Marbrume


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 [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo]

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Constance HilairePrêtresse responsable
Constance Hilaire



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MessageSujet: [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo]   [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo] EmptyLun 22 Oct 2018 - 21:41


Douloureuse réalité
~ 15 Décembre ~


[Terminé] Douloureuse Réalité [Théo] Zop10

Attendre, encore, toujours, simplement. Aviser le ciel se gorger de gris, observer les flocons moitiés fondues venir disparaître sur les dalles des quelques chemins qu’elle s’autorise encore à traverser. Constance avance, lentement, sûrement, désespérément. Plus rien n’a guère d’importance à ses yeux, ni le froid sur sa peau, ni la maladie qui emporte les fidèles, ni même le temple lui-même. Son monde s’est écroulé il y a un peu plus d’un mois, lorsqu’on lui a annoncé que celui qu’elle devait épouser n’avait pas survécu à une attaque dans les bas quartiers. Soupir. Elle continue d’avancer, ne sait pas vraiment pourquoi elle a fait le choix de revenir dans la ville ? Poursuivre n’avait pas le moindre sens, respirer la moindre signification, à quoi bon. Malgré cette pensée presque obsessionnelle, la blonde continuait à se lever, se préparer, à officier, à faire semblant. Son sourire n’étirait plus ses lèvres, son rire ne résonnait plus dans les couloirs du lieu de culte, le fuyait-elle plus que de raison, évitait-elle le moindre souvenir, la moindre bulle à présent désagréable qu’elle avait pu former à travers ce « nous » ravageur.

Aujourd’hui elle est dehors, sa chevelure est attachée en une tresse parfaitement maintenue sur le haut de son crâne, sa robe est épaisse d’une obscurité qui ne lui ressemble pas. La mort de Theodren semble avoir surpris plus d’une personne au temple, on évoque même la date du mariage et la terrible attente, Constance ne comprend pas. Comme souvent elle fuit, préfère oublier, ne pas voir l’évidence qui devrait pourtant lui sauter aux yeux. Dans les ruelles, elle vagabonde, les bras chargés par des fioles qu’elle a réalisées pour essayer de contenir cette maudite fièvre, on murmure que bons nombres de soigneurs viennent aider les prêtres, on murmure que certains sont plus doués que d’autres et pour la première fois, Constance espère ne tomber sur aucun d’entre eux. N’avait-elle pas envie de partager ni d’échanger, ne trouvait-elle qu’encore un peu de réconfort dans le soin, uniquement. Remède dans les bras, plus ou moins en équilibre, la représentante du culte vagabonde laisse ses pas la diriger, sans réellement savoir là où elle doit se rendre.

Comme souvent, elle emprunte cette même petite ruelle, celle qui traverse le goulot, celle qui le menait à celui qu’elle aimait. Comme chaque fois, elle sent son cœur, se contracter, exploser à l’intérieur de sa poitrine, puis se serrer si fort qu’elle craint de s’effondrer tant la douleur est importante. Pourtant, elle ne s’arrête pas, elle avance encore un peu, juste un peu, jusqu’à se retrouver face à la demeure qu’elle sait désormais habiter par quelqu’un d’autre. Elle ne résiste cependant pas à l’idée de frapper, juste une fois, une dernière fois se promet-elle. La porte en bois s’ouvre et c’est la silhouette masculine de cet être qui n’est pas lui qui ouvre, la même déception qui s’empare d’elle et ce même sourire compatissant que l’inconnu lui offre. Comme souvent, il lui propose d’entrer, comme chaque fois qu’elle a réalisé ce qui est désormais cette habitude elle refuse, prétextant une erreur. Une erreur qui perdure presque chaque jour depuis son retour. Pinçant ses lèvres, resserrant les fioles qu’elle tient encore dans ses bras, elle rebrousse chemin. Les larmes montent à ses yeux, refusant de s’écouler, il n’y a de toute façon depuis bien longtemps plus aucune perle salée. Prenant une inspiration, elle s’engouffre naturellement vers cette autre rue qu’elle connaît et reconnaît l’habitation.

Jamais elle n’avait osé venir frapper chez Héloïse, jamais depuis qu’elle avait remis les pieds à Marbrume. Craignait elle que les souvenirs soit trop forts, craignait-elle de ne pas parvenir à se contenir, craignait-elle de s’effondrer avec toute cette violence qu’elle tentait de canaliser de maintenir enfermer dans ce si petit corps qu’elle possédait encore. Pourtant, passant une main sur ce ventre légèrement plus rond, qu’elle camoufle avec des vêtements plus amples, quelque chose l’oblige, la pousse à se ressaisir et à franchir ce pas, sans qu’elle ne sache pourquoi. Escaladant les quelques marches qui mènent à l’entrée, elle frappe, une fois, deux fois, trois fois sans jamais obtenir aucune réponse. C’est le bruit sourd et violent d’un corps qui s’écroule qui la pousse à entrer.


- « Héloïse ! » s’écrit-elle alors qu’elle se précipite.

Constance n’a qu’à peine le temps de la rattraper de la soutenir, la jeune femme est semi-consciente, brûlante. Difficilement, elle abandonne ses fioles, en brisant quelques-unes au passage qui lui glissent des bras. La clerc amène cette ancienne connaissance, pas si ancienne que ça jusqu’à sa chambre, l’allonge et l’oblige à boire une petite fiole. Passe une main pleine de tendresse sur la joue transpirante de celle qui comptait tant pour l’être qu’elle aimait.

- « Ca va aller je suis là… » souffle-t-elle « Je suis désolée… J’aurai du venir plus tôt. » grimace-t-elle.

Consciente de l’importance de faire diminuer la température, consciente des risques de cette fièvre, Constance en oublie presque la situation, presque sa douleur.

- « Je vais chercher de l’eau, je reviens… Tu.. Tu ne bouges pas ! »

Comment aurait-elle pu ? Se relevant, abandonnant sa veste et ses affaires sur une chaise, elle attrape un seau puis sort de la demeure pour le remplir dans le puits le plus proche. Ajoute-t-elle au passage quelques bûches dans la cheminée, si la température n’est pas bonne, la transpiration elle ne peut être que bénéfique vis-à-vis de la guérison. Sortant, elle ne s’inquiète pas de l’absence de l’époux, parfaitement consciente qu’il doit être occupé, difficilement, elle remplit le seau du liquide, difficilement elle le porte jusqu’à la demeure, là où une agitation nouvelle semble être présente. Fronçant les sourcils, elle accélère et quand elle s’aperçoit qu’un autre soigneur et là, elle fulmine, s’agace, si bien que pour la première fois de son existence elle fait preuve de mépris.

- « Je n’ai pas besoin de l’aide d’un débutant, allez-vous faire la main sur d’autres malades, il y a plein le bas quartier, cela ne devrait pas être trop difficile à trouver. Inutile de venir davantage perturber mon soin. »

Sa voix est froide, pleine de rancœur. Elle n’a même pas encore posé les yeux sur lui, non, elle vient à peine de passer le seuil de la porte, se dirigeant vers la table pour y déposer le seau. Il n’est coupable de rien le pauvre homme, elle le sait, il est juste au mauvais endroit au mauvais moment et pourtant elle n’a pas l’intention de l’épargner et quand il ne répond pas, elle s’agace davantage, finissant par l’aviser prête à piquer bien plus fort.

- « La trinité ne vous a-t-elle pas fait le don de la compréh.»

Le monde semble soudain avoir cessé de tourner, son cœur de battre, ses poumons de se gonfler alors que ses prunelles désormais vibrantes décortiquent la silhouette qu’elle ne connaît que trop bien. Impossible. Ses bras refusent de lui obéir et le seau lui échappe, s’écrasant avec une violence non simulée sur le sol, le bois lâchant pour éclater en petit morceau, alors que le liquide se rependait déjà sur le parquet de la demeure. Malgré la violence de la situation, le bruit et ses pieds qui pataugent dans une eau plutôt fraîche, Constance ne bouge pas, comme figé sur place. Un mot n’a de cesse de se répéter dans son esprit « impossible ». Devenait-elle folle ? Était-ce le fruit d’un quelconque maléfice, d’une plaisanterie de mauvais goût ? Ses lèvres avaient fini par s’entrouvrirent, sans laisser le moindre mot s’échapper. La pièce avait fini par tourner autour d’elle, son visage devenir particulièrement pâle, si bien qu’elle crut un instant elle aussi s’écrouler. Malgré bon nombre de tentatives, elle fut bien incapable de formuler quoi que ce soit et ce fut presque tout aussi naturellement qu’elle finit par se mouvoir un instant, le temps de récupérer quelques tissus pour éponger le sol. Se refusait-elle tout simplement à le regarder, convaincue que sa présence n’était le fruit que de sa conscience, une hallucination provoquée par la fatigue.

- « Je… » tenta-t-elle « Je vais chercher de l’eau pour soulager sa température, je lui ai déjà administré un remède pour la faire diminuer… »

Avait-elle fini par se convaincre que lorsqu’elle se relèverait, l’homme ne serait plus là, où aurait repris sa véritable apparence et non celle de Theodren, pourtant, lorsqu’elle se redressa, tissu humide contre ce minuscule petit ventre rond, il était encore là. Lui. Immobile, toujours, la blonde ne savait guère ce qu’elle devait dire ou faire.

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Theodren Hilaire
Theodren Hilaire



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MessageSujet: Re: [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo]   [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo] EmptyMar 23 Oct 2018 - 14:39
Voir Gontrand débarquer hors d'haleine est un spectacle rare... et peu rassurant. S'il croit dans un premier temps que le fier menuisier est venu lui réclamer son dû, car c'est ce dernier qui lui a fourni l'apport nécessaire pour l'achat de sa maison à Bourg-Levant, mais les trois mots qu'il parvient à dire au soigneur lui indiquent le problème : Epidémie... fièvre... Goulot.

- Gontrand, j'ai vendu ma patientèle, tu étais là. Si c'est pour que je débarque dès qu'il y a un souci sanitaire, je ne laisse pas à mon successeur l'occasion de se faire sa réputation. Tu étais là lors de la vente de mon officine au Goulot, ça faisait partie du marché, et même si ça te paraît cynique, je me suis engagé...

Puis sincèrement, il n'a pas envie d'aller combattre cette épidémie. Il a une grosse commande sur laquelle il travaille et il se doute que le Temple aura dépêché ses soigneurs... et soigneuses. Alors s'il doit passer pour lâche de n'oser aller affronter Constance après l'uppercut qu'il a pris il y a deux semaines rien qu'en croisant une Mère qui lui ressemblait, il lui fera l'aveu. A Gontrand, il peut.


- Héloise...

Le regard qui supplie le soigneur de faire quelque chose suffit à Theodren à comprendre la gravité de la situation. C'est Héloise qui est frappée par la fièvre. Le visage de Theodren se ferme alors qu'il prépare avec minutie son matériel, tout en écoutant les détails médicaux que Gontrand lui donne, maintenant qu'il a retrouvé un peu de souffle.

- Bien, je fais aussi vite que possible, je suis bon en course à pied et je préfère ne pas t'attendre. De ton côté, trouve un cheval et une carriole, au pire une charrette, pour le cas où il faille emmener Héloise au Temple. Tiens, ce sont mes réserves, essaie de négocier sur cette base, sinon tu assommes le propriétaire de la carriole. Ca ne sera pas une première.

Il lui jette une petite bourse, fruit de ses dernières commandes plus que de ses soins et quitte l'établissement pour filer au pas de course, besace contre son ventre, vers le Goulot. Il n'y va pas au sprint pour garder son souffle. Gagner une minute sur le trajet et en perdre trois le temps de ne plus transpirer, voir clair et respirer calmement, il ne peut se le permettre. C'est à peine s'il remarque que le Goulot est calme, bien trop calme pour un quartier si vivant, comme si la mort en avait pris possession. Le Goulot est blessé et ses habitants font silence et s'activent pour aider. Comme souvent en période de crise, l'instinct de vie et la solidarité prennent le pas sur les rancunes et le besoin d'évasion. Mais cet étrange état de fait ne l'émeut pas. Il ne panique pas non plus. Quelle force étrange les Trois lui ont donné que de pouvoir être calme et froid quand le chaos est présent. Passer devant son ancienne officine ne lui fait ni chaud ni froid, il poursuit sa route pour pénétrer dans le domicile d'Héloise et Gontrand et trouver Héloise allongée sur le lit, inconsciente. Visiblement, un soigneur, quoi que le vêtement indique plutôt une soigneuse, est passée en coup de vent. Quelques fioles brisées sur le sol, il a dû y avoir une autre urgence. Plus urgente qu'Héloise ? Bah, suffit qu'un membre musclé d'une autre famille l'aie alpaguée. Au moins a-t-elle allongé la malade et rajouter des bûches dans le feu. Et probablement administrer une potion. Du soin de base, en urgence, mais qui a permis de gagner de précieuses secondes.

- Merci à toi, soigneuse inconnue...

murmure un Theodren qui s'est déjà penché sur Héloise pour faire le premier examen. Elle est totalement déshydratée et la température est bine trop élevée et va la tuer si on ne fait rien. Et... merde, elle s'apprête à vomir. D'un geste rapide, il fait basculer Héloise sur le côté afin qu'elle n'avale pas par les poumons ce qu'elle vomit, le contenu de la fiole de soins sans doute. Les hauts-le-coeur cessent, il nettoie la bouche et vérifie qu'elle n'a pas obstrué les voies respiratoires. Ok, ça, c'est bon, mais si elle régurgite, il faudra lui faire boire de l'eau salée pour la réhydrater, la plonger dans de l'eau pour faire chuter la température puis pratiquer une saignée pour évacuer le trop plein d'humeurs et relancer la machine du corps, fortement affaiblie. Mais c'est quoi, cette fièvre ?


