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 Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé

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Eurybia PyritForgeronne
Eurybia Pyrit



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MessageSujet: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé    Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé  EmptyMer 12 Juin 2019 - 18:02





Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé ◈ 15 avril 1166


Elle n’avait dormi que quelques heures quand le soleil vint éclairer la fenêtre de sa chambre. Ses songes emmêlés flottaient autour d’elle, si bien qu’elle se demanda si elle avait réellement vécu une telle soirée. S’était-elle simplement endormie, en rêvant d’un homme dont la stature imposante aurait pu lui apporter quelque réconfort ? Avait-elle mis trop de valériane dans son infusion, était-ce la cause de son sommeil lourd et de ses rêves étranges ? Eurybia ouvrit enfin les yeux sur sa main gauche dont le bandage souillé était tout encroûté. Comme dans son rêve, sa blessure s’était rouverte. Etrange. Elle se redressa sur sa paillasse et vit sur la petite table où elle s’apprêtait quelques boutons décousus. Son sang ne fit qu’un tour.

Elle n’avait pas rêvé, d’ailleurs elle n’avait jamais mis de valériane dans son infusion - surtout sachant qu’elle devrait veiller jusqu’à la venue du Baron. Le seigneur de Sombrebois était venu récupérer sa hache, elle avait été d’une inconstance parfaitement honteuse, après quoi elle l’avait renvoyé comme une duchesse insatisfaite aurait congédié un servant négligeant. Oubliait-elle son rang et sa place ? Elle grogna à cette pensée, en s’extirpant enfin d’entre ses couvertures. Et lui, se serait-il oublié ? Devait-elle respecter un sang-bleu pour un héritage parfaitement aléatoire dû à sa bonne fortune de bien-né, alors que ce dernier semblait se permettre un peu trop de liberté avec la gente féminine de quelque bord fusse-t-elle ? Elle était maître forgeron, s’il voulait gagner du terrain, il allait devoir gagner le bras de fer qu’elle lui imposait. Grâce aux Trois, le baron n’avait pas su profiter de l’instant de faiblesse qui l’avait submergée la veille, ce moment où elle avait failli rendre les armes dans l’obscurité, oui, la seule fenêtre d’attaque qu’il pouvait vraiment espérer. Par respect ou par inadvertance, il n’avait pas su l’acculer(héhé) et la mettre fasse à ses provocations. L’eut-il fait, qu’elle aurait perdu toute dignité pour peut-être un peu de passion. Un échange qui n’aurait laissé qu’un vainqueur, et sans doute pas elle. Elle l’avait mis dehors après avoir attisé un feu gourmand, et il l’avait accepté en repartant l’appétit à l’affût. Et maintenant, lorsqu’elle le reverrait, qu’en serait-il ? Paierait-elle cette affront ? Ou serait-il égal à lui-même, ayant fait payé à quelqu’autre femme le prix du tourment dans lequel elle l’avait laissé.

« Si je le revois... »songea-t-elle pour elle-même. Perdue dans ses pensées, elle s’était machinalement débarbouillée, habillée, coiffée, tressée. La forgeronne soupira et regarda autour d’elle. C’était son chez-elle, celui qu’elle avait refait en arrachant les planches moisies, en réparant la toiture, celui qu’elle avait aménagé, entretenu. Elle mémorisait chaque pièce, chaque recoin comme si elle n’allait jamais revenir. Reviendrait-elle ? Si les Trois le permettent, elle leur pria de la protéger. Elle pria Anür de bénir son voyage, Rikni de lui accorder des jours ensoleillés pour ce trajet, et Serus de la laisser traverser ses champs pour ramener du minerais et accomplir son labeur. Enfin, la grande blonde ramassa quelques affaires nécessaire au voyages : son marteau de forgeronne à sa hanche, son énorme marteau de guerre évidemment, sanglé à une attache dorsale, une cape en cuir au cas où le temps se gâte, un petit sac de vivres, une bourse d’or, quelques vêtements, le tout empaqueté. Sa tenue vestimentaire variait légèrement de ce qu’elle portait à Marbrume, elle avait troqué son tablier de cuir pour une fourrure qu’elle avait ceint autour de sa taille avec une grosse ceinture, en prévision de nuits fraîches, elles pourrait toujours la passer se ses épaules. Elle verrouilla sa forge, en fit bien le tour pour vérifier que tout était fermé, car elle avait une fâcheuse tendance à négliger ce détail-là. Enfin elle rejoignit les marchants près des grandes portes de la ville fortifiée. Avec l’apparition de la Fange, la cité avait dû mettre en place un couvre-feu pour sécuriser les habitants. Ainsi, un petit attroupement de ce qui allait bientôt former un convoi espérait pouvoir partir dans l’heure, maintenant que l’astre solaire prenait de l’assurance au dessus d’eux.

La forgeronne se fraya un chemin parmi la foule. Du regard elle cherchait une charrette pas trop pleine ou une mule qui aurait pu accueillir son paquetage. Du coin de l’oeil, elle repéra une crinière blonde contenue dans une tresse desserrée, semblables aux siennes. La différence majeure entre les deux femmes était sans aucun doute leur stature : l’une plutôt grande pour une femme et dotée de larges épaules, l’autre plus petite que la moyenne avec une ossature fragile. La petite marchande aurait pu ressembler à une poupée si elle n’avait pas perdu ses pommettes rebondies et sa joie enfantine. A la place, un air fatigué laissait imaginée que la femme avait dû passé un nuit au moins aussi brève que celle de la forgeronne. La petite blonde négociait le prix d’une mule pour le voyage, elle tenait quatre pièces dans la main.

« 4 écus ? Mais ma p’tite dame, m’faudra plus que ça, c’est 10 écu pour cette mule ! Chuis même pô sûr d’la revoir ma bête, ni même de vous r’voir vous ! Alors qui m’paiera, hein, qui ? » fit l’éleveur indigné. Eurybia fronça les sourcils jugeant qu’il exagérait sur la situation. Les routes ne pouvait pas être si dangereuses que ça. Les rumeurs faisaient toujours tout enfler, et le moindre petit problème devenait une catastrophe au fil des échos qui le racontait. Toujours était-il que si la marchande espérait emprunter l’animal, autant qu’elle se fasse à l’idée qu’elle devrait l’acheter. Derrière elle, un chariot bien plein qui supporterait facilement un petit poids en plus. La forgeronne y vit l’occasion de prendre part à la conversation.

« Personne ne demande ta mule, garde-ça pour les petits bourgeois et leurs grandes robes ! Donne-nous donc cet âne-là pas trop gâteux pour 6 écus, s’il crève pas avant Usson j’en serai bien étonnée. » lança-t-elle d’un ton qui laissait entendre que le paysan ferait une belle affaire. Elle avait bien dit ‘nous’ comme si les deux femmes se connaissaient et s’étaient données rendez-vous ici pour le départ. En un détour de mots, elles étaient passées de concurrentes pour l’achat d’une tête de bétail à deux associées. Ainsi, au lieu de se disputer le meilleur prix, elles prendraient le plus bas possible. Pour ne pas les trahir avec un air suspect, elle garda les yeux fixés sur l’homme et soutint son regard. Contrarié, il l’examina de haut en bas, s’arrêta sur ses marteaux, et répondit d’un ton irrité.

« Gâteux ? C’ui-là n’a pas deux ans, comment qui s’rait gâteux, maître forgeronne ? 8 écus !» Ainsi donc avait-il des yeux, et il savait s’en servir. Et un cerveau qui marchait encore assez pour négocier sa vente.

« Maigre comme il est, il peut avoir deux ans qu’il n’en a pas l’air plus solide. Va pour 7 écus ! » fit-t-elle en rajoutant trois écus dans la main tendue de la marchande pour faire le compte, elle tendit alors sa poigne vers le commerçant pour conclure le marché. Grommelant, l’éleveur la lui serra et récupéra son dû. Alors qu’il comptait l’argent, elle lança un regard entendu à la petite bonne femme -dont le visage affichait un air confus ou surpris lui signifiant qu’elles s’expliqueraient après. Elles s’éloignèrent un peu pour atteler l’animal au chariot sans être bousculées par les passants.

« J’espère que ça ne vous ennuie pas de partager l’âne, je n’ai qu’un paquetage et vous semblez avoir encore une petite place sur votre chariot. Je me suis dit qu’il aurait été idiot de prendre deux bêtes si on peut n’en prendre qu’une. Je suis Eurybia Pyrit, Forgeronne dans la Grande Rue des Hytres.» dit-elle en guise de présentation.

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Ambre Rosélia
Ambre Rosélia



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MessageSujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé    Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé  EmptyVen 14 Juin 2019 - 8:07




Eury P. & Ambre R.

15 avril 1166

La lumière blanche de l'aube réveilla Ambre sans douceur aucune. D'un grognement rauque elle se tourna dos à la fenêtre et mit sa tête blonde sous sa couette. Elle avait sommeil et n'avait absolument pas envie que cette journée commence. Tellement peu envie que son être avait refusé de s'endormir la veille au soir, espérant peut-être que le matin n'arriverait pas, jamais. Malheureusement, il était bien la. Blanc, silencieux, désagréable au possible. Épuisée par sa nuit agitée, la jeune femme resta de longue minute dans un semi sommeil, son esprit flottant vaguement entre des rêves et des cauchemars si net qu'on aurait pu les croire vrais.
Un gros bruit sourd venant de la rue ou donnait la chambre d'Ambre résonna dans la pièces; Cette fois-ci la tisserande se réveilla d'un bond dans son lit. A moitié endormi, elle se demanda pendant quelques longues secondes si Norbert avait chuté dans l'escalier.
Jusqu'à ce que la réalité refasse tristement surface.
Il n'y avait plus de Norbert dans sa maison. Plus de danger qu'il se blesse. Car il était surement déjà mort. Son cœur se brisa pour la millième fois depuis le début de cette abomination. Une millième fois qui ne serait surement pas la dernière. Les petites mains d'Ambre se serrèrent dans les draps de son lit. Elle ne voulait pas y aller.
Elle avait peur. Le labret lui faisait peur. Plus que tout.

