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 Pour l'amour de la vérité (titre en construction)

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Anton GunofBoucher
Anton Gunof



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MessageSujet: Pour l'amour de la vérité (titre en construction)   Pour l'amour de la vérité (titre en construction) EmptyVen 20 Nov 2015 - 16:25
Car la suite de l'algarade entre Malachite, un paria, et Anton Gunof, l'un des hommes qui l'avaient condamné à une vie d'errance, reprend plus loin, à deux jours du massacre du troquet, et tout près du mur extérieur, dans une bâtisse de pierre plutôt fraîche, du moins c'est ce que put constater Malachite une fois qu'il fut sorti de sa sieste monumentale. A première vue, et malgré l'obscurité dans laquelle on l'avait jeté, il s'agissait d'une sorte de cellier. Sans ouverture sinon une porte d'où rampait la lumière jaunâtre d'un feu, encombrée de centaines de livres de tonneaux, de caisses et de paniers ainsi qu'envahie par l'odeur capiteuse de poisson fumé, la petite pièce était son ergastule.

Pour preuve de son emprisonnement, il y avait sa posture. Mis sur le flanc contre un sac vaguement mou, il pouvait sentir qu'on avait entravé ses mains dans son dos avec de la corde. Plus édifiant encore, derrière la porte verrouillée, il put entendre la conversation de deux hommes, qui parlait de lui semblerait-il.

"Et donc toi tu penses que c'est lui le pisseur masqué ?"

"Mais bons dieux, t'étais là tout comme moi quand on l'a trouvé, non ? A quoi tu pensais quand on l'a trouvé derrière deux fûts : "ah tiens, le tavernier stockait aussi des éclopés à moitié morts dans sa petite réserve, c'est gentil ça fait plus à piller pour nous" ?

"Hé ho, ça va là ! Je t'avoue que j'avais la tête ailleurs à ce moment-là. Déjà que tu fais me sortir la charrette aux petites heures de la nuit, soi disant qu'Anton a de la denrée à transposer, sans m'annoncer un seul moment, pendant une trotte de dix minutes, que tu m'amènes dans "la taverne des cadavres sans tête". J'avais la tête à pas gerber mes boyaux, vois-tu ! Alors retrouver un pauvre bougre qui s'était ratatiné jusqu'à la réserve pour pas y perdre le chef, désolé si ça me met pas la puce à l'oreille, et puis c'est toi qu'es du Guet, moi j'étais boucher pour ton rappel."


L'autre eut un petit ricanement méchant. "Et ça se dit boucher ? Aux yeux que t'écarquillais en entrant on t'aurait plutôt pensé damoiselle."

"Ben justement, les carcasses d'animaux ça me convient. Une douzaine de décapités dans une pièce de six pieds de long, en revanche, oui, ça me fait un petit quelque chose... Ils pouvaient pas les emmener au feu tout entiers, tes copains ? Pas que je préfère pas transporter de la bière avec ma charette plutôt que des cadavres, mais ça aurait été la chose trinitaire à faire."

"Cht. T'entends ? Il est réveillé ?"

Le silence se fit, et Malachite put comprendre que l'attention s'était focalisé sur son appartement frais.
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MalachiteMiséreux
Malachite



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MessageSujet: Re: Pour l'amour de la vérité (titre en construction)   Pour l'amour de la vérité (titre en construction) EmptyVen 20 Nov 2015 - 23:30
C'était pas vraiment le réveille le plus agréable du monde, dans une pièce glacée qui sent la marée, va savoir pourquoi. J'suis revenu du monde des morts, voilà l'explication ! C'est l'effet que ça m'a fait en tous cas. Me rappeler tout doucement que je suis vautré dans ma pisse, que j'ai mal partout et une gueule de bois de fort belle facture. Y a des mecs qui braillent à coté, c'est ça qui m'a réveillé. Salauds. J'ai du mal à respirer. J'essaye de ramener ma main à mon visage pour dégager le sang coagulé de mes narines, mais j'peux pas. Y a des p'tits fumiers qui m'ont attaché les mains dans le dos. C'est vrai que je suis le genre de dangereux qu'on peut surtout pas attacher les mains devant, j'pourrais crocheter la serrure, dans le noir, avec les dents. On sait pas. Là y a aucune position qui est confortable, j'ai l'impression que mes humérus vont me gicler des épaules, c'est super et on se sent tous plus en sécurité, merci beaucoup.
Ouais, attends, une seconde, y a un truc qui me chiffonne.
Pourquoi je suis pas dans le marais, là, en fait ?

Si j'étais un poil plus vaillant, je paniquerais de me réveiller blessé dans une pièce sombre avec des gadjots inconnus qui braillent à propos de cadavres derrière la porte. Là, dans l'état actuel de délabrement, j'aborde les choses comme elles viennent. Ecouter les braillards me semble une bonne option, surtout que le prénom d'Anton me dit quelque chose. Un truc marrant. Ah si ! En l'entendant, je me suis dit que ça ferait un joli prénom pour une fille - rappelons que je suis pas du pays -, et ben... c'est tout. Tu sais ce que c'est, dans ces moments là, plus on se creuse la mémoire, moins on trouve.
Bref.

Ce que j'en comprends, c'est qu'hier soir j'étais dans une taverne et quelque chose a décapité plein de monde, et moi je me suis planqué dans un coin après en avoir ramassé plein la gueule. Quant à savoir ce que je fous là les mains attachées dans le dos... ce que j'en comprends c'est que les gadjots là ont récupéré de la bière, pourquoi ils s'emmerderaient avec un mec à moitié cané ? Râh putain, je comprends rien de ce qu'ils disent à travers la porte aussi, j'ai trop la tête dans le cul. Qui a décapité qui ? Qu'est ce que je viens foutre là dedans ?
Réfléchir me donne mal à la tête, et elle avait pas vraiment besoin de ça. Je déplie une jambe pour me tortiller et enlever mes mains des liens aux poignets, parce que ça fait vraiment putain de mal aux épaules. Ce faisant, je frappe du pied quelque chose qui renvoie un son métallique. Ca attire l'attention de mes geoliers.

La lumière de la porte qui s'ouvre m'aveugle quelques secondes, puis je distingue deux silhouettes. Et je peux pas en dire plus. Entre l'oeil au beurre noir format prestige que je dois avoir, et les cheveux collés au visage par le sang coagulé, j'y vois pas grand chose. Mais j'prends quand même l'initiative de la parole. Des fois, dans la vie, les événements dépassent tellement... je sais pas, ma capacité à encaisser, que j'suis plus capable de réaction logique. J'devrais me chier dessus de trouille, là. Ca sent quand même très fort le sapin. Le mec qui se fait enfermé par des contrebandiers dans un coin après avoir été récupéré sur un champ de bataille, dans n'importe quel récit, j'prédis du pronostic vital engagé. Et pourtant.