- « Je n’ai pas besoin de l’aide d’un débutant, allez-vous faire la main sur d’autres malades, il y a plein le bas quartier, cela ne devrait pas être trop difficile à trouver. Inutile de venir davantage perturber mon soin. »

Super, une hallucination auditive, maintenant. Cette soigneuse a la voix de sa Constance, mais pas le ton, ce qui le rassure. En prime, elle le traite, lui, Theodren Hilaire, de "débutant". Constance, même si elle devait le haïr à ce jour, ne le considérerait jamais comme u débutant. Personne au Temple ne le ferait, il n'est pas parfait, nul ne l'est, mais certainement plus un débutant. Et c'est parce qu'elle a entamé les soins qu'il se résoud à ne pas lui répondre vertement et poursuit son examen par le contrôle du pouls et l'écoute de la respiration. Même une débutante saura que c'est un examen important et gardera le silence.

- « La trinité ne vous a-t-elle pas fait le don de la compréh.»

Non, visiblement, cette grognasse ne connait même pas les bases des soins. Theodren se tourne vers son hallucination auditive et...

- ... !

Le bruit du seau qui chute le tire du choc de la surprise, car cette fois, c'est bien Constance. Et son cerveau lui dit que sa présence ici n'est pas incongrue. Elle est du Temple, et Héloise était aussi son amie à elle. En apprenant l'épidémie, elle sera venue. Ce qui le surprend un peu plus, c'est qu'elle soit aussi choquée de l'y voir, lui ! Et sans doute n'avait-elle pas prévu de devoir lui fournir des explications maintenant. Mais la priorité n'est pas aux explications, Héloise meurt ! Mais bon sang, Constance aurait vu un fantôme qu'elle ne ferait pas une tête différente. La ramener à l'essentiel !

- Constance, ouvre cette porte, il y a la salle d'eau !

Ok, il y a plus romantique pour des retrouvailles. Qu'importe, il est reparti vers Héloise pour la porter et jette un oeil vers Constance... qui n'a pas bougé. Mince, on dirait un état de choc. Il n'a pas le temps de gérer deux situations et il a besoin de Constance. Ah, elle parle... d'aller chercher de l'eau. Bon, elle reprend ses esprits mais ça n'est pas encore ça. Il va vers elle et l'attrape par le bras, avant de la faire pivoter vers lui et de la regarder droit dans les yeux, ses mains sur les joues de Constance pour s'assurer qu'elle le voit et qu'elle revient dans le monde des vivants. Aussi lui parle-t-il avec cette voix lente, douce, presqu'hypnotique qu'il a déjà naturellement mais qu'il sait appuyer dans les moments importants, et pour sûr, celui-ci en est un :

- Reviens parmi nous, petite Mère. Héloise a besoin de nous deux. Moi, j'ai besoin de toi. Concentre-toi ! On parlera des noces après, pour l'heure, la priorité, c'est Héloise ! Nous, ça passe après, ok ? Alors, cette porte, tu me la tiens ouverte pendant que je transporte Héloise dans la salle d'eau. Je suis prêt à parier que la bassine n'est pas vide. Tu peux me vérifier ça ? Très bien ! Et reste avec nous !

Enfin, elle réagit, du moins suffisamment à son goût, puisqu'elle ouvre la porte et jette un oeil vers la bassine. Theodren porte Héloise et entame sa prière :

- Anür, si l'heure est venue pour Votre Créature de découvrir l'autre rive, Accueillez-le en Votre sein sans souffrances et Pardonnez-lui ses offenses. Mais s'il sied à Votre Magnificence de lui laisser une chance de poursuivre sa route parmi les nôtres, Permettez à Vos humbles serviteurs d'être guidés par Vos visions pour accomplir Votre destinée. Qu'il en soit fait selon Vos Volontés !

Serus, Votre Grandeur, Permettez à Vos humbles fruits d'user encore des dons que Vous leur avez offerts à sa naissance. S'il Vous sied de nous guider encore, Permettez à nos mains de ne pas trembler et à notre vision de ne pas se brouiller. Donnez-nous la force de ne pas douter...

Rikni, une nouvelle fois Vous nous mettez à l'épreuve. Et une nouvelle fois j'implore votre Clémence. Nous ignorons tout de vos desseins. Mais s'il Vous plait encore de m'enseigner, Donnez-nous le talent pour soigner, la clairvoyance pour comprendre et la ruse, pour parachever Votre oeuvre. Que par nos mains s'accomplisse votre Destinée.

Héloise, pardonne si je devais échouer...


il la plonge dans la bassine et l'arrose copieusement. S'il ne tenait sa tête hors de l'eau, on pourrait penser qu'il cherche à la noyer. Il a associé Constance dans sa prière, en parlant de "nous" plutôt qu'en terme de "je" quand il a appelé la bénédiction des Trois sur ses soins. Sans doute un appel profane aux yeux de la Mère, mais un appel sincère.

- Mère, sur la table, il y a une cruche d'eau, une tasse sans doute dans la première armoire, le sel est sur la seconde étagère. Il faut la réhydrater. Vous lui donnerez à boire pendant que je la refroidis.

Nul besoin d'expliquer à Constance en quoi saler de l'eau aide à la réhydratation et c'est pour l'heure le meilleur moyen d'agir. Theodren est concentré sur les soins à son amie et en oublie presque ses "retrouvailles" avec Constance. Ou alors n'est-il pas prêt à l'entendre lui dire qu'elle a rencontré un beau chevalier. Il affrontera la vérité nue mais plus tard. Pour l'heure, c'est sur leur patiente qu'il faut se concentrer, et il sait que Constance pensera pareil. Une fois que Constance a fini de faire boire Héloise, il sourit à Constance

- Bien, il faut maintenant que la température baisse. Merci d'être venue, Constance !

Il continue de l'arroser, mais avec plus de douceur, et parle à celle qui est devenu au fil des ans sa mère de substitution avec une infinie douceur, comme si ces mots avaient le pouvoir de la garder parmi eux. Concentré sur ses mots, il n'entend pas le retour de Gontrand, qui tapote l'épaule de Constance pour lui poser une simple question.


- Dis, petite Mère, il a fait sa prière aux Trois ? Oui ? Bien, c'est qu'il a encore de l'espoir... Theodren, j'ai juste trouvé une char... Sert à rien, il n'écoute plus

Gontrand a un sourire triste, se sentant impuissant avant de se ronger les ongles. Le gamin le lui avait expliqué quelquefois. Le plus dur, dans les soins, c'est l'attente.
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Constance HilairePrêtresse responsable
Constance Hilaire



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MessageSujet: Re: [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo]   [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo] EmptyMar 23 Oct 2018 - 23:38


Cette voix, cette apparence, cette façon de se comporter tout lui ressemble à lui, son lui, celui qui ne devrait pas se trouver là, celui qui devait être mort, parce que c’est ce qu’on lui avait dit à elle. Il est mort. Sa conscience ne cesse de lui répéter les mots, sa raison de lui souffler qu’elle hallucine, qu’il n’est pas réel, pas vivant, pas là. Son cœur bat à tout rompre dans sa poitrine, sa respiration s’accélère tout autant, sans qu’elle ne parvienne à se calmer, à rationaliser. Il n’est pas là, il ne peut pas être là, pas après tout ça, pas après son absence, pas après sa mort présumée. C’était trop, trop pour une personne, trop pour la femme, la prêtresse qu’elle représente. Tout c’était déjà écroulé une fois, pourquoi encore, comme ça ? Ses lèvres articulent des mots, une phrase simple, compréhensible, mais cela ne semble pas suffire à lui permettre de se raccrocher à la réalité, Constance n’émet aucune réaction. Son regard est vibrant, son visage d’une pâleur non négligeable qui ne cesse d’augmenter. La situation semble surréaliste, si bien qu’elle ose se demander si elle n’est pas morte. Une caresse du pouce sur son petit ventre lui indique que non, comme-ci cet état de fait suffisait encore à la rassurer, alors lui insuffler cette force de continuer même seule.

Debout, sans réaction, sans mouvement, elle opine pourtant quand il lui parle de l’eau, elle répète qu’elle va en chercher presque machinalement, sans pour autant se déplacer. Il s’approche, elle cesse de respiration alors que sa peau rentre en contact avec la sienne, que ses doigts effleurent son visage, que sa main attrape son bras. Constance a comme une décharge électrique dans tout le corps, alors que ses yeux pâles l’avisent, le dévisage avec intensité. Une seconde plus rien n’a d’importance hormis sa présence, un instant elle accepte d’y croire, accepte d’entrevoir cette réalité. Il n’est pas faux là, Theodren est là. Pourtant son cerveau s’y refuse plus longtemps et presque instinctivement, elle murmure :


- « Tu n’es pas là… Tu es mort…»

La douleur est vive, elle lui déchire les entrailles, une armée de frôlons doit la dévorer de l’intérieur, elle a envie de vomir, de hurler, d’être violente. Oui pour la première fois de sa vie, Constance sent les larmes lui monter, alors que la chaleur des paumes de la main de Theodren s’éloigne, alors que le mirage perdure et qu’il ne s’en va pas, qu’il ne disparaît pas. Pourquoi il ne disparaît pas ? Heloïse. Constance décide de se rattacher à ce qu’elle sait être réelle, ce qui n’est pas le fruit de son imagination, le fruit de sa folie passagère. Abandonnant sa position, elle finit par se déplacer, par ouvrir la porte, vérifier l’état de la bassine qui est en effet remplie d’eau. Il avait raison et la prêtresse voit ça comme une preuve de la non-réalité de la situation. Le choc des souvenirs avait dû être trop violent et pour estomper sa tristesse son cerveau créer cette illusion réconforte, enivrante. Il porte la jeune femme, la ramène jusqu’au liquide et Constance s’écarte naturellement pour le passer. La prière est insupportable, elle lui rappelle trop de souvenirs, sa manière à lui de prononcer, de croire, d’être fidèle. Ça fait mal, atrocement mal, et une nouvelle fois Constance déconnecte. Une seconde, encore, elle se révolte même contre sa croyance de lui infliger cette épreuve, était-elle en train de perdre la raison ?

Toujours sans réaction aucune, la blonde attend, ses mains tremblent légèrement et elle ne semble pas en mesure de calmer, de retenir ses émotions. Sa lèvre est mordue avec intensité pour canaliser cette envie de hurler, tout comme l’intérieur de sa joue. Chaque geste lui semble irréaliste, chaque parole, chaque odeur. Tout ce qu’elle essayait d’oublier, tout ce qu’elle avait essayé d’accepter comme un souvenir passé finissait par refaire surface, violemment, trop violemment pour celle qui était devenue fragile.


- « Pourquoi tu fais ça…» souffle-t-elle dans un murmure à peine audible « Je ne veux pas…»

Son regard se porte sur Héloïse, sur ce besoin de soin et Constance délaisse sa pensée, sa souffrance pour soigner. Lâchant un soupir qu’il ne lui ressemble pas réellement, elle se détourne, récupère la cruche et le sel, le temps pour elle de faire le mélange avec un peu d’eau. Ses gestes sont mécaniques, elle ne réfléchit pas, elle réalise ce qu’on lui demande, elle est incapable de faire plus. Pas tout de suite, pas maintenant. Revenant vers l’illusion, revenant vers ce mirage qui n’a rien d’agréable tant il lui rappelle la dureté de son absence, elle finit par se faire une petite place pour aider Héloïse à boire sans risque de fausse route, le goût ne doit pas être agréable, mais cela lui donnera soif, l’incitera à avaler plus. Le goût est très léger, permet plus de purifier aux noms des divinités, qu’autre chose, elle le sait, mis elle le fait tout de même. En se redressant, elle dépose une main sur son épaule, ce contact lui donne cette sensation étrange, comme ce début de certitude que tout n’est pas si irréaliste, si improbable. Comment ? En se reculant, en s’éloignant de cette scène qui la déstabilise grandement, elle tombe sur Gontrand. L’homme prend la parole, et sa phrase lui fait comprendre qu’il le voit aussi. L’acceptation est d’une violence inouïe, pour celle qui ose supposer que peut-être, il n’est pas qu’une illusion, qu’un fantôme du passé.

- « Tu le vois aussi alors… Il n’est pas mort pas vrai ? »
- « Bah non. Pourquoi il serait mort, il a la peau dure notre guérisseur ahah»

Si la violence des mots, des réflexions avaient semblé être toujours plus fort, il continua, manquant une nouvelle fois de faire sombrer la clerc. Sa gorge se noua, l’impression de manquer d’air se fit plus importante, plus prenant, plus intensif. Ses mains tremblèrent davantage, alors qu’un soupçon de compréhension la frappa, alors qu’une seconde, elle imagina qu’on ait pu lui mentir avant de réfuter l’idée qui lui semblait irréaliste.

- « Elle va s’en sortir » finit par répondre celle qui refuse de penser « C’est une femme forte, ce n’est pas une petite fièvre qui va la faire t’abandonner Gontrand. »

Reculant davantage, elle avait fini par sortir de la petite salle d’eau, le besoin d’air se faisant plus important, plus grandissant. Attrapant ses affaires sur la chaise, elle enfila ce manteau un peu plus chaud, avant de quitter le lieu de vie pour s’installer sur les marches, elle joua avec les quelques fioles de remède qui lui restaient, passant d’une main à une autre. Son regard était ailleurs, ses pensées aussi et c’est finalement des larmes qu’elle ne pensait plus posséder qui dévalèrent le long de ses joues. Ses lèvres tremblèrent davantage, alors qu’elle avait la sensation que tout son corps allait exploser, qu’elle ressentait ce besoin de hurler et qu’elle en arrivait même à lui en vouloir à lui, lui qui n’était responsable de rien. Pourquoi n’était-il pas mort, pourquoi lui avoir fait cette annonce de mort, parce que jamais quiconque n’aurait pu mentir pour une chose aussi grave sans raison. Détaillant la charrette sans la regarder, elle avait fini par murmurer un pourquoi d’incompréhension dont la sonorité de son murmure laissait entrevoir toute la douleur qui l’envahissait.
N’aurait-elle jamais dû revenir ni ici ni sur Marbrume, non, n’aurait-elle jamais dû. N’avait-il pas le droit. Confusion profonde, la clerc ne semble plus comprendre, ou refuse-t-elle de voir l’évidence qui se glisse pourtant juste sous son nez. Elle finit par se relever après plusieurs minutes, longues minutes, elle se redresse, retourne à l’intérieur.


