Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé
Eurybia PyritForgeronne
Sujet: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé Mer 12 Juin 2019 - 18:02
Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé ◈ 15 avril 1166
Elle n’avait dormi que quelques heures quand le soleil vint éclairer la fenêtre de sa chambre. Ses songes emmêlés flottaient autour d’elle, si bien qu’elle se demanda si elle avait réellement vécu une telle soirée. S’était-elle simplement endormie, en rêvant d’un homme dont la stature imposante aurait pu lui apporter quelque réconfort ? Avait-elle mis trop de valériane dans son infusion, était-ce la cause de son sommeil lourd et de ses rêves étranges ? Eurybia ouvrit enfin les yeux sur sa main gauche dont le bandage souillé était tout encroûté. Comme dans son rêve, sa blessure s’était rouverte. Etrange. Elle se redressa sur sa paillasse et vit sur la petite table où elle s’apprêtait quelques boutons décousus. Son sang ne fit qu’un tour.
Elle n’avait pas rêvé, d’ailleurs elle n’avait jamais mis de valériane dans son infusion - surtout sachant qu’elle devrait veiller jusqu’à la venue du Baron. Le seigneur de Sombrebois était venu récupérer sa hache, elle avait été d’une inconstance parfaitement honteuse, après quoi elle l’avait renvoyé comme une duchesse insatisfaite aurait congédié un servant négligeant. Oubliait-elle son rang et sa place ? Elle grogna à cette pensée, en s’extirpant enfin d’entre ses couvertures. Et lui, se serait-il oublié ? Devait-elle respecter un sang-bleu pour un héritage parfaitement aléatoire dû à sa bonne fortune de bien-né, alors que ce dernier semblait se permettre un peu trop de liberté avec la gente féminine de quelque bord fusse-t-elle ? Elle était maître forgeron, s’il voulait gagner du terrain, il allait devoir gagner le bras de fer qu’elle lui imposait. Grâce aux Trois, le baron n’avait pas su profiter de l’instant de faiblesse qui l’avait submergée la veille, ce moment où elle avait failli rendre les armes dans l’obscurité, oui, la seule fenêtre d’attaque qu’il pouvait vraiment espérer. Par respect ou par inadvertance, il n’avait pas su l’acculer(héhé) et la mettre fasse à ses provocations. L’eut-il fait, qu’elle aurait perdu toute dignité pour peut-être un peu de passion. Un échange qui n’aurait laissé qu’un vainqueur, et sans doute pas elle. Elle l’avait mis dehors après avoir attisé un feu gourmand, et il l’avait accepté en repartant l’appétit à l’affût. Et maintenant, lorsqu’elle le reverrait, qu’en serait-il ? Paierait-elle cette affront ? Ou serait-il égal à lui-même, ayant fait payé à quelqu’autre femme le prix du tourment dans lequel elle l’avait laissé.
« Si je le revois... »songea-t-elle pour elle-même. Perdue dans ses pensées, elle s’était machinalement débarbouillée, habillée, coiffée, tressée. La forgeronne soupira et regarda autour d’elle. C’était son chez-elle, celui qu’elle avait refait en arrachant les planches moisies, en réparant la toiture, celui qu’elle avait aménagé, entretenu. Elle mémorisait chaque pièce, chaque recoin comme si elle n’allait jamais revenir. Reviendrait-elle ? Si les Trois le permettent, elle leur pria de la protéger. Elle pria Anür de bénir son voyage, Rikni de lui accorder des jours ensoleillés pour ce trajet, et Serus de la laisser traverser ses champs pour ramener du minerais et accomplir son labeur. Enfin, la grande blonde ramassa quelques affaires nécessaire au voyages : son marteau de forgeronne à sa hanche, son énorme marteau de guerre évidemment, sanglé à une attache dorsale, une cape en cuir au cas où le temps se gâte, un petit sac de vivres, une bourse d’or, quelques vêtements, le tout empaqueté. Sa tenue vestimentaire variait légèrement de ce qu’elle portait à Marbrume, elle avait troqué son tablier de cuir pour une fourrure qu’elle avait ceint autour de sa taille avec une grosse ceinture, en prévision de nuits fraîches, elles pourrait toujours la passer se ses épaules. Elle verrouilla sa forge, en fit bien le tour pour vérifier que tout était fermé, car elle avait une fâcheuse tendance à négliger ce détail-là. Enfin elle rejoignit les marchants près des grandes portes de la ville fortifiée. Avec l’apparition de la Fange, la cité avait dû mettre en place un couvre-feu pour sécuriser les habitants. Ainsi, un petit attroupement de ce qui allait bientôt former un convoi espérait pouvoir partir dans l’heure, maintenant que l’astre solaire prenait de l’assurance au dessus d’eux.
