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 [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde]

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Amélise LamerÉleveuse
Amélise Lamer



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MessageSujet: [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde]   [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde] EmptyJeu 13 Juin 2019 - 1:00
-- Avril 1166 --
"Susceptible d'élevage, comme les autres espèces,
l'humanité y répugne parce qu'elle révoque toujours en doute ses valeurs et ses fins" (Emmanuel Berl)

- « Mademoiselle Lamer ? »
- « Oui ? »
- « Je vous rapporte votre coq qui a cru bon de venir jusqu’à chez moi »
- « Bidule ? J’arrive »

Je regarde la vache qui ne bouge pas, arrêtant de masser les pies de ma merveilleuse Margueritte. Un soupir vient s’échapper de mes lèvres, alors que je roule des yeux. Ce coq va me rendre chèvre, un comble pour une éleveuse. Me redressant en récupérant le seau dont la quantité de lait est moindre, pas très donneuse aujourd’hui ma vache. Le seau à la main, l’autre dans ma chevelure blonde, je ne peux m’empêcher d’un sourire, alors que je m’extirpe de la grange pour aviser celui qui attend : Bidule entre les mains qui se débat comme un sauvage, prêt à lui picorer le visage, finalement le volatile finit par retourner avec ses poulettes, devant le regard incrédule de ce voisin un peu trop présent à mon goût. Repoussant d’un bref geste de la main une ouverture de la jupe longue le long de ma cuisse, je ne peux m’empêcher d’aviser ce petit regard qui ne loupe pas une miette de ma peau pâle qui se dévoile.

- « Donc » fis-je pour l’obliger à remonter les yeux « Merci, je peux faire autre chose ? »
- « N-Non, enfin, peut-être auriez-vous des œufs ? »

Des œufs hein ? Toujours une nouvelle excuse, ça me fait sourire, je reste convaincue qu’il veut tout à fait autre chose de moins avouable, mais pas de chance pour lui son manque d’intérêt pour une autre femme ou d’un engagement plus concret ne pousse aucunement ma curiosité ou mon goût du risque. Je lui fais signe de passer la clôture, d’approcher et je sens déjà la gêne dans le fond de ses yeux, ça a le don de m’amuser. Je vais jusqu’au poulailler, suivi de ce jeune invité imprévu, le temps de récupérer six œufs que je finis par lui remettre dans un petit panier qui est toujours là, non loin.

- « Voilà, il ne faut pas hésiter, entre voisins, il faut s’entraider. Vous m’excusez, je ne peux pas trop perdre de temps dans un bavardage agréable… J’attends de la visite, je voudrais terminer le repas. »
- « Oh, pardon, merci beaucoup mademoiselle Lamer »

Un petit geste de la main réciproque et hop, me voilà enfin de nouveau au calme, du moins, presque au calme, puisque Bidule semble avoir dans l’idée de faire travailler sa voix. Je ne peux que lui jeter un regard au travers l’ouverture d’une fenêtre. Si avec ça Mathilde ne trouve pas le chemin de ma maison, je ne sais pas vraiment ce qu’il lui faut. Quoi qu’il en soit, je ne peux que respirer l’odeur de mon ragoût maison dans la marmite, cela embaume complètement la pièce et les autres sans aucun doute. J’ai promis à cette fermière un petit cochon, qu’elle pourra aimer et chouchouter pour mieux le manger. Dans le fond mes activités discrètes ne sont pas réellement différentes de mon élevage, on observe, on vient nourrir et hop on mange l’ensemble. Mh, non, je n’avais jamais vu les choses sous cet aspect. Je crois que c’est un sourire qui vient se hisser sur mes lèvres, alors je récupère un doigt qui ressortait un peu trop de mon délicieux mélange, tant pis, cela lui il sera juste pour moi, le reste est coupé suffisamment grossièrement pour ne pas être reconnu et cela m’arrange.

Grouin, c’est le petit nom que j’ai donné au futur cadeau de cette femme qui va devenir une amie sans le savoir encore, j’ai cru entendre, du moins, je suis même certaine que mes informations sont justes, qu’elle aimait particulièrement les bannis, je ne sais pas si le goût lui plaira en tout cas, mais je me promets de bien observer l’ensemble. Mathilde, c’est une femme forte, indépendante, qui travaille dure pour sa ferme, veuve, elle a perdu un petit goût de rareté, mais ce n’est pas très grave. Appuyée sur le coin de la table, je l’attends, je l’attends en l’imaginant, en me demandant comment devenir son allié, comment obtenir sa confiance, comment obtenir une porte ouverte pour une source d’information. Je suis presque convaincue qu’elle pourrait aimer ma cause, reste juste à savoir comment l’amener doucement dans ma direction. Enfin, j’ai le temps d’y réfléchir, pour paraître plus agréable, j’ai récupéré au boulanger un peu de pain, j’ai fait cuir des œufs que j’ai laissé reposer dessus, de quoi raviver un ventre affamé par le voyage, une petite mise en bouche. Je remonte pour me changer, me parer de cette jupe bleu sombre, de cette chemise dont je laisse volontairement le lacet ouvert sur la poitrine de ce corset brun que je ne sers pas complètement, histoire de pouvoir dévoiler pour les regards désireux un début de sein, de poitrine aussi petite soit-elle, existe-t-elle quand même un peu. Une ceinture, une petite pochette avec le strict nécessaire et me voilà qui redescends pour entendre à l’extérieur un mouvement révélateur. La voilà. M’activant dans la descente des marches, je dresse mon sourire le plus chaleureux dont je suis capable –aucun restant de sang ou de viande sur les dents, c’est toujours ma crainte-. Mes cheveux sont lâchés, comme souvent, ondulant un peu à cause de l’humidité de la saison.

Dehors, je lui fais signe, simplement, un bref signe de la main, nous n’avons pas réellement eu l’occasion de nous contacter, un simple contact, une simple connaissance pour l’heure, un échange, un arrangement entre nos deux petites fermes. Enfin, peu importe, voici donc la fameuse fermière indépendante, dont les relations restent encore un mystère désagréable à mes oreilles.

- « Mathilde ! Je suis contente de te voir, tu as fait bon voyage ? »

Me dirigeant vers la barrière en bois qui mériterait bien quelques rafistolages, j’avais fini par ouvrir –lui offrant la possibilité de laisser sa monture, si monture il y avait se reposer à l’abri du terrain de la demeure-. Bidule poursuivait son chant fièrement jusqu’à me donner un début de migraine, devrais-je penser à le déplumer rapidement, cela donnera l’exemple à tout éventuel coq chanteur en devenir.

- « Viens rentre, je suis navrée pour Bidule –mon coq- il vient de se trouver une soudaine passion pour l’évasion et le chant… Je peux te débarrasser de quelque chose ? » je la laisse répondre ou au moins rentrer avant de lui sauter dessus, venir un peu se réchauffer, prendre mes ‘tartines’ d’œuf, peut-être même une portion de mon ragoût à la recette secrète « J’ai pensé que le voyage allait te donner faim, j’ai préparé un peu de ragoût, une recette de famille, quelques œufs, j’ai même du vin d’un voisin, il est délicieux… Est-ce tu vas bien, pas trop de pertes de votre côté ? Nous avons essuyé encore une attaque cette nuit… »

Converser de la pluie du beau temps, c’est quelque chose que j’ai appris à faire, avant je n’étais pas aussi à l’aise dans l’ensemble. Je la laisse découvrir la pièce principale, le crépitement du feu, les flammes léchant la marmite la tableau en bois usés au centre sur un tapis tissé à la main et visiblement ancien. Des chaises, des meubles, du bois du bois et encore du bois. Des tableaux sur les murs, des champs, des animaux, un portrait de famille camouflait et en hauteur, souvenir du bon vieux temps, des tourments, d’une petite fille triste et perdue que j’étais avant, avant qu’Etiol ne me vienne en aide.

- « Qu’est-ce que je t’offre ? »
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde]   [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde] EmptyVen 14 Juin 2019 - 15:50
Salers.

Filer à l'autre bout du Labret pour aller chercher un cochon, en échange de légumes, était une aubaine à laquelle Mathilde ne pouvait se soustraire. Celui qu'elle avait à peine eu le temps d'engraisser le porc de l'année dernière. Celui-ci était presque terminé. Les miliciens avaient été heureux d'en recevoir de généreuses parts durant l'hiver, et elle s'était montrée peu regardante sur les quantités qu'elle glissait dans ses ragoûts. Le printemps sera plus sage.

La journée s'annonçant magnifique, Mathilde avait délaissé sa ferme et ses travailleurs pour traverser le plateau avec sa grosse Marguerite, sa jument de trait, bien impatiente de se dégourdir les jambes. Les Trois avaient eu la générosité de placer Amélise Lamer sur son chemin, alors que toutes deux commerçaient au même endroit, la semaine avant. Quelques mots échangés, un intérêt pour les produits de l'autre, et une poignée de main avait scellé un arrangement qui faisait bien l'affaire de la fermière, qui avait des bouches à nourrir, bien qu'elle n'eût pas d'enfants. Partie au lever du soleil, Mathilde savait qu'elle devrait pousser sa jument pour arriver peut avant midi à la ferme de Lamer, où elle resterait deux heures tout au plus, pour rejoindre sa ferme avant la nuit.

Un trajet sans encombres, c'était inespéré pour la fermière qui ne cessait de croiser des bandits depuis plusieurs semaines. La plupart du temps, un petit galop bien senti lui permettait de leur échapper, mais récemment encore, elle n'avait pu échapper à la brutalité de ceux qui la pensaient faible et sans défense. Les Trois leur avaient prouvé que même seule, Mathilde pouvait compter sur sa bonne fortune pour qu'un passant lui vienne en aide, au péril de sa vie. Cette expérience lui avait pourtant confirmé la nécessité de ne plus partir sans Marguerite.

Un pantalon enfilé par-dessous une jupe de monte lui offrait tout le confort du monde sans nuire à sa pudeur naturelle. La chemise de lin qu'elle avait cousue pour son défunt mari était trop large pour elle, mais elle l'avait ceinturée d'une bande de tissu vert au niveau de la taille. Le lacet, au niveau du col, fermait la porte à tout regard désireux de découvrir le galbe d'un sein. Dans son dos, son arc semblait indiquer aux malintentionnés qu'elle était prête à en découdre. De loin.

Elle quitte la route principale pour emprunter le petit sentier conduisant à ce qu'elle suppose être la ferme Lamer. A-t-elle bien retenu et suivi les indications qu'on lui a données? La réponse est évidente : Amélise sort pour la saluer de la main, salut auquel elle répond par un geste similaire.

- Quelle journée magnifique! lance-t-elle, d'une voix chaleureuse, en guise réponse, tout en glissant au bas de sa monture, dont elle prit les rênes pour la guider vers l'abreuvoir. - Tu sais, le coq, bien apprêter, peut être délicieux, pour le palais et pour les oreilles! ajouta-t-elle, amusée, en décrochant les deux sacoches de vivres qu'elle avait apportées. Elle laissa son arc et son carquois à la grosse Marguerite, de même que sa cape, soigneusement roulée. Elle tendit une sacoche à Amélise et mit l'autre sur son épaule, après s'être assurée que sa tresse ne se prendrait pas quelque part entre son dos et le cuir épais de son paquet.

Mathilde suit Amélise pour passer la porte la première, la frôlant non sans éprouver un certain trouble.
Ce n'est pas un secret, Mathilde se sentait toujours étrangement attirée par les femmes fortes et indépendantes. Une attirance chaste et platonique, peut-être le besoin de trouver des modèles pour elle qui vivait seule depuis maintenant sept mois. Mathilde sourit. Platonique. Si elle savait.

- Ça sent délicieusement bon! C'est très généreux de ta part! Où est-ce que je peux déposer ça? demanda-t-elle en indiquant sa sacoche qui, pleine de petits sacs de grains et de légumineuses séchées, pesait sur son épaule. Elle s'en débarrassa à l'endroit indiqué, avant de défroisser sa chemise et sa jupe.

- J'ai des problèmes récurrents de banditisme. Je suis pas la seule. Le coutillier est averti mais j'ai bien peur qu'il ne puisse rien y faire. Il y a des bannis aussi qui ont été vus durant l'hiver, les pauvres crèvent de faim, et des rumeurs non confirmées de fangeux. Alors... on va considérer que le printemps est, pour le moment, relativement tranquille. Elle s'approcha du feu pour y réchauffer ses mains glacées. De toute évidence, elle aurait dû porter sa cape mais le vent frais et les caresses du soleil étaient irrésistibles en ce doux mois d'avril. - Et de ton côté? Des pertes? Est-ce que c'était des fangeux? Elle remua ses longs doigts engourdis et savoura la chaleur enveloppante du feu crépitant. La maison d'Amélise ressemblait beaucoup à la sienne. Petite, confortable et chaleureuse, sans trop de chichis, puisqu'elle passait le plus clair de son temps dehors.

- Je n'ai pas bu de vin depuis une éternité! Ça serait une formidable gourmandise! Je t'ai apporté des carottes, des betteraves et des panais, ainsi qu'une panoplie de grains et de lentilles, comme tu me l'as demandé. Il y a deux sacs de farine de blé, et une poche d'avoine. J'ai ajouté aussi des fines herbes séchées, je ne savais pas si tu en avais et comme ça se conserve longtemps...
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Amélise LamerÉleveuse
Amélise Lamer



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MessageSujet: Re: [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde]   [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde] EmptyDim 23 Juin 2019 - 20:27
- « J’y pense, j’y pense réellement… Mais je ne sais pas, je crois que je me suis attachée à son agaçante présence » c’était vrai, je crois, tout ce qui me tient tête à toujours le don de me fasciner « Tu me donneras la recette au cas où je change d’avis, à moins que tu ne souhaites emporté un charmant compagnon à plume au chant affirmé. Une belle journée oui, je peux laisser les bêtes dehors, cela m’arrange, l’abri devient dangereux et je n’ai pas de temps pour m’en occuper –entre nous, je suis une très mauvaise bricoleuse en plus- »

Je lui offre un sourire, laisse mon regard vagabonder sur sa silhouette et récupère le sac qu’elle me tend. Pas de ruban, pas d’alliance, j’étais déjà plus ou moins au courant, mais tout de même, ce petit quelque chose en plus aurait pu volontiers m’offrir davantage de plaisir. J’essaie de me contenir, de me répéter que je ne peux ni avoir envie de goûter tout le monde ni clairement vouloir m’amuser avec la moindre présence humaine présente, dommage. Je ne peux que l’inviter à me suivre, ouvrir la porte, conserver un sourire et lui indiquer d’un geste de la tête la réserve au fond de la pièce, la minuscule petite morte qui me laisse toujours entendre que mes parents ont dû la faire exprès pour que je me cogne à chaque fois que j’y rentre. De mon côté, je ne peux pas m’empêcher de délaisser mon sac sur une des chaises en bois, lâchant un bref soupir de confort lorsque je parviens enfin à m’en débarrasser.

- « Dans la réserve, la petite porte juste là. Ça aussi tu vas rire, mais c’est quelque chose que je n’arrête pas de me promettre de changer, d’améliorer… Je ne sais pas où tout le monde trouve du temps, mais moi j’ai toujours la sensation d’en manquer. »

Il faut dire que je ne dors pas beaucoup et que je m’implique dans bien des organisations. Cette pensée a le don de me tirer un sourire pensif, sans que je ne regrette quoi que ce soit. Je m’amuse, je m’occupe et l’ennui ne vient frapper à ma porte que de rare fois. Je ne manque rien, j’ai toutes les informations que je désire, de l’occupation, de la nourriture à volonté, que demander de plus ? Mes prunelles effleurent encore cette silhouette, sans que je ne puisse m’en empêcher, le goût de l’inconnu, de la découverte, ou de l’inconscience alors que j’ai décidé de me remettre sur le droit chemin, de temps en temps. Je ne peux pas m’empêcher de récupérer deux écuelles pour remplir l’ensemble de ma préparation maison. J’ai déjà faim, encore faim et pourtant je n’ai pas l’impression de prendre le moindre poids. Attrapant deux verres, je ne peux pas m’empêcher de servir une bonne bouteille de vin que je récupère dans le meuble non loin de là ou repose ma bassine pour nettoyer la vaisselle. Une vague de fatigue semble m’animer un instant, alors que je réajuste un nouveau sourire en déposant l’ensemble sur la table.

- « Des bandits ? » soufflais-je « Tu as eu des problèmes importants avec eux ? Tu aurais du m’en parler… » c’était sorti presque instinctivement, comme si elle m’appartenait et que je me refusais de perdre le peu de lien convenable que j’avais « Enfin, au niveau du Labret on a tous un réseau d’entraide, j’aurais pu peut-être t’envoyer quelqu’un… » je secoue doucement la tête l’avise de ce regard plus insistant, avant de me réfugier dans le vin et de lever mon verre « A nous alors et cette première visite chez moi ! De notre côté, pas mal d’attaques de la fange dernièrement, je ne comprends pas trop »

Je tire une chaise, prend un air un peu pensif, voir perturbé, j’arrive tellement à le faire sur commande que cela me surprend moi-même. Je ne peux pas m’empêcher d’avaler une longue gorgée du nectar pourpre, à choisir je crois que je commence à avoir une préférence au sang qu’au vin, mais je ne peux tout de même pas servir à la fois de l’humain et du sang, ça serait immorale et beaucoup trop dangereux. Je l’avise un instant, affichant un large sourire vis-à-vis de l’ensemble des fournitures qu’elle a rapporté, elle est parfaite cette femme. Qu’est-ce qu’elle attend pour se marier pour que j’ai soudainement une raison de me glisser dans sa couche ? Hormis cette petite envie de savourer davantage l’inconnue.

- « Je te laisserai choisir l’animal que tu souhaites emporter, j’ai de la chance, mon élevage n’a de cesse de s’agrandir, si tu veux autre chose, tu peux, il n’y a vraiment pas de soucis, je ne sais pas comment je ferais sans ton aide. Dernièrement, j’ai eu la chance de retrouver des vaches et des ânes… Très peu, mais je peux volontiers t’en céder un si tu en voyais l’utilité. N’as-tu pas pensé à prendre un chien pour ta défense ?»

Ca je n’en avais pas, aucunement, mais un éleveur, ça pouvait bien se trouver, après il suffisait simplement de négocier, mais ça, d’une façon ou d’une autre j’étais convaincue de pouvoir le faire. Néanmoins, c’était plus difficile à obtenir, sur le Labret, je n’avais pas connaissance d’éleveur de ce type, je m’imaginais mal essayer d’apprivoiser un loup. Avalant un morceau de mon ragoût, buvant une nouvelle gorgée presque naturellement, je ne pouvais que poursuivre dans la discussion l’air de rien, revenant sur le premier sujet de conversation.

- « Je vais te paraître… Pardonne-moi si cela te semble déplacé, mais avez-vous des problèmes avec les sectaires de votre côté ? » une manière comme une autre d’aborder le sujet délicatement, grossir nos rangs ne seraient certainement pas de trop « Cela va te paraître stupide, je dois être complètement perdu depuis la fange, c’est vraiment n’importe quoi… » soufflais-je « Mais, j’ai passé une soirée dans une taverne non loin, je plaide coupable, j’avais bien trop bu pour rester raisonnable, je m’étais fait éconduire par un prétendant ou une, je ne me souviens plus trop, une honte » rien de vrai dans tout ça « Oooh ne me juge pas et ne te moque pas trop de moi, je pense que j’aurais pu confondre le duc en personne avec Berthe ma voisine ! » j’amorce un petit rire, jouant du liquide se trouvant dans mon verre « Enfin je m’égare, j’ai rencontré une femme qui n’avait de cesse de murmurer qu’il fallait cesser de renier Etiol, inconsciente évidemment dans mon état, j’ai fini par vouloir en savoir plus. Il s’agirait d’un quatrième dieu, de la mort, de la souffrance, du désespoir, je crois, bien… Il a été renié par Anür suite à un conflit important… Pour se venger et faire comprendre l’importance de l’ensemble des sentiments à l’Humanité, il aurait envoyé la fange, sans sa réintégration, elle ne disparaîtrait jamais… »

Je mime un léger frisson, alors que je dépose lentement mon verre sur le bois dans un petit bruit que j’affectionne beaucoup. Je l’avise, l’observe avec cette tendresse dans le fond des yeux, mélangée à ce soupçon de curiosité. Peut-être qu’elle ne sera pas si étriqué d’esprit que la plupart des autres, dans le cas contraire, il me suffirait d’aller dans son sens, de rire à gorge déployée en m’insultant moi-même d’idiote accro à l’alcool et l’ensemble serait oublié.

- « Enfin, peu importe, je ne sais pas pourquoi je te parle de ça » soufflais-je naturellement en secouant une main en l’air « Je suis désolée, je dois t’ennuyer avec ce type de rumeurs, tu as peut-être jamais entendu parler de tout ça, c’est ridicule. Enfin, raconte-moi plutôt comment ça va de ton côté, est-ce qu’il y a plus de monde d’installé, tu t’en sors ? Tout ça en profitant de ce bon repas, ce bon verre de vin et après je te fais faire le tour en profondeur ! Pour choisir ta ou tes bêtes, évidemment… »
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Mathilde VortigernFermière
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MessageSujet: Re: [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde]   [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde] EmptyJeu 27 Juin 2019 - 15:56
- Tu devrais demander à un charpentier de faire le travail, et le payer avec l'un ou l'autre morceau de viande. Ça vaut plus que de l'argent, et en plus ça te fera gagner du temps te ruiner.

Elle s'était assise à la table de bois, prenant le verre de vin tendu pour trinquer avec Amélise. Mathilde n'avait pas pu s'empêcher de remarquer l'attitude un peu étrange que la belle blonde avait adoptée, tantôt observatrice, tantôt protectrice. Amélise portait-elle un intérêt prononcé aux femmes? Ses regards, parfois appuyés, semblaient trahir son goût en la matière. Elle le saurait probablement bien vite.

- A nous. A notre rencontre.

Elle porta le verre à ses lèvres, sans quitter l'éleveuse du regard. A quoi pouvait-elle penser? Le ton de sa voix était léger. Elle semblait avancer avec prudence dans la discussion, comme si elle tâtait le terrain sur des sujets normalement fâchant. A moins que, fort isolée, elle n'ait peur de commettre un impair. qui la priverait d'une relation amicale. Dans tous les cas, Mathilde trouvait cela charmant. Amélise avait tout d'une femme forte, décidée, intelligente, débrouillarde, capable de mener son affaire. Elle aimait ça, autant que l'incertitude qu'elle dégageait lorsqu'elle abordait des sujets plus délicats.

Le vin lui donna d'abord l'impression d'assécher sa bouche. Riche en tanins, il ne déployait son onctuosité qu'au bout de quelques secondes. Mathilde savoura sa première gorgée, les yeux fermés, un sourire satisfait aux lèvres. Le vieux Tourbechai fait encore des miracles malgré la saison désastreuse de l'été dernier. Tu me gâtes! ajouta-t-elle, en ouvrant les yeux.

- Un porcelet suffira. J'ai une chèvre qui me fournit du lait sans réclamer un grand enclos d'herbe. Je ne peux pas me permettre d'accueillir une vache, pas pour le moment... mais j'avoue qu'il faudra que j'y songe. Les gars qui travaillent sur mon exploitation seront à ma charge, l'année prochaine. Quoique... je pourrais aussi simplement élever un porc de plus. Ça serait largement suffisant. Y ajouter deux chèvres, pour le lait. As-tu des chèvres? Le goût du vin s'estompait. Mathilde regarda son verre et résista à la tentation d'y replonger immédiatement. Elle économiserait le précieux liquide encore un peu, pour prolonger le plaisir.

- Un éleveur de chiens est passé par ma ferme il y a deux mois. Il venait de Marbrume, mais ses chiens étaient réservés pour Najac. Je ne désespère pas d'en trouver un, un jour, mais peut-être que l'Ordre pourra m'aider dans mes recherches. Amélise avait tiqué, haussant légèrement le sourcil droit. L'Ordre... il était devenu son quotidien, si bien qu'elle en parlait comme si tout le monde le connaissait. Or, ce n'était pas le cas, à en juger par le regard interloqué qui se posait sur elle. L'Ordre de l'Astre d'Azur. C'est un peu pompeux comme nom mais ce sont des nobles qui l'ont créé, alors... Elle haussa les épaules, impuissante devant le fait que tout ce qui émanait de la noblesse était nécessairement enrobé de grandiose. Bref, je forme leurs futurs agriculteurs, et une partie de ma production s'en va directement aider les démunis en ville. En échange, l'aide de cinq personnes me permet de dégager un plus gros bénéfice des récoltes, et la sécurité des terres est assurée par des mercenaires de l'Ordre. Une bonne entente, honnête et généreuse pour les nécessiteux. Mathilde n'avait pas pu refuser, même si cela l'avait conduit à renoncer à sa solitude qui, jusqu'alors, lui avait permis d'aider des bannis et de vivre une passion avec une flamboyante rousse.

Elle écouta attentivement Amélise sans la quitter des yeux, et à nouveau Mathilde se demanda si elle était une formidable comédienne. Ce doute suffisait à la convaincre d'être prudente, elle aussi. Deux allusions auraient dû la faire bondir. Deux hérésies. Pourtant elle n'en fit rien, restant impassible face aux explications de l'éleveuse qui se servait de l'alcool comme d'une excuse bien trop commode. Mathilde attira l'écuelle de ragoût à elle et prépara une cuillerée.

- Y a pas de mal à se faire du bien... se contenta-t-elle de dire, sans préciser si elle parlait de l'alcool ou d'une relation entre femmes. Elle sourit, laissant sciemment planer le doute, et goûta au ragoût, gardant le silence un instant. La viande semblait fondre dans sa bouche, libérant une saveur extraordinaire qu'elle ne connaissait pas. Je ne sais pas avec quoi tu nourris tes bêtes, mais le goût de la viande est fabuleux. Qu'est-ce que c'est? Pas du porc quand même!

Elle prit une gorgée de vin. J'ai entendu parler d'un quatrième, à demi mots. Deux hommes particulièrement ivres qui essayaient de parler à voix basse. En vain. Je n'ai saisi que quelques mots en passant à côté d'eux, mais ils parlaient d'une vengeance d'un quatrième dieu injustement banni. Quelqu'un a évidemment crié au blasphème, alors ils se sont fait sortir et... eh bien je ne sais pas ce qui leur est arrivé. Elle haussa les épaules, impuissante. Mathilde se tenait loin des hérésies, surtout depuis qu'elle avait revu son amie Murielle, à Marbrume, et qu'elle avait constaté la folie dans laquelle le soit-disant quatrième l'avait plongée.Je ne sais pas ce qui est à l'origine de la Fange. Je ne sais pas si nous en verrons la fin... mais je l'espère. Et s'il existe un quatrième qui soit la source de tout ça, qu'il ne compte pas sur mes prières, à moins que d'avoir une excellente explication quant à la mort de mon époux. Pas qu'elle l'aimait d'un amour passionnel, mais il avait été un bon compagnon et un bon travailleur. Un mariage de raison qui n'avait pas été un grand sacrifice pour la fermière.

Machinalement, elle caressa l'intérieur de sa main avec son pouce. La callosité sous son annulaire lui rappelait le travail, les champs, Serus. Depuis longtemps maintenant, ce geste était pour elle une pensée discrète et rassurante envoyée vers la divinité associée à son labeur.

- Tu y crois, toi? Qu'un quatrième dieu cherche à revenir dans les grâces de la Trinité en en détruisant les créations?
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Amélise LamerÉleveuse
Amélise Lamer



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MessageSujet: Re: [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde]   [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde] EmptyVen 28 Juin 2019 - 20:07
- « Oui, mais c’est ennuyant, non ? » fis-je en appuyant mon regard au niveau de son visage « Si je le fais-moi, il y a la fierté de la réussite, le tremblement de l’hésitation, le possible à l’aide si je tombe avec l’espoir de voir un sauveur venir me tendre la main, m’aider à me relever, replacer mes mèches rebelles en soufflant un merci épuisé et manquant d’air »

Je voyais déjà la scène, mon haut mal remis, ou les volants de ma jupe ou ma robe remonter, se dégageant dans l’ouverture au niveau des cuisses. Je me voyais offrir ce sourire rayonnant, en faisant mine d’être si fragile, terriblement fragile et faible. Je percevais les mouvements de cet homme ou de cette femme gorgée d’un regain, d’un besoin de protection de secourismes. Puis je céderai à cette pulsion toujours plus présente, trop présente et je me baignerai dans ce sang chaud, qui me donnera beaucoup plus de plaisirs qu’un potentiel ébat… Oooooh, je devrais peut-être trouver le temps finalement, mais si c’est quelqu’un du village, non, cette déception serait si grande, si forte, si intense et l’ennui de nouveau si présent. Je dois trouver un autre jeu, une autre idée, au cas où. Mon verre vient rencontrer le sien, dans ce petit bruit si agréablement à mes oreilles et nos lèvres viennent rencontrer ensemble le récipient propre à chacune.

La gorgée fut longue, le temps de savourer, savourer ce que je trouvais presque sans goût. Pas que ce soit mauvais, mais quand on goûte à mieux, on ne pense qu’au mieux. Et puis le vin, cela n’a jamais été mon petit penchant à moi, mon point faible, j’ai de bonnes bouteilles pour le plaisir, pour pouvoir sortir l’ensemble dans un large sourire, impressionnant, mais c’est tout. Moi cela me fait à peine frémir le petit orteil. Mathilde, cela semblait différent, elle avait l’air d’apprécier le vin et un instant ses lèvres m’avaient semblés se teinter du liquide coloré. Presque instinctivement, naturellement, je n’avais pas pu m’empêcher de venir laisser ma langue effleurer les deux chemins pulpeux contournant l’entrée de ma bouche, avant de prendre une légère inspiration et de reposer mon récipient.

- « Un miracle oui, je le soupçonne de s’appliquer un peu trop auprès de Serus »

Une plaisanterie presque de mauvais goût, mais ça avait le don de m’amuser, j’imaginer bien des manières d’honorer Serus et je conservais l’image de ce presque vieux débris s’astiquant la queue pour arroser ses plantations en marmonnant des prières pour Serus. Oooh oui je l’imagine si bien « prend mes enfants que je n’ai pas pu déverser dans une donzelle par respect pour la Trinité, prend en soin et donne-moi du bon vin ». J’imagine sans doute un peu trop, puisqu’un rire finit par fuir mes lèvres, rire que j’étouffe rapidement dans une nouvelle gorgée. Avant de reposer le verre sur la table, pour prendre une cuillère de mon ragoût. Si seulement tout le monde pouvait se rendre compte à quel point Etiol est bon, et l’humain aussi, la famine disparaîtrait aussi rapidement qu’un gémissement plaintif. On pourrait trier les plus faibles, mettre en place des pondeuses humaines. Survivre simplement sans plus jamais se soucier de la fange, oooooh pourquoi Etiol, pourquoi les gens ne voient-ils pas tous les bénéfices que tu pourrais apporter ?

- « Tu n’es pas gourmande » soufflais-je presque déçu « Tu as beaucoup de personnes sur ton exploitation ? J’ai du mal à en trouver, c’est fatiguant, une attaque de la fange et tout le monde prend ses jambes à son cou, déjà que prendre le temps de former tout le petit monde prend du temps… » je me laisse glisser sur la chaise, soupir presque triste avant de reprendre « Des chèvres ? Oui, une en moins ne me dérangerait pas. Je dois envoyer une expédition pour en récupérer dans les marais, on m’a fait remonter qu’un petit groupe traînait là-bas»

C’est étrange de discuter calmement, sans attendre, mais je crois que cela me plaît pas autant que je le pensais, ce sentiment de normalité est dérangeant, presque salissant. J’ai besoin d’instaurer un jeu, de voir une récompense, une forme de gain. Mon regard effleure de nouveau cette silhouette, ce besoin, cette envie de toucher, d’essayer, de goûter, mais non, il ne faut pas, il ne faut pas. Changer de sujet, aborder Etiol, glisser doucement vers la tentation, vers l’envie, vers autre chose, comme une brebis égarée j’ai bien envie de l’adopter. Et elle, est-ce qu’elle voudrait ? Néanmoins, mes sourcils se froncent un instant, elle évoque l’ordre, un ordre. Il serait mentir de dire que je ne connais pas l’ordre. Du moins officiellement je ne le connais pas, mais mes p’tits oiseaux m’en ont parlé. En revanche, je ne savais pas qu’elle en y était liée et ça, ça a le don de m’agacer. J’hausse les épaules, mollement, alors que je reprends de mon ragoût, que je mastique pour me détendre, que j’avale une gorgée de vin et que je fais mine d’être complètement hypnotisée par ce qu’elle me raconte. Par Etiol qu’est-ce qu’elle fou avec des nobles ?!

- « Je ne connais pas, je dois bien admettre que cela ne m’intéresse pas trop, je ne crois pas à la bonté des nobles, il y a toujours un intérêt derrière et il est rare bon. » je la détaille un instant « Jusqu’où ça t’engage ce contrat exactement ? Et puis…. » fis-je hésitante –pas qu’en apparence cette fois- « N’as-tu pas peur qu’on t’utilise ? » si jamais un noble c’est encore meilleur en goût « Enfin, il faut bien essayer des expériences, je suppose, pour progresser et étendre nos exploitations respectives »

En réalité, cette information allait m’obliger à en savoir plus, et surtout à trouver quelqu’un directement à l’intérieur de ce ridicule ordre pour obtenir les informations à la source. Me laissant glisser le long de ma chaise, étalant mes pieds, jusqu’à presque effleurer ceux de mon invitée, je ne pouvais m’empêcher de pencher la tête en arrière, d’évoquer Etiol, enrobant le tout dans une belle histoire, avant de redresser la tête pour l’aviser, elle, celle qui venait de prétendre qu’il n’y avait pas de mal à se faire du bien. Étirant un sourire en coin, levant mon verre vers elle avant de le terminer, je poursuivais sagement l’ensemble de mon récit, sans donner mon avis, évoquant des soi-disant faits.

- « Tout réside dans le secret des plantes et de l’assaisonnement, un jour je te promets de te donner la recette, mais ça, c’est mon petit secret et puis si tu aimes, tu seras obligé de revenir me voir comme ça. »

Penchant légèrement la tête, j’étais un peu surprise par son récit, elle avait entendu parler à demi-mot, dans une taverne avant de voir disparaître les adeptes…. C’est triste trop triste, pour Etiol je préparerais une vengeance, on ne s’attaque pas sans conséquence à des petites mains du véritable dieu, jamais, non jamais. Je mémorise le peu d’indices, il serait simple d’enquêter, d’essayer d’en savoir plus. Mh, elle a l’air de penser que la mort de son époux est mort à cause d’Etiol, n’est-ce pas le contraire. Je prends une mine triste, trop triste, avant de secouer lentement la tête de droite à gauche.

- « Je suis désolée pour ton époux, mais je suis convaincue que rien n’arrive par hasard…. C’est peut-être stupide, j’en ai conscience, mais regarde toi aujourd’hui, n’es-tu pas une femme forte, indépendante qui parvient à faire tourner l’ensemble ? Étais-tu comme ça avant ? Il y a du bon et du moins bon dans tout, tu ne penses pas ? La perte est régulière, mais soit heureuse… ton mari a dû rejoindre le royaume des trois, non ? N’est-ce pas le lieu le plus approprié pour toute vie finalement ? » je laisse un temps de silence « Sans la perte de mes parents… Je serais peut-être devenue autre chose ? Un monstre peut-être ? »

Je tente un petit sourire amusé, pour appuyer une plaisanterie. En réalité, elle ne doit pas se douter à quel point je suis sérieuse, même si le sens de ma phrase doit être réajusté en contre sens. Je prends une légère inspiration, furtive avant de me relever lentement, sans brusquerie, elle voulait choisir son porcelet, c’était peut-être le moment. Lui offrant un sourire, je me lançais vis-à-vis de cette optique de faire de l’humour, une légère révérence comme pour imiter un peu la noblesse :

- « Si madame veut bien me suivre. » je lui offre un large sourire encore « Je ne vais pas être une fréquentation convenable, si tu apprécies la noblesse. » fis-je avec un clin d’œil « Moi qui me ravisait d’enfin te rencontrer » le jeu encore, c’est ce qui me plaît « Tu veux bien me parler un peu de tout ça, comment ça s’est déroulé ? Je suis vraiment curieuse à ce sujet» soufflais-je innocemment « Enfin, je viens de penser à quelque chose» poursuivais-je en prenant la direction de la porte et sortant « Je fais des dons au temple de la ville, de nourriture, peut-être pourrais-tu emporter avec toi de la viande séchée pour l’offrir à ton temple ? D’ailleurs, as-tu encore le temps de t’y rendre, c’est complexe en étant un peu éloigné… », mais ça m’arrangeait bien « C’est par là»

Je lui indiquais d’un geste de la main le petit sentier menant au petit bâtiment. Dans un endroit à l’abri se trouvait l’ensemble des porcelets, en liberté, mais à l’abri. Écartant les bras en faisant un petit pas sur le côté, j’imitais une ouverture de rideau comme pour dévoiler un spectacle :

- « Et maintenant madame, pour vos yeux magnifiques, voici en avant-première et pour la première fois exposée, l’ensemble des porcelets disponibles. Ne sont-ils pas mignons, mhhh, si tu veux je t’autorise à donner un p’tit nom à l’ensemble, ou à au moins trois…. Et puis » je laissais mes doigts s’entrechoquer comme un applaudissement « Aloooors, tu en as un que tu préfères ? Il faut que ce soit le plus beau, que tu penses à moi ! »
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde]   [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde] EmptyMer 3 Juil 2019 - 18:15
- Ennuyant? Je n'en ai pas l'impression, ça donne l'occasion de recevoir un peu de visite, et ça m'évite de procrastiner indéfiniment parce que mets mes priorités sur mes champs, et pas sur mon confort. J'ai passé un bout de l'automne dernier avec une infiltration dans le toit, j'ai été bien heureuse qu'on me règle le problème pendant que j'improvisais une poule au pot. Au moins, mon sauveur n'arrive pas quand je suis en mauvaise posture.

Son sourire s'était étiré. Derrière une force de caractère apparente, l'éleveuse était une grande romantique, et n'avait sans doute pas eu l'occasion de rencontrer un soupirant lui faisant une cours à la hauteur de ses espérances. D'ailleurs, avait-elle été mariée? Le regard noisette de la fermière se posa sur les mains incroyablement propres et soignées de l'éleveuse, où elle ne vit pas ni ruban ni bague.

Mathilde écouta Amélise parler tout en dégustant son ragoût avec la même lenteur. Non, elle n'était pas gourmande, et elle aimait étirer les repas simplement pour prolonger le plaisir que lui donnait le mélange des saveurs. Et ce ragoût déployait des arômes qu'elle ne connaissait pas, malgré le fait qu'elle soit plutôt bonne cuisinière. Elle comptait bien découvrir le secret des plantes sans doute choisies avec soin, même si cela impliquait de revenir plus souvent que prévu dans ce soin du Labret qu'elle visitait peu.

- Cinq gars dans les champs, et quelques mercenaires pour sécuriser les lieux, surtout quand on prépare un convoi. L'avantage, c'est que je suis moins loin de Marbrume que toi, ça rend les choses un peu plus faciles. Mais si tu veux, tu passeras me voir, je pourrai te présenter à Alexandre de Terresang, peut-être qu'il sera intéressé par ton élevage et pourra t'aider à recruter moyennant quelques bêtes à la fin de l'année.

Elle déposa sa cuillère, essuya délicatement sa bouche avec le linge posé à côté d'elle, puis elle reprit. Je n'aime toujours pas les nobles. J'ai assisté à une rencontre, et ils m'ont convaincue de ne pas changer d'avis à leur sujet. Tout est une question de profit et d'intérêts, avec eux. Moi je ne veux que travailler, tirer le meilleur de ma terre et nourrir les ventres affamés. Eux me proposaient de plus grands bénéfices, alors que je me contente parfaitement de ce que j'ai actuellement. Elle leva les yeux au ciel. Une belle brochette d'imbéciles complètement vendus à l'appât du gain, dotés d'un besoin de pouvoir bien trop intense au goût de Mathilde qui, dans les faits, n'y comprenait pas grand chose. J'ai quitté la rencontre. J'aurais quitté le manoir si la pluie ne m'avait pas contrainte à rester à l'abri des murs. Finalement j'ai été rattrapée, écoutée, mise en confiance. J'ai pu poser mes conditions, ils ont posé les leurs, et j'ai accepté. On est à l'essai pour un an. Si quelque chose coince, soit on ajuste en cours de route, soit on arrête. Son sourire s'étira. Et puis au moins, ça permettra ensuite à cinq personnes bien formées de prendre le relais sur des fermes. Parce que soyons honnêtes... les recrues de Marbrume ne sont pas toutes au point...

Mathilde termina son bol, hochant de la tête à quelques reprises pour acquiescer aux propos d'Amélise. Une femme forte et indépendante. Oui, c'est sans doute l'image qu'elle renvoyait. Pourtant, les Trois savaient qu'elle se remettait perpétuellement en question, se demandant si ses décisions étaient les bonnes, si son père aurait agi de la même façon, si un homme ne ferait pas mieux qu'elle, si on ne cherchait pas à profiter d'elle. Amélise connaissait-elle les mêmes tourments, ou, contrairement à elle, avançait-elle d'un pas bien décidé, en était sure de prendre la bonne direction?

La fermière regarda sa nouvelle amie se lever et exagérer de grands airs, à la manière des nobles. Elle gloussa et repoussa son bol, le regard pétillant. La jolie blonde avait en plus un humour légèrement critique. Elle a tout pour elle. Mathilde se leva, et acheva son verre de vin avant de s'essuyer la bouche, une fois encore, alors qu'une goutte du précieux liquide s'était échappé pour glisser de la commissure de ses lèvres en direction de son menton.

- Il ne manque que le baise-main, et quelques flatteries non sollicitées, pour correspondre totalement à ce qu'un noble de Marbrume peut faire pour espérer être écouté. Elle éclata de rire. Un noble ne s'était-il pas fendu d'un baise-main pour tenter de la calmer alors que, paniquée, elle rageait de ne pouvoir quitter le manoir de Terresang? Tu es très convenable, rassure-toi. Les manières des nobles ont tendance à me mettre mal à l'aise. C'est un monde que je n'aime pas, on y manque trop d'honnêteté.

Mathilde quitta la table pour suivre son hôtesse dehors. Emporter des vivres pour le temple d'Usson. Parce qu'en plus elle prenait le temps de préparer de quoi offrir de la nourriture aux prêtres du Labret. Elle était décidément admirable. Qu'avait-elle à se faire pardonner? Je vais à Usson une fois par semaine environ, je pourrai déposer ton don au Temple pendant que mon pain cuit, les prêtres seront bien heureux de le recevoir. C'est très généreux de ta part... tu en fais souvent, des dons de viande?

Elle avait une grâce naturelle lorsqu'elle se déplaçait. Mathilde apprécia son léger déhanché du regard, accentué par les mouvements réguliers de la jupe. Ses cheveux, blonds comme les blés, flottaient librement dans son dos, le caressant à chaque pas qu'elle faisait. Même son geste théâtral d'ouverture de rideaux avait quelque chose de gracieux. Comment pouvait-on allier autant d'élégance à la force nécessaire à une femme qui menait seule son affaire?

Mathilde examina les porcelets, plissant légèrement les yeux, comme si cela lui permettait d'encore mieux les observer.

- Le petit, là, le tacheté en arrière. Je vais éviter de lui donner des noms. Alexandre est le noble avec lequel je travaille, j'ai peur qu'il interprète mal ce petit clin d'oeil que j'aurais aimé lui faire. Elle partit à rire, imaginant de Terresang fulminant de colère et devenir tout rouge à la simple idée que son prénom fût donné à un cochon. Elle écrasa une petite larme au coin de son oeil. Le petit taché est aussi gracieux que celle qui l'élève. Regarde-le se dandiner fièrement, la truffe en l'air, l'oeil malicieux. Il me plait! Elle réprima un sourire taquin en regardant Amélise, puis reporta son attention sur les porcelets. Y a plus qu'à l'attraper... dit-elle, en sachant que ça ne serait pas une mince affaire.

Mathilde s'aventura à l'exercice. Petite, c'était un jeu auquel elle s'adonnait parfois pendant des heures avec ses frères et soeurs. C'était à celui qui attrapait le porcelet, généralement complètement affolé, en premier. Ils pouvaient recommencer, inlassablement, jusqu'à ce que leur mère les appelle, soit pour manger, soit pour les rappeler à leurs corvées. La fermière se débarrassa de sa jupe de monte pour ne garder que le pantalon, dont elle retroussa les bords pour dégager ses chevilles. Elle remonta ses cheveux en un chignon qu'elle bloqua avec une grosse épingle de bois, puis roula les manches de sa chemises pour dégager ses avants-bras.

- A nous deux, Alexandre. Elle se dirigea d'un pas mesuré vers le porcelet, sans brusquerie, faisant même mine de l'ignorer. L'animal fit quelques pas pour s'éloigner d'elle, agitant sa queue en tire-bouchon. Elle poursuivit son chemin, du même pas tranquille, laissant les bêtes s'habituer à sa présence au point de ne plus réellement chercher à l'éviter. Alors seulement, elle s'approcha du cochon convoité pour se baisser et l'attraper... pas assez rapidement, de toute évidence, puisque le porcelet s'enfuit en couinant. Mathilde rit, la partie n'était pas gagnée et la bête, maintenant, avait peur.

- Tu m'aides, ou tu me regardes affronter le noble bestiau? dit-elle en riant.

Elle reprit sa chasse, cherchant maintenant à coincer le porcelet dans un coin de la bâtisse. A force de faire des petits bonds pour couper les trajectoires du cochon, qui avait un talent certain pour échapper à sa poursuivante tout en prenant un malin plaisir à la balader dans le bâtiment, Mathilde commençait à avoir chaud. Elle n'aurait pas dû manger le ragoût, il pesait sur son estomac et elle avait l'impression d'être ralentie dans ses mouvements. Pourtant elle persévérait, les joues légèrement rougies par l'effort.
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Amélise LamerÉleveuse
Amélise Lamer



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MessageSujet: Re: [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde]   [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde] EmptyDim 21 Juil 2019 - 16:02
- « Je vais prendre bonne note de ton précieux conseil »

Préparer un bon petit plat, attendre et espérer attraper quelques proies dans mes filets, cela doit être largement faisable après tout… Si jamais la proie n’est pas suffisamment qualifiée, pourrais-je lui trouver une toute autre utilité dans une marmite pour attirer bien meilleur mets. Le silence finit par remplir un peu la conversation, ce qui n’est rien de dérangeant, bien au contraire. Je prends le temps de l’observer, elle, cette invitée, délicieuse invitée. Sa manière de se tenir, de mâcher, la forme de sa mâchoire, le contour de son visage et la couleur de ses yeux reflétant à la perfection ceux de sa chevelure. Je suis presque convaincue qu’elle ne me repousserait pas, si soudainement, je venais à l’attirer à moi, venir trouver ses lèvres, insinuer ma langue pour tenter la sienne, oui, j’en suis convaincue, mais ne serait-ce pas terriblement ennuyant si ce qui doit être un jeu se termine en une manche gagnante ? J’étais satisfaite de sa curiosité vis-à-vis de mon ragoût, une affaire de plante, ou de viandes… Et encore, en fonction de la viande et de son âgé, le goût peut être radicalement différent.

Je suis le moindre de ses mouvements du regard et note cette vérification silencieuse de mon état, célibataire, oui, mais pas depuis hier. Un petit sourire en coin, une question, une gorgée de vin et une cuillère du ragoût et me voilà une nouvelle fois en train de l’écouter expliquer son fonctionnement dans sa ferme. L’air de rien, cela lui fait du beau monde, certainement trop pour moi et mon besoin de discrétion, mais du beau monde quand même. Le nom évoquait ne se reflète pas dans mon ignorance, j’identifie parfaitement bien le noble en question et j’ignore si c’est véritablement une bonne chose ou non, cette étrange association.

- « Encore faut-il qu’il puisse avoir suffisamment de personnes pour ça, les gens faut-il bien les payer n’est-ce pas…. Et je ne crois pas que cet homme soit un nom aussi riche que d’autre noble» je laisse un petit silence s’installer « Cependant, cela ne me coûterait rien de le rencontrer, je suppose, et puis, si tu une femme aussi intelligente que toi le fréquente » je laisse un nouveau silence comme une interrogation silencieuse « Je ne doute pas un instant que ce soit une bonne idée »

Ce fut ensuite la suite de l’explication, des révélations, d’abord l’évocation de cette rencontre avec une panoplie de noble pour débattre du bon fonctionnement de sa ferme. Je n’étais pas certaine de comprendre et je me suis surprise moi-même à m’enfoncer dans ma chaise, plisser les yeux, froncer les sourcils pour détailler, extirper des mots dans sa phrase pour analyser. Une réunion de noble, que faisait-elle dans une réunion de noble et qui était donc présent durant cette étrange étape. Terresang aurait-il augmenté un peu son réseau sans que je n’en aie eu le moindre écho, c’était contrariant, terriblement contrariant. Comment des nobles, sans terre et presque sans sous pouvait espérer apporter véritablement quelque chose à une fermière, voir même évaluer la rente dans un domaine dont il était la plupart du temps complètement ignorant ? J’étais songeuse, atrocement et même la dernière gorgée de mon vin n’y changeait strictement rien. L’étonnement n’était guère présent lorsqu’elle évoquait avoir quitté l’entrevue et l’interrogation du pourquoi ne s’était-elle pas fait accompagné par un érudit du clergé émergea dans mon esprit, avant d’être balayé par une véritable surprise : elle avait accepté un accord parce qu’un noble l’avait mis en question et qu’elle pouvait avoir quelques bras en plus… Ce fut de nouveau un silence, un étrange silence alors que même l’odeur de mon ragoût n’avait rien de particulièrement attirant, agréable, de réconfortant, sur l’instant.

- « Les personnes arrivants ici ne sont généralement pas là par choix, avec la pression de la fange c’est loin d’être simple, difficile de se projeter, fonder une famille ici, au Labret, avec des monstres, des bannis, parfois des attaques de bandits voir de pirate qui tentent de voler nos cargaisons pour partir en pleine mer… »

La conversation avait perduré un instant, chacune avait terminé son repas, avant de finalement partir sur une note plus légère. Je n’avais que pu la flatter de quelques états d’indépendance, avant de lui proposer à la manière noble de me suivre pour trouver son petit animal qu’elle m’avait commandé n’était-ce pas là le but de sa visite après tout ? Passant devant elle, je m’étais immobilisée un instant alors qu’elle notifiait l’absence du baise-main et des quelques caresses dans le sens du poil, ou du non-poil. Soucieuse d’être une actrice parfaite et surtout prise dans mon propre jeu trompeur d’ennui, je n’avais pu que me ressaisir habillement. Attrapant sa main, je m’étais penchée lentement pour venir effleurer de mon souffle chaud le dos de celle-ci, avant de me redresser, laisser mes doigts longer son avant-bras, son bras, ses épaules et laisser mon indexe venir essuyer la perle pourpre qui menaçait de s’enfuir de son menton, avant de porter l’ensemble à mes lèvres.

- « L’affront de mon manque d’éducation est désormais corrigé très chère amie» accentuais-je avec une voix mielleuse et montant un peu dans les aigus alors que mon regard la scrutait intensément « Tu es pleine de surprise Mathilde » repris-je simplement et sincèrement « Tu n’aimes pas la noblesse, mais tu la fréquentes, la manière d’être te met mal à l’aise, mais tu fais un accord avec eux ? Je vais finir par croire qu’ils t’ont jeté un sort pour te convaincre… »

La direction de la zone où se trouvait l’ensemble des porcelets fut précieuse, plutôt lentement, à la fois pour savourer la présence d’une autre personne que mon ombre, mais aussi pour permettre à Mathilde de découvrir un peu plus mon lieu de vie et surtout la qualité de ma propriété. Si elle pouvait vanter les mérites de mon élevage et augmenter mon chiffre d’affaires, je ne m’en plaindrais guère. Ainsi Mathilde se déplaçait régulièrement, n’était-ce pas là une preuve que cette amitié naissante ne pouvait qu’être une très bonne chose, très agréable chose.

- « Je ne sais pas où tu trouves le temps de voyager, j’essaie de me rendre à Marbrume une à deux fois par mois, mais je dois bien avouer que c’est très rarement possible, enfin Marbrume est beaucoup plus loin que Usson pour toi, ce n’est pas réellement comparable. » je m’autorise encore un petit peu d’humour, ouvrir les rideaux pour dévoiler l’ensemble de mes petits cochons dans un tata grandiose.

Ils sont tous là, sans exception, je trouve l’ensemble très beau, comment une mère pourrait trouver le moindre de ses enfants laids. Sa manière d’être avait fini par me tirer un nouveau sourire, plus large, plus sincère alors que je regardais les yeux de cette fermière se plisser pour détailler les petits monstres. Comment une femme comme elle pouvait ne pas encore avoir d’époux ou de promesse de mariage noué à son poignet… La question resta un long dans mon esprit, jusqu’à ce que sa voix me ramène dans la réalité, jusqu’à ce qu’elle décide de celui à attraper et qu’elle sous-entende un nom que je ne commençais à entendre un peu trop à mon goût. Mathilde c’était mis à rire, je n’avais pu qu’opiner avant de laisser échapper un mon tour une petite sonorité amusée.

- « J’élève mes enfants à mon image voyons, ne vois-tu pas tout le cœur que je mets à l’ouvrage dans l’éducation des petits culs en tire-bouchon ! Nul doute qu’il sera parfait, ton Alexandre. » Mathilde était déjà dans l’idée de l’attraper « Le moment le plus simple j’en suis convaincue, je sens que je vais rire » piquais-je gentiment.

Je m’étais appuyée contre la barrière, hors de question de lui venir en aide immédiatement, non, je voulais la voir essayer, observer ses mouvements, son corps se mouvoir dans un but bien défini. De là je pouvais contempler ses courbes, son dos, ses fesses, imaginer bien des manières de voir ses muscles se contracter, suer légèrement, oui, cette femme avait un petit quelque chose en plus, mais la consommer ferait s’envoler l’ensemble de cette petite étincelle. Cela ferait gagner l’ennui, diminuer mon appétit. Le plaisir des yeux n’était-il pas le plus important après tout ?

Je l’avais regardé, de ma distance, retirer sa jupe de monte, retrousser le bas de son pantalon, remonter sa chevelure en un chignon épais et puis j’étais restée immobile, un peu pantoise, un peu inerte.

- « Tu es belle Mathilde le sais-tu, maintenant que tu es prête pour la guerre, la question reste entière…. La victoire va-t-elle appartenir à Alexandre, ou toi-même ? »

La fermière était déjà face au reste, juste là, prête à gagner face à son redoutable adversaire, d’abord ce fut un saut, puis un autre et encore un autre. C’était à la fois étrange et amusant de la regarder faire, dans un premier temps avait-elle opté pour la bonne stratégie, laisser les bêtes s’habituer, mais la suite fut un peu plus maladroit et ce ne fut rapidement qu’un véritable fou rire qui anima mes lèvres, ma bouche et ma gorge. Mathilde était à terre, le petit cochon avait remporté les premiers points et s’éloignait en dandinant sévèrement du derrière, prêt à fuir encore et encore et encore.

- « C’était un peu trop agréable de te regarder faire, je suis en pleine hésitation » soufflais-je simplement « Mh, mais je te promets d’y réfléchir encore un peu » ajoutais-je un sourire taquin en coin « Bien ne me regarde pas comme ça, j’arrive ! »

J’étais passée à mon tour au-dessus des barrières pour suivre les mouvements, une poignée de blé entre les mains que je m’amusais à balancer sur le sol, là où les bêtes, habituées à ma présence et à être nourris convenablement s’appliquer à rappliquer immédiatement. La faim justifie les moyens, c’est un état de fait, mais pour le coup, le petit tire-bouchon nommé affectueusement Alexandre par sa future propriétaire ne semblait pas particulièrement dupe. Dans un coin, il venait de filer entre les jambes de Mathilde pour courir de l’autre côté dans un couinement digne d’un véritable meurtre sanguinaire, elle n’avait pas choisi le plus docile de tous.

- « Je vois que tu as un don pour choisir les plus caractériels, est-ce la même chose dans tes relations ? » questionnais-je une étincelle au fond des yeux « Passe par là, je vais le contourner par là ..Tu es prête ?»

Je m’étais placée de l’autre côté, de manière à contourner l’animal et à l’encercle, bras écartée, je faisais mon possible pour l’obliger à rester dans la zone que j’avais délimitée, il avait le choix, soit reculer vers le coin, soit se rapprocher de Mathilde. Ce ne fut qu’à cet instant, que je compris que ce petit chenapan se moquait ouvertement de nous. Ce ne fut que lorsque je lui fis signe que toutes deux, nous avions bondi juste là et lui mettre la main à la queue qui agrémentait son derrière. Le choc ne fut pas si rude, mais nos deux têtes entrèrent en contact dans un petit bruit qui provoquerait sans doute une jolie bosse, alors que nos derrières retrouvaient le sol et la paille qui le recouvrait. Me massant le front, je regardais la petite bête qui tournicotait autour de nous, fièrement, trop pour ne pas mériter de se faire directement envoyer dans la marmite. Après un véritable fou rire, presque douloureux pour l’orgueil, j’avais fini par attraper une patte dans une rapidité surprenante, insistant la fermière à faire de même pour qu’enfin à deux on sorte victorieuse de cette difficile épreuve.
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde]   [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde] EmptyLun 29 Juil 2019 - 21:56
Mathilde avait souri, de ce sourire énigmatique qui dissimulait ses pensées à celle qui lui disait qu’elle était belle. Elle commençait à le croire, et à croire que la belle Amélise aimait regarder les femmes plus que les hommes. Peut-être même les croquait-elle, dans le secret de sa chaumière. Elle ne lui avait pas répondu, ce n’était pas nécessaire. Parfois, les silences étaient plus éloquents que les mots, et la fermière, souvent maladroite lorsqu’il s’agissait d’établir des liens avec les gens qui croisaient sa route, préférait éviter les impairs. L’éleveuse glissait des sous-entendus qu’elle n’osait relever, de peur de mal les interpréter. Et pourtant… Ce genre de galanterie ne lui paraissait plus réellement contre-nature, depuis qu’une flamboyante rousse avait ravi son cœur, le temps d’un amour aussi intense que passionnel.

Elle n’avait pu s’empêcher d’éclater de rire à la réponse qu’Amélise avait formulée à son invitation. Elle ne l’aiderait pas tout de suite, simplement parce qu’elle savourait le spectacle de la cultivatrice qui coursait le plus caractériel des petits cochons. Aussi s’était-elle remise en chasse, avant de voir l’experte enjamber les barrières pour enfin venir à son secours. Mathilde en profita pour faire une pause et retrouver son souffle. Bon sang, la course au cochonnet n’était pas pour elle! Elle défit le bouton du col de sa chemise pour ensuite agiter le tissu et s’éventer, tandis que l’éleveuse appâtait ses petits avec quelques grains de blés semés au sol.

- La vie serait bien morne si elle n’était pas parsemée de petits défis. J’aime les caractères bien trempés, chez les bêtes comme chez les humains. C’est gage de bonnes surprises, tu ne crois pas?

Elle eut un petit rire malicieux. Elle aimait les battants, ceux qui ne se laissaient pas aplatir par la fatalité. La fange avait éveillé en elle cette envie de combattre l’adversité et de se relever. Après un hiver difficile, elle accueillait le printemps avec une rage de vivre et croquait à pleines dents dans toutes les opportunités qui se présentaient à elles. Celles et ceux qui partageaient cette rage l’inspiraient, depuis les femmes qui transgressaient les règles en intégrant la milice, jusqu’aux hommes qui s’émancipaient de leur rang pour partir à la conquête d’une vie meilleure en dehors des castes. Si les Trois ne les foudroyaient pas sur place, c’est qu’ils devaient, à leur façon, autoriser ces écarts exceptionnels, vu la situation exceptionnelle dans laquelle la Fange avait plongé l’humanité. A sa façon, Amélise, qui dirigeait avec un certain succès son exploitation, était une personne inspirante, qui lui apprendrait certainement bien des choses si leurs liens évoluaient pour sortir du cadre des affaires.

- J’attends ton signal dit-elle à l’éleveuse, qui faisait maintenant barrage pour coincer l’animal dans un coin vers lequel il se retrancherait peut-être… à moins que. Maintenant avait-elle répondu. Mathilde avait bondi en avant pour saisir le porcelet rebelle, pensant qu’Amélise se contenterait de le rabattre vers elle. Mais non, elle aussi voulait l’attraper, et finalement, les têtes s’entrechoquèrent dans un petit bruit sourd, suivi d’un Aoutch soufflé. Assise dans la paille, la fermière cherchait encore à comprendre ce qui s’était passé pour finalement réaliser que l’éleveuse, les fesses au sol elle aussi tenait, victorieuse, le petit cochon d’une patte. Elle partit à rire et se redressa pour venir saisir, à son tour, le petit Alexandre à la queue en tire-bouchon.

- Les mâles finissent toujours par se laisser avoir.

Elle arqua un sourcil tandis que ses lèvres esquissaient un sourire malicieux. Le porcelet couinait comme si la mort allait s’abattre sur lui. Mathilde le cala sous son bras et lui caressa la truffe quelques instants, le temps de le calmer, et afficha un sourire satisfait. Un peu de nourriture, quelques caresses, et ils deviennent aussi dociles qu’on le souhaite. Le véritable défi, c’est quand on a affaire aux femelles. Elle se pencha pour attraper une corde afin de saucissonner le porcelet et lui nouer une laisse dont il ne pourrait se défaire. La perspective de devoir le maintenir sur le dos de sa jument ne l’enchantait pas, elle le ferait marcher à côté, quitte à devoir le remonter, de temps à autre, pour qu’il se repose. Elle ramassa quelques grains de blé sur le sol pour les lui donner dans le creux de sa main. Le petit groin lui chatouilla la paume, ce qui la fit rire doucement.

Assise sur le sol, elle était maintenant toute proche d'Amélise, dont elle sentait le parfum. Sans pudeur aucune, la chemise de l'éleveuse avait légèrement glissé, dans la chute, pour dévoiler la délicate ligne que sa clavicule dessinait, guidant le regard depuis son long cou jusqu'au dessus de son épaule. Mathilde secoua légèrement la tête. Elle avait quelque chose de magnétique.

- Quelle aventure! dit-elle en essuyant son front du revers de la main. C’est donc cela, ton petit plaisir coupable? Laisser tes clients choisir leur bête pour les regarder courir derrière dans les recoins du bâtiment… c’est un peu moqueur, non? Elle gloussa. Tu sais, tantôt, tu disais que les gens n’avaient pas nécessairement choisi de venir au Labret. Tu as totalement raison, et j’en suis bien consciente. C’est pour ça que j’essaie de les aider, d’une certaine façon, en les formant du mieux que je peux sur un métier que j’ai toujours fait. J’ai besoin d’argent pour le faire, je suis allée le chercher là où il était, chez les nobles. Ce n’est peut-être pas l’idéal, mais si cette année je réussis à augmenter mon rendement, il y aura un peu plus de nourriture pour les êtres humains. Et s’ils vivent un peu mieux, si la famine peut diminuer un peu, eh bien ça nous donnera une meilleure chance de survivre à la Fange. Et si l’année prochaine, un fermier bien formé me quitte pour cultiver sa propre terre, ça fera plus de nourriture encore. Et une place pour un autre apprenti. Elle avait retrouvé son sérieux en parlant ses aspirations profondes, celles de sauver des vies avec quelques légumes. Bien sûr, elle savait que c’était un peu utopique. Trois salades ne feraient pas la différence face à la Fange mais… quelques lentilles de plus, des navets, des carottes… bout à bout, ils permettraient à quelques familles de ne pas mourir de faim, de résister à la mort et de permettre à l’humanité de ne pas s’éteindre tout de suite. Peut-être qu’en contribuant à reporter cette fin qui paraissait inéluctable, le précieux temps ainsi gagné permettrait de trouver une solution qui mènerait à une victoire de la Vie sur la Mort.

Mathilde regarda le porcelet se dandiner tranquillement autour d’elle. Elle s’assurait qu’il ne s’entortille pas trop dans la corde, la déplaçant de temps à autres sans la lâcher… elle le savait fourbe, elle ne le laisserait pas filer.

Après cette course au porcelet, le corps de Mathilde savourait le temps de repos que la chute lui avait involontairement imposé. La paille, qui avait remuée par les pas pressés et les bonds inutiles, exhalait une odeur d’herbe séchée qu’elle aimait particulièrement. Elle regarda longuement l’intrigante Amélise Lamer, avant d’oser quitter les banalités pour aborder un sujet plus personnel. Après tout, elle avait lancé quelques perches, il était peut-être temps d’en tester leur véracité.