- « Il faut la sortir de là, ce n’est pas bon de la laisser trop longtemps. On va la sécher, lui donner une autre fiole. Elle devrait se réveiller. »

Révoltée contre elle-même, contre lui, contre la ville entière, sa voix est froide pour ne pas dire glaciale. Ses yeux sont plus rouges qu’elle ne l’aurait voulu et son visage, toujours plus pâle. Elle ne retire pas son manteau, non, elle refuse de rester. Ses doigts froissent sa robe de cette couleur si sombre et sa main n’effleure à aucun moment son ventre qu’elle se refuse de dévoiler. Son incompréhension la pousse à entrevoir les pires scénarios et celle qu’elle retient n’est pas la plus improbable. Abigaëlle avait eu ce qu’elle souhaité, lui et pour éviter de l’avouer, ils avaient dû inventer cette nouvelle. A cette pensée, elle le déteste, elle se révolte, elle le haït, n’avait-il pas eu le droit de lui imposer toute cette souffrance, tout ce tissu de mensonge juste pour égoïstement vivre cette nouvelle relation.

- « Tiens. » elle tend une nouvelle robe à Gontrand et de quoi essuyer sa femme, puis s’adresse à Théo sans le citer « Je vais préparer le remède, l’adoucir avec un peu d’eau. »

Toujours cette intonation froide, toujours cette manière détachée de prononcer les mots alors qu’au fond d’elle tout vient de s’écrouler pour la deuxième fois de son existence. Elle laisse les deux hommes s’occuper d’Héloïse, qui émet un léger râle d’inconfort, c’est bon signe, très bon signe. De son côté, elle pile les quelques plantes avec un récipient sur la table, avec plus d’énergie et de rage qu’elle ne le devrait et finalement quand Théo revient avec Héloïse pour la coucher, quand elle mélange l’eau avec les plantes, elle s’autorise ce besoin de confirmation, crachant presque sa question comme une condamnation à mort.

- « Comment se porte Abigaëlle ? »

Se relevant, elle s’approche de la couche de la jeune femme, la recouvre légèrement avec des gestes qui trahissent l’affection qu’elle peut encore lui porter, passe ses doigts sur son visage pour écarte quelques mèches de cheveux et l’aide à boire le remède. Se redressant et avisant Theodren avec cette rancœur grandissante, elle le détailla, ses sentiments se mélangeant de cette étrange façon, alternant colère, tristesse, rancœur, incompréhension et bien d’autres émotions. Sans réellement comprendre pourquoi, elle ressentit ce besoin de vérifier, vérifier qu’il était réel qu’il n’était pas un mirage qui disparaître aussi vite qu’il était arrivé. Lentement, elle déposa sa main sur son visage, sur cette joue, remontant jusqu’à ses cheveux comme elle aimait le faire par le passé. Pouvait-il s’écarter s’il le désirait, pouvait-il ne pas accepter ce geste, elle ne lui en voudrait pas.

- « Tu es bien là alors… Je suis heureuse de le savoir. » sa voix se brise, avait-elle envie de lui dire le fond de sa pensée, tout en étant incapable. Prenant une respiration elle ajouta « Inutile d’être deux soigneurs ici, le bas quartier à suffisamment besoin pour qu’on se marche sur les pieds ici… non…? » elle hésite, n’a pas vraiment envie de partir, mais ne voit pas pourquoi rester « Il y a encore sur la table de quoi faire plusieurs mélanges. Tu n’as plus besoin de moi ? »

Elle attendit, simplement, et le temps qu’il rajoute ce qu’il avait à dire se détourna pour rassembler les quelques affaires lui restant, avisant Gontrand qui n’avait pas vraiment bougé, elle eut cette première parole plus douce, plus réconfortante :


- « Ca va aller, ne vous en faites pas Gontrand. Je repasserai plus tard et je suis convaincue qu’elle ira beaucoup mieux. »


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Theodren Hilaire
Theodren Hilaire



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MessageSujet: Re: [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo]   [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo] EmptyMer 24 Oct 2018 - 19:52
C'est Constance qui le sort de sa rêverie. Enfin, "rêverie" n'est pas le terme qui convient. Concentré sur sa patiente, il ne s'est pas soucié du reste, étant dans sa bulle. Quand elle lui dit qu'il est temps de sortir Héloise de l'eau, il vérifie sa température puis acquiesce. Il aurait préféré que la baisse de la température coincide avec le réveil de la patiente et considère que le fait que ça ne soit pas le cas est mauvais signe. Il laisse Gontrand porter Héloise, après tout, le fier menuisier est plus fort que lui, comme une grande majorité des hommes. Et quand elle le prévient qu'elle prépare une fiole de soins la laisse-t-il faire. Elle est douée dans ce domaine elle aussi et il sait que chaque soigneur préfère à choisir utiliser son propre matériel. Lors du transport, Héloise gémit, ce qui le rassure, c'est plutôt bon signe, même s'il ne veut pas se montrer trop confiant. Il laisse Gontrand l'installer dans le lit puis entend une question totalement incongrue de Constance. Abigaelle ? Mais bon, faut bien lancer la discussion quelque part. Mais quel ton elle a utilisé. Ca lui semble bizarre, cependant il fait le choix de ne pas relever et de répondre le plus simplement possible.

- Abigaelle ? J'en sais foutre rien, de comment elle va. Elle m'a proposé son aide après ton départ, puisqu'elle est lettrée, afin qu'on puisse communiquer malgré la distance. Et non, elle n'a rien demandé en retour. Je t'ai écrit jusqu'à ce qu'on apprenne la naissance de l'héritier Ventfroid, puis je pensais que tu reviendrais. Je présume que tu étais trop occupée pour répondre. Enfin, j'espérais que ça soit ça. Puis j'ai espéré ton retour, jusqu'aux noces. Et c'est elle qu m'a dit le contenu de ton courrier, qui était chiche en informations...

Il marque un temps d'arrêt, hésite puis poursuit :

- J'l'ai pas revue depuis et j'ai pas su remettre les pieds au Temple. Se faire larguer devant l'autel le jour de ses noces, c'est pas ce qui aide à y retourner, tu m'excuseras. Ah, autre bizarrerie, Abigaelle n'a pas tenté de reprendre contact avec moi non plus, respectant visiblement mon coeur brisé sans chercher à profiter de la situation. C'est peut-être le signe qu'elle a changé

Gontrand se permet un petit sourire alors que Constance couvre affectueusement Héloise.


- Abigaelle, c'est la Mère que j'ai vu pendant que vous travailliez sur un parchemin ? Lorsque tu as quitté les noces, la Mère s'est lancée à ta poursuite et Héloise l'a rattrapée et l'a prévenue de ce qu'elle lui ferait si jamais elle osait t'approcher. Héloise ne l'aime pas, cette petite Mère...

Et Héloise sait être convaincante. Bah, finalement, peut-être qu'Abigaelle n'a pas changé, mais une bonne samaritaine m'a évité d'avoir plus d'ennuis que je n'en avais déjà... Enfin bref, j'ignore comment elle va et pour parler franchement, c'est le cadet de mes soucis ! Ah, sinon, si, j'ai remis les pieds sur le parvis du Temple, début du mois, mais la première Mère que j'y ai croisée te ressemblait tellement que j'ai réalisé que j'étais vraiment pas en état, ni de te parler, ni de soigner. Et pourtant, j'avais besoin de comprendre pourquoi tu as annulé le mariage. J'en ai toujours besoin, d'ailleurs. Tu...

me le dois ? Oui, il aurait aimé le dire, mais il a eu peur que sa fiancée se braque. Elle s'approche de lui, il frémit. Elle pose sa main sur sa joue à lui et il fond. Elle lui caresse les cheveux et il est prêt à tout lui pardonner. Il s'en veut presque, elle lui a tellement manqué qu'il se sent capable de tout lui pardonner.

- J'ignorais que tu pouvais être aussi belle même en colère...

Et à nouveau une phrase bizarre. "Tu es bien là, alors". Elle espérait quoi ? Qu'il se suicide ? Puis elle annonce son départ. Cela aura été les retrouvailles les moins romantiques de l'histoire de l'humanité, une humanité qui devrait s'éteindre bientôt. Il ne comprend rien, il ne comprend pas. Elle lui explique les choses rationnellement. Le rationnel, il le comprend. Deux soigneurs pour une patiente, c'est trop, d'autres ont besoin d'aide. Elle repassera. Oui, tout ça, il le comprend. Elle est prêtresse, elle doit aider tout le monde. "Tu n'as plus besoin de moi ?"

- J'ai encore besoin de toi !

Ces quelques semaines sans elle l'en ont convaincu. Elle est son inspiration, elle est son air, elle est sa raison de vivre. Bien sûr qu'il a besoin d'elle. Ah, elle tente de rassurer Gontrand, il pose sa main sur le front d'Héloise.

- Constance, la fièvre remonte déjà, et vite. Je... Je ne comprends rien à cette fièvre. Je ne vois rien d'autre que cette fièvre, aucun autre symptome, une toux, des boutons, un estomac noué, des bleus, y'a rien. Je dois pratiquer une saignée mais il faut le faire au Temple, elle aura besoin d'une surveillance importante. On va l'emmener jusqu'au Temple, puis après tu pourras vaquer à tes occupations si tu veux. Mais on a besoin de toi pour qu'elle soit prise en charge, qu'elle ait un bon local, que tes collègues y soient attentifs. Ca, tu...

Il hésite, mais pour Héloise, il le dit !

Ca, tu me le dois ! Et tu le lui dois ! Je ne saurai affronter le Temple seul !
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Constance HilairePrêtresse responsable
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MessageSujet: Re: [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo]   [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo] EmptyMer 24 Oct 2018 - 22:04


- « Le contenu de mon courrier ?» répète la blonde sans comprendre « Se faire larguer devant l’hôtel ? » tente-t-elle d’articuler douloureusement

Son regard se fait moins tendre, baignant dans cette incompréhension ou cette réalité qui devient beaucoup trop douloureuse, beaucoup trop improbable. Tout se bouscule dans son esprit et la violence des maux lui donne cette nausée importante, son ventre se tord encore et encore, de manière toujours plus puissante. La pâleur de son visage s’accentue alors qu’elle revisualise la douleur de cette annonce, quand les quelques mots rédigés sur une lettre lui avaient infligé de si nombreux maux. Elle entend encore son hurlement, elle sent encore les larmes dévaler ses joues et ce refus de retourner à Marbrume, se refus de replonger là où ils avaient ensemble construit un nous. Ses lèvres s’entrouvrent, ses sourcils se froncent alors qu’il poursuit son explication, alors que son envie de vomir se fait de plus en plus oppressante, de plus en plus importante. Elle n’est pas venue le jour du mariage ? Il était là ? Vivant ? Il n’était pas mort, jamais ? Comment… Accepter n’est pas envisageable, parce que cela fait trop, trop d’un coup, trop pour elle. La tristesse, la colère, mais aussi la honte font un mélange explosif à l’intérieur de son cœur, qui menace de s’écrouler, de cesser de battre ou de s’emballer avec beaucoup trop d’intensité.

Les informations s’entrechoquent encore et encore, il lui dit trop de choses, trop d’un coup et les larmes se mélangent à cette envie de hurler. C’est la colère qui prend le pas sur le reste, la colère et l’incompréhension et cette question interminable qui n’obtient jamais de réponse : pourquoi ? Pourquoi lui avoir annoncé sa mort, pourquoi l’avoir fait aller jusqu’au jour du mariage ? Pourquoi acceptait-il d’être aussi calme, de lui parler ? Ne devrait-il pas la détester, ne devrait-il pas la secouer, l’insulter ? Ses mains se crispent sur le tissu de sa robe sombre, Constance ne se sent pas bien, pourtant elle n’en démontre rien, ne laisse rien transparaître et ravale cette remontée d’acide qu’elle sent le long de sa gorge, ravale ses larmes et observe le sol, encaissant les révélations, encaissant une logique qui n’en avait pourtant pas à ses yeux.


- « Je suis désolée… »

C’est tout ce qui accepte de sortir de ses lèvres, plaider coupable pour quelque chose dont elle n’est pas responsable, demander pardon, s’excuser encore, toujours, jusqu’à ce qu’il accepte d’entendre ce qui s’est passé et pourquoi elle ne s’était pas présentée à cette date pourtant si importante. Elle aurait voulu s’expliquer maintenant, tout balancer, mais aucun son n’accepte de s’échapper de ses lèvres, si jusqu’à présent elle semblait parvenir à rester dans la réalité, cette fois-ci cela semble bien trop difficile, trop douloureux. Elle a débuté un deuil d’une personne vivante, il pense qu’elle l’a quitté devant l’hôtel, il a cru qu’elle était capable de ça. Tout se bouscule davantage et son système de défense se met en place, plus rien ne semble plus simple à ses yeux que l’idée, le besoin de partir, de ne pas rester là, de ne pas affronter le problème. S’enfouir la tête dans la terre et ne plus jamais la ressortir. Elle dépose une main sur sa joue, puis dans ses cheveux, elle a besoin de mémoriser la sensation, de lui dire adieu à sa façon, parce qu’elle est convaincue que trop de mal a été fait, qu’il sera impossible de réparer, de reconstruire quoi que ce soit. Constance s’éloigne, prépare le mélange et lui annonce que la présence de deux soigneurs est inutile, des excuses, sans aucun doute. Si elle n’a pas réagi à son compliment, son cœur lui c’est déjà emballé et continue de battre de cette manière si significative. Theo lui, semble ailleurs, oublier la souffrance, il lui murmure qu’il a besoin d’elle et Constance ne comprend pas comment il est encore capable de prononcer ses mots. Elle aurait voulu lui dire qu’elle aussi, elle aurait voulu lui dire la vérité, mais une nouvelle fois rien ne s’échappe de ses lèvres. Sa bouche accepte simplement de parler à Gontrand, de le rassurer, puis elle rassemble ses affaires et se prépare à partir. L’idée de retrouver Abigaëlle est omniprésente, l’idée de lui dire le fond de sa pensée, de faire remonter tout ça dans la hiérarchie du temple aussi, parce qu’elle ne peut l’accepter, elle est incapable de pardonner ça.