Aujourd'hui était une journée très spéciale pour la jeune femme. Pour la première fois depuis la Fange, elle n'avait pas le choix que de retourner au labret. Pourquoi cette fois ? Pourquoi pas avant ? Et bien la tisserande avait toujours eu la chance d'avoir d'anciens fournisseurs de son mari qui se rendaient à Usson pour fournir certaines matières premières requises pour son commerces. Ceux-ci avaient acceptés de garder ces contrats après l'arrivée de la Fange, moyennant bien sur contre de l'argent. Celui-ci n'avait pas été un problème. Au début. Les mois passant, les prix des voyages fournisseurs entre Marbrume et Usson avaient petit à petit augmentés, aux vues des risques que cela prenaient. La problème, c'est que les mois passaient, et les gens désertaient de plus en plus les petites boutiques. L'argent se faisait de plus en plus rare. Les achats du fournisseurs plus maigre. Et le jour tant redouté était arrivé. Ambre n'avait plus l'argent nécessaire pour quémander quelqu'un acheter des fournitures. Elle allait devoir y aller d'elle même.

La blondinette avait repoussé l'échéance encore et encore, jusqu'à atteindre un point ou elle n'avait plus rien à vendre, plus rien à manger ni pour elle, ni pour les gens qu'elle aidait. Elle c'était donc décidé en cette journée du 15 Avril à faire une semaine de trajet aller et retour jusqu'à Usson afin d'acheter tout ce qu'il lui fallait pour elle, eux, et sa boutique. La peur était tout de même la. Entière, dévorante. Elle la dévorait tout entière, incapable d'agir sur sa conscience pour se raisonner. Car ce genre de peur n'est pas raisonnable, qu'importe les efforts pour y remédier. Sa peur était, comme celle de tout les humains habitants sur cette triste terre, celle de la Fange. Mais encore plus que la peur de la mort incarné, une peur bien spéciale habitait la jeune femme.

Les premières heures de la journée c'étaient écoulées rapidement, et Ambre devait se dépêcher de partir au petit matin avec la longue route qui l'attendait. La blonde avait attachés ses cheveux en tresses très lâches pour ne pas la gêner et c'était vêtue pour l'occasion d'une vieille robe beige très légèrement corseté ainsi que des chaussures ne craignant pas les longues marches à pied et la boue. Sa seule arme était son petit poignard attaché à une ceinture au niveau de ses hanches. Afin de se couvrir des froides nuits d'Avril, elle avait complété sa tenue de sa lourde cape noire, rassurante comme une étreinte masculine. Sans un bruit, Ambre ferma la porte de sa maison. Les personnes qu'elle hébergeait actuellement étaient des personnes de confiance et Ambre leurs avait laissé les clés de chez elle sans une once d'hésitation. Elle se dirigea vers son arrière court et retrouva son chariot, chargé de quelques tissus et tapisseries à vendre ou à échanger dans le village frontalier. Ambre y jeta son ballotin rempli de changes et du victuailles pour le trajet et entreprit de soulever la charrette jusqu'aux portes de la ville.

Ambre arriva aux portes du Crépuscule au bout d'une bonne dizaine de minute. En sueur, elle lâcha sans douceur la cargaison. Le soleil commençait à grimper dans le ciel et les rues commençait à s'animer. Son regard balaya la scène, à la recherche d'un éleveur de bétail. Elle devait absolument louer une mule, ou bien elle mourrait de fatigue avant de mourir d'un Fangeux ! Son regard s'accrocha sur celui d'un vieux bonhomme à l'air grincheux qui semblait avoir mules et âne. Parfait ! Sans trop réfléchir, elle se dirigea vers l'homme.



▬ "Bonjour brave homme, j'aimerais vous louer une de vos bête pour un transport jusqu'à Usson. "».
Dit-elle d'une voix timide. Elle fouilla dans la poche de sa robe et en sorti 4 écus. Elle grommela intérieurement. Elle n'avait que très peu d'argent sur elle, le reste étant empaqueté pour acheter le nécessaire à destination.

C'est à ce moment que l'homme haussa le ton sans qu'elle s'y attende vraiment. 10 Écus pour une mule ? Ambre désespéra, les bras toujours tendu vers le vendeur, impuissante. Elle n'avait pas du tout cette somme pour un animal, elle n'avait jamais prévu une telle hausse des prix. Allait-elle devoir faire la route à pied avec sa cargaison ? C'était de la folie ! Au moment ou Ambre allait tristement battre en retraite dans un murmure d'excuse, une imposante silhouette se posta à côté d'elle, la faisant sursauter. "Personne ne demande ta mule, garde-ça pour les petits bourgeois et leurs grandes robes ! Donne-nous donc cet âne-là pas trop gâteux pour 6 écus, s’il crève pas avant Usson j’en serai bien étonnée."

Elle cru pendant quelques secondes qu'il s'agissait d'un homme à côté d'elle, mais la voix qui en découla l'a surprit encore plus. Elle se tourna donc avec surprise de part cette étonnante personne portant un étonnant discours. C'était bien une femme, beaucoup plus grande qu'elle qui était particulièrement petite. Elle faisait la taille d'un homme, sans hésiter. Pourtant, on voyait sous ses vêtements une poitrine généreuse, et des hanches larges soutenant des jambes surement très musclés elles aussi. Ses bras étaient incroyablement musclé et on y voyait de magnifique et impressionnant tatouages marquant encore plus ses muscles saillants. Son visage, entouré de cheveux aussi blond que les siens, était très beau et portait bien les traits d'une jeune femme à l'air bourrue.


Ambre resta quelques secondes planté la, ses grandes prunelles verte bloquées sur cette incroyable femme si particulière aux premiers abords. Pourtant, il était clair dans l'esprit de le petite blonde que l'inconnue essayait de l'aider. Mais pourquoi ? Faisait elle pitié à ce point ? Ambre, perdu dans les méandres de ses questionnements resta donc les bras tendus le temps que l'illustre inconnue finisse de marchander un âne pour elles. Pour elles ?
Le marché fut conclu à 8 écus et la tisserande n'eut qu'a donner sa part au marchand, visiblement très mécontent de l'évolution de cette affaire. La forgeronne, selon les dires du vendeur, s'éloigna avec Ambre resté silencieuse et pataude. Elle commença à atteler la fameuse monture quand la femme décida enfin à se présenter. Ambre, toujours troublé, ne réussit qu'a sortir une suite de mot incompréhensible qui la firent rougir jusqu'aux oreilles. Elle secoua la tête pour se reprendre et lui dit d'une toute petite voix à peine audible dans le brouhaha ambiant de la ville.



▬ "Enchanté Dame Eury. Je me nomme Ambre Rosélia. J'ai une petite boutique de broc et de brac de feu mon mari, quand à moi je suis tisserande et vend mes oeuvres à qui le souhaite. Je vais faire la route jusqu'à Usson pour y acheter et y vendre. Jusqu’où allez vous ? Ce serait avec plaisir que j'accepte votre compagnie sur ce long voyage ! Voyez vous, c'est mon premier voyage à l’extérieur depuis ce fléaux, et je suis un peu nerveuse.... "».

Son sourire timide avait finit en sourire crispée. Elle était bien plus que nerveuse. En plus de la Fange, une autre raison qu'elle ne voulait pas avouer à une presque inconnue l'a rongeait de l’intérieur. Un appel beuglant se fit au niveau de la porte et plusieurs chariots semblable à celui de notre héroïne avancèrent.



▬ "Le convoi prévu pour aujourd'hui par les miliciens est déjà sur le point de partir. Il y a trois autres charrettes et 6 Miliciens extérieurs, je crois... Allons-y ! "».

Les deux blondes avancèrent et rejoignirent la troupe hétéroclite. Les miliciens se présentèrent succinctement. Ils n'avaient pas l'air de bonne humeur. L’extérieur devait être une épreuve de tout les jours se dit Ambre, trop gentille. Quelques minutes plus tard, donc un fracas assourdissant, la petite troupe se mit en marche. Ambre retint sa respiration au moment de passer les portes. Son ventre lui faisait mal au point ou elle aurait pu se rouler en boule dans un coin et ne plus jamais bouger. Plus jamais. Mais l'air lui manqua et elle finit par inspirer l'air externe de Marbrume. Un air frais, beaucoup plus pure que l'air fermés et parfois putride de la ville surpeuplé. Il était difficile de croire que ce n'était que Chaos et mort à l'endroit même ou ses pieds foulait la terre. Ambre frémit à l'idée que des hommes étaient peut-être mort ici-même, sur ses pas. Un long silence s'installa dans le convoi. Un silence ténu, que personne n'osait briser, trop conscient de la difficulté du voyage commencé.
Au bout d'une dizaine de minute, Ambre décida de casser le silence, trop pesant à son goût.


▬ "Si vous avez besoin de vous reposer de temps en temps, il sera possible de dormir à l'arrière de la charette. Mes tissus ne sont pas trop lourd et je pense que l'âne ne sentira pas trop la différence. De même, si vous avez froid, je peux vous prêter ce qu'il faut sans problème.""».




