait, je sais même pas pourquoi je parle, je sais pas... Parce que c'est censé être drôle. Nan, ce qui est drôle c'est d'étudier les mouvements de l'eau sur le bord du chaudron, alors que je commence à me réchauffer l'œsophage. J'ai chaud bordel, très chaud. Je me met à rire, ça fait des bulles au dessus de l'eau. C'est drôle.

Je tape sur l'épaule d'Astrid pour l'agripper et la secoue avec engouement, c'est pas tout les jours qu'on est accompagnés avec des gens biens hein! Tellement bien qu'elle se laisse tripoter sans opposition! Bordel, c'est drôle la vie quand même.

Mais là j'ai faim, j'vais manger, bordel j'vais manger. Ça me fait plaisir rien que d'y penser, j'mangerais bien en musique, une petite pièce de bœuf... avec des herbes, des poireaux pour le bouillon... et des champignons, beaucoup de champignons... Oh, mais tout est déjà sorti, c'est trop bien, je rigole dur. Ça fait du bien de rire.

- Vous voulez que je vous prépare quelque chose ?

"-Bah c'est légèrement le but, gazelle! J'vais voir comment tu te débrouilles en cuisine!"

Je me lève. J'ai les mains prises, je peux pas me relever, faut que j'en dégage une. Devant moi un verre vide et une carafe pleine. Je jette de verre à travers la pièce, il explose en mille morceau à l'autre bout du salon, maintenant je peux me relever! C'est pas génial? Je rigole encore. Bordel je suis heureux, je nettoierais après. Je me relève et prend une grande rasade à la carafe, j'ai la flemme d'aller chercher un autre verre. Puis comme ça j'ai une main livre pour m'essuyer les lèvres d'un revers de manche.

"-Alors, ici vous avez les bouts de papier avec les recettes écrites, j'vous laisserais m'en faire une, avec les ingrédients ici, c'est celle toute au fond. Sobrement intitulée "Bœuf-Poireaux-Champis"... J'aurais du l'appeler "fond de Dame" parce qu'on y retrouve tout les ingrédients... haha..."

J'explose de rire.

"-Allez-y, prenez là, les ustensiles sont dans le panier à côté de l'âtre. Si vous avez besoin d'une précision je suis là."

Je ravale un autre raz-de-marée de vin, il en devient écœurant. Si seulement j'étais pas obligé...
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Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptyVen 3 Nov 2017 - 13:33

"-On verra ça demain, je vous prie."

Ça ressemblait beaucoup à une manière détournée de dire que oui, il y en aurait beaucoup d'autres, mais qu'il ne voulait pas lui en parler. Astrid se sentait mal rien qu'à cette possibilité. Qu'est-ce qu'il pouvait lui demander de plus ? Ou alors il parlait du sac. Dans ce cas, pourquoi ne pas lui annoncer tout de suite ce qu'il cherchait à savoir ? La voilà déjà qui commençait à angoisser. Quelle serait la prochaine étape? Ferdinand but un, deux, trois verres d'affilée et cul sec. Il n'avait pas l'air angoissé, lui.

"-Pour faire court, c'est le test le plus crucial compte tenu de votre profession, ça peut changer une vie, le résultat, c'est pour ça que je dis pas.

Après, selon ce que les graines nous diront ou pas, on prendre certaines mesures... Il se peut que ça ne soit que le début."

La réponse devenait évidente: Ferdinand voulait savoir si elle était enceinte. Astrid ignorait jusque là qu'on pouvait faire ce test avec un sac rempli de graines mais elle reconnaissait volontiers que la science n'était pas son domaine de prédilection. Voilà qui était rassurant au moins: c'était un test dont elle connaissait déjà pertinemment le résultat! Depuis des années elle prenaient des remèdes à base de plantes pour ne pas tomber enceinte et ça avait toujours marché, aucune raison qu'il en soit autrement. Elle ne s'amusa même pas à se demander ce qui pourrait se passer si elle attendait un enfant tant cette possibilité lui paraissait inexistante. La main de Ferdinand sur son épaule la fit presque sursauter mais elle ne fit aucun geste pour le repousser. Il avait certes un peu bu mais ça restait sans aucun doute un geste sympathique. Après la visite médicale qu'ils venaient de partager, autant dire qu'Astrid se fichait bien qu'il touche son épaule! Autant... Autant faire comme si de rien n'était, regarder la nourriture, essayer de penser à rien ou à autre chose. Elle proposa de cuisiner.

"-Bah c'est légèrement le but, gazelle! J'vais voir comment tu te débrouilles en cuisine!"

Elle songea très fort que si ça ne tenait qu'à elle elle commencerait par faire un ménage approfondi de l'endroit mais elle ne dit rien. Astrid regarda le scientifique se lever et... Jeter un verre vide qui partir s'exploser plus loin. Pas gêné le moins du monde, et debout, il se mit à boire directement au goulot. Astrid cherchait déjà autour d'elle de quoi nettoyer.

"-Alors, ici vous avez les bouts de papier avec les recettes écrites, j'vous laisserais m'en faire une, avec les ingrédients ici, c'est celle toute au fond. Sobrement intitulée "Bœuf-Poireaux-Champis"... J'aurais du l'appeler "fond de Dame" parce qu'on y retrouve tout les ingrédients... haha..."

Bouts de papiers ? Astrid soupira discrètement. Apparemment ce n'était pas fini niveau humiliation. Elle s'approcha des dits papiers pendant que le scientifique riait à gorge déployée. Évidemment, elle n'y vit aucun dessin.

"-Allez-y, prenez là, les ustensiles sont dans le panier à côté de l'âtre. Si vous avez besoin d'une précision je suis là."

Il était là, à rire, à boire. Et Astrid était là, debout. Elle avait envie de tout laisser tomber et de s'en aller. Elle ne conviendrait jamais. Elle savait très bien cuisiner, le problème n'était pas là. Le problème, c'était que visiblement elle aurait dû savoir lire. Et après ce début/milieu/presque fin de soirée, elle commençait à mal vivre la possibilité d'avoir fait tout ça pour rien, parce qu'elle ne savait pas déchiffrer trois gribouillis.

- Je sais pas lire.

En temps normal elle aurait pris la peine de bien expliquer qu'elle savait cuisiner, qu'elle ferait tout avec plaisir s'il prenait le temps de lui lire au moins une fois la recette. Elle pourrait la retenir, elle le savait très bien. Mais quoi ? Dire tout ça pour se retrouver à nouveau ridicule ? Elle en avait dit assez en avouant son incapacité. Il avait forcément fait exprès de la mettre devant ses echecs. Pouvait-il ignorer que les prostituées ne savaient généralement pas lire ? Non. Il avait fait exprès. Elle ne savait pas pourquoi. Peut-être qu'il trouvait ça drôle , lui. Pas elle. Il allait sans doute continuer de rire maintenant. Mais l'humeur joyeuse d'Astrid avait fini plus ou moins en même temps que sa bière. Ensuite elle avait eu peur, ensuite elle avait eu honte, et maintenant elle ne savait pas bien ce qu'elle faisait encore là. Ridicule petite prostituée qui avait cru un moment qu'elle aurait d'autres qualités à faire valoir que son physique. Elle aurait mieux fait de rester dans sa chambre à pleurer le départ de Julius, comme elle l'avait fait assidûment toute la semaine.
Pour éviter de se mettre à pleurer comme une gamine, même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait, elle laissa son instinct de maniaque prendre le dessus. Dès qu'elle eut trouvé le balais un peu en retrait, elle se l'appropria pour regrouper les morceaux du verre brisé. Et la poussière aussi. Toute la poussière. Avec autant d'application que ce qu'elle avait mis dans son propre décrassage au savon. Ça avait un côté apaisant le ménage. Ordonner l'extérieur comme si ça remplacerait la paix intérieure impossible. Ferdinand avait l'air d'aimer le vin pour ça. Elle, elle préférait le ménage.
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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptyVen 3 Nov 2017 - 14:09
- Je sais pas lire.

Je m'arrête, je regarde la bougie, j'avais complètement oublié le fait qu'elle ne puisse pas lire, quel con. J'ai mal au ventre, l'acide monte le long de mon corps pour me rappeler ma bêtise, il faut que je boive, histoire de le noyer dans mon foie cirrhosé là où il devrait être depuis le début... Le goulot vient à ma bouche, je sens le verre délicatement embrasser mes lèvres, dans quelques secondes se sera fini...

Mais gazelle, qu'est-ce que tu fais? Pourquoi tu continue à nettoyer? Tu veux te montrer capable malgré ta lecture? Pas besoin... J'ai la flemme de parler, ma langue veut même pas bouger pour exprimer ce que je pense. Quel déchet. Je calme ma colère et mon mal-être dans l'alcool, l'or rouge, ou blanc, ou avec des bulles, tandis qu'elle... elle nettoie. Mon esprit pratique fait tilt, bordel, pourquoi est-ce qu'il fonctionne encore lui?

Je plonge mon regard dans la bouteille, le liquide valse, au fond de la flasque? Quel but? Amuser les yeux, oui, mais après? Et moi? Je bois pourquoi? Cacher un truc? Oui, mais après? Bordel, quel déchet, faut changer. Boire encore un peu... j'ai pas le droit, faut pas, faut que je repose cette merde, allez un peu de courage... Regarde Astrid, regarde là faire des choses utiles pendant qu'elle va pas bien, elle pourrait boire, elle, tu la prendrais si elle buvait au lieu de nettoyer? Non, félicitation, tu viens de te recaler toi même à ton taff.

Je pose la bouteille dans l'armoire, je claque la porte avec le pied. Le bruit est assourdissant, la vibration est encore visible sur la porte, un nuage de poussière s'envole, j'essuie mes yeux. Y'avais des larmes aussi, je crois, ou alors j'suis allergique aux acariens.

Je me tourne vers Astrid qui me regarde avec ses grands yeux, et fronce les sourcils et manque de me mordre la joue comme punition, je suis en colère contre moi-même, faut rendre ça productif.

"-C'est absolument pas un contretemps, on va arranger ça. J'vais vous apprendre. Mais d'abord, on va cuisiner."