La forgeronne se fraya un chemin parmi la foule. Du regard elle cherchait une charrette pas trop pleine ou une mule qui aurait pu accueillir son paquetage. Du coin de l’oeil, elle repéra une crinière blonde contenue dans une tresse desserrée, semblables aux siennes. La différence majeure entre les deux femmes était sans aucun doute leur stature : l’une plutôt grande pour une femme et dotée de larges épaules, l’autre plus petite que la moyenne avec une ossature fragile. La petite marchande aurait pu ressembler à une poupée si elle n’avait pas perdu ses pommettes rebondies et sa joie enfantine. A la place, un air fatigué laissait imaginée que la femme avait dû passé un nuit au moins aussi brève que celle de la forgeronne. La petite blonde négociait le prix d’une mule pour le voyage, elle tenait quatre pièces dans la main.
« 4 écus ? Mais ma p’tite dame, m’faudra plus que ça, c’est 10 écu pour cette mule ! Chuis même pô sûr d’la revoir ma bête, ni même de vous r’voir vous ! Alors qui m’paiera, hein, qui ? » fit l’éleveur indigné. Eurybia fronça les sourcils jugeant qu’il exagérait sur la situation. Les routes ne pouvait pas être si dangereuses que ça. Les rumeurs faisaient toujours tout enfler, et le moindre petit problème devenait une catastrophe au fil des échos qui le racontait. Toujours était-il que si la marchande espérait emprunter l’animal, autant qu’elle se fasse à l’idée qu’elle devrait l’acheter. Derrière elle, un chariot bien plein qui supporterait facilement un petit poids en plus. La forgeronne y vit l’occasion de prendre part à la conversation.
« Personne ne demande ta mule, garde-ça pour les petits bourgeois et leurs grandes robes ! Donne-nous donc cet âne-là pas trop gâteux pour 6 écus, s’il crève pas avant Usson j’en serai bien étonnée. » lança-t-elle d’un ton qui laissait entendre que le paysan ferait une belle affaire. Elle avait bien dit ‘nous’ comme si les deux femmes se connaissaient et s’étaient données rendez-vous ici pour le départ. En un détour de mots, elles étaient passées de concurrentes pour l’achat d’une tête de bétail à deux associées. Ainsi, au lieu de se disputer le meilleur prix, elles prendraient le plus bas possible. Pour ne pas les trahir avec un air suspect, elle garda les yeux fixés sur l’homme et soutint son regard. Contrarié, il l’examina de haut en bas, s’arrêta sur ses marteaux, et répondit d’un ton irrité.
« Gâteux ? C’ui-là n’a pas deux ans, comment qui s’rait gâteux, maître forgeronne ? 8 écus !» Ainsi donc avait-il des yeux, et il savait s’en servir. Et un cerveau qui marchait encore assez pour négocier sa vente.
« Maigre comme il est, il peut avoir deux ans qu’il n’en a pas l’air plus solide. Va pour 7 écus ! » fit-t-elle en rajoutant trois écus dans la main tendue de la marchande pour faire le compte, elle tendit alors sa poigne vers le commerçant pour conclure le marché. Grommelant, l’éleveur la lui serra et récupéra son dû. Alors qu’il comptait l’argent, elle lança un regard entendu à la petite bonne femme -dont le visage affichait un air confus ou surpris lui signifiant qu’elles s’expliqueraient après. Elles s’éloignèrent un peu pour atteler l’animal au chariot sans être bousculées par les passants.
« J’espère que ça ne vous ennuie pas de partager l’âne, je n’ai qu’un paquetage et vous semblez avoir encore une petite place sur votre chariot. Je me suis dit qu’il aurait été idiot de prendre deux bêtes si on peut n’en prendre qu’une. Je suis Eurybia Pyrit, Forgeronne dans la Grande Rue des Hytres.» dit-elle en guise de présentation.
Ambre Rosélia
Sujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé Ven 14 Juin 2019 - 8:07
Eurybia PyritForgeronne
Sujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé Dim 23 Juin 2019 - 0:04
Ainsi, alors que Eurybia Pyrit portait le prénom d’une fleur et le nom d’une pierre, sa jolie interlocutrice elle portait le nom d’une pierre et un nom de famille inspirée d’une fleur. La forgeronne eu un sourire en coin à cette pensée. La vie savait comment tracer des chemins tout indiqués, et quelque chose disait à l’artisane qu’elle n’avait pas rencontré cette tisserande par hasard. Restait à trouver quel rôle de la jeune veuve tiendrait dans la pièce de théâtre qu’était sa vie. A l’évocation de son défunt mari, une ombre furtive passa dans ses yeux las avant de se dissoudre dans l’atmosphère. La petite vendeuse arborait un sourire poli et contenu, mais dans l’air vibrait un mal aise qu’Eurybia avait l’impression de connaître.
« Oh, je vous en prie, épargnez-vous le ‘Dame’, je n’en ai ni les manières ni les jupes, au grand damne de ma pauvre mère. Eury fera l’affaire, surtout que nous allons rester ensemble quelques jours. Je vais à Najac mais je vais faire une halte à Usson, j’espère y retrouver de vieux amis... J’aimerais pouvoir vous rassurer mais il s’agit de mon premier voyage à l’extérieur depuis 1164. Je crois bien avoir au moins autant appréhension que vous...»