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Eurybia PyritForgeronne
Eurybia Pyrit



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MessageSujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé    Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé  EmptyDim 23 Juin 2019 - 0:04


Ainsi, alors que Eurybia Pyrit portait le prénom d’une fleur et le nom d’une pierre, sa jolie interlocutrice elle portait le nom d’une pierre et un nom de famille inspirée d’une fleur. La forgeronne eu un sourire en coin à cette pensée. La vie savait comment tracer des chemins tout indiqués, et quelque chose disait à l’artisane qu’elle n’avait pas rencontré cette tisserande par hasard. Restait à trouver quel rôle de la jeune veuve tiendrait dans la pièce de théâtre qu’était sa vie. A l’évocation de son défunt mari, une ombre furtive passa dans ses yeux las avant de se dissoudre dans l’atmosphère. La petite vendeuse arborait un sourire poli et contenu, mais dans l’air vibrait un mal aise qu’Eurybia avait l’impression de connaître.

« Oh, je vous en prie, épargnez-vous le ‘Dame’, je n’en ai ni les manières ni les jupes, au grand damne de ma pauvre mère. Eury fera l’affaire, surtout que nous allons rester ensemble quelques jours. Je vais à Najac mais je vais faire une halte à Usson, j’espère y retrouver de vieux amis... J’aimerais pouvoir vous rassurer mais il s’agit de mon premier voyage à l’extérieur depuis 1164. Je crois bien avoir au moins autant appréhension que vous...»

Et pour cause, elle le partageait depuis la veille, alors allongée sur sa paillasse, les doutes et la paranoïa avaient fait vaciller le peu de raison que la fatigue lui avait laissée. Les monstres, les bandits, la mort, le face à face avec ceux qu’elle avait abandonnés, et leur survie dont elle ne s’était jamais souciée, et pire, pire que tout cela ensemble, l’éventualité de tomber nez-à-nez avec le seul homme qu’elle aurait pu épouser. Là, juste devant elle, une femme de son âge probablement, qui souffrait de la perte de l’homme qu’elle avait sans doute aimé. Là, juste à sa place, une femme terrifiée à l’idée de retrouver le seul homme qu’elle n’ait jamais aimé. Les yeux dorés de l'artisane contemplaient cette autre qui achevait de sangler l’âne, cette inconnue qu’elle connaissait désormais, un miroir étrange, l’aperçu d’une vie que seul des choix avaient fait différentes. Cette autre lui était-elle semblable ou opposée ? Ou se complétaient-elles simplement ?

Un beuglement la sortie de ses pensée, on annonça le départ du convoi. Les deux blondes rejoignirent le groupe, la forgeronne tentait de cacher sa stupéfaction. Trois autres charrettes et six miliciens ? Elle sentit un malaise s'installer. C’était une expédition comme beaucoup d’autres, pourtant elle s’était imaginée qu’il y aurait de nombreux miliciens pour les escorter en sécurité jusqu’au Labret. Elle commençait à mieux comprendre pourquoi tant de gens refusaient de s’aventurer sur le plateau ou n’en revenaient pas. De toute évidence, elle avait largement sous-estimé les rumeurs, ces dernières semblaient être plutôt bien fondées pour le moment. Les miliciens se présentèrent et ils n’étaient pas vraiment les plus en forme. Gilbert était la tête de groupe, il avait un air mauvais mais était plutôt grand et bien bâti. Les rations l’avaient rendu sec, et son nez témoignait des bagarres de tavernes qu’il avait remportées pendant ses permissions. A sa droite, un homme trapu, barbu l’oeil méfiant, renfoncé dans son orbite qui évoquait les traits de beaucoup d’hommes nés dans les montagnes du Morguestanc, c’était Ulrich. Sa morphologie étrange lui avait donné de gros bras longs, et des jambes un peu trop courtes. On avait pas envie d’en prendre une de son revers en tout cas. Un peu en arrière, un jeune bleu pas encore trop amoché par la vie qui semblait se demander s’il avait pas fait une grosse connerie en s’enrôlant dans la milice. Les trois autres se démarquaient moins : Xavier un grand maigre au long nez, Philippe un homme discret et avare de paroles, et Jean-Jean un vieux loup à la barbe grise et au crâne lisse. Si leurs présentations étaient censées ramener le calme et inspirer un sentiment de sécurité à la troupe, le résultat n’était pas très probant. Quelques murmures s’élevèrent et retombèrent aussitôt : on se mit en marche. Ambre ne semblait pas très à l’aise alors qu’elles passaient les grandes portes de la ville fortifier. Sans la fixer avec trop d’insistance, elle l’observait du coin de l’oeil. Plus grande que la tisserande, elle pouvait voir les jupes de sa modeste robe ocre se plier et se déplier au rythme de ses pas, parfois même elle pouvait voir le bout de ses chausses passer sous le tissus. Elle essaya de se souvenir à quand remontait la dernière fois qu’elle s’était vêtue comme une femme. A de rares occasions, elle avait fait l’effort, oui. Mais depuis qu’elle était à Marbrume, elle ne se souvenait pas avoir porter autre chose que des pantalons.

Le regard de la forgeronne quitta les mouvements fluides de sa camarade de voyage, attiré par les couleurs de la nature qui contrastaient avec la ville. Elle était allée quelques fois dans les faubourgs et avait eu plaisir à revoir de la verdure, les ruisseaux, la forêt. La nature était un environnement apaisant, avoir vécu dans la campagne vous faisait regretter de vous en être éloigné. La tisserande fut la première à engager la conversation en mettant à sa disposition sa charrette ou ses étoffes au besoin.

« Je vous remercie de votre offre mais j’ai bien peur que l’âne ne se fatigue avant moi et que je me retrouve à traîner la charrette avec le bougre dedans.» fit-elle en éclatant de rire. C’était exagéré, la bête n’avait pas si mauvaise mine, néanmoins la najacienne doutait que son endurance ne soit affectée par le voyage, même avec aussi peu d’heures de sommeil à son actif. Aujourd’hui elle n’avait pas à endurer la chaleur des fourneaux ni à battre inlassablement le fer, elle ne doutait pas d'avoir l’énergie nécessaire pour ce qu’elle envisageait naïvement comme une balade en forêt. Son oeil expert s’arrêta sur le poignard attaché à la hanche de la jeune veuve.

« Solide dague. On est jamais trop prudent par les temps qui courent. Avez-vous déjà eu à vous en servir ?» demanda-t-elle d’un ton aimable. La question pouvait sonner comme une remarque désobligeante, elle s’en rendit peut-être compte car elle poursuivit : « Des petits chenapans ont essayé de voler quelques marchandises à ma forge. J’imagine que c’est un problème pour beaucoup de commerçants. Je peux ? » fit-elle en pointant la courte lame. Elle avait essayé de refréner son envie de demander à examiner l’arme mais les mots étaient sortis mu par l’instinct de l’artisan curieux qui aime observer le travail d’autrui ou réexaminer le sien.
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Ambre Rosélia
Ambre Rosélia



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MessageSujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé    Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé  EmptyDim 30 Juin 2019 - 20:42





Eurybia & Ambre

Le rire de la forgeronne raisonna longtemps dans l'esprit d'Ambre. Fin, cristallin, féminin. Il tranchait donc étrangement avec son allure masculine qu'elle se donnait. Et qui troublait tant notre jeune demoiselle si frêle. Elle souria donc doucement, un sourire franc qu'elle pu lui présenter sans aucune difficulté, à sa grande surprise. Il est vrai qu'au court de cette dernière année, Ambre avait du mal à rire ou même sourire spontanément. Ce n'était plus un réflexe naturel, bien au contraire. Montrer bonne figure n'était plus qu'un triste masque qu'elle s'obligeait à afficher, afin d'éviter les ragots de ville. Il n'est pas bien vu de voir une femme célibataire broyant du noir, oh non. Elle peut même être classé d'hérétique, ou de sorcière, très rapidement. Sans raison précise. Un masque était donc de mise.
Mais curieusement, avec cette grande blonde éclantant d'un rire si pure à côté d'elle, l'envie de sourire lui prenait. C'était agréable, comme sentiment, pensa la blonde. C'est donc d'une voix plus guillerette qu'Ambre se permit de lui répondre. Comme si le fait qu'elles se connaissaient depuis moins d'une heure n'avait aucune importance. Comme si elles avaient déjà étabi un lien d'amitié. Comme si elle était intime. Sentiment si singulier et si rapide.



▬ "Vous vous dévalorisez ! Ou vous dévalorisez un peu trop cette pauvre bête je ne sais pas. Je suis sure que vous êtes légère comme le vent et qu'il ne sentira rien ! Au moins aussi légère que votre rire. "».

La phrase était sortie comme ça, naturellement. Ambre ne c'était même pas rendu compte que ses propos pouvaient paraitre malvenus, ou bien peut-être une pensée un peu trop profonde qui n'aurait pas du sortir de sa bouche. Non, elle ne s'en rendit pas vraiment compte et continua à marcher doucement côte à côte avec la forgeronne.

Soudain, l'interêt de la grande blonde sembla s'éveiller pour la petite dague qu'Ambre portait au niveau de ses hanches, attaché à une ceinture. D'abord surprise par cette sympathie pour une arme, passion peu commune, la tisserande se dit qu'il s'agissait d'une réaction normale pour quelqu'un dont le métier était de créer ces objets. Notre héroine regarda son interlocutrice et elle remarqua que son visage c'était clairement illuminé en entamant ce sujet. Ambre l'a trouva belle, comme ça, les yeux pleins d'étoiles fixant une dague pourtant si simple et si petite.
Souriante, elle lâcha quelques secondes le harnais de l'animal qu'elle guidait et attrapa sa dague. Nostalgique, elle lui lança un rapide regard. C'est vrai qu'elle était jolie, cette arme. Elle n'y avait jamais accordé vraiment d'importance, à vrai dire. Elle n'aimait pas les objets blessants, et gardait surtout celle la par sécurité. Elle l'a tendit donc à Eurybia.



▬ "Je n'ai heureusement jamais eu à m'en servir. Même si, je devrais. Mais je ne sais pas manier les armes. Je n'aime pas l'idée que cela puisse faire mal à quelqu'un, aussi vil soit-il. C'est plutôt comme signe dissuasif que je la porte..."».

Ambre laissa un temps. Elle savait qu'une arme si petite n'était pas vraiment dissuasive, et ne ferait pas peur à une mouche, mais au moins cela la rassurait. Mais elle laissa une pause car elle savait que la suite de sa phrase lui ferait mal. Elle n'aimait pas particulièrement en parler, mais la forgeronne semblait si heureuse... Son sourire s’effaça donc quelques secondes. A peine perceptible.


▬ "J'ai eu cette dague en cadeau de mariage de la part de feu mon mari. A l'époque c'était un riche marchand et il me l'a ramené d'un de ces voyages. Je ne sais pas d'ou elle vient et si elle a de la valeur, mais je l'aime bien et elle possède de belles gravures. Alors même si ce n'était pas un mariage d'amour, je garde ce souvenir de lui, car il m'a permit d'avoir les deux choses les plus précieuses que j'ai eu dans ma vie. Enfin...Tout ça c'était bien avant la Fange, n'est ce pas ? "».

La jeune femme rigola doucement et lui lança un sourire. Mais ce n'était plus le même sourire que tout à l'heure. Cette fois c'était un sourire empli de tristesse qu'elle lui adressa. Ses yeux se remplirent d'une triste mélancolie et la fragile lueur de vie qui s'y était installé disparu instantanément, lui laissant un regard terne et peiné. Mais il était hors de question qu'Ambre laisse percevoir son mal-être, et évita donc de s'attarder trop longtemps sur le sujet.


▬ "Cela doit-être plus facile pour une forgeronne de pouvoir se défendre des malfrats n'est ce pas ? Il faut avouer que j'ai souvent peur de ce qui pourrait m'arriver, en tant que femme seule. Moi qui ai toujours été entouré d'homme pour me "protéger", que ce soit mon père ou mon mari, je ne sais absolument pas comment réagir en cas de besoin. J'admire les femmes comme vous, en plus d'être commerçante, vous faites un métier difficile et physique. J'aimerais être comme vous, mais je sais bien que ça ne sera jamais possible..."».


Son ton c'était encore assombri sur la fin de sa phrase. Elle s'énervait. Elle n'aimait pas être négative comme ça, surtout en compagnie de cette femme qui avait l'air si lumineuse, face à elle. Elle avait honte d'elle même. Ambre se ferma donc dans le silence, préférant se taire que d'aggraver sa situation, au risque de paraitre encore plus lamentable.
Le convoi continua donc d'avancer, dans un silence ténu. Surement les gens autours d'eux entendaient leurs conversation, car personne d'autre n'osait discuter, laissant à la procession un air morbide à souhait.


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Eurybia PyritForgeronne
Eurybia Pyrit



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MessageSujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé    Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé  EmptyLun 1 Juil 2019 - 19:49


La forgeronne glissa un regard amusé mais peu convaincu à celle qui l’accompagnait. Elle comprenait ce que la jolie tisserande essayait de faire d’un ton naturellement aimable et bienveillant, quelque chose de naïf. De mignon. Même si aucune flatterie ne saurait adoucir certains aspects de la réalité. Non, Eurybia n’était pas une dame, elle n’en avait ni les manières ni la grâce, pas plus qu’elle n’était légère. Si elle passait son temps à battre l’acier, son corps à elle semblait taillé à même la pierre, et quelque part son visage aussi. Serus l’avait sculptée au burin, sa silhouette n’était faite que d’angles, lourde, dense, compacte. Si ses lignes rappelaient des carrures habituellement masculines, elles la dotaient d’un charisme et d’une puissance qui irradiaient pour le meilleur et pour le pire. Les regards qui se posaient sur elle étaient curieux, hypnotisés, dubitatifs, méprisants, mais elle les capturait, c’était certain. Une indifférence permanente s’était bâtie autour d’elle comme son bouclier, elle marchait droit la tête haute. Elle ne pouvait pas se cacher, grande et forte comme elle l’était, et pour couronner le tout, sa personnalité belliqueuse et fière n’envisageait même pas cette possibilité. Eut-elle était un homme peu regardant sur les meurs, elle aurait sans doute brisé autant de cœurs que son petit frère était destiné à laisser derrière lui. Si la discrétion était un terme abstrait pour sa personne, elle avait apprivoisé l’attention qu’elle suscitait. Oui, regardez-la tous, cette femme-homme comme ils disent avec mépris, celle dont la force ne la limite par delà la faiblesse que l’on attribut son sexe! Regardez-la, parée de pantalons, marteau de forge au giron, elle ne fait même pas semblant d’essayer d’être comme les autres femmes. Regardez-la, bientôt Marbrume saura que les meilleurs armes son frappées par son talent et qu’importe son entre-jambe.

Mais elle ne dit rien, elle se contenta de sourire. Légère comme le vent. Elle avait plutôt peur que la petite blonde s’envole à la moindre bourrasque. Pour le coup cette dernière devait peser quatre-vingt dix livres toute mouillée, et encore, il y avait une sacrée chevelure incluse. Blonde. Eclatante, brillante, raffinée. Comme la lame qui formait sa dague. Un fin ouvrage. La petite tisserande lui avoua ne jamais avoir eu à se servir de l’arme. La forgeronne fut attristée d’apprendre qu’elle n’avait aucune idée de comment la manier, mais elle comprenait. Après tout, les armes étaient son métier à elle. Si Ambre n’avait jamais eu à s’en servir, c’était bien mieux ainsi. Pourtant même en essayant d’envisager la situation sous cet angle, Eurybia était irritée et quelque part en elle, la décision d’enseigner les bases à sa compagne de voyage était déjà prise. Qu’elle était pure cette femme à refuser de faire le mal même pour se protéger. Qu’elle était naïve aussi. Attendrissante.

Ainsi la veuve tenait ce poignard de son défunt mari, et il lui aurait apporté autre chose de tout aussi précieux. Peut-être même plus que précieux, car à l’évocation de cet épisode, son visage changea complètement. Elle n’était plus la jolie tisserande légère, en quelques mots, elle était une veuve éplorée qui avait tout perdue, sa richesse, son statut, son époux, et quelque chose de bien plus important. Quelque chose qu’on ne remplaçait pas, jamais. Quelqu’un sans doute. Un être cher, un enfant certainement que son mariage lui avait accordé. Un être précieux, emporté par la fange. La forgeronne acquiesça et se sentit mal, comme étrangère à la situation. La fange, qu’en savait-elle, elle ? Elle était tapie à Marbrume lorsque les morts avaient commencé à se relever. Aurait-elle eu une famille qu’ils auraient tous été en sécurité dans la ville fortifiée. Mais sa seule famille, c’était le noyau qu’avait formé ses parents. Avait-elle seulement pris des nouvelles ? Leur avait-elle seulement rendue visite depuis qu’ils étaient venus pendant l’Exode ? Occupée à sa petite personne, toute entière dévouée à ses égoïstes projets, elle avait ignoré les besoins et les douleurs des siens. Mais c’était fini. Aujourd’hui elle partait les retrouver. Aujourd’hui elle commençait un long périple pour faire face à tout ce qu’elle avait omis, ignoré, nié.

A
mbre se mit à rire, et la forgeronne pouvait la voir essayer de défroisser sa peine derrière un sourire nostalgique et douloureux. La batteuse d’acier eut comme le besoin de la prendre dans ses bras dans une étreinte protectrice, pour lui caresser les cheveux et la consoler, mais elle n’en fit rien. Etait-il déplacer de se comporter ainsi avec une personne qu’on venait à peine de rencontrer ? Quand bien même le lien étrange qui les liait semblait remonté à un passé lointain, une rencontre intemporelle. Le masque que la couturière s’efforçait d’arborer ne changea rien à la douleur et la tristesse qui vibraient autour d’elle. Elle donnait l’impression d’un majestueux papillon englué dans une toile, qui perdait sa poudre colorée sur les filaments desquels il tentait de se délivrer. Une poigne puissante s’approchait doucement, cherchant un moyen de délivrer la magnifique créature sans l’écraser. La forgeronne lui saisit le poignet et glissa son pouce contre la paume froide de la tisserande pour lui faire ouvrir la main et y glisser la lame.