- Euuuh... j'sais pas ce que je fous là et tout, ce qui s'est passé, j'suppose ça me regarde pas, mais si vous comptez pas me buter vite, j'peux avoir les mains attachées genre devant moi ? 'fin j'veux pas me vanter et tout, mais j'crois pas pouvoir être euh... comment on dit dans votre langue... agressif ? C'est ça ? J'confonds p'tète avec le mot pour dire les mecs qui vendent les chevaux, je suis un peu fatigué. - Un des connards me fait oui oui de la tête, probablement dépassé par ma logorrhée - 'fin bref, au mieux je vous saigne du nez dessus quoi. Pis j'ai soif aussi. Et envie de pisser. 'fin si j'meurs pas tout de suite c'est un problème qui va se poser à un moment, forcément, et j'nettoie rien les mains attachées dans le dos.

Bon y a pas la retranscription écrite de ma diction pénible, parce que ça aurait été chiant, mais dans le contexte j'aurais jamais imaginé dire des trucs pareils. Mais ça fait tellement d'un coup que j'ai l'impression que ça arrive à quelqu'un d'autre et que je m'en fous un peu.
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Anton GunofBoucher
Anton Gunof



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MessageSujet: Re: Pour l'amour de la vérité (titre en construction)   Pour l'amour de la vérité (titre en construction) EmptyMer 25 Nov 2015 - 21:14
La porte ouverte, le prisonnier put apercevoir les deux interlocuteurs à contre-jour, derrière l'embrasure, dans une pièce bien plus spacieuse, où un océan d'une chaleur orange venait ramper jusqu'à ses membres frigorifiés. Le premier, celui qui lui faisait vraiment face, et une fois qu'il eut pu distinguer autre chose que des ombres, ne payait pas vraiment de mine. C'était un petit gars rongé par une barbe d'une couleur indéfinissable pour le moment, le genre trapus, et un trousseau de boucher enfilé en plus de l'habit local classique. Une carrure toute tassée, mais, quand Malachite put soulever un œil valide jusqu'à lui, il rencontra un faciès penaud, avec une expression appréhensive. Derrière lui, passant la tête par dessus l'épaule naturellement (il était très grand), la figure qui le toisait ne renvoyait pas autant de bonnes vibrations ; un grand ladre à l'allure peu avenante, avec des traits durs et asséchés encore un peu par la sévérité de son expression, restait à l'arrière, dans l'expectative et son armure. Le premier, le plus petit et plus apitoyé par le sort de Mala « Gueule-de-bois-légendaire » Chite il semblerait, écoutait avec une attention pleine ce que ce dernier se mettait alors à dégoiser avec un détachement étonnant au vu de sa situation.

La déclamation, laborieuse, difficile à comprendre et pour le milicien interminable paraissait émouvoir le boucher, qui avait l'air plus habitué à transporter divers denrées illicitement d'un point A à un B plutôt qu'enfermer des cadavres en puissance dans son cagibi, lui donnait de l'écoute active en veux-tu en voilà. Il était de plus en plus dérangé, à mesure que son captif s'humanisait au travers de mille feintes et références à leur condition humaine dignes des meilleurs tropes des rhéteurs de la place Wittgenstein. Quand Malachite en eut terminé de sa bouleversante ode à la dignité humaine, il put constater que son public le plus disposé, le boucher, avait des mouvements d'élan, des velléités d'humanité envers ce pauvre bougre. Le silence se fit, puis il dit, ou suggéra, plutôt.
« On pourrait quand même le détacher, c'est pas un animal, non plus… »
L'autre eut un mouvement de rejet et se recula d'un pas de son interlocuteur.
« Hé quoi alors ? Tu veux pas payer la cochonnaille à ton nouveau copain aussi ? Tu traites souvent les rabouins qui pissent sur tes cousins comme des princes de la Foi ? »
Le boucher ne répondit pas tout de suite, mais quand il l'ouvrit, ça fit comme un coup de couperet entre les deux gars.
« Peut-être… on sait pas… peut-être que c'est pas lui, le loufiat qu'a pissé sur Anton… Peut-être qu'il l'a tué, celui-là, que lui c'est rien qu'un métèque qui voulait rien à personne et qui s'est mis en sûreté. »
Et à mesure qu'il disait cela, il prenait confiance dans cette hypothèse. Oui, oui, c'était certainement une erreur, certainement. L'autre ne répondit pas. Il ne fit rien, non plus, quand le boucher dégaina son couteau à fromage et s'approcha du prisonnier.
« T'es vraiment une fifille. Des Hotweild comme toi je pensais même pas ça possible », répliqua finalement le milicien tandis que le dit Hotweild se penchait encore un peu de Malachite, cherchant dans l'obscurité ses poignets entravés. « Regarre, regarre son bras, abruti, tu vois-y pas la marque ? C'est un paria, c'est rien que de la saloperie qui mérite que de gésir. »
Le boucher n'en démordit pas, de son espoir. Il eut un mouvement d'épaules, comme pour dire : « pfeuh », fronça les sourcils et cria, d'une voix qu'il aurait voulu plus contenue. « Et alors, ça veut pas dire que c'est le gus qu'a pissé !… C'est une erreur tout ça, et pis t'as entendu ce qu'il a pénave, y va pas se mettre à nous mordre, c'est pas un animal. » Quand il eut dit ça, il répéta, moins fort, mais ça faisait plus de sens encore pour lui sur ce ton proche de la prière. « C'est pas un animal, y mérite pas ça... »
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MalachiteMiséreux
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MessageSujet: Re: Pour l'amour de la vérité (titre en construction)   Pour l'amour de la vérité (titre en construction) EmptyJeu 26 Nov 2015 - 17:25
Malgré le fait que je sois en train de dissocier* comme un plein bus de vétérans du Vietnam, j'arrive à être surpris de la réaction du boucher. En fait, ça fait d'autant plus mal, cette petite piqûre de rappel sur le fait que la vie est devenue de la merde en tube. Si j'étais un connard accompli, que j'avais eu le temps de prendre de la bouteille en matière de cynisme, je jubilerais de sa faiblesse et appuierais mon avantage à m'en faire péter les veines du front. Hélas, j'ai encore un peu de mal à être un connard absolu - j'dis pas que je fais pas d'effort, mais c'est dur des fois. Du coup je m'en veux, parce que cette histoire de pipi vient titiller ma mémoire bien abîmée et j'me souviens que j'ai pissé sur quelqu'un, même que j'ai eu un peu de mal parce que j'ai pas l'habitude en intérieur. J'essaye de me concentrer. Une image un peu floue me revient : moi en train de galérer pour tenir debout sans m'appuyer au mur avec les deux mains, vu qu'elles étaient prises par autre chose. Je creuse le souvenir en essayant de pas le regarder trop en face, pour pas qu'il se dissipe. J'avais mal, je me suis battu... mais rien sur des gens décapités. Rien du tout.