Je m'avance vers la bibliothèque, en courant, pas de temps à perdre, j'ai une revanche à prendre. Vite, je décale l'échelle pour aller chercher un énorme parchemin jauni en haut d'un plateau en bois, je manque de me casser la gueule. Pourquoi j'ai bu déjà? Oh et puis merde, on avance. Je retourne dans le salon en laissant tout en plan. Alors que j'arrive devant Astrid un énorme claquement se fait entendre, l'échelle est tombée.

"-Tenez, c'est un parchemin, et accessoirement le début de votre apprentissage. Vous le lirez ce soir."

Je le déroule, marqué grossièrement à l'encre grasse formant une pellicule, chaque lettre de l'alphabet est dessinée en majuscule, puis en minuscule pour montrer l'exemple, dans des proportions monumentales. C'est vraiment beaucoup d'encre pour pas grand chose, mais sous cette frise, sous chaque lettre, se dessine une petite miniature, un dessin. Un objet de la vie quotidienne. Je me souviens quand un prof m'avait filé ce but de papier à la bibliothèque, ça remonte loin! Hé, j'suis plus bourré, j'arrive à me souvenir!

"-Chaque petit dessin abstrait sur le dessus, c'est une lettre, la grosse, c'est la majuscule, et la petite la minuscule. Chaque lettre forme un son, parfois toute seule comme pour le A, ici, au début. A, c'est le son qui commence Astrid. Par exemple, et ce même son est retrouvé dans "Araignée", c'est pour ça qu'il y a une petite araignée dessinée dessous. Pour d'autres son, comme le R ici, il fait le son "rrrrr" qui peut être associé avec le son du O ici, qui est le son qui commence "oreiller", d'où le dessin de l'oreiller. Donc si on met un R qui est une consonne, donc qui ne fait pas de son toute seule, avec un O qui est une voyelle et qui elle est un son fort, ça donne "rrrrr" plus "oo" ce qui donne "rooo" comme "robe", d'où le petit dessin.

Je te laisse le soin de comprendre et d'apprendre ça par toi même, c'est plus simple. Et ensuite tu viendra me voir. Y'a pas de limite de temps, c'est pas une course.

Maintenant on retourne à la cuisine?"


Je me retourne vers la pièce de bœuf et les ingrédients sur le petit plan de travail à côté de la cheminée. Je bouillonne, je sue, j'en ai plein le front, et plein ma manche. Je sais pas ce qui m'arrive, j'ai envie d'aller vite partout, j'dois être excité, c'est quand même vachement mieux que l'alcool, d'aider les gens ou faire un truc utile, on regrette pas derrière.

"-Maintenant, montre moi ce que vous avez faire, je vous regarde, vous avez carte blanche. Vous mettez pas la pression, sinon ça va mal se passer. On y va mollo et moi je vous regarde."
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Astrid la DouceCartomancienne
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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptyVen 3 Nov 2017 - 16:37
Un grain de poussière, deux grains de poussière. C'était bien. Les assembler, les regrouper, faire un joli petit tas bien délimité, imaginer concentrer tout le négatif de ce monde dans ce petit tas voué à la disparition. C'était apaisant. Partir d'un coin, toujours partir d'un coin. Loin de la porte, pour éviter d'avoir à revenir sur ses pas pour sortir et tout salir par la même occasion. Elle en aurait presque manqué le mouvement de Ferdinand, qui se leva pour aller jusqu'à sa grosse armoire. Mais il claqua la porte, il fit voler de la poussière. Astrid tourna la tête vers lui. Elle aurait aimé râler, dire qu'il salissait tout ce qu'elle essayait de mettre en ordre mais elle ne dit rien. C'était de sa faute à elle, il fallait commencer par faire la poussière avant de balayer, elle le savait très bien.
Qu'allait-il dire ? Que ce n'était pas la peine de se fatiguer, qu'elle n'avait qu'à rentrer chez elle et qu'ils n'en parleraient plus. Ce serait le plus probable. Il fronçait les sourcils, ça n'annonçait généralement rien de très bon.

"-C'est absolument pas un contretemps, on va arranger ça. J'vais vous apprendre. Mais d'abord, on va cuisiner."

... Quoi ? Elle ne sut pas quoi dire du tout. Apprendre à lire ! Elle allait... Apprendre à lire. Hadrien serait fier d'elle. Elle serait fière d'elle. Plus besoin de déléguer la lecture des menaces de mort à que que ce soit. Même si, dans l'absolu, elle préférait arrêter d'en recevoir.
Ferdinand se mit à courir vers... La bibliothèque. Étant donné tout ce qu'il avait bu, Astrid fut particulièrement surprise de ne pas le voir s'étaler de tout son long. Heureusement qu'elle avait enlevé de là les bris de verre, sinon il aurait sans doute glissé. Elle n'osa pas le suivre, et elle resta interdite un moment à tenir le manche du balais entre ses mains. Il avait dit "d'abord on va cuisiner" ? Alors où allait-il ? La rigueur scientifique, voilà un concept qui échappait à la cartomancienne. Elle préférait la rigueur ménagère. Ferdinand revint se planter devant elle si vite qu'il ressemblait plutôt à un savant fou qu'à un savant tout court. Le gros bruit qui suivit fit sursauter la demoiselle qui voulut lancer un regard dans le couloir. Avec l'obscurité elle ne vit rien. Elle n'eut pas le temps de regarder. Ferdinand parlait déjà, et déroulait devant elle un parchemin.

"-Tenez, c'est un parchemin, et accessoirement le début de votre apprentissage. Vous le lirez ce soir."

- Euh... Merci beaucoup...

Le lire ? Elle restait perplexe devant la consigne. Enfin le "ce soir" était également amusant: ils étaient probablement déjà le matin, et elle se demandait quand est-ce que monsieur Beauvent considérait qu'il était l'heure de dormir pour de bon. Focalisant son attention sur les dessins, elle n'y comprenait rien à première vue. Si, elle reconnut l'énorme première lettre. Elle faisait partie de son prénom. Astrid ne l'avait jamais vue dessinée toute seule, elle avait comme l'impression que c'était un gribouilli estropié.
Les explications de Ferdinand allaient bien vite, elle n'était pas sûre de pouvoir tout comprendre d'elle-même. Enfin, elle ferait de son mieux ! Une occasion comme celle-ci ne pouvait pas se louper. Elle allait apprendre à lire !

Je te laisse le soin de comprendre et d'apprendre ça par toi même, c'est plus simple. Et ensuite tu viendra me voir. Y'a pas de limite de temps, c'est pas une course.

Maintenant on retourne à la cuisine?"

Astrid hocha la tête, laissant à Ferdinand le soin de s'occuper du manuscrit. Même s'il avait surtout l'air intéressé par la viande et le reste des ingrédients qui étaient là. Comment faisait-il pour avoir faim ? La cartomancienne était bien trop retournée pour avoir envie de manger quoi que ce soit, elle. Mais bon, on lui demandait de cuisiner, pas de manger. Alors ça irait.

"-Maintenant, montre moi ce que vous avez faire, je vous regarde, vous avez carte blanche. Vous mettez pas la pression, sinon ça va mal se passer. On y va mollo et moi je vous regarde."

Elle se demandait pourquoi il ne lui lisait pas simplement la recette. D'un autre côté, ça l'arrangeait. Elle pouvait faire ce qu'elle voulait à cuisiner. En y réfléchissant, d'après les reproches que Ferdinand avait plus ou moins adressé à Aliénor quand elle avait dit s'occuper de lui, elle en déduisait que c'était plutôt le scientifique qui devait faire à manger ici. Ou alors que ce n'était pas bon. Mais elle, elle avait eu l'habitude depuis longtemps de s'occuper de ça. Même en voyage, avec Johanne. Cuisiner quelque chose de bon ne devrait pas être bien sorcier quand tout était à disposition comme là. L'eau était déjà en train de bouillir dans la marmite. Bien. Très bien.
Astrid vérifia l'état des champignons, coupa les bouts qui ne semblaient pas mangeables. Elle entreprit aussi de couper les poireaux, vérifiant en même temps qu'il n'y avait aucune trace de terre sur les parties destinées à être mangées. Les poireaux pouvaient être cuits dans l'eau, mais pas les champignons, ça enlevait toute la saveur. Elle se tourna vers Ferdinand.

- Vous auriez du beurre ? Ou de l'huile?

En attendant, elle s'occupait de regarder les épices apportées par le scientifique pour choisir lesquelles aromatiseraient l'eau des poireaux. Elle les connaissait toutes et le choix ne fut pas bien difficile. Il ne restait qu'à espérer que Ferdinand aurait les mêmes goûts qu'elle en la matière.

- Comment vous aimez votre viande ?
Demanda-t-elle pour réfléchir un peu mieux à son plat. Il en faut aussi pour dame Aliénor?

Astrid avait hésité sur la manière de poser la question. Elle ne savait pas vraiment de quelle manière elle avait le droit de parler de la dame et ne voulait pas prendre le risque de lui manquer de respect.
Parler de cuisine c'était bien. C'était pas gênant. C'était facile. Et il ne faisait pas froid devant la marmite.
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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptyVen 3 Nov 2017 - 21:24
- Vous auriez du beurre ? Ou de l'huile?

"-Dans les placards, à coup sûr, cherche, approprie toi cette maison."

Je souris en coin alors que je m'appuie sur le bord de l'établi et croise les bras, j'ai un peu la tête qui tourne mais le sourire au lèvres, ça va mieux maintenant. Je me marre un peu, j'espère qu'Astrid sera mieux dans sa peau maintenant que le plus dur est passé. Une visite médicale n'est jamais facile, ni agréable par ailleurs, mais une fois passé c'est un sacré raccourci à la mise en place de mesures de confort. C'est ça le truc compliqué avec ces test, c'est que je sais pas si c'est rigoureusement pour ma conscience scientifique, ou pour m'assurer quelque part de la santé et du bonheur de mes employés.

Je me lève et sors l'huile du placard planqué derrière mes pieds pour la poser devant Astrid. C'est une bonne fille, elle a tenu jusque là et malgré tout fait preuve de bonne volonté, et ptèt un peu aussi de bonne humeur, je me demande combien pourraient en dire autant... avec mon caractère de monstre, pas beaucoup. Quelque part je me dis que ça peut me servir à me différencier, a chercher quelque chose de pétillant à mettre dans mon existence et celle des gens. M'enfin, voilà quoi...