« Vous voyez les armes comme des objets. Je les vois comme les griffes ou les crocs qui manquent à l’homme.» le regard ambré de la forgeronne scruta celui de son interlocutrice. «Aimez-vous les animaux ? Pourriez-vous dire que vous aimez un chat sans ses griffes, un chien sans ses crocs ? Un oiseau sans ses ailes ? Un cheval sans sabots ? Les Trois ont doté l’homme de doigts habiles pour créer ce qu’il lui manque. Des lames pour griffes. Des couteaux pour trancher la nourriture comme des crocs. Des habits pour fourrure.» ajouta-t-elle en pointant la charrette pleine d’étoffes. « On ne peut pas blâmer une arme de faire le mal, pas plus qu’on peut blâmer la chemise d’un meurtrier pour avoir semé la mort. On ne peut que condamner son porteur. Les armes peuvent aussi faire le bien. Ne nous ont-elles pas permise de libérer le Labret vers lequel nous marchons à présent ?» Sa phrase fut ponctué d’un demi-sourire. « Une femme n’a pas besoin d’homme pour la protéger si elle possède une lame. Si vous souhaitez apprendre, il n’est jamais trop tard, surtout lorsqu’on s’apprête à passer plusieurs jours en compagnie d’un maître forgeron.» glissa-t-elle l’air de rien en libérant enfin l’avant-bras de la tisserande de son emprise délicate.
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Ambre Rosélia
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MessageSujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé    Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé  EmptyJeu 25 Juil 2019 - 23:52





Eurybia & Ambre

Le contact soudain de la forgeronne qui lui saisit le poignet avec fermeté la fit sursauter. Et un peu rougir. Elle n’avait pas particulièrement l’habitude des contacts physique depuis l’arrivée de la Fange, et encore moins depuis la mort d’Elisabeth. Son cocon qu’elle c’était construit, sa protection contre l’extérieur lui allait très bien et avait bien fonctionné jusqu’à aujourd’hui. Alors quand quelqu’un la franchissait de manière aussi brusque, tout en étant étonnement douce, la tisserande s’en retrouvait toute chose.

Elle laissa donc la forgeronne lui ouvrir la main et y glisser la froide lame au creux de sa paume. S’ensuivit le monologue de la grande blonde sur l’utilité des armes pour un homme ou une femme. Ambre la regarda d’abord dans les yeux, voyant sa passion au fond des ses yeux d’une couleur si particulière, si chaude, si avenante. Ambre fut troublé par ce regard si expressif, si ivre de connaissance, si enthousiaste.

La tisserande baissa les yeux, presque honteuse. Elle devait paraitre bien fade à une femme de cet acabit. Elle qui n’était que pleure, dépression et plainte. Elle n’avait clairement pas cette rage de vivre qui animait sa compagne de voyage. Dans un sens, elle l’enviait. Une petite femme comme elle, toute fragile et sans défense, à côté d’une force de vie aussi impressionnante. Elle se trouvait ridicule.
Les yeux baissés sur sa paume maintenant armé, elle réfléchissait à ce que venait de dire son interlocutrice. Bien sûr, dans un sens, elle comprenait ce que voulait dire Eurybia. Les armes étaient avant tout des objets pour se défendre, surtout en cette période si difficile. Mais l’image d’une lame transperçant un être vivant, toutes les horreurs qu’elle avait vues dernièrement lui revinrent en tête. La tisserande savait bien qu’il était impossible de survivre dans ce bas monde sans avoir ne serait-ce qu’une faible connaissance des armes, mais cette idée lui donnait presque la nausée. La jeune femme tiqua. Était-ce de la force d’esprit de vouloir rejeter toute forme de violence ? Ou au contraire une extrême faiblesse, de fuir à nouveau et s’enfermer dans sa coquille toute de blanc ? Oui, c’était de la faiblesse. Une faiblesse qu’elle ne voulait plus. La jeune femme voulait évoluer, devenir une femme forte. Qu’importe le prix. Même si cela allait contre ses idéologies. Même si tout ça pouvait la rendre malade conceptuellement parlant. Elle devait se forcer, et elle avait une compagne de route tout à fait apte et même partante pour lui apprendre les bases de cet abominable art. Et peut-être que la veuve arriverait à voir la beauté d’une arme et à avoir des étoiles dans les yeux un jour en parlant de celle-ci.

La forgeronne avait retiré sa prise sur le poignet de la mignonnette, lui laissant une sensation étrange. La chaleur qu’avait dégagé la main de la grande blonde sur son corps une fois partie, laissait le froid piquant s’installer sur la zone à peine découverte. Un léger mais visible frisson lui parcouru le corps. Gênée, elle tira sur la manche de son gros gilet de laine pour cacher son poignet droit et ainsi le réchauffer après cette sensation de froid. De là, elle rangea sa petite dague à son emplacement au niveau de ses hanches. Quelques longues secondes passèrent, laissant la troupe marcher dans ce silence lourd propre à un voyage difficile. Puis, soudainement, Ambre planta ses deux grands yeux tristes dans ceux d’Eurybia, pleins de volontés.


▬ "Je n’arrive pas à être du même avis que vous. De mon point de vue, si les Trois nous ont fait comme cela, c’est qu’il devait en être ainsi. Les animaux sont doués d’atouts, mais nous avons eu la chance d’utiliser les nôtres différemment, de manière intelligente. Nous ne devrions pas être une race violente… Mais c’est vrai que de nos jours, une arme devient quasiment obligatoire, et j’aimerais être comme vous. Grande, forte, indépendante. Alors si c’est vous qui m’apprenez, pourquoi pas… Vous avez l’air d’avoir beaucoup de respect pour les armes… "».

Ambre adressa un sourire timide à la forgeronne. La nature discrète de la jeune femme était palpable, et il lui était difficile de s’en défaire. Bien que leur lien semblât déjà s’être solidement tissé, il y restait encore une barrière que seul le temps arrivera à détruire. Et de la discussion.


▬ "C’est très impressionnant de voir une femme forte comme vous exercer un métier d’homme. Ils ne sont pas trop surpris quand ils viennent vous faire une commande ? C’est une race à la fierté mal placée et j’imagine que vous n’êtes pas toujours la bienvenue dans leur monde et leur métier. Au moins vous ne devez pas dépendre d’eux, je vais vraiment finir par vous envier ! "».

La blonde avait fini sa phrase avec un rire léger. Un petit silence s’installa. Ambre se mordit la lèvre inferieur. Sa remarque était-elle déplacé ? Elle avait l’impression d’avoir parlé bien vite et d’avoir été indélicate envers la si aimable forgeronne. En effet, il n’était pas très fin de parler de ce genre de difficulté ne connaissant rien de son interlocutrice. Qui sait ce que cette femme avait vécue, quelle était son histoire et ses difficultés quant à sa place dans une société ou la femme n’était apprécié qu’en femme au foyer et en reproductrice silencieuse et docile. Non, elle n’en savait rien. Et en avait parlé avec légèreté, comme un enfant qui ne saisi pas la gravité de ses actes et paroles. La petite femme culpabilisait. Elle appréciait beaucoup sa compagne de voyage et ne voulait pas la fâcher. Son envie de la connaitre ne faisait que s’accroitre et la déception serait grande si la ferronnière décidait de faire route séparée. Vraiment.
Désemparé, elle lui lança un regard qu’elle seule avait le secret, ce regard si expressif et si emplie de regret que le plus grand des tortionnaires sentirait son cœur se serrer devant tant d’innocence.
Dans un soupire, Ambre bégaya de faibles excuses.


▬ " Désolée. C’était malvenue et maladroit de ma part. Je ne connais rien de votre histoire et je pourrais avoir été blessante à votre égard… Pardon. Ne m’en voulez. Je n’ai plus l’habitude de faire causette de manière convenable depuis la Fange. Je ne suis plus qu’une misérable tenancière d’une miteuse boutique et je passe mes journées à tisser au point d’avoir des cloques aux bouts des doigts. Et cela faisait longtemps que je n’avais pas rencontré quelqu’un que je n’ai pas envie de fuir, quelqu’un que je veux connaitre… "».

Finit-elle par souffler, de manière quasi inaudible.

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Eurybia PyritForgeronne
Eurybia Pyrit



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MessageSujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé    Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé  EmptyVen 2 Aoû 2019 - 16:39


La petite veuve frissonna et lorsqu’Eurybia lui rendit son bras, elle abaissa immédiatement sa manche comme pour se protéger d’un autre contact. Dans son discours passionné, elle n’avait pas refréné sa personnalité bourrue et s’était permise beaucoup de choses. Son côté labrétien très populaire et tactile lui faisait parfois oublier qu’elle était une brute à la carrure un tantinet effrayante, surtout pour une autre femme. La forgeronne ramena sa main coupable à elle et la porta à son autre bras pour le frotter de sa gêne. Un silence lourd retomba alors qu’elle ruminait son manque de féminité et d’aise. Décidément, elle ne comprenait rien à la gente féminine. Déjà qu’elle ne la côtoyait que faiblement, mais lorsqu’elle la croisait c’était dans les marchés ou les tavernes. Autrement dit, pas dans des endroits où les dames se retrouvent pour parler chiffons. De quoi parlait-on avec une femme ? De quoi Ambre parlait-elle avec ses clientes ou ses fréquentations ? Parlaient-elles des rumeurs, des dernières nouvelles ? Des commérages croustillants ? Un instant, ses pensées furent interrompues par de grands yeux verts rivés dans les siens. Etait-elle du genre à suivre les dernières romances, à vivre des passions par procuration ? Ou était-elle juste trop occupée à ses propres affaires, à sa propre misère, à tous ses problèmes qui s’accumulaient après un veuvage. Gérer l’argent, gérer le commerce, gérer la maisonnée, se protéger des on-dits, garder la tête haute, et pleurer. Pleurer ses morts. Avait-elle le temps de sourire ? Avait-elle le temps d’apprécier les petites choses que la vie offrait encore ? Une tristesse sous-jacente assombrissait son regard. Un nom de cristal et des yeux d’émeraude. De l’or dans les cheveux. Une peau d’ivoire. Les matières brutes étaient souvent les plus belles. Les Trois l’avaient faite comme cela et c’est qu’il devait en être ainsi. La beauté était l’atout des femmes, mais celle-ci avait eu la détermination de ne pas utiliser la sienne pour la définir, et de plutôt utiliser son savoir faire. Elle ne serait peut-être jamais violente, mais c’est vrai que de nos jour, si elle devait en venir à l’être, mieux valait qu’elle soit en capacité de protéger sa vie au détriment d’une autre.

