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 Les tarés du quartier

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Kryss l'OsseletSaltimbanque
Kryss l'Osselet



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MessageSujet: Les tarés du quartier    Les tarés du quartier  EmptyJeu 14 Fév 2019 - 20:28
Les tarés du quartier  First_11

A la pointe d'un lever du jour maussade, des épais nuages grisonnants couvraient le ciel des bas-fonds de la Cité, s'efforçant de contenir la lumière s'en venant difficilement, laissant au mal perdurer en une brume opaque noyant les rues crasseuses d'où se réveillaient, peu à peu, les ivrognes de la veille ayant trempé dans la mélasse des heures durant. Et titubant tels des morts à travers les ruelles du Goulot, animaient les lieux de grognements sourds et de jets gastriques décorant quelques façades. Et d'autres encore combattaient le froid hivernal, accolés aux bouches d'égouts en quête de relents chauds hautement nauséabonds provenant des profonds souterrains tentaculaires. Des giclées de prostituées trainaient déjà le long des murs, se tortillant les fesses contre l'enceinte du bordel d'où elles travaillaient durement, certaines plus effrayantes que d'autres d'un trop plein de maquillages leur dégoulinant sur tout le visage. Des bandes d'enfants aux habits déchirés couraient dans les dédales salasses, volant, pillant, mendiant ou se nourrissant de petites choses ramassées çà et là. Et les énormes rats, plus rapides qu'eux, leur dérobaient sous leur nez les précieuses saletés abandonnées. Les pestes noires, pour certaines, étaient obèses car grignotant les crasses les plus pâteuses remontant des cavités et s'écoulant en les caniveaux lors des fréquentes inondations causées par la populace mourante et leurs nombreuses latrines communes maltraitées. De ce fait, les répugnantes créatures ne pouvaient plus se frayer un chemin dans les interstices, car trop grosses, et attaquaient les petites gens proches d'eux, n'arrangeant en rien les conditions urbaines insalubres.

Dans une impasse aux odeurs infectes s'échappant d'un puits au centre d'une petite place, au fin fond d'une ruelle à l'entrée dissimulée par un brouillard si trouble duquel on penserait presque y suffoquer, d'affreux bruits de déglutitions retentissaient, raclant les parois d'une gorge malmenée par deux doigts entiers y étant enfoncés et titillant frénétiquement l'espiègle glotte humide. Quelques jets furent éjectés par dégorgements, puis l'équivalent d'un seau bien rempli éclatant sur le sol d'un claquement grave. Une respiration saccadée d'un souffle torturé, essayant en peine de reprendre une cadence normale. Quelques bruits de ravalements, plusieurs inspirations et expirations poussives, et finalement un rire de satisfaction. Sortant tout sourire des latrines en ruine, il fredonnait joyeusement l'air de l'hymne qu'il aimait tant, s'essuyant salement la bouche pour y ôter les quelques immondes morceaux s'y étant agrippés. Et les grelots tintaient de son chapeau et de ses pieds, devinant un pas de danse et puis un autre, un saut et un deuxième, et enfin rejoignit l'imposante roulote de bois à sa gauche. A son passage, il déroba un plat de bouillie incolore et informe d'une petite table ronde chancelante et se posa dos contre « La Poubelle », scrutant de l'autre côté de l'ancienne « Place aux rats » plongée dans un lourd silence à présent en ingurgitant par poignée la purée grisâtre semblant avariée depuis quelques jours. Et de gauche à droite, et de droite à gauche, sans cesse, sa tête balançait sous le rythme de ses fredonnements compulsifs, un pied tapotant par légers coups les briques fendues par le tapis de vase sous elle.

Une porte claqua à l'intérieur de la bâtisse sur roues, ensuite des pas engagés firent échos dans l'escalier en colimaçon. Kryss leva les yeux vers le ciel, ingurgitant une portion de gélatine dans sa bouche et forma une mine déconfite à l'image d'un sacripant attendant de se faire gronder. Un nain bosselé sortit colérique de la roulotte, tenant un balai à serpillière. Le regard sévère, l'air grognon, ce dernier fronça les sourcils en croisant le bouffon squelettique qui recracha dans son plat une partie de ce qu'il venait presque d'avaler.


« Ben, mon p'tit bonhomme ! Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda-t-il étonné après avoir failli s'étrangler.
— Eh bien, vois-tu Chef, j'ai la grosse commission ! lui cracha le petit homme énervé.
— Mais c'est très bien ça ! Je suis heureux pour toi et ton minuscule popotin ! s'en réjouit-il d'une douce ironie. Mais dis moi…, pourquoi donc te balades-tu à poil ? T'as le sifflet à l'air, Kraker ! Il pendouille d'un côté, puis d'un autre à chacun de tes pas, et je ne peux pas m'empêcher de le regarder ! Je peux presque même le toucher de mon index ! dit-il obnubilé en gesticulant son doigt comme un ver en direction du petit bout filamenteux de son colocataire.
— N'essaye même pas ! s'écria le colérique nain en s'écartant de quelques pas. Je suis chez moi ! Je me balade comme je veux ! Et puisque Monsieur le Chef a encore salopé le sol des trous à pisses de ses régurgitations quotidiennes, je dois me coltiner le nettoyage avant d'aller pouvoir chier !
— Ah, oui ! Tu as raison ! en rigola le garçon. J'ai rien nettoyé du tout ! J'aurai pu au moins faire ça dans un trou…, songea-t-il, le regard profond vers le ciel. Je suis incorrigible ! en conclut le bouffon du roi d'un ton ironique un tant soit peu je-m'en-foutiste irritant le nain plus qu'il ne l'était déjà avant de s'avancer et de lui pincer la joue. Mais c'est un bon Kraker ça ! Un bon Kraker ! Va laver la memerde à chechef ! Va petit bougre tout nu ! s'exprima le jeune homme d'un ton maternel.
— Je t'emmerde ! hurla le nain en s'en allant vers les latrines, le balai en main et les fesses à l'air.
— Si petit et déjà grand... », murmura Kryss attendri en l'observant partir, un sourire béat avant de reprendre une bouchée de sa visqueuse purée.

