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 La visite du premier avril | Cassandra

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Rowan DelcroixBanni
Rowan Delcroix



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MessageSujet: La visite du premier avril | Cassandra   La visite du premier avril | Cassandra EmptyMer 10 Juil 2019 - 13:55

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1 Avril 1166

Les rayons du soleil le frappaient de plein fouet sans qu’il puisse y échapper. Chassé et acculé, le banni n’avait eu d’autre choix que de se cacher dans un fossé, priant alors pour que ses prédateurs ne parviennent à le dénicher. Allongé, dos au sol et face au ciel dégagé, c’était sans nul doute l’adrénaline qui circulait dans ses veines battantes qui lui permit de passer outre la douleur à son bras et à sa jambe. Des entailles pratiquement bénignes qui ne laisseraient qu’une ou deux cicatrices de plus sur sa peau meurtrie à ne pas douter. Enfin, si on prenait le temps de les refermer avant qu’il ne se vide le sang et soit attaqué par toute sorte d’infection, bien entendu. Et ça, malheureusement, c’était quelque chose de bien compliqué dans sa position. Il suffisait qu’un seul de ses bourreaux le remarque pour que sa vie soit définitivement raccourcie.

Soupirant alors intérieurement, il plaça sa main valide sur son bras gauche afin de faire pression tandis que ses yeux continuèrent de contempler douloureusement le ciel. Sa seule chance de survie était d’attendre que l’obscurité prenne sa place et lui permette de regagner un refuge quelconque. Mais allait-il seulement réussir à se déplacer sur de longues distances ? Jusqu’au village des bannis ? Non, il n’avait aucune chance d’y arriver en état. Il lui fallait des soins et rapidement. Néanmoins, il se voyait mal faire du porte-à-porte en espérant tomber sur une âme charitable… Alors quoi ? Alors, il ne sait pas. Il ne savait pas.

La faim et la soif commençaient à le gagner lorsque soudain son esprit se remémora une importante information. La frangine de Yann Silgarde, un gaillard marqué, se trouvait non loin de lui, une guérisseuse d’après ses dires. Voilà qui pouvait alors faire l’affaire. Suffisait maintenant de la trouver. Heureusement pour lui, ce n’était ni la première ni la dernière fois qu’il se rendrait à Usson et les soigneuses ne courraient pas les rues.

Une fois la nuit tombé, le rouquin bougea alors son corps engourdit. Prudemment, il analysa la zone de pâturage avant de se faufiler, se glisser, lentement mais sûrement jusqu’aux premières habitations. De là, il parvint, non sans difficulté évidente, à se loger enfin contre un mur protecteur. Essoufflé, il n’était pourtant pas encore au bout de ses peines et savait qu’il ne pouvait se permettre de rester immobile trop longtemps. Le sang qui longeait sa peau, et ses vêtements ne le rendait pas moins suspect. Peu à peu, il finit par rejoindre la bâtisse où se logeait celle qu’il espérait pouvoir rencontrer.
Cassandra Vitalis était son nom.

Était-elle seule ? Rien n’était moins sûr… Comment l’approcher ? La convaincre ? Excellente question et Rowan n’avait plus vraiment le temps d’y répondre, alors… alors il s’appuya comme il put à l’encadrement de la porte afin de se tenir debout et toqua misérablement à la porte en priant les deux.

« Madame Vitalis ? … Cassandra Vitalis ? … Votre….votre frère m’envoie…. »

Allait-elle mordre à l’hameçon ? Comprendre qu’elle allait devoir s’entretenir de manière aussi privée que possible avec lui ? Allez savoir, tout n’était qu’improvisation dorénavant.

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Cassandra VitalisGuérisseuse
Cassandra Vitalis



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MessageSujet: Re: La visite du premier avril | Cassandra   La visite du premier avril | Cassandra EmptyVen 12 Juil 2019 - 9:41
La laine glisse, se tortille entre mes doigts, formant un fil grossier que j’enroule patiemment sur l’écheveau avec cette habileté que confère une pratique régulière. Sous la lueur tamisée et vacillante de l’âtre, mes mains dansent , presque aveugles, mais imprégnées de la mécanique d’un geste répétitif qui ne requière réellement ni mon regard, ni mon attention. C’est comme si elles connaissaient par cœur, les mouvements cycliques, pour filer, indépendamment de ma volonté. Alors, tandis qu’elles s’agitent sur leur œuvre, je rêvasse, laissant mon esprit vagabonder vers des jours plus heureux ou des temps plus cléments, laissant ma voix entonner une vieille ritournelle marquée par les ronflements étouffées de Vera, endormie sur son ouvrage.

Un sourire arpente mes lèvres, et je me lève, repoussant mon travail pour venir couvrir l’ancienne d’une couverture. Il n’est pas bon pour elle de veiller, mais je sais combien elle s’inquiète lorsque son fils part pour vendre nos productions à Ventfroid, combien elle n’aime être seule. Je ne peux lui en vouloir, moi-même je supporte mal la solitude depuis mon arrivée au Labret

Soudain, quelques coups brefs résonnent à la porte, une voix étouffée, derrière le bois qui scelle l’entrée de la demeure. Je me fige, hésitante, avant d’empoigner un balai comme arme de fortune et d’entrebâiller la porte à l’écoute de mon nom. Doucement les gonds grincent, laissant jaillir dans l’obscurité de la nuit, la lumière fragile de notre foyer tandis que mon pied en bloque l’ouverture.
L’homme n’a pas l’air menaçant dans le rai de lumière, plutôt avenant malgré son visage pâle et défait qui s’ourlent d’ombre. Mais sa posture est faussement désinvolte, la fatigue cerne ses yeux, des taches brunes que même la pénombre saurait dissimuler à mon regard averti de guérisseuse constellent la manche de son pourpoint.

« Mon frère est mort. »

La porte s’ouvre plus grande encore, illuminant complètement la silhouette appuyée contre l’encadrement. Le balai en chien de garde.

« J’imagine qu’il n’est pas charitable de laisser sur le pas de ma porte, en pleine nuit, un homme aussi mal en point qui prétend deviser avec des fantômes. » Un soupir. « Entrez et ne faites pas de bruits »

Je le laisse passer, resserrant malgré tout mon châle sur ma chemise de nuit et mes doigts sur le manche en bois. Derrière son pas, je referme consciencieusement la porte, la verrouillant à nouveau avant de reprendre.

« Vous m’avez plutôt l’air d’un homme en difficulté plutôt qu’un messager. Vous êtes blessé. » déclarais-je en l’invitant à s’assoir sur le banc près de l’âtre avant de lui tendre un verre d’eau dans un gobelet en terre cuite, le balai toujours dans l’autre main.

« Je suis guérisseuse. Je peux regarder si vous le voulez, ce serait dommage d’être revenu d’entre les morts pour me porter un message et mourir de fièvre ultérieurement. Vous avez été mordu ou…. ? Et ôtez donc votre chemise sinon comment voulez vous que je voie et soigne quoi que ce soit ! »

Je m’éloigne de l’homme pour récupérer une bassine d’eau propre, mon sac à simple, quelques linges propres, ainsi que plusieurs onguents. Mes cheveux défaits pour la nuit balayent mes fesses tandis que je rassemble mon nécessaire, et un frisson m’envahit au hululement lointain d’une chouette. Vera serait éveillée, qu’elle éclaterai surement en reproches d’avoir ouvert notre porte à un inconnu, alors même que nous sommes seules sans homme pour nous protéger d’un intrus. Mais l’étranger, en invoquant mon frère, tout autant que ma charité venait d’attiser une étincelle… d’espoir ? de curiosité ? 

« Est-ce vrai ? Vous avez réellement un message de mon frère, d’Herbert ? » lui demandais en me rapprochant pour plonger mon regard dans le sien, me trompant à dessein.
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MessageSujet: Re: La visite du premier avril | Cassandra   La visite du premier avril | Cassandra EmptyVen 12 Juil 2019 - 11:57

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Il avait connu meilleur accueil, mais pire aussi. L’hostilité, ou devait-il dire la méfiance dont faisait preuve la noble dame n’était guère étonnant. Il aurait même été stupide de lui ouvrir grandement la porte dans vérification. Patient, mais surtout fatigué, Rowan la laissa le dévisager sans un mot. S’il voulait la convaincre, il ne devait pas devenir un ennemi, mais un homme à soigner en plus d’un allié. Ainsi, prenant son mal en patience, il l’écouta parler d’un frère décédé. S’il resta d’apparence impassible, il n’en était pas moins étonné de l’entendre parler de lui ainsi. N’était-elle donc point au courant ? Voilà qui risquait de rendre les choses un peu plus compliquée, ou au contraire, plus aisée ?

« Merci. »

Souffla-t-il doucement entre deux respirations alors qu’il se traîna non sans difficulté à l’intérieur et surtout à l’abri des regards. Tout d’abord soulagé, ce qu’il vit à l’intérieur lui glaça le sang. La silhouette de la vieille dame alors profondément endormie ne lui avait pas échappé. S’il était suffisamment confiant pour réussir à gagner la confiance de l’une, cela était une tout autre affaire concernant l’autre. Le réveil risquait d’être brutal, bruyant, affolant, de quoi le faire repérer immédiatement.

Tendu au possible, il feignit néanmoins contenance en reposant ses yeux d’azur sur l’agréable apparence de la noiraude. La détaillant un instant, plus pas méfiance que par curiosité mal placée, il soupira profondément à ces constatations qu’il n’était certainement pas en mesure de nier.

« Non… je… »

Encore bien debout malgré l’invitation à s’asseoir et les allers-retours de cette dernière, le rouquin chercha désespérément comment expliquer la situation à cette dernière sans pour autant entraîner la panique. D’habitude, il évitait absolument de révéler sa condition le visage démasqué afin de maintenir son anonymat, mais dans de telles circonstances… Alors quoi ? Devait-il envisager de la menacer ? Tuer la grand-mère et la forcer ensuite à coopérer ? Non, le risque était trop grand. Sa meilleure chance de survie était donc d’attiser la sympathie… Si son frère était banni, si son âme de guérisseuse était assez noble, alors peut-être arriverait-elle à l’accepter ? A réfléchir à deux fois avant de le dénoncer ? C’était un pari risqué, mais que le meilleur qu’il possédait actuellement.

« Herbert ? »

La question lui fit arquer un sourcil. Avait-il mal retenu le nom ? Ou alors ce bougre était plus malin qu’il le pensait et lui avait menti ? Non… Un léger sourire amusé s’afficha sur ses lèvres tandis qu’il hocha ses épaules. Elle le testait.

« Pour Herbert, je ne sais pas. Mais Yann Silgarde est aussi vivant que vous et moi. Du moins, tel était le cas, trois lunes auparavant. »

Satisfaite ? Il l’espérait bien. Mais l’heure n’était pas vraiment à la conversation et il était temps qu’il lui fasse comprendre alors. Il jeta un dernier regard aux pauvres balais qui servait de bouclier avant de délicatement se munir de ses propres armes, soit deux lames acérées. Devinant bien l’angoisse qui montait en elle suite à ses gestes pourtant doux et lents, il releva une main en sa direction comme un signe d’apaisement.

« Je ne suis pas là pour vous blesser, Madame. »

Délicatement et minutieusement, il déposa ses deux lames sur une petite commande à l’entrée. De par cet acte, il espérait lui prouver sa bonne foi, ou du moins gagner un peu plus sa confiance. Il s’avança alors à elle en traînant sa jambe ensanglantée pour mieux s’arrêter à son épaule et lui murmurer.

« Je ne suis pas votre ennemi… » Son regard s’arrêta un instant sur la vieille dame avant de se fixer dans ses yeux d’acier.« Je ne veux pas vous attirer d’ennui. » Fit-il finalement avant de chercher une porte ou un escalier, le moindre signe d’une seconde pièce où ils pourraient parler plus librement. « Avez-vous un endroit où nous pourrions être seuls ? »

Un sourire aussi doux que taquin s’exprimait sur mon visage alors que je me tenais le bras et luttait toujours pour rester debout.

« N’ayez crainte, au vu mon état, vous êtes bien plus dangereuse que moi. »

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Cassandra VitalisGuérisseuse
Cassandra Vitalis



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MessageSujet: Re: La visite du premier avril | Cassandra   La visite du premier avril | Cassandra EmptySam 13 Juil 2019 - 9:32
On dit qu’il ne faut pas montrer sa peur à un prédateur. On dit que ça excite son désir de chasse et son envie de sang. Je ne sais pas si l’adage est réel où s’il est juste un conseil plus ou moins bon sur le « comment réagir » lorsqu’un homme que vous venez laisser d’entrer dans votre chaumière, sort devant vous ses couteaux effilés. Mais pour être honnête, malgré le fil aiguisé de ses lames, je ne perçois pas vraiment une quelconque menace, dans sa gestuelle douce mais heurtée sous les blessures que je devine à mesure que les secondes s’enfuient.

Peut-être est-ce bravache de ma part, de ne pas craindre plus en avant cet inconnu, mais depuis qu’il a donné correctement le nom de mon frère, je me sens libérée d’un poids. Pourquoi mon frère, m’enverrais-t-il un messager pour m’égorger dans la nuit ? Oh certes, parfois je rêve de l’étrangler moi-même pour toutes ses âneries, pour cette situation à laquelle il m’a abandonnée, mais je sais qu’il en a été puni. Vivre en étant un banni, n’a rien de commun avec la nature oisive et bon vivant qu’il cultivait à Marbrume. J’imagine sans mal les difficultés qu’il lui a fallut traversées pour survivre dans les marais, parmi la Fange. Et si cet homme mentait, usant du patronyme de Yann, se serait plus probablement, au vu de son état, pour faire appel à mes talents que pour le plaisir de nous tuer dans nos sommeils.

« Je ne suis pas là pour vous blesser, Madame. » déclare-t-il en s’approchant

« Je l’espère bien ! Si mon frère m’envoie un assassin en plus de tout le reste, je crois que je l’étranglerais moi-même »

« Avez-vous un endroit où nous pourrions être seuls ? »

Mes yeux d’orage se plantent dans l’azur des siens, assorti d’un soupir, devinant sous la formulation succincte la gêne de cet inconnu à se dévoiler. Mes lèvres se pincent légèrement pour demeurer insensible au charme qu’il déploie d’un sourire auquel je ne suis pas totalement immunisée.

« L’ancienne est aveugle ou presque et elle ne se réveillera pas à moins d’un hurlement. Votre pudeur ou vos secrets en seront saufs. Vous savez, je ne suis pas complétement idiote, j’ai une idée de ce qui vous chagrine à l’instant – je marque un arrêt, laissant le sous-entendu et mon regard arpenter son bras, sans qu’il puisse lire à l’encre de mes yeux, une quelconque condamnation-  en plus du sang que vous répandez partout sur mon dallage. Mon frère n’est pas quelqu’un de fréquentable… et je ne suis pas sûre que ses connaissances le soient davantage. Mais si nous montons à l’étage, je n’y verrais pas suffisamment pour arranger cela. »

Ma langue claque sur mon palais, déjà désapprobatrice, n’osant soutenir le chancelant sans son consentement.

« En plus de l’effort que votre jambe devra fournir pour monter l’escalier et du fait qu’il sera suspect aux yeux de Vera que je permette à un inconnu de monter à ma chambre alors que je reçois généralement ici.  Il n’est pas, ici et maintenant, question de ma peur. Comme vous l’avez dit, je suis en meilleur état de me défendre que vous. Il est question de la vôtre, de vos craintes. Vis-à-vis de moi ou d’elle. Peut-être même de nous deux. Vous vouliez que je vous fasse confiance, que je me sente en sécurité, moins menacée lorsque vous avez déposé vos armes ? Je l’ai fait, je vous ai laissé entrer. Croyez-vous réellement que je suis femme à vous renvoyer dans la nuit et la Fange, dans cet état, parce que vous avez l’indécence de connaitre mon frère ou de porter vos inavouables secrets ? Que j’ai pour habitude de reprendre l’aide que j’offre ? C’est à votre tour de prendre le risque de me faire confiance… L’ancienne n’en saura rien, elle dort profondément, et mes lèvres resteront scellées quoi que mes yeux relèvent…»

A mesure ma voix se fait plus douce, plus chaleureuse, plus rassurante alors que lentement un sourire ourle mes lèvres, dessinant un trait amical sur mon visage. Ma main se lève entre nous, en proposition, comme pour sceller un accord avant que mes doigts, enhardis, se posent aussi léger que des phalènes sur son bras, alors qu’il vacille inexorablement.

« Cessez de faire l’idiot qui peut rester debout encore des heures ! Si vous vous écroulez par terre, nous ne serons pas plus avancés et Vera se réveillera. Laissez moi vous aider, et peut-être finirez vous par me donner des nouvelles de Yann en échange… s'il vous plait. »

J'espère qu'il saura entendre la raison dans mes paroles, que nous arriverons à une entente. Comment pourrais-je l'aider s'il le refuse, ou connaitre la teneur du message de mon frère, ou même savoir si Marcus, lui aussi à survécu à son exil forcé s'il reste aussi… frileux. Je mordille ma lèvre inférieure guettant son approbation ou son refus avec appréhension, choisissant soudainement de désamorcer cette désagréable tension entre nous, avec un brin de malice illuminant mes iris et ma bouche, de taquinerie dans la voix assez proche de celle qu'il m'a offerte un peu plus tôt.

"Ah moins, que tout ceci, vos réticences et votre volonté de vous isoler avec moi au détriment de la nécessité , ne soit qu'un stratagème pour que ce soit moi qui déboutonne et ôte votre chemise… S'il n'y a que cela pour vous complaire… je peux faire un effort!"
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MessageSujet: Re: La visite du premier avril | Cassandra   La visite du premier avril | Cassandra EmptyDim 14 Juil 2019 - 22:19

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Le regard envers son bras ne lui échappa pas. Au contraire, dans un silence qui en disait long, il contempla chacune des réactions de sa comparse, notant alors chaque trait de son visage et aux intonations de sa voix. Vraisemblablement, la jeune femme n’était pas aussi naïve qu’on pourrait bien le croire ou l’espérer. Quoique, ne fallait-il par l’être un peu pour ne pas démontrer plus de peur face à un inconnu portant la marque maudire ? Toujours est-il que Rowan semblait pour l’heure avoir réussi son objectif, car, entre quelques sermons qui démontraient tout le caractère de sa charmante guérisseuse, celle-ci paraissait encline à le soigner sans le dénoncer aux autorités. Plus ou moins déjà satisfait et convaincu, il la laissa poursuivre encore un peu son petit discours avant de soupirer et… la regarder.

Audacieuse, il devait bien l’admettre et ce n’était pas pour lui déplaire. Aucun homme normalement constitué ne pouvait réellement prétendre pouvoir rester complètement indifférents face à ce genre de petites provocations, surtout venant d’une femme aussi agréable à l’œil. Évidemment, le rouquin ne faisait pas exception. Un sourire au coin se glissa sur ses lèvres alors qu’il osa se pencher un peu plus en sa direction.

« Voilà une bien aimable proposition, mais… Je crains qu’il n’ait pas uniquement ma chemise à me retirer. »

Son visage dangereusement proche de son oreille, il se délecta quelques instants de la réaction de son hôte de fortune avant de reprendre naturellement ses distances et se rendre, non sans difficulté, jusqu’au banc qu’elle lui avait désigné. Reprenant ainsi une expression plus sérieuse, il jeta un nouveau regard en la direction de la vieille femme toujours profondément endormie. Il était clair qu’il n’appréciait absolument pas sa présence et craignait que le pire puisse se produire. Instinctivement ou par simple habitude, ses yeux traînèrent un peu dans la pièce à la recherche de divers ustensiles pouvant le servir à la faire taire à jamais si par malheur elle venait à se réveiller.

De là, sans une once d’embarras, l’ancien mercenaire ôta sa chemise tachée de sang, dévoilant ainsi aux flammes du foyer sa peau durement meurtrie par des années de bataille. Rien de réellement surprenant lorsqu’on connaissait son quotidien et son parcours de vie, mais toujours impressionnant pour ceux et celles encore épargnés par de telles marques. Évidemment, il ne cacha pas non plus la marque imposée par le Duc lui-même et qui le condamnait à une mort certaine. Mais ce qui put davantage attirer son attention était certainement cette chaîne d’argent à son cou, celle-là même qui emprisonnait à elle une bague dorée à la signification évidente, ou presque.

« Vous n’attendez pas d’autres visites nocturnes, n’est-ce pas ? »

Demanda-t-il plus le ton de la plaisanterie qu’autre chose alors que ses mains étaient en train de défaire machinalement la ceinture de son pantalon. Le regard posé sur celle qui avait bien voulu lui ouvrir sa porte, il laissa un dernier sourire lui échapper avant de finir par se déshabiller et laisser ses dessous transparaître.

« Déçue peut-être ? »

Impossible de s’empêcher de la taquiner davantage sur le terrain qu’elle-même avait décidé d’emprunter. Mais peut-être était-ce aussi sa manière à lui d’oublier la douleur et ne pas se concentrer sur les plaies malgré tout impressionnantes qui se trouvait à son bras gauche et sa jambe opposée.


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MessageSujet: Re: La visite du premier avril | Cassandra   La visite du premier avril | Cassandra EmptyDim 21 Juil 2019 - 11:59
« Je crains qu’il n’y ait pas uniquement ma chemise à me retirer . »


Son souffle m’effleure d’une caresse suave, glisse sur la peau fine et frissonnante de mon cou et s’enfuit en embrasant légèrement mes joues. J’espère que sous la danse des flammes dans le foyer, sous le jeu des ombres et des lumières qui animent la chaumière, il ne saura saisir mon trouble, la nuance de rose sur mon visage, l’imperceptible hésitation qui me saisit soudainement à cette proximité, à cette intimité feutrée des ronflements de la vieille femme.

« Effectivement… mais il faut bien commencer par quelque part et quelque chose. »
 
Ah ! A jouer avec le feu, ne se brûle-t-on pas ? Peut-être un peu. Mais même si je cherche une contenance, en l’observant se trainer jusqu’au banc pour se mettre à nu, en lissant mes paumes moites sur le tissu arachnéen de ma chemise, je ne regrette en rien la pointe d’audace et de provocation dont j’ai fait preuve, après tout, les émotions sont l’apanage de ceux qui vivent. Il faut être un damné, un fangeux, un mort dont le cœur ne bat que pour dévorer, pour préférer ne pas sentir dans sa poitrine, les tresseaux des sentiments qu’ils soient agréables ou non. Moi je veux me sentir vivante, frémir sous la gêne de ma témérité et de ma taquinerie lorsque les mots dépassent ma pensée, même si l’effronterie de cet homme ou son charme ne me laisse pas d’hiver. Je veux pouvoir ressentir la curiosité, l’étonnement, la compassion qui emplit mon âme à la vue des marques, des cicatrices qui marbrent son corps à la lueur vacillante de mon foyer. L’intérêt fugace, éteint par les souvenirs d’un autre et le bijou lové contre lui. La douleur qui m’étreint quand mon regard s’arrête sur la brulure de son bras. Le rappel à une vie antérieure que je chasse d’un sourire.

« Je n’attends personne, à moins que vous n’ayez invité des amis. Mais je crois qu’ils resteront dehors pour cette nuit. Je ne peux m’occuper que d’une personne à la fois, et j’ai le sentiment que vous allez me donner beaucoup d’ouvrage. »


J’avance d’un pas, puis d’un autre jusqu’à lui, embrassant sa silhouette d’un regard sans vraiment prendre garde à sa pudeur, mon œil aussitôt attiré par les plaies, plutôt que par l’anatomie de l’inconnu.

« Le devrais-je ? Etre déçue ? » répliquais-je plus par automatisme que par réelle conviction, l’invitant s’assoir sur le banc, alors que je dépose mon nécessaire sur la table.

Il n’y a plus trace d’une quelconque badinerie à présent, ni dans le timbre un peu fumé de ma voix, ni sur la concentration qui cisèle mes traits de fermeté. Juste la guérisseuse s’attelant à sa charge. Mes doigts trempent un linge propre dans la bassine d’eau, avant de le tordre pour en sortir l’excédent.

« Il y a beaucoup de sang… ils vous ont ratés mais ce n’est pas passé loin. » 

Je m’assoie à coté de lui, soulevant un instant ma chemise de nuit sur mes chevilles pour m’installer à califourchon sur le banc. Le linge frais et humide, glisse avec douceur sur la blessure, plus pour que je puisse découvrir l’étendue des dégâts sous le sang séché, que pour la nettoyer méticuleusement de toutes impuretés.

« Comment c’est arrivé ? Vous n’êtes pas obligé de le dire… bien sûr…  enfin vous n’êtes pas obligé de me raconter quoi que ce soit évidemment, même si j’aimerais un nom, fusse-t-il faux, mais parler occupe l’esprit, et c’est parfois bien d’avoir une distraction à la douleur. Donc… »


Mes gestes continuent doux, sans heurt, empruntant des aller-retours vers l’eau qui rougit rapidement, et mes yeux demeurent rivés sur son bras. Il a relativement de la chance, le sang en s’écoulant abondamment a nettoyé sa plaie, et, celle-ci quoique boursoufflée et relativement impressionnante n’est ni profonde, ni exagérément inflammée. Elle ne nécessite, à mon sens, ni de suture, ni l’obligation d’une cautérisation. Un nettoyage, un onguent, un bandage et juste un peu de repos, voilà tout, mais je doute qu’il en aille de même pour la jambe. Je débouche un petit pot, laissant l’odeur enivrante et forte d’achillée, de sauge et de consoude se répandre en un fumet agréable, avant de répandre la pommade sur la blessure de l’inconnu, mes doigts sur son bras, comme des ailes de phalènes.

« … si vous préférez taire ces choses-là, puis-je alors au moins savoir comment mon frère se porte et ce qu’il me veut ? »
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Rowan DelcroixBanni
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MessageSujet: Re: La visite du premier avril | Cassandra   La visite du premier avril | Cassandra EmptyMer 7 Aoû 2019 - 17:28

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Méfiance et admiration pouvaient être perçues au fond du regard du banni alors qu’il contemplait silencieusement la jeune soigneuse. S’il n’oubliait pas, jamais, la situation dans laquelle il se trouvait, il ne s’accorda une simple considération envers son métier : l’art du soin. C’était toujours avec un certain émerveillement qu’il avait regardé ces gens se dédier à cette maîtrise. Évidemment, il aurait préféré ne pas avoir besoin de tel soin, mais il était bien content de pouvoir ainsi en user. Restait maintenant à savoir jusqu’à quand.

S’il avait bien et simplement ignoré les quelques remarques, son sourcil finit par se relever à ses interrogations. Était-ce son audace ou son ignorance ? Après tout la réponse semblait relativement évidente lorsqu’on connaissait sa marque…

« Le comité d’accueil. »

Fit-il simplement avant de lui émettre un fin sourire, un brin fatigué tout de même.
« Pourquoi ne pas m’en donner un ? En espérant que votre imagination soit un peu plus créative qu’un simple Herbert. »Il jouait un peu. Il était aussi curieux qu’amusé d’entendre le nom qu’elle pourrait lui donner. Une belle distraction pour oublier l’espace de quelques instants la douleur qui désarticulait son visage de grimaces diverses.

« Oh, il veut beaucoup de choses, le connaissant. Que cela soit de vous ou de votre commerce. Mais vous voir serait déjà un bon début, j’imagine. »

Ses paupières se ferment, l’adrénaline était en train de descendre, rendant les soins presque insupportables et la fatigue tout aussi importante. Restait encore sa jambe, en espérant qu’il puisse rapidement reprendre la route. La présence de l’ancienne le forçait néanmoins à rester aux aguets. Et ce fut après l’avoir détaillé une énième fois, qu’il reposa son attention sur la guérisseuse.

« Pas sûr que cela soit une bonne idée, d’accepter. Mais pas sûr non plus que vous ayez le choix. »

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