Elle sourit, et la najacienne ne peut s’empêcher de sourire à sa suite. Aimerait-elle être comme elle ? Observée, scrutée comme une bête de foire, jugée pour ses choix égoïstes qui l’éloignait du but de toute vie femme, celui de perpétuer la vie. Méprisée parfois, pour avoir l’audace d’exercer un métier qui exigeait des compétences masculines.

« Vous n’aimeriez pas être comme moi. » conclue-t-elle avec douceur. Peut-être la jolie blonde n’avait-elle dit cela que par politesse, ou peut-être s’imaginait-elle que tout cela facilitait la vie de la forgeronne. Son rire raisonnait comme une mélodie et son ton léger rendait la conversation plus fluide. « C’est vrai que j’ai beaucoup de libertés. Mais on dépend tous de quelqu’un. Comme vous, je dépends de mes clients. Tout homme dépend de quelqu’un au dessus de lui. Et au dessus de tout homme, il y aura toujours les Trois. »

La tisserande sembla se rendre compte que sa remarque était peut-être trop naïve, elle se confondit en excuses. Eurybia se contenta d’hausser les épaules

« Je ne suis pas du genre à me vexer sur la forme quand le fond a du vrai. » elle fit une pause et se mit à regarder la caravane qui s’étirait devant elles. Depuis combien de temps marchaient-elles ? Les heures passaient vite en bonne compagnie. La najacienne n’était pas souvent en bonne compagnie, en compagnie de quelqu’un avec qui elle se contentait de parler, juste parler à coeur ouvert. Elle prit une profonde inspiration.

« L’indépendance est une force et une faiblesse. Elle permet beaucoup de choses, mais elle apporte avec elle la solitude. La nécessité de porter toutes nos responsabilités nous-même sans pouvoir s’en débarrasser aussi facilement qu’on le voudrait. Il est des fardeaux qu’il est plus agréable de porter à deux. » avoua-t-elle avec un faible sourire. « Faire tourner une forge et son magasin seule, c’est difficile. De même que si je fonds un alliage je ne peux pas tout lâcher pour me consacrer immédiatement à mes clients. Je pense à prendre un apprenti. Mais tout serait plus simple si j’avais simplement un mari j’imagine. » sa voix ternit.

Prendre. Un. Mari. Plus le temps passait et plus cette évidence devenait insistante. Si certaines cherchait l’amour ou un bon parti, Eurybia Pyrit cherchait un partenaire commercial plus qu’autre chose. Quelqu’un pour tenir son magasin.

« Quant aux hommes... » elle soupira, exaspérée. « Je ne suis pas vraiment le genre de femme qu’on s’arrache, haha. Et mon apparence n’est que l’arbre qui cache la forêt. J’ai hérité du sale caractère de ma mère. » un ricanement lui échappa. « J’ai raté ma chance je crois. Je l’avais là sous les yeux. Le métallurgiste dont j’avais besoin. Le coeur que j’aimais. L’homme honnête que toute femme mérite. » elle glissa un regard malicieux à Ambre. « Mais mon indépendance l’a rejeté. Une force. Et une faiblesse... » Le regret lui firent baisser les yeux. Elle pouvait encore sentir sa présence, comme un souvenir qu’on oublie jamais, leurs pas s’attendaient. Il marchait toujours à côté d’elle, pas devant comme son père le faisait, pour ouvrir la marche. A côté, comme un égal. Un sourire s’esquissa. « Il était bien plus grand, d’un pan de plus que moi au moins. » elle leva sa main au dessus d’elle comme pour vérifier ses estimations par ses souvenirs. « Il avait de larges épaules, bien plus larges que les miennes. C’est lui qui m’a aidé à faire la plus part de mes marques. Et j’ai fait les siennes. » fit-elle en faisant courir ses mains le long de ses tatouages. Comme pour répondre à une question à venir elle poursuivit en pointant plusieurs symboles. « Ce sont les marques de notre savoir-faire, mes apprentissage. Le fer. Le cuivre. Le plomb. L’étain. L’argent. L’or. Le mercure. Leurs alliages. L’acier surtout, son pliage… J’ai laissé pas mal de place pour l’humilité, mais c’est une vertu que je rechigne à apprendre. » elle se mit à rire à nouveau. Qu’elle devait être ennuyante, avec ses logorrhées.

« Voilà, vous en savez déjà plus sur moi que toutes les personnes à qui j’ai pu parler ces deux dernières années réunies. D’habitude mon métier et mes marchandises sont prétexte à n’importe quelles discussions sauf les plus… profondes, j’imagine. Et vous, est-ce qu’il y a des choix que vous regrettez ? »
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Ambre Rosélia
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MessageSujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé    Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé  EmptyJeu 29 Aoû 2019 - 1:10





Eurybia & Ambre

La petite tisserande regardait Eurybia avec de grands yeux expressifs emplie d’étonnement. Comment une femme à l’allure si forte et si indépendante pouvait avoir une vision aussi négative d’elle-même ? Pour Ambre, cette grande blonde en face d’elle était passé au rang de modèle en quelques secondes. Elle qui ne vivait que mésaventure sur mésaventure ces derniers mois, l’idée d’être grande et pleine de muscle comme son acolyte de route lui donnait des frissons rien qu’a imaginer la puissance de ses bras. Définitivement, quoi que dise la forgeronne, elle l’enviait. Evidemment, elle comprenait les dires de la grande blonde ; tout le monde dépendait des trois d’une manière ou l’autre, mais dans ce cas, dans ce raisonnement, personne n’était vraiment libre. Et elle trouvait ça triste. Les croyances n’étaient pas une dépendance, au contraire, c’était une liberté en laquelle elle voulait croire. De son point de vue, Eurybia Pyrit resterait toujours un personnage libre et indépendant, tel un oiseau en plein vol.

Elle se tut. La forgeronne continue sur sa lancer, parlant cette fois-ci les difficultés liés à avoir un commerce, seule. Ambre ne pouvait pas être de son avis de part son expérience personnelle. En effet il était bien plus ardu physiquement de gérer cela seule, des fois au détriment de la santé et du repos, mais il est clair que ses ennuies c’était terminé au moment de la disparition d’Arsène.


▬ Vous savez, un mari n’est pas la solution à tout nos problèmes, heureusement… Ou malheureusement ? Mon mari, Arsène, c’était lui qui était marchand il avait une riche boutique au moment de notre mariage. Il était plutôt réputé à l’époque. Il m’a même appris les bases du marchandage. Mais il n’écoutait rien de mes conseils. Je n’étais qu’une femme. Il a dilapidé tout notre argent en alcool et en jeu. Maintenant je suis seule. Je suis certes faible sur plein de point, et peux difficilement déplacer les charges lourdes ou marchander au mieux, mais maintenant, c’est moi qui décide ou vont les dépenses et comment gérer mon affaire. Alors croyez-moi, si vous êtes assez forte, et je n’en doute pas vraiment, un mari n’est pas aussi indispensable que vous le croyez. "».

Notre héroïne avait vu la mine morne de sa compagne de route en parlant de cette affaire de mariage. C’était une idée qui ne semblait pas la réjouir, et elle ne pouvait que le comprendre. Son mariage n’avait pas été un mariage d’amour, et c’est un concept qu’elle avait bien du mal à imaginer. Chanceux étaient ceux qui rencontrait leur âme sœur et pouvait se marier avec. Ce n’était pas son cas, et ça ne le serait surement jamais. Du moins, c’est ce que se disait Ambre. La tisserande lui donna un petit coup d’épaule pour faire réagir l’imposante femme. Une petite boutade à l’allure amicale. Un geste qui se voulait tendre, trop timide pour oser faire quoi que ce soit de plus intime. Un geste qui aurait dû détourner un minimum Eurybia de sa longue marche droite, mais qui au contraire, déporta un peu Ambre sur le côté. Elle ne dit comme si de rien était, espérant que la tatouée avait comprit la raison de ce geste.

Quand la ferronnière lui conta l’histoire de son amour perdu, le cœur de la petite femme se serra. Elle qui n’avait jamais connu l’amour d’un homme, elle ne pouvait comprendre la douleur que cela pouvait être. Mais sa compassion était grande, et elle se sentait souvent triste pour eux. Elle pensa à Karl, qui était presque devenu fou quand Léti était morte mysterieusement. Et maintenant cette grande et belle femme si déroutante, brisé à la simple mention de son amour perdu. Ambre avait envie de la prendre dans ses bras, de lui dire que ce n’était rien, qu’elle trouverait quelqu’un d’autre. De mieux. De plus marquant. Mais au-delà du fait qu’elle n’oserait jamais faire une chose pareille, elle savait que ce ne serait que des mots vides. Qu’elle n’était pas assez importante dans la vie de cette personne pour se permettre de tel mot.



▬ "Bien sûr, je regrette plein de chose. Mais la vie n’est-elle pas faite ainsi ? Si nous n’avions aucun regret, nous n’avancerions pas… Je regrette de m’être marié pour faire plaisir à mon père. Il voulait voir sa fille heureuse, moi je voulais le voir heureux, alors j’ai accepté. Mais malgré ça, et bien j’ai eu deux merveilleux enfants. Je regrette souvent d’être encore de ce monde, sans eux. J’ai eu le choix de me laisser partir plusieurs fois. Je n’en ai jamais eu le courage. Maintenant, j’aimerais trouver une raison de vivre. Je m’accroche tant bien que mal en aidant au mieux les miséreux du goulot ou en allant au temple. "».