Son regard gris clair se porta à nouveau de l'autre côté de l'impasse, à son entrée brumeuse, et sa tête se remit à balancer, fredonnant de nouveau l'hymne des « Macchabées ».

Les résidents du Dépotoir, comme la plupart des gens du Goulot, vivaient sans réelle notion du temps ; le soleil, qu'il se couche ou qu'il se lève, la lune à demi ou entière, qu'importe, la survie primait en les bas-fonds, avec ou sans talent. Alors, être matinal n'avait aucun sens ici. On dormait quand on le devait, par fatigue, sans se soucier de l'astre brûlant du jour ou de sa timide sœur dorée. Et les Fangeux, au-delà du mur, étaient pires encore car jamais ne se reposaient, toujours en quête de chair à déguster, à ce que pensait Kryss, en tout cas. Mais qu'en savait-il de plus, lui qui n'en avait aucunement aperçu de sa vie. Il y avait bien eu cette invasion de Fangeux en la Hanse l'année précédente mais jamais jusqu'au cœur du Goulot lui-même. Bien loin les problèmes, se disait-il, et tant qu'ils ramenaient toujours plus de populace, tant mieux.

Sa langue fit trois fois le tour de sa bouche, essayant désespérément de décoller un morceau d'entre ses dents et, bifurquant sa tête, croisa le regard minuscule de la poupée plantée à son sceptre apposé contre la façade de bois de la roulotte. Les jambes écartées, laissant au bâton la pénétrer, elle lui ordonna une chose. Le jeune homme s'exécuta immédiatement, baissant la tête comme un chien qu'on aurait frappé. Et la poupée l'insulta à en croire l'expression du visage innocent du bouffon.


« Oui, oui, je vais tout manger, m'man ! Je vais le faire, regarde ! » lui dit-il en s'efforçant de tout ingurgiter pour finalement tout recracher dans le plat de quelques pénibles sons de strangulations.

Il releva la tête, s'empara de sa marotte et s'excusa avant d'apercevoir au travers de la brume, à l'entrée de l'impasse, une silhouette se former. Alors Kryss reprit les devants, posa sa marotte contre le bois pourri de la baraque moisie et s'enfila une bouchée de ce qu'il venait de recracher avant de la mastiquer dans les moindres recoins de sa cavité buccale.


« De la visite ! Pourquoi pas ! » pensa-t-il ravi en avalant.


Dernière édition par Kryss l'Osselet le Ven 26 Juil 2019 - 4:36, édité 1 fois
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Haral MortenuitBarde
Haral Mortenuit



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MessageSujet: Re: Les tarés du quartier    Les tarés du quartier  EmptySam 16 Fév 2019 - 15:17
   Mais comment pouvait-on vivre dans un endroit aussi sale?

    Ç’avait été une soirée comme les autres, dans une taverne du Goulot tout ce qu’il y a de plus crasseuse et grotesque, peuplée d’êtres sales et édentés aux yeux jaunes et vides que seules les petites gens les plus pauvres possédaient. Voici ce que des siècles d’orgies entre cousins offraient au monde s’était dit le barde, comment ne pas être confus lorsque votre frère peut être à la fois père et oncle? Voilà qui poussait à se réfugier dans l’alcool et se nourrir de rats avant d’aller enconner la cousine/soeur/mère et perpétuer cette tradition de débauche populaire.

    Triste humanité…

    Les rats? Il y en avait plus que d’êtres humains! De toutes tailles et de toutes formes. Du rat chétif et malade, presque glabre qui se nourrissait des miettes qui traînaient sur le sol sale et boueux des ruelles. Au rat gros et gras pas fine gueule qui dévorait goulument la merde et les cadavres sans distinction. Que dire du nombre de puces qui peuplaient cette multitude de dos crasseux et poilus? Seule l’humanité crevait en ces lieux putrides où toute lumière semblait disparaître comme absorbée par tant de miasmes. Ici ce n’était pas les chats qui chassaient, mais bien les rats. Et tandis que le barde marchait en tentant de se frayer un chemin à travers les immondices il écrasa par erreur la queue d’un des rongeurs faméliques, ce dernier couina avant de lui lancer un regard mauvais tandis que dans un recoin, un malheureux matou se voyait acculé par une bande de gaspards voraces. La pauvre bête tenta tant bien que mal de se défendre mais fut vite noyée sous une masse de queues rosâtres et mal peignées. Son dernier cri fut presque un soulagement, tant la vie en ces lieux n’avait rien à offrir à qui que ce soit.

    Par les Saints-Rognons!”

    Le barde pressa le pas, le jour se levait doucement et il lui tardait de rencontrer ces “macchabées” dont on lui avait tant parlé. Un peu trop d’ailleurs, chacun de ses tours, chacune de ses chansons était comparé aux spectacles de ces sois-disant monstres. Pourquoi aurait-il souhaité vomir sur une serveuse? Pourquoi aurait-il fait de sa flûte un instrument de plaisir personnel? Lui célébrait la vie, la joie et la beauté tandis que ces plébéiens se repaissaient d’art macabre et grotesque. Qui étaient ces gens dont le succès semblait être à même d’éclisper le sien? Qu’avaient-ils de si extraordinaire? Rien à en juger de la bauge putride dans laquelle ils vivaient. C’était un assemblage disparate de planches, morceaux de roulottes et de cageots humides et vermoulus. L’arc de cercle que le tout formait avait tout d’un cirque, mais on était loin de l’art noble des saltimbanques de jadis, quand le monde était encore libre et que les compagnies sillonnaient les campagnes en compagnie d’animaux fantastiques.

    Ici tout était sale, noir et rongé par l’humidité. Un havre de mort dans un océan de crasse. L’Osselet lui avait-on dit, était le pire d’entre eux, un bouffon déchu à l’allure cadavérique. Un fangeux en tenue de ménestrel, n’était-ce pas là la pire des injures? La bouffonnerie est un art royal, noble et flamboyant, tomber aussi bas était impensable aux yeux d’Haral, mais le succès semblait au rendez-vous. Et c’était bien le plus préoccupant.