Et pour cause, elle le partageait depuis la veille, alors allongée sur sa paillasse, les doutes et la paranoïa avaient fait vaciller le peu de raison que la fatigue lui avait laissée. Les monstres, les bandits, la mort, le face à face avec ceux qu’elle avait abandonnés, et leur survie dont elle ne s’était jamais souciée, et pire, pire que tout cela ensemble, l’éventualité de tomber nez-à-nez avec le seul homme qu’elle aurait pu épouser. Là, juste devant elle, une femme de son âge probablement, qui souffrait de la perte de l’homme qu’elle avait sans doute aimé. Là, juste à sa place, une femme terrifiée à l’idée de retrouver le seul homme qu’elle n’ait jamais aimé. Les yeux dorés de l'artisane contemplaient cette autre qui achevait de sangler l’âne, cette inconnue qu’elle connaissait désormais, un miroir étrange, l’aperçu d’une vie que seul des choix avaient fait différentes. Cette autre lui était-elle semblable ou opposée ? Ou se complétaient-elles simplement ?
Un beuglement la sortie de ses pensée, on annonça le départ du convoi. Les deux blondes rejoignirent le groupe, la forgeronne tentait de cacher sa stupéfaction. Trois autres charrettes et six miliciens ? Elle sentit un malaise s'installer. C’était une expédition comme beaucoup d’autres, pourtant elle s’était imaginée qu’il y aurait de nombreux miliciens pour les escorter en sécurité jusqu’au Labret. Elle commençait à mieux comprendre pourquoi tant de gens refusaient de s’aventurer sur le plateau ou n’en revenaient pas. De toute évidence, elle avait largement sous-estimé les rumeurs, ces dernières semblaient être plutôt bien fondées pour le moment. Les miliciens se présentèrent et ils n’étaient pas vraiment les plus en forme. Gilbert était la tête de groupe, il avait un air mauvais mais était plutôt grand et bien bâti. Les rations l’avaient rendu sec, et son nez témoignait des bagarres de tavernes qu’il avait remportées pendant ses permissions. A sa droite, un homme trapu, barbu l’oeil méfiant, renfoncé dans son orbite qui évoquait les traits de beaucoup d’hommes nés dans les montagnes du Morguestanc, c’était Ulrich. Sa morphologie étrange lui avait donné de gros bras longs, et des jambes un peu trop courtes. On avait pas envie d’en prendre une de son revers en tout cas. Un peu en arrière, un jeune bleu pas encore trop amoché par la vie qui semblait se demander s’il avait pas fait une grosse connerie en s’enrôlant dans la milice. Les trois autres se démarquaient moins : Xavier un grand maigre au long nez, Philippe un homme discret et avare de paroles, et Jean-Jean un vieux loup à la barbe grise et au crâne lisse. Si leurs présentations étaient censées ramener le calme et inspirer un sentiment de sécurité à la troupe, le résultat n’était pas très probant. Quelques murmures s’élevèrent et retombèrent aussitôt : on se mit en marche. Ambre ne semblait pas très à l’aise alors qu’elles passaient les grandes portes de la ville fortifier. Sans la fixer avec trop d’insistance, elle l’observait du coin de l’oeil. Plus grande que la tisserande, elle pouvait voir les jupes de sa modeste robe ocre se plier et se déplier au rythme de ses pas, parfois même elle pouvait voir le bout de ses chausses passer sous le tissus. Elle essaya de se souvenir à quand remontait la dernière fois qu’elle s’était vêtue comme une femme. A de rares occasions, elle avait fait l’effort, oui. Mais depuis qu’elle était à Marbrume, elle ne se souvenait pas avoir porter autre chose que des pantalons.
Le regard de la forgeronne quitta les mouvements fluides de sa camarade de voyage, attiré par les couleurs de la nature qui contrastaient avec la ville. Elle était allée quelques fois dans les faubourgs et avait eu plaisir à revoir de la verdure, les ruisseaux, la forêt. La nature était un environnement apaisant, avoir vécu dans la campagne vous faisait regretter de vous en être éloigné. La tisserande fut la première à engager la conversation en mettant à sa disposition sa charrette ou ses étoffes au besoin.
« Je vous remercie de votre offre mais j’ai bien peur que l’âne ne se fatigue avant moi et que je me retrouve à traîner la charrette avec le bougre dedans.» fit-elle en éclatant de rire. C’était exagéré, la bête n’avait pas si mauvaise mine, néanmoins la najacienne doutait que son endurance ne soit affectée par le voyage, même avec aussi peu d’heures de sommeil à son actif. Aujourd’hui elle n’avait pas à endurer la chaleur des fourneaux ni à battre inlassablement le fer, elle ne doutait pas d'avoir l’énergie nécessaire pour ce qu’elle envisageait naïvement comme une balade en forêt. Son oeil expert s’arrêta sur le poignard attaché à la hanche de la jeune veuve.
