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 Pour le pain d'une messagère [Terminé]

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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptyDim 4 Nov 2018 - 10:33
Alix aimait beaucoup Estelle Depondieu.

Déjà, parce qu'elle était très jolie. Ses longs cheveux blonds faisaient rêver la fillette qui ne pouvait s'empêcher de se les imaginer à sa place ; son sourire si doux, toujours gai, et ses beaux yeux vifs lui faisaient penser à une espèce de fée, gardienne de la cité et grande dispensatrice de caresses sur les joues, même si elles étaient sales.

Alors lorsque la petite fille voyait la messagère, elle ne manquait jamais de venir à sa rencontre, de l'accompagner pour un petit bout de chemin. Elle était toujours récompensée d'un petit morceau de pain, parfois d'une piécette ; aussi voyait-elle en elle une amie, presque une sœur tant elle se faisait une joie de la revoir.

Ce matin-là, alors que l'enfant battait les rues comme à l'accoutumée à la recherche d'une occasion de gagner de l'argent, elle courut à Estelle en l'apercevant au détour d'une petite placette. Mais ce n'était pas comme d'habitude. D'ordinaire, la messagère se montrait souriante et accueillante - aussi Alix s'approcha d'elle en trottinant doucement, en plissant un front inquiet. Que pouvait-il bien se passer ?

Elle comprit rapidement la situation, qu'elle arracha à force de question à sa gentille amie. Si la messagère ne pouvait pas faire son travail, alors elle n'aurait plus rien à lui donner. Plus de pain, plus de piécettes : il fallait l'aider. A force de courir les rues, l'enfant connaissait la plupart des gangs qui sévissaient dans le quartier, mais la peur l'arrêta tout de même. Comment une enfant pouvait-elle persuader des adultes qui faisaient la loi ? Ils lui riraient simplement au nez, et aucune solution ne serait trouvée. Il faudrait un autre moyen...

Il y avait Barral. Oui, lui, il travaillait pour la milice. c'était un homme fort, et tout, brave, courageux, alors peut-être qu'il accepterait de l'aider. Et elle lui donnerait tout l'argent que la messagère lui donnerait en salaire, et comme ça, il la garderait chez lui tout l'hiver !

- "Estelle, j'ai une idée. T'inquiète pas, je vais chercher mon ami, un ami à moi... on va t'aider, j'te le promets !"

Vite, l'enfant tourna les talons, et marcha jusqu'à la caserne d'un petit pas ragaillardi. Fallait surtout pas qu'Estelle perde son travail, et pour ça, elle était prête à faire beaucoup. Parce que le pain, c'était sacré !

L'endroit rempli de milicien, avec le gibet non loin, lui fichait souvent la frousse. C'était comme ça qu'elle avait perdu la maison de maman-nourrice, d'ailleurs, et que les deux petits avaient été mis en sécurité au Temple, à l'orphelinats. Combien de fois avait-elle été tentée d'y revenir, de supplier une place à nouveau ? Sauf qu'il semblait qu'elle était trop grande. Mais c'était pas grave, un jour, elle serait riche, et elle s'occuperait des petits comme avant. L'important, c'était qu'ils soient en sécurité et avec de quoi manger. Ses désirs étaient secondaires face à ces réalités essentielles ; c'était pour ça que la jeune bâtarde n'avait jamais cherché à les reprendre avec elle pour le moment.

Pour l'heure, fallait quand même se concentrer sur ses problèmes du moment.
Un peu intimidée, la fillette aux cheveux blonds et emmêlés s'approcha de la porte, avant de faire une révérence maladroite à un milicien en faction.

- "B'jour, m'sire... Je suis désolée d'vous déranger. Je cherche à voir m'sire Barral. C'est qu'il y a comme une urgence, et puis... j'ai besoin d'un milicien pour m'aider. Pour aider une autre dame. je joue pas, hein ! C'est très sérieux ! J'ai besoin d'aide."

Elle laissa échapper une quinte de toux, se frotta le nez avec la paume de sa main, puis redressa son visage hâve et enfantin en direction de la faction, en attente d'une réponse.
La peur commença à s'immiscer dans son ventre. Et si on la pensait de connivence avec le gang? Et si on l'arrêtait pasqu'on pensait que c'était une voleuse ? En plus, c'était assez vrai ; mais elle n'avait jamais rien volé de précieux. C'était l'essentiel, non ? Et puis là, elle faisait quelque chose de bien..