    Apercevant un homme devant un des cabanons le barde avança de quelques pas et haussa la voix, n’osant réellement s’avancer dans ce qu’il percevait être une antre grotesque et une ode au dégoût et à la malséance.

    Bien le bonjour noble seigneur! Êtes-vous l’Osselet?”

    Dans quoi s’était-il encore fourré...
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Meikan Lefou
Meikan Lefou



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MessageSujet: Re: Les tarés du quartier    Les tarés du quartier  EmptyJeu 21 Fév 2019 - 1:45
Un jour gris commençait. Et je l'employais mal.
Je le savais parce que je le passais à tailler mal la barbe de ce bon vieux Barbabou.
Le vioque l'avait trouvé bien longue, et avait décidé qu'il était temps de se faire une jeunesse.

Moi, je ne voyais aucune différence. Elle était toujours pareil sa barbe, elle ne pouvait pas être plus longue qu'avant. Je me rappelais la dernière fois que j'avais compté le nombre de poils qu'elle contenait. Ça avait fait beaucoup de fois 'plus un'! Oui beaucoup!

Et aujourd'hui, je m'étais réveillé tôt, pour compter encore le nombre de poils. Sur mon toit, j'avais installé le papy sympathique sur le muret au-dessus de la ruelle, et je m'attaquais au travail avec mon couteau de pierre taillé.
Je coupais un poil sur trois. Déjà parce que j'étais sûr de cette suite de chiffre, et parce que c'était Pipou qui avait suggéré cette méthode, et j'avais accédé à ses soupirs.
Son statut lui donnait les moyens d'ordonner ainsi. Et moi, fidèle serviteur aspirant chèvre, n'était qu'un sujet obéissant.

Pendant la manœuvre habile, un type pas très aimable m'avait crié dessus et jeté un bâton à la figure, hurlant que je 'fichais la merde et que les clients se plaignaient de mes conneries'.
Je ne voyais pas du tout de quoi il parlait mais lui avait rendu le bout de bois en me massant la joue. Il devait se tromper et s'adresser à un nuage. Il l'aura visé de son projectile, et lancé comme un idiot, ignorant qu'il ne toucherait jamais sa cible. Et j'avais tout pris dans la tronche.
C'était logique...

Mais, lorsque le bâton revint derechef dans mes molaires, je sus que le hasard n'était plus en jeu.

C'était une malédiction!

La malédiction du bras droit sans doutes... Et ce n'était pas bon pour moi ça. Abandonnant mon travail pileux, je pris le problème à rebrousse poil et m’enfuis courageusement plus loin.
Les ruelles se succédaient dans un chaos flou d'images et de couleurs s'entremêlant.
J'allais au gré de mon instinct, descendant des hauteurs pour me mêler au gens ordinaires.

Et quelle ne fut pas ma surprise lors qu’après avoir erré au débotté, je vis quelqu'un que je connaissais déjà! C'était Haral, le monsieur rigolo de la dernière fois!

Il y avait plus de trois jours sombres, je l'avais croisé devant le Temple et il m'avait bien fait rire lui. En plus, j'avais toujours une mèche de ses cheveux que je portais maintenant au bout d'un cordelette, qui entourait mon cou.
Je l'avais reconnu à son air sympathique, et à ses cheveux travaillés échevelez, et à son aura de drôle, même si ce qu'il regardait ne l'était pas.

Un félin qui se faisait grignoter par des hordes de vermines poilus! Ce n'était même pas bon à manger en plus!

Il avançait, dans cette partie de la ville que je n'aimais pas trop. Parce qu'il y faisait plus sombre, et que Sieugri avait bien plus de chances de se trouver dans le coin. Surtout quand la lumière partait du ciel.

Sur le sol crotté, humide d'autre chose que de l'eau, j'avançais à la manière des chats pour me rendre aussi discret qu'eux. Que faisait cet homme de lumière dans un endroit si bizarre?

Je devais ajuster ma tenue pour faire une chasse réussie.
Je me badigeonnais le visage de la gadoue des environs. Je sortais de mon pot, dans ma besace, mes poudres noirâtres de suie, et ma poix.
Le front recouvert jusque sous les yeux, les épaules recouvertes et le dos arborant des plumes collées, ou des brindilles, je m'avançais à quatre pattes, sûr de ma discrétion légendaire.

L'endroit ne flairait pas bon, l'endroit n'était pas beau, mais le gentil joli gai 'mécire' avança jusqu'à devant un sac d'os à côté d'un gros truc biscornue, d'une forme tout à fait nouvelle. Je n'avais encore jamais vu ça! Mes yeux s'arrondirent.

Je me redressais et avançais lentement, intrigué par trois choses et plus un en même temps, ce qui faisait que je ne savais plus à quoi m'intéresser en premier lieu :

La truc rond avec des roues?
Haral et son rire solaire?
Le squelette qui mange?
Ou le mini humain qui pousse un bâton par terre?

Haral s'empressa de poser une question. Dans son dos, ma tête poussa soudain de ses épaules, alors que je m'écriais à tue-tête, tout fou heureux de le revoir, sa phrase fétiche que j'avais mémorisée!

-"Par les seins grognons!"

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Kryss l'OsseletSaltimbanque
Kryss l'Osselet



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MessageSujet: Re: Les tarés du quartier    Les tarés du quartier  EmptyJeu 21 Fév 2019 - 23:35
La marche nonchalante du pèlerin traversant la « Place aux rats » amusa quelque peu le bouffon adossé au bois de la roulotte, alimentant son imagination farfelue à de décadents événements plus improbables les uns que les autres. D'un coup, marchant sur une dalle brisée rejeta de la terre aqueuse sur sa chaussure, le voyait tomber à travers le sol dans une bassine de liquide infect ou bien réveillait un énorme geyser l'expulsant sur un toit délabré d'un quartier éloigné. Et de l'autre pied, se voyait soulever de peu une brique d'où s'échappa un cafard apeuré en quête d'un nouveau trou où nicher, et le saltimbanque en esquissa un espiègle sourire à visualiser l'insecte grossir, et grossir, jusqu'à l'avaler goulument.