Le boucher me détache les poignets, ce qui soulage immédiatement une grande douleur. Je roule les muscles des épaules - commence pas à fantasmer, j'te jure que je spectacle est pas à la hauteur des mots employés - et ramène lentement mes mains en position physiologique. Recroqueviller dans une merde noire, avec pour seule perspective de mourir plus ou moins vite, je me vois pas paraître devant les Ancêtres et les Esprits avec des mensonges plein la bouche envers celui qui a eu la bonté de me détacher les mains alors que rien ne l'y obligeait, et qui passe pour un pédé devant son copain. De toute façon, le fameux Anton va bien venir un jour, et il doit bien savoir que c'est ma pisse qu'il s'est pris sur la figure.

- J'suis désolé... le milicien a raison, j'lui ai bien pissé dessus. Y faisait parti des gens qui m'ont tabassé à mort au moment de mon bannissement, mais ça change pas grand chose j'imagine. Je me souviens de rien à propos des gens décapités par contre, j'sais pas de quoi vous parlez.

Après quoi je me replie dans un silence tétanisé, attendant le coup de surin dans la gueule qui tardera pas. J'aimerais bien offrir un spectacle plus glorieux, mais c'est quand même compliqué de garder le feu sacré quand on est couvert d'hématome et enfermé dans un cagibi. J'suis quand même reconnaissant de m'être fait détacher les mains, tu testera un jour si t'as le temps de garder plusieurs heures les mains dans le dos, j'peux te dire que ça fait un bien fou quand ça s'arrête. C'est p'tète une stratégie bon flic mauvais flic particulièrement élaboré, mais n'ayant jamais lu de polar de ma vie, j'risque pas de connaitre cette combine là.

* Moi aussi j'peux mettre des mots qui font passer deux heures sur Google !
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Anton GunofBoucher
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MessageSujet: Re: Pour l'amour de la vérité (titre en construction)   Pour l'amour de la vérité (titre en construction) EmptyVen 27 Nov 2015 - 15:17
Les mots qui sortirent de la carcasse recroquevillée mirent bien à mal le personnage que s’était bâti l’ancien boucher. Malachite, enroulé sur lui-même, jouissait de son nouveau et relatif confort, la tête plongée dans sa coquille de corps. Il ne vit donc pas – l’aurait-il seulement vu, dans le contre-jour et la pénombre ? – la face de son bienfaiteur blêmir dramatiquement. L’aveu provoqua un effet plus manifeste pour le mort en puissance, c’était le couteau à fromage qui lui grattait le cuir à divers endroits, dans des à coups vifs. Mais mal maîtrisés, car la lame était tenue par une main tremblante qui tenait de toute force le coutel, et enrayée dans chacun de ses mouvements par une hésitation qui étonnait de la part d’un boucher de profession.

Il n’avait pas pu entendre autre chose que l’aveu premier, celui-là. Le reste, ça s’était dissout dans les vieux instincts claniques, toutes les circonstances atténuantes, toutes les excuses, ça changeait rien, il fallait payer. Mais c’était pas ça qui l’avait fait blêmir, le gus, c’était plutôt le reste, tout ce qui s’en était suivi. Car il avait la peau dure, malgré toutes les insinuations pédérastiques de son compagnon, c’était un des « bons garçons » bouchers, il avait vécu dans les entrailles des animaux et été jugé comme tel par le reste de la ville. Ce n’était pas vraiment une corporation qui avait la meilleure des publicités, les tueurs d’animaux ; ça vivait du sang versé, après tout, et les sociétés quelles qu’elles soient ont tendance à ne pas mettre cette engeance-ci dans le même panier que le linge propre. Peut-être que dans le feu de l’action, il lui eut arrivé de planter un homme, c’était sûr même. Mais jamais de sang-froid, non ça jamais.

Et cette idée revenait bourdonner dans sa figure vidée de son sang, lente, amorphe, elle l’enrobait dans un coton qui l’empêchait d’aspirer de nouveaux arguments, de construire un raisonnement pour expliquer ce qu’il s’apprêtait à faire, ce qu’il devait. Il voyait cette masse dans la sombreur, cette carcasse d’homme, le couteau à la main, si prêt, si bien équipé pour faire la besogne, mais il n’arrivait pas à penser à cette fin des temps, si bien incarner dans cet homme. Comment pouvait-on pisser sur la caboche d’autrui ? La suite, perdue dans les limbes, et faisant appel à un faisceau de sentiments et de valeurs contradictoires formant un vaste canevas, le champ d’une bataille dont l’enjeu était le for intérieur du jeune boucher, est donc trop aérienne pour l’exprimer ainsi. Le fait est que cette grande guerre intérieure, le milicien l’interrompit.

L’enculé applaudissait avec une lenteur ironique. « Et ben voilà ta réponse, c’est cette petite merde. »

[Désolé, mais j'ai perdu l'Idée à cause de ce foutu chat, je continuerai quand ça reviendra ou après ta réponse (même "chuis pas petit !" suffira ) si jamais tu te sens inspiré. Vraiment navré.]
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MessageSujet: Re: Pour l'amour de la vérité (titre en construction)   Pour l'amour de la vérité (titre en construction) EmptyVen 27 Nov 2015 - 17:57
J'ai pas pu m'empêcher de gémir juste un tout petit peu quand le couteau a approché, c'était quand même mes dernières secondes en vie, excuse moi de pas hurler quelques dernières paroles bien couillus. Je me suis replié le plus loin possible du boucher - c'est à dire que j'ai râpé mon cul sur le sol en pierre pendant dix centimètres. Ca a eu l'air de le déstabiliser parce que je suis pas mort. Pas dans les minutes qui ont suivi en tous cas. On a tous figé comme des cons en fait, et ça m'a paru long, mais loooong. Si tu expérimente d'être tué, un jour, le plus désagréable sera ces putain de minutes de latences où tu te sais condamné mais où t'as pas encore mal - enfin, pas à cause d'un coup de couteau - et où tu prends chaque respiration comme si c'était la dernière. Mon coeur battait tellement fort, j'ai cru qu'il allait me lâcher, et j'étais incapable de parler, incapable de bouger, incapable de rien. Je fixai mon potentiel meurtrier, qui semblait éviter mon regard.

L'atmosphère entre le boucher et moi vola en éclat quand l'enculé - on va garder ce surnom, il est joli - se moqua de son confrère. J'étais hélas pas en état de me vexer d'être traité de petit, mais j'l'ai un peu mal pris quand il a feinté un coup de pied pour le plaisir de me voir me crisper. La petite salope quoi. Le but de cette démonstration de cruauté était évidemment de prouver comme c'était facile pour lui de faire du mal aux gens, vu que c'est pas un pédé.

- C'est d'la saloperie j'te disais, faut t'endurcir un peu, les temps sont durs, c'pas le moment de faire des coups de pute à ton cousin pour le plaisir de faire la fiotte. Personne aime ça à la base, mais faut s'y mettre hein, pour le bien de tout le monde.