C’est la voix de Theodren qui la tire de sa rêverie et de sa décision, il semble véritablement inquiet. Constance ne réfléchit pas, elle s’approche d’un pas rapide jusqu’à Héloïse, dépose une main sur son front pour vérifier les dires. Elle est brûlante.

- « On va au temple. » Ordonne-t-elle immédiatement « Gontrand enroule là dans le drap, dépose là dans la charrette, nous partons. »

Le reste n’avait plus d’importance, ni les nausées, ni cette envie de fuir, ni même Abigaëlle et tout ce qu’elle avait fait pour séparer le couple définitivement, avait-elle d’ailleurs parfaitement réussi. Gontrand n’hésite pas, l’homme amoureux est inquiet sans pour autant paniquer, il fait confiance aux deux anciens amants sans réellement comprendre ce qui est en train de se jouer entre les murs de sa maison. Il se précipite à l’extérieur et durant une fraction de seconde, alors que Theodren s’apprêtait à le suivre, elle le retient, attrape son avant-bras, parce qu’elle se doit de lui dire, elle ne peut plus garder autant pour elle, même si ça veut dire prendre le risque de craquer.

- « Je pensais que tu étais mort Theodren, j’ai reçu une lettre qui m’annonçait que… » sa voix est vibrante se brise, se fait plus faible « que tu n’avais pas survécu à une attaque dans le bas quartier. »

Cela ne justifiait pas tout, pouvait-elle le comprendre, l’entendre, aurait-elle du vérifier, aurait-elle du revenir à Marbrume pour lui dire adieu, mais les corps étaient brûlés, le temps du trajet aurait été trop long.

- « Je… je te croyais mort… » tente-t-elle d’articuler alors que la pression de sa main tremblante se fait plus forte sur son avant-bras qu’elle réalise réellement qu’il est bien vivant.« On m'a dit que tu étais mort... »

- « Dépêchez-vous, elle tremble » grogne un Gontrand d’autant plus inquiet, coupant l’élan de la blonde et la discussion du couple.

Constance semble honteuse, horriblement désolée, atrocement même. Elle n’arrive pas à réaliser pleinement, elle n’arrive pas à prendre vraiment conscience que tout ceci n’avait été qu’un mensonge, une manipulation habilement menée. Elle n’envisage pas qu’il puisse lui pardonner et alors qu’elle sent qu’il va parler, qu’il va cracher des paroles qu’elle redoute elle le coupe.

- « Allons-y, la priorité c’est Héloïse. »

Parce qu’elle ne sait faire que ça, fuir, ne pas penser, ne pas envisager les choses. Elle à un sourire faible, elle le relâche pour prendre la direction de la sortie. Monte dans la charrette, l’accompagne, laisse de la place pour le guérisseur et recouvre une Héloïse qui s’est mise à grelotter. Même si c’est impressionnant, cela reste une bonne nouvelle, c’est que le corps lutte contre la température, du moins qu’il tente de lutter. Gontrand fait accélérer le cheval et la petite troupe avance rapidement, le silence est prenant, du moins c’est la sensation de Constance, qui ne cesse de retourner les événements dans son esprit. Comment, pourquoi ? Des questions sans réponses. Quand elle coule un regard, quand elle ose regarder cet homme qu’elle croyait mort, elle ne parvient pas à retirer sa culpabilité, elle ne parvient pas à lui parler, n’était-ce pas le moment, faudrait-il attendre, un peu…

L’arrivée au temple se fait plus vite qu’elle ne l’aurait cru et si personne n’est passé sous les roues de la charrette cela ne tient qu’à la bienveillance des trois. Constance descend, laisse un des deux hommes porter Héloïse, de son côté, elle se précipite, monte les marches rapidement, trop rapidement, si bien qu’une fois montée tout tourne avec une violence qui manque de la faire chuter. Elle se raccroche à l’ouverture de la grande porte du lieu, prend une légère inspiration avant de se raccrocher à ce qui est important, le soin de son amie, de la mère adoptive de Theodren. Ses pas se font rapides jusque dans les pièces de soins, elle interpelle des collègues, explique brièvement la situation et si tout n’est pas parfaitement compréhensible, les deux prêtres préparent tout de même un box avec le matériel nécessaire.

-
« Premier box » interpelle-t-elle Theodren et Gontrand « Tu la déposes et tu ressors, tu nous laisses gérer Gontrand. Ca va aller. »

L’homme s’exécute et contre toute attente quand Théodren veut passer, elle lui barre la route. Héloïse est dans le box, son époux vient de ressortir.

- « Reste avec lui Theo, s’il te plaît… Tu es trop proche d’elle pour la soigner convenablement… Fais-moi confiance… Je m’en occupe, je te le promets... S’il te plaît…»

Reculant de quelques pas, elle ferme la porte et laisse les deux hommes derrière. En réalité, la réaction est un peu égoïste, Constance serait incapable de se concentrer maintenant, pas avec lui, pas avec la pression qu’elle ressent. Il lui faut de la tranquillité du calme et même si elle reconnaît la force et la qualité de son ancien amant dans le soin, elle sait pertinemment que mélanger sentiment et travail n’est pas une bonne idée. Une fois seule, elle ne se repose pas sur ses acquis, la situation est préoccupante et la prêtresse ne comprend pas pourquoi la fièvre ne cesse d’augmenter. Elle trempe un linge humide, le place sur son front, retire un maximum de vêtements, puis la recouvre d’un drap. Rapidement, elle réalise une saignée, consciente qu’il faut évacuer le plus possible le mal qui semble ronger son amie. L’action est précise, ses mains ne tremblent pas, elle ne pense plus à rien hormis ses gestes, les minutes s’écoulent lentement et finalement elle fait tout ce qui doit être fait. Héloïse est toujours inconsciente, mais après une bonne heure de soin, la température finit par diminuer.

Constance range un peu, se relève avec cette sensation de ne plus avoir aucune force et finit par rouvrir la porte :


- « Vous pouvez rentrer » souffle-t-elle en s’écartant un peu, elle avise Theodren, le détaille, puis ose finalement « Nous devons discuter… Je te laisse me rejoindre dans la salle de soin une fois que tu as terminé ici… »

Elle lui adresse un petit sourire, puis s’adresse aux deux hommes :

- « La température à chuter, cela devrait aller maintenant, nous allons tout de même la garder sous surveillance. Elle devrait reprendre bientôt connaissance. »

La blonde prend une légère inspiration, puis abandonne une nouvelle fois les deux hommes. Elle se dirige jusqu’à la salle de soin, ou elle se déverse dans une tasse de l’eau chaude pour faire une infusion. Si elle a réussi à maintenir l’illusion jusqu’à présent, la pression semble soudainement trop forte, elle craque. Les larmes roulent le long de ses joues, alors que les premiers véritables sanglots se font entendre, sanglot qu’elle tente de contenir avec quelques difficultés. Tout ceci lui semble absurde, improbable, impensable, inimaginable. Avait-elle besoin de comprendre pourquoi Abigaëlle avait fait tout ça ? Pourquoi… Une interrogation qui finissait par la hanter. Après quelques minutes la blonde était parvenue à se calmer, assise sur sa chaise, elle attendait avec l’espoir que Theodren aspecte d’échanger, de parler, avait-elle besoin d’avoir son ressenti, d’entendre sa colère et ses reproches.

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Theodren Hilaire
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MessageSujet: Re: [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo]   [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo] EmptyVen 26 Oct 2018 - 12:39
Enfin... Enfin elle semble parler d'eux, de Constance et Theodren. De ce "nous" qui a explosé en vol devant l'autel. Elle lui dit qu'elle est désolée. C'est un début, mais il en attend bien plus. Il attend des explications, et les explications ne viennent pas. Elle semble sincère, cela atténue à peine la colère qui sourd en lui. Sa réponse surgit alors, froide :

- Oui, tu peux !

Cela ne lui suffit pas, un "je suis désolée", mais pas du tout. Il veut comprendre, il doit comprendre. Il a besoin de fait pour savoir quoi faire, comment réagir. Vingt-quatre journées qu'il passe par toutes les émotions, cherchant des explications, des plus logiques aux plus atroces. Il a tout imaginé, jusqu'au fait de finalement ne pas la comprendre, d'avoir été aveuglé par ses propres sentiments. Mais il sait que Constance n'est pas cruelle, qu'elle n'aurait pas cherché à l'humilier. Faire transiter un courrier du domaine des Ventfroid jusqu'à Marbrume n'est pas simple. Le coursier a pu prendre du retard, ou partir trois jours plus tard. Peut-être est-ce de cela qu'elle est désolée, que ça soit arrivé devant l'autel, devant tout le monde ? Qu'elle a pu envisager la douleur du renoncement au mariage, mais qu'à cela se soit ajoutée l'humiliation publique n'était pas de sa volonté. Il songe à faire un pas vers elle, mais l'état d'Héloise redevient prioritaire. Constance en est consciente aussi, elle ne l'abandonne pas et redevient soigneuse. Ils parleront après, là, elle accepte de les aider, il ne veut pas gâcher tout cela. Et alors l'explication arrive, enfin, et elle est absurde... de prime abord. Elle a cru qu'il était mort...

- Mort ?... MORT ?!

C'est la première fois qu'il hausse le ton. Ca n'est pas très impressionnant. Avoir une voix douce n'aide pas à faire passer la colère. Non, c'est trop absurde comme explication. Ou peut-être pas. Mais ça ne tient p...

Gontrand les interpelle, il a raison ! Bon sang, ils en oublient les priorités, nos deux tourtereaux. Il grimpe dans la charrette, tend la main à Constance pour qu'elle y grimpe, puis la surveille, mais tente de rassurer Gontrand.

- C'est bien qu'elle tremble, c'est très bon signe, c'est qu'elle se bat et pour l'heure, qu'elle ait froid est la meilleure chose qui soit. Mais on ne traîne pas.

A cheval, le voyage est plus rapide, surtout s'il faut trimballer un paquet, et encore plus si ce "paquet" est une femme à laquelle il tient. Il a été bien inspiré de demander à Gontrand d'en trouver un. L'a-t-il loué ou volé ? Il lui poserait bien la question pour faire la conversation, mais il préfère se concentrer sur l'état d'Héloise. Quand une fois arrivé au Temple constance donne les premières indications, il acquiesce et aide Gontrand au mieux. Mais quand Constance lui interdit l'accès au box de soin, il s'apprête à voir rouge. Son visage se crispe. Mais elle lui parle et il l'entend. Elle est rationnelle, puis surtout elle lui pose une forme d'ultimatum. "Fais-moi confiance !" Elle l'a abandonné devant l'autel quand même. Oui, mais elle le croyait mort. Elle n'avait aucune raison de se presser à revenir s'il était mort, pas vrai ? Bon sang, ça se bouscule dans sa tête. Trop pour faire un bon soin, ça, pour sûr. Et c'est la meilleure soigneuse qu'il connaisse. Même pour les saignées ? Il n'en est pas sûr, mais dans son état à lui...

- Je... Je te fais confiance

Assez pour lui confier le soin d'Héloise. Et si elle a un doute, elle fera appel à lui. Au niveau des soins, ils sont brillants. Elle l'est plus que lui à son âge. Il recule pour parler à Gontrand.

- Elle a raison et c'est un soin qui demande du calme. C'est la tempête dans ma tête. Il n'y a pas une autre personne au monde à qui je confierai Héloise. Pas une autre !

L'attente commence, mais pour la première fois, il n'a pas prise dessus. Il voit Gontrand qui angoisse et décide de vérifier sa température. C'est un geste médical mais Gontrand le prend pour un geste de sollicitude et sourit. Theodren ressent le besoin de briser le silence.

- Il paraît qu'on apprend tous les jours. Ben, tu vois, j'ai 22 ans, je suis soigneur, et c'est la toute première fois que je me retrouve de ce côté-ci, du côté des familles qui attendent des nouvelles pendant un soin. C'est... C'est atroce ! Et sincèrement, je sais pas quoi faire pour rendre l'attente moins longue.

Il ne se sent même pas le courage de lui dire "tout ira bien" car c'est une parole de soigneur et à cet instant, il ne l'est plus. La seule chose qu'il peut faire, c'est rester calme pour ne pas stresser Gontrand. Et calme, il l'est. Ses nerfs d'acier sont présents dans les pires des situations. Et visiblement, ça rassure Gontrand. Mais moins que les propos de Constance quand elle quitte la salle de soins avant de rejoindre la salle de repos. Theodren ne peut s'empêcher de vérifier ce qui a été fait puis dit à Gontrand :

- J'aurais pas mieux fait... Je vais aller rejoindre Constance, il faut qu'on parle. Nous serons en salle de repos. D'autres soigneurs passeront pour vérifier son état, c'est normal. Si elle se réveille, c'est très bien, vous pourrez même parler, ça lui fera du bien. Toi, tu prends ce tissu pour lui humidifier le front de temps en temps. Si la température remonte malgré ça, tu nous fais prévenir. D'accord ?