La brume épaisse, s'affaiblissant peu à peu, révéla un individu vêtit d'un bel accoutrement d'artiste bien plus noble que tous ceux des bas-fonds. Sa chevelure de braise bien entretenue, munie de mèches légèrement ondulées, caressait ses joues claires qui semblaient défier les noirceurs vaporeuses autour de lui, titillant de plus belle l'attention que lui portait Kryss. Et quand l'arrivant balaya l'air de sa voix haussée, le saltimbanque détraqué se mit à rire du parler « bon bourgeois nanti » de celui-ci.


« Ouuuhhh ! Toi, tu n'es pas d'ici ! échappa-t-il de divers ricanements pour ensuite se faire recadrer par sa marotte. Mais je ne fais rien de mal, m'man ! Mais…, oui, mais…, je…, mais…, essaya-t-il d'en placer une pour finalement capituler. D'accord, d'accord, je serai plus poli... Quoi ? M'excuser ? Mais…, le garnement baissa la tête, soupira, puis la releva en direction du noble artiste. Excusez-moi de mon impolitesse, cher confrère ! »

Le désaxé lui fit une révérence d'une élégance malhabile mais n'eut le temps de lui répondre qu'un autre individu fit son entrée d'une fracassante façon. Ce dernier semblait bien décalé par rapport au premier, le haut du visage couvert de substances noirâtres cachant difficilement quelques bandes bleues et blanches par-dessous. Les cheveux en bataille, bien moins ordonnés que ceux de l'artiste nanti, et quelques plumes, et autres bâtonnets, ici et là, ornementant cette drôle d'œuvre de chair et d'os.

« Ouuuhhh ! Mais lui, il est bien d'ici ! » en rit-il en toussotant, un morceau de gélatine coincé dans le gosier qui, finalement, passa dans le bon trou.

Le bouffon à grelots détourna le regard, fixa la poupée plantée à son sceptre et forma une moue capricieuse. Doté d'une farouche mémoire, jamais il ne les avait vu traîner dans le coin et se devaient donc de le connaître au plus vite ! Ainsi, il posa son assiette sur le sol, attirant quelques grouillants insectes aux milles et une pattes, s'empara de sa marotte, et avant que ne puissent réagir entre eux les deux visiteurs, se redressa, droit comme un arbre desséché. Il inspira profondément, s'exclama d'une grandiloquente manière, poussa une voix rapide et théâtrale tout en s'approchant des deux énergumènes de quelques pas dansants.

« Oyez ! Oyez ! Petites gens !
Biennnvennnuuee en l'incroyable, innommable et crassouilleux « Dépotoir des Macchabées » !

Le squelettique bouffon tourna sur lui-même à plusieurs reprises, dansant tel un déluré cherchant une raison de le faire, et continua par de grandes enjambées devant ses deux spectateurs. Vous y êtes ! Oui, Oui ! C'est bien ici ! Vous n'êtes pas bêtes ! Nous y sommes ! Nous ? Monstres du Goulot ! Pouilleux rigolos ! s'écriait le fier saltimbanque en tournant, dansant et sautant, récitant son très célèbre discours destiné aux têtes nouvelles, qui d'habitude se faisait en chœur avec le reste de la troupe. En ce lieu, pire que dégueu, vivent les plus monstrueux où vices et délices deviennent complices ! Soyez témoins et prenons-nous la main ! » le fou du roi fit gigoter sa marotte entre les deux hommes, ne pouvant plus s'arrêter. Et ses jambes sautillaient, tremblotaient et ses os claquaient les uns contre les autres et, bientôt, Kryss leva le regard vers le ciel, comme entré en pleine transe.

« Ohhhhhhh, meugla-t-il en sautillant vers la droite.
Hééééééé, meugla-t-il en sautillant vers la gauche.
Oh, hé ! Oh, hé ! Oh, hé ! » claquait-il des mains en tournant sur place.

Et d'un coup, le bouffon s'arrêta net devant son faible public, le cœur battant, le souffle irrégulier ; la poitrine vibrante. Tout semblait avoir été parfait jusqu'au passage d'un nain totalement nu, la bistouquette à l'air, un balai à serpillière crade à la main. Le petit homme bosselé passa entre les trois plus grands en grognant, marmonnant des insanités dans ses dents sans prêter plus d'attention à ce qui l'entourait. Quand ce dernier monta l'escalier et claqua la porte de la roulotte, un lourd silence se fit quelques secondes. Kryss rabaissa les bras, les laissant pendouiller lamentablement le long de son corps rachitique.

« Ça ? C'était Kraker…, le nain difforme », s'exprima-t-il, la mine rabougrie.

Et pour effacer ce moment d'égarement, le saltimbanque macabre se présenta enfin d'un large sourire, entremêlant son regard gris clair en le vert émeraude de l'artiste nanti et le noir profond du plumé décalé.

« Kryss l'Osselet, Chef des Macchabées !
Que me vaut l'honneur de votre visite, petites gens ? »
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Haral MortenuitBarde
Haral Mortenuit



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MessageSujet: Re: Les tarés du quartier    Les tarés du quartier  EmptyDim 3 Mar 2019 - 16:52
   Et soudain ce fut comme si les cieux s’étaient ouverts, déversant entre deux nuages perforés l’infinité de la sagesse et de la folie des éternels. En ce lieu à la puanteur infernale Haral venait de trouver son disciple et son maître, dans une alchimie parfaite qui ne pouvait être due qu’aux Trois. L’idée lui vint de tomber à genoux devant tant de grâce mais l’état du sol ne permettait pas une telle théâtralité, sa tenue ne s’en serait jamais remise. Et peut-être que sa dignité non plus.