« Solide dague. On est jamais trop prudent par les temps qui courent. Avez-vous déjà eu à vous en servir ?» demanda-t-elle d’un ton aimable. La question pouvait sonner comme une remarque désobligeante, elle s’en rendit peut-être compte car elle poursuivit : « Des petits chenapans ont essayé de voler quelques marchandises à ma forge. J’imagine que c’est un problème pour beaucoup de commerçants. Je peux ? » fit-elle en pointant la courte lame. Elle avait essayé de refréner son envie de demander à examiner l’arme mais les mots étaient sortis mu par l’instinct de l’artisan curieux qui aime observer le travail d’autrui ou réexaminer le sien.
Ambre Rosélia
Sujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé Dim 30 Juin 2019 - 20:42
Eurybia PyritForgeronne
Sujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé Lun 1 Juil 2019 - 19:49
La forgeronne glissa un regard amusé mais peu convaincu à celle qui l’accompagnait. Elle comprenait ce que la jolie tisserande essayait de faire d’un ton naturellement aimable et bienveillant, quelque chose de naïf. De mignon. Même si aucune flatterie ne saurait adoucir certains aspects de la réalité. Non, Eurybia n’était pas une dame, elle n’en avait ni les manières ni la grâce, pas plus qu’elle n’était légère. Si elle passait son temps à battre l’acier, son corps à elle semblait taillé à même la pierre, et quelque part son visage aussi. Serus l’avait sculptée au burin, sa silhouette n’était faite que d’angles, lourde, dense, compacte. Si ses lignes rappelaient des carrures habituellement masculines, elles la dotaient d’un charisme et d’une puissance qui irradiaient pour le meilleur et pour le pire. Les regards qui se posaient sur elle étaient curieux, hypnotisés, dubitatifs, méprisants, mais elle les capturait, c’était certain. Une indifférence permanente s’était bâtie autour d’elle comme son bouclier, elle marchait droit la tête haute. Elle ne pouvait pas se cacher, grande et forte comme elle l’était, et pour couronner le tout, sa personnalité belliqueuse et fière n’envisageait même pas cette possibilité. Eut-elle était un homme peu regardant sur les meurs, elle aurait sans doute brisé autant de cœurs que son petit frère était destiné à laisser derrière lui. Si la discrétion était un terme abstrait pour sa personne, elle avait apprivoisé l’attention qu’elle suscitait. Oui, regardez-la tous, cette femme-homme comme ils disent avec mépris, celle dont la force ne la limite par delà la faiblesse que l’on attribut son sexe! Regardez-la, parée de pantalons, marteau de forge au giron, elle ne fait même pas semblant d’essayer d’être comme les autres femmes. Regardez-la, bientôt Marbrume saura que les meilleurs armes son frappées par son talent et qu’importe son entre-jambe.
Mais elle ne dit rien, elle se contenta de sourire. Légère comme le vent. Elle avait plutôt peur que la petite blonde s’envole à la moindre bourrasque. Pour le coup cette dernière devait peser quatre-vingt dix livres toute mouillée, et encore, il y avait une sacrée chevelure incluse. Blonde. Eclatante, brillante, raffinée. Comme la lame qui formait sa dague. Un fin ouvrage. La petite tisserande lui avoua ne jamais avoir eu à se servir de l’arme. La forgeronne fut attristée d’apprendre qu’elle n’avait aucune idée de comment la manier, mais elle comprenait. Après tout, les armes étaient son métier à elle. Si Ambre n’avait jamais eu à s’en servir, c’était bien mieux ainsi. Pourtant même en essayant d’envisager la situation sous cet angle, Eurybia était irritée et quelque part en elle, la décision d’enseigner les bases à sa compagne de voyage était déjà prise. Qu’elle était pure cette femme à refuser de faire le mal même pour se protéger. Qu’elle était naïve aussi. Attendrissante.