"- Comment vous aimez votre viande ?"

"-Saignante, avec du sang, beaucoup. Je dissèque des gens de temps en temps, ça doit venir de là."

Je rigole à pleines dents, mais cette fois sans alcool, et honnêtement c'est bien mieux. Je baisse les yeux et renifle à plein nez ce qui semble être préparé par Astrid. Je la regarde faire de loin, s'agiter, valser dans sa procédure. C'en serait presque poétique, suffisamment pour m'émouvoir. Je souris en coin.

"-Vous avez fait de la danse, à ce que je vois. J'aime bien, c'est rare."

Je change mon pied d'appui en un pas presque grossier devant ceux de la gazelle, mais bon... on peut pas avoir toutes les cordes à son arc non? Je me retourne et ouvre le tiroir à mes pieds en me baissant, tirant sur mon dos, pour sortir de la boîte en bois ma "grille de cuisson" que j'ai déjà démontré à une savante de passage et son enfant de la Lune il y a quelques jours. Je la tend à Astrid et lui fait un clin d'œil.

Je la regarde prendre l'objets, si elle arrive a trouver l'utilisation du premier coup, c'est qu'elle est très forte, sinon, c'est pas grave du tout, ça voudrait dire que j'aurais encore quelques occasions de faire mon prof devant mes travaux avant que l'élève ne dépasse le maître. Je lui ai pas demandé son âge au passage... Moins de trente cinq ans, sûr, moins de trente? La vingtaine? Vers la fin? Je sais pas. Je lui demanderais après, je recroise les bras. Va-t-elle utiliser la grille pour cuire la viande à la flamme et la faire priser pour qu'elle soit saignante à l'intérieur et cuite à l'extérieur? on va voir. Je suis curieux.

-Il en faut aussi pour dame Aliénor?

"-Aliénor, tout court, et Ferdinand aussi, au passage.

Va pas te faire chier avec ça, le vouvoiement d'accord, mais pas "monsieur truc", j'ai pas 40 ans, pas encore.

Sinon je pense qu'elle mangera avec nous l'autre démonette. Ça te pose pas de problèmes?"


Je me met en marche vers ma chambre, à l'autre bout de la pièce, d'un pas lent mais confortable. J'ai bien fait de ranger cette bouteille, c'est quand même vachement plus agréable que de se mettre un voile devant les yeux et attendre la fin. J'ouvre la porte et retombe devant Aliénor devant la coiffeuse.

Aliénor, elle est quand même aussi jolie qu'elle est cruche. Hormis ses formes généreuses et sa très grande taille pour une femme, presque aussi grande que mon mètre quatre-vingt dix, c'est surtout que pleins de détails collent à elle et sa stature de femme accomplie pour rajouter une touche d'innocence enfantine au tableau. Je m'explique. Elle est franchement très bien formée, et transpire physiquement la maturité, alors qu'elle est encore couverte de tâches de rousseur partout sur elle, du haut du front jusqu'au fond du décolleté et les épaules. Avec son regard jade et ses lèvres rosées, on pourrait presque dire qu'elle a entre 8 et 20 ans, c'est magnifique à regarder.

Et si vous aimez l'art par le vide, il reste son cerveau. C'est une zone de magie noire où tout disparaît, c'en est incroyable.

"-Qu'est-ce qu'il y a mon beau, tu regarde encore au lieu de venir goûter?"

"-Doucement, succube, c'est Astrid qui vient nous faire à manger, tu viens?"

"-On peut pas rester tout les deux plutôt?"

Elle vient se mettre devant moi et passer ses bras autour de mon cou, sur mes épaules, pour venir m'embrasser doucement. Il faudrait lui répéter qu'on est toujours pas ensembles, que ce n'est pas ma fiancée, que les Trois n'officialisent pas cette union, mais allez savoir, j'y arrive pas du tout. Une relation amoureuse stable, c'est une des choses qu'il m'a manqué dans ma vie, comprenez moi donc quand je n'arrive pas à me décider quand une fille de vingt ans mon ainée cherche à se comporter comme ma femme.

"-C'est pas négociable, c'est la nouvelle servante, je compte sur toi pour la respecter, aussi noble et condescendante que tu puisse être."

Une autre claque me part dans la joue, j'ai l'habitude maintenant, heureusement qu'elle me tenait de l'autre bras pour ne pas que je m'écroule, la fatigue ne m'aide pas. Elle vient poser sa tête dans mon cou, sa chevelure rousse danse au niveau de ses reins.

"-J'aime pas qu'il y ait une troisième personne, on va plus pouvoir se câliner toute la journée."

"-On le faisait déjà pas, allez maintenant viens"

Je l'emporte dans le salon et la fait s'asseoir à table pendant que j'installe le couvert, le temps qu'Astrid finisse sa cuisine.

"-tu te joindras à nous après, Astrid?
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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptySam 4 Nov 2017 - 8:30

"-Vous avez fait de la danse, à ce que je vois. J'aime bien, c'est rare."

Astrid se mit à rire avant même de voir le pas un peu grossier de Ferdinand. Oui, elle avait fait de la danse et ça lui avait même beaucoup plu. Elle était tout de même étonnée qu'il le remarque et encore plus qu'il l'apprécie.

- C'était il y a longtemps, presque une autre vie !
Dit simplement Astrid.

Depuis la fin de sa vie itinérante elle n'avait pas vraiment eu l'occasion de cultiver ce talent mais la grâce qu'elle avait acquise ne s'était pas envolée depuis. Enfin, il fallait rester concentrer, vérifier la cuisson des poireaux, cuire les champignons avec l'huile que lui avait donnée Ferdinand.
Le scientifique lui tendit un drôle d'objet en lui faisant un clin d'oeil. Curieuse, la cartomancienne le saisit mais son regard interrogateur ne reçut pas de véritable réponse. Qu'est-ce que c'était?
Un outil de cuisine, vu l'endroit d'où Ferdinand semblait le sortir et le moment qu'il choisissait pour le lui montrer. À quoi est-ce que ça pouvait servir ? S'inquiéter de la quantité de nourriture lui permettait au passage de s'octroyer plus de temps de réflexion avec l'étrange grille.

"-Aliénor, tout court, et Ferdinand aussi, au passage. 

Va pas te faire chier avec ça, le vouvoiement d'accord, mais pas "monsieur truc", j'ai pas 40 ans, pas encore.

Sinon je pense qu'elle mangera avec nous l'autre démonette. Ça te pose pas de problèmes?"

- ... Non, pas du tout.

Astrid n'avait même pas imaginé la possibilité que ça lui pose problème. Aliénor ne lui avait pas fait bonne impression, normal quand la première chose que faisait une inconnue était de vous pincer les seins en hurlant. Mais elle était chez Ferdinand, et Aliénor était visiblement là depuis bien plus longtemps. Elle était noble aussi, d'après ce qu'Astrid avait compris. La cartomancienne n'était pas du genre à se permettre de faire volontairement et en toute connaissance de cause des remarques déplacées à des gens qui auraient suffisamment d'influence ou de pouvoir pour la mettre derrière les barreaux.
Visiblement le scientifique était confiant dans la suite des préparatifs du repas parce qu'il choisit de s'en aller et de la laisser poursuivre sans surveillance. Astrid n'était pas vraiment inquiète non plus, et elle appréciait l'idée de pouvoir tourner la grille dans tous les sens pour comprendre son utilité sans être surveillée.
Bon, un truc énorme comme ça ne devait pas servir directement sur les aliments en préparation. Donc, ce devait être un outil pour la cheminée. Astrid se demanda si ce ne serait pas une sorte de passoire mais l'idée était mauvaise et elle s'en aperçut bien vite. Les différentes tiges étaient trop écartées, la moitié de la nourriture passerait à travers et en plus ça éteindrait le feu. Hmmm. À force d'observation, elle remarqua de petites encoches dans les montants de la cheminée, dans lesquelles on pouvait glisser la grille. Bon. Apparemment ça devait se mettre comme ça. Astrid n'était pas persuadée de bien comprendre l'intérêt de la chose pour le moment mais au moins elle pensait avoir compris où c'était censé se mettre.
Enfin, elle avait au moins fini de s'occuper de la garniture quand Ferdinand revint. Il avait l'air de mettre la table en attendant, heureusement c'était bientôt prêt.

"-tu te joindras à nous après, Astrid?

Elle n'avait aucune idée de la réponse attendue à cette question. Si un "oui tu viens" ou un "non refuse" se glissaient en sous-entendu elle ne les entendait pas cette fois, et elle se contenta de se tourner vers la table pour essayer de croiser le regard lointain et perdu dans l'obscurité d'Aliénor. Étant donné qu'elle avait cru voir chez Astrid une maîtresse qui lui voterait au moins en partie sa place, la cartomancienne n'était pas sûre qu'elle meure d'envie de la voir à sa table. Astrid avait eu sa dose d'ennuis pour la journée, elle se passerait bien de remarques probablement désobligeantes si elle le pouvait. Seulement il n'y avait pas qu'Aliénor.
Ferdinand lui proposait de se joindre à eux et si elle refusait ce serait sans aucun doute malpoli. Astrid n'avait pas vraiment faim mais une invitation à manger, en particulier par ces temps obscurs remplis de Fangeux, était une chose assez précieuse pour ne pas être gaspillée.

- Avec plaisir,
finit-elle par dire doucement. Elle travaillait pour Ferdinand en premier lieu, s'il avait proposé c'était que ça ne devait pas le déranger. Il n'était visiblement pas du genre à se prendre la tête avec les propositions polies qu'il fallait savoir quand refuser.
Astrid se décida à faire cuire la viande sur la grille. Elle ne savait pas si c'était ça son utilité, mais elle ne voyait rien d'autre à en faire depuis l'hypothèse écartée de la passoire et l'objet avait l'air propre. Après avoir un peu fouillé dans un ou deux placards pour trouver des plats, et après s'être occupée de la cuisson des morceaux de viande en espérant ne pas l'avoir raté, Astrid finit par apporter le tout à table avec un sourire timide.

- J'espère que ça vous plaira...

Voulant guetter les réactions de Ferdinand à la lueur de la bougie, elle crut surtout apercevoir qu'il avait une joue bien rouge. Elle aurait pourtant juré qu'il ne s'agissait pas de celle sur laquelle Aliénor l'avait frappé en découvrant la présence de la cartomancienne. Astrid fronça les sourcils.