Puis là le mec il est parti en sucette, parce qu'il s'est mis à me mettre des petits coups de pieds en tremblant un peu de plaisir. J'l'ai vu à son visage. Il avait la tête d'un mec sur le point de se juter dessus. Le pire c'est que c'était pas vraiment douloureux. Agaçant et humiliant, ouais, mais j'me suis pas brisé une côte sur ce coup là. J'ai pas compris le but.

- Hein, tiens, regarde comme ça fait la gueule la saloperie là.

Si il y avait eu des bagnoles dans le contexte, j'aurais pu dire "j'étais comme un lapins pris dans les phares d'une voiture". Comme il n'y en a pas j'vais juste dire que j'étais glauquement fasciné par les actions du milicien, rendu probablement nerveux - au sens de partir en couilles dans sa tête - par la proximité du meurtre et de la violence. Y en a que ça fait vriller d'étrange façon, et en l'occurrence les petits coups de pieds devinrent d'étranges caresses au niveau de l'entrejambe. J'aurais dû tiquer quand il a autant insisté sur le mot "saloperie", mais j'ai une expérience assez mince en truc de tantouze. Je pensais pas que ça incluait de me faire tripoter la teub par la semelle d'une botte en tous cas. Je me souviens juste d'une troublante conversation avec mon grand père après une baignade à la mer avec mes cousins, à propos de trucs interdits et déshonorant, mais j'ai pas creusé le truc, ça m'intéressait pas. Heureusement, merci les Esprits et les Ancêtres, merci l'univers, merci tout le monde, le boucher était là, et brisa le moment de folie de l'enculé :

- Euuuuh... tu fous quoi là en fait ?

Et à tout le monde de se sentir bien bien con et bien bien honteux d'avoir vu, subit ou agit.
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Anton GunofBoucher
Anton Gunof



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MessageSujet: Re: Pour l'amour de la vérité (titre en construction)   Pour l'amour de la vérité (titre en construction) EmptyMar 1 Déc 2015 - 18:25
D10 : Malachite passera-t-il à la casserole ou pas ? 1-2 : Il y passe. 3-10 : il n'y passe pas. Résultat : 2. Lanceur : Malachite.


La question, qui aurait été très rhétorique si l'obscurité n'envahissait pas tant l'espace où se déroulait la conversation, rappela à l'ordre le milicien et son début de frénésie homosexuelle. Le silence s'imposa, un peu gênant, et l'enculé fit mine de dire quelque chose. Il se rebiffa. Son visage reprit une certaine contenance, bien qu'il était plus dur qu'auparavant. Quand le calme lui fut trop insupportable, il dit.

"On décapite quand on n'a pas le temps de brûler", commença-t-il pour répondre aux interrogations de Malachite à ce sujet, et en changer, de sujet, mais en s'adressant à son collègue. "On coupe les têtes des morts pour qu'ils ne reviennent pas à ce monde, passke c'est ça le monde nouveau, comme tel qu'il est à ce jour. C'est que ça qui faut que tu te dises : qu'on est du monde nouveau, qu'y faut qu'on fasse notre devoir, qu'y faut qu'on devienne durs du coeur, comme que t'es avec tes cousins quand vous tuez le porcelet. Ici c'est la pareille, les gens, c'est des pourceaux, des pourceaux malades qu'y faut délivrer, pour endiguer l'épidémie..." Il voulait en dire plus, mais se contenta de tapoter trois doigts contre son front, signe de la Trinité.

"Pour éviter de finir comme cette saloperie,"
conclut-il en mettant un nouveau coup de pied à Malachite. Ca laissa notre boucher un peu penaud, tout ça, et il ne voulait pas trop où il voulait en venir, avec son discours de fin du monde, du durducoeur et toutes ces choses. Lui non plus, d'ailleurs, avait dû cracher ça comme ça, pour meubler, et ça n'enlevait rien aux faits dont ils avaient tous été témoins. La conversation s'embraya cependant plus naturellement ensuite, quand le milicien lui dit de foutre le camp, qu'il avait pas à assister à ça, qu'il était pas prêt, qu'il était trop fiotte. Le boucher hésita, résista un instant, mais son compagnon lui rafraichit la mémoire, déclara qu'il fallait pas laisser un mec qui avait pissé sur son cousin comme ça, comme si de rien n'était, qu'il allait lui faire payer, à cette petite salope de paria. A cette petite chienne, il allait lui montrer, t'inquiète pas, ça allait lui faire sa leçon pour les jours à venir. Mais... Mais il n'y avait pas de mais, maintenant il devait laisser faire les professionnels, les mecs qui en avaient. C'est normal d'avoir des scrupules à passer à la vitesse supérieure, à faire du mal à autre chose qu'aux animaux, même si c'était pas sain de nos jours, c'est normal et lui, l'enculé, il était prêt à se sacrifier. Il avait l'habitude, et puis il aimait le cousin au boucher, l'Anton, en tout bien tout honneur, ajouta-t-il.

Et comme l'enculé continuait à embrumer le boucher, ce dernier, qui était envoyé à faire cuire un bout de viande en attendant le dit Anton, se rétractait peu à peu, à cause de la force des choses, et ne sachant trop comment défendre le pisseur masqué ni même rétorquer aux "c'est comme ça" que martelait le milicien, qui avait bientôt mis le boucher à la porte. Il la ferma.

Il s'adressa à "la petite saloperie", disait qu'il allait y avoir droit. Il chuchota dans un premier temps, écouta le bruit des pas, hésitants, qui éloignaient le boucher de la porte, l'approchait de la lumière et de la chaleur du feu. Puis il parla plus fort, ou c'est que Malachite l'entendait mieux, parce qu'il se penchait un peu sur lui. Il continuait à répéter les mêmes choses, et son corps se mettait au diapason, il pouvait sentir les membres du soldat contre lui, Malachite, qui le pressaient quand, entre deux insultes, il n'était pas giflé, ou cogné. Car bientôt l'enculé prit son rythme de croisière. Il le disait lui même, il se sentait bien chaud, maintenant, et ça pouvait se sentir dans l'intensité et la fréquence de ses coups, qui se transformaient en attouchements. Le banni était trop faible, l'enculé était "trop chaud", il le maîtrisait comme un bout de chiffon, réactivant toutes les douleurs jusqu'alors en sommeil de son corps, le tordant. Le corps le surplombait, le collait, et entre deux suffocations, le paria pouvait sentir une bite dure qui se frottait à la raie de son cul, une main qui tentait, dans l'obscurité, de baisser son froc, mais qui le griffait plus qu'autre chose. Retourné sur le ventre, Malachite était maintenu par la pression d'un avant-bras, dont le coude s'enfonçait dans sa clavicule avec brutalité. Le sombre de la pièce - il faisait très noir - n'enlevait rien au glauque de la situation. Sa vue limitée, c'était les autres sens qui apportaient les informations, c'était l'ouïe qui rapportait la respiration rapide, bruyante du laborieux milicien, c'était le tact qui lui expliquait comme sa posture était malheureuse et sans espoir. L'haleine chaude, entrecoupée de petites phrases excitées, humiliantes, envahissait les narines déjà mises à mal de Malachite.