    L’homme-oiseau s’était approché en voletant à sa manière saccadée et insouciante, beuglant comme un âne cette litanie que le barde répétait sans-cesse. Mais bigre, était-il complètement fou ou parfaitement génial? Se pouvait-il qu’il soit un mélange des deux? Haral se tenait entre deux cadors de la folie, deux acolytes de démence artistique et il lui semblait soudain que son beau verbiage ne suffirait pas à rivaliser avec ces deux-là. Cette rencontre fortuite était des plus agréable et il s’était souvent demandé ce qu’était devenu le jeune homme après l’incident au Temple, le voir en bonne santé était une nouvelle rassurante, pas certain qu’ils survivent longtemps en ces lieux crasses néanmoins, la moindre petite éraflure aurait tôt-fait de s’infecter et de les envoyer dans la tombe. Triste perspective dans un tel contexte.

    Messire pioupiou! Mais quelle joie de vous rencontrer en ces lieux… Méphitiques! Mais que faites-vous donc par ici? J’ai craint pour votre vie après le Temple messire, oh oui par tous les Saints j’étais affolé noble volatile, mais vous-voilà et me voilà rassuré!”

    Les présentations allaient bon train. Haral était médusé, dérangé par la crasse ambiante et l’atmosphère grotesque qui se dégageait de ces lieux mais très impressionné par son hôte. Ce ladre là avait le talent naturel, le sens de l’artistiquement sale, le théâtralement morbide et pourtant génial. Le barde écoutait religieusement aux côtés de Meikan, ponctuant de temps à autre d’un petit rire discret assorti d’un coup de coude.

    Les pouilleux rigolos! Haha! n’est-elle hilarante messire?”

    Tout était presque parfait, et les deux compères allaient se présenter quand l’impossible le devint, l’impensable se matérialisa et ce qui était encore quelques instant auparavant incroyable était désormais tout à fait réel, l’asticot frétillant comme si de rien n’était. Les trois s’étaient stoppés comme foudroyés sur place, muets d’effarement devant ce petit être que rien ne semblait perturber mais qui semblait néanmoins furieux.

    Le sieur Kraker vint et s’en alla en marmonnant tout bas, ignorant totalement les trois personnes qui dévisageaient son engin pendouillant entre ses petites jambettes.

    Par les Saints-Rognons messire, le nabot n’a de difforme que ses jambes, bigre quel engin! Comment parvient-il à ne pas marcher dessus? Sachez que je n’ai pas à me plaindre de ma virilité noble seigneur, loin s’en faut, mais cet homme l’a presque aussi longue que sa jambe, bien que cela soit tout à fait relatif je vous l’accorde.”

    Le nain disparu le maître des lieux se présenta en bonne et due forme et ne fut interrompu que par un pet gras provenant de l’intérieur de la roulotte.

   Je suis Haral Mortenuit noble seigneur, barde et ménestrel. Amuseur des nobles et des petites gens tout à la fois, je suis le réconfort de ces dames et la Sainte terreur de leurs époux. Je suis musicien, jongleur et chanteur. Je suis un parangon messire, un idéal, un rayon de soleil dans votre vie putride et par les Saints Rognons, je suis positivement soufflé par l’étendue des horreurs qui se tapissent ici.”

    Haral asséna une légère tape derrière l’épaule de Meikan, forçant ce dernier à avancer d’un pas pour se présenter à son tour.

    Et lui messire. C’est Meikan, mi-homme mi-oiseau et un génie comme je n’en ai jamais rencontré, entre vous et moi messire nous avons bien plus à apprendre de cet homme car lui ne joue pas, il est! Et cette différence est essentielle vous en conviendrez aisément! Mais je laisse ce cher Cui-cui se présenter à sa manière qui saura, je n’en doute pas, vous convaincre de son talent.”
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Meikan Lefou
Meikan Lefou



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MessageSujet: Re: Les tarés du quartier    Les tarés du quartier  EmptyLun 4 Mar 2019 - 13:45
A peine vais-je passé la face pour voir tout ce qu'il se passait, qu'il s'en passa des choses!
Des choses curieuses que j'observais à l'envie d'un œil curieux. Je ne comprenais pas grand chose!
C'était un chaos étonnant qui semblait avoir un sens pour certains ici?

Tout ce que j'avais compris c'était qu''Haral n'était pas d'ici... Mais enfi, c'était évident, puisqu'il arrivait tout juste! On ne peut pas être ici, si on est là-bas? Qui était ce curieux petit bonhomme tout maigre? Il me paraissait sympathique avec ses cris de 'Ouuuhhh ! ' Je trouvais que ça donnait une ambiance décontractée!

Par contre, il marmonnait en regardant une effigie, sans doute un rituel...
Aha! Moi aussi j'avais des rituels, j'aurai tout le loisir de lui demander le but de ses rituels, et lui parler des miens!

En revanche, entendre que moi, 'j'étais d'ici' me faisait tout drôle! Je savais que je venais d'ailleurs! Cette logique était complètement insensée ! Ce m'sieur là devait avoir la tête cassée! S'était à n'en pas douter pour cela qu'il avait se splendide truc sur la tête qui faisait des sons!
Ding Ding Ding! À chaque mouvement.
Il devait le porter pour annoncer que sa tête ne fonctionnait pas bien.

D'un côté, j'aurais voulu mettre la main avec avidité sur le précieux objet curieux. Et en même temps, si je le mettais, ma tête serait cassée ! Et ça, je ne le voulais pas, oh non!

Haral semblait heureux de me revoir, et si comme à son habitude, il parla en des termes incompréhensibles, je compris juste qu'il était content. Et moi aussi je l'étais! Je lui sautais au cou, ravis de m'entendre à nouveau affublé du nom de Pioupiou!
En tous cas, tête cassée ou pas, le squelette vivant se redressa de son auguste place, et me figea un instant d'un spectacle auquel je voulus me joindre au plus vite!