- Vous vous êtes fait mal ? Vous êtes tombé, peut-être ...? Ça va ?

Elle ne devrait peut-être pas s'en inquiéter, après tout il était apparemment médecin, et en plus Aliénor n'avait pas l'air de s'en soucier... Ne souhaitant pas attirer l'attention davantage, Astrid, toujours debout, attrapa les couverts pour servir ses deux predque nouveaux patrons. Elle ignorait encore la décision finale de Ferdinand et elle ne pensait plus au sac de graines.
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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptySam 4 Nov 2017 - 11:19
- Avec plaisir.

J'aime bien, elle est toute mignonne quand elle gênée la gazelle. J'l'embrasserais presque, mais bon à priori j'ai pas le droit, et puis on verra à quel point j'ai pas le droit avec le sac demain matin. Je m'assois sur ma chaise de velours rouge rembourrée, mon postérieur s'y moule dans un confort qui m'arrache un soupir, pile poil au moment où Aliénor rentre dans la pièce. Elle s'est habillée depuis, et honnêtement ça flatte encore plus la rétine, je souris en coin et me frotte la barbe alors que je vois Astrid s'attarde et se sers de la grille pour cuire la viande. Dans ce monde d'abrutis, elle ira loin la petite.

Je regarde Aliénor s'asseoir à côté de moi, je lui tend la main de mon siège, elle la prend et vient se poser à côté de moi, avant de venir s'asseoir sur mes genoux à la place, avant de venir se caler dans mon cou. Le haut de son crâne vient gratouiller ma barbe, c'est drôle et agréable, j'en râle de bonheur.

C'est moi ou elle lance un regard de mort à Astrid? Je sens ses lèvres bouger d'ici, qu'est-ce qu'elle lui dit? Je grogne, ma gorge se met à vibrer sur sa tempe, elle se retourne vers moi et souris de son beau rictus avant de venir m'embrasser... À quoi elle joue? Si ma concubine et ma servante commencent à se tirer dans les pattes, ça va vite devenir mon problème.

Ça passe pour cette fois, elle m'aurait pas embrassé, j'aurais puni.

- J'espère que ça vous plaira...

Devant nous se pose une assiette comprenant trois bouts de viande, des poireaux doucements marinés et... des champignons. Bordel j'ai faim, ça sent rudement bon, si bien que je donne une petite claque sur le derrière d'Aliénor afin de la faire s'asseoir à côté pour que je puisse déguster ce qui me semble être, un excellent repas.

Elle s'en va en riant, avant de plisser les yeux vers Astrid, mais putain à quoi elle joue? Je devrais l'engueuler, j'en ai aucune idée! C'est ma première servante, ils ont même pas donné de manuel avec! Mais bon, tant que j'ai des champignons.

Je commence le service alors qu'Astrid s'assoit en face de nous, je suis à moitié levé, dans un équilibre précaire, et me sers des ustensile pour servir de copieuse parts à toute la tablée. Une fois ceci fait je repose le plat dans un tintement très agréable à l'oreille quand on sait qu'il signifie qu'on va se remplir la panse.

- Vous vous êtes fait mal ? Vous êtes tombé, peut-être ...? Ça va ?

"-Non non, une petite blague déplacée à la Dame à côté de moi, rien de bien méchant."

Elle se met à rire avant d'annoncer de son côté une petite réponse ma foi bien sentie

"-La prochaine fois je taperais plus fort!"

Mais quelque chose m'échappe, et si c'était pas à moi qu'elle parlait? Bordel, cet histoire de coup monté commence sincèrement à me faire chier... mmm... des champignons... J'en prend une fourchette avant d'écarquiller les yeux dans un air surpris et essayer de m'esclaffer la bouche pleine, serviette en main.

"-Mais bordel aqueux comment tu fais? Explique-moi je comprend pas."

Enfaite, je ne sais pas si je veux vraiment qu'on m'explique, juste continuer de manger et savourer tout ces bon mets, je sens un pied qui me touche sous sa table, je regarde par réflexe à ma droite pour tomber sur des pommettes couvertes de tâches de rousseur et un regard des enfers qui me somme d'arrêter de faire des compliments à Astrid, et merde... Repartons sur un sujet neutre.

"-Et sinon, tu m'expliques pourquoi re mi-ours derrière? J'aimerais savoir si je continue de te prendre de la viande de bœuf ou plutôt un mélange de graines pour bétail."

Je dis ça en rigolant, et je pouffe moi-même derrière, l'ambiance est très bon enfant et je me met à rire. Une paire de jambes vient se poser sur mes cuisses alors qu'une remarque part comme un coup d'arbalète

"-En même temps, ça ne dérogerait pas à l'air bovin qu'il y a dans votre regard, très chère."

Je manque de m'étouffer.
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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptySam 4 Nov 2017 - 14:01

"-Non non, une petite blague déplacée à la Dame à côté de moi, rien de bien méchant."

La "Dame" avait l'air de trouver ça particulièrement drôle. En tout cas ça ne faisait pas rire Astrid. Elle ne se voyait pas frapper Julius, encore moins pour une "blague déplacée", et elle savait qu'il ne lui ferait jamais de mal non plus. Comment Ferdinand pouvait-il accepter cette situation ? Il était chez lui et Aliénor lui avait collé au moins deux baffes dans la même soirée... C'était un manque de respect que toi le monde ne supporterait pas. Enfin, ce n'étaient toujours pas ses affaires. La cartomancienne n'avait aucune envie de s'immiscer dans les presque histoires de couple de Ferdinand et d'Aliénor.

"-La prochaine fois je taperais plus fort!"

L'ancienne prostituée se retrouva avec des yeux écarquillés. Aliénor n'avait sans doute aucune idée de ce que ça faisait de se faire frapper si elle trouvait cette idée agréable. C'était une "Dame", qui oserait ? Personne. Mais si elle avait déjà subi la moitié de ce qu'avait subi Astrid, elle s'amuserait sans doute moins à frapper des gens pour des blagues. Aliénor baissait encore dans l'estime d'Astrid.
Enfin, c'était le moment de manger, de passer un moment agréable! Ferdinand avait l'air ravi du repas et ça suffisait à faire sourire Astrid. Il y avait au moins une chose qu'elle avait réussie : la nourriture. Il en parlait même la bouche pleine.

"-Mais bordel aqueux comment tu fais? Explique-moi je comprend pas."

Astrid rit de bon coeur, elle ne s'attendait pas vraiment à autant d'enthousiasme. Elle n'osa cependant pas tourner le regard vers Aliénor, se doutant bien qu'elle n'y trouverait rien d'aussi chaleureux. Il valait mieux faire profil bas pour la nouvelle servante, et éviter autant que possible de s'attirer les foudres de la Dame de la maison. Pas besoin de super pouvoirs ou de divintation pour savoir qu'elle ne l'appréciait déjà pas beaucoup. Astrid préféra alors se taire : si Ferdinand avait parlé sérieusement elle se ferait un plaisir de lui expliquer comment procéder. Une autre fois.

"-Et sinon, tu m'expliques pourquoi re mi-ours derrière? J'aimerais savoir si je continue de te prendre de la viande de bœuf ou plutôt un mélange de graines pour bétail."


Eh bien ! La cartomancienne n'aurait pas imaginé qu'une simple expression pour souligner l'étrangeté de sa condition puisse intéresser autant Ferdinand. Elle riait avec lui, cherchant en même temps quelque chose de drôle ou de spirituel qu'elle pourrait répondre, mais la joie et la bonne humeur furent vite touchées par une remarque critique d'Aliénor.

"-En même temps, ça ne dérogerait pas à l'air bovin qu'il y a dans votre regard, très chère."


Astrid aurait volontiers répliqué que vu la taille des mammelles d'Aliénor elle devait effectivement s'y connaître en bovins, mais elle n'avait pas envie de se montrer si vulgaire. Elle aurait aussi pu considérer que venant de la part de quelqu'un qui n'avait probablement jamais vu de boeuf vivant et entier de sa vie, ce devait être un compliment. Ça n'aurait fait que donner un motif valable d'énervement à la Dame, ce qui n'était absolument pas malin. De toute façon, la prostituée connaissait de nombreuses dames, au moins de vue et surtout par leurs maris. Elle avait une idée assez précise et souvent juste de ce qui pouvait les énerver facilement et bien plus qu'une vulgaire réponse bien sentie.
L'indifférence.
Astrid ne laissa pas son sourire disparaître, elle n'adressa même pas la moitié d'un coup d'oeil à Aliénor. Se faire snober par sa servante avait forcément quelque chose d'insultant mais cette fois elle ne pourrait même pas s'en plaindre : on ne pouvait exiger que quelqu'un réponde à une insulte. Continuant d'un ton enjoué elle répondit à Ferdinand.

- Si vous comptez nourrir un ours avec des graines pour bétail je vous prédis un sacré échec, sans même regarder les cartes ! Tirez-en les conclusions que vous voudrez...

S'appliquant surtout à ne pas regarder Aliénor, ni à lui accorder aucune attention quelle qu'elle soit, Astrid entreprit de manger sagement ce qu'elle avait dans son assiette, en espérant tout de même que la Dame n'aurait pas envie de continuer dans les amabilités. Astrid se moquait bien de la critique en elle-même, elle était loin de se formaliser d'une pauvre phrase visiblement dictée par une forme d'aversion ou de jalousie déguisée. Elle avait l'habitude. Mais elle savait bien que si ça commençait déjà comme ça, ça allait durer un moment et que ça allait finir par lui peser. Une fois qu'elle eut avalé sa bouchée elle reprit.

- Et, sur quoi travaillez-vous ces temps-ci ? Enfin, si ce n'est pas confidentiel...

Voilà une question qui devrait avoir l'avantage d'exclure tout à fait Aliénor. Quoique.
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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptyDim 5 Nov 2017 - 1:04
- Et, sur quoi travaillez-vous ces temps-ci ? Enfin, si ce n'est pas confidentiel...

Je rigole à pleines dents, honnêtement, je ne sais moi même pas... Il y a des armes, et des outils à retaper, toujours plus, encore vraiment plus, c'est ça qui constitue la moitié de mon business. Mais dire ça à une nouvelle servante? Hormis l'effrayer quelles vont être les conséquences? J'préfère pas prendre de risques. On va partir sur un sujet plus soft pour commencer.