Mais bientôt, ça n'eut plus grande importance. C'était du détail. Bientôt, avec un prolégomène du genre "t'es bonne qu'à être baisée, petite merde" déclaré au creux de l'oreille, Malachite sentit son pantalon céder, l'autre cracher, puis la sensation d'être soudainement pris, possédé par le cul.
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Malachite



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MessageSujet: Re: Pour l'amour de la vérité (titre en construction)   Pour l'amour de la vérité (titre en construction) EmptyMar 1 Déc 2015 - 23:08
Forcément, j'avais un peu de mal à croire à ce qui m'arrivait. J'ai essayé de supplier du regard le boucher de rester, mais il est parti, et j'ai senti le bruit de ses pas s'éloignant résonner à travers ma tête tellement je guettais le demi-tour qui aurait dû survenir. Mais il est juste parti, et la voix de l'enculé a augmenté pendant qu'il marmonnait ses trucs horribles. Je vais mourir. Je vais pire que mourir ! Entendre ses paroles, c'était entendre des choses qui auraient dû être impossible si le monde avait un minimum de sens. Je ne comprends pas. Ma sexualité est beaucoup moins... complexe, on va dire. Plus festive, plus vite finie, j'ai jamais eu à marmonner des trucs à une meuf de la moitié de mon âge pour me mettre en train, ni lui taper dessus. Je comprends pas. Je comprends pas non plus pourquoi il s'éclate alors que je me vois mourir. Parce que, certes, y a une bite de trop dans l'histoire et on serait bien tenté de focaliser là dessus, mais pendant ce temps je me fais aussi cogner, et j'avais pas besoin de ça. Le pire c'est qu'il y prend un plaisir évident, lit mes réactions de douleur et bande comme un âne en conséquence. J'le sais parce qu'un bout de bois viendrait pas se frotter à mon cul avec autant de motivation.

Ah oui tiens j'suis sur le ventre. J'avais pas fait gaffe, je focalisais sur la main en train de presser ma cote cassée, j'ai pas trop fait gaffe à mon visage en train de cogner le sol froid. Puis j'essaye de m'échapper en même temps, j'me débats. Mais j'suis fatigué et j'crois que c'est foutu pour moi. J'arrête de bouger et je me mets à chouiner bêtement. J'vais me faire déshonorer comme... comme une fille putain ! J'pense à la mère de ma gamine, et c'est la pensée qui pouvait me faire le plus mal à ce moment là. J'cache mon visage avec les bras pour pas que l'univers me voit arrêter de me débattre et attendre que tout ça se termine. Puis j'voudrais me cacher de l'odeur aussi. Ca sent le mec, ça sent la bite, pas la mienne. C'est la première fois que ça m'arrive, et c'est très dégueulasse comme exhalaison. Pendant ce temps là, le milicien galère parce qu'il essaye de m'arracher mon fut' et de m'enculer en même temps, ce qui est pas simple. Tout ce qui retient le tissu autour de mes hanches maigres, c'est un bout de corde que j'ai trouvé dans les Faubourgs, et elle finit par céder. L'un dans l'autre, après quelques mouvements énergiques, j'me retrouve nu des cotes aux genoux, ce qui est bien suffisant.

J'sens un gros mollard, et j'cris un petit peu de terreur. Mais par contre j'beugle comme un veau dans mes bras repliés quand il rentre tout d'un bloc. J'ai l'impression de me faire déchirer dans le sens de la longueur - et je ne me prononcerai pas sur le taux de véracité de la comparaison. Ca plait pas trop au milicien qui me plaque sa grosse main puante sur la bouche, et dans la fureur du moment, il pense pas à me laisser de la place pour respirer. Je me noie dans ma morve pendant qu'il ramone de bon coeur en grognant. Ca se met à puer le sang et la merde, fort, parce que mon colon a une fonction première qu'on aurait facilement tendance à oublier, sur le moment. Ca a pas l'air de gêner le milicien. Et moi, je suis en train de mourir. Ca fait mal d'étouffer. Je commence à m'évanouir. Il a quand même l'air de s'apercevoir que quelque chose va pas et qu'il peut décemment pas ajouter la nécrophilie à la liste de ses crimes parce qu'il enlève sa main. Et j'me sens reconnaissant. Sur le coup je lui suis putain de reconnaissant de me laisser respirer.
La douleur va un peu en diminuant, et je suis le mouvement avec les hanches parce que ça fait moins mal comme ça et que je peux pleurer tout ce que je peux peinard. Plus confortable. Et mon corps réagit d'une façon que j'aurais même pas cru possible. J'ai jamais vécu un orgasme d'aussi loin, et à vrai dire je m'en fous un peu, j'suis trop occupé à respirer. L'enculé - non, pas moi, celui qui est métaphorique - peut pas retenir une petite remarque là dessus. Une remarque qui a l'air de bien le faire triper, parce qu'il répète le dernier mot en boucle en s'étouffant dans ses grognements. Et du point de vue unique où je me trouve, j'peux te dire que c'est parce qu'il est en train de finir. Tu sais c'est quoi ce mot ? C'est "salope". Fou hein ?

Il se retire, et s'essuie le matériel sur ce qu'il reste de mon pantalon. Moi j'suis dans un état second de douleurs abominables, trop crevé pour pleurer. J'ai donné tout ce que j'avais en la matière, comme je l'ai jamais fait de toute ma brève vie d'adulte. Je ne pense plus, je ne bouge plus, je respire à peine. Je suis plus là. Mon petit apocalypse personnel, ma mort, n'a aucun putain de sens.
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MessageSujet: Re: Pour l'amour de la vérité (titre en construction)   Pour l'amour de la vérité (titre en construction) EmptyMer 2 Déc 2015 - 2:01
Il connaissait mal l'enculé. Ou, comme il s'appelait, Oscar. De nom, de vue... Il frayait dans les mêmes milieux que Gunof, et c'était donc pas rare de le croiser lors des réunions de famille. Il était deuxième parrain d'un des mouflets à Anton, ça, il s'en souvint. Sans être inséparables, c'était le genre partenaires de longue durée, entre Anton Gunof et Oscar Glemser. A dire vrai, il avait commencé à le côtoyer plus fréquemment, au début de ces histoires de mangeurs. Les familles de la guilde bouchère, parce que plus de bœufs, plus de moutons, plus grand chose, s'étaient concentrées sur les halles, et formaient un véritable quartier-sanctuaire pour des dizaines de foyers arrachés à leurs logis. Si les hommes arrivaient à poursuivre un quotidien et disposer d'une certaine autonomie proche des anciens jours, femmes et enfants étaient gardés et enfermés dans ce bastion, sous les suggestions, justement, d'Anton et Oscar.