« Oyez ! Oyez ! Petites gens !
Biennnvennnuuee en l'incroyable, innommable et crassouilleux Dépotoir des Macchabées. Vous y êtes ! Oui, Oui ! C'est bien ici ! Vous n'êtes pas bêtes ! Nous y sommes ! Nous ? Monstres du Goulot ! Pouilleux rigolos !
»

J'ouvris de grands yeux béats d'admiration et d'intérêt. Un sourire lumineux poussait sur mes lèvres. Je n'avais rien compris du tout si ce n'était qu'on était content que je sois là, et qu'il y avait des mochetés drôles. Pour une fois que ce n'était pas moi le spectacle, j'étais tout content! Et puis j'en voulais moi, des moches rigolos! Et puis Haral qui était là aussi! Cette journée était sensas'!

« En ce lieu, pire que dégueu, vivent les plus monstrueux où vices et délices deviennent complices ! Soyez témoins et prenons-nous la main ! »

J'attrapais fermement la mains de l'homme aux cheveux de feu, tout sourire.

Ohhhhhhh, meugla-t-il en sautillant vers la droite.
Hééééééé, meugla-t-il en sautillant vers la gauche.
Oh, hé ! Oh, hé ! Oh, hé ! » claquait-il des mains en tournant sur place.

J'inspirais à fond, emplissant mon corps rapidement d'un air précieux et me pliant en deux, je beuglais en retour, commençant à vouloir participer à cet espèce de rituel qui commençait à vraiment me plaire. Barbabou, lui s'était mis derrière l'homme à la tête cassée, pas loin de son épaule gauche, et il commença à singer ses mouvements. Pipou, quand à lui dédaigneusement se contenta de poser une royale pêche dans un coin, en observant le nain.

J'essayais d'emmener Haral dans le mouvement, comme je le tenais d'une main. Hop hop hop!
Sautillons vers la droite! Et à gauche! Par contre, je dus le lâcher à ma grande peine pour tourner sur moi même, les mains en l'air. C'était très drôle!

Et tout s'arrêta dans un passage las du petit gars nu du bas. Quoique cela donnait une fin un peu précipité à la présentation.
C'était tant mieux, c'était... épuisant... de... sauter partout.... comme ça!

Et donc celui qui craque s'appelle Kriss. Haral, quant à lui nous présenta. Je fus étonné d'apprendre qu'il était la terreur des poux. J'en avait vaguement entendu parlé de ses trucs qui se baladent. Et donc lui les terrifiait? Pourquoi et comment? C'était vraiment une révélation fracassante!

Et, lorsqu'il parla de moi, je frappais mon torse du point gauche!

-"Haral à raison! Je suis Meikan On me dit le Plumeux, ou le fou! Ou encore je préfère le nom d'Haral avec méh-cire PiouPiou! Ça c'est drôle!!"

Mon œil brilla. Je voulais refaire le truc drôle d'avant.

RrrOhhhhhhh, gueulais-je en sautillait vers la droite.
AAaAAAAh meugla-t-il en sautillant vers la gauche.
Oh, hé ! Oh, hé ! Oh, hé ! fis-je en tournant sur place.

Barbabou m'accompagna. Mais en tournant sur place, il fit un faux pas, je me tendais en avant, pour l'empêcher de se vautrer, voulant le saisir par la barbe! Mais son poil m'échappa, il s'affaissa, et j'allais lui tomber dessus! J'utilisais mon dernier appuie au sol pour lui sauter au-dessus, mais la chaussée était glissante! Je partis vers l'avant. Battant des bras et des jambes dans les airs, je rentrais la tête dans les épaules, lorsque je me rendis compte que le sol fonçait vers ma tête!
Je retombais sur l'omoplate, exécutant une roulade vers l'avant, qui se termina contre un pieds de la table qui trembla. La marotte bougea sous l'effet, se retrouvant penchée au-dessus de ma tête, comme pour me fixer.

-"Ouyoooouuuuuuyouuuu! (je me frottais le dos endoloris, puis je vis la face qui m'observais d'en haut.) Hey, salut... poupée!"

Je lui fis mon plus beau sourire ravageur ponctué d'un haussement de sourcil suggestif.
Je voyais souvent les hommes faire ça, vers les dames, pendant le 'jour sombre'.
J'en avais déduit que c'était une forme de politesse de l'homme vers la femme.
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Kryss l'OsseletSaltimbanque
Kryss l'Osselet



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MessageSujet: Re: Les tarés du quartier    Les tarés du quartier  EmptyLun 4 Mar 2019 - 23:55
Quelle bien belle surprise, se disait-il en fixant, l'un après l'autre, et avec grand intérêt, les deux sacrés énergumènes, tout curieux qu'ils étaient, de son sourire figé. Sa folichonne cavalcade dansante échauffa les attentions et, à cela, les réactions allèrent bon train et nourrirent l'ubuesque danse du maigrelet fantasque puisque des deux côtés s'en vinrent les regards d'étonnements ayant aguiché davantage l'euphorie du burlesque bouffon. L'un des deux compagnons semblait pleinement satisfait, les pupilles reflétant de ses noires profondeurs chaque mouvement du saltimbanque macabre bien que restant, tout en retenue, un tantinet immobile, ce qui changea fortement quand le second l'entraîna de la danse. D'ailleurs, ce dernier implosa, comme possédé, et se mit à virevolter gaiement à l'image d'un oiseau sans aile, sautant, tournoyant, suivant la rythmique décadente du ballet sinistrement extatique. Le plumé décalé suivait à la perfection les pas de la prestation du pitre efflanqué, bien que d'une habile maladresse quelque peu touchante, et parfois son regard, étrangement, semblait se porter à l'arrière du farceur osseux, et parfois à quelques distances plus loin. Et ensuite, lâcha la main de son comparse afin de jouer le derviche tourneur d'un tour fort court mais valant le détour. Et tout redevint statique au passage du pisse-vinaigre nain, stabilisant l'état mental de tous, d'une certaine manière selon les divergences loufoques des esprits égarés. Un pet retentit ensuite en la roulotte, concluant ainsi la présentation du maigrichon bouffon.