"-Je fais principalement dans l'étude chimique de certains composés courants, et de poisons, beaucoup de poisons.

C'est drôle, car on peut voir l'attitude des gens vis-à-vis de la mort en les voyant défiler dans l'atelier, tu verras. Y'a les nobles qui veulent en fabriquer pour accélérer la succession ou faire disparaître le gusse qui a volé la nana d'un tel qui est le cousin du troisième gars qui est en guerre avec le client, et y'a la populace qui m'emmène un doigt ou une dent d'un mort pour m'aider à retrouver le poison, et donc l'assassin. C'est vraiment drôle, la sociologie des classes qu'on fait pendant ce temps.

Sinon après, tout ce qui me passe par la tête d'un point de vue mécanique. J'aime bien améliorer le quotidien, alors ça va de la grille que vous avez brillamment utilisé à des mèches de bougie attachées dans un chandelier pour l'allumer d'un seul coup, en passant par un prototype de vis sans vis dans un tonneau pour presser des fruits et en faire des jus. C'est vraiment varié."


Je m'arrête de manger lorsque je parle, j'avance pas. J'avais pas le droit de parler à table lorsque j'étais gamin, mais c'est pas raison pour faire l'extrême opposé! J'me suis rattrapé au quota depuis longtemps. Je remet des champignons dans ma bouche, j'aime bien comment ils sont faits. C'est sûr que c'est pas l'autre grognasse qui pourrait en faire autant.

Sa remarque m'a vraiment excédé, par le fait que c'est méchant, mais par le fait que ça semble tellement exagéré, c'est pas possible de détester un être humain aussi vite! Et puis pour quel motif? J'ai même pas couché avec! J'me suis contenté de la tripatouiller de la fleur avec des barres en fer... quoique, c'est peut-être déjà beaucoup. Argument invalide. Mais je vais devoir éclaircir ce mystère, car j'vais pas pouvoir tenir longtemps avec deux ravissantes harpies dans ma maison. J'ai besoin de calme pour travailler.

"-Et toi donc du coup? Tu fais quoi de ta vie? Hormis essayer de survivre."

"-Vendre son cul tu veux dire mon chéri?"

Je recrache les champignons dans mon assiette, ils sont déjà mâchés et collent à la viande avec toute la haine et la déception qui réside dans ma salive actuellement. Je monte en tours.

"-Pardon? Tu vas te calmer ma petite, me force pas à le faire à ta place."

"-Mais je suis très calme, pas besoin de s'énerver pour cerner une gueuse de dernier rang probablement aussi infectée qu'un Fangeux et au passage, tout autant hideuse."

Ma main part derrière sa nuque, des cheveux s'envolent devant son visage et je me lève de ma chaise, je me retiens de pas lui faire bouffer ma botte au passage, j'ai les yeux qui vont fondre tellement ils sont de braise. Ma main me picote, bordel, je suis énervé!

"-OH TU VAS TE DÉTENDRE BORDEL? FORCÉMENT QUE Y'A DES CHANCES QU'ELLE SOIT UN PEU PLUS SALE QUE TOI À LA FIN DE LA JOURNÉE, CAR ELLE AU MOINS ELLE L'A PASSÉ À FAIRE AUTRE CHOSE QUE SE FAIRE TRONCHER.

FILE DANS TA CHAMBRE, JE VEUX MÊME PLUS TE VOIR DANS CETTE PUTAIN DE PIÈCE."


Ses pas se font petits et rapides, entrecoupés de sanglots et de reniflements. J'aime pas faire ça, mais c'est à moi qu'incombe la responsabilité de faire coexister tout ce petit monde, alors faut que j'en assume les conséquences, même si ça inclut de claquer mon vide-burnes imbuvable.

Surtout si ça implique de claquer mon vide-burnes imbuvable, enfaite.

Je me rassois et ravançe la chaise sous la table, en prenant bien le temps de remettre la serviette sur mes genoux. Je racle ma gorgé bien irritée par le fait d'avoir fait monter les décibels et me sers un verre d'eau pour ne pas me réveiller incapable de réitérer demain, lorsque la situation se sera tellement calmée qu'elle sera prête à remonter. Je remet le bout de champignon prémâché dans ma bouche en haussant les épaules, faut pas faire le difficile non plus. Et là, j'ai pas envie en plus.

"-Donc, on disait, raconte-moi ta petite existence de petit humain sur cette planète bien trop petite pour accueillir la misère du monde.

Ou la connerie d'Aliénor."

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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptyDim 5 Nov 2017 - 11:47
- Je crois que je vois ce que vous voulez dire.

Astrid ne savait pas ce que voulait dire "sociologie de classes". Néanmoins elle avait largement eut le temps de remarquer que ses prédictions de morts n'appelaient pas le même genre de réaction chez les nobles et chez les roturiers, chez les bourgeois et chez les autres. Ce n'étaient ni les prédictions les plus courantes ni les plus agréables mais en presque quinze ans de pratique elles avaient été inévitables.
L'idée de travailler pour quelqu'un qui s'y connaissait en poison ne l'effrayait pas trop puisqu'apparemment ce serait à elle de s'occuper de la cuisine et qu'on n'avait en général aucune raison de tuer ses employés. Néanmoins elle fut tout de même bien heureuse d'entendre qu'il travaillait aussi sur des projets moins chimiques et mortels mais un peu plus mécaniques. Ça avait l'air moins dangereux. Surtout qu'elle n'avait pas oublié l'avertissement à propos d'un produit dont les projections lui feraient fondre les poumons ou un truc comme ça.

"-Et toi donc du coup? Tu fais quoi de ta vie? Hormis essayer de survivre."


Astrid était prête à répondre, sur le ton de la rigolade, qu'en enlevant l'aspect "survie" de sa vie il ne devait rester que des heures de sommeil. Seulement elle n'en eut pas le temps, et alors qu'elle ouvrait la bouche pour répondre Aliénor se chargea fort aimablement de corriger la question.

"-Vendre son cul tu veux dire mon chéri?"

La bouche ouverte de la cartomancienne s'ouvrit en grand jusqu'à devenir béante. Ça y est, elle pouvait le dire, elle haïssait Aliénor. Recevoir ce genre de jugement de la part de quelqu'un qui ne s'était sans doute donné dans toute sa vie que la peine de naître était absolument blessant. Aliénor n'avait absolument pas l'air de ces personnes ayant toujours travaillé dur et qui pourraient légitimement critiquer les "choix" de vie d'Astrid en rétorquant qu'ils n'étaient jamais tombés si bas, eux. Elle devait probablement considérer que c'était une profession aussi dégradante que facile, et qu'elle avait devant elle une flemmarde. Cette fois Astrid n'avait même pas envie de l'insulter en réponse. Si quelque chose lui était venu elle l'aurait sans doute dit, mais Aliénor avait visé trop juste. C'est-à-dire autre chose que le physique.
Ferdinand en avait recraché des champignons. Astrid se demandait s'il trouvait juste la formulation malpolie et si dans le fond il avait pensé la même chose.

"-Pardon? Tu vas te calmer ma petite, me force pas à le faire à ta place."

Décidemment, c'était au moins la troisième scène de ménage de la soirée si on considérait les deux giffles comme des événements distincts. La cartomancienne commençait sérieusement à se dire qu'elle aurait mieux fait de décliner l'invitation à les rejoindre. En regardant son assiette elle voulait seulement disparaître. Aliénor avait raison, dans le fond.

"-Mais je suis très calme, pas besoin de s'énerver pour cerner une gueuse de dernier rang probablement aussi infectée qu'un Fangeux et au passage, tout autant hideuse."

Gueuse de dernier rang. Aliénor ne pouvait imaginer combien elle causait une peine violente à Astrid en utilisant ces mots là. Rappeler de manière vulgaire qu'elle s'était prostituée était une chose. Lui rappeler sans même le faire tout à fait exprès à quel point sa vie était aussi insignifiante qu'indésirable en était une autre. Peut-être que si ses parents avaient trouvé qu'elle valait la peine d'être aimée et gardée auprès d'eux elle aurait un nom plus grand que l'autre pintade qui la prenait de haut. Mais ils l'avaient abandonnée et elle se retrouvait là. Gueuse de dernier rang sans même un nom de famille. Sans même une famille. Elle ne regarda même pas le traitement que Ferdinand réserva à son autre invitée. Elle regardait obstinément et silencieusement son assiette. Elle ne mangeait plus.
Les cris du scientifique et les pas et les pleurs d'Aliénor ne lui firent pas relever la tête ni le regard. Décidemment, malgré tous ses efforts, cette soirée était pourrie. Si c'était pour se faire humilier et insulter comme ça venait d'être fait cette dernière heure, elle aurait mieux fait de rester à chouiner dans sa chambre. Elle n'aurait pas valu beaucoup plus qu'Aliénor mais au moins elle aurait été tranquille. Ferdinand se racla la gorge et entreprit de manger à nouveau. Astrid entendait le bruit des couverts, mais elle se contentait de jouer vaguement avec les siens sans jamais s'en servit pour avaler. Elle n'avait pas une grande faim au début du repas, maintenant elle avait presque envie de vomir.

"-Donc, on disait, raconte-moi ta petite existence de petit humain sur cette planète bien trop petite pour accueillir la misère du monde.

Ou la connerie d'Aliénor."

- Elle a été plutôt perspicace sur ce coup là
, répondit Astrid d'une petite voix, la gorge serrée.

Raconter sa vie était rarement agréable quand elle était censée le faire en entier. Généralement elle s'arrangeait pour passer sous silence les passages les plus honteux, les plus gênants, les plus douloureux. Quel niveau de vérité et de précision était attendu à ce stade de relation ? Pour un employeur ?

-J'ai été... Artiste, si on peut dire. Chanteuse, danseuse, je récitais des poèmes et des trucs du genre aussi... Et puis, j'ai appris aussi la cartomancie. Ça doit faire... Hmmm... Quinze ans ? Quelque chose comme ça. Je suis arrivée ici au début de la Fange, je suis pas repartie j'avais trop peur.


Elle dessinait soigneusement dans son assiettes avec ses couverts et des morceaux de poireaux disloqués.