A partir de là, c'était dur de pas croiser l'énergumène, il avait sa famille avec celle de Gunof, comme certains autres qui avaient vu l'opportunité de se prémunir plus efficacement du danger, dans cette ville dans la ville. Et comme il avait rejoint, pas mal sur les insistances d'Anton encore et d'autres cousins, la peu rutilante mais bénéfique carrière de passe-muraille agréé, on pouvait dire qu'il avait appris à reconnaître la gueule d'Oscar. Un peu joueur, grand, toujours un sourire caustique mais pas dénué de sympathie fiché aux lèvres fines, le boucher ne l'aurait jamais imaginé sanguin. Il l'avait habitué à une équanimité moqueuse, accompagnée d'une certitude sur ses capacités. Le gars était descendant d'une ligne de soldats qui pesaient, les Glemser, et fils d'une petite légende. Il se dégageait de lui l'assurance et l'attitude insolente de ceux qui savent qu'ils seraient appelés, à leur tour, à devenir des institutions.

La porte n'isolait pas beaucoup, et notre boucher, hagard, s'était rapproché, avec beaucoup de réticence, déchiré par deux forces occultes qu'il ne parvenait pas à nommer, du crépitement rassurant du feu, des exhalaisons prometteuses d'un chaudron qui n'en finissait pas d'éclater des bulles grasses d'un bouillon amélioré de quelques tranches de lard. Derrière lui, dans le noir, il s'imaginait des murmures, entendit des bruits, comme des frottements de tissu, quelque chose qu'on ramassait. Il ne savait pas trop quoi en penser, Hotweild, le boucher, il se pensait un peu à côté de la plaque, sujet aux hallucinations. Il écouta, immobile, ce qu'il pensait être un crachat, puis un hoquet de douleur, ou de peur. Il voulut penser que c'était comme ça, mais le cerveau n'imprimait pas, et son ouïe vagabondait, comme si de rien n'était, par delà la porte, où étaient le paria et le milicien.

Il essaya de comprendre les froissements qu'il entendait, puis, quand la régularité de la chose caractérisa de façon péremptoire, sans laisser aucun doute, ce qu'il voulait savoir, quand il se rendit compte, sans échappatoire, de ce qui arrivait, finalement, au pisseur masqué, il s'évada. Il se remémora ces soirées auprès du grand-père, grand rôtisseur devant l'éternel, les senteurs lui vinrent sans difficulté, presque pressées. Il se mit en train de faire rôtir quelque chose, de regarder la chair se transformer en une viande chaude, savoureuse, transformées par l'action du feu. Il ne trouva cependant rien de correct aux yeux de son grand-père, les plus beaux morceaux pendaient au cellier. Qu'à cela ne tienne ! Incapable de penser à cet endroit, il était tout aussi infoutu d'entrer dans ce lieu devenu sacré par l'immonde qui s'y produisait, l'humiliation de l'homme, presque sacrilège, qui se pratiquait. Qu'à cela tienne ! Il y avait bien quelque chose à faire cuire par ici. Il attrapa deux cadavres de volailles, les prépara, les mit en broche. Il était concentré, il se rappelait les détails et les conseils de son grand-père, de ses petits trucs. Déjà se dégageait une odeur délicieuse, qui purifiait les airs.

Quand il se détourna de son office, c'était brusquement. Oscar sortit du cellier, leurs regards se croisèrent. Le boucher se détourna derechef. Le feu dardait sa chaleur contre la volaille, il fallait faire tourner tout ça, ça n'allait pas se faire tout seul, non pas, il ne fallait pas les laisser se consumer. C'est une viande malgré tout délicate, le poulet, lui avait dit son grand-père.

"J'arrive pas à croire qu'Anton ait pu se faire pisser dessus par une fifille pareille." dit Oscar Glemser en remettant ses vêtements comme il fallait. Sa spalière était un peu sur le côté. Le boucher se détourna derechef. Respira un peu plus vite, avant de contrôler son souffle. Les bonnes odeurs n'y faisaient plus rien. La souillure était là. Il eut un haut le coeur. Les pas s'approchèrent, le parquet grinça sous le poids de la carcasse de Glemser. Ils étaient côte à côte à présent, lui avait un genou à terre et capta d'une main la chaleur de l'âtre, guidait à lui le fumet. Il semblait détendu, neuf. En fait pour lui, ce n'était peut-être que de la conversation, quelque chose pour meubler. Finalement il se releva en gardant l'équilibre en se hissant via le bras du boucher Hotweild. Lui ne disait rien, ne manifestait aucune expression sur son visage tenacement attiré sur le feu changeant.
Un moment, il se tourna vers la pièce assombrie, où, de la porte entrouverte, il apercevait l'image qu'il se faisait du pisseur masqué, l'obscurité intensifiant une imagination tournant à pleine turbine. "Il fera rien..." voulut le rassurer le milicien, qui n'y était pas du tout. Et, toujours sur cette différence de longueur d'ondes, ajouta : "il fera rien avant un bon bout, arharharh."
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MessageSujet: Re: Pour l'amour de la vérité (titre en construction)   Pour l'amour de la vérité (titre en construction) EmptyMer 2 Déc 2015 - 3:13
Me demande pas pourquoi, mais ma seule obsession pour l'instant c'est de remettre ce qu'il reste de mon pantalon. J'peux pas crever avec le futal sur les chevilles, comme ça, tout le matos à l'air. Et dans quel état... parce que bon, oui, la pensée qui ne me quitte pas depuis un petit moment est toujours là : je vais bientôt crever. Excuse moi de m'en préoccuper encore, j'sais bien que t'es un peu ému par toutes ces histoires de bite, mais dans l'urgence c'est ce qui me préoccupe le plus là. Je tortille les hanches pour remonter mon ben sans me lever, et vu les douleurs ça me prend quelques minutes. J'entends aussi les deux mecs parler, mais j'écoute pas, tout ce que je guette c'est la phrase "bon ben attends j'vais l'achever et balancer son cadavre dans le tas d'ordure, j'en ai pour deux minutes". Qu'est ce que je peux faire d'autre que l'attendre, cette phrase ? Je vais pas sortir dans la maison, la traverser, et sortir. Même en courant. Déjà je pense pas en être capable, ensuite y a une aura de malédiction dans la pièce d'à coté. L'obscurité me protège un peu de ce qui vient de se passer, en quelques sortes. Je veux pas voir de visages en pleine lumière, et je veux pas qu'on voit le mien.
Après le petit rire du milicien, un silence s'installe. Moi j'reste vautré dans mes humeurs, les membres en désordre, le bas ventre encore palpitant à l'intérieur. Si j'bouge ça va faire tout froid, et j'vais m'étaler un peu plus de merde partout. Je veux pas.

- Il avait quel âge ? J'ai pas vu.

- C'est quoi cette question ? Qu'est ce que ça peut te foutre ?

Oui moi aussi j'la trouve bizarre. J'ai dit que j'écoutais pas, mais j'suis intrigué. Il a une voix bizarre en plus le gars, un peu absent.