- Pourquoi n’es-tu pas mariée, Amélise? Portes-tu secrètement le deuil d’un amour perdu, ou détestes-tu assez les hommes que pour ne pas vouloir en accueillir un dans ta vie? Du bout des doigts, tout en écoutant sa réponse, elle effleura son propre front où, à la lisière des cheveux, semblait pousser une petite bosse, probablement un peu plus rouge. Elle sourit, amusée. La vie d'éleveuse présentait, elle aussi, ses dangers.
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Amélise LamerÉleveuse
Amélise Lamer



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MessageSujet: Re: [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde]   [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde] EmptyDim 4 Aoû 2019 - 20:31
- « Même les mauvaises surprises réservent toujours une bonne chose. Je crois que rien n’arrive jamais sans raison. »

Je l’avais détaillé un instant, un instant énigmatique, une multitude de questions à l’esprit, je n’avais jamais été très douée pour nouer des relations, en tout cas jamais sans arrière-pensée. Mathilde c’était différent, même si il y avait évidemment l’utilité de l’échange, des bêtes contre des graines, il y avait aussi ce besoin d’autre chose, d’information évidemment, il n’y a jamais trop d’information, mais… Mh, j’avais senti mes sourcils se froncer, alors qu’elle commençait à courir de cette manière cheminant entre la grâce et la non-grâce. Mathilde, elle avait sa manière d’agir un peu à elle, alternant entre indépendance nouvelle et enfermement dans les vieilles coutumes d’avant fange. Un sourire indéchirable avait fini par s’imprégner de mes lèvres, celle qui criait cette envie de venir goûter les siennes, juste fois une fois, une simple fois, comme un jeu nouveau, interdit, mais tellement enivrant. On ne touche pas à ses amis, était-elle une amie ? Je l’ignorais, je crois. Enfin, j’avais fini par passer au-dessus de la barrière, laissant mes pieds compresser la paille recouvrant le sol. Tout était une question de stratégie, agrémenté d’un soupçon de gourmandise. Les animaux n’étaient pas bien différents des humains, en tout cas sur le point de l’alimentation, quelques graines, un peu de blé, on jette sur le sol et on voit toute la petite troupe se rapatrier autour de l’ensemble, dans une mastication bruyante remplie de ronchonnement digne des plus grands cochons du royaume.

Il ne reste qu’Alexandre, brave Alexandre qui a semble-t-il a épuisé la fermière. Il s’est arrêté dans un coin, là où je peux l’encercle, elle en face, moi derrière, lui au milieu. Coincé. Ne faut-il cependant pas sous-estimer la force et l’habilité du cochon. Là, il y eu un moment d’hésitation, de perfectionnement, de mise en accord, en attente. J’avais écarté légèrement les pieds, les genoux un peu fléchis pour parfaitement trouver mon équilibre, pour essayer autant que possible de ne pas me laisser déstabiliser, battre par une petite queue en tire-bouchon. Un bref regard vers la fermière, un maintenant prononcé et hop, voilà que je m’étais précipitée, élancée pour essayer de l’agripper. L’élan fut mutuel et le choc douloureux, me projetant légèrement vers l’arrière, les fesses sur la paille, une main maintenant la petite patte qui luttait en couinant, jusqu’à ce que deux mains secourables ne viennent maintenir fermement l’animal.

Un rire d’abords, plutôt sincère, pendant que ma seconde main vient effleurer une bosse en devenir. Je me redresse, la laisse maintenir l’ensemble avant de sourire à sa remarque. Je n’étais plus convaincue qu’elle parle réellement du fameux cochon, j’avais même la sensation que le sujet de conversation était devenu soudainement beaucoup plus humain. Redressant mon regard, je m’étais contentée d’opiner, là aussi, animal et Homme n’étaient pas bien différents et il était fort plaisant de penser que les femmes étaient un point supérieur à la gent masculine. Observatrice, je ne pouvais que me satisfaire de la conduite de la fermière, qui déjà avait saucissonné l’animal, afin de le nourrir et de le flatter de quelques caresses.

- « Je vois que tu connais certaine recette, tu n’aurais presque pas eu besoin de moi » soufflais-je en laissant mes doigts parcourir les vêtements et osant me pencher pour retirer un brin de paille qui s’était immiscé dans la chevelure de ma voisine.

Là, je ne pouvais que l’observer encore, sa façon d’agir, de parler, Mathilde avait cette double personnalité : un côté redoutable, indépendant, fier et un autre plus insouciant, plus enfantin. Cette femme avait un don de fascination, une faculté à se satisfaire de tout, à positiver, voire le bout coter et longeant un instant sa silhouette, je ne pouvais que me répéter : « non Amélise, pas les amies ». Son comportement me donner faim, mais pas de cette faim animale, mais plutôt physique, cette envie de la goûter elle, de la sentir, de laisser mes doigts vagabonder sur sa peau, avant de finalement secouer la tête pour me ressaisir. Le goût du jeu était aussi le goût du risque et il était tout simplement hors de questions que mes passions à tromper l’ennui viennent gâcher mes plans, mes projets. Je m’étais mise à lever les mains innocentes, avant de me mettre à rire, ou plutôt glousser.

- « Mince, tu viens de découvrir mon petit secret, dois-je bien avouer que tu te retrouves sur le podium des plus douées. » je l’écoutais exposer ses projets, ses envies et cette utopie de bien faire d’aider « Tu as de beaux rêves Mathilde, j’espère que tu parviendras à réaliser ce que tu souhaites, mais tu sais tout aussi bien que moi que ce n’est pas si simple… Ton fermier formé a énormément de chance de succomber à la fange la même année, tout comme tes apprentis, les pertes sont grandissantes et si parfois la situation semble stabilisée… La fange vient toujours nous rappeler d’une façon ou d’une autre que nous lui sommes bien inférieurs. »

Debout, je lui tendais une main pour l’aider à se relever, alors que je ne pouvais pas m’empêcher de poursuivre dans ce sujet de conversation sérieux. Même si j’étais loin d’être à plaindre que mon adéquation avec Etiol et ma participation active dans l’ordre des sans visage, je n’en restais pas moins sujette aux mêmes problématiques et mêmes inquiétudes que la plupart des fermiers et éleveurs du Labret, j’avais juste d’autres cartes à jouer pour protéger mes terres. Un avantage non négligeable, mais aussi, tout aussi dangereux. Les deux ordres, que ce soit le culte, ou les sans visage devait grandir pour mieux protéger, pour mieux garantir une réussite.

- « Si il n’y avait que la fange, mais il y a les pirates, qui empêche souvent les caisses d’arriver jusqu’à la grande ville et les bannis, même si tous ne sont pas déviants, fort heureusement. Les hommes se déchirent et je doute que ce soit là la volonté de nos dieux. » fis-je simplement sans évoque que finalement ne faisait-il qu’imiter les tous puissants, les trois divinités n’avaient-ils pas eux aussi rejeté étiol après tout.

Une fois cet échange terminé, une fois que j’étais bien debout, laissant mes doigts dépoussiérer ma tenue, replaçant sagement ma chemise et essuyant une perle de sueur qui venait de se perdre de mon front jusqu’à la naissance de mon décolleté. Je ne l’avais pas quitté des yeux, pas par hypnotisation, non, plus par curiosité, respect aussi et une certainement admiration que je n’identifiai pas clairement. Puis je m’étais mise à rire, soudainement, brutalement, un rire spontané alors qu’elle me questionnait sur la raison de mon état de célibat. J’en avais presque les larmes aux yeux, presque avant que je ne réalise qu’elle était sérieuse et que cela l’interpellait réellement.

- « Eh bien, je ne sais pas trop, j’ai été marié une fois, mais ce n’était pas par amour et puis il est mort » fis-je en roulant une épaule « Tu sais y a toute cette histoire avec mes parents aussi, les meurtres et les morts, je crois que ça colle à mon nom et que personne n’est suffisamment fou pour vouloir épouser la fille des monstres du village, même si sa situation est bonne… » j’étire mes lèvres en un fin sourire « Et puis honnêtement je ne cherche pas, ne me juge pas trop, mais je crois que je ne suis pas faite pour ça… J’aime jouer, j’aime la séduction, mais passer toute ma vie avec la même personne, je pense que je m’ennuierais bien trop vite. »

Je me mordille la lèvre inférieure, c’est un peu étrange de poser ça oralement, elle pourrait croire que je suis indigne de la trinité, ou une déviante… Peut-être me suis-je un peu trop emballée dans mon envie de nouer une relation amicale. Cette fois c’est un petit rire nerveux qui s’échappe de mes lèvres, comme un regret, comme une amertume difficile à avaler. Je me contente de secouer la tête, brièvement, sagement, avant de lui indiquer d’un mouvement du menton la fameuse barrière, dans le fond maintenant qu’elle a ce qu’elle veut, risque-t-elle de rapidement partir, je le sais. Si tout se passe bien devrais-je à mon tour rapidement lui rendre visite ?

- « Et toi alors, qu’attends-tu, ne me dis que tu n’as pas pléthore de prétendant à ta porte, je pourrais te traiter de menteuse, j’oserais même. » je lui offre un bref clin d’œil avant d’enjamber la barrière « Je peux comprendre qu’après la perte de ton mari ce soit compliqué, mais je ne te croirais pas si tu me disais que tu n’avais eu personne depuis, ce n’est pas moi qui te jugerais, je ne suis pas un membre des trois et je crois que depuis la fange, certaine chose change… Ne te méprend pas, je me retrouverais très certainement l’épouse d’un homme un jour, mais je voudrais que ce soit sincère, qu’on soit dans la même idée… Ahah, n’en parlons plus suis-je une bien trop grande rêveuse n’est-ce pas ?! »

Passant de l’autre côté de la barrière, je fais une pause pour l’attendre ou l’aider possiblement à passer Alexandre de l’autre côté. Peut-être pourrais-je au moins lui parler de l’ordre, après tout avoir des informations est toujours bon à prendre ? Je laisse la réflexion germer un peu dans mon esprit, avant de conclure qu’il est trop tôt, un peu trop tôt oui.

- « Tu seras prudente sur la route du retour, tu me promets ? Et puis-je espérer visiter…ta ferme un jour ? Ca me ferait plaisir en tout cas » je roule une épaule, replace une mèche de cheveux indélicate et rebelle « Tu présenteras Alexandre à Alexandre pour pouvoir me raconter sa réaction la prochaine fois, promis ? »
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde]   [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde] EmptyMar 6 Aoû 2019 - 18:22
- La Fange est implacable, mais ça ne veut pas dire qu'il faut baisser les bras. Je ne renoncerai pas à vivre. Jamais.

Mathilde attrapa la main blanche d'Amélise pour se relever. Elle tira si fermement que la fermière, emportée par le mouvement, s'arrêta à quelques centimètres du visage de l'éleveuse, qui continuait, impassible, à partager ses propres inquiétudes. Les hommes se déchirent... Et tant qu'ils ne s'allieraient pas contre la Mort, la Fange continuerait de progresser.

- Peut-être que ce quatrième dieu n'est pas qu'une rumeur. Peut-être que son combat contre les Trois inspire les hommes. Qui sait?