Dernière édition par Alix l'Espiègle le Lun 5 Nov 2018 - 16:45, édité 1 fois
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Othon ZollernCoutilier
Othon Zollern



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MessageSujet: Re: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptyLun 5 Nov 2018 - 15:47
Le milicien en faction n'était autre que l'ineffable Othon Zollern, centenier de son état, qu'un besoin pressant avait fait prendre l'air, et une faim tenace prendre une pause. Sous prétexte d'une faveur envers son subordonné affecté à la porte, le sergent s'était ainsi octroyé un petit moment paisible. Adossé à la bâtisse, le ladre s'y pelait lentement une pomme toute blette de son canif, jetant les pelures à une petite coterie de rat tout en observant lequel d'entre eux serait le plus courageux.

Par principe, le centenier tuait d'un coup sec deux d'entre eux. « Pour leur apprendre une leçon, que c'est, avait-il une fois expliqué à un de ses dizainiers, je tue le premier, pour motiver leur prudence, pis je tue le dernier, pour les secouer un peu. » La logique derrière cette expérience fonctionnait-elle ? L'homme aurait bien été incapable de le dire ; il avait seulement observé qu'avec le temps, les rats radinent plus vite vers lui, peut-être par habitude envers leur cruel bienfaiteur. Ses taloches ne semblaient étriller leur population, au contraire ; peut-être devrait-il un jour passer à trois victimes par curée.

Il fut toutefois aujourd'hui question d'une tout autre souris, lui faisant la courtoisie d'une visite. Faisant fuir les rats, la petiote se porta au devant du centenier, lui servant un babil dont il n'avait cure. C'était une gamine des rues, sans quoi elle ne serait jamais venue si effrontément auprès d'un soudard de sa trempe, mais Othon appréciait cela, de la même manière qu'il appréciait l'effronterie des rats défiant sa botte toute puissante pour quelques pelures de pomme.

« T'as pas mieux à faire que causer à des grandes gens comme myssègue, petit belette ? lança-t-il à la gamine. T'auras des bricoles, un jour, ouais. T'as de la chance que j'ai de quoi manger, la belette, sinon je t'y croquerais toute crue. » Il lança un quartier de la pomme à son interlocutrice, arborant un sourire canaille. « Qu'est-ce que tu veux, alors ? »

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Rémi Asselin
Rémi Asselin



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MessageSujet: Re: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptyMar 6 Nov 2018 - 13:29
Existait-il en ce monde pire souffrance que l’ennui ?

Ce matin, le jeune Asselin, après avoir accompli sa corvée quotidienne — nettoyer divers couloirs de la caserne en plus d’installer dans la cour Intérieure quelques manequins d’entraînement — s’en était rendu à quelque instruction fortuite auprès du sergent Zollern qui instruisait les plus imbéciles d’entre eux à diminuer adroitement la population grandissante de rongeurs de Marbrume. Tous regardaient, avec cette petite étincelle dans les yeux, le brave sergent qui se voulait être didactique dans ses propos.

Rémi, quant à lui, se retrouvait là, bras croisés, le regard perdu on ne sais où, la voix de son supérieur faisant echo dans son esprit en proie à des pensées bien plus fortes et bien plus sombres. Il lui vint alors une idée révolutionnaire.

Dresser les rats contre la fange. Si en effet les miliciens étaient tous aussi incompétents les uns que les autres — faute de recrutements forcés et de faits divers de corruption — peut-être que des animaux sauraient se montrer plus efficaces qu’une poignée de branquignols qui n’avaient de viril que l’apparence.

Lui préférait tuer des hommes et, si l’occasion le permettrait, sauver la veuve et l’orphelin de la fange.

Et l’occurrence, ce jour-là, il s’agissait d’une orpheline qui venait quérir l’aide de la milice. Une jolie petite bouille bien connue d’Asselin qui crut bouillir de l’intérieur. Presque en état de choc, le jeune garçon se contint, priant la Magnifique Anür pour que la petite Alix le remarque, eût-elle soufflé le nom d’un autre milicien sur ses petites lèvres fermes. Il eut comme un pincement au cœur, mais la chevalerie n’avait pas de nom et il se dit qu’elle avait oublié le jeune garçon affable qui, peut-être, l’avait laissée au Temple avec un sentiment d’abandon.

Il bouillit de plus belle lorsque le sergent rétorqua d’un ton sec à Alix, sans même lui témoigner une once de sympathie. Mais cette rage presque destructrice le quitta aussi vite qu’elle était venue.

Comme Asselin, le sergent était quelqu’un qui semblait aimer à se jouer des enfants. Il admit son emportement, balayant l’assemblée d’un regard inquisiteur.

Par chance, personne n’avait aperçu Asselin darder quelque regard assassin sur le sergent. Il lui était, somme toute, difficile de faire confiance à qui que ce fût.

Mais pas à Alix, devant laquelle il vint se présenter, d’un aspect somme tout théâtral, posant un genoux à terre et, dans moult cliquetis mécaniques, tel un squelette d’acier qui peinait à se mouvoir, il se mit à hauteur d’Alix, son regard bleu océan plongeant dans le jais infini des prunelles de la petiote, retrouvant du baume pour son cœur lourd et meurtri.

Ma demoiselle. L’humble chevalier que je suis, Rémi Asselin de son état, se porte volontaire pour secourir la demoiselle en détresse que…

Il s’arrêta net. S’il n’eût pas été le centre d’attention de la pièce plus tôt, tous le fusillaient du regard. Parmi les bleus, il y avait en effet ceux qui voyaient en Asselin un meurtrier, et d’autres un psychopathe qui se donnait un genre.

Le jeune s’éclaircit la voix avant de se redresser et, faisant montre de tout le respect qu’il dût à Zollern, oublia le ridicule dont il semblait s’être affublé, sa posture se voulant docile et respectueuse.

Mon sergent, avec tout le respect que je vous dois, la belette ci-nommée Alix est mon amie. Et si elle se trouve céans à quérir notre aide, c’est qu’il s’agit là d’un dernier recours. Je…

Il ne termina pas sa phrase. Il voyait bien qu’il faisait chier tout le monde à monopoliser l’attention de son air théâtral.

Alors il se rangea à sa place, le regard luisant sur Alix. Et l’envie dévorante de l’étreindre.
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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptyJeu 8 Nov 2018 - 11:48
Le centenier se retourna sur elle.

Il fallait dire qu'Alix n'avait pas forcément fait très attention à ce qui se passait à l'entrée de la caserne, mais ce ne furent pas les rats qui attirèrent son regard. Le centenier lui semblait très grand, et sa lame couverte de sang la fit reculer d'un pas.

Le vent glacé fit voler ses cheveux blonds, la fit frissonner dans sa petite cape de laine. L'adulte l'impressionnait, mais l'enfant crispa sa mâchoire. Il fallait qu'elle parle à Barral, qu'elle obtienne leur aide - et, finalement, elle ricana alors que le quartier de pomme atterrissait dans ses mains. Qu'il essaye donc de la croquer ! Elle avait des dents, elle aussi, et mordre sans hésitation tout agresseur impromptu lui semblait aussi normal que logique.
La petite était habituée à se faire rembarrer ; et elle allait ouvrir la bouche pour répondre, la bouche déjà pleine de fruit, qu'une silhouette se dégage du petit attroupement de miliciens.

Ses prunelles s'agrandirent de surprise. Aussitôt, elle reconnut Rémi, et le fixa avec émerveillement, tandis qu'il s'agenouillait devant elle, dans un grincement d'armure rouillé. Des étincelles dans les yeux, elle poussa un gloussement de joie, et commença à lui tendre la main, l'esprit rempli de rêve. Après tout, elle était fille bâtarde de noble. Peut-être qu'il avait découvert qu'elle était fille du Duc, et qu'il faudrait lui baiser la main quand elle s'abaisserait à descendre du château pour ...

La réalité reprit ses droits. Le jeune homme se redressa, reprit sa place, alors qu'une boule de chagrin se formait dans sa gorge. Il avait été si occupé qu'il n'avait pas pu tenir sa promesse de venir les voir au Temple, et maintenant qu'elle le voyait, qu'il était là, Alix avait terriblement envie de se nicher dans ses bras.
Et finalement, c'est ce qu'elle fit. Ses membres grêles tout tremblants, elle se précipita contre lui, contre ce rocher souriant et optimiste, pour déposer un baiser passionné, respectueux et aimant sur sa main.

- "Oh, Chevalier Rémi, une noble Dame est en danger ! Elle travaille céans pour le Duc et-et... elle a des ennuis ! Et c'est mon amie, mais j'peux pas aller voir le gang qui l'embête toute seule, pasque... ces mécréants vendent les enfants après dans des caves et j'ai la trouille d'rien leur proposer en échange. Mais euh..."

Est-ce que demander aux miliciens de l'aider était la bonne solution ? Si les miliciens mouraient à cause des gangs, ils ne seraient pas là, après, pour protéger les gens des fangeux...

- "Faut qu'personne crève. Sinon y'aura plus personne cont'les fangeux. C'est pour ça qu'je voulais demander à Barral, mais chevalier Rémi, je serai votre mie si vous m'aidez ! Je vous épouserai quand je serai plus grande !"

Il était si beau, si gentil ; oh oui... Alix était définitivement amoureuse. Comme elle avait hâte de grandir et de pouvoir devenir sa gentille amie !
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Othon ZollernCoutilier
Othon Zollern



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MessageSujet: Re: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptyJeu 15 Nov 2018 - 20:11
D'étrange, l'affaire devint cocasse, quand survint à la dextre du centenier un des hommes du guet un peu trop prompt à la génuflexion. Le ladre, singeant les chevaliers errants, se mit céans au service de la gamine faisant office de princesse en détresse. La belle affaire! D'ordinaire, Othon et les siens demeuraient affables envers la gueusaille, si tant est qu'on respecte leur autorité et qu'on leur témoigne quelque complaisance ; ce n'en étaient pas moins des crapules en uniforme, et il aurait été bien rare de voir pareil drôle jouant les paladins dans la sergenterie Zollern.

Plus singulier encore fut l'aplomb de la gourgandine, qui coupant la chique au paladin venu lui offrir son épée, s'emporta dans dans quelque effusion de reconnaissance. La petiote avait du bagou : voila qu'elle s'était amourachée du gandin. À la réflexion, notre échalas de service ne manqua de songer aux quelques agréments qu'un pareil marché aurait pu lui apporter ; après tout, ramasser une petite belette dans les rues ne lui aurait pas couté plus qu'un molosse à nourrir, et la danselette s’acquitterait fort bien de faire le souillon pour lui et ses coutillers. Eh, quoi ? C'était la moindre des choses, quand un grand seigneur tel que lui vous sortait de la misère, non ?

Les songes du centenier s'interrompirent cependant bien vite, quand en parallèle, il en vint à remettre la trogne du paladin des faubourgs. Ce n'était pas la première fois qu'Othon apercevait sa caboche ; la gourgandine mit un nom sur le blanc-bec. Ce gandin n'était autre qu'un des porte-glaive au service de l'ineffable coutiller Dreit, le même qui quelques mois plutôt avait fait de la milice un grand chamboul'tout, empreint d'un zèle un peu trop manifeste qu'il était. L'affaire s'était conclue à ses dépends, confirmant à notre échalas que sa politique du "pas de vagues", aux antipodes de celle de Dreit, était la bonne. Voila qui ne manquerait pas de susciter la méfiance du centenier, face à un des suiveurs de feue cette tête brûlée.

Or de la méfiance, notre grand escogriffe fait sergent savait en déployer des trésors. Ceci prit céans la forme d'un coquet interrogatoire à l'adresse de la gamine : « Avait qu'on te donne de l'aydance, ma fille, faudra un peu plus que ça de biscuit pour nos feuilles de choux, entama-t-il, affectant le sérieux. Ta gonze, c'est quoi son blase ? Tu jactes qu'elle est de connivence avec eul'duc, c'est vrai ça ? Méfie toi belette, c'est guère lumineux que de secouer eul'guet pour retrouver des chats perdus, donc si tu veux point te faire chauffer les oreilles, vaut mieux qu'on se déplace pas pour que t'chi. » Tombant le masque, il ébouriffa gaillardement la petite, son plus beau sourire canaille aux lèvres. « Pour commencer, elle est comment, ta donzelle ? Du genre mignonne et pas ingrate, j'espère, arharh. »

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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptyDim 18 Nov 2018 - 18:52
Toute rouge, l'enfant avait un peu oublié son objectif ; mais la voix du centenier la ramena un peu à la réalité.

Cet homme l'impressionnait beaucoup, et elle se crispa un peu, joignant ses mains derrière son dos. Il avait l'air drôlement sérieux, et à nouveau, Alix se sentit toute petite. Coupable. Seule la présence rassurante de Rémi lui permettait de garder son bagout et la tête haute, et elle piétina nerveusement. Elle sentait bien qu'elle allait devoir monnayer cette aide importante - mais elle n'avait pas peur de travailler, du moment qu'on lui donnait à manger et qu'elle pouvait rester au chaud.

Elle était pas là pour jouer et cela seul semblait compter - alors elle se planta devant le milicien, en posant ses poings sur ses hanches comme une matrone de vingt ans son aînée.

- "J'vous jure que j'vous mens pas !"

Bon, il était vrai qu'elle ne savait pas vraiment pour qui travaillait Estelle Depondieu ; mais ce n'était pas si important après tout. Elle ne mentait pas, si elle n'en savait rien, non ? Broder la vérité était sa spécialité, en tout cas dans sa petite tête blonde.

- "Elle s'appelle Estelle Depondieu. J'pense qu'elle bosse pour l'Duc, pasque ses missives sont très importantes. C'est logique ! Alors arrêtez d'm'accuser, j'viens pas pour un chat perdu. Pasque j'sais très bien monter aux arbres, mais là, c'est pasque les gangs l'empêchent de faire son boulot. En plus, elle est mignonne, elle a une belle poitrine. Mais si elle veut pas v'donner un baiser, moi, j'pourrais travailler un peu pour la milice en échange. Mais faut m'nourrir à la caserne en échange."

Alix fixa les hommes rudes qui l'entouraient. Elle n'avait pas grand-chose à monnayer, parce qu'à son âge, on ne pouvait pas donner son corps comme Estelle le pouvait - sauf qu'elle, ce n'était pas une prostituée ! - mais il ne fallait pas se laisser démonter pour autant.

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Rémi Asselin
Rémi Asselin



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MessageSujet: Re: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptyDim 18 Nov 2018 - 19:44
L’ouïe du mot « gang », en plus d’esquisser un sourire en coin sur la trogne du jeune homme, fit naître en lui un fort sentiment de justice. Il demeurait immobile tandis qu’il continuait de porter un regard amusé tant sur ses collègues que sur le gradé. S’il y avait des têtes à faire tomber, il voulait en être — pas par plaisir de tuer, mais par souci de faire régner l’ordre dans cette cité déjà en proie à ce prédateur tumultueux qu’est la Fange.

Elle bosse pour Son Altesse, tu dis ? Je n’en suis pas si sûr, bout de chou. Sinon, on présenterait la chose différemment. Personne ne doit contester l’autorité ducale et encore mois l’autorité divine — mais c’est un autre débat…

Le jeune garçon s’éclaircit la voix et revint au milieu de l’assistance, commençant à faire les cents pas. N’en déplaise aux pusillanimes. N’en déplaise au sergent.

Si la messagère dont nous saurions être les âmes salvatrices travaille effectivement pour Son Altesse, il est de notre devoir d’agir en urgence. Cela dit je n’en crois pas mot ; l’information viendrait du dessus. autrement. Et puis, quand bien même notre imploreuse n’aurait rien à voir avec Son Altesse, depuis quand nous laissons les « gangs » faire leur loi dans Marbrume ?

Il adressa un regard interrogateur, presque inquisiteur face aux troupes qui demeurait coises. Mais certains semblaient légèrement sourire. L’idée d’être payé en nature par une demoiselle ne les désenchantait guère.

Mon Sergent, je vous le demande avec le peu d’humilité qui est mienne. Allons rendre la justice de Son Altesse Ducale dans la cité de Marbrume !

La vérité ? Il s’ennuyait à voir Othon briser la nuque aux rongeurs. D’autant que leur existence posait moins de problèmes, selon lui, que celle de groupuscules et autres bandes défiant l’autorité de la milice.

Asselin se tenait droit devant son supérieur, prêt à essuyer les pires humiliations qui fussent, s’il advenait que le meneur d’hommes corrigerait le vingtenaire pour sa conduite… À défaut d’approuver sa requête.
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Othon ZollernCoutilier
Othon Zollern



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MessageSujet: Re: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptyLun 19 Nov 2018 - 13:02
Le centenier ébouriffa une fois de plus la tignasse en pagaille d'Alix, à la réponse de celle-ci. Elle était drôle, la belette! Si seulement elle savait que genre de gratitude on attendait de sa bonne amie, pour sûr se serait-elle acornardie, au lieu de vanter ses services. Mais hé, c'était là tout à l'honneur de son innocence. « Mire donc ça, Zollern, se murmura intérieurement le centenier, dans dix-ans, cette petite garce sucera des bites comme sa mère... t'imagines si la nature est bien faite! »

Les torves considérations d'Othon furent cependant à nouveau interrompues par le zèle outrancier du séide de feu Dreit, quand celui-ci, emprunt d'une hardiesse toute recte, bien aux antipodes du flegme othonien, avoua à qui voulait l'entendre être épris de justice et désireux de courser le malandrin jusqu'au septième cercle des enfers. De ceux qui rejoignaient la milice, on distinguaient généralement deux races : les idéalistes, et les intelligents. Finalement, ce n'était guère surprenant que ce Rémi, ivre de tout ce zèle, se soit retrouvé dans la brigade de l'ineffable Dreit, dont les fameux "idéaux" s'étaient si bien accomplis.

Quand bien même à l'opposé de la politique louvoyante du centenier, le jeune milicien savait cependant se faire entendre, ou du moins laissait à penser ce qu'il se dirait, dut notre grand escogriffe préférer la compagnie de ses rongeurs à celle de la belette. On ferait les gorges chaudes du flegme du centenier, de son indolence, pourquoi pas de sa trouille. Asselin n'était pas de sa sergenterie, et les Trois savent à quel point l'ambiance entre ces corps d'armes pouvait être électriques. Alors avec un remonté comme celui-ci, autant dire que ça jaserait.

« Ouais, comme tu dis compadre. Justice et reyctance pour eul'Duc, tout ça, coassa lassement le centenier plein de morgue. Allez, mène nous donc à ta gonze, petiote, qu'on y passe pas la journée. »

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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptyDim 25 Nov 2018 - 12:55
Une onde de soulagement parcourut le corps de l'enfant.

Les miliciens acceptaient sa demande, ils allaient l'accompagner jusqu'à Estelle, qui devait se demander ce qu'elle pouvait bien mijoter. Qui pouvait fort bien se dire que l'enfant avait oublié, alors qu'il n'en était rien !

Mais c'était partout. Les joues roses de soulagement, elle baisa rapidement le dos de la main des deux adultes en armes dont elle ignorait complètement les différences - peu importait après tout - et se dirigea d'un pas plus guilleret vers l'entrée du quartier du Goulot. Ce n'était pas vraiment la même ambiance que Bourg-Levant, avec ses tentes qui encombraient les rues, entre les mendiants, les voleurs et toute la racaille qui s'entassait dans la crasse ; mais en attendant, la débrouillarde enfant savait s'y débrouiller, et s'y sentait même à l'aise.

- "C'est par ici !"

Elle pourra la porte d'une taverne, filant à petit pas en direction d'une table à l'écart - le lieu convenu pour retrouver la messagère. Cette dernière s'était installée avec un modeste pichet, et semblait être sur le point de partir lorsque son visage commença à grimacer quelque peu en apercevant les gardes que la fillette traînait derrière elle.

- "J'vous présente Estelle Depondieu, c'est elle qu'à b'soin de nous !"

Alix lança un immense sourire, dans lequel on devinait manquait deux petites quenottes encore toute blanches. Qu'elle était fière d'avoir trouvée pareille équipe !
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Othon ZollernCoutilier
Othon Zollern



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MessageSujet: Re: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptyLun 26 Nov 2018 - 10:14
Ç'avait été une mauvaise idée que de suivre la jeune gourgandine, voila ce que se répétait Othon depuis qu'ils avaient pénétré dans le goulot. D'ordinaire, lorsque le Guet s'aventurait ici, c'était en douce, ou en force, mais à l'évidence, aujourd'hui ce n'était ni l'un ni l'autre. Seul-tout, si l'on acceptait le ladre Asselin qui l'accompagnait, notre échalas tâtait non sans nervosité la poignée de sa masse d'armes.

Fort heureusement, l'équipe pouvait compter sur cette habileté naturelle de notre drôle d'oiseau fait centenier à s'accomoder des situations les plus crapuleuses. Lui-même un peu trop crapule sur les bords, il s'était toujours débrouillé pour s'acoquiner avec la canaille plutôt que de la confronter. Ainsi, quand on finit par pénétrer aux Six roses, c'est d'un clin d’œil et d'un geste rassurant que le centenier signifia au taulier qu'il était pas là pour lui causer bisbille. Un instant de flottement plus tard, Othon rejoignait la fillette, qui ne devait avoir pas même perçu l'hésitation dans l'air.

La jeune Alix avait gagné une table au fond de l'établissement, où attendait une accorde demoiselle, vraisemblablement celle en mal de sauveur. Les présentations faites, notre échalas prit un siège face à la danselette, qui avait eut le goût de préparer quelques verres en rab. Se servant du pichet, Othon vida une première coupe de picrate acide qui lui arracha une grimace - mais bon, à quoi fallait-il s'attendre, dans le Goulot ?

« Centenier Zollern, lança le grand escogriffe sur le ton de la confidence, mais céans vous pouvez me donner du Othon. Pas que je m'amourache déjà de vos mirettes, mais voyez, fait pas bon de jacter céans qu'on est du Guet, dont acte : motus. » Il mima de se coudre les lèvres. « Myssègue se demande d'ailleurs ce qui lui vaut à madame de tirer de bons gars du Guet dans pareil endroit. C'est qu'on fait dans le juste, nous autres, dans l’honorable. Guère dans le truandage, m'voyez ? »

Rien n'était moins vrai ; ce n'aurait pas été la première fois que la milice se charge d'une sale besogne. Certes oui, mais ce genre de service, le Guet les réservait à des commanditaires un peu plus riches et puissants - mais hélas souvent moins charmants que la danselette céans.

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Rémi Asselin
Rémi Asselin



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MessageSujet: Re: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptyDim 2 Déc 2018 - 11:53
Le jeune prodige avait ainsi pris la suite du centenier, silencieux et docile, tandis qu’il avait jeté de temps à autres des regards à l’intention d’Alix. Cette petite escapade, qu’il imaginait déjà rondement menée — peut-être à tort — lui rappelait leur rencontre lorsque Dreit avait fait la rencontre de la gamine et avait demandé à la placer au Temple.

… Mais était-elle encore au Temple, cette brave petiote ?

L’heure n’était pas à la curiosité. Ils étaient déjà arrivés à destination et Asselin dévisagea, de son regard bleu océan, celle qu’on appelait alors Estelle Depondieu.