- Il. Avait. Quel. Âge.

- Putain t'es chiant ! Bah si ça te préoccupe, il avait des poils quand même. J'suis pas un connard non plus. Merci l'image quoi, tout de suite on le fait avec un mec, faudrait que ça soit un gosse. 'tain tu vas pas t'y mettre aussi. Petit silence. Bon, on a bien joué tout ça, mais j'vais foutre ça dehors et l'finir hein, comme ça tu vas arrêter de te machiner la tête.

Ah, ça y est, j'vais cr...

- NON ! Le sors pas.

- Hein ? Oui, c'est une très bonne remarque je trouve. J'vais faire la même : Hein ? Bah j'vais pas le laisser là, ça va dauber et tout.

- Nan mais le sors pas. Je veux pas le voir.

- Ouiiii bah c'est pas très fraiiiis c'est sûr... Bah tourne la tête, pète un coup. Dans deux minutes c'est fini, là t'es un peu ému ou j'sais pas, mais laisse moi faire.

- ELOIGNE TOI DE CE PUTAIN DE CELLIER DE MERDE.

- MAIS CONTIENS TOI PUTAIN.

J'entends des pas, des bruits de bousculade de meuble, un gargouillement, une chute. Puis plus rien.
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MessageSujet: Re: Pour l'amour de la vérité (titre en construction)   Pour l'amour de la vérité (titre en construction) EmptyMer 2 Déc 2015 - 11:40
"J'ai pas pu le contenir, il a été sur lui avant qu'on puisse rien faire."

Ce n'était pas les meilleures journées d'Anton Gunof, en ce moment. D'ailleurs ça se lisait sur son visage. Son faciès était encore déformé par une série de coups et de blessures, lesquelles, vieilles d'un ou deux jours, vallonnaient moins qu'auparavant sa gueule cassée, mais parsemaient de couleurs - du bleu à un jaune très sombre - ses pommettes, ses lèvres, ses yeux pochés, sa mâchoire. Au début, son cousin, le boucher, n'en revint pas, de cette face. Et quand Anton entra dans la masure où il résidait, avec feu le milicien, il perdit un instant emprise sur lui-même, saisi par la surprise. C'était vite passé cependant : le boucher recouvra le visage marmoréen qui n'avait cessé de le quitter depuis le meurtre d'Oscar Glemser.

Celui-ci gisait sur le parquet, recouvert de toiles de jute par respect pour le défunt, et les bras en hauteur, ligotés à un crochet fixé au mur de pierre, de peur qu'il ne tournât. Etrange spectacle, étrange bout de viande. Anton Gunof, avant même de demander quoi que ce soit, retira la toile qui cachait le visage de son frère d'armes. Deux coups de poignards, mal assurés et portés par surprise, avaient crevassé sa gorge sur le côté. Une effusion de sang avait dû s'ensuivre, recouvrant maintenant le cou d'Oscar et son torse de sillons cramoisis et pétrifiés. Son visage s'était immobilisé dans une expression de douleur, d'horreur, la lame qui avait tailladé son faciès n'avait pu faire disparaître cela. Ses yeux, vides, renforçaient cet état de fait. Ils étaient ouverts. Anton, lui, ferma les siens, une main sur le front. Il murmura quelque chose que le boucher ne put pas entendre, il se signa puis ferma ces orbites ouvertes. "Gute nacht, Oscar Glemser..." Son front touchait celui du défunt, puis ses lèvres vinrent y déposer un baiser, tandis que sa main gantée tenait le dos de son crâne, une dernière fois, affectueusement.

L'étreinte funéraire s'arrêta là, Anton se détacha d'Oscar, remit la toile de jute. Il traîna un banc, plaça le torse de son ami sur lui de façon à ce que sa tête, encore un peu raide parce que cadavre, flotte dans les airs. Il défourailla avec minutie, la pièce n'était pas très haute, et posa le tranchant de sa lame à la nuque. Il la leva, mais peu, et frappa. Deux fois. Le chef pendouillait, raccordé au corps par un risible morceau de chair. Trois fois, quatre fois. La tête tomba dans un choc sourd, les cousins se perdirent dans sa contemplation. Et puis Boucher se souvint de l'état du garde Gunof, et lui jeta des coups d'oeil en coin. Sa sale gueule venait pour beaucoup des coups qu'il avait reçu, mais il y avait autre chose, de plus profond. Il avait une petite mine, ce qui était étonnant quand on connaissait sa constitution, et son regard s'éclairait d'une lumière glauque, une obstination animale semblait avoir vidé ses yeux de toute étincelle de conscience. Cette histoire d'urine n'avait pas fait que du bien au garde Gunof, qui faisait les gorges chaudes de certains dans le rang. Cet aiguillon permanent, qui se traduisait bien plus souvent par des regards entendus, mais occasionnellement par un bon mot, le piquait au vif comme la verge un cheval. Et depuis, il marchait, fuyait de l'avant, cherchait à laver l'humiliation dans le sang de quiconque avait un vague rapport avec cette histoire.

Leurs regards se rencontrèrent. Tous les deux vides, tous les deux fatigués, mais l'un inquisiteur. Anton scrutait son cousin, qui ne réagit pas plus que cela. Les questions fusèrent, précises, prononcées rapidement, articulés. Le garde ne laissait aucun de répit à son interlocuteur, et la série de questionnements prenait une allure équivoque. C'était un interrogatoire ?

"Et toi, où t'étais, précisément, quand ils ont commencé ?" ; "Comment il a réussi à t'assommer ? Où t'étais, exactement ?" ; "Il a frappé où en premier ?"
Le boucher répondait sans se démonter, presque sur la même fréquence qu'Anton posait les questions. Mais quand celui laissa passer un ange, les souvenirs refluèrent. Le ton qui était monté entre milicien et boucher, à propos de "la fifille", le vague redoux qui s'était établi, insidieusement, et puis les suites de remarques d'Oscar, à propos de la façon douteuse qu'il avait de défendre la petite merde, au boucher, à propos de cette attitude de fiotte qui ne le mènerait nulle part. Les remarques se changèrent en allusions, bientôt illustrés de la performance d'Oscar dans le cellier, suivies du silence crispé du boucher. Il aimait en parler, de tout ça : des fiottes, des faibles, de ce qu'ils méritaient, et comme l'autre ne lui répondait plus, il continua dans la surenchère. "Tu voulais y mettre la main à la pâte, har ? J'ai enflammé ta jalousie, ma fifille ?"