Gontrand écoute religieusement et acquiesce, avant d'éponger le front de son épouse. Il en fera sans aucun doute de trop, mais ça n'est pas plus mal. Au moins, ça l'occupera. Quand il rejoint Constance, il tente de faire la conversation.

- Tu as fait de l'excellent boulot, même si j'aurais pratiqué plusieurs petites saignées plutôt qu'une grande. Ceci étant, rien ne prouve que cette méthode soit meilleure que la tienne, c'est plutôt une superstition à laquelle je tiens et qui me rassure, n'y vois pas un reproche. Une histoire de méridien et d'humeur liée à un organe. Et comme ça fonctionnait aussi bien que la grande saignée, puis que ça impressionne les patients, ben...

Oui, bon, il n'est pas venu pour parler des croyances médicales empiriques, mais il avait besoin de parler, de dire quelque chose, pendant qu'il réfléchissait à ce qu'il voulait vraiment dire. Bon, rester calme...

- Je prendrai bien une infusion aussi, peu importe laquelle. Un truc chaud, j'ai froid

Eviter de l'attaquer frontalement, l'occuper, c'est son but. L'infusion, il pouvait parfaitement se la faire lui-même. Il n'a jamais eu ni domestique ni servante, mais bon, elle aimait bien s'occuper de lui et ça la déstressait.

- J'arrête pas de penser à ce que tu m'as dit et ça n'a aucun sens. Je veux dire, les seules personnes qui nous connaissent ici sont du Temple, puis quelques artisans qui ont aidé aux noces. Ils étaient là au mariage, les artisans, c'était un bon coup publicitaire pour eux. Ils n'avaient aucun intérêt à nous nuire. Mais au Temple non plus. Et j'ai beau me voir plus grand que je ne le suis, j'ai aucune relation avec la haute. J'suis pas soigneur du Duc ou d'un nobliau, j'suis pas un fournisseur de la Cour, j'ai pas une réputation qui fait de moi l'unique vitrier ou pharmacien ou fabricants d'armes. Je ne suis, enfin n'étais, qu'un obscur soigneur du Goulot. Oui, maintenant j'ai une officine à Bourg Levant, c'était pour ton cadeau de mariage, une surprise.

Il a un sourire triste, mais poursuit :

- Donc, pourquoi, par les Trois, quelqu'un aurait-il pris la peine d'annoncer mon décès au domaine de Ventfroid, j'y ai jamais mis les pieds et je sais même pas où c'est ! Mais quand tu me dis que tu m'as cru mort, c'est qu'on te l'a dit, ou écrit, pas vrai ? Donc forcément, quelqu'un qui voulait te nuire, ou me nuire, ou nous nuire.

Calme, froid, cartésien, clinique. Héloise est loin de son esprit, et le cerveau du soigneur est en branle.

- Je retourne ça dans tous les sens et il n'y a qu'une conclusion qui m'apparaît, évidente. Aussi, avant de la défigurer et de couvrir de cicatrices son petit corps qu'elle croit si beau, je vais te poser une question, une seule. Est-ce bien un courrier d'Abigaelle qui t'a appris mon décès ? Inutile de demander en prime si tu as reçu mes courriers, je sais déjà que la réponse est non

Non, la garce d'Abigaelle, il ne la tuera pas. Non, il préfère lui faire perdre la seule valeur qu'elle pense avoir, sa séduction. Et le plus inquiétant, dans tout ça, c'est qu'il paraît calme, son regard et son visage restent doux. Il attend la réponse de Constance à sa question et décidera comment agir par la suite. Soit lui dire le reste, tout le reste avant de s'occuper d'Abigaelle, soit s'occuper d'Abigaelle puis lui dire le reste ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo]   [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo] EmptyVen 26 Oct 2018 - 21:45


Le silence est un élément à la fois reposant et inquiétant, si Constance semble avoir appris à le supporter, à le tolérer, elle n’en reste pas moins irritée dans certaines circonstances, comme là. Théodren n’est pas encore présent, il doit être avec Héloïse, dans cette hésitation, venir, rester, partir. Au fond, la blonde doit ressentir la même chose, doit se demander s’il est possible de tout recommencer, de reprendre là où tout semble avoir cessé. Il y a peu, elle l’imaginait mort, peut-être même fangeux. Aujourd’hui, elle sait que tout ceci n’est qu’une habile manipulation, une carte parfaitement jouée, un simple coup d’avance qui avait pourtant fait énormément de dégât. La représentante du culte laissait jouer ses doigts sur le bois de la petite table ronde, sa chaise grinçait à chaque fois qu’elle se mobilisait à droite ou à gauche, mais hormis ce petit bruit désagréable, rien d’autre n’était audible, rien d’autre que cette respiration légèrement angoissée. Et maintenant ? Maintenant elle ne savait guère ce qu’il allait se passer, n’était pas convaincue que le couple allait pouvoir reprendre, renaître de ses cendres.

Une seconde, ses yeux descendirent sur son ventre, avisant l’invisible, imaginant ce qu’elle n’arrivait pas encore pleinement à accepter et pourtant, les signes ne pouvaient mentir eux. Son ventre n’était pas si rond, même presque pas et la largeur de ses vêtements dissimulés parfaitement ce qu’elle voulait cacher, ce que seuls des yeux très avisés pourraient remarquer. Son pouce passa sur le semblant de forme, avant d’abandonner son geste un peu brusquement. Constance, n’en avait pas parlé, à personne, n’avait-elle d’ailleurs pas parfaitement conscience de cette nouvelle réalité, la souffrance ayant fait passer sous silence, le bonheur de ne plus être seul. La porte avait fini par s’ouvrir, dévoilant la silhouette masculine d’un homme qu’elle avait appris à connaître par cœur. Son palpitant avait loupé un battement, puis un autre, alors que son ancien amant s’approchait, alors qu’il n’y avait plus aucune excuse pour éviter la discussion. La blonde est incapable de dialoguer, quand ses lèvres s’entrouvrent elles ne laissent échapper aucun son. C’est surréaliste. Il est là, vivant, juste là.

Ses deux prunelles pâles se perdent sur cet homme, sa carrure, sa finesse, cette pâleur et sa chevelure aussi noire que les ailes d’un corbeau. Ne change-t-il pas, semble-t-il être toujours le même, lui. Gênée, elle détourne le regard, comme-ci son acte était interdit, comme-ci elle trahissait celui dont elle avait cru faire le deuil, alors qu’en réalité se trouvait-il à quelques pas d’elle. Déglutissant, elle se concentra sur sa tasse encore chaude, enroulant ses doigts froids sur le récipient bien trop chaud. Il parle, brise le silence, sa voix lui provoque cette multitude de frissons, cette preuve que ce gouffre était trop important, ce manque bien trop immense.


- « Je ne sais pas, je fais toujours comme ça, une habitude… Peut-être mauvaise. »

C’est basique, banal, presque surréaliste de parler de la méthode la plus convenable de pratiquer une saignée. Elle ne le regarde pas Constance, elle n’ose toujours pas. Sa voix est douce, fluette, vibrant de cette émotion plutôt étrange. Il lui quémande une infusion et elle se lève presque immédiatement, se dirige vers les meubles de rangement, se hisse sur la pointe des pieds, récupère une tasse, l’eau chaude et les quelques plantes qu’elle laisse flotter à la surface du liquide transparent qui ne tarde pas à se teinter légèrement.

- « C’est chaud » souffle-t-elle alors qu’elle se penche pour déposer sa tasse, alors que son corps n’est plus si loin du sien, alors qu’elle réaliste pleinement la situation.

Constance s’installe sur sa chaise, se rapproche de la table, à peine a-t-elle le temps de récupérer sa propre tasse qu’il se lance. C’est brutal pour la petite blonde, peut-être trop, jamais elle n’aurait cru avoir cette discussion, pas avec lui, il était mort il y a quelques heures encore dans son esprit. Les mots se bousculent, le choc est rude, il cherche à comprendre l’incompréhensible là où elle tente de recoller des morceaux qui ne se rassembleront sans doute plus jamais. Ses lèvres se pincent, ses dents percent l’intérieur de sa joue, son regard est ailleurs encore. Pourquoi est-ce que tout ceci lui semble si impossible, si difficile ? Il évoque un cadeau de mariage, elle se crispe davantage, au rythme de cette petite aiguille qui lui transperce le cœur petit à petit. Constance réalise qu’il était là le jour J, qu’il a attendu qu’elle arrive et qu’elle n’est pas venue. Ils étaient tous là et personne ne lui a rien dit. Ce n’est pas tant l’idée que sa réputation soit entachée qui la gêne, c’est la perception de cette souffrance qu’il a dû vivre, par sa faute, par sa naïveté, par son incompétence à être une bonne future compagne.

- « Je suis désolée » un murmure c’est tout, à moitié avalé.

Theodren ne s’arrête pas pour autant, pire, il poursuit, il a besoin d’aller jusqu’au bout de sa réflexion, de trouver un coupable, une personne à détester. Constance ne l’avise toujours pas, elle est hésitante. La prêtresse sait pourtant, elle a compris, mais ne parvient pas à l’accepter, comment une autre clerc peut-être aussi mauvaise, pourquoi ?

- « S’il te plaît… » arrête, c’est ce qu’elle aurait voulu formuler, peut-être même hurler.

Si la douleur est encore vive, elle semble s’enflammer davantage lorsqu’il place judicieusement ses mots, comme des petits poignards, des piques bien trop pointus. Silencieuse, la frêle jeune femme ne semble toujours pas réaliser, ses mains se sont mises à trembler sous le poids de son émotion, passant de la pointe de ses doigts, jusqu’au haut de ses épaules. C’est trop tard pour Constance, la question ne devrait plus être vers le pourquoi, mais plutôt sur le comment, comment réparer, comment se reconstruire. La blonde n’était plus dans la vengeance, non, elle se questionnait sur l’avenir. Ne se voyait-elle pas détruire une vie, quand elle avait connu la sensation d’avoir tout perdu, de n’avoir plus rien, rien du tout.

- « J’ai cru que tu étais mort. » Répète-t-elle comme un écho « Il y a quelques heures, je ne pensais plus jamais revoir ton visage. » elle fait une pause, puis ajoute « Il y a une semaine, je ne pensais pas remettre un pied à Marbrume, c’était trop… trop…trop. »

Sa voix est monocorde, son regard rivé sur ses doigts qu’elle trifouille nerveusement. Constance est une femme en deuil, qui ne dormait plus beaucoup, qui ne mangeait plus beaucoup, qui ne vivait plus et dont la simple respiration lui donnait l’impression d’être illégitime. Puis, soudain, elle ne devait plus être tout ça, parce que tout ça n’aurait pas dû exister, pourtant, elle n’y croit pas, ni parvient pas.

- « Je me fiche de savoir pourquoi Theo, ni même de savoir comment, ou qui. » Elle soupire, semble en colère, ou triste, même elle ne le sait pas « Mais, je ne suis pas venue… Tu m’as attendu et je ne suis pas venue ce jour que l’on avait choisi ensemble. »

La culpabilité, importante, désastreuse, douloureuse. Elle relève enfin ses deux billes bleutées vers lui, l’observe de cette manière pleine de douceur, de tendresse. Secouant doucement son visage, elle finit par avoir ce sourire inexplicable, qui ne respire aucunement la joie de vivre.

- « Alors tu vis à Bourg-Levant, maintenant ? Est-ce que ton nouveau chez-toi te plaît ? Est-ce que tu es heureux ? »

Des questions basiques, sincères, comme-ci elle redécouvrait, comme-ci elle cherchait à visualiser, à comprendre le temps qu’elle avait loupé à ses côtés. Elle n’osait pas lui demander celle qui lui brûlait les lèvres ‘as-tu refait ta vie ?’, ‘qu’est-ce qu’on fait maintenant ?’.Au lieu de ça, elle l’avisait encore, longuement, silencieusement, suspendue à cette question non formulée, à ce besoin de s’excuser encore. Constance n’avait pas envie de parler de celle qui avait finalement réussi habilement sa manœuvre, non, elle n’avait pas envie non plus de rester sur cet événement dramatique, ni même aborder son doute, le fait qu’elle cohabitait désormais dans son propre corps, peut-être. Puis, elle fait ce premier geste vers lui, ce premier peut-être, son bras s’allonge le long de la table, sa main s’approche de son côté, paume vers le haut. Peut-être que le couple avait encore une chance ? Peut-être pas ?

- « J’ai donné naissance au premier-né de la famille Ventfroid, un fils. » Explique-t-elle, pour partager « J’ai découvert le domaine, la population, un autre mode de vie et le risque de la fange… et Je… désolée. »

Elle s’arrête, consciente que la situation est ridicule, consciente qu’elle évoque des faits dont il doit se moquer, douloureusement consciente que le couple n’est plus, que tout est à refaire, à construire, fondation, sol, mur, toit, tout. Elle se pince les lèvres, l’avise une nouvelle fois, avec tendresse, avec ce surplus d’émotion, cette petite explosion, ce mélange de tout et son contraire dans le fond de ses prunelles.