A la question du mariage, Amélise éclata de rire. Un rire franc, spontané que la fermière ne comprit pas réellement. N'était-ce pas l'un des fondements de la vie? Bien entendu, Mathilde ne concevait pas de se marier avec un être qu'elle n'aimerait pas. "Un être". Homme ou femme. La flamboyante Lisbeth l'avait poussée à remettre en question ses convictions les plus intimes, sans pour autant les faire s'effondrer. La fermière concevait maintenant que l'on puisse prendre un époux pour sauver les apparences tout en vivant un amour secret avec une autre femme.

- Je comprends. Je ne devrais pas dire ça, mais ne plus avoir d'homme qui me dise quoi faire de ma vie et de mon corps est une bénédiction. Oh je sais que mon veuvage ne sera pas éternel et que la question du mariage va se faire plus pressante dans quelques mois, mais d'ici là... son sourire s'étira, malicieux ... j'ai le temps de voir venir. Compte sur moi pour ne pas te faire la morale à ce sujet.

Mathilde perçut le malaise. Amélise pensait-elle avoir trop parlé? La fermière offrait, bien entendu, le portrait parfait de la petite veuve de campagne, qui attend sagement la fin de son veuvage pour trouver un autre époux avec lequel fonder une grande et joyeuse famille. Mais personne ne creusait les apparences. Si quelqu'un s'y était intéressé un peu plus, il aurait découvert une apprentie séductrice, appréciant les compliments à peine voilés et les regards appuyés. Elle aimait être une femme, désirée, désirable pour ce qu'elle était, sans renforts de décolletés extravagants ou d'attitudes trop ouvertes. N'avait-elle pas outrepassé les convenances avec un banni, flirté avec un autre, assouvi des pulsions jusqu'ici enfouies avec une rousse incendiaire? Libérée d'un mariage pesant, Mathilde se découvrait, n'aspirant qu'à une chose : aimer et être aimée.

- On me courtise souvent pour la ferme que je possède, mais... L'hiver m'a permis de faire des rencontres intéressantes. Il a parfois été difficile d'être raisonnable. La fermière attrapa en gloussant le cochonnet qui galopa dans l'air, pour le passer à Amélise. Et puis il y a cet homme qui semble s'intéresser à moi un peu plus que de raison.Je ne sais pas si c'est une bonne idée, mais qui ne risque rien n'a rien. Et pour être tout à fait honnête, j'en ferais bien mon déjeuner. Elle éclata de rire, innocemment. L'image lui était ridicule, mais croquer le bel Alcide ne lui aurait probablement pas déplu, si toutefois il songeait à se décrasser. Elle récupéra ses affaires et enjamba la barrière à son tour avant de reprendre. Tu sais, avec la Fange et la mort qui nous guette à chaque instant, on a le droit de ne pas se marier. De profiter de la vie qui nous reste. Et le devoir de foutre la paix aux gens qui souhaitent sortir des sentiers battus. Des femmes s'enrôlent dans la milice, d'autres comme nous dirigent des fermes, d'autres s'aiment en secret pour une nuit ou pour un long moment sans jamais se marier. Tu as raison, les choses changent. Qu'y a-t-il de mal à ça, sincèrement?

Elle se pencha pour détrousser son pantalon, avant de remettre sa jupe de monte. Tu es une belle femme, intelligente et d'agréable compagnie. Je te souhaite de ne pas t'ennuyer, Amélise. Quelle que soit la personne que tu choisis, et le temps que cela dure entre vous. Elle déroula les manches de sa chemise.

- J'espère que tu me rendras visite! Fais donc arrêt à la ferme, quand tu te rends à Marbrume. Tu me raconteras tes rencontres, et tes rêves qui sont loin d'être stupides. Et si tu es sur le retour, tu pourras emporter du blé pour ces merveilleuses petites bêtes! dit-elle en récupérant avec précaution le petit Alexandre. Elle le regarda avec amusement. Je crois que je ne parlerai pas de ce petit détail au Vicomte. Il m'aime bien, je crois, alors je vais éviter de le contrarier inutilement.

Amélise l'invita à la suivre vers la sortie pour la raccompagner à son cheval. Mathilde marchait un peu moins vite qu'à l'arrivée. Bien sûr on l'attendait à la ferme, mais elle étirait le temps, juste un peu, pour profiter de l'agréable compagnie d'Amélise. Peut-être seraient-elles amies, si les regards appuyés et les sous-entendus cessaient, de part et d'autre. Mathilde sourit. Profiter de la vie, pourquoi pas, après tout.

Arrivées près de la jument, Mathilde déposa Alexandre sur le sol. Si elle tardait encore, elle ne pourrait regagner la ferme avant la tombée de la nuit. Or, les gars l'attendaient pour une nouvelle journée de travail dans les champs. Il fallait rentrer, maintenant. Elle se hissa sur la pointe de pieds pour embrasser, sur la joue, la belle Amélise, comme l'auraient fait deux amies. Peut-être était-il trop tôt pour un geste si familier, mais la fermière était de ceux qui contemplaient le monde avec un brin d'innocence dont ils ne pouvaient se défaire.

- Merci pour ton accueil, Amélise. J'ai vraiment apprécié ce moment. S'il te plait, n'attends pas trop pour me rendre visite à la ferme, d'accord?

Souplement, Mathilde se mit en selle, gardant le porcelet en laisse. Elle fit une dernier sourire à Amélise, et un léger coup de talons indiqua à la jument qu'il était temps, pour elles, de reprendre la route.
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Amélise LamerÉleveuse
Amélise Lamer



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MessageSujet: Re: [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde]   [Terminé] Garder les cochons ensemble [Mathilde] EmptyMar 6 Aoû 2019 - 21:22
- « Peut-être, à moins que les Hommes ne suivent que l’exemple de ceux qui se sont reniés entre eux ? »

Un instant, mon visage s’est immobilisé, mon regard s’était un peu plus appuyé dans celui de Mathilde. Comme une provocation silencieuse, une invitation, un petit quelque chose, un je ne sais trop quoi. Etiol, doux Etiol, Dieu des Dieux, amoureux, souffrance, juge et bourreau. Si je m’écoutais je ne pourrais que lui succomber à lui, à un homme tel que lui, qui lui ressemble qui s’amuse de tout… Cela me laisse pensive et c’est finalement mon rire qui vient briser le minuscule silence qui s’était installé. Un minuscule moment je m’imagine épouse, mère et immédiatement, c’est l’ennui le premier sentiment qui s’immisce en moi. Un frisson désagréable, une envie de rire, de partir en fou rire, je m’imagine déposer les assiettes remplies de mes petites spécialités et puis tout disparaît soudainement. L’attachement à quelque chose d’effrayant, une faiblesse que je me refuse, j’ignore même si je suis capable de ressentir ce type de sentiments. Cette fermière à quelque chose de particulier, la moindre phrase innocente prend des allures de tentations, de propositions silencieuses.

- « Je suis heureuse de te l’entendre dire… Il aurait été dommage de voir notre amitié naissante s’envoler sur si peu, dois-tu encore deviner mon petit secret de ma fameuse recette »…. « Qui sait, il y a tant de choses à découvrir encore n’est-ce pas ? »

Un regard en coin, un sourire malicieux et je tente d’oublier l’aspect limite de mes paroles. Je ne suis pas une jeune femme sage, je ne l’ai jamais été, même si je fais tout pour conserver les apparences. Il y a des limites au plus juste des masques, il faut toujours insérer dans un personnage une once de vérité pour le rendre réaliste. Enfin, je ne peux m’empêcher de rester silencieuse, espérant sans aucun doute secrètement qu’elle ne s’offusque aucunement de l’ensemble, cela serait triste, terrible triste de voir tout voler en éclat. Fort heureusement, mademoiselle la fermière me laisse prévoir un aspect plus positif. Les gestes que j’ai pu remarquer, les phrases et désormais cette affirmation, pas été toujours raisonnable ?

- « Je crois que la raison n’est pas toujours faite pour être respectée » soufflais-je en la détaillant et en déposant Alexandre sur le sol sans le laisser s’échapper « Me donnerais presque-tu en parlant ainsi d’un homme… Serais-je ravie de rencontrer celui qui illumine tes papilles. Tu me raconterais hein, si tu venais à le déguster. » Où peut-être pourrais-je réellement le lui faire manger, ne faut-il pas après tout, de la très bonne nourriture pour oublier un chagrin d’amour ?

Oooh Mathilde, je t’aime déjà, le sais-tu seulement ? Je continue à marcher silencieusement à côté d’elle, je l’écoute parler de cette fange sans l’écouter réellement. Je l’imagine avec cet homme, je l’imagine triste, puis venir se consoler dans mes bras, me parler de cette disparition ou pourquoi pas de cette tromperie, oui pourquoi pas, pourquoi pas…

- « De mal ? Aucun, voyons… Je pense que la vie est un jeu, un jeu délicieux ou l’ennui est l’ennemi numéro un il y a toujours quelque chose à faire… Pour gagner, il faut arriver à surprendre les autres, toujours… Je me demande si j’arriverais à te surprendre, toi, Mathilde… »

Je la regarde faire, retirer sa jupe à la place de son pantalon, mon regard suit le moindre de ses mouvements, le moindre de ses gestes. Elle me laisse perplexe, curieuse, je suis presque convaincue qu’elle n’est pas si différente que moi, non, elle aussi aime l’inconnue, aime la surprise, aime être surprise.

- « Et si je te choisissais toi, Mathilde ? » je lui offre un sourire, un grand sourire, puis un silence alors que je fais une pause dans mes gestes avant de reprendre la marche, qui sait si je plaisante « Je te promets de venir, j’ai envie de changement, qui sait peut-être que je ferais d’agréable en rencontre en chemin… Pour ton ami, tu devrais le lui laisser le mot, tu peux dire que c’est moi si tu veux, une malencontreuse coïncidence…[/i] » je m’étais mise à rire légèrement «[i] Toi aussi tu es une belle femme Mathilde, je pense que tu le sais, maîtrise peut-être tu plus que moi les subtilités de la séduction. »

L’heure du départ avait fini par arriver, trop vite, trop tôt, les lèvres étaient venues trouver ses joues, d’un côté comme de l’autre, puis le front. Mes doigts avaient fini par venir effleurer ses joues, puis sa chevelure. J’ai fini par me reculer lui offrant un nouveau sourire, large :

- « Promis, j’ai hâte que tu me racontes la suite de l’appétissant inconnu… SI tu veux mon avis, il n’y a qu’autour d’un bon repas qu’on apprend à connaître le mieux les gens… Penses-y… » un petit clin d’œil « Fais attention sur la route du retour, soit prudent et tu sais Mathilde… Tu as raison la vie est un amusement, profite de ta liberté… Aime autant que tu le peux, peu importe la quantité, après tout n’est-ce pas là la chose la plus précieuse que nous pouvons posséder ? »

Elle était partie, elle avait disparu en se hissant sur la selle, puis en s’éloignant et j’étais restée là, juste là avec cette idée fixe de lui préparer un nouveau repas… Un très agréable repas, peut-être même rempli d’amour, qui sait ?

[Merci beaucoup pour ce RP Mathilde, un véritable plaisir
Alcide, si tu passes par là, je serais ravie d'un rp en ta compagnie Wink ]
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