Ambre rigola. Réaction étrange après ce discours qui n’avait rien de joyeux.



▬ "Nous avons toute les deux des vies bien tristes. Je crois que je peux avoir le même constat sur les gens que j’ai rencontré ses deux dernières années. Etrange de trouver une confidente sur la route qui nous emmène peut-être vers la mort et les souvenirs douloureux"».

Elle butta sur un caillou, ralentissant le pas. Un accident de parcours qui n’avait rien de grave, à première allure. Mais ce fut la goutte de trop pour l’homme derrière elles qui commença à s’énerver en grognant haut et fort. Ambre préféra l’ignorer. Ses pieds et ses jambes lui faisaient mal. Ce n’était pas dans ses habitudes de marcher autant, et son corps supportait mal la famine et l’effort. De plus, la conversation personnelle des deux femmes leur avait donné un rythme de croisière plus lent que la moyenne, se trainant en queue de cortège. Seul un seul marchand était derrières elles, n’arrivant pas à les doubler avec son énorme carriole.

A sa grande surprise, leur bagnole fit un énorme saut sur elle-même, avançant violemment d’un coup. La tisserande laissa échapper un cri d’étonnement, pendant que leur mule se cabra en se prenant un léger coup de charrette. Effaré, la jeune femme regarda l’homme qui grognait simplement quelques secondes plus tôt. Il était grand, immense. Une vraie armoire. Ambre se sentait minuscule face à lui. Sans même avoir le temps de dire un mot, une avalanche d’insulte les submergea.



"Non mais s’quoi ces bonnes femmes la ! Pas capable d’avancer correctment ! Faut rester à la maison à s’cuper des gosses dans s’cas ! Zetes en train d’ralentir tout l’monde les grognasses ! Allez, on s’bouge le popotin ou j’appelle vos maris de suite moi ! "».

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Eurybia PyritForgeronne
Eurybia Pyrit



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MessageSujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé    Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé  EmptyJeu 29 Aoû 2019 - 3:15


Ambre se dévoilait petit à petit, sortait de sa timidité pour apporter à la forgeronne un point de vue très différent du sien, mais pas moins vrai. Eurybia réalisa en effet, qu’elle n’avait jamais songé que son mari puisse être un homme qui aille à l’encontre de ses décisions commerciales, ou qui ait la main mise sur la gestion de ses finances. Le rouge lui monta aux pommettes alors qu’elle songeait qu’elle essayait tout simplement de reproduire la réalité du couple de ses parents. Un couple où chacun reconnaissait les valeurs de l’autre et ses connaissances, où le mari et l’époux était deux partie complémentaire d’un tout qui ne pouvait fonctionner que s’ils marchaient dans la même direction, au même rythme. Elle avait pris l’exception pour la règle, et la petite tisserande venait de le lui rappeler le dur quotidien de la plus part des épouses, qui après tout ne sont rien de plus que des femmes à la merci de leur statut social.

Un petit coup d’épaule l’arracha à sa réflexion, la tatouée tourna un visage étonné vers sa compagne de voyage. Elle décocha un sourire en voyant l’air taquin d’Ambre alors qu’elle dérivait légèrement de sa direction. Car oui, loin de déstabiliser sa marche, le geste n’eut pour effet que d’écarter la petite tisserande. Petit à petit le caractère de la veuve prenait forme, d’une manière bien étonnante. Leurs opinions divergeaient peut-être, pourtant l’une comme l’autre savaient reconnaître que personne n’avait tort. Si parfois on a du mal à savoir ce que l’on veut, on sait toujours ce qu’on ne veut pas. Ambre ne voulait pas être inactive, elle ne voulait pas être mise à l’écart des décisions, et elle ne voulait pas subir les mauvais choix des autres.

Et Eurybia, que ne voulait-elle pas ? Elle ne voulait pas cesser d’être forgeronne, et par conséquent elle ne voulait pas d’un homme qui ne sache pas gérer leur affaire. Alors qu’elle cherchait, elle se retrouvait sans arrêt sur le même problème incontournable. Perdre son nom de forgeronne. Femme de. Mère de. Se marier sans changer de nom, tout bonnement impensable. Trouver un mari convenable, tout bonnement impossible. A part Cid, peut-être. Le reverrait-elle là-bas ? Aux dernières missives qu’elle avait fait écrites et envoyé, personne n’avait répondu au sujet d’Alcide Lefondeur, métallurgiste de Najac à la forge des Pyrit. Pourtant plusieurs fois elle avait demandé des nouvelles à son sujet, et dans les réponses, rien, rien sur Alcide. Il devait vraiment lui en vouloir. Quelque chose la refroidit. Se pouvait-il qu’il ait marié quelqu’un d’autre ? Etait-ce la raison pour laquelle personne ne parlait de lui ? Avait-il emménagé avec une autre, avait-il des enfants ? Deux ans, et cette simple idée ne lui avait jamais traversé l’esprit. Qu’espérait-elle, que le monde s’arrête de tourner après son départ ? Lui qui avait été orphelin, avait toujours souhaité une famille, comment avait-elle pu imaginer qu’il s’abandonnerait au célibat jeune et en bonne santé comme il était, alors qu’elle était partie le lendemain de sa demande en mariage ?

Et tout ceci, tous ses petits problèmes d’égo insignifiants, de recherche de liberté était ridicule à côté de la vie, la vraie, celle de milliers de femmes comme Ambre. Celles qui avaient vécu sans le privilège de choisir mais avec le devoir de complaire, le devoir filiale, puis le devoir maritale, et le devoir de maternité. Celles qui avait reçu l’Exode de plein fouet, comme une déchirure inguérissable dans leur vie et y avait perdu finalement ce qu’elles avaient de plus cher : le sang de leur sang. Cette femme devant elle avait vécu ce qu’il y avait de pire pour une mère : enterrer ses enfants. Elle était une force de la vie, refusant de passer l’arme à gauche quand elle-même ne trouvait plus de raison de rester debout, elle s’était accrochée. Ce n’était pas un manque de courage comme elle le croyait, c’était un instinct de survie incomparable, une foi en l’avenir. Faire le choix de mourir, était toujours plus facile. Vouloir que la souffrance s’arrête au point de refuser la vie dont les Trois l’avaient dotés. Abandonné devant les épreuves alors que la Trinité donnait à chacun la possibilité de survivre, de faire mieux, d’apprendre de sa douleur pour nous rappeler que le bien est rare et qu’il nous faut le propager. Ainsi Ambre cherchait à se rendre utile en aidant les plus miséreux. Qui eut cru qu’une « faible » femme ait tant de générosité et de ténacité… Le rire de la veuve la troubla, elle lui adressa un regard attristé.

« Mes condoléances… Je ne crois pas qu’il y ait d’épreuve plus dur pour une mère… Comme il faut parfois faire face à la mort pour se rendre compte de ce que vaut notre vie, il faut savoir faire face au passé pour aller de l’avant. Je sais qu’il le faut... » tenta-t-elle de se convaincre. C’est alors qu’Ambre trébucha et la forgeronne la rattrapa d’une poigne ferme. Son côté bourrin et négligent la faisait se cogner de partout, elle avait l’habitude de bousculer les objets et de tenter de les rattraper dans sa chute, la petite tisserande ne fit pas exception. Un marchand juste derrière elles commençait à s’impatienter, la grande blonde lui asséna un regard noir et se faisant se rendit compte qu’il fermait la marche avec son énorme chariot. Elles marchaient depuis plusieurs heures maintenant et la fatigue alourdissait leurs pas. D’ailleurs maintenant qu’on y regardait, elle se trouvait en bout de caravane. Le rythme de marche n’était clairement pas à la promenade, avaient-elles oublié ce qui rôdaient à l’extérieur ? Le chemin sur lequel elles évoluaient s’était rétréci, et l’homme ne parvenait pas à les doubler alors qu’elles marchaient l’une à côté de l’autre. Comme elle le regardait, elle le vit donner un coup dans leur carriole comme pour les forcer à accélérer mais le résultat fut tout autre : la veuve mâcha un cri de surprise, le bestiot malmené était sur deux pattes.

La najacienne lâcha le bras de sa camarade et serra les poings. Etait-il grand, était-il large ? Demandez à Eurybia, elle vous répondra qu’il avait une tête de con, et des manières de peigne-cul. Elle s’approcha de lui, les sourcils froncés.

« Crève ma bête et c’est toi que harnache à ma charrette, sac à purin ! Les hommes comme toi, vous êtes pas foutus de faire votre boulot correctement, c’est pour ça que j’suis forgeronne, c’est pour ça qu’il y a des femmes dans la milice. »

L’homme partit dans un fou rire, et tira sa bête de côté pour les doubler.

« Si les femmes sont acceptées dans la milice, c’pace qu’les bordels sont trop chers ou trop loin. Et vous si vous êtes là, c’parce que vos maris cherchent à s’débarasser d’vous, hahaha ! Des hommes brillants. » fit-il en s’éloignant au devant.

