Harang est une personne des plus banals. Celui-ci a un corps très émacié, cause du manque de nourriture dans les bas-quartiers, et des membres longs – voire très longs – et chétifs. Ces traits sont généralement disgracieux, ne le rendant pas très attirant. Malgré cela, Harang sait faire ressortir les meilleurs éléments de sa personne afin de charmer, que ce soit au niveau physique ou caractériel. Justement, venons-en. Tout dans l’apparence du jeune homme est fait pour plaire ou agacer, dépendant de la personne. Le col de la tunique déboutonné, il laisse aux personnes qui le veulent bien une vue sur sa poitrine; il prend généralement un malin plaisir à observer les réaction face à une telle grossièreté. Il se sait dégoûtant aux yeux de plusieurs, mais il ne s’en soucie guère … Après tout, qu'importe s'il arrive à charmer des catins avec cela. Ah !

Ayant grandi dans les entrailles puantes de Marbrume, Harang s'adapta rapidement à cette nature en devenant une personne sans morale – une morale trouble, plus précisément - et en adoptant un comportement se rapprochant de l'individualisme. Il prend ce qu’il considère comme étant sien, que ce soit au détriment des autres, ou non. Il n’aime pas particulièrement l’autorité, ne s’y retrouvant pas, ou tout simplement n’y voyant aucun intérêt ; cela nuit entre autres aux affaires. Ce qui peut aussi comporter son lot de problème pour un milicien face à ses supérieurs.
Étant un individualiste, Harang porte une grande importance à sa liberté, mais il ne cherchera cependant pas à protéger celle des autres ; à moins qu’il n’y voit une opportunité de contribuer à son bien-être. Néanmoins, celui-ci sait faire preuve d’une certaine gentillesse à l'égard des personnes qu’il apprécie. Et seulement ces personnes.
Par ailleurs, Harang ne semble pas porter une grande attention aux dieux. Pour la simple - et certainement bonne - raison qu'il ne croit pas en eux ; il ne croit pas en les dieux ! "Holàlà, l'hérésie est parmi nous !" aurait certainement dit le milicien sur un ton imprégné d'ironie. Plus précisément, Harang ne les porte dans son coeur. Il reconnaît leur existence, mais rare sont les fois où il mettra sa foi en eux. Mais cela peut arriver. Le jeune homme pense ainsi en raison de leur - légère - tendance à laisser l'humanité dans sa propre misère, sans daigner à lever le petit doigt.

Harang est né dans les bas-quartiers, fils d’une putain et de l’un de ses nombreux clients. Il est le premier d’une longue lignée d’enfants, destinés à errer dans les rues, comme plusieurs autres à Marbrume. À cette époque, sa mère était âgée de seize ans.
Ne sachant quoi en faire, elle le garda néanmoins au près d'elle, comme un premier jouet que l’on hésite à jeter, afin de se rappeler d’une époque passée avec nostalgie. Dans ce cas-ci, la relation qu’elle entretenait avec son premier fils était beaucoup plus malsaine.

Comme le voulait le statut social de sa mère, Harang ne grandit pas dans un milieu des plus enrichissants, intellectuellement parlant, ni propice à des créations de liens sains. Il fut, bien assez tôt, obligé de s’endurcir afin de survivre dans ce milieu hostile et particulièrement dur. Bien qu’il fût à son âge maigre et chétif, on lui attribuait généralement – que ce soit à contre-cœur ou non – un certain talent pour esquiver les attaques de ses aînés, en quête d’amusement dans ce milieu si fade, et surtout à fuir n’importe quel danger - tous confondus.

On lui connaissait d’ailleurs une certaine fourberie - ce qui n’était pas particulièrement étonnant quand on devait évoluer face à plus fort que soi. Plusieurs fois il fut acculé, et plusieurs fois il s’en sortit, comptant sur ce que les brutes n’avaient pas ; une forme d’intelligence et une agilité. Il se souvenait la première fois où il avait fait souffrir physiquement une personne ; un petit malin qui aurait bien aimé le trucider avec un tesson de bouteille. Les tendons d’Achille sectionnés, on a tendance à tomber au sol, criant grâce. Et c'est ce qui arriva ; il se souvenait avoir ressenti bien des choses, notamment un élan de plaisir frelaté.

Plus vieux, il sut tirer quelque chose du chaos qu'est Marbrume en devenant un pur opportuniste. Il trempa dans de nombreuses affaires louches. Une morale et une éthique ne lui ayant pas été instruite durant sa jeunesse, il ne se souciait guère de l'impact que pouvaient avoir ses agissements sur ce qu'il l'entourait ; ce qui faisait aussi de lui une personne parfaitement détestable. Ainsi, le jeune homme grandît. Les faibles liens qui l'unissaient à sa tendre mère faiblirent au fil des années, ce qui - honnêtement - ne le dérangea pas plus que cela. Quant à elle, elle continua ce qu'elle avait toujours fait; engendrer des statues de chair sans avenir.

Vint un temps où la vie fut plus difficile. Harang vagabondait toujours dans les rues, sans domicile fixe - et ça ne risquait pas de changer de sitôt. Outre quelques petites affaires louches avec des personnes tout aussi suspectes, il ne gagnait rien. Du moins, pas suffisamment pour subsister. Son éducation ne lui permettait aucune carrière dans le domaine des lettres, ni dans le commerce. Tout ce qui lui restait était le travail manuel. Mais une question persistait ; qui l’engagerait ?
C’était la grande question. Pour être parfaitement honnête, il n’avait que très peu de choix ; la milice ou … la misère. Toute suite, cela fut plus facile de choisir.

Il y avait, certes, d'autres choix, mais ils n'offraient que très peu d'avantage. Et l’entretient d’embauche n’était pas forcément difficile. On fermait les yeux sur les passés douteux, tant qu’on avait à offrir à la milice. De plus, cela pouvait comporter de nombreux avantages, surtout pour une personne de son type. Après tout, rien ne l’empêcherait de continuer ses activités illicites, une fois engagé. Il ne lui manquerait plus que de l’autorité que comporte généralement un tel rôle, et il serait un homme comblé.
Ainsi, le jeune homme, en quête de subsistance, se rendit au poste d’enrôlement. Nul besoin de dire qu'ils avaient sérieusement besoin de nouvelles chaires à canon. Aussi, nul besoin de préciser que Harang se ferait un plaisir de devenir l'un des soldats de plomb dont on manquait tant, pour autant qu'il soit payé.