Il ne se rappelait pas vraiment à quel moment ça s'était passé, ni comment. Tout ce qu'il savait, c'est que c'était né d'un élan qui l'avait relevé, qui l'avait remis droit sur ses jambes. Il avait poussé Oscar, qui lui avait jeté un sourire satisfait au visage. Il savait, aussi, que c'était un accident, qu'il n'avait pas voulu faire autre chose que menacer avec son couteau. Il voulait juste qu'il ferme sa gueule, qu'il se taise. La lame avait percé, un peu, et l'expression du milicien s'était métamorphosé. Ca s'est bousculé, il y eut un cri, il savait ça, et puis c'était déjà fini.
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MessageSujet: Re: Pour l'amour de la vérité (titre en construction)   Pour l'amour de la vérité (titre en construction) EmptyJeu 14 Jan 2016 - 17:33
Bon, je meurs pas.
Les minutes de silence s'allongent de façon inconfortable, et je sens toujours l'air qui fait des va et viens dans mes poumons - quoiqu'un peu salement vu que j'ai une narine collée dans une flaque de sang séché. Tout ce qu'il y a de plus vivant. Bizarrement je pense à ce coin, dans les marais, où y avait un tas de baies comestibles et presque mûres la dernière fois que j'y suis allé. Faudrait que j'y retourne voir, si y a moyen. En plus, derrière un tas de bois morts juste derrière y a une étendue d'eau presque propre, ça sera pas mal pour se laver après...
Après voilà quoi.

Cette pensée me ramène brutalement à moi même. Ce soupçon de début de projet pour "après". Il y aura un après. Je vais pas mourir. C'est horrible mais c'est comme ça. Mon cul va cicatriser. J'vais pas laisser un con de boucher se mettre entre moi et la sortie après tout ce bordel. J'vais faire semblant d'être inconscient et j'vais lui niquer la gueule, j'sais pas comment. C'est vrai qu'il est lopette, ce con. Si ça le dérangeait tellement que je me fasse mettre, pourquoi il est pas intervenu avant ? J'aurais préféré, à choisir. Ca change pas grand chose pour moi d'avoir entendu Oscar mourir, j'me sens pas spécialement mieux, j'ai pas moins l'impression d'avoir eu la chiasse de ma vie en inversé. De toute façon à mes yeux, là, le milicien est plus comme un monstre de conte, qui existe pas vraiment, qui a pas vraiment de vie à lui mis à part être horrible. Sa biographie pourrait se résumer à : naître - me bousiller le colon - crever. Con de boucher !

D'ailleurs, il est dans l'entrée du cellier.

J'sais pas quand il est rentré, j'le vois d'un oeil vu que j'ai la joue sur le sol, mais je devais être un peu inconscient parce que j'ai pas calculé. Il tire une gueule pas possible, il est tout blanc et il respire trop vite. Tu m'étonnes. Ca doit être un sacré spectacle. J'essaye de visualiser de son point de vue. Il y a des traces de sang partout autour de moi, pour quand j'ai essayé de ramper pour m'enfuir. Y a le fait que j'ai replié un peu une jambe pour surélever mon bassin et m'éviter la gravité. Y a que j'ai eu un petit mouvement de trouille quand je l'ai vu, et que c'était aussi pathétique qu'un enfant qui rampe sous un meuble pour mourir. Y a aussi mon futal déchiré, et ce qu'il était censé cacher, évidemment.

- Q-q-quoi, ça t'excites pas ?

Ma voix est faible, et témoigne de la crise de larmes que j'aimerais bien relancer si il me restait le tonus pour ça. Mais j'ai besoin de violence. Le manque de sens de toute cette connerie me met en colère, un peu envers moi aussi. Je sais pas encore pourquoi. Mon corps m'envoie les signaux de l'après-sexe, même si j'ai pas l'impression d'avoir fait du sexe du tout. J'ai joui par le cul, bordel de merde. Je savais même pas ça possible. Ca doit faire comme ça pour les nanas. Ca me donne pas envie d'en être une. 'fin jusque là je vivais en me disant que les mecs allaient avec les filles, et c'était très bien. Evidemment j'ai eu ouï-dire qu'il y avait des bugs dans la matrice, mais ça me concernait pas. Déjà que passer par la porte de derrière avec une gonzesse ça me paraissait d'un exotisme fou...

J'appuie sur mes pieds pour essayer de me relever sans douleur - hé, qu'est ce que je peux faire d'autre ? J'vais pas rester là. Ce faisant, j'élève un peu mon cul, ce qui a l'air de mettre le boucher au bord de la gerbe. Il devient tout vert et il se barre précipitamment de l'entrée du cellier. Je suis content de pas voir ce qu'il voit. J'appuie sur mes bras, décolle héroïquement ma joue du sol. Ca fait super mal. C'était le coté qu'Anton m'avait le plus explosé, et en plus ça a frotté sur la pierre à cause des va et viens. Je tente même pas d'ouvrir l'oeil.
Bon, comment j'me mets debout ? J'envisage même pas la position accroupie dans la manoeuvre, autant m'amuser à me gratter le cul au papier de verre. Je vais à quatre pattes jusqu'à une table où y a du matériel pour s'occuper de la viande, et m'appuie dessus pour tenter la position verticale. J'suis très fatigué, et j'ai des petites mouches noires devant les yeux. Mais c'est surtout la douleur qui me nique. Comme une pierre très pointue en train de tout déchirer dans mon bas ventre. J'pousse un petit sanglot plein de morve, qui devait me rester quelque part en réserve pour une grande occasion. Mais me voilà debout ! Je le voyais pas arriver, comme ça, y a cinq minutes, mais en fait si. J'suis tellement vivant que je me tiens sur mes jambes - quoiqu'un peu écartées et tremblantes. J'sais pas où il est le boucher, mais si on me laisse une petite heure tranquille je serais peut être en mesure de lui mettre une petite gifle ou de l'insulter avec une phrase un peu longue.

'fin même si j'aimerais bien voir mourir quelque chose, c'est la sortie que je cherche en vrai. Je quitte le cellier en tenant ce qu'il reste de mon fut' autour de mes hanches. J'ai les hanches étroites, j'aurais jamais cru avoir à l'ajouter à ma description physique, mais c'est comme ça. Maintenant je peux me coucher avec cette vérité en tête. J'me demande si ça me fera la même impression de coup de couteau que de penser les mots gros sac à foutre. Probablement.
J'constate la présence du cadavre d'Oscar, et du boucher en train de s'activer du coté d'une porte. Il me fait signe de venir. Il sent le vomi. Il a visiblement hâte que je parte.

- Je dirais que t'as... t'as... enfin tu vois. Par rapport à Oscar. Qu'il est mort. Que tu l'as tué. Ca te fait plaisir non ?

Je réponds rien. Le boucher sent de lui même qu'il a dit quelque chose de con parce que son regard devient fuyant. Et il tient un couteau, comme si j'étais dangereux. Une énorme tafiole. Je passe la porte, pensant débouler dans une rue noire de monde avec ma petite figure pleine de sang et de la merde sur les cuisses, mais non. La porte déboule derrière les murailles, par un endroit que je pensais condamné depuis longtemps. J'suis direct rentré chez moi, comme si tout avait été un mauvais rêve. Mais t'inquiète pas je sais déjà que ça s'est vraiment passé.
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