- « Désolée » recommence-t-elle « Accepterais-tu de me revoir ? Je sais que la situation est complexe… je… je ne sais pas trop comment… » comment il faut faire, ce qu’il faut dire, ce qu’il représentait l’un pour l’autre « Mais… tu es vivant et… » silence « Et je ne suis pas venue le jour de notre mariage. Suis-je coupable de tes maux… Je sais que ce n’est pas pardonnable et je comprendrai que tu ne souhaites plus me revoir, mais… »

Mais elle n’a pas le courage de poursuivre, d’expliquer, de lui dire qu’elle est enceinte, qu’elle le pense, que les nausées sont omniprésentes, le matin, le milieu de journée ou encore le soir. Tout n’a aucun sens, absolument aucun il était mort et elle ? Elle n’a qu’à peine le temps de se relever pour se précipiter vers le récipient de déchet dans le coin de la pièce pour laisser s’enfuir de ses lèvres un liquide qui lui rongeait le ventre depuis un sacré moment. La situation ne pouvait pas être pire, un mort n’était pas un mort, Héloïse n’était sans doute pas encore éveillée, elle n’avait pas été à son propre mariage et le pire maintenant ? Elle vomissait ses tripes alors qu’elle essayait d’être touchante et de lui donner envie d’essayer de la revoir. Et maintenant ?

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Theodren Hilaire
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MessageSujet: Re: [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo]   [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo] EmptySam 27 Oct 2018 - 19:19
Elle lui répète qu'elle est désolée, mais lui est passé bien au-delà de ça. Il n'a pas de rancœur à son égard. Comment lui aurait-il réagi s'il avait appris sa mort à elle lors du voyage vers le domaine Ventfroid ou une fois sur place ? Ils sont soigneurs, ils savent que la vie est absurde, qu'une mort peut survenir à tout instant. Les autres ont l'illusion que les soigneurs ont un certain pouvoir sur la vie ou la mort, alors qua dans la réalité, les assassins ont un bien plus grand pouvoir qu'eux sur la chose. Alors il n'a plus aucune raison de lui pardonner, car il comprend.

- J'avais besoin d'une explication, je l'ai eue, Constance. Il n'y a plus rien à pardonner. Tu ne pouvais pas imaginer cela, je ne l'ai pas pu non plus. Dans toutes les explications que j'ai échafaudées dans ma tête, celle-là n'était jamais apparue. Toi, tu n'as rien à te faire pardonner. Elle, elle est impardonnable !

Son 's'il te plait" le coupe dans son élan. Elle n'a pas répondu à sa question de qui a envoyé le courrier annonçant sa mort mais il sait, désormais. Il ne peut l'abandonner maintenant, elle est mal. Et quand il réalise qu'elle a toujours l'impression qu'il est un fantôme, tant elle a vécu son deuil, son coeur se déchire. Et la culpabilité qu'elle affiche l'achève.

- ...!

C'est elle qui le ramène sur terre, qui le sort de son impuissance à l'aider, elle. Elle lui parle de sa masure à Bourg-Levant. Ils en sont revenus aux convenances. Mais il n'en veut plus, des convenances. Alors, est-ce que son nouveau chez lui lui plait ?

- Constance, je n'ai pas acheté à Bourg-Levant pour moi, je l'ai acheté pour nous. Nous, tu comprends ? Alors non, ça ne me plaît pas. Ou pas assez. Car il y manque quelqu'un... toi !

Sa main s'avance vers lui, il s'apprête à la saisir. Mais elle repart dans l'explication, le domaine Ventfroid, la naissance du petit. Pas d'informations médicales utiles, elle se perd dans ses pensées, et décroche à nouveau, s'excuse encore. Il lui saisit la main, pour la ramener à lui.

- Il n'est plus question de pardon, il n'est plus question de fantôme. Je suis là, ici et maintenant, Constance...

il la ramène, un peu. Elle reparle concrètement, elle parle d'eux. Et cette fois, il tient à ce qu'elle l'entende !

- On a perdu six semaines. C'est quoi, dans une vie, six semaines ? Mais tu vois, je te crois. Je te crois parce que je t'avais demandé, pour le mariage, de grossir un peu, de prendre deux livres. Et tu les as pris. Oh, ça rajoute à ton charme, c'est comme s'il y avait quelque chose de neuf en toi. Alors je sais que si tu as fait cet effort, c'est pour moi. Juste, je ne t'ai pas dit pourquoi j'y tenais. Et pourquoi j'y tiens. Tu étais maigre, un peu trop pour fabriquer un nid. Le corps sait quand il peut accepter de porter un enfant ou non. Tu étais un peu trop fragile pour ça, et moi je tenais à ce que tu sois la mère de mes enfants. Enfin, au moins d'un. J'aurais dû te l'expliquer, à l'époque. Je pense que la couturière l'avait pressenti aussi

Il inspire profondément et poursuit :

- Je n'ai pas annulé nos projets, je devais te voir pur comprendre. Ma vie s'est mis en suspens. Mais ni toi ni moi n'avons rompu les fiançailles. Ni toi ni moi n'avons renoncé au mariage. Et dès qu'Héloise se réveille, on se mariera. On courra un peu pour inviter le boucher, la couturière, le bijoutier et on fera une cérémonie toute simple. Les noces, les gens les ont fêtées, sans nous. Maintenant, je veux qu'on le vive pour nous. On se marie, je te porte sur le seuil de notre maison, la nôtre. Et on prendra du temps pour nous.

Il a un sourire tendre et des étincelles dans le regard.

- Mais tu as raison sur un point. Je ne veux plus te revoir. Je veux t'avoir. Je veux que tu sois à moi. Je veux être à toi. C'est fini qu'on se voit entre deux portes ou deux soins. Bien sûr, tu vivras ta vie de Mère, moi j'essaierai de nous ramener des sous. Mais on saura tous deux que le soir, sauf urgence, on se retrouvera. Et on saura que tu es madame Hilaire et que je suis monsieur Constance.

Il va lui faire peur, il le sait, mais quand il est lancé...

- Et on trouvera le temps de parler projets. On trouvera le temps de parler bébé. Ca me terrifie mais ça m'excite aussi. Pas le faire. Quoi que si, ça aussi ça m'excite. Mais être papa. Mais ça, ça peut attendre qu'on soit marié. Si tu veux.

Cette fois, il a tout dit. Mais si elle doutait de ses sentiments pour elle, les choses devraient être claires. Il n'a qu'une seule crainte : Est-elle parvenue à l'écouter ? il lui serre la main un peu plus fort, pour s'assurer qu'elle est bien là.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo]   [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo] EmptyDim 28 Oct 2018 - 8:51


Il avait toujours su trouver les mots justes, toujours su appréhender ses angoisses et avait cette manière bien à lui de la rassurer. Malgré les semaines d’absences, malgré la séparation, cet état de fait n’avait visiblement pas connu d’évolution. Il parlait, elle l’écoutait attentivement, tirant enfin un sourire plus sincère, teinté de cette émotion un peu brouillon, un peu incertaine, mais bien réelle. Theodren n’avait pas changé, il était toujours cet homme frêle qui parlait beaucoup, qui en avait besoin, il était toujours ce futur époux généreux, qui prenait soin des autres, en tout cas d’elle. Constance avait fermé les doigts sur sa main, comme pour s’assurer qu’il n’allait pas la retirer et ce premier contact physique fut un premier pas pour l’acceptation de la situation. Il était là. Theo lui parle de sa demeure, de son absence à elle et de la raison de cet achat, la blonde réalise pleinement qu’il ne lui en veut pas, du moins qu’il ne semble pas lui en vouloir si bien qu’il envisage même entre deux sous-entendus qu’elle le rejoigne.

Six semaines, c’est long, beaucoup trop pour que cela ne creuse pas un fossé dans le couple. Constance a évolué, un peu. Pas de changement drastique non, mais elle commence doucement à définir ce qu’elle aime ou pas, ce qu’elle veut ou ce qu’elle ne veut. S’il est évident que son attache pour le soigneur est profonde et sincère, celle de pouvoir vivre à deux du jour au lendemain l’est beaucoup moins. Il lui parle de sa prise de poids et la jeune femme ne peut s’empêcher de froncer les sourcils, Constance n’est pas responsable de ça, elle le sait oui, mais pas lui. Il lui explique la raison médicale de sa demande, la prêtresse n’offre en guise de réponse qu’un silence. La jeune femme ne sait pas trop si elle doit rire, ou pleurer. Ses émotions sont multiples et bien trop contraires pour qu’elle en tire une quelconque manière d’agir. La clerc à parfaitement conscience qu’elle doit évoquer avec lui son doute, cette possible grossesse, sans ne parvenir à articuler le moindre mot.

Quand Theodren parle, il ne s’arrête plus, c’est ce qui la faisait sourire avant, parce qu’elle n’avait jamais été une grande bavarde et qu’il l’était largement pour deux. Six semaines, ce n’était pas beaucoup à ses yeux, avait-il raison, en six semaines les éléments les plus importants n’avaient pas évolué. Tout se bouscule, s’entrechoque, c’est violent et réconfortant, terrifiant et particulièrement excitant. L’homme veut retrouver le lien qui les unissait, elle n’en demande pas moins, mais il doit savoir qu’ils ne seront que très peu longtemps deux, ça change quand même la donne, il doit le savoir. Même si l’homme semble avoir ce besoin de paternité, dont il ne cesse de parler, elle n’est pas certaine que la nouvelle soit bien prise. Pourrait-il douter, pourrait-il prendre peur, pourrait-il… Elle se pince les lèvres, ne sait pas trop comment formuler, évoquer la problématique. Ses doigts entrelacent les siens, elle ne rompt pas le contact alors que la seule phrase qui s’échappe enfin de sa bouche est d’une violence inouïe.


- « Je veux rompre les fiançailles. »

Il lui parle de mariage, il lui parle de vivre ensemble et avait-elle dû sembler très réceptive à tout ça, très ému sans doute aussi, mais voilà qu’elle évoquait son souhait de tout rompre, sans avoir de comportement hostile, ou de sentiments non partagés bien au contraire. Elle prend une grande inspiration, une dose de courage puis se lance.


- « Pas parce que je ne veux pas ou ne partage tous tes projets, nos projets, mais parce que les choses ont changés. » elle hésite, se tortille sur sa chaise, elle ne sait pas faire ça, elle « Je n’ai pas pris le poids que tu m’avais demandé de prendre, je n’ai pas réussi, je n’arrêtai pas à Ventfroid… Même si je mangeais plus, je me dépensais plus aussi. »

Cela doit lui sembler incohérent, parce qu’elle a bien pris du poids en effet, cela doit être criant pour lui, lui qui la connaît sur le bout des doigts, lui qui doit parfaitement l’imaginer sans cette robe si sombre qui camoufle bien des secrets, surtout un. Constance n’est pourtant pas convaincue de la révélation, c’est trop tôt, peut-être fait-elle erreur, peut-être que ses symptômes et ses kilos en trop ne sont le fruit que d’une maladie passagère. Doit-il savoir, doit-il avoir toutes les cartes en main, c’est important à ses yeux.

- « Je t’aime. » les trois mots ce sont échappés tout seul, sans crier gare, elle semble elle-même surprise de les avoirs prononcés « Mais, je crois que je ne suis plus seule. »

Difficile de comprendre, de formuler la chose, sa phrase peut avoir beaucoup de sens, elle en a conscience, elle sait qu’elle doit reprendre, lui expliquer, finir par cracher ce qui la tracasse, mais n’y parvient pas. Son regard quitte la silhouette de son amant, Constance semble gênée, honteuse. C’est une prêtresse, une prêtresse non mariée et enceinte. Ce ne peut être que lui le père évidemment, le doute est inéxistant, n’avait-elle eu des relations qu’avec lui, mais Theodren pourrait en douter et c’est ce qui lui fait peur.

- « Je veux dire » elle reprend, maladroitement « Je veux devenir madame Hilaire, et je veux accepter ta nouvelle demande, si tu décides de la maintenir, mais. » elle déglutit, elle ne pensait pas que cela serait difficile à aborder « Mais je ne suis plus seule. »

De nouveau cette phrase, cette phrase qu’elle n’est pas certaine qu’il comprenne alors qu’elle ne voit pas comment l’expliquer autrement, comment lui évoquer ce possible petit être qui va évoluer dans son ventre. Le doute, la crainte de se tromper de faire erreur est aussi bien présent, mais trop d’indications lui prouvent qu’elle est dans le juste, que son constat est le bon.

- « Je suis enceinte, je crois.»

Cette fois, elle l’a dit, rapidement, doucement, comme dans un murmure et dans le même moment, la porte de la salle de soin s’est ouverte. Peut-être une seconde après sa déclaration, peut-être un peu moins, elle ne le sait pas vraiment. C’est un prêtre, plutôt jeune qui vient de rentrer et qui dévisage le couple, l’homme ne semble pas hostile, il connaît le passé des deux jeunes gens, semble-t-il même plutôt heureux de les voir de nouveau ensemble.

- « Je ne veux pas déranger, les soigneurs m’ont dit que je pouvais vous trouver là » débute-t-il « Votre amie est stable, la température à chuter, elle est réveillée. » il grimace un peu « Elle veut déjà repartir et dit qu’elle a une multitude de choses à faire, je pense que vous devriez aller la voir… Elle a l’air têtue. »

Cela ressemble plutôt bien à Héloïse, ce qui fait sourire un peu Constance qui opine simplement et se relève, elle a un vertige et se rattrape juste à temps sur le coin de la table, gênée, elle adresse un sourire rassurant, du moins qui se veut rassurant. Le prêtre la détail un long, visiblement inquiet et elle murmure juste qu’elle est fatiguée.