- Vous avez deviné le reste depuis longtemps, et c'était assez voyant pour qu'Aliénor le remarque aussi.


Rentrer dans les détails, ce serait préciser que tous ses amis étaient morts ou presque depuis la Fange, ce serait expliquer le nombre de fois où elle avait cru mourir pour une raison ou une autre, ce serait expliquer pourquoi elle était là au lieu de vivre une vie tranquille et normale avec Julius.

- C'est gentil de prendre ma défense, mais dans le fond elle a raison et on le sait toutes les deux. C'est pas la peine de vous disputer avec elle pour ça.
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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptyDim 5 Nov 2017 - 14:36
- Elle a été plutôt perspicace sur ce coup là

Je me met à rire vraiment très fort, Aliénor? Perspicace? C'est presqu'antinomique, elle est même pas capable de réfléchir à comment faire chauffer de l'eau, alors remarquer une prostituée! Je mettrais ma main à couper que le mot est bien trop long pour elle, ou qu'elle n'en connaît pas le sens. Sincèrement, c'est vraiment une belle connerie de prendre ce qu'elle dit comme parole des Trois, mais ça fait partie de l'être humain, que de prendre tout ce qui est agressif comme certitude, même si la provenance et la tangibilité est discutable. Ça fait partie des réflexes qu'on adopte face à une menace ou un risque, c'est ce qui nous permet de nous défendre instinctivement lorsqu'on est menacé, que notre cerveau va à une vitesse folle pour ne pas se faire manger.

Le truc c'est qu'on peut pas se défendre face à des mots, car les mots trichent, il ne touchent pas le corps, il vont directement à l'esprit et tout le système s'est fait court-circuité depuis le début, ne laissant que la douleur et la précision, l'incision et le caractère ablatif pénétrer dans le conscient d'une personne. Des fois, j'ai l'impression que les mots, plus c'est méchant pour ça se réfère à son caractère et son comportement physique primal. Vous avez déjà vu un souffle faire valser une feuille? C'est que l'air appuie, il a une force, à grande puissance il pourrait écrouler des murs et balayer de la chaume en un revers de main. Les mots sont des ondes dans l'air, une sorte de vent qu'on est capable, et il en reste capable d'ébranler les fondements d'un esprit comme son grand frère la bourrasque. On reste ce qu'on est, juste, quand on prend le temps de s'écouter, on peux faire vraiment beaucoup plus mal, pas pareil, mais vraiment plus mal.

-J'ai été... Artiste, si on peut dire. Chanteuse, danseuse, je récitais des poèmes et des trucs du genre aussi... Et puis, j'ai appris aussi la cartomancie. Ça doit faire... Hmmm... Quinze ans ? Quelque chose comme ça. Je suis arrivée ici au début de la Fange, je suis pas repartie j'avais trop peur.

"- C'est compréhensible, mais bon, faut voir le bon côté de choses, tu es encore en vie et suffisamment dégourdie pour faire quelque chose d'utile de tes dix doigts afin de te faire une place au chaud. Ça pourrait être pire, honnêtement. Tu aurais pu finir comme l'autre cruche."

- Vous avez deviné le reste depuis longtemps, et c'était assez voyant pour qu'Aliénor le remarque aussi.

Je soupire.

"- Aliénor ne sait probablement pas que le mot prostituée existe, que c'est là même chose qu'une catin / putain et que c'est effectivement une profession basée sur le sexe. Elle sait juste que c'est dégradant et ça lui suffit amplement. Si tu veux, je pense même pas qu'elle sait que tu a pu t'adonner à ce genre de pratique, elle a simplement tapé dans un truc qui fait mal à 90% des gens. Faut pas prendre sa parole comme divination des Trois."

Je finis mon assiette en réfléchissant à comment rattraper le coup, si Astrid doit faire le ménage sous le regard d'Aliénor et que ça va finir pareil dès qu'elle se croise, je pense que je vais la récupérer à la petite cuillère d'ici la fin de la semaine, mais qu'est ce que je pourrais faire?

- C'est gentil de prendre ma défense, mais dans le fond elle a raison et on le sait toutes les deux. C'est pas la peine de vous disputer avec elle pour ça.

"-On aurait bien trouvé autre chose de toute façon, elle est tellement inapte et susceptible sur tout. Elle m'a déçu, et j'ai pas tant de remords que ça à l'avoir engueulé. Mais si ça touche de moral de mes employés, alors il faut prendre des mesures, et le plus tôt sera le mieux. Donc si, c'était la peine que je me fâche avec elle."

Je commence à débarrasser la table et les verres qui traîne avec, même les petits bouts par terre suite à mon énervement de tout à l'heure. Je commence à être fatigué, et particulièrement plein, genre j'en ai gros sur la patate de tout ces problèmes. Le truc c'est que je me demande de quel manière je vais pouvoir rattraper le coup avec Aliénor et Astrid, à la fois, et faire en sorte que ça se passe mieux. Le truc c'est que quand on couche avec quelqu'un, au bout d'un moment les sentiments suivent, et que ça me fait quand même un peu mal de devoir m'empêtrer dans cette situation là. Faut que la raison marche par dessus les émotions, sinon on va jamais y arriver. Je passe la main dans les cheveux.

"-Je te laisse finir de manger et de ranger, puis après tu as quartiers libres, tu commences demain. La chambre est à toi si tu veux dormir. Moi j'vais régler les problèmes."

Je marche difficilement vers la chambre, mes jambes ne supportent plus de rester debout trop longtemps et la fatigue accentue l'effet. Je presse la poignée et m'engouffre dans le cadre, puis fait claquer la porte derrière moi.

"- Je ne sais pas quoi penser."

"- Moi je sais, j'pense que t'abuses avec Astrid, et que c'est injustifié."

"- C'est pas injustifié."

Bim, un point pour moi, un retranchement sur la table avec option atteinte de l'amour propre, et en plus je vais pouvoir connaître le fin mot de l'histoire.

"- Alors? Donc? Je t'écoute."

"- Je croyais que j'étais la seule femme dans ta vie, et là tu te ramène avec une sculpture des Trois... Et elle elle sait faire des choses de ses mains."

"- T'as peur?"

"- J'ai pas envie que tu m'oublies."

Je rigole un peu trop fort à son goût, elle était assise sur son tabouret devant sa coiffeuse, devant le miroir. Maintenant son regard d'émeraude m'envoute en me murmurant à l'oreille que je mérite bien la mort à ses yeux. C'est ça Aliénor, tellement immature et naïve, directe et franche, que ça en deviendrait mignon, au fond.

"- C'est pas drôle. T'en a rien à foutre que j'aille mal de toute façon."

Et voilà, ça y est, position victime adoptée, ça va aller vite. Elle est vraiment triste et là, y'a pas de coquille de médisance pour le cacher, c'est comme un oignon. Faut gratter les couches les plus ternies pour accéder au cœur blanc et tout moelleux, bon à manger.

"- C'est juste que tu as peur pour un rien, elle est là pour m'aider en bas, et faire les tâches redondantes pour me faire gagner du temps. C'est pas pour te remplacer."

"- Mais pourquoi tu la prend maintenant, et pas avant? On y arrivait bien avant quand même? Y'a pas que ça, y'a aussi que tu vas me remplacer par elle."

"- Nope, c'est pas prévu sur la liste. Pour la simple raison que mathématiquement, deux ça reste toujours plus grand que un, et donc que quand ça parle de filles, c'est toujours mieux."

"- Tu vois ce que je dis? T'es vraiment un abruti Ferdinand."

"- Je sais ma puce, mais tu sais bien que Astrid ne sera jamais la fille de mon ami d'enfance que je prend gracieusement chez moi comme hôte pour lui éviter les camps de migrants... Et qui chevauche divinement bien."

Bah quoi? J'adapte le fond profond à une forme qui plaît à l'intéressée. En même temps, même si elle est un peu limitée, ça serait une vraie preuve de stupidité de sa part que de s'obstiner à penser que je vais devoir la jeter pour pouvoir garder Astrid à mon service. Je passe derrière elle et lui passe mes bras autour du cou. C'est vrai qu'ils sont beaux ses cheveux roux qui lui tombent jusqu'en bas des reins...

"- T'inquiète pas mon ange, j'vais pas te laisser sur le trottoir parce qu'Astrid est là, j'garde en tête que vous êtes deux personnes bien différentes et qu'aucune n'a besoin de marcher sur l'autre."

"- Je veux une preuve."

Fort bien, je descend mes mains sur sa poitrine et commence à lui délacer le corset plus vite que la lumière en me jetant sur sa joue pour l'embrasser. C'est vrai, quoi de plus réel comme preuve d'attachement? Pourquoi je suis attaché par contre... aucune idée. C'est censée être la dernière fille de mon meilleur pote! Je sais même pas s'il est encore en vie, d'ailleurs, et auquel cas s'il peut voir que je "m'occupe" de sa fille. M'enfin bref, je fais aussi ça car ça me plaît. Je redécouvre ses courbes à mesure que je les découvres. Et les baisers sur la joue finissent vite dans le cou et ses lèvres douces... Puis plus bas.

La nuit se finit donc après cette discussion dans une partie de jambes en l'air plutôt vivace et bien sentie, j'espère que j'ai pas oublié de fermer à clé ou même d'avoir claqué la porte derrière moi, c'est vrai que des gens peuvent nous entendre maintenant. Héhé, j'men fout, c'est que c'est plutôt pas mal au pieu, avec Aliénor, voir même carrément agréable... Pourquoi j'irais la jeter pour Astrid déjà?
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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptyDim 5 Nov 2017 - 17:21

"-On aurait bien trouvé autre chose de toute façon, elle est tellement inapte et susceptible sur tout. Elle m'a déçu, et j'ai pas tant de remords que ça à l'avoir engueulé. Mais si ça touche de moral de mes employés, alors il faut prendre des mesures, et le plus tôt sera le mieux. Donc si, c'était la peine que je me fâche avec elle."