A cela, le beau parler de l'artiste nanti à la longue chevelure de feu résonna telle une ode à la bienséance et, ne pouvant en être indifférent car bien trop peu fréquent en ces lieux, Kryss s'abreuva de chacun des mots qu'il prononça, se succédant à l'équivalent d'une jolie composition de notes se suivant les unes des autres en une partition bien organisée. Sa présentation fit sourire le maigrelet déluré car bien trop réelle pour un endroit si absurde que le Goulot. Mais n'ayant la possibilité de lui poser la fameuse question taraudant son esprit étriqué, Kryss le laissa étendre ses belles paroles introductives vis-à-vis du drôle d'oiseau à ses côtés après une tape amicale envers celui-ci.

Le saltimbanque du Dépotoir fixa de ses yeux gris clair ceux noirâtres du plumé décalé avec grande admiration.
Il ne joue pas, il est…, se répéta-t-il les phrases de l'artiste nanti aux élégantes paroles. Quelle belle définition, songea le bouffon du roi en esquissant un large sourire, dévoilant deux rangées de dents blanches parfaitement arrangées. Et quand le saltimbanque des beaux quartiers en termina enfin, Kryss ne dit mot et balaya l'air d'un mouvement de main vers le drôle d'oiseau qui se frappa fièrement le cœur de la main gauche avant de se présenter.

Et, Ô Folie ! Et, Ô Grandeur !
Le bouffon fut plus que satisfait de la frénésie délirante du jeune homme au visage englué de substances noirâtres cachant faiblement ses traits bleus et blancs. L'oiseau hurla en voltigeant vers la droite et cria en bifurquant vers la gauche, et répéta les mots du fameux discours rituel en tournoyant sur lui-même. Kryss en fut extasié.
Il était là ! Oui, oui ! C'était lui ! Le nouveau du Goulot ! En tout cas, l'espérait-il en étendant les bras et sautillant avant de l'applaudir chaleureusement. Mais ça ne s'arrêta là et le sacripant volatile déplumé le surpris davantage quand celui-ci voulut bizarrement agripper d'une de ses mains le vide apparent devant lui avant de chuter d'une des plus étranges façon qu'il soit, et jamais Kryss n'avait vu tel personnage que ce satané bougre ! Mais il n'en rit aucunement, tant obnubilé par ce grotesque spectacle le satisfaisant au plus haut point qu'il ne le fallait et rare était ce moment où il était à son tour spectateur, alors en profita en applaudissant joyeusement. Le roulé-boulé du déplumé timbré vint se fracasser contre la table sur laquelle le saltimbanque aux grelots venait de déposer sa précieuse marotte qui roula elle-même jusqu'au bord du meuble en piteux état, s'arrêtant net pour y figer le regard de l'affreuse poupée en celui de l'oiseau fougueux affalé au sol. Et aux mots du garçon maladroit destiné au pantin, Kryss reprit immédiatement sa marotte et s'accroupit à hauteur du volage timbré en le regardant intensément.

« Il est parfait, non ? demanda-t-il en parlant à la poupée plantée à son sceptre. Oui, oui, oui ! en rigola-t-il en fixant le déplumé décalé. Taré, certainement ! Et plusieurs dans sa drôle de caboche, assurément, m'man ! »

Le bouffon se redressa, semblant pensif à ce qu'il entendait de sa marotte silencieuse. Il s'écarta songeur de l'oiseau déséquilibré et fit quelques pas en direction de son plat de bouillie qu'il avait laissé reposer par terre, ayant entre-temps était partiellement grignoté par d'effroyables insectes au corps serpentin.

« Pas suffisant ? en afficha-t-il une mine déconcertée. Un test ? Hum... », leva-t-il le regard vers les hauteurs brumeuses de cette matinée maussade.

Et descendant finalement les yeux en direction du jeune bourgeois gentilé, changeant d'un coup d'interlocuteur, reprit aussitôt en lui posant la fameuse question tant désireuse d'une réponse.


« Et vous donc, Cher parangon amuseur, dites-moi en plus ! en écarta-t-il les bras, stupéfait de ses propres paroles. Ce n'est visiblement pas un endroit pour un noble saltimbanque tel que vous ! en plissa-t-il les yeux en s'approchant de lui de quelques pas dansants, restant perplexe à son égard. Bien que les horreurs de ces lieux malfamés vous charment, je serai friand d'en savoir davantage sur l'objet attisant véritablement votre curiosité au point de vous y engouffrer ! Dites-moi, ménestrel joyeux, dites-moi pourquoi ? »

Il fit de nouveau quelques pas à reculons et s'empara finalement de son plat de mélasse sur le sol, effrayant les scolopendres et autres mille-pattes s'y étant agglutinés. Il s'arrêta ensuite, déroba un morceau et l'engloutit en sa bouche avant de le mâchouiller longuement. Il fit quelques grandes enjambées vers le folâtre Meikan aux ailes crâniennes et lui tendit généreusement le plat d'un air digne.

« Prenez donc un morceau, cher Cui-cui le Plumeux, reprit-il du beau parler du barde nanti et de la jolie vésanie du piaf. Faites-moi donc plaisir. Une simple politesse de saltimbanque ! » en conclut-il d'un clin d'œil complice au drôle d'oiseau qui venait de se relever.
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Haral MortenuitBarde
Haral Mortenuit



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MessageSujet: Re: Les tarés du quartier    Les tarés du quartier  EmptyMar 26 Mar 2019 - 21:43
   Il ne joue pas, il est. Comment mieux décrire Meikan que par ses simples mots? Jamais en cent vies d’efforts et d’acharnement Haral ne parviendrait au quart de la folie de cet homme, et ce n’était pas faute d’essayer! Mais chacun avait sa particularité, lui était vocal et pittoresque tandis que Kryss donnait clairement dans le grotesque, les arts sales et pervertis. Meikan lui était unique, et surtout absolument pas conscient de l’être. C’était ce qui lui conférait tout son génie.

    L’inquiétude d’Haral était que Meikan ne tombe entre de mauvaises mains, les Trois savaient qu’il pouvait suivre n’importe qui et se laisser embarquer contre son gré dans de mauvaises aventures.