Rémi Asselin, pour vous servir, d’enchaîner le jeune aux dires d’Othon. Je vais accompagner le sergent Zollern pour résoudre votre problème. Mais vous devez absolument nous faire confiance et nous donner tous les détails possibles pour résoudre cette affaire sans incident. C’est d’accord ?

Son envie de savoir qu’il y avait des badauds qui méritaient la corde au cou était criante. Le jeune n’était pas du genre à jouer quelques bons médiateurs, mais plutôt débarasser la vermine sans sommation. Même s’il ne s’imaginait pas le faire sous les yeux de ces deux princesses, ni même sous le flaire du gradé, on disait néanmoins que derrière un arbre pouvait se cacher une forêt.

Ici, en l’occurrence, peut-être qu’Asselin mettrait la main sur un début de contrebande d’envergure, ou qu’en sait-on. Tout était bon à prendre.

Y pensant, le caractère affable et le sourire tendre, il continuait de dévisager Estelle, immobile. Elle n’oserait rien lui cacher, espérait-il.
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MessageSujet: Re: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptyMer 5 Déc 2018 - 19:43
Estelle était installée dans une taverne, les yeux rivés sur le liquide se trouvant dans son verre de vin. Elle l’avait payé un prix trop élevé, elle en avait parfaitement conscience, mais c’est l’unique chose qui permettait d’oublier l’espace d’un instant qu’elle allait perdre son travail à cause d’un groupe de brigand. Ils avaient insisté, repoussés toutes formes de négociation, la jeune femme semblait désemparé. L’idée de solliciter la milice lui avait évidemment effleuré l’esprit, mais les brigands avaient été suffisamment persuasifs : si la milice intervenait, sa fille y passerait. Estelle devait leur donner de l’argent pour passer, argent qu’elle n’avait évidemment pas et si elle ne le faisait pas c’était bien son travail qu’elle allait finir par perdre. Déprimée, elle avait porté le récipient à ses lèvres, avant une gorgée du précieux liquide pourpre, laissant ses doigts jouer sur le bois de la table, elle passa son autre main dans sa chevelure, avant d’écarquiller les yeux vers la fillette quoi arrivait vers sa position.

- « Mais qu’est-ce que… » balbutia la messagère en détaillant la gamine qui venait de la présenter à une troupe de deux miliciens.

Les deux hommes arrivant derrière elle portaient la tenue de la milice, l’un d’eux semblait même gradé. Camouflant une grimace, elle ne put s’empêcher de terminer son verre, avalant une longue gorgée jusqu’à ce que le tout soit entièrement vide. Le premier s’était servi un verre, grimaçant légèrement, comme-ci l’alcool qu’elle buvait n’était pas bon. N’avait-elle pas son argent pour s’offrir le vin le plus onéreux, elle. Fallait-il se satisfaire du nécessaire. Les deux avaient fini par s’exprimer, l’un d’une manière plus compréhensible que l’autre, ils voulaient m’aider ? Mais non, ils ne le pouvaient pas, ils allaient tuer ma fille en intervenant. Les prunelles de la blonde avaient dû s’écarquiller et la peur avait dû transparaître sur son visage avec une intensité déconcertante. Les yeux vibrants, tremblants, elle cherchait une solution pour repousser l’aide, sans paraître trop suspecte.

- « Je heu… Je ne suis pas certaine de voir de quoi vous parlez… Je… Tout c’est finalement réglé, c’était un malentendu… » elle dévisagea le sergent « Quelqu’un comme vous, dans les bas quartiers, ça ne serait pas commun non, alors… Je n’ai pas les moyens de vous rémunérer et puis… puis c’est réglé hein. » elle leva son verre vide avant de s’apercevoir qu’il était vide, s’adressant ensuite à l’autre milicien « Je voudrais bien vous faire confiance hein, c’pas que… Mais comme je viens de le dire, il n’y a pas de problème et sans problème, pas besoin d’aide, surtout de la milice… Vous devez bien avoir des affaires plus graves à régler, non ? »

Elle avait redéposé le verre vide, simplement, un peu trop brusquement sur la table, manquant de le faire tomber tellement la jeune femme semblait nerveuse. Elle avisa la petite un air désolé sur le visage, elle lui rappelait sa fille et sans ça, elle aurait très certainement parlé.

- « C’est gentil de vouloir m’aider petite, mais tu sais… Ce sont des affaires de grands, et des affaires quasiment réglés. »

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MessageSujet: Re: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptyMer 12 Déc 2018 - 18:01
Amener des miliciens en tenue au Goulot, c'était un peu risqué. L'enfant n'y avait pas pensé sur le moment, si désireuse de porter secours à sa prodigatrice de pains et d'argent ; et même Alix sentit le malaise qui régnait à la table d'Estelle.

Le front plissé, elle fixa chacun des adultes, se frotta un peu les yeux, vaguement soulagée pour la messagère. Mais si la situation s'était réglée, pourquoi l'attendre à la taverne comme convenu ? Et surtout, elle se sentait particulièrement déçue. Elle ne serait pas payée pour l'avoir aidé. Elle fit la moue, soupira, et but en catimini un peu de vin qui la fit grimacer. C'était amer et âpre, et l'odeur lui souleva le cœur ; n'empêche que ça brûlait bien la gorge et l'estomac, et que cette sensation seule était assez agréable.

- "Alors, c'est quasiment réglé... Je.. je voulais vraiment vous aider. J'ai pas osé y aller toute seule. Ils m'font un peu peur. enfin, nan, moi, j'ai peur de rien, mais les adultes m'écoutent pas forcément, voilà !"

La tête commençait à lui tourner un peu. Ses joues étaient devenues plus roses, et elle se raccrocha résolument à la table. Que faire ? Il restait plus qu'à s'excuser auprès de la garde.. et de chercher une autre mission payée. Et zut...

Alors Alix fixa les deux soldats, et baissa la tête, pas très fière. Toute honteuse en réalité, car elle avait peur, maintenant, de la réaction des deux soldats.

- "Euh... j'suis d'solée. J'vous en dois une, j'imagine..."

A vrai dire, elle avait surtout envie de décamper, et de se toute petite dans un trou de souris. Et peut-être de reprendre une gorgée ou deux de cette boisson infecte mais qui réchauffait quand même bien. Et qui lui donnait envie de rire, comme ça, pour rien, et de dire des sottises sans raisons !
A nouveau, la gamine se frotta le nez, et se mit à dévisager le peuple qui animait l'établissement. Brusquement, elle comprit combien c'était idiot de les emmener ici, et elle se trémoussa d'un pied sur l'autre, avec l'envie féroce de partir. Avec la peur qu'on ne l'associe à la milice.

- "On devrait partir, alors..."
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MessageSujet: Re: Pour le pain d'une messagère [Terminé]   Pour le pain d'une messagère [Terminé] EmptySam 29 Déc 2018 - 1:16


Estelle avait longuement détaillé les deux miliciens, inquiète. La messagère n’était pas une adepte de la sollicitude vis-à-vis de la milice, elle n’aimait pas mêler les hommes d’armes à ses affaires, d’autant plus quand ceux qui lui posait problème l’avaient justement menacé s’il devait avoir une implication de la milice intérieure. Gênée, elle avait offert un sourire un peu peiné à l’avant, avant de lui retirer le verre des mains, pas suffisamment rapidement pour l’empêcher d’avoir avalé une longue gorgée de vin. Passant une main sur la bouille de la gamine, la jeune femme s’était sentie un brin coupable de lui mentir de la sorte, mais comment pouvait-elle faire autrement ? Prenant une légère inspiration, elle avait délaissé les deux hommes, qui avaient semble-t-il trouvé une occupation ailleurs avec des charmantes jeunes femmes.

- « Il ne faut avoir honte d’avoir peur, ça veut dire que tu es encore en vie et que tu feras tout pour survivre, tu comprends ? » elle afficha un nouveau sourire « Puis les adultes tu sais, ils n’écoutent jamais personne. »

Ceci étant dit, la blonde s’était relevée pour rejoindre les miliciens, il n’était simplement pas question que la petite puisse obtenir une quelconque répercussion. Elle dut donner l’impression de parler longuement avec eux, sans que personne ne puisse réellement entendre les propos formulés. Après plusieurs minutes, la messagère avait fini par revenir vers l’enfant, lui tendant la main de cette manière particulièrement maternelle. Estelle n’avait qu’une idée en tête, ramené la gamine jusqu’à chez elle, puis essayé de résoudre le problème par elle-même.

- « Où est-ce que je dois te ramener ? »

Questionna-t-elle, une fois la réponse obtenue, elle raccompagna la gamine en évitant de la voir tomber, ou l’aidant à garder l’équilibre. Une fois sur le lieu, elle lui glissa discrètement dans la poche la récompense promise. Un bisou sur le front et la messagère avait fini par disparaître, non pas sans avant ça remercier sincèrement les efforts de la gamine des bas quartiers. Plus tard, après plusieurs semaines, on murmura dans les quartiers que les hommes avaient fini d’embêter la jeune, un milicien aurait fini par intervenir en embarquant tout le monde pour balancer le petit monde en geôle, nul ne sait si cela était du fait des deux hommes qui avaient accompagné la jeune fille, ou simplement le fruit du hasard. Toujours est-il que la situation était enfin réglée pour le plus grand plaisir de la messagère qui avait pu reprendre son travail, comme-ci de rien n’était. Après une semaine de calme supplémentaire, elle avait fait livrer à la petite une petite panière de pain.

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