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 Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène].

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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène].   Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène]. EmptySam 20 Juil 2019 - 17:29
15 Mai 1166


Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène]. Signnn10



Cela faisait deux semaines que l’invasion avait eut lieu. Deux longues semaines où les pensées de l’aîné des Rivefière étaient troublées, beaucoup plus qu’auparavant. Ses blessures avaient nécessité des soins réguliers au temple et du repos pendant ce temps. Maintenant qu’il était libre de nouveau, sans contraintes et sans pansements, il prit son courage à deux mains, pour sortir enfin de l’esplanade et aller contempler les ravages causés par le fléau. Cela allait être difficile, de revenir sur les lieux du drame, de revoir les ruelles et les carrefours où tant d’horreurs s’étaient déroulées sous ses yeux. Il n’était pas certain d’avoir le cœur à supporter tout cela. Mais il le fallait bien pourtant, il n’était pas du genre à rester enfermé trop longtemps. Encore moins à présent, comme il l’avait évoqué à sa sœur, le lendemain de ce jour désastreux. Il avait fait un petit peu de chemin dans son esprit depuis ce jour. Il allait mieux, moralement et physiquement. Mais certaines blessures intérieures, celles de l’âme, ne se soigneraient certainement jamais.

Depuis la mort de son mari, la mère de Roland ne semblait plus être que le fantôme d’elle-même. Elle s’était, comme lui, presque éteinte. Elle n’avait plus son caractère bien trempé qui faisait tout son être. Elle restait bien souvent muette, à l’écart des autres, distante. Ce n’était réellement pas dans ses habitudes, elle qui aimait le plus souvent se montrer, faire parler d’elle en bien, sortir et se tenir au courant de toutes les petites nouveautés. Mais là, non, rien. Elle se terrait dans un silence cérémoniel, drapé dans des tissus de deuil, noir, comme l’esprit hanté de son fils.

- « Mère, je vais sortir. »

Lui dit le noble guerrier, alors que sa mère était assise sur le rebord d’une fenêtre, dans le grand salon au premier étage de leur manoir. Ses traits étaient tirés, sa longue robe noire descendait jusqu’aux pieds, les recouvrant même totalement. Un long voile, noir également, avec quelques broderies de dentelle, recouvrait sa tête, son cou et ses épaules. Sa mère était fort élégante, même dans le deuil. Néanmoins, cette vision de sa mère, si mélancolique et comme suspendue dans le temps, le bouleversa. Elle ne répondit à peine, hochant très fébrilement la tête, contemplant un point fixe à travers la fenêtre. Il espérait qu’elle se remette vite de ce malheur, c’était douloureux de voir sa mère ainsi, sans pouvoir agir pour que ses jours deviennent meilleurs rapidement. La mort était douloureuse, brutale et parfois injuste. Certains l’acceptaient mieux que d’autre. Chez les Rivefière, la mort était toujours tragique et tellement difficile à accepter.

À peine avait-il franchi le seuil de la grande porte d’entrée, qu’il se sentait coupable d’abandonner si triste, la femme qui l’avait enfanté. Le temps ferait son œuvre, mais il ignorait quand. Parfois, certaines veuves ne supportant pas la perte de leur mari, se laissaient dépérir et la mort suivait peu de temps après. La chagrin et l’amour pouvaient tuer.
Il continua néanmoins de marcher, en direction du goulot. Arrivé à destination, ses jambes refusèrent d’avancer davantage, comme paralysées par ce funeste endroit. Il revoyait absolument tout ici, les premiers cris d’alerte, annonçant que des fangeux avaient pénétré à l’intérieur de la cité, personne n’y croyait au début, on ne comprenait pas ce qui se passait. Ce jour était festif, il devait l’être, la population en avait terriblement besoin… Mais au lieu de cela, de profiter ensemble du couronnement du roi, des festivités… Les créatures des marais s’étaient invitées à la fête et l’avaient pour le moins que l’on puisse dire, troublée.

Il reprit peu à peu contenance, puis s’engouffra plus loin dans les ruelles. Il se remémorait toutes les scènes auxquelles il avait assisté ici, à chaque croisement. La ville avait été touchée de manière considérable, il faudrait du temps pour tout nettoyer, reconstruire, reprendre peu à peu une vie normale, même si depuis quelque temps maintenant, plus rien n’était vraiment normal et ne le serait sans doute jamais plus. Le blond allait d’ailleurs, dans les jours qui suivraient, prêter main forte pour aider dans les diverses taches. Il y avait du travail et tout le monde devait se sentir concerné, il faudrait faire appel à la solidarité des gens, pour aider tout le monde à se reconstruire petit à petit. Ce n’était pas une mince affaire.

Il approchait à présent du dernier carrefour, celui où il avait bien cru y laisser sa vie. Il contemplait, en avançant, la muraille dressée entre le goulot et la partie qui était à présent nommée le chaudron, lorsqu’un milicien l’interpella.

« Excusez-moi messire, il n’y a rien pour vous ici, nous devriez vous tenir éloigné. »

- « Il n’y a plus rien pour moi nulle part. »

Il laissa le milicien sur cette phrase lancée un peu de manière abrupte. Il ne comprendrait pas de toute façon. Il ne savait pas que lui-même avait été ici pendant l’invasion, que dans ces ruelles, il avait versé son sang et que la tête de son ennemi final avait roulé ici. Il n’en parlerait pas de toute manière, tout cela n’avait guère d’importance. Il ignora alors ses conseils, il avait encore le droit d’aller dans cette ruelle, tant qu’il ne tentait évidemment pas de franchir la muraille, pour aller vers le chaudron… qui le ferait de toute façon…
Justement, une femme semblait avoir quelques soucis avec des miliciens, plus loin. Elle semblait affolée, elle attirait l’attention. Roland s’avança pour comprendre de quoi il s’agissait, craignant le pire.


Dernière édition par Roland de Rivefière le Lun 22 Juil 2019 - 17:22, édité 1 fois
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Cérène BoiserelSaltimbanque
Cérène Boiserel



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MessageSujet: Re: Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène].   Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène]. EmptyLun 22 Juil 2019 - 16:39
Le Goulot est tombé, ou du moins une partie..., En soupire Oscar, tandis qu’il observe le visage de Cérène se transformer, ses traits se tirent, ses yeux s’injectent d’une angoisse carnivore, revêt un éclat presque dangereux. Cérène ? approche-toi de moi, un petit peu…

Obéissante, elle s’avance vers lui d’un pas félin et grâcieux, raide et les lèvres tremblantes, se gardant une contenance étranglée, écartelée par toutes les peurs endurées qu’elle a enterrées viennent de fleurir au fond de sa gorge dans un mélange de sang, de chair morte et de douleur. Une fois proche de son mentor, Oscar lui remet habilement l’une de ses mèches de cheveux derrière l’oreille.

Je sais qui se trouve là-bas, et ce que ça représente pour toi, ma belle… , commence-t-il avec douceur, compatissant à sa douleur mordante. Je ne veux plus que tu y retournes, c’est trop dangereux, désormais, rien que pour voir s’ils sont toujours en vie. Oublie-les pour continuer ta vie, avec nous, pars du principe qu’ils ne sont plus des nôtres.

Une colère révoltée surgit dans ses veines tandis qu’elle dresse un regard désobéissant à Oscar. Elle se recule d’un pas, il la retient par la main. Refusant le contact, elle s’écarte à nouveau d’un bond agile.

Tu ne peux pas me demander ça, Oscar, il en est hors de question. Devant le regard acier d’Oscar, elle en détourne les yeux pour ne pas se laisser convaincre par son autorité naturelle, par son aura qui écrase la sienne, elle ne veut pas lui céder quitte à lui tenir tête. Hors de question, pas tant que je n’en suis pas sûre.

« ne reviens jamais » lui a ordonné Kryss, jamais, répond-t-elle acide, je ne t’écouterai pas, je ne t’écouterai plus. Peut-être est-elle à bout de nerf, éclatante d’une peur vorace qui la rend dangereuse, de savoir que la fange a franchi ses murs, son instinct lui hurle de s’enfuir mais elle s’éloigne à reculons, pas à pas d’Oscar, qui ne cherche pas à la retenir.

Je ne veux que ton bien, Cérène…, Tente-t-il à nouveau. Je t’en prie, n’y va pas…

Il n’entend que le bruit de la porte claquer doucement. Soupirant, il lève sa tête vers la fenêtre en se caressant la barbe avec inquiétude en adressant une prière muette aux Trois.
« Par la sainte trinité, je vous en prie, faites-en sorte qu’elle trouve quelqu’un qui l’empêche de faire une bêtise… »

___


Le goulot s'étend, irréel, terrifiant. Les sordides avenues privées de vies s’étendent à perte de vue. Perdue dans ce spectacle de désolation, Cérène s’engouffre dans une minuscule allée entre deux maisons sombres aux volets sombres et grinçants, pour déboucher sur l’artère principale. Quand son pied rencontre une flaque brume, elle n'y voit que son reflet crasseux trahi d'épouvante. Elle se sent prise dans l’étau d’un cauchemar sans possibilité d’éveil. Le malaise rampe sourdement à elle et elle sent un frisson traverser sa chair, elle se sait en train de s'engouffrer vers le point du non-retour. Le pas de trop vers l'interdit, dans la direction de toutes les questions et de toutes les réponses.

Cérène cavale de ruelle en ruelle, le souffle court. Les quelques maigres personnes croisant les rues ne sont plus que des sombres silhouettes collées au mur tels des ombres chinoises, comme des rampants refusant de s’exposer à la lumière crue et laiteuse du soleil, n'ayant plus que la peur et la crainte labourées dans leurs regards arrondis. Cérène refuse de laisser son regard s'attarder, et poursuit sa course dans les rues. Haletante, elle bondit agilement par-dessus un muret. Au loin - bien plus loin, La sinistre muraille à la façade terrifiante s’étend de ses sombres apparats bordant le chaudron, un peu plus loin, elle se surprend à contempler sous les assauts du vent qui en étire des gémissements macabres.

Bon sang… c’est impossible…, murmure-t-elle tandis qu’elle freine sa folle course pour récupérer son souffle. Sa poitrine se lève et soulève rapidement, le bruit de sa respiration haletante est la seule marque humaine des alentours.

Elle se revoit, projetée plusieurs années en arrière, à tenter de survivre et de s’élever pour prendre sa vengeance sur la vie. Une bile lui irradie le palais d’un goût amer, qu’en est-il de Kryss, des autres ? Ont-ils survécu ?
Elle ne constate désormais que la pire de ses peurs grouille confinée au sein des murs de Marbrume.
Pour combien de temps, avant que le fléau ne s’éveille de nouveau ?
Et les macchabés, dans tout ça ? sont-ils morts, vivants ? sont-ils, sont-ils… La phrase d’Oscar résonne à nouveau dans sa tête, mais elle décide de la chasser.
Une poigne forte s’abat sur son épaule, ce qui la fait brusquement tressaillir, et la retourne violemment.

Hé, toi, là… ! Qu’est-ce que tu fous ici… ? Il reste muet un instant, comme happé par la beauté farouche de Cérène, avant de se reprendre, plus brusquement et plus agressif cette fois-ci. T’es pas au courant de ce qu’il se passe ici ou quoi… ?! Retourne d’où tu viens, c’est dangereux ici.
A votre avis, pourquoi je suis là.... ?! Explose-t-elle tout à coup à bout de souffle et de nerfs, ses mots ne sont plus que des bêtes sauvages qui lui sautent au visage. Le milicien reste stoïque, quoi que légèrement déstabilisé par cet excès brusque de colère. Il y’a des am- de la famille qui vivent ici ! Je ne sais pas s’ils sont morts ou vivants, j’ai besoin de le savoir, j’ai besoin…

Elle s’approche de lui et le saisit par le col pour l’implorer mais le milicien reste étrangement calme, et deux autres jaillissent des rues, l’un d’eux interceptant un homme.

Tu es allée te renseigner auprès du temple ? Il lui saisit les mains pour les lui faire retirer de son col avec délicatesse. S’ils n’y sont pas, c’est qu’ils sont morts. Tu perds ton temps ici, sois juste contente d’être en vie. Retourne d’où tu viens, ne m’oblige pas à t’enfermer dans la caserne juste pour des personnes déjà mortes et un combat vain, fais-toi une raison ma grande, c’est tout. Nous sommes miliciens et vous n’avez rien à foutre ici. Alors bouge ton joli fessier hors de ma vue avant que je fasse quelque chose que je vais regretter. Menace-t-il pour la faire déguerpir

Qu’est-ce que vous en savez…, siffle-t-elle d’un ton douloureusement électrique. Je me moque éperdument de qui vous êtes ! aboie-t-elle d’une colère sourde.

Sa main se lève menaçante pour le gifler, lorsqu’elle sent soudainement une prise dans son dos, juste au-dessus de son épaule lui entraver le poignet, la stoppant net dans son élan.

Elle est avec vous, messire ? Questionne le milicien, un peu plus inquisiteur. Il laisse son pouce et son index pincer l’arrête de son nez en soupirant. Ecoutez, je ferme les yeux pour cette fois-ci. Si je vous vois tous les rôder aux alentours, je vous enferme et vous vous débrouillez avec les gars du dessus. Dégagez, hors de ma vue, avant que je perde réellement patience.

Les deux autres miliciens s’avancent pour les inciter à s’éloigner, Cérène peste et jure avant de s’enfoncer un peu plus loin dans une rue adjacente, plus éloignée. Croisant ses deux mains au-dessus de son crâne, se mordant la lèvre au sang, elle fait des aller-retours comme un lion en cage, désormais contrariée et déraisonnablement énervée, lorsqu’elle aperçoit l’inconnu suivre ses pas, elle se retourne brutalement vers lui. Elle s’en avance à pas vif et félin, et ne s’arrête qu’à quelques centimètres de lui et le défi d’un regard hostile et insolent. Dans la jungle de ses yeux, la colère danse. Elle ne se démonte pas face à lui, bien au contraire.

Qui êtes-vous ? Pourquoi s’être interposé entre lui et moi ? Une gifle, c’est tout ce qu’il méritait.

la poitrine éructante d'une colère apeurée, elle repart à faire des allers-retours en réfléchissant, ses pensées absorbées par un flot d’angoisse irrationnelle qu’elle ne peut stopper.
"Ne reviens jamais", ces paroles résonnent à nouveau dans son âme agitée et lacérée par toutes ces nouvelles.
Le retour n'en est que plus inévitable.


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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Re: Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène].   Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène]. EmptyDim 11 Aoû 2019 - 15:06
Roland était resté à l’écart, observant la scène de loin. Mais le ton montait, il n’entendait pas bien ce qu’il se disait, mais à coup sûr, la jeune femme était en train de s’attirer des ennuis. Un milicien lui a fait comprendre qu’il n’avait rien à faire là. Roland savait encore se mêler à la foule, il ne revêtait que très rarement ses beaux habits trahissant son rang. Bien sûr à le voir, on comprenait tout de même très rapidement qu’il n’était guère issu du bas-peuple. Mais il pourrait passer pour un bourgeois, pas pour un comte. Bien qu’il ne devenait de plus en plus connu par la milice, déjà avec les missions qu’il faisait dans leur rang, puis ensuite avec son mariage avec une sergente. Maintenant, après l’invasion, vu qu’il avait fait partie du groupe qualifié de héros par la population, son visage ne passait pas souvent inaperçu. Par chance, ces miliciens là ne le reconnaissaient pas. Beaucoup avaient été réquisitionnés pour aider à la protection de la ville, à surveiller le moindre recoin, à dénicher les potentiels mordus. Puis de jours en jours, de semaines en semaines, à nettoyer, reconstruire. Il y avait tant à faire, encore et toujours plus à faire. Comment balayer un tel cataclysme, il faudrait bien du temps avant que tout redevienne comme avant, si tant est que cela soit envisageable.

Le blond jeta son regard clair vers le milicien qui ôtait les mains de la femme de son col, il semblait garder son calme jusque là, mais jusqu’à quand. La femme, quant à elle paraissait à bout de nerfs, il connaissait ce sentiment, cette rage mêlée à la peur. Elle était capable de tout, si elle avait perdu sa famille, ses proches. Roland n’écouta alors pas la mise en garde du précédent milicien, le contourna pour se rapprocher un peu plus du vacarme produit par cet affligeant spectacle. Ce fut alors à cet instant qu’il vit la femme aux longs cheveux bruns lever la main. Elle avait l’intention de frapper l’homme d’armes. Il l’empêcha alors de terminer son geste, en attrapant fermement son poignet. Se rendait-elle compte qu’elle signait quasiment son arrêt de mort en accomplissant ce geste.

Ce milicien ci semblait l’avoir reconnu, d’où son messire. Il lui demanda si la femme l’accompagnait, évidemment il mentit pour la sortir de là.
- « Oui, elle est avec moi. Elle s’est sauvée du temple, où elle recevait des soins. »
Roland trouvait le milicien quelque peu zélé, mais soit, il n’avait pas le besoin de jouer au plus fort ce jour, il y avait bien plus important à faire. De plus, ce ne serait pas rendre service à la jeune femme qu’il venait de sauver.
« Je la ramène de ce pas, nous vous laissons accomplir votre devoir. »

Il s’éloigna alors, contemplant que la brune ne l’avait pas attendu pour le faire. Elle semblait folle de rage. Sa colère reflétait certainement la hauteur de sa douleur, mais tout de même était-il judicieux de risquer sa vie ainsi, il y avait d’autres moyens d’y parvenir.

- « Essayez déjà de vous calmer. Qui je suis ? Je suis l’homme qui vient juste de vous sauver la vie ? Toute la milice est sur le qui vive, vous êtes au courant quand même de ce qu’il vient de se passer dans la ville ? »

Il était lui aussi en colère, plus qu’il ne l’aurait réellement voulu. Il venait de la sauver oui, alors pourquoi s’en prenait-il à elle maintenant. Elle avait de la peine simplement, sa colère était compréhensible. Il en était exactement de même pour lui. Sa colère débordait.

- « Vous cherchiez à faire quoi en réalité, à aller dans ce qu’ils appellent maintenant le Chaudron, c’est ça ? » Il s’avançait d’elle à son tour, tout près, comme elle l’avait fait précédemment. Il lui attrapa le même poignet que tout à l’heure, lorsqu’il retient son geste face au milicien. Son geste était lui aussi bien plus fort qu’il ne l’aurait voulu. La force du noble guerrier, combinée à l’emprise qu’il exerçait sur son bras, fit reculer la jeune femme de quelques pas, jusqu’à ce qu’elle heurte le mur de la ruelle.
Il la maintenait fermement, en continuant de l’engueuler, comme si elle était proche, comme s’il lui interdisait de se mettre en danger, comme si qu’il aurait aimé la sauver, à la place de celle qu’il avait donné en pâture aux fangeux… Elle ne lui ressemblait pourtant pas vraiment, c’était une femme du peuple, tout comme elle, voilà tout. Il l’avait sacrifiée. Il pourrait tenter de sauver toutes les femmes vivant dans les environs, cela ne saurait excuser ou faire oublier son geste. Il ferma les yeux une seconde, inspira profondément et lâcha alors son poignet d’un geste sec. Le comte détourna son regard d’elle, regardant une dernière fois les barricades s’élever sur cette partie perdue du Goulot… Il serra les poings, ce lieu maudit, qui le hantera désormais jour et nuit.

- « Le milicien a raison, il n’y a rien pour les vivants ici. Si vous cherchez quelqu’un, ce n’est certainement pas ici qu’il faut venir. Il n’y a que des cadavres ou des fangeux. Vous n’êtes visiblement ni l’un ni l’autre, alors passez votre chemin. »

Il tourna alors les talons, prêt à fuir l’endroit. Se demandant tout de même si la jeune femme s’était déjà rendue au temple. Devait-il l’abandonner à son triste sort, il ne savait pas quoi faire de leurs réactions, il ne sait pas s’il parviendrait à la canaliser, il ne savait pas si lui-même en était encore capable. Il fallait parfois apprendre à s’aider soi-même avant d’essayer d’aider les autres. Il n’avait aucun mot pour l’instant pour l’apaiser, lui qui avait bien du mal à gérer ses excès de colère depuis l’invasion. Et même déjà un peu avant. Les choses changeaient, les gens évoluaient, le monde était fait ainsi.

- « Croyez-moi, l’horreur qui est derrière ces murailles, vous ne souhaitez pas la contempler. Allez donc au temple, ou n’importe où sauf ici. »
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Cérène BoiserelSaltimbanque
Cérène Boiserel



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MessageSujet: Re: Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène].   Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène]. EmptyMer 28 Aoû 2019 - 12:29
Il s’approche avec calme d’elle. Tente-t-il de la raisonner ou lui-même semble-t-il s’abandonner à cette force du désespoir ? Cérène s’en méfie et recule d’un pas instinctivement. Brutalement, comme poussé par un élan colérique, il s’anime en la saisissant sévèrement par le poignet, la contraignant ainsi de reculer de plusieurs pas adroits contre un mur en exerçant sa force. Il la surplombe de toute sa hauteur, et son dos s’écrase contre les pierres humides, un gémissement douloureux s’éteint dans sa gorge par la fierté ridicule de ne pas lui montrer qu’il la domine. Il la serre plus fort encore, impérieux et vorace, jusqu’à lui rompre les os et en lui clouant le poignet juste à côté de sa tête. Cérène serre les dents avec audace, essayant vainement de récupérer son arrogante fierté, elle tente de contrôler le tremblement douloureux de son bras soumit à la force de l’homme qui lui broie. D’un geste vif, la belle relève un regard meurtrier, qui vient se planter dans celui de Roland comme la lame d’une épée.

A son tour, elle laisse un rire cruel sans joie jaillir de ses lèvres comme un nuage empoisonné.

Vous êtes intelligent. Oh, quelle méchante ironie, insolente Cérène. Elle se cambre pour approcher son visage du sien pour le faire reculer, l’éclat de ses émeraudes se plissent, faisant ressortir toute la violence baignant dans la jungle de ses iris. Qu’est-ce que ça peut vous faire ? Siffle-t-elle, presque amère. Qu’est-ce que ça peut vous faire… ?! Et sa voix s’éteint dans un silence tandis qu’elle relève un genou menaçant, jusque dans l’entrejambe de l’homme lui faisant face, comme une menace qu’elle allait mettre à exécution s’il ne prend pas ses distances.

Elle sent son corps défaillir et toutes les chaînes de sa peur grouillante au fond de son ventre cède une à une d’une allure terriblement inquiétante.

Lâchez-moi, maintenant. Prononce-t-elle d’un calme alarmant, celui d’avant la tempête. Un silence semble s’écraser entre eux tandis qu’ils se toisent d’une animosité violente. Et cette fois-ci, elle reprend, plus sévèrement en exerçant une pression avec son genou pour le faire reculer. Tout de suite.

Il semble aveuglé un instant, comme si l’idée de la broyer venait de le heurter. Et pris d’un éclair de lucidité, il la relâche, et un élan de soulagement la traverse tout entière. Massant son poignet endolori, elle le laisse s’éloigner, adossée contre le mur pour s’offrir une maigre contenance, trop occupée à chasser avec vigueur les larmes naissantes, menaçant de s’écraser au sol. Tout à coup, un tremblement la traverse lorsqu’il lui conseille de partir, lui faisant remonter un haut le cœur. D’où se permet-il ?

Parce que vous croyez que je ne sais pas ce qu’il se cache là-bas ? S’emporte-t-elle brutalement, avalant de quelques enjambées rapides et félines les quelques mètres qui la sépare de Roland. Le saisissant avec rage par le col. Vous croyez que je ne les connais pas, ces horreurs ? Que je ne les aie pas vécus ?! Hurle-t-elle à bout de nerf et de force.

Elle lève douloureusement le poing et l’abat une première fois sur l’épaule de Roland comme un coup de poignard impuissant.

Vous pensez que quoi ?! Que vous êtes le seul à avoir vu ces immondices ? Je les connais, je les ais vu, des gens sont morts devant moi ! Inarrêtable, elle frappe à nouveau son épaule de son poing et ne cesse les coups à chaque mot, déversant sa rage et son chagrin. J’ai perdu des gens, j’ai perdu trop de gens, je voulais juste… je voulais juste… m’assurer qu’ils ne leur soient rien arrivés…

Elle perd pieds dans ses explications, préférant se faire statue au lieu de se laisser inonder par les larmes, elle reprend.

Vous, vous…, Murmure-t-elle faiblement contre lui, vous êtes là, vous aussi…, Elle redresse son visage et s’en éloigne de quelques pas. Si vous êtes ici, c’est que vous savez ce que c’est alors ne réagissez pas comme ce milicien. Vous, comme moi, connaissons ce chaos.

Elle l’observe pensivement, le retenant par le poignet.

Vous vous apprêtez à faire la même chose, alors ne me menacez pas, ne me contraignez pas, laissez-moi faire ce qu’il me semble juste.

Laissez-moi me jeter dans ce brasier qu’on nomme le chaudron si c’est pour le retrouver.
Seul son cœur crève le silence de ses battements si fort.

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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Re: Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène].   Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène]. EmptySam 31 Aoû 2019 - 22:17
Le regard et l’expression de la jeune femme renvoyaient une insolence qui révoltait le comte. Il n’avait pourtant aucune animosité pour les personnes issues du bas-peuple, il avait néanmoins toujours été habitué à recevoir une certaine forme de respect de la part d’autrui. Et là, la fougue de la femme du peuple le laissait attentif et circonspect.
Il faisait bien, d’ailleurs, parce qu’au-delà de son attitude et de ses paroles, de Charybde en Scylla, elle en vint aux actes. Il sentit de ce fait venir se déposer sur entrejambe, un de ses genoux. Elle n’avait pas porté le coup, fort heureusement pour lui et son éventuelle descendance. Mais elle faisait dangereusement pression, de manière à lui faire comprendre qu’il valait bien mieux lâcher sa prise. Il serra néanmoins plus fort, agacé par son arrogante impétuosité, les regards s’affrontaient, aucun ne voulait plier. La raison du compte l’emporta alors, il réalisait entièrement ce qu’il était en train de faire, en sentant le frêle poignet de la brune entre sa main, il ne contrôlait pas la force qu’il avait exercé sur son bras, aveuglément guidé par la colère et la tristesse. Deux si fortes émotions entremêlées à tant d’autres encore. Auparavant, jamais il aurait osé un acte violent et délibéré envers une représentante de la gente féminine.

Il lâcha alors et recula de quelques pas, la contemplant aussitôt masser ce poignet, soulagé de son bourreau.
Sur ses derniers conseils, qui n’en étaient réellement qu’à moitié, il allait laisser la jeune femme à ses propres chimères et retourner aux siennes. Toutefois, elle ne semblait pas vouloir en rester là. Le comte eut à peine le temps de se retourner, pour l’apercevoir arriver en furie sur ses talons.

La douleur s’exprimait de bien des façons chez les êtres. Elle passait parfois par de nombreux stades, pour une seule et même personne. Le besoin de se retrouver seul avec soi-même, de réfléchir, ressasser, tourner en boucle et y penser jusqu’à ce que les tripes cèdent, jusqu’à vomir cette douleur venant des entrailles. Le mal appelle le mal, le spleen pouvait être beau, suspendu et secret. Comme une montagne infranchissable, une île désertique, un sentiment de solitude intense, qui rongeait peu à peu les dernières parcelles d’une humanité déchue.
Ou elle pouvait se partager, de manière plus abrupte, plus brutale. Comme une explosion, un besoin violent et direct, sur l’instant. Un calme, puis la tempête.
C’était ce qu’il se passait chez le blond aux yeux clairs, il voulait que le monde comprenne ce qu’il vivait, mais sans complètement le dire, pas à voix haute. Que quelques mots et quelques gestes suffisent à décrire sa peine, à renvoyer les débris de son âme. Torturée. Éclatée.

Elle hurlait à présent, l’attrapant par le col. Il la vit lever le bras, il sentit son poing frapper son épaule. Il comprit. Elle avait mal, elle aussi, elle souffrait. Elle voulait le conflit, l’altercation. Elle n’était pas dans le déni. Ses émotions, elle les exprimait ainsi. Elle avait peur, bien plus peur qu’elle ne voulait certainement l’admettre.
Il sentait ses poings venir s’abattre sur lui, il ne bougeait pas. Peut être pensait-il que c’était ce qu’il méritait de toute façon. Comme si les coups pouvaient apaiser ses maux, paradoxalement.
Il la retint pourtant, elle se calma. Enfin, en apparence. Elle restait près de lui, il pensait qu’elle allait s’effondrer, mais non. Elle était forte mine de rien, une fierté certainement qui la retenait de craquer.

- « Vous n’avez pas besoin de faire bonne figure devant moi. » Encore moins, après ça. Se retint-il d’ajouter. Elle venait de se jeter sur lui, le frapper, lui hurler dessus. Au final, les larmes, ce n’était pas grand-chose comparé au reste.
« Ce que je veux dire, je comprends en effet votre douleur et vos craintes. Je ne peux simplement pas vous laisser entrer là bas, dans ce chaos. Pas parce que c’est un ordre, mais parce que je ne pourrais pas supporter de perdre une autre vie humaine sous mes yeux. » Trop tôt, beaucoup trop tôt. La mort devrait attendre encore un peu avant de repointer sa faux.

Ce fut un homme bon, il ne changeait pas du tout au tout. Il sentait encore ce besoin en lui d’aider les autres, de se sentir concerné par leur détresse, leur appel au secours. Il ne pouvait pas seulement se contenter de fermer les yeux, de tourner les talons et de faire comme si leur confrontation n’avait jamais eu lieu. Peut être était-ce aussi une façon de s’aider lui-même, de tenter de se racheter un peu. En essayant de refaire le bien, la honte et le sentiment de culpabilité provoqués par ses crimes, se dissiperont un peu, au fil du temps. Ou peut être avait-il simplement ce besoin de se rendre utile, de risquer des choses, pour se sentir encore vivant. Au lieu de simplement attendre la mort, passif.

- « Nous pouvons conclure disons un marché, vous et moi. Je vous aide à avoir des nouvelles des personnes que vous recherchez, par le biais de contacts à la milice, au clergé. Si réellement, elles sont disparues… Et, que vous les pensez très sincèrement capables d’être restées en vie, quelque part dans le chaudron, alors je vous y accompagnerai. »

Cette promesse n’était pas faite à la légère, il se sentait redevable. Imaginons que la femme qu’il avait sacrifié était une des personnes qu’elle recherchait, ou l’enfant, ou cet homme… Il devait savoir, il devait faire quelque chose.

- « Qui recherchez vous et est-ce que étiez ensemble au moment de l’invasion ? Si vous me racontez où vous étiez quand tout a commencé, ce qu’il s’est passé… On établirait déjà les bases et cela aiderait à trouver une éventuelle piste. » Il était beaucoup moins en colère, il s’oubliant en s’occupant des malheurs des autres, noyer son propre chagrin en s’enveloppant de celui des autres était peut être également une piste à tenter. Faire tout pour oublier, puis avancer, coûte que coûte.
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Cérène BoiserelSaltimbanque
Cérène Boiserel



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MessageSujet: Re: Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène].   Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène]. EmptyMar 1 Oct 2019 - 18:17
Sa voix est un murmure tranchant.
L’homme en face semble avoir repris une contenance, tandis qu’elle s’agrippe encore à lui d’une fermeté fragile. Son regard ne décline pas du sien, au contraire – il s’enfonce comme une épée dans celui de Roland. D’une intensité désarmante, ses yeux étincelants sont semblables à deux lucioles vertes. Sous cette brume opaque émeraude, fatiguée par les inquiétudes et les questions, s'anime une force désespérée, comme un incendie boisé.
Son visage se ferme.
Elle semble hésiter entre s’évertuer dans une colère carnivore ou se raisonner.
Elle inspire un grand coup, abdique.

Vous avez raison. » Avoue-t-elle dans un soupir presque honteux, en retenant un sanglot étranglé lorsqu’il lui dit qu’elle n’a pas besoin de se vêtir d’apparats face lui. Vexée ou piquée à vif, sa prise autour de son col se renforce un peu, sans doute un peu trop, avant que ses doigts ne lâchent doucement prise un à un.

Vous avez sans doute raison… , semble-t-elle reprendre à nouveau, mais des deux, c’est plus elle qu’elle essaie de convaincre.

Il tente de s’expliquer là où Cérène était prête à l’écraser de son hostilité farouche, qu’elle ne reconnaissait pas. Elle était prête à le happer comme un obstacle gênant, de lui embrasser la carotide avec ses dents, plonