[Terminé] Double cibles dans une intrigue complexe (PV Lyanna)

L'alliance, le contrat conclu entre le sulfureux Comte et la réputée voleuse avait été acté depuis quelques jours, peut être semaines à peines Rubis avait eut comme mission d'espionner un potentiel partenaire d'affaire du Comte de Rougelac, un Baron aux dents longues et un homme qui d'ailleurs était paradoxalement en rivalité avec Victor sur un tout autre sujet, un sujet qui requierait la présence de la fameuse voleuse de haut vol, alors qu'elle n'avait encore mit un terme à son premier contrat qui la liait au mondain

Ce sujet, il s'agissait d'une personne, d'une femme, d'un parti qui commençait à sérieusement intéressé le Comte de Rougelac. Était ce Séréna de Rivefière ? Ou Adélaïde de Rougesoleil ? Suspens... Toujours est-il que Victor avait expressément réclamer la présence de Lyanna le soir même où le coursier qui reliait son réseau avec toutes les ramifications, avait donc prit contact avec la dite interessé. Comment ? Cela restait un secret entre Rubis et Victor, mais toujours est il que le Comte s'était préparé à la recevoir dans un petit salon au rez de chaussé qui donnait sur son petit jardin par une terrasse.

Le Comte semblait figé dans son impressionnant fauteuil au dossier exagérément élevé qui le masquait totalement alors qu'il y était installé en noyant son attention sur les flammes dansantes de l'âtre. Il y avait un air de déjà vu ou plutôt déjà fait pour Victor, ayant offrit cette entrée en scène comme il l'avait fait pour la baronne de Nerra et sans doute comme il le ferait avec Serena de Rivefière le jour où il lui imposerait une invitation. Mais aujourd'hui, cette mise en scène était offerte à une voleuse qui pouvait sans mal s'introduire dans le salon grâce à l'excès vers la terrasse qui n'avait été volontairement verrouillé pour le soir.

Il ne manquait plus que son invitée... son pion des ombres, Rubis. Oh bien étendu, l'homme avait pour l'occasion choisit un vin un peu plus ordinaire, un vin de table en sommes, loin d'un cru que seul un noble palais pouvait réellement en apprécier les arômes en bouche.

Cela faisait quelques jours à peine que Lyanna s'en était retournée de la demeure de Rougelac, plus dépitée qu'autre chose. Il fallait dire qu'il y avait de quoi. Le propriétaire des lieux lui avait tendu un piège savamment exécuté et avait, par cette occasion, démasqué la belle Rubis qu'elle était. Son visage, son identité... Et une majeure partie de sa liberté. Ne parlons même pas de sa dignité, qui en avait prit aussi un sale coup. Lyanna se sentait prisonnière, à présent enchaînée à un homme qui, de toute évidence, était cruel, sans pitié, machiavélique et quelque peu tordu, également. Il lui avait fait promettre de répondre présente à chacun des services qu'il aurait à lui demander, sans quoi il se ferrait un malin plaisir de la dénoncer ou peut être même pire... Mieux valait ne pas repenser à la lanière de cuir avec laquelle il l'avait menacé...
Bref, Lyanna réfléchissait encore au moyen d'en apprendre plus au sujet d'Ulysse de Sombreval, la première victime que Victor de Rougelac lui avait désigné. Heureusement, il n'avait pas exigé d'elle l'exclusivité, donc elle pouvait aisément prendre de nouveaux contrats en même temps qu'elle s'affairait à honorer le premier. Dix jours, c'était court, mais Lyanna était confiante. Elle n'en était pas à sa première enquête à propos d'un noble. Elle en avait déjà fait plusieurs, par le passé. Même s'il ne fallait pas prendre à la légère ces gens, c'était sans grandes craintes que la rousse préparait le terrain avant de mener sa véritable traque.
Elle eut une désagréable surprise, cependant, quelques jours à peine après l'entrevu qu'elle avait eu avec le comte. A la taverne, encore et toujours, un messager vint la trouver. C'était un homme, banal, et il ne tergiversa pas. Sans détour, il lui annonça clairement que "Le maître souhaite vous rencontrer ce soir, dans son salon". La jeune femme du lui demander de préciser qui était ce maître dont il parlait, tant elle n'était pas habituée à être convoquée de la sorte. L'homme avait alors dit, avec un petit sourire, qu'il s'agissait de la personne qui savait tout d'elle. De là, il ne fallut pas longtemps pour qu'elle comprenne que les ennuis ne faisaient que commencer...
Alors qu'elle se mettait en route en direction du manoir de Rougelac, Lyanna sentait croître en elle une forte appréhension. Que voulait il? Etait ce au sujet d'Ulysse de Sombreval qu'il la convoquait? Si oui, se rappelait il qu'il lui avait accordé dix jours pour en finir avec cette mission? Et s'il avait décidé d'écourter les délais? S'il la menaçait à nouveau, pour X ou Y raisons? S'il avait de nouvelles exigences, à propos de leur accord? Il y avait de quoi ne pas être tranquille... Il pouvait tout aussi bien l'avoir fait chercher pour lui demander une nouvelle faveur. Mais cela l'aurait étonné, car elle se disait qu'il devait bien se douter qu'avec la mission qu'il lui avait déjà confié elle aurait beaucoup à faire... Enfin, bon, elle verrait bien une fois arrivée.
En vérité, Lyanna n'appréciait vraiment pas le comte. S'il y avait un homme dans Marbrume qui lui faisait peur, c'était bien Victor. Il possédait trop d'informations sur elle, trop de pouvoir et d'influence. De plus, c'était un homme détestable, pervers et manipulateur, dont les vices allaient sans doute bien plus loin d'elle ne le se figurait.
Elle arriva finalement aux portes de la demeure. Prenant un chemin détourné, elle atteignit sans mal le balcon qui conduisait au salon. Victor n'avait pas mentit sur les facilités qu'il lui donnerait lorsqu'elle aurait à revenir. Elle ne croisa aucun garde.
Elle pénétra dans le salon par la porte du balcon. Assis dans un haut fauteuil faisant face à l'âtre du feu, le comte de Rougelac l'attendait patiemment, perdu dans ses pensées. La discrétion naturelle de Lyanna lui permis d'entrée sans qu'il ne la remarque. Elle aurait bien aussi pu lui trancher la gorge par derrière... Mais elle se doutait que, là encore, il aurait prit les mesures nécessaires pour protéger sa vie. Aussi, ce n'était pas une chose à tenter. Malgré tout, elle n'avait pas oublié de se munir de son petit poignard, dissimulé dans le haut de sa botte.
La jeune femme toussota, pour annoncer son arrivée, avant de reprendre directement, d'une voix cassante, bien que toujours lente et caressante.

- Ne pouvez vous pas m'épargner votre mise en scène ou devrais je la souffrir à chaque fois que vous me ferrez appeler?

Son regard était perçant et plein de suspicions. Tant qu'elle ne saurait pas pourquoi elle était là, Lyanna ne se dériderait pas.
Sans bouger du devant de la porte, se tenant le plus loin possible de Victor, elle ne le quittait pas des yeux. Elle reprit, finalement, sur le même ton.

- Je peux savoir pourquoi je suis ici? Vous m'aviez donner dix jours. Je n'ai pas encore les informations qui vous intéressent. Vous ne pouvez pas exiger de moi tout d'un coup que je termine plus vite.

Il lui avait donné dix jours, pas un de plus. Seulement voilà que d'autres intrigues en parallèle des négociations avec l'audacieux Ulysse, s'accéléraient bien malgré lui, forçant ainsi le Comte à rajuster ses priorités et de fait celles d'un pion ô combien important en ces temps incertains. Si dans sa patience de recevoir la rouquine, l'impatience ne trahissait nullement les traits de son visage, Victor comptait machinalement chaque minute avant cette seconde rencontre, s'attendant d'ailleurs à ce que Lyanna ne se montre nullement conciliante et domestiqué d'aucune sorte, en tout cas pas pour le moment.

Il senti enfin sa présence et maîtrisant depuis bien longtemps les distances grâce au son, surtout dans cet environnement familier que représentait le salon, il comprit sans même se retourner ou de redresser, que l'espionne restait prudente et sa voix cassante le lui confirmait d'ailleurs sans mal.

- N'appréciez-vous donc pas la mise en scène ? Vous qui excellait pourtant dans cet art, cela m'étonne.

Lacha-t-il amusé, toujours dissimulé derrière ce dossier si haut qu'il en était presque grotesque. Puis il se racla la gorge, reprenant un ton des plus sérieux, désireux de rassurer au plus vite l'esprit craintif de celle qu'on surnommait Ruby.

- Oubliez ces dix jours, pour cette affaire, je vous en donne dix de plus. Ce dossier, cette affaire, ce Baron attendront. Je vous ai fait venir par... "nécessité de service"... Une autre priorité est à l'ordre du jour. Allons, allons, je vous en prie, quittez votre position, je ne vais point vous mordre voyons et qui puise est vous laissez entrer un désagréable courant d'air froid.

C'est alors que Lyanna pouvait apercevoir un bras apparaître de derrière le fauteuil, qui tendu à l'horizontal, invitait l'intruse à prendre place dans le petit canapé. Si la demoiselle semblait pressée, le Comte allait lui rappeler que c'était lui qui imposait le tempo, que cela lui déplaise ou non. Gardant encore le mystère, il attendait que son espionne se mette à l'aise non sans toujours chercher à garder un certain contrôle et entretenir sa dominante sur sa personne, élément clef de cette relation fructueuse.

Le moins que l'on puisse dire sur Lyanna, c'est qu'elle était méfiante. Bien sûr, elle l'était toujours, mais en présence de ce cher comte, elle se sentait plus que jamais menacée, mal à l'aise. Aussi gardait elle ses distances, de peur qu'il ne lui prenne un sursaut d'humeur ou une subite envie sadique. L'angoisse concernant sa mission ne faisait que grandir en sa présence, même si elle était bien résolue à camper sur ses positions concernant les délais de celle-ci.
Hors, elle n'eut pas attendre bien longtemps pour comprendre qu'elle était ici pour une toute autre raison. Si elle ne le voyait pas, de là où elle se trouvait, elle devinait aisément son sourire cruel et satisfait rien qu'au son de sa voix. Se moquant quelque peu d'elle, il l'invita néanmoins à quitter sa position et à le rejoindre au près du feu. Elle marqua un temps d'hésitation, peu rassurée à l'idée de s'approcher davantage de Victor de Rougelac. Pourtant, malgré toutes les politesses et les formes qu'il mettait dans ses propos, elle sentit que le choix ne lui appartenait plus, à présent qu'il possédait ce qu'elle avait gardé si précieusement secret : son visage et sa véritable identité. Sans pipée, et non sans lancer un nouveau regard haineux en sa direction, elle s'installa donc sur le petit canapé qu'il lui avait désigné, d'un mouvement lent et gracieux, sans doute pas très représentatif du milieu dont elle venait. Mais malgré son statu de chat sauvage sévissant dans l'ombre, Lyanna mettait un point d'honneur à être élégante. Son charme l'avait sortit de bien des soucis, par le passé... Il lui en avait causé beaucoup aussi, malheureusement.
Sans tardé, Victor lui appris qu'il lui allongeait le délai de sa mission concernant Ulysse de Sombreval. Lyanna en restait quelque peu perplexe. Elle ne s'était pas attendu à ce qu'un tyran tel que lui puisse accorder du temps supplémentaire à ses sous-fifres. Ce qui l'interpella encore plus, c'était cette priorité dont il avait parler, juste avant de lui donner l'ordre de le rejoindre. Non s'en une expression froissée par le désagrément qu'était pour elle cette nouvelle rencontre, elle laissa couler un bref silence, jugeant l'homme qui restait impassiblement serein, le visage maquillé de l'éclat du foyer qui flambait. Finalement, elle prit la parole à son tour, d'une voix quelque peu las.

- Je ne fais aucune mise en scène à visage découvert, cher comte. Et je crois que nous nous sommes promis de jouer franc jeu, tout les deux. Ne gaspillez donc pas votre énergie à chercher à m'impressionner. Nous avons dors et déjà conclu notre accord.

Elle le fixait, sans cligner des yeux. Si certes cet homme la terrifiait, il était bien hors de question pour elle de le signifier ou de le montrer de quelconque façon.
Elle reprit de ce même ton.

- Je vous écoute. Quelle est cette priorité dont vous parliez qui requière mon soutien? Tout d'abord, s'agit-il à nouveau d'une personne à espionner ou serait ce, cette fois-ci, un vol que vous me demander de commettre? Quant au baron de Sombreval... N'ayez pas d'inquiétude, je serais dans les temps.

Elle avait en effet déjà amasser une certaine somme d'informations lui permettant d'établir une routine chez le noble. Il ne lui manquait plus qu'à tendre son piège et attendre que ce cher monsieur ne se jette dedans...

La mise en scène était un talent inné chez le Comte de Rougelac et d'ailleurs les effets de cela se vérifiait sans peine. Oh oui, Lyanna le craignait, oh oui elle le croyait diabolique, machiavélique, il l'était en un sens mais sans doute pas au point que pouvait l'entendre la ravissante rouquine. Ravissante ai-je dis ? Ma fois, quand vous aurez vu "Rubis" jouer la féline pour venir s'installer non loin de vous misérable lecteur, vous ne pourrez qu'en venir à la même conclusion! Le Comte aurait sans doute parier quelques écus que la donzelle devait jouer de séduction dans l'exercice de son métier, loin d'être une catin, ses charmes pouvaient se révéler être des armes... mortelles ! Chassant ses délicieuses pensées de son esprit, il reporta alors toute son attention sur Lyanna qui enfin avait laisser une partie de sa retenue pour obéir à son employeur et s'installer confortablement dans le divan alors qu'en bruit de fond les accompagnaient le crépitement du feu causé par la combustion des bûchettes de bois dans l'âtre.

La laissant volontiers lui rappeler qu'elle ne désirait aucune mise en scène entre eux avant de réclamer au noble qu'il s'explique et cesse de tourner autour du pot, elle devait pourtant œuvrer en ce salon celons le tempo qu'imposait le propriétaire des lieux. Geignant alors faussement à en devenir presque caricaturale, il inclina la tête sur le coté en la toisant avec un certain amusement.

- Hmmmm... cessez donc de me dire comment je dois me comporter.

Il sorti alors les canines d'un air provoquant et joueur.

- Grrr... un vrai chat sauve, cela me plait beaucoup. Vous avez de la grâce mais faite moi disparaître tout regard haineux ou lasse. Je serais bien intéressé qu'un jour vous me fassiez une démonstration de vos talents d’acrobate délicieuse Rubis.

C'est alors que son visage se ferma, tout amusant quittant son être avant qu'un regard sérieux ne s'installe définitivement sur son minois de quadragénaire. Il semblait clair qu'il allait donner enfin matière à la demoiselle et ce sans détour.

- Il s'agit d'une personne en effet et d'une femme qui puis-est. Une femme redoutable je vous averti! Elle a désiré jouer un jeu dangereux avec moi même. Elle a su remporter le premier Acte tandis que le second s'est soldé sur un cuisant échec pour elle. Nous en sommes à l'Acte trois et ayant cerné le personnage, tout porte à croire qu'elle va chercher la moindre de mes faiblesse. Elle tentera par tous les moyens, je dis bien tous les moyens. Neutraliser les agents qu'elle engagera et il y en aura certainement plus d'un. Fouiller son passé et sa suite s'il le faut car je veux garder à tout prix un coup d'avance.

Il la fixa d'un regard entendu avant de se relever et servir deux coupes de vin pour venir frôler la proximité de Lyanna.

- Mademoiselle Desroses, si vous êtes amené à la rencontrer, soyez extrêmement prudente et je vous déconseille de pactiser pour me renverser car vous n'imaginez pas les milles supplices que je me ferais une joie de vous offrir avant de révéler votre identité. Que nous soyons très clair, notre contrat ne peut sous aucun prétexte être rompu.

Il vint approcher le dos de son index de la joue gauche de Lyanna avant d'achever son intervention.

- Permettez-moi de garder un coup d'avance sur mademoiselle Adélaïde de Rougesoleil, la Baronne de Nerra et je me montrerais extrêmement généreux en récompense. Décevez-moi et...

Il n'y avait nullement à terminer cette phrase, Lyanna se devait de faire le maximum pour elle et sa réputation et pour la promesse d'une récompense à la hauteur de sa prestation. Il vint alors attraper le menton de la rouquine avant de placer son propre visage devant elle.

- Attention, je le répète, la demoiselle excelle dans l'art de l'intrigue et méfiez-vous, ne succombez point à ses charmes car ils vous seront certainement fatale.

Avant de poursuivre, il fallait laisser l'espionne digérer et réagir à ses propos.

Lyanna restait muette, dévisageant avec une certaine férocité dans le regard le comte de Rougelac qui, de toute évidence, ne l'épargnerait pas cette fois encore de son petit jeu théâtral. Si celui-ci avait dont de l'agacé, il était néanmoins très efficace, puisqu'il ravivait chez elle une certaine animosité ainsi qu'une angoisse en bruit de fond qui n'avait rien pour lui plaire.
Victor l'invita à cesser de se comporter comme elle le faisait, noyant le tout de compliments. Enfin, de compliments... Ca y ressemblait que très vaguement, car en vérité il s'agissait plutôt de lourds sous-entendus qui avaient pour don d'offusquer la jeune femme qui avait en horreur qu'on la regarde de la sorte. Indignée, elle se redressa et leva légèrement les yeux au ciel. Ces hommes... Ils étaient vraiment tous les mêmes ! Une plaie... Si elle avait voulu répondre au comte d'aller se faire *suite censurée... mais il y a beaucoup de choses diverses et variées qui lui passèrent en tête*, elle s'en abstint néanmoins, cherchant par tout les moyens à adoucir un peu son regard perçant, mais le résultat n'était pas des plus probants.
Sa machoire se crispa, et elle fixa du regard, en silence, l'homme en sa compagnie qui menait son petit monologue. A nouveau, sa petite tirade se fit très théâtrale. Sur jouée, même. La mission semblait, cette fois, plus compliquée que ne s'annonçait la première commande qu'il lui avait faite. C'était une femme, déjà. Sur ce nouveau terrain, ses atouts physiques ne seraient de plus aucune utilité, en cas de pépin. Elle devrait tout miser sur la ruse, la discrétion et l'intelligence. Ca serait sans doute un duel sans pitié... Au moins, les informations recherchées étaient un peu plus précises... Prions pour que la demoiselle dont il était question soit particulièrement idiote !
Un instant, alors que Victor se levait pour servir deux coupes de vin, Lyanna songea qu'elle aurait peut être une chance de retourner sa veste. Elle pourrait avertir la dame en question que le comte était à ses trousses et jouer pour elle l'agent double. Se serait sans doute une belle aubaine, aussi bien pour moucher le Rougelac à son propre jeu que pour empocher la rançon en double... Mais si tôt cette formule c'était elle glissée dans ses idées que le comte lui interdisait déjà d'en avoir le projet. Nouvelle menace prononcée... Pas le choix, elle devrait s'en tenir à ses ordres... Une fois de plus, la vision de la lanière de cuir dans la pénombre de la chambre à couchée du noble lui revint en mémoire. Le scénario ne lui semblait vraiment pas très attirant...
Finalement, un nom fut prononcé. Adélaïde de Rougesoleil, la baronne de Nerra, serait ainsi sa prochaine victime. Pas n'importe qui, encore une fois... Ce ne serait pas chose aisée de l'approcher, ni d'entrer en catimini dans sa demeure... Ca promettait d'être intense. Une fois de plus, elle jouait avec le feu... Elle finirait sans doute un jour par si brûler.
Sans crier gare, le noble attrapa de ses doigts le menton de la jeune femme qui leva sur lui des yeux aussi surpris qu'apeurés. Il n'approchait pas son visage du sien, en fait il se tenait devant elle, la dominant de toute sa taille. Par là, il cherchait sans doute à bien lui faire comprendre la relation dominant/dominée qu'ils entretenaient tout deux. Il avait beau avoir affirmer le contraire lors de leur toute première rencontre, il ne faisait aucun doute qu'il était dors et déjà son maître, et qu'elle n'avait plus qu'à obéir aux ordres qu'il lui donnait. Sous peine de perdre de manière ferme et définitive sa liberté... Voir sa vie.
Lyanna baissa sa garde un court instant. Dans cette position, impossible de demeurer hostile tout du long. Elle avait craint un instant qu'il ne fut sérieux un peu plus tôt, et qu'il n'essaye de l'amener à faire plus qu'il n'était convenu entre eux deux. Mais fort heureusement, le comte semblait se satisfaire à l'intimider.
La rousse demeura un court instant immobile, son regard azuré perdu dans celui de l'homme qui lui faisait face, toujours assise sur le divan qu'on lui avait désigné. Puis, elle vint poser une main sur le poignet de Victor et d'une légère pression de deux de ses doigts le força à lâcher prise, libérant par le fait son menton. Sans lâcher son étreinte sur le poignet de l'homme, ferme mais non brutale, elle retrouva une voix plus sereine, moins emprunte de haine, et du même coup qui retrouvait le timbre suave qui lui était propre.

- Vous n'avez aucun soucis à vous faire. Je vous rappelle qu'en matière de discrétion et de précaution, c'est moi la reine à Marbrume.

La réputation de Rubis en était la preuve.
D'un mouvement lent et gracieux, elle se leva à son tour pour faire face à son "maître". Si elle retenait au mieux l’effarouchement qu'elle pouvait ressentir, son attitude elle démontrait bien qu'elle n'avait aucune intention de s'avouer vaincue aussi facilement et de céder les pleins pouvoirs à Victor. Question d'habitude surement... Ou peut être aimait elle tout simplement ce conflit de pouvoir, cherchant à son tour à renverser la balance en sa faveur. Quoi qu'il en soit, elle tenait toujours son poignet de sa main.

- La Baronne ne m'aura pas de ses artifices. Ses gardes ne me verront jamais, et s'ils me voient c'est que j'en aurais fait le choix. Néanmoins, si vous avez quelques informations susceptibles de m'aider pour je sois préparée au mieux, je vous serais grée de m'en faire part. D'abord, quel genre d'informations souhaitez vous avoir? Les choses compromettantes, ou plutôt le menu fretin habituel : fréquentations, goûts, préférences...? Ensuite, sauriez vous quelques petits détails, tel que ses habitudes? Reste-t-elle cloîtrée dans sa demeure ou sort elle parfois? Ce genre de choses me seraient très utiles et me feraient gagner beaucoup de temps...

Ses yeux toujours plantés dans ceux du comte, elle ne se démontait pas.
Ne croyez pas qu'elle avait cessé de craindre le comte de Rougelac, ce n'était pas le cas. Mais elle avait compris quelques choses nénamoins : tant qu'il aurait besoin d'elle, elle n'avait pas trop de soucis à se faire...

Si le Comte de Rougelac jouait encore et toujours de son art de la prestation théâtrale au grand damne de son interlocutrice, le contact et cette entretien farouche d'un certain pouvoir d'intimidation et de domination n'avait rien d'anodin. Ainsi, alors qu'ils se toisaient du regard tout du long des explications et menaces qui allaient avec les propos tenus par Victor, la rousse s'offrit l'audace de saisir le poignet qui tenait le bout de son menton.

La force exercée était toute subtile et mesurée de quoi inciter le propriétaire des lieu à relâcher ses prises. Mais étrangement, Lyanna semblait désireuse de maintenir ce contact alors qu'elle mettait en avant ses talents de roublarde, assurant discrétion et précaution auprès de son employeur. La "reine" de Marbrume, à ce terme, le sulfureux mondain ne put que se résoudre à esquisser un sourire de satisfaction. Il la laissa alors se redresser sans intervenir, saluant d'un regard entendu cette pugnacité à ne pas se laisser écraser par l'influence du riche noble de l'Esplanade.

Les événements n'était pas pour déplair au Comte et si Lyanna était consciente qu'une trahison l'enverrait tout droit à gouter au cuir d'une lanière à même la couche du sang-bleu bleu dans un ébat mortel, elle ne voulait lui céder les pleins pouvoirs et le montrait avec une certaine habileté avant de reprendre la parole pour obtenir plus d'ample détails sur sa nouvelle mission.

Si cette proximité avait indéniablement un parfum excitant et dangereux, Victor ne céda le moindre bout de terrain, allant même jusqu'à presser son torse contre l'impudante panthère, venant de ses lèvres frôler sa bouche sans pour autant chercher à l'embrasser, était-ce une fois de plus une sorte de tentative d'apprivoiser un animal qui pourtant resterait sans doute éternellement sauvage.

- Vos mots me rassurent, voila l'attitude que j'attend de "Rubis". Et pour tout vous dire, je veux tout savoir d'elle, de ces fréquentations à toute chose qui pourrait s'avérer être compromettante et qui pourrait la desservir. C'esr une demoiselle très active qui... j'en suis intimement convaincu, ne reste nullement recluse dans le confort qu'offre l'Esplanade et tout particulièrement la demeure de son suzerain direct en la personne du Vicomte de Terresang.

Il posa son regard sur cette main qui le tenait fermement un sourire espiègle à la commissure de ses lèvres, reprenant alors le cours de son exposé.

- Mademoiselle de Rougesoleil se plaît à séduire pour obtenir plus que des faveurs. C'est une vraiz prédatrice, tout comme vous l'êtes mais dans registre quelque peu différent, de duperie, d'espoir et de sombre tractation. Elle oeuvre avec finesse, faudra-t-il pour vous, jouer également de finesse. Je désire aussi connaître ses goûts, ses préférences, ses habitudes , car je joue avec elle une partie d'échec des plus complexe et il n'y aura qu'un seul et unique vainqueur, ce sera moi. De faite, prenez tout le temps qu'il vous faudra, informez-moi de chaque ms éléments en votre possession à mesure que vous vous faufilerez dans sa toile.

De sa main libre, qui avait précédemment posé la coupe qu'elle tenait, Victor vint à nouveau poser le dos d'un doigt sous le menton de la rousse, le geste était plus affectif que le précédent.

- Soyez extrêmement prudente et s'il vous faut vous acoquiner avec la donzelle pour obtenir ce que vous recherchez, revenez-moi seine et sauve car nous n'en sommes qu'aux prémisses de notre partenariat.

Victor ne réagissait pas à ses provocations. En soit, c'était tant mieux. Cela valait mieux que de se prendre un coup ou une nouvelle flopée de menaces. Mais malgré tout, Lyanna ne pouvait s'empêcher de se sentir frustrée au plus profond d'elle même de ne voir aucun désarroi ou colère passé sur le visage ou dans le regard du noble. Autant dire que ses frêles tentatives de rébellion laissaient parfaitement indifférent le comte. La jeune femme aurait aimé le surprendre et le battre à son propre jeu, mais ses petites phrases et ses petits gestes le laissaient impassible, et il demeurait d'un calme à glacé le sang... Il fallait peut être passé à un niveau supérieur...
Et quelle arrogance ! Qu'il était détestable ce cher Rougelac ! Non content de ne pas réagir outre mesure à l'étreinte qu'elle exerçait sur son poignet, il demeurait souriant, maître du jeu, et parfaitement supérieur à elle dans ses mots. Elle s'en sentait d'autant plus agacée et prise au piège. Elle aurait aimé explosé et se jeter sur lui pour lui donner une correction qu'il n'aurait pas été prêt d'oublié ! Mais elle gardait en mémoire la flopée de domestiques qu'il avait sous la main, ainsi que bien qu'étant loin d'être un soldat, il demeurait un homme : plus fort et grand qu'elle. Aucune chance de la battre sur ce terrain...
Victor posa un doigt sur son menton, de sa main qui restait libre. A quoi il jouait, à présent? Il n'y avait pas là une forme d'autorité, mais tout autre chose... Une sorte de... Geste affectif? Quoi, maintenant il pensait pouvoir la charmer? Quel impertinence ! Elle était là contre son gré, forcé à répondre à ses appels, un couteau sous la gorge, et il pensait en plus de cela pouvoir la détrôner à ce petit jeu?
En soit... C'était sans doute une bonne idée... Elle ne put contenir un petit sourire en coin.
Chassant de sa main libre et d'un geste plus doux et calme ce doigt qu'il venait de posé sur son menton, la jeune femme adoucit son regard, le rendant plus sensuel. Si ce n'était pas chose aisée, du fait qu'elle haïssait profondément cet homme, elle laissait néanmoins son charme naturel tenté de faire son oeuvre. Puisqu'il voulait joué à ça, il serait servi. Qu'il ne croit pas que tout lui était dû et qu'elle lui était soumise. S'il y avait bien une chose qu'il n'obtiendrait pas d'elle, c'était bien sur ce terrain. Elle posa suite à cela une main tendre sur la joue du comte et reprit à son tour la parole, de sa voix suave qui lui était propre.

- Si cette demoiselle est une prédatrice, cela fait donc de vous sa proie, contraint d'engagé un chasseur pour venir à bout de la bête. Ne vous en faites donc pas, Monsieur le comte de Rougelac. Je fais d'elle mon affaire et vous saurez tout ce qu'il vous est bon de savoir à son sujet.

Si le comte s'était approché un peu plus d'elle durant son récit, la jeune femme s'approcha un peu plus encore, à un rien de ses lèvres. Elle souriait de son stratège. De mémoire, elle avait toujours été très douée au jeu de la séduction. Elle se stoppa là, laissant son souffle caressé le visage du détestable comte, laissant planer quelques secondes d'incertitudes pour qu'il puisse s'imaginer déjà vainqueur.
Puis elle donna une légère, presque douce, tape sur sa joue de sa main, avant de lâcher ses étreintes et de se détourner de lui, pour lui tourner le dos. Elle se saisit d'une des coupes de vin qu'il avait remplit précédemment et une prit une fine gorgée.
Elle n'était pas une fine connaisseuse en vin. En fait, elle était plus souvent habituée à ceux que l'on servait dans les tavernes. Si celui-ci était plutôt bon, on restait bien loin de la cuvée qu'il lui avait servit, lors de leur première entrevu. Elle s'en contenterait néanmoins. L'alcool avait de sérieuses vertus revigorantes.
Elle reprit d'une voix plus claire, plus forte, moins enjôleuse.

- J'ai déjà ma petite idée sur comment procéder. Le mieux serait encore de me faire engager au près d'elle, en tant que servante ou quelque chose de ce genre. Il me faudra gagner sa confiance et me faire passer pour son amie. Ce n'est pas un plan certain, et s'il réussit, il faudra vous montrez patient pour obtenir de véritables résultats. Nous devrions convenir d'une date régulière pour que je vous fasse part de mes avancées...

Lyanna prit une nouvelle gorgée de vin, avant de se retourner vers le comte, un petit sourire malicieux aux lèvres.

- ... et pour mon paiement, bien entendu.

Ah Lyanna que vous êtes prévisible se dit Victor alors qu'il n'avait céder à la tentation de perdre ses moyens suite à son outrage d'avoir poser une main sur son poignet. Elle pensait pouvoir déstabiliser cet homme d'expérience ? Elle allait commencer à mieux connaître le personnage et sa capacité à garder le contrôle et son sang froid. De Rougelac amenait l'espionne là où il le désirait, son plan fonctionnait à la perfection. Cette proximité, il l'avait prémédité, les réactions de la rousse également, alors lorsqu'elle chassa son autre main de son propre menton pour ensuite venir caresser l'une de ses joue du bout des doigts, il afficha un sourire d'une déconcertante satisfaction. La voix suave de la demoiselle qui lui parvint ensuite à son oreille renforça ses convictions, voilà enfin qu'elle jouait de séduction, il n'était pas trop tôt. En prime, Lyanna comprenait enfin les rouages de cette complexe relation entre le Comte et la Baronne et sa clairvoyance le rassurait quand au choix qu'il avait fait de mettre son grappin sur ce pion qui prenait de plus en plus de valeur sur son échiquier.

- C'est tout à fait ça très chère. Il ne faut jamais s'arrêter sur l'apparence. Adélaïde est une jeune et mordante prédatrice, je l'ai comprit à mes dépend. Elle a su capter mon attention durant une soirée mondain avant de s'offrir le luxe de me traquer... Mais la seule chose que je corrigerais dans votre analyse serait que la proie qu'elle vise est un vieux lion qui ne manque pas de ressources... Peut-être me croit-elle vulnérable et c'est bien ce que j'espère qu'elle pense. Et... au moment où elle sautera sur sa proie, découvrira-t-elle l'amer déception de mordre la terre.

Leurs lèvres se frôlèrent et Victor ne connaissait que trop bien ce sourire perfide qui s'affichait sur l'élégant visage de la panthère, préméditant intérieurement ce qui arriva par la suite. Elle le repoussa avec douceur, croyant l'avoir définitivement envoûter par ces charmes, il lui fallait alors jouer de duperie. Ainsi, il prit un air faussement frustré, fermant les poings pour amplifier cette apparente déception. La demoiselle Desroses devait se convaincre ainsi qu'elle le tenait par ses pulsions masculine. Le Comte désirait à voir prendre ses aises, marquer le salon de son emprunte et il ne fut pas déçu du résultat alors qu'elle reprenait possession de sa coupe de vin. Ainsi, attentif, silencieux, observateur, il la laissa comme dans une pièce de théâtre, s'accaparer la scène avant qu'elle révèle plus encore ses talents qu'il n'avait de cesse de chercher à découvrir. L'idée qu'elle lui suggéra était en tout point excellente, quoi de mieux que de se mettre aux services de la cible pour mieux remplir sa mission ? La promesse était dangereuse, mais...

- Sans risque, sans audace, nul résultat. Et ne dit-on pas que la patience est une vertue ?

Jouant alors brillamment l'homme ensorcelé par la séduisante jeune femme, il glissa dans son dos, effleurant les courbes de cette dernière avant de venir lui murmurer dans un souffle chaud glissant sur sa nuque.

- Si vous parvenait à vous faire engager, nous devrons convenir soit de rencontre durant vos temps libre, soit... à une heure tardive durant laquelle mademoiselle embrasserait sans conteste les bras de Morphée... Quand au reste, ne me le rappelez point, je sais que vous êtes... extrêmement vénale et je serais me montrer... extrêmement généreux quand aux modalités de paiement...

Le duo semblait donc avoir trouver un stratagème qui pourrait fonctionner efficacement et sur le long terme, restait à savoir si Adélaïde ne découvrirait pas le poteau rose ? Après tout, Victor avait soigneusement jusque là effacé toute trace de lien avec Rubis, la Baronne aurait bien des difficultés à remonter jusqu'à lui ? A moins qu'elle ne fasse torturer l'espionne, mais nous en étions très loin. Poussant le vice, le jeu jusqu'à l'extrême, il resta camper dans le dos de la rousse avant de poser le délicat de ses paumes sur les hanches de cette dernière et ce afin qu'elle puisse croire qu'elle le tenait dans sa toile.

- Je pense que nous avons établi un plan prometteur, il ne vous reste plus qu'à vous mettre à l'action... Mais je le répète, soyez très prudente, rien ne doit remonter jusqu'à notre accord. Délectez-vous de ce vin, je vous offrirais d'autres joyaux soyez-en sûre, de quelques natures qu'il vous en plaira... Rubis. Vous êtes brillante et j'entretiendrais volontiers tout l'expression de vos talents.

Lyanna jubilait intérieurement. S'il la tenait par ses menaces et par tout les points forts qu'il avait dors et déjà en sa possession, elle possédait toujours un atout qu'il ne pourrait pas lui prendre : son charme. Au jeu de la séduction, elle était maître. Son corps fin, pourvu de formes généreuses, ses yeux d'un bleu profond et ses lèvres pulpeuses, l'avaient déjà sortit de bien des situations gênantes et même dangereuses. Entre autre, sa beauté lui avait permis de s'échapper sans dommage d'une altercation avec un milicien, il y a de cela quelques mois à peine. On aurait pu croire qu'être une belle femme dans ce monde 'homme pouvait se montrer assez embêtant, surtout lorsqu'on connaissait le triste passé de la jeune femme. Mais en vérité, cela la rendait insoupçonnable. Comment se douter que la sulfureuse rouquine n'était qu'autre qu'un génie du crime, sévissant dans l'ombre? Et se serait sans doute ce que penserait sa future maîtresse : juste une jolie demoiselle qui n'avait pas eu beaucoup de chance...
Quant à Victor, il savait pertinemment tout ce qu'il y avait à savoir sur elle. Mais il ne savait pas qu'elle ne jouait ce jeu que pour le simple plaisir de le décevoir, de le blesser, de rendre ses victoires moins complètes et agréables. Car oui, elle ne se doutait pas un seul instant que sa frustration était feinte, et savourait déjà le plaisir de ne pas lui offrir ce qu'elle était entrain de lui suggérer.
Lyanna se délectait de son vin, un sourire triomphant sur son visage. Victor vint se glisser dans son dos, la frôlant de son buste. Un frisson la parcourut... Pas de l'excitation, non, mais une bonne dose de révulsion. Elle ne jugeait pas les gens sur leur apparence, parce que si c'était le cas, le comte était loin d'être laid. Mais cette personne lui était insupportable de par son comportement et son caractère. Sa suffisance, son arrogance... Sa cruauté, ses menaces... Tout pour dégoûter la jeune femme de sa simple prestance. Néanmoins, la jeune femme ne bougea pas d'un pouce, continuant de mener le petit jeu qu'elle avait mis en place. Il fallait tenir bon, bientôt elle serait dehors... Et elle le saurait : elle aurait gagné cette bataille. Il demeurerait seul, frustré, ses désirs inassouvis... Oui, il fallait continuer.
La belle rousse conserva donc son sourire, sans se retourner, écoutant les réactions et directives de Rougelac dans un silence qui se voulait mystérieux. Elle sirotait son verre, attendant patiemment qu'on la congédie... Ou qu'il lui formule la demande d'aller plus loin. Elle pourrait alors le détromper, le décevoir, lui porter un coup...
Mais au lieu de cela, l'homme posa ses mains sur ses hanches, avec une certaine douceur. Ce nouveau contact provoqua un petit sursaut chez la jeune femme, qui tourna légèrement la tête, pour voir son visage du coin de l'oeil. Ca devenait de plus en plus dur de rester dans son rôle...
Pourtant, Lyanna essaya de garder son calme, conservant sa voix suave et assurée de son mieux :

- Je crains ne pas pouvoir vous avertir de mes futures visites. Disons que je vous en ferai la surprise, lorsque j'aurai un peu de liberté et suffisamment d'informations à vous délivrer.

Avec douceur, elle reposa son verre à moitié vide sur la table et pivota sur elle même pour lui faire face, sans chasser les mains qu'il avait posé sur elle. Elle rêvait de se libérer de cette étreinte, aussi délicate soit elle, mais si elle l'avait fait, elle savait bien que c'était elle qui serait reparti frustrée, encore une fois dominée par la vilaine personne du comte.
Le gratifiant d'un regard plus doux, un petit sourire aux coins des lèvres, elle demeura là, sans s'approcher ni se reculer, la tête levée vers celui de son maître et bourreau.

- Vos inquiétudes et conseils sont touchants... Mais encore une fois, vous n'avez aucun soucis à vous faire. Je reviendrais bientôt vous voir, et aucune ombre ne viendra entacher vos affaires...

La jeune femme laissa planer un silence, pensant lire un désir naissant dans les yeux du comte, qui croissait à chaque seconde où ils restaient ainsi, silencieux, proches l'un de l'autre.
Puis, elle approcha très légèrement son visage du sien, avant de murmurer :

- Je vous souhaite une bonne nuit, Monsieur de Rougelac...

Une lueur victorieuse dans les yeux, elle pivota à nouveau, se libérant de l'étreinte de Victor. Puis s'avança jusqu'à la porte par laquelle elle était entrée, quelques instants plutôt. Roulant les fesses, balançant ses hanches. Elle n'accorda un nouveau regard au comte qu'une fois sa main posée sur la poignée, prête à partir...

Si le Comte de Rougelac n'était pas dupe quand à la délicieuse et non moins provocante attitude que lui offrait Rubis, cette dernière n'avait pas tout à fait tord. En effet, elle éveillait certains désirs chez son ténébreux employeur qui se savait piégé dans une fausse attirance. Lyanna n'avait nullement quitté sa subtile étreinte et pire encore, elle l'entretenait jusqu'au bout de leur entretien. En un sens, il haïssait l'outrage flagrant qu'elle lui offrait avec une audace déconcertante, mais c'était aussi ce qui faisait l'une de ses force. Elle représentait en somme, un trophée impalpable, inatteignable et le seul moyen d'assouvir ses pulsions de mâle aurait été qu'elle échoue et qu'il l'étrangle en plein ébat. Provocante, le menton relevé, ce petit sourire malicieux aux lèvres, elle cherchait à rééquilibrer le rapport de force établi par ce dernier et à dire vrai, elle s'offrait son premier succès malgré les apparences.

Constatant ses propres limites, Victor n'en oubliait pourtant pas que la demoiselle Desroses marquait de son emprunte ses talents. Le rassurant, elle s'employa alors avec dextérité à quitter cette proximité non désiré pour prendre la direction de l'accès qu'elle avait emprunté plus tôt pour s'introduire dans le luxueux salon, ne manquant pas de se montrer aussi féline que séduisante. N'ayant quitter sa position, de Rougelac pivota pour l'accompagner du regard, inclinant légèrement la tête sur le coté en dévorant sans complexe son déhanché ravageur. Lyanna pu très certainement le voir poser son regard carnassier sur son physique aguicheur et pouvait s'en satisfaire, lui n'en avait nul honte. Une main alors posé sur la poignée, elle semblait prête à partir lorsqu'il lui en aurait donné le droit. Alors, quittant l'aphrodisiaque de ses courbes, de sa croupe, il releva la tête non sans lever sa coupe dans sa direction.

- Vous pouvez disposé Rubis. J'ai foi en vous et vos talents, sinon je n'aurais prit la peine de m'attacher vos services. Votre succès sera mien dans ces manœuvres à venir et croyez bien que je vous souhaite toute réussite, même si dans la défaite j'aurais obtenu votre croupe pour dédommagement avant de vous offrir la plus délicieuse des mort.

Il lui adressa un sourire espiègle et son regard ne trahissait une forme de défaite sans que cela ne le dérange outre mesure.

- Il y a des batailles que l'on ne gagne, mais plus grandes sont les guerres que l'on remporte. Bonne nuit, ma panthère et garder ce mordant intacte.