Astrid ne dit rien. Elle réfléchissait aux réponses qu'elle avait reçues de la part de Ferdinand. Aliénor avait bien dit "vendre son cul", elle n'avait pas rêvé, ça indiquait bien qu'elle savait en quoi consistait le métier de prostituée. Qu'elle ne connaisse pas le nom n'y changerait rien du tout. Astrid était fort bien placée pour avoir une idée de ce qui pouvait être pris comme "divination des Trois", mais il lui semblait simplement que l'autre pintade avait un peu d'esprit de déduction. Si ça amusait Ferdinand de considérer qu'Aliénor vivait assez au dessus des réalités du monde pour ignorer en quoi consistait la prostitution et à quoi ressemblait une prostituée il pouvait bien faire ce qu'il voulait. La cartomancienne n'en restait pas moins persuadée que la Dame avait su frapper là où ça faisait mal et qu'elle était moins idiote qu'on ne voulait le croire. Enfin, le message était passé et très clairement : elle n'aimait pas Astrid et maintenant Astrid non plus. Et quoi ? Si elle était assez maline pour comprendre en quoi consistait jusqu'alors le plan de survie d'Astrid, elle aurait dû l'être assez pour comprendre qu'elle ne lâcherait pas une possibilité d'emploi au chaud pour quelques insultes même pas fausses. Mais bon, la pauvre devait se sentir menacée, elle l'avait bien compris. Ça aurait pu faire rire Astrid. Elle quittait la prostitution pour rester fidèle à Julius et on l'accusait presque de devenir une briseuse de ménages!
Enfin, il fallait surtout retenir que le scientifique avait parlé d'employé, et donc qu'elle était au moins sur la bonne voie pour être vraiment embauchée. Le test culinaire lui avait réussi.
Ferdinand commença à débarrasser la table, les verres, ce qui traînait là. La demoiselle le prit comme le signe qu'il était temps de faire place nette et se leva presque aussitôt. De toute façon elle n'avait plus faim depuis un moment.

"-Je te laisse finir de manger et de ranger, puis après tu as quartiers libres, tu commences demain. La chambre est à toi si tu veux dormir. Moi j'vais régler les problèmes."

- Bonne nuit mons...
Elle se rappela de ce qu'il avait dit sur la manière dont elle devait l'appeler. Ferdinand.

Il disparut bien vite par la porte, sans doute était-il fatigué. Astrid l'était, en tout cas. Mais il n'était apparemment pas l'heure pour elle de dormir, pas encore. Il avait dit qu'elle commençait demain, elle en avait pris bonne note mais considérait donc déjà qu'elle était un peu à son service et qu'il fallait faire bonne impression. Elle nettoya toute la table, les ustencils utilisés pour cuisiner, et elle termina le coup de balais qu'elle avait commencé plus tôt mais se promit de toute recommencer plus proprement le lendemain quand elle aurait fait la poussière. Alors, il lui sembla qu'elle pouvait aller se coucher sans avoir l'impression de se moquer de Ferdinand.
Sa chambre lui paraissait si poussiéreuse qu'elle se serait volontiers lancée dans un grand ménage. Elle apportait avec elle le parchemin qu'on lui avait confié. On lui avait dit de le lire ce soir mais elle n'était pas sûre d'être dans de bonnes dispositions pour s'atteler à cet exercice. Les bruits plutôt suggestifs qui lui parvenaient la découragèrent bien vite de tenter quoi que ce soit qui demanderait de la réflexion. Au moins, elle n'était pas la cause d'une trop grande dispute entre Ferdinand et Aliénor. Ça ne l'empêcha pas du tout de dormir, en tout cas, c'était toujours plus modéré que ses voisins et voisines à l'auberge. Le lit était aussi bien plus confortable ! Elle se prit à penser qu'elle avait un peu de chance, pour une fois.
Comme tous les matins normaux, Astrid se réveilla aux toutes premières lueurs du soleil. Elle avait l'impression d'avoir dormi une semaine tant ça avait été un sommeil lourd et réparateur. Il y avait aussi un peu d'excitation il fallait l'avouer : premier jour de travail ! Elle ne perdit pas de temps pour se coiffer et s'habiller, se demandant à partir de quelle heure sa présence était requise. Ou disons, appréciée. Bien sûr elle pourrait trouver beaucoup de choses à ranger ou laver sans même demander conseil à Ferdinand ! Elle craignait néanmoins qu'il considère qu'elle prenait un peu trop ses aises sans y avoir été invitée. Et elle ne mourait pas d'envie non plus de risquer un tête à tête gênant avec Aliénor. La cartomancienne entreprit donc d'ouvrir en grand la porte de "sa" chambre, signe évidemment qu'elle était réveillée, habillée, prête à travailler, en bref. Elle s'occupa alors de commencer le ménage et le rangement de la pièce. Ferdinand n'aurait qu'à l'appeler, non ? Elle ne savait pas trop. Elle n'avait jamais été employée de maison jusque là et ne comptait que sur son bon sens pour éviter d'embêter ou de réveiller son employeur. Et sa pintade.
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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptyDim 5 Nov 2017 - 22:38
La nuit était bonne, fraîche et délicate, elle m'enveloppe telle les pates écartées de la gamine, qui honnêtement doit être tellement endormie qu'elle ne se réveillera pas. Moi, je suis tellement énervé et perturbé que je ne pense pas que je vais dormir, un jour. Je reste, le plafond est pas si moche que ça finalement, un peau rugueux, sale, j'essaie d'imaginer le toucher des fissures et des aspérités du bois. Je m'ennuie je crois, et mes yeux sont trop explosés pour que je puisse les fermer, quelque chose tourne dans ma tête. Je crois que j'ai oublié un truc, faut que je bouge, nan. Le lit est trop confortable, faut que je dorme.

Oh et puis merde, il faut que je bouge, j'y arriverais pas, à dormir. Je me dégage d'Aliénor qui traîne à côté de moi, la cuisse sur mon corps, le dos nus et la poitrine collée sur mon torse. Comment je fais pour ne pas m'endormir à côté de cette chose absolument adorable? C'est bien là la question, je sais pas, je crois qu'il me manque un truc, un stimuli externe. Enfaite, mon corps est fatigué, mais pas mon esprit... Peut-être. C'est ça, ça bouillonne dedans, chauffe à l'extérieur et empêche le tout de se refroidir. Les draps sont pleins de sueur... et de trucs pas nets... elle est vraiment mignonne la gamine, gentille... Merde.

Je bouge. Je me lève et enfile un pantalon, ça colle, puis des pompes, que j'essaie laborieusement de lacer, sans succès. Bordel, j'ai même pas bu, j'y arrive mieux avec quelques grammes, faut croire. Je les enlève, après avoir réussi à les mettre, puis je me lève.

Je rentre dans le salon, puis dans une table, puis dans une chaise, connasse d'obscurité, je dois trouver un truc à faire, vite, je marche sur le parquet qui grince. Je sais, je dois préparer à Astrid une bourse avec de l'argent, pour sa robe, et sa déco. Je dois aller dans l'atelier, fouiner dans la caisse, merde. Il grince fort le parquet quand même, puis manquerait plus que PUTAIN SA MÈRE L'ORTEIL DANS UNE PLYNTHE ENCULÉ DE TA MÈRE J'AI MAL FILS DE PUTE À FRANGE TA MÈRE LE FANGEUX. Je m'égare.

Une fois arrivé en bas, l'orteil démonté et la douleur bien ralentie par le froid qui m'engourdis les extrémités. Je prépare un sac avec une trentaine de pièces d'or, ça devrait suffire. Faudrait aussi que je pense à checker les graines pour savoir le résultat, et la prévenir de potentiellement la prendre un peu large sur la ceinture, quitte à ce qu'un voit plus ses hanches. La pauvre, oh merde, j'ai pas le moment... J'ai pas le temps, plutôt. Je remonte les escaliers avant de poser la bourse de cuir devant sa porte, et de redescendre en bas.

Je n'allume pas de bougie, surtout pas, j'essaie d'habituer mes yeux à l'obscurité et de faire des échelles de couleur à mesure que je descend les escaliers. On peut voir que je vois quand même mieux les marches au centre, par contre que les teintes sont plus profondes et les couleurs un chouya plus vive sur la périphérie de mon champ de vision... Tiens, et si je faisait ça? Je me dégage une grande feuille et dessin un énorme rectangle dessus, puis deux petit cercles... Un me faut un truc plein de couleurs... ma palette!

Je prend le bout de carton plein de pigments, heureusement que les dernières finances ont été bonnes, car c'est l'achat de pigments bleus, les plus chers, qui passent à la trappe en premier. Je la pose sur une table et comment à promener mes yeux, puis à faire des teintes dans... un seau d'eau, je crois que c'est ça? ça me le semble. Je note mes conclusions.

On voit 3 nuances de plus de vert que des autres couleurs, mais le rouge est la seule couleur qu'on peut voir clairement à basse luminosité, et tout cela bien sûr, en vue périphérique. Pour la vue centrale, la parois de l'œil ne capte vraiment que le mouvement et le relief, à croire que la vie est en noir et blanc.

Je commence à peindre tout le bordel, dans le noir c'est quand même vachement plus compliqué, puis essaie de faire un dégradé avec du coup, du vert, dans le grand rectangle qu'on va appeler "champ de vision". Et puis après... L'intérieur de l'œil, ça fonctionne comment? C'est l'information qui vient dans l'œil ou l'œil qui va chercher la couleur? Bordel, vous vouliez que je dorme comment? En soi je dirais l'info vers l'œil, mais les yeux des chats! Les chats! Ça brille dans la nuit, les yeux des chats, mais pourtant on voit pas dans la nuit... C'est vachement contradictoire... Je repense au schéma de la réfraction de la lumière que j'ai dessiné avec la savante d'il y a quelques semaines... Si la lumière est modifiées en couleurs dans un prisme, et décalée en fonction des milieux qu'elle traverse... alors elle doit bien être changée en info par l'œil? Donc reçue, pas émise. Déjà, on va dire ça, c'est qu'une théorie, hein... Et puis merde, on peut vivre sans yeux, comme les aveugles, donc ça veut bien dire qu'il fait le boulot tout seul, le globe visqueux cerné de poils... une couille enfaite. Merde, donc. On va ajouter un fil, derrière, comme un nerfs pour les muscles, mais pour les yeux, hein. Faites pas chier, le soleil pointe dehors, c'est pas le moment de faire du travail... propre...