    Kryss était clairement fou, tout comme lui-même à son propre niveau. Le barde avait un don pour fuir la réalité et l’embellir de phrases compliquées qui finirait par lui jouer des tours. Qui mieux que trois fous pouvaient se comprendre et travailler de concert? C’est l’idée qui germait lentement dans l’esprit du ménestrel tandis que l’Osselet conversait avec la marotte qu’il tenait comme un sceptre.

    Meikan volait et virevoltait d’une manière qui lui était propre et qui ne surprenait plus Haral. À vrai dire la seule règle qu’il appliquait concernant Lefou était que rien n’était impossible, ni surprenant. Tout pouvait arriver. Et c’était tout bonnement extraordinaire.

    Ah messire! N’ayez crainte, j’ai visité des bauges bien plus putrides que celles-ci et loin s’en faut, croyez-moi! Quant à ma venue eh bien j’ai ouï dire qu’une troupe produisait le spectacle à la fois le plus grandiose et le plus immonde qu’il était possible d’imaginer, vous imaginez bien noble seigneur que cela ne pouvait qu’attiser ma curiosité! Il me tarde de vous voir vous et les vôtres à l’oeuvre! Je pense que nous avons tous quelque chose à apprendre les uns des autres, surtout en matière de pitreries n’est-ce pas messire?”

    D’une manière qui lui était peu commune le barde frappa Meikan derrière l’épaule, un geste qui se voulait plus protecteur que viril et tandis que ce dernier se retournait en roulant de grands yeux dans toutes les directions Haral rit doucement.

    Ne changez jamais messire Pioupiou, vous m’entendez? Ne changez jamais!”

    Il tourna ensuite son regard vers l’Osselet et sa gamelle de bouillie douteuse, sans chercher à être agressif mais parfaitement clair. Il ne souhaitait pas qu’il arrive malheur à l’homme oiseau, tant pis s’il fallait pour ça se montrer un peu abrupt, après tout la franchise était une qualité rare disait-on.

    Ce jeune homme est sous ma protection noble confrère, quiconque lui causera le moindre préjudice devra en répondre devant moi, nous disparaitrons tous deux au moindre signe de grabuge messire, j’ai pensé que vous aimeriez le savoir avant que nous n’entamions quoi que ce soit tous ensemble!”

Citation :
Désolé pour le retard!
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Meikan Lefou
Meikan Lefou



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MessageSujet: Re: Les tarés du quartier    Les tarés du quartier  EmptyDim 14 Avr 2019 - 1:15
Je m'étais redressé en me frictionnant le nez, douloureux de sa rencontre percutante avec le pieds de table. La marotte recula, remplacée par un bol de bouillie assez peu identifiable.
Même en reniflant le tout.

Haral mon ami me tapa gentiment le dos avant que je ne puisse porter le miam à ma bouche. Il m'ordonnait de ne jamais changer, et j'étais d'accord avec lui. Le changement, ce n'était pas pour maintenant.

J’acquiesçais vigoureusement, me collant de la bouille sur le menton. Les coins de ma bouche s'effondrèrent de chaque côté, formant un U inversé.

Protégé que j'étais par le barde, je me sentais tout ragaillardi.
Et il était temps que je goûte à la nourriture ! J'allais y fourrer le nez, quand une pensée me vint !
Le maigre avait dit qu'Haral devait montrer ce qu'il savait faire, après moi. Et c'était tout à fait vrai que j'étais curieux de voir ce qu'il serait capable de produire !

Puisqu'il était mon copain, je savais qu'il était épatant, et j'étais curieux de ses capacités que j'imaginais grandioses.

-"Mais au fait ! Aral par les seins grognons !Tu ne nous a pas montrer un tour ! Pour entrer dans le groupe de Kriiss ! Je vais te regarder en mangeant ce miam."

Sitôt dit, sitôt fait. Je renversais la tête en arrière pour gober la curieuse mixture. J'eus à peine le temps de goûter un liquide épais, compact, collant, avec un goût de... De...
Que Barbabou me fichu le reste du récipient dans la face !

Sblaf !! Dans les dents!

Le plat glissa lentement de mon visage. J'étais furieux contre le vieux de m'avoir joué se vilain tour !
Même Pipou l'enguirlandait en le pourchassant et lui filant des coups de bec sur le crâne.
Ils couraient en rond, et je me mis à leur courir après dans le sens des aiguilles d'une montre !

-"Revient là que je te torde le cou pauv' tâche ! Je vais..."

Mais en courant en rond je revenais dans la direction de la table, Kryss et Haral ! J'allais percuter mon ami si je ne faisais pas un pas de côté !

Haral en fit un, pour s'éloigner de ma course pile au moment où je me décalais aussi. Nous étions l'un en face de l'autre, à moins d'un pas de distance.

Dernière chance ! Serus donne moi la force !

Alors que le contact allait me briser avec Haral, je tentais l'option de la dernière chance, me propulsant haut à la force de mes cuisses et mollets.
Je m'élevais ployant les genoux pour faire passer mes jambes par-dessus les épaules du sympa roux qui suivait mon envol du regard.
Je dû frôler ses cheveux, mais sans plus. Comme la table derrière me fonçait dessus, je dépliais mes jambes pour contrôler ma chute. Kryss n'eut qu'à hausser les épaules pour m'esquiver alors que je retombais lourdement dans son dos.

Je glissais sur la surface presque lisse de la table de bois, récoltant quelques échardes sur les joues au passage. Puis j'allais finir ma course la tête et le ventre au sol, les jambes battantes toujours appuyées contre le bord de la table.

J'étais cul par-dessus tête, les pieds s'agitant.
-" Ohhhhhhh, meuglais-je en tombant vers la droite. Hééééééé, meuglais-je en me relevant vers la gauche. Oh, hé ! Oh, hé ! Oh, hé !"

Finis-je penaud de ma maladresse en me relevant.

Citation :
Sorry aussi pour le retard. J'avais pas vu...
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