- « Je suis heureux de vous revoir ensemble, votre mariage a fait grand bruit… Mais j’étais convaincu qu’il devait bien y avoir une explication. J’ai hâte de recevoir votre nouvelle date. » Encore une fois ce sourire, sincère « Je vous accompagne jusqu’à son box. Constance, vous devriez vous reposer un peu, vous êtes encore plus pâle qu’à votre habitude. »
- « Je vais y penser » rétorque immédiatement la prêtresse, « merci »

Elle n’a pas eu le temps de terminer sa discussion avec Theodren, pas eu le temps de lui dire qu’elle craignait de le voir changer d’avis à cause de cette grossesse. Après tout, en poursuivant sa démarche, en allant jusqu’au mariage, il n’allait pas fonder un début de vie à deux, mais un début de vie à trois. Cela changeait tout. C’était ça qu’elle avait voulu lui faire comprendre, c’était ça qu’elle avait voulu lui dire en proposant de rompre les fiançailles. Si il se mariait, s’il le voulait toujours, elle voulait qu’il le fasse en ayant pleinement conscience qu’elle était possible enceinte et que tout allait très vite s’enchaîner. Constance était terrifiée à cette idée, mais ne pouvait plus en parler, ses deux prunelles claires se déposèrent sur la silhouette de l’autre clerc, attendant sagement qu’il accompagne le couple jusqu’au box d’Héloïse.

En réalité, il n’était pas bien difficile de le trouver ce box, puisqu’à peine sortie de la salle de repos, on pouvait déjà entendre les râlements de la jeune femme ainsi qu’un époux qui tentait de la canaliser un peu, difficilement. Les paroles furent sourire Constance, qui instinctivement, involontairement, avait glissé sa main dans celle de Thoedren, comme pour se rassurer, comme pour avoir une idée de sa pensée.


- « Je crois que tu vas avoir quelques difficultés à la convaincre de rester ici… » lui souffle-t-elle dans cette douceur caractéristique.

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Theodren Hilaire
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MessageSujet: Re: [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo]   [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo] EmptyDim 28 Oct 2018 - 11:17
Alors qu'il a fini son laïus, qu'il a tout dit, et qu'il l'a observée et l'a sentie réceptive, Theodren attend sa réponse. Il s'attend à un "oui, marions-nous, nous avons perdu assez de temps" mais la réponse qu'il reçoit est toute autre. Elle veut rompre les fiançailles. Oui, mais non ! Sa réponse fuse sans qu'il ait réfléchi à comment la formuler.

- Oui, ben moi je refuse ! Non mais :

Ca va pas dans la tête de la petite Mère ? Hors de question qu'elle annule ce mariage. Bon, elle parle de son poids qui n'a pas bougé. C'est ridicule, puisqu'elle a pris. Dans le genre excuse vaseuse. Mais ok, il va la laisser parler. Elle panique juste. Quoi qu'elle parlait fort calme... et fort coupable. Theodren laisse tomber la pression, pour l'écouter. Après les excuses vaseuses viendra l'explication. "Je t'aime".. Tu parles d'une bonne raison pour rompre des fiançailles. Sa phrase suivante sonne le glas de tous ses espoirs : "Je ne suis plus seule !"

- ... !

Oui, que dire à ça ? Comment réagir ? Pas avec les tripes, Theodren. Cartesien... Sang froid. Bon sang, les larmes lui montent aux yeux. Elle a eu la douleur de penser te perdre, mon ptit Theo. Si c'était le cas, tu aurais voulu qu'elle refasse sa vie. Bon, c'est aller vite, trop vite à ton goût, mais si tu es honnête, et que tu avais eu l'occasion, n'aurais-tu pas aimé te consoler dans d'autres bras ? Même si c'était en pensant à elle ? Bon, la seule qui aurait dit oui était Abigaelle, mais ça, c'était trop cruel pour la mémoire de Constance. Puis toi, tu ne pensais pas qu'elle serait morte. Et la seule femme qui ait franchi le seuil de ta porte pour une autre raison qu'une maladie vénérienne ressemblait trop à Constance pour que ça ne soit pas totalement malsain, pour peu que la Mère Athanasie ait eu un quelconque intérêt pour toi. C'est donc ça, cette infidélité qui la rongeait. Evite de poser des questions, continue à faire le point ! Ah, attention elle te parle. Me dis pas qui c'est, s'il te plait. Houlà, t'es sûr d'avoir bien entendu ? Enceinte ? Alors, "l'autre" n'est pas un amant, mais un bébé ? Leur bébé ?

- Bon sang, Constance, un instant j'ai cru que tu me parlais d'un... !

Bim, interrompus par l'arrivée d'un jeune clerc. Les infos se bousculent. Héloise est réveillée. Tu vas être papa. La fièvre a chuté. Tu vas être papa. Elle veut rentrer. Tu vas être papa. Le clerc est heureux de les revoir ensemble. Tu vas être papa, bon sang. A quand les noces ? Ben demain ! Ah non, Constance ne répond rien. Et pourtant, c'est tout vu ! Tu vas être papa ! Faut convaincre Héloise de rester. Tu vas être papa... Il décroche et sourit. Elle lui prend la main. Ah, elle lui parle, de cette voix douce dans laquelle il se noierait volontiers. Elle lui reparle avec sa voix de femme et non de Mère. A moins que ça soit sa voix de soigneuse. Quoi qu'elle est couverte par la voix d'Héloise tentant de raisonner Gontrand. Et celle de Gontrand tentant de tempérer en vain Héloise. Il n'y parviendra pas, il le sait déjà, elle le sait aussi. Constance le sait tout pareil, puisqu'elle lui dit qu'il va avoir quelques difficultés à la convaincre. Oh, ça sera une formalité, Théodren le sait. Il est le seul à trouver les arguments pour calmer Héloise. Après tout, il lui a refusé une foule de prétendantes.

- T'en fais pas, je sais exactement comment faire. Mais il faut impérativement que tu m'accompagnes. Mon Père, nous vous retrouvons dans le box.

Il prend la main de Constance, entrelace les doigts et lui dit :

- Je veux être papa et tu vas être maman. Oh, ma petite Mère... Ma douce Constance ! Je suis un piètre soigneur, j'aurais dû comprendre !

Il lui fait une bise tendre à la commissure des lèvres. Ni trop amical, ni trop amoureux, histoire de la troubler un peu, mais pas trop. Il a le trac, c'est un peu plus tôt que prévu, pour elle comme pour lui. Mais c'était la suite logique des choses. Mais Héloise est à nouveau prioritaire. Il entraine Constance à sa suite et arrivé dans le box, qui est devenu un lieu de spectacle, faut dire que le caractère d'Héloise a de quoi attirer le chaland, Theodren fait preuve de cette étonnante autorité dont les soigneurs peuvent faire preuve au moment des soins.

- Messieurs dames, vous pouvez disposer, nous nous en occupons. Mon Père, vous savez écrire ? Fort bien, vous pouvez rester, mais munissez-vous d'une plume et d'un parchemin. Quant à toi Héloise...

Avant que cette dernière ait pu lâcher un mot, Theodren la coupe d'un simple geste.

- Tu as assez d'énergie pour faire le trajet jusqu'à la maison, mais pas pour le retour. Et il est hors de question que mon témoin soit absente à mes noces. C'est pour demain. Alors, tu vas passer la nuit ici, Constance va se charger de ta coiffe, Gontrand doit connaître la tenue que tu veux porter mais il y aura sans doute deux trois autres choses que tu souhaiteras avoir et qui ne nous regardent pas. Donc, je vais vous laisser seuls tous les deux. Gontrand, tu dormiras chez moi. La dernière fois, j'ai eu du mal à tout préparer, l'aide d'un homme ne sera pas superflue pour les préparatifs du matin. Bien ! Messieurs dames du Clergé, quittons ce box.

Il n'a pas laissé à Héloise le temps de réfléchir et vu ce qu'ils peuvent entendre de la discussion, elle lui passe commande de ce qu'il faut ramener et ne parle plus de rentrer. C'est que le petit Theodren qui se marie, ça change un peu ses priorités.

- Bon, mon Père, vous demanderez à Mère Athanasie de célébrer les noces. J'ai déjà fait les confessions pour les premières, et elle m'a déjà parlé en prime, mais s'il manque quelque chose, elle me trouvera plus tard dans ce box. Ensuite, si vous en avez le temps, il y aura quelques personnes à avertir. Oui, prenez des notes. Le bijoutier de Bourg-Levant, l'herboriste et le boucher du Goulot. S'il manque quelqu'un, Constance vous en informera. Constance, tu prends le premier tour de garde pour Héloise, je te relaierai aussi vite que possible, le temps de raccompagner Gontrand et d'aller chercher les alliances et ma tenue. Ensuite, tu iras chez la couturière. La dernière fois que je l'ai vue, cela allait au niveau de la grossesse et elle était convaincue que le mariage n'était que reporté, mais bon, elle arrive à terme, pour elle aussi il faut se presser :

Il sait qu'il ne lui laisse aucun choix, mais tant pis, il prend les choses en main.

- Si tu vois autre chose, notre grand organisateur s'en chargera

lâche-t-il en souriant au jeune clerc. Gontrand ressort et Theodren le guide vers le parvis du Temple, mais avant, il se retourne vers Constance :

- Notre mariage va être le plus inoubliable de tous, parce qu'il surprendra tout le monde, nous les premiers. Je vous aime, Mère et je regrette de devoir attendre demain pour que les Trois nous unissent ! Je reviens vite !

Il sourit à Gontrand, qui lui sourit en retour.

- J'ai trouvé que ça pour qu'Héloise oublie son idée. Ca ne servira qu'une fois, mais là, c'était la meilleure carte à jouer ! Ma porte sera ouverte, mais moi je serai prêt d'Héloise. J'ai peur qu'elle ne fasse paniquer Constance !

Dans les faits, il espère surtout qu'elle saura la convaincre que son Théodren a raison. Mais Constance lui a dit le plus important. Elle l'aime, elle veut devenir madame Hilaire. Lui ne doute pas non plus. Alors, cette fois, ça se fera à sa manière. Ils vaincront ce destin. Et ils ont plein d'alliés. S'occuper de la garce interviendra après !
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MessageSujet: Re: [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo]   [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo] EmptyDim 28 Oct 2018 - 15:39

- « Je te suis » murmure doucement la blonde avec délicatesse.

Le prêtre délaisse le couple pour rejoindre le box, il est un peu devant eux, ce qui ne laisse pas une grande intimité de discussion aux deux jeunes gens. Constance semble tout de même soulagée de sentir la main de Theodren dans la sienne, d’apprécier la chaleur de ses doigts sur les siens. Il est là, vivant, avec elle, il ne s’enfuit pas. Puis il parle, il évoque ce bébé, il l’accepte, son ancien nouvel amant évoque son enfant, le fait d’être père, puis mère pour la clerc. La blonde frisonne avec violence, c’est étrange, complexe d’envisager cette nouveauté : ils vont être parents ensemble. Il n’est pas mort. Elle lui offre un sourire, doux, amoureux, plein de promesses de ce renouveau. Son tendre s’approche, dépose ses lèvres au coin des siennes, elle frisonne encore, beaucoup plus, sa respiration se coupe. En un geste, il réveille le désir, celui qui était tapi au fond de son ventre. Elle veut plus, beaucoup plus que ce petit bisou prude. Immobile, Constance le regarde s’éloigner avec le goût de ses lèvres au coin des siennes, affichant un sourire et des yeux plus pétillants, elle finit par le rejoindre, simplement conscience que la priorité va vers Héloïse et cette envie de fugue. Juste avant de passer la porte, elle lui murmure qu’ils vont être parents, heureuse et rassurée de sa réaction.

Passant enfin les portes du box, la blonde sentit se léger malaise la gagner lorsqu’elle croisa le regard un peu surpris d’Héloïse. C’était particulier de se tenir aux côtés de Theodren, d’autant plus avec les derniers événements, maintenant qu’elle savait qu’il l’avait attendu au temple le jour de leur mariage. Loin de savoir ce que son amant avait en tête, la prêtresse resta discrète, dans un coin, quitte à relâcher la main de son futur époux. Les clercs présents qui tentaient de convaincre la malade rebelle quittèrent la pièce, laissant le jeune prêtre, Constance, Theodren et le couple. Le soigneur avait fini par prendre la parole, réalisant sa stratégie parfaitement pensée. Quand il demande au prêtre de récupérer plume et parchemin, Constance hausse un sourcil, sans comprendre, puis tout se bouscule, s’entrechoque, c’est le drame. La blonde se retrouve un peu sous le choc, les lèvres entrouvrent, la respiration plus complexe. Il souhaite organiser le mariage demain, DEMAIN. Elle fait un pas vers lui, s’apprête à refuser, à lui expliquer que c’est trop tôt qu’il fallait laisser le temps qu’ils se retrouvent, mais elle ne parvient pas à articuler un mot, juge-t-elle très certainement aussi lui devoir cet effort, ce pas vers lui.

Constance garde le silence, encaissant les informations, mais surtout essayant de se projeter à demain. Theo n’a certainement pas conscience de ce qui lui inflige, le chamboulement en si peu de temps. Il y a eu une heure elle était en deuil, maintenant elle devait accepter avoir fait le deuil de quelqu’un de vivant ET encaisser le fait qu’elle allait épouser le lendemain celui qu’elle croyait mort. Difficile. Douloureux. Inconcevable. Le prêtre a dû sentir le désarroi de la blonde, il lui offre un sourire compatissant, rassurant, elle l’ignore simplement suivant le mouvement et la sortie du box. Au vu des discussions, tous semblent s’affairer dans les préparations, imaginer ce qu’il fallait faire, tous sauf Constance qui ne semblait toujours pas ni réaliser ni accepter. Tout allait trop vite, beaucoup trop vite.

Theodren parle, encore et encore, explique comment tout va se passer tout en déléguant au confrère de Constance qui n’était en aucun cas obligé de faire quoi que ce soit, pourtant il se prêtait au jeu, semblait même emballé par cette idée un peu folle : réaliser un mariage et sa préparation en un jour. Une nouvelle fois, son désormais nouveau futur époux lui adresse la parole, il lui donner ses recommandations et Constance acquiesce simplement. Elle n’a toujours pas repris la parole ni prononcé un seul petit mot. La petite troupe arrive finalement en haut des marches et Theodren disparaît avec son ami. Non pas sans souffler quelques mots à sa douce future épouse.


- « Theo, attends… » ose-t-elle finalement s’écrier, elle descend les quelques marches, l’avise un instant. Elle a envie de tout lui dire que ça va trop vite, mais elle n’ose pas, elle culpabilise, il ne mérite pas ça « Soit prudent sur le chemin » souffle-t-elle finalement.

Puis, elle vient l’imiter, déposer ses lèvres au coin des siennes, juste une seconde, puis repart en arrière, retourne rejoindre le prêtre « organisateur ». Il lui sourit, elle fait de même et alors qu’il s’apprête à partir tout organiser, mais se permet une petite réflexion.

- « C’est normal d’avoir peur ma sœur, mais c’est parfois tout aussi important d’affronter ses craintes. »

Constance glisse un sourire faible sur ses lèvres, opine simplement avant de disparaître. Sa première frayeur, elle va devoir l’affronter immédiatement avec Héloïse qui doit avoir moult questions. Sans perdre davantage de temps, elle abandonne l’organisateur qui se dépêche de faire passer le mot, parce que si le couple n’a pas l’intention de rassembler beaucoup de monde, lui, ce n’est pas son cas, surtout qu’il convaincu que beaucoup vont se précipiter pour voir si cette fois-ci la jolie Constance allait se présenter. La blonde était loin d’imaginer tout ce qui allait s’enchaîner, poussant simplement la porte du box, elle y entra, dévisageant silencieusement une Héloïse qui attendait. Une minute s’écoula sans qu’aucune des deux femmes ne formule le moindre mot, ce fut finalement la plus jeune des deux qui brisa le silence.

- « Je le pensais mort… » tenta-t-elle de se justifier, de sentir un peu moins de culpabilité « Je ne pensais pas revenir à Marbrume… »

Héloïse la regarde, toujours silencieuse, ce qui ne laisse rien présager de bon, puis soudain retrouve tout son entrain. Persuadée que si Theodren la croit, c’est que c’est obligatoirement vrai.

- « Vous allez vous marier demain Constance, tu te rends compte, tu dois avoir hâte… Je ne tenais plus la vieille de mon mariage…. L’hiver est là vous n’allez pas avoir beaucoup de fleurs, mais bon… Il y a tellement de choses à penser, à faire, à dire… Tu as déjà imaginé ce que tu allais lui dire pour tes vœux ? »

Les lèvres de la blondinette s’entrouvrent et un petit filet d’air s’échappe. Une nouvelle fois, c’est trop pour elle et tout se bouscule dans sa tête, il y avait tant à faire et si peu de temps… Ses vœux ? Non, elle n’en savait rien, absolument rien et alors qu’elle s’installait sur sa chaise, Héloïse continuait à la noyer de question avec cet entrain que la future marié ne possédait pas.

- « Constance, tu m’écoutes ? »
- « Oui, oui… Je pensais à mes vœux… Tu disais que je devais penser à quoi d’autre ? »

N’en avait-il pas fallu plus à Héloïse pour repartir sur les explications et les compétences sportives qu’elle allait devoir appliquer pour la nuit de noces. Lâchant un nouveau soupir, c’est finalement une Héloïse soudainement compatissante qui s’était approchée de la petite blonde.

- « Tu as peur ? C’est normal, tu sais… »
- « Je sais… » souffla simplement Constance « C’est juste que… »
- « Ça va trop vite ? »
- « Un peu… je le pensais mort il y a une heure à peine et finalement, je vais l’épouser demain parce qu’il n’est pas mort et… »

Elle avait déposé sa main sur l’épaule de la prêtresse, lui avait murmuré de prendre une grande inspiration, pour la première fois Héloïse trouva les mots justes, ceux qu’il fallait prononcer pour atténuer son angoisse.

- « La question que tu dois te poser Constance, c’est de savoir si tu l’aimes, si tu veux te réveiller chaque jour à ses côtés, jusqu’à ce que la mort vous sépare. Si c’est oui, alors peu importe ta crainte et la rapidité de tout ça, ça ira… Si c’est non, alors tu peux encore repartir pour Ventfroid. »

Un sourire avait fini par se fixer sur les lèvres de la représentante du culte. Au moins avait-elle la réponse à cette question-là : oui, elle voulait passer le restant de ses jours à ses côtés et ne plus jamais connaître la douleur de le perdre. Les deux jeunes femmes échangèrent comme ça un moment, Héloïse offrant ses conseils primordiaux pour la réussite d’une relation.

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Theodren Hilaire
Theodren Hilaire



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MessageSujet: Re: [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo]   [Terminé] Douloureuse Réalité [Théo] EmptyMar 30 Oct 2018 - 12:11
Constance le rejoint, c'est un peu ce qu'il craignait. Cela va trop vite pour elle et il peut le comprendre. Elle essayait de faire son deuil plus tôt dans la journée puis voilà qu'elle l'épouse le lendemain. Il craint de devoir jouer serré pour la rassurer, car lui ne veut plus attendre, il veut vaincre ce destin capricieux qui les a éloignés bien trop longtemps à son goût. Mais elle lui demande juste de prendre soin de lui. Et elle l'embrasse, comme il l'a fait plus tôt, à la commissure des lèvres. Il s'embrase, il la désire, il veut plus qu'un baiser presque chaste. Le réalise-t-elle ? Ressent-elle la même chose ? Il la laisse s'éloigner pour éviter de poser un geste malvenu, mais décide de s'interdire de se taire.

- Je vous aime, mon colibri. Je ne veux plus être séparé de vous. Je serai aussi rapide et prudent que possible.

Il l'observe, hésite à l'embrasser puis fait demi-tour et fonce vers chez lui pour prendre ses affaires de mariage, la tenue, le bois de cerf, les alliances, puis arrange la maison, mettant du feu dans l'âtre pour que Gontrand y soit bien, un Gontrand qui avec la charrette aura été presqu'aussi vite que lui et aura pris soin de la rendre là où il l'avait "empruntée". Après la promesse qu'il viendrait le chercher et faire sa barbe pour les noces, Theodren le laisse s'endormir puis file rejoindre Héloise et Constance. Il profite que Constance soit assise pour l'embrasser sur le front et s'assure que la fièvre d'Heloise n'a pas repris. Une fois rassuré, il parle à sa future épouse.

- J'aimerais que tu ailles voir la couturière pour lui annoncer le mariage, l'inviter et récupérer ce qui sera ta dernière tenue de jeune fille et ta première tenue d'épouse. Ensuite je tiens vraiment à ce que tu rencontres Mère Athanasie. Tu risques d'être surprise, car elle te ressemble beaucoup, aussi physiquement, même si tu la surclasses en beauté. Bien, maintenant, Heloise, à ton tour...

Heloise se renfrogne, se doutant que le soigneur va sans doute avoir une discussion où il n'en démordra pas. Elle a du caractère, mais lui aussi et déjà elle se met sur la défensive. C'est que des engueulades, ils en ont déjà eues, lui avec sa détermination douce, presqu'attendrissante, elle avec ses certitudes et son parler franc. Et pour ne rien arranger, il a cette attitude douocereuse, celle du soigneur qu'elle exècre quand il veut lui faire la morale. Ce qui en général se termine toujours par un "cause toujours, gamin" qui fait qu'ils se font la tête pendant des jours.

- Ce que je vais te dire ne va pas te plaire. Je t'ai déjà dit que tu avais neuf vies, comme les chats et un foutu caractère qui t'a fait franchir bien des épreuves. Et si on y regarde bien, combien de tes collègues sont arrivées à ton âge, pétantes de santé et resplendissantes,, malgré leur métier et les vicissitudes de la vie ? Tu es la seule, Héloise, et j'en remercie les Trois.

Héloise hausse un sourcil, jusqu'ici, ça lui plait plutôt, mais elle attend le coup de massue, le "mais" qui emporte tout ce qui a été dit avant.

- Mais tu as quand même l'âge de tes artères et contre cela, la Mère la plus pieuse et le soigneur le plus habile n'y peuvent rien. Cette fièvre a brûlé plusieurs vies et j'ignore encore par quel miracle Constance a su te ramener parmi nous, mais je lui en suis gré.

Le regard qu'il lance à Constance est empli d'amour et de reconnaissance mais Heloise doit encaisser le choc. Elle n'avait pas réalisé à quel point elle avait été mal, l'ayant vécu plus comme un étourdissement qu'autre chose. Theodren sent que ça pourrait suffire, mais il poursuit.

- Je sais que Gontrand t'aime pur ta force de caractère, mais ce qu'il aime surtout, c'est ta présence à ses côtés, pas que tu courres dans tous les sens, que tu lui dises que tout va bien si ça n'est pas le cas. Je l'ai vu alors qu'il était revenu chez nous, il s'est endormi d'un coup. Pour la première fois, je l'ai vu vieux. Il a d'ailleurs chopé quelques cheveux blancs avec toute cette histoire, mais ça rajoute à son charme je trouve. Mais ça m'a convaincu d'une chose, il ne survivrait pas à ton départ, car vos coeurs battent à l'unisson. Et plus tu récupéreras, plus il retrouvera sa jeunesse. C'est ainsi, on n'y peut rien, mais ça veut dire qu'il va falloir que tu fasses de gros efforts...

Cette fois, Heloise baisse le regard. Les mots de Theodren sont durs, mais elle sait qu'il n'a jamais menti. D'ailleurs, il a pris la main de Constance pour se donner du courage et poursuivre.

- La fièvre t'a fortement diminuée, et tu as une capacité de récupération étonnante. Je ne m'attendais pas à ce que tu tiennes déjà assise après une telle alerte et je suis convaincu que c'est un don des Trois qui t'a été donné à la naissance. Et on ne peut user un don éternellement, par crainte de s'attirer la foudre des Trois et cette fièvre qui t'a affligée alors que jusque là tu étais épargnée est pour moi un signe. Il y en a d'autres. Tu m'as toujours considéré comme ton fils et ton fils se marie demain. Et si les Trois bénissent notre union et nous offrent la chance de donner la vie et n'en doute pas, c'est bien mon envie, ça fera de toi une grand-mère. Et une grand-mère, aussi jeune d'esprit soit-elle, ce n'est plus une demoiselle, mais une dame. Tu comprends ?

Heloise relève la tête, grimace, semble vouloir lui lâcher une vacherie mais finalement acquiesce simplement de la tête.

- Je n'ai pas connu ma mère biologique, mais je remercie les Trois de t'avoir mise sur mon chemin. Tu as bien pris soin de moi. Mon père n'est plus. Constance ignore tout de ses parents. Je ne veux pas que mon fils ou ma fille connaisse cela et je compte tout faire pour qu'il ou elle ait ses deux parents aussi longtemps que possible. Mais plus que cela, je veux qu'il ou elle connaisse aussi sa grand-mère Heloise, ou Tata Heloise si vraiment le titre de "mamie" t'ennuie. Si tu ne ralentis pas, future Tata, je crains que ce soit le dernier hiver que tu voies

Il serre un peu plus fort la main de Constance mais adresse un sourire radieux à Heloise.

- C'est totalement égoiste comme démarche. Avec nos horaires de dingue, nous aurons besoin d'une nounou, et je n'en veux nulle autre que toi. Et je veux qu'à l'adolescence, notre gamin ou notre gamine bénéficie de tes conseils pour apprendre à faire tourner la tête des filles ou rendre les garçons chèvre, parce que bon, Constance et moi, sur ce plan, on peut pas dire qu'on soit des modèles. Oh, pour ce qui est de l'amour, ça ira, mais les jeux de séduction... Puis, faut l'avouer, on est tous les deux trop sérieux, toi et Gontrand leur amènerez ce grain de folie qu'on n'a pas. Je sais déjà qu'ils vous adoreront et toi, tu vivras une autre jeunesse, mais surtout tu vivras !

Voilà, il a fait son laïus et implanté des images dans l'esprit d'Héloise. Et pourponner est un rêve qu'elle n'a pu réaliser et qu'elle ne s'imaginait pas réaliser si "tard" dans sa vie. Elle lance un regard moqueur à Theodren et Constance. Et c'est Théodren qui grimace.

- Mamie, tu peux toujours courir, jeune impudent. Mais Nounou, ça va, ça me plaît bien... Donc, ne plus agir comme une adolescente mais comme une Dame ? Ca va pas être simple, mais ça me paraît dans mes cordes. Puis donner d'atroces conseils à votre marmaille ? Je suis d'accord, mais vous avez intérêt à ne pas trop tarder, la patience n'est pas mon fort.

- Oui, et hors la cérémonie de mariage, restez ici jusqu'à ce qu'un clerc décide que le Temple en a marre de te voir ici et te renvoie chez toi ! Oh, et la nuit prochaine, comme ça sera la nuit de noces, Gontrand dormira ici, Constance et moi aurons besoin de notre intimité.

Il lui fait un clin d'oeil sur sa dernière phrase auquel elle répond par un sourire, mais le regard qu'elle lance à Constance fait comprendre à notre soigneur qu'elle négociera quand même pour ne pas rester trop longtemps ici. Il se tourne alors vers Constance

- Je la veille cette nuit, tu viens me remplacer au matin. Vous vous occuperez de vos coiffes et moi de la barbe de Gontrand. Puis on se reverra devant l'autel. Je sais déjà que tu seras étourdissante.

Il abandonne difficilement la main de Constance puis s'installe sur une chaise à côté du lit, gardant le silence. Puis une fois Constance éloignée, il s'autorise une confidence.

- J'ai retrouvé ma Constance, et je suis heureux. Simplement heureux. L'univers a retrouvé tout son sens... Non, il a enfin un sens. Je sais pourquoi je vis, maintenant, et pour qui et j'ai peur du lendemain pour la première fois. C'est une très bonne chose. Une très bonne.
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