Je m'endors... Je me penche, sur mon travail... Ça tire dans mon dos... Pourquoi il faut qu'Aliénor griffe pendant que je la lime? Je dois contin...
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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptyMar 7 Nov 2017 - 21:18
Ce qu'il manquait à présent au grand ménage de chambre débuté par Astrid, c'était un bon gros coup de balais. Passer bien dans les coins, sous les meubles, partout, maintenant qu'elle avait fait la poussière des bibelots qui traînaient là. Pour cela il fallait donc l'outil adéquat et, coup de chance, elle savait très bien qu'elle pouvait le trouver dans le salon/cuisine où ils avaient mangé la veille au soir. Alors qu'elle passait la porte de « sa » chambre – elle avait encore du mal à se faire à l'idée-, son pied heurta quelque chose de manifestement... Solide. Ses orteils étaient assez mécontents de la rencontre, mais elle se baissa tout de même pour observer que ce qui venait de la faire souffrir était une bourse. Et bien remplie, en plus ! En l'ouvrant un peu ou en la soupesant il était évident qu'elle contenait une jolie somme. Qu'est-ce qu'elle pouvait faire là ?
Si la bourse se trouvait bien en évidence devant sa porte, c'était que quelqu'un l'avait mise là volontairement. Ou alors qu'elle était tombée bizarrement là, mais qui n'aurait pas entendu ce bruit ? Si quelqu'un était passé dans le couloir elle ne l'avait pas entendu, et la chute d'un tel objet n'avait pas dû passer inaperçue pour son ou sa propriétaire. Il valait mieux retenir l'hypothèse du dépôt intentionnel.
Astrid se souvenait que Ferdinand avait proposé de lui donner de l'argent pour la décoration, et même pour une robe. Elle n'était pas du genre à oublier ces propositions là ! Mais pouvait-elle être sûre ? Une autre espèce d'idée germait dans son esprit. Et si c'était un test ? Et si Ferdinand -ou Aliénor?- avait déposé ça ici uniquement pour savoir ce qu'Astrid ferait avec l'argent ? Et si c'était un test pour savoir si elle risquait de voler des choses dans la maison ? La simple idée de se rendre coupable de ce genre de crime l'effrayait et elle résolut de ne toucher à aucune pièce et de rendre l'argent à Ferdinand dés qu'elle le verrait. Elle se trouvait néanmoins embarrassée et ne savait pas quoi faire de la bourse en attendant...
Elle la tenait dans sa main, et prit la direction du balais qu'elle était sortie chercher. Autant ne plus penser à cette histoire d'argent, elle en aurait le cœur net bien assez tôt. Si ça se trouve, c'était un complot d'Aliénor pour la faire virer, et même si elle rendait le tout la Dame prétendrait qu'il en manquait ? Non, elle ne ferait pas ça tout de même ? Il était déjà difficile pour une prostituée de se reconvertir, si une accusation de vol pesait sur ses épaules elle n'aurait plus que le suicide pour l'accueillir. Elle espérait que même si Aliénor ne l'aimait pas, elle n'irait pas jusque là.
Alors qu'elle revenait en direction de sa chambre, la saleté de l'escalier lui parut tout aussi insupportable. Difficile de savoir par où commencer. Astrid se dit néanmoins que nettoyer le couloir et l'escalier serait une meilleure preuve de sa bonne volonté que de faire sa chambre et qu'en plus elle tomberait plus facilement sur la personne éveillée qui avait dû laisser la bourse par terre. Elle balaya avec soin jusqu'à descendre l'escalier par où elle était arrivée la veille. Quelque chose attira son attention.
La porte de l'atelier était ouverte. Etant donné les précautions dont parlait Ferdinand avant d'entrer, il semblait bizarre que la porte soit ouverte comme ça. Il avait peut-être oublié de la fermer ? La demoiselle s'approcha et finit par apercevoir qu'en fait Ferdinand était là. Torse nu... Peut-être avait-il eu une idée de génie pendant la nuit ? Ou alors il avait fuit l'autre harpie d'Aliénor ?
Astrid entra dans la pièce à petits pas. Le scientifique ne bougeait pas et en entendant le rythme de sa respiration on pouvait légitimement déduire qu'il dormait. Elle allait juste poser la bourse sur le bureau, et repartir. Voilà.
Seulement quand elle arriva à hauteur du meuble elle fut forcée de constater que tout l'espace était occupé par les travaux ou le matériel de Ferdinand. Elle essaya doucement de pousser un bout de quelque chose pour se faire un petit coin de disponible. Elle crut voir son employeur bouger et dans la panique, elle lâcha la bourse remplie qui fit un grand bruit en heurtant le sol. Oups. Elle l'avait réveillé, sans aucun doute.

-Je suis désolée ! Je voulais juste ramener ça, je l'ai trouvée par terre je savais pas quoi en faire !

Elle avait reculé par réflexe. Ce fut seulement à ce moment là qu'elle aperçut les horribles traces de griffures sur le dos de Ferdinand. Ça lui rappelait beaucoup de choses. Agathe. Elle-même. Ça la mettait terriblement mal à l'aise de voir ça mais elle ne dit rien. Visiblement ce n'était pas ses affaires, même si entre les gifles et les griffures elle était presque encore un peu plus inquiète pour Ferdinand. Astrid détourna les yeux, attendant la sentence qui d'après elle n'allait pas tarder.
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MessageSujet: Re: Au Lion d'Or [Ferdinand]   Au Lion d'Or [Ferdinand] - Page 2 EmptyMar 7 Nov 2017 - 21:52
"- LA TÂCHE DEVANT L'OEIL EST DUE À SA CONSTITUTION!"

Je m'arrête, je souffle un grand coup, j'expire à fond même. J'ai l'impression qu'on agresse mes yeux alors que mon dos se déplie, bordel j'ai mal. J'ai encore les doigts qui vibrent, c'est bizarre, et puis le soleil... Il brûle les yeux... Ça fait une tâche blanche ou noire quand je ferme la paupière... Mais oui! C'est quand la surface l'œil est abîmé par les rayons du soleil qui le brûlent, il ne peux pas se reformer tout de suite et du coup on voit plus! Ça fait une tâche!

Je me lève et bute mon pied encore engourdi contre la table, ça me fait pas mal, pas plus que lorsque je m'y reprend à trois fois pour attraper une plume sans la faire chuter, la pression de mes phalanges ne se fait pas encore, c'est bizarre, j'ai de la soie dans les doigts... M'enfin bref, il faut que j'écrive, je fais un schéma d'abord. Un rond, un œil, le fil à l'arrière, la tâche noire, la pupille, là où la lumière est captée au centre, là où les mouvements sont plus nets, puis la partie colorée, là où on voit mieux les couleurs, tout est plus clair maintenant! Je gribouille un point sur ses deux surface et dessine un soleil directement à côté. Reste ensuite à retrouver la manifestation visuelle de cet élément... quel réveil. Je fais un rectangle, avec une tâche que je peins en gris. Avec un point d'interrogation, toujours. Pour montrer qu'on a pas fini.

Je souffle et met la tête dans mes mains, qu'est-ce qui s'est passé? Je sais pas, je regarde autour de moi.

"-Oh, T'es là? Faut que tu la prennes, ailles faire des courses et t'acheter une robe avec, et d'autre trucs... Mais passe faire des courses au passage."

Je me lève de ma chaise, on voit encore la trace noire, là où mon postérieur siégea pour la nuit, et lorsque je déplie mon dos, les griffures et les vertèbres se battent pour me gueuler dessus, j'ai mal, et mal dormi, c'est peut-être lié? Je grommèle, parce que le matin je suis bon qu'à ça, grommeler.

Je repousse la chaise derrière moi et remonte à l'étage, en fermant l'atelier à clé derrière moi, maintenant qu'il est vide, puis entreprend de me laver à la salle d'eau. Bordel, c'est pas dans mes habitudes de me laver pourtant... J'sais pas là, j'ai besoin je pense, pas plus compliqué que ça. Je verrouille la porte derrière moi alors que j'enlève mon pantalon qui est, jusqu'à présent, mon seul vêtement, et vais me plonger dans l'eau froide. Glaciale.

Récapitulatif de la nuit. J'ai couché avec la gamine, donné la bourse à l'autre pour qu'elle aille faire ses courses, puis tué à la tâche en étudiant l'œil... Quelle idée, bosser à cet heure là, comme si j'avais pas appris que c'était contre productif que de bosser en état de fatigue, et après avoir pris des psychoactifs. C'est vrai, le sexe libère plein de trucs dans la tête, de l'extérieur, ça change l'attitude d'une personne, car le plaisir influe sur la psyché. Pas besoin de démontrer en quoi, posez une question à une personne avant et après lui avoir fait l'amour, vous verrez que la réponse change drastiquement. J'ai personnellement essayé avec Aliénor, son plat préféré changea dans le processus, ainsi que ce qu'elle pensait de l'état politique actuel de Marbrume, Me demandez pas pourquoi, j'suis scientifique, pas devin. Je crois que ça fait un peu de temps que je suis sous l'eau sans respirer, faudrait que je remonte de la bassine? Non?

Je me demande ce que ça peut bien faire de mourir noyé, est-ce que ça fait mal? Quand ma bière passe à côté, dans le mauvais conduit, je douille... c'est pareil? Aucune idée. Faudrait que j'essaie. Avec de l'eau, comme ça j'aurais pas une haleine d'alcoolique les deux jours suivants.

Je remonte la tête de l'eau et rabat mes cheveux en arrière, il fait beau dehors, le paysage est magnifique. Le jour, les vitres claires, les fleurs posées sur les tissus propres pour se sécher, le petit sac... Le petit sac!

Je sors de l'eau en courant, les graines sont germées.

Merde.

Je me rhabille, après m'être séché, la mort un peu dans l'âme, mais au moins dans la gorge, comment vais-je pouvoir lui annoncer? Je remet une chemise et des bas propres, j'espère que rester pieds nus me portera chance, comme ça l'a toujours un peu été. Puis je redescend redessiner mes schémas proprement, le sac avec moi, en attendant que la porte s'ouvre à nouveau, plus tard dans la matinée qui ne fut pas très productive à cause de l'embarras et la peur de l'avenir. Devoir me préparer à ce que ma servante enfante? Il n'y a même pas de mari! Merde quoi.

La porte claque, il est presque midi, bon. Faut y aller.

"-Viens là Astrid, j'ai un truc à te dire."
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