Ainsi la veuve tenait ce poignard de son défunt mari, et il lui aurait apporté autre chose de tout aussi précieux. Peut-être même plus que précieux, car à l’évocation de cet épisode, son visage changea complètement. Elle n’était plus la jolie tisserande légère, en quelques mots, elle était une veuve éplorée qui avait tout perdue, sa richesse, son statut, son époux, et quelque chose de bien plus important. Quelque chose qu’on ne remplaçait pas, jamais. Quelqu’un sans doute. Un être cher, un enfant certainement que son mariage lui avait accordé. Un être précieux, emporté par la fange. La forgeronne acquiesça et se sentit mal, comme étrangère à la situation. La fange, qu’en savait-elle, elle ? Elle était tapie à Marbrume lorsque les morts avaient commencé à se relever. Aurait-elle eu une famille qu’ils auraient tous été en sécurité dans la ville fortifiée. Mais sa seule famille, c’était le noyau qu’avait formé ses parents. Avait-elle seulement pris des nouvelles ? Leur avait-elle seulement rendue visite depuis qu’ils étaient venus pendant l’Exode ? Occupée à sa petite personne, toute entière dévouée à ses égoïstes projets, elle avait ignoré les besoins et les douleurs des siens. Mais c’était fini. Aujourd’hui elle partait les retrouver. Aujourd’hui elle commençait un long périple pour faire face à tout ce qu’elle avait omis, ignoré, nié. Ambre se mit à rire, et la forgeronne pouvait la voir essayer de défroisser sa peine derrière un sourire nostalgique et douloureux. La batteuse d’acier eut comme le besoin de la prendre dans ses bras dans une étreinte protectrice, pour lui caresser les cheveux et la consoler, mais elle n’en fit rien. Etait-il déplacer de se comporter ainsi avec une personne qu’on venait à peine de rencontrer ? Quand bien même le lien étrange qui les liait semblait remonté à un passé lointain, une rencontre intemporelle. Le masque que la couturière s’efforçait d’arborer ne changea rien à la douleur et la tristesse qui vibraient autour d’elle. Elle donnait l’impression d’un majestueux papillon englué dans une toile, qui perdait sa poudre colorée sur les filaments desquels il tentait de se délivrer. Une poigne puissante s’approchait doucement, cherchant un moyen de délivrer la magnifique créature sans l’écraser. La forgeronne lui saisit le poignet et glissa son pouce contre la paume froide de la tisserande pour lui faire ouvrir la main et y glisser la lame.
« Vous voyez les armes comme des objets. Je les vois comme les griffes ou les crocs qui manquent à l’homme.» le regard ambré de la forgeronne scruta celui de son interlocutrice. «Aimez-vous les animaux ? Pourriez-vous dire que vous aimez un chat sans ses griffes, un chien sans ses crocs ? Un oiseau sans ses ailes ? Un cheval sans sabots ? Les Trois ont doté l’homme de doigts habiles pour créer ce qu’il lui manque. Des lames pour griffes. Des couteaux pour trancher la nourriture comme des crocs. Des habits pour fourrure.» ajouta-t-elle en pointant la charrette pleine d’étoffes. « On ne peut pas blâmer une arme de faire le mal, pas plus qu’on peut blâmer la chemise d’un meurtrier pour avoir semé la mort. On ne peut que condamner son porteur. Les armes peuvent aussi faire le bien. Ne nous ont-elles pas permise de libérer le Labret vers lequel nous marchons à présent ?» Sa phrase fut ponctué d’un demi-sourire. « Une femme n’a pas besoin d’homme pour la protéger si elle possède une lame. Si vous souhaitez apprendre, il n’est jamais trop tard, surtout lorsqu’on s’apprête à passer plusieurs jours en compagnie d’un maître forgeron.» glissa-t-elle l’air de rien en libérant enfin l’avant-bras de la tisserande de son emprise délicate.
Ambre Rosélia
Sujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé Jeu 25 Juil 2019 - 23:52
Eurybia PyritForgeronne
Sujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé Ven 2 Aoû 2019 - 16:39
La petite veuve frissonna et lorsqu’Eurybia lui rendit son bras, elle abaissa immédiatement sa manche comme pour se protéger d’un autre contact. Dans son discours passionné, elle n’avait pas refréné sa personnalité bourrue et s’était permise beaucoup de choses. Son côté labrétien très populaire et tactile lui faisait parfois oublier qu’elle était une brute à la carrure un tantinet effrayante, surtout pour une autre femme. La forgeronne ramena sa main coupable à elle et la porta à son autre bras pour le frotter de sa gêne. Un silence lourd retomba alors qu’elle ruminait son manque de féminité et d’aise. Décidément, elle ne comprenait rien à la gente féminine. Déjà qu’elle ne la côtoyait que faiblement, mais lorsqu’elle la croisait c’était dans les marchés ou les tavernes. Autrement dit, pas dans des endroits où les dames se retrouvent pour parler chiffons. De quoi parlait-on avec une femme ? De quoi Ambre parlait-elle avec ses clientes ou ses fréquentations ? Parlaient-elles des rumeurs, des dernières nouvelles ? Des commérages croustillants ? Un instant, ses pensées furent interrompues par de grands yeux verts rivés dans les siens. Etait-elle du genre à suivre les dernières romances, à vivre des passions par procuration ? Ou était-elle juste trop occupée à ses propres affaires, à sa propre misère, à tous ses problèmes qui s’accumulaient après un veuvage. Gérer l’argent, gérer le commerce, gérer la maisonnée, se protéger des on-dits, garder la tête haute, et pleurer. Pleurer ses morts. Avait-elle le temps de sourire ? Avait-elle le temps d’apprécier les petites choses que la vie offrait encore ? Une tristesse sous-jacente assombrissait son regard. Un nom de cristal et des yeux d’émeraude. De l’or dans les cheveux. Une peau d’ivoire. Les matières brutes étaient souvent les plus belles. Les Trois l’avaient faite comme cela et c’est qu’il devait en être ainsi. La beauté était l’atout des femmes, mais celle-ci avait eu la détermination de ne pas utiliser la sienne pour la définir, et de plutôt utiliser son savoir faire. Elle ne serait peut-être jamais violente, mais c’est vrai que de nos jour, si elle devait en venir à l’être, mieux valait qu’elle soit en capacité de protéger sa vie au détriment d’une autre.