« Nous devrions accélérer le pas. Il a beau être un abruti fini, nous sommes les dernières. Montez dans la charrette en premier et reposez vous un peu, nous nous relayerons dans quelques heures. » déclara la tatouée en levant la main devant les protestations de la petite tisserande. Elle dut promettre de prendre sa place sous peu pour qu’Ambre accepte finalement de prendre un peu de repos. La forgeronne se saisit d’une corde de l’attelage et marcha à la hauteur de l’âne pour soulager la charge qui pesait sur l’animal et lui imposer un nouveau rythme. Son pas était devenu automatique et régulier. Au bout d’une heure, elle avait rattrapé une partie du retard accumulé les heures précédentes, elle s’accorda alors un rythme plus doux et se distrayait en écoutant les rares mots échangés autour d’elle. Tout le monde économisait son souffle, on chuchotait. Paraît que le silence était gage de sécurité. Elle se sentait observée, analysée par un regard avide, elle n’arrivait pas à comprendre d’où venait cette sensation, elle ne le saurait que bien plus tard. Puis soudain, tout s’arrêta. Un miliciens et quelques marchands faisaient de petites rondes autour du groupe, pendant que les autres faisait une halte pour le repas du déjeuner. Eurybia se pencha au dessus de la charrette pour découvrir la tisserande encore endormie, sa chevelure d’or tout étalée autour d’elle comme un halo autour d’un ange. Elle n’avait pas dû dormir beaucoup la nuit précédente, et encore malgré son sommeil, ses rêves ne semblaient pas des plus doux. La forgeronne glissa une main près de son visage, et se ravisa, pour la saisir doucement à l’épaule.

« Ambre… ? La caravane fait une halte pour le repas... » murmura-t-elle pour lui éviter un réveil trop brusque. Elle espérait que sa compagne de voyage ne serait pas trop irritée de ne la réveiller que maintenant. Elle se ferait pardonner en la laissant prendre les devants après le déjeuner. Elle attrapa les paquetage de nourriture, et malgré sa faim, choisit de se rationner fermement en prévision des repas à venir.
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Ambre Rosélia
Ambre Rosélia



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MessageSujet: Re: Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé    Là où le bonheur ne se conjugue qu’au conditionnel passé  EmptySam 19 Oct 2019 - 3:28





Eurybia & Ambre

Alors que la petite Ambre se recroquevillait sur elle-même face à cet homme insultant qui venait de les agresser indirectement, quel ne fut pas son étonnement de voir Eury la forgeronne se dresser contre lui de toute sa carrure impressionnante. Elle laissa même échapper un souffle d’admiration devant une telle force de la nature en bien des points. Mais malgré cette éloquence impressionnante, les deux femmes n’eurent droit qu’a un rire gras et une remarque très déplacée envers leur sexe. La frêle tisserande serra les poings. Sale fils de fangeux. Qu’est ce que ça pouvait lui faire que des femmes soient dans la milice ? Et pourquoi les rattacher à des maris qui n’existaient pas, ou plus ? Elle détestait ce genre d’homme méprisant avec les femmes. Son regard d’un vert pourtant si clair se teinta d’une noirceur indescriptible et fixa le paysan qui les doublait en riant encore de sa répartie face à la ferronnière.
Grognonne, la proposition d’Eurybia pour qu’Ambre se repose l’a sorti de ses idées noires. Sa bouche s’ouvrit pour protester mais une main ferme se leva pour l’empêcher de dire quoi que ce soit. Renfrogné, elle fit une tête d’enfant boudeur mais ne dit rien. Elle n’avait pas envie de dormir, bien que la fatigue pesait de plus en plus lourdement sur ses épaules. Elle avait envie de rester à côté de cette femme si intense, si improbable. Continuer à la connaitre, à comprendre ce grand bout de femme. Elle fit promettre à sa compagne de route qu’elle en ferait de même après sa propre sieste et grimpa à l’arrière de la cariole. Si légère que celle-ci ne sembla même pas porter un poids humain en plus. A peine un sac de farine. Mal à l’aise, Ambre s’allongea au milieu de ses sac et de ses tissus. Au moins, sa cargaison avait l’avantage d’être confortable. Installé sur le dos, elle regardait le ciel bleu, sentant l’air frais sur sa peau. Elle doutait qu’elle arrive à s’endormir facilement dans ces conditions, la charrette cahotant sans arrête. Trois minutes plus tard, Ambre ronflotait tranquillement, perdue dans les limbes de ses rêves.

*

Un murmure. Une voix qu’elle connaissait. Son esprit se coula lentement vers la dure réalité. La tisserande mit quelques longues secondes avant de se rappeler ou elle était. Elle sursauta quand elle réalisa qu’elle c’était endormi comme un sac en plein voyage. Elle regarda avec de grand yeux rond Eury qui venait de la réveiller en espérant qu’elle ne l’avait pas vu empaffé de cette manière. La blondinette rougit légèrement, il était peu probable qu’elle ne l’ai pas vu dormir au vu de la situation.
Ambre resta assise pendant de longues secondes, mettant quelques temps à se réveiller. Il était plus dur d’émerger après une sieste sauvage qu’au petit matin comme à son habitude. Une fois son cerveau remit en marche, elle sauta avec souplesse de la cariole non sans une grimace. Ses articulations avaient elles aussi pâtit de ce repos bringuebalant. Elle arriva vers la forgeronne avec un sourire pâteux digne d’une marmotte endormie et s’assit un peu à même le sol, un peu à l’écart du groupe qui commençait à parler et à rire fort. Ambre n’était pas quelqu’un de spécialement sociable, et elles étaient les deux seules femmes du voyage, par conséquent la jeune femme n’aimait pas particulièrement le sentiment qui s’en dégageait. Des regards lourds, des jugements, des rires graveleux. La tisserande préférait clairement rester seule que mal accompagné. A son grand bonheur, ce voyage semblait lui avoir offert la compagnie d’une personne charmante avec qui le temps passerait surement beaucoup plus vite.

Son ventre gronda. Elle qui avait un appétit de moineau avait faim. Mais pas la faim qu’elle ressent à longueur de journée car elle s’est habituée à se sous nourrir non. Juste une faim violente, une faim naturelle, sans ce ventre qui la faisait culpabiliser de manger, culpabilisant d’être en vie pendant que ses enfants étaient dans l’autre monde. A son grand malheur, le trajet allait surement être long, et les provisions devraient être rationné. A contre cœur, la blondinette attrapa un petit pain encore frais du matin et croqua dedans. Finalement, quelques bouchés suffirent à la rassasier. Les deux acolytes avaient étés calmes pendant le maigre casse-croûte, se regardant sans avoir besoin de combler le silence. Il n’avait rien de gênant, au contraire, il était partagé et apprécié. Ambre fouilla dans son petit baluchon attaché à ses hanches et en sortit des petits fruits séchés. Il s’agissait d’une denrée rare à cette époque, et cela en devenait très coûteux. La blonde les tendit vers sa récente amie.


▬ "Partageons-les. Je les ai eus d’un ami qui vend des graines. Je ne sais pas comment il les a obtenus, mais je les mange petit à petit, c’est un vrai bonheur en bouche ! "».

Elle se rapprocha de la ferronnière, ne lui laissant à son tour pas le choix de refuser.


▬ "Ai-je dormi longtemps ? Merci en tout cas, je me suis bien reposé. C’était un repos sans rêve, sans cauchemar. Honnêtement ça fait du bien… Comme l’air frais, je n’en avais plus eu depuis des années… ça fait du bien, même si ça fait un peu peur d’être la "».

Elle lui souri doucement. Tout ça n’avait pas vocation à se plaindre ou a être négatif, au contraire. La femme se sentait libre de pouvoir s’exprimer face à cette personne sans jugement, et cela lui faisait du bien.


▬ "Maintenant, à vous de dormir un peu ! Vous avez des cernes de la tailles de la charrette ! "».

*

L’après-midi était arrivé doucement. Eurybia avait lourdement grogné à l’idée de se reposer, mais la fatigue se voyait sur elle comme ses tatouages sur le visage. Ambre n’avait pas démordu, elle avait l’habitude des enfants qui ne voulait pas aller se coucher ! C’était donc seule qu’elle avait marché sur une bonne partie du reste de la journée. Perdue dans ses pensées, elle tirait la cariole avec son âne, concentré sur ses jambes pour ne pas sentir la fatigue. Elle qui n’avait pas voyagé depuis des années, le retour à la réalité était très difficile, et les prochains jours de marche s’annonçaient douloureux.
Le temps se couvrait. La luminosité déclinait petit à petit et la fatigue s’accumulait, laissant une procession morne comme la Fange. La petite demoiselle commencait à se sentir un peu mal à l’aise face à cette nature omniprésente qui s’assombrissait petit à petit, laissant le regard aveugle à tout danger. La tisserande repensait à son fils. Surement était-il passé par ce chemin avant de disparaitre pour toujours. Elle l’imaginait heureux, rigolant avec son père, assis dans une cariole la même ou était en train de roupiller sa partenaire. Jusqu’ou était il allé avant de se faire faucher par ces immondices ? Un frisson d’horreur l’a parcouru à cette pensée. Non, elle ne devait pas y penser. Elle ne tiendrait pas le coup sinon.

Un bruit à sa droite la fit sursauter. Avait-elle bien vu un buisson bouger ? A quelques centimètres de son oreilles gauche, elle entendit un ;


▬ "Ambre ? "».

Ambre hurla. C’était Eurybia qui c’était réveillé silencieusement et c’était approché dans son dos. La petite femme, tellement prise dans ses pensées n’avait rien vu. Tout le cortège se tourna sur Ambre, livide, et Eurybia aussi étonnée que peu réveillé. Un vent de colère se leva tout autours d’elle et elle ne put balbutier qu’un petit ;


▬ "Le..Le buisson…J’ai entendu du bruit… "».




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