Elle sourit, et la najacienne ne peut s’empêcher de sourire à sa suite. Aimerait-elle être comme elle ? Observée, scrutée comme une bête de foire, jugée pour ses choix égoïstes qui l’éloignait du but de toute vie femme, celui de perpétuer la vie. Méprisée parfois, pour avoir l’audace d’exercer un métier qui exigeait des compétences masculines.
« Vous n’aimeriez pas être comme moi. » conclue-t-elle avec douceur. Peut-être la jolie blonde n’avait-elle dit cela que par politesse, ou peut-être s’imaginait-elle que tout cela facilitait la vie de la forgeronne. Son rire raisonnait comme une mélodie et son ton léger rendait la conversation plus fluide. « C’est vrai que j’ai beaucoup de libertés. Mais on dépend tous de quelqu’un. Comme vous, je dépends de mes clients. Tout homme dépend de quelqu’un au dessus de lui. Et au dessus de tout homme, il y aura toujours les Trois. »
La tisserande sembla se rendre compte que sa remarque était peut-être trop naïve, elle se confondit en excuses. Eurybia se contenta d’hausser les épaules
« Je ne suis pas du genre à me vexer sur la forme quand le fond a du vrai. » elle fit une pause et se mit à regarder la caravane qui s’étirait devant elles. Depuis combien de temps marchaient-elles ? Les heures passaient vite en bonne compagnie. La najacienne n’était pas souvent en bonne compagnie, en compagnie de quelqu’un avec qui elle se contentait de parler, juste parler à coeur ouvert. Elle prit une profonde inspiration.
« L’indépendance est une force et une faiblesse. Elle permet beaucoup de choses, mais elle apporte avec elle la solitude. La nécessité de porter toutes nos responsabilités nous-même sans pouvoir s’en débarrasser aussi facilement qu’on le voudrait. Il est des fardeaux qu’il est plus agréable de porter à deux. » avoua-t-elle avec un faible sourire. « Faire tourner une forge et son magasin seule, c’est difficile. De même que si je fonds un alliage je ne peux pas tout lâcher pour me consacrer immédiatement à mes clients. Je pense à prendre un apprenti. Mais tout serait plus simple si j’avais simplement un mari j’imagine. » sa voix ternit.
Prendre. Un. Mari. Plus le temps passait et plus cette évidence devenait insistante. Si certaines cherchait l’amour ou un bon parti, Eurybia Pyrit cherchait un partenaire commercial plus qu’autre chose. Quelqu’un pour tenir son magasin.
« Quant aux hommes... » elle soupira, exaspérée. « Je ne suis pas vraiment le genre de femme qu’on s’arrache, haha. Et mon apparence n’est que l’arbre qui cache la forêt. J’ai hérité du sale caractère de ma mère. » un ricanement lui échappa. « J’ai raté ma chance je crois. Je l’avais là sous les yeux. Le métallurgiste dont j’avais besoin. Le coeur que j’aimais. L’homme honnête que toute femme mérite. » elle glissa un regard malicieux à Ambre. « Mais mon indépendance l’a rejeté. Une force. Et une faiblesse... » Le regret lui firent baisser les yeux. Elle pouvait encore sentir sa présence, comme un souvenir qu’on oublie jamais, leurs pas s’attendaient. Il marchait toujours à côté d’elle, pas devant comme son père le faisait, pour ouvrir la marche. A côté, comme un égal. Un sourire s’esquissa. « Il était bien plus grand, d’un pan de plus que moi au moins. » elle leva sa main au dessus d’elle comme pour vérifier ses estimations par ses souvenirs. « Il avait de larges épaules, bien plus larges que les miennes. C’est lui qui m’a aidé à faire la plus part de mes marques. Et j’ai fait les siennes. » fit-elle en faisant courir ses mains le long de ses tatouages. Comme pour répondre à une question à venir elle poursuivit en pointant plusieurs symboles. « Ce sont les marques de notre savoir-faire, mes apprentissage. Le fer. Le cuivre. Le plomb. L’étain. L’argent. L’or. Le mercure. Leurs alliages. L’acier surtout, son pliage… J’ai laissé pas mal de place pour l’humilité, mais c’est une vertu que je rechigne à apprendre. » elle se mit à rire à nouveau. Qu’elle devait être ennuyante, avec ses logorrhées.
« Voilà, vous en savez déjà plus sur moi que toutes les personnes à qui j’ai pu parler ces deux dernières années réunies. D’habitude mon métier et mes marchandises sont prétexte à n’importe quelles discussions sauf les plus… profondes, j’imagine. Et vous, est-ce qu’il y a des choix que vous regrettez ? »
Ambre Rosélia
Sujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé Jeu 29 Aoû 2019 - 1:10
Eurybia PyritForgeronne
Sujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé Jeu 29 Aoû 2019 - 3:15
Ambre se dévoilait petit à petit, sortait de sa timidité pour apporter à la forgeronne un point de vue très différent du sien, mais pas moins vrai. Eurybia réalisa en effet, qu’elle n’avait jamais songé que son mari puisse être un homme qui aille à l’encontre de ses décisions commerciales, ou qui ait la main mise sur la gestion de ses finances. Le rouge lui monta aux pommettes alors qu’elle songeait qu’elle essayait tout simplement de reproduire la réalité du couple de ses parents. Un couple où chacun reconnaissait les valeurs de l’autre et ses connaissances, où le mari et l’époux était deux partie complémentaire d’un tout qui ne pouvait fonctionner que s’ils marchaient dans la même direction, au même rythme. Elle avait pris l’exception pour la règle, et la petite tisserande venait de le lui rappeler le dur quotidien de la plus part des épouses, qui après tout ne sont rien de plus que des femmes à la merci de leur statut social.
Un petit coup d’épaule l’arracha à sa réflexion, la tatouée tourna un visage étonné vers sa compagne de voyage. Elle décocha un sourire en voyant l’air taquin d’Ambre alors qu’elle dérivait légèrement de sa direction. Car oui, loin de déstabiliser sa marche, le geste n’eut pour effet que d’écarter la petite tisserande. Petit à petit le caractère de la veuve prenait forme, d’une manière bien étonnante. Leurs opinions divergeaient peut-être, pourtant l’une comme l’autre savaient reconnaître que personne n’avait tort. Si parfois on a du mal à savoir ce que l’on veut, on sait toujours ce qu’on ne veut pas. Ambre ne voulait pas être inactive, elle ne voulait pas être mise à l’écart des décisions, et elle ne voulait pas subir les mauvais choix des autres.
Et Eurybia, que ne voulait-elle pas ? Elle ne voulait pas cesser d’être forgeronne, et par conséquent elle ne voulait pas d’un homme qui ne sache pas gérer leur affaire. Alors qu’elle cherchait, elle se retrouvait sans arrêt sur le même problème incontournable. Perdre son nom de forgeronne. Femme de. Mère de. Se marier sans changer de nom, tout bonnement impensable. Trouver un mari convenable, tout bonnement impossible. A part Cid, peut-être. Le reverrait-elle là-bas ? Aux dernières missives qu’elle avait fait écrites et envoyé, personne n’avait répondu au sujet d’Alcide Lefondeur, métallurgiste de Najac à la forge des Pyrit. Pourtant plusieurs fois elle avait demandé des nouvelles à son sujet, et dans les réponses, rien, rien sur Alcide. Il devait vraiment lui en vouloir. Quelque chose la refroidit. Se pouvait-il qu’il ait marié quelqu’un d’autre ? Etait-ce la raison pour laquelle personne ne parlait de lui ? Avait-il emménagé avec une autre, avait-il des enfants ? Deux ans, et cette simple idée ne lui avait jamais traversé l’esprit. Qu’espérait-elle, que le monde s’arrête de tourner après son départ ? Lui qui avait été orphelin, avait toujours souhaité une famille, comment avait-elle pu imaginer qu’il s’abandonnerait au célibat jeune et en bonne santé comme il était, alors qu’elle était partie le lendemain de sa demande en mariage ?
Et tout ceci, tous ses petits problèmes d’égo insignifiants, de recherche de liberté était ridicule à côté de la vie, la vraie, celle de milliers de femmes comme Ambre. Celles qui avaient vécu sans le privilège de choisir mais avec le devoir de complaire, le devoir filiale, puis le devoir maritale, et le devoir de maternité. Celles qui avait reçu l’Exode de plein fouet, comme une déchirure inguérissable dans leur vie et y avait perdu finalement ce qu’elles avaient de plus cher : le sang de leur sang. Cette femme devant elle avait vécu ce qu’il y avait de pire pour une mère : enterrer ses enfants. Elle était une force de la vie, refusant de passer l’arme à gauche quand elle-même ne trouvait plus de raison de rester debout, elle s’était accrochée. Ce n’était pas un manque de courage comme elle le croyait, c’était un instinct de survie incomparable, une foi en l’avenir. Faire le choix de mourir, était toujours plus facile. Vouloir que la souffrance s’arrête au point de refuser la vie dont les Trois l’avaient dotés. Abandonné devant les épreuves alors que la Trinité donnait à chacun la possibilité de survivre, de faire mieux, d’apprendre de sa douleur pour nous rappeler que le bien est rare et qu’il nous faut le propager. Ainsi Ambre cherchait à se rendre utile en aidant les plus miséreux. Qui eut cru qu’une « faible » femme ait tant de générosité et de ténacité… Le rire de la veuve la troubla, elle lui adressa un regard attristé.
« Mes condoléances… Je ne crois pas qu’il y ait d’épreuve plus dur pour une mère… Comme il faut parfois faire face à la mort pour se rendre compte de ce que vaut notre vie, il faut savoir faire face au passé pour aller de l’avant. Je sais qu’il le faut... » tenta-t-elle de se convaincre. C’est alors qu’Ambre trébucha et la forgeronne la rattrapa d’une poigne ferme. Son côté bourrin et négligent la faisait se cogner de partout, elle avait l’habitude de bousculer les objets et de tenter de les rattraper dans sa chute, la petite tisserande ne fit pas exception. Un marchand juste derrière elles commençait à s’impatienter, la grande blonde lui asséna un regard noir et se faisant se rendit compte qu’il fermait la marche avec son énorme chariot. Elles marchaient depuis plusieurs heures maintenant et la fatigue alourdissait leurs pas. D’ailleurs maintenant qu’on y regardait, elle se trouvait en bout de caravane. Le rythme de marche n’était clairement pas à la promenade, avaient-elles oublié ce qui rôdaient à l’extérieur ? Le chemin sur lequel elles évoluaient s’était rétréci, et l’homme ne parvenait pas à les doubler alors qu’elles marchaient l’une à côté de l’autre. Comme elle le regardait, elle le vit donner un coup dans leur carriole comme pour les forcer à accélérer mais le résultat fut tout autre : la veuve mâcha un cri de surprise, le bestiot malmené était sur deux pattes.
La najacienne lâcha le bras de sa camarade et serra les poings. Etait-il grand, était-il large ? Demandez à Eurybia, elle vous répondra qu’il avait une tête de con, et des manières de peigne-cul. Elle s’approcha de lui, les sourcils froncés.
« Crève ma bête et c’est toi que harnache à ma charrette, sac à purin ! Les hommes comme toi, vous êtes pas foutus de faire votre boulot correctement, c’est pour ça que j’suis forgeronne, c’est pour ça qu’il y a des femmes dans la milice. »
L’homme partit dans un fou rire, et tira sa bête de côté pour les doubler.
« Si les femmes sont acceptées dans la milice, c’pace qu’les bordels sont trop chers ou trop loin. Et vous si vous êtes là, c’parce que vos maris cherchent à s’débarasser d’vous, hahaha ! Des hommes brillants. » fit-il en s’éloignant au devant.
« Nous devrions accélérer le pas. Il a beau être un abruti fini, nous sommes les dernières. Montez dans la charrette en premier et reposez vous un peu, nous nous relayerons dans quelques heures. » déclara la tatouée en levant la main devant les protestations de la petite tisserande. Elle dut promettre de prendre sa place sous peu pour qu’Ambre accepte finalement de prendre un peu de repos. La forgeronne se saisit d’une corde de l’attelage et marcha à la hauteur de l’âne pour soulager la charge qui pesait sur l’animal et lui imposer un nouveau rythme. Son pas était devenu automatique et régulier. Au bout d’une heure, elle avait rattrapé une partie du retard accumulé les heures précédentes, elle s’accorda alors un rythme plus doux et se distrayait en écoutant les rares mots échangés autour d’elle. Tout le monde économisait son souffle, on chuchotait. Paraît que le silence était gage de sécurité. Elle se sentait observée, analysée par un regard avide, elle n’arrivait pas à comprendre d’où venait cette sensation, elle ne le saurait que bien plus tard. Puis soudain, tout s’arrêta. Un miliciens et quelques marchands faisaient de petites rondes autour du groupe, pendant que les autres faisait une halte pour le repas du déjeuner. Eurybia se pencha au dessus de la charrette pour découvrir la tisserande encore endormie, sa chevelure d’or tout étalée autour d’elle comme un halo autour d’un ange. Elle n’avait pas dû dormir beaucoup la nuit précédente, et encore malgré son sommeil, ses rêves ne semblaient pas des plus doux. La forgeronne glissa une main près de son visage, et se ravisa, pour la saisir doucement à l’épaule.
« Ambre… ? La caravane fait une halte pour le repas... » murmura-t-elle pour lui éviter un réveil trop brusque. Elle espérait que sa compagne de voyage ne serait pas trop irritée de ne la réveiller que maintenant. Elle se ferait pardonner en la laissant prendre les devants après le déjeuner. Elle attrapa les paquetage de nourriture, et malgré sa faim, choisit de se rationner fermement en prévision des repas à venir.
Ambre Rosélia
Sujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé Sam 19 Oct 2019 - 3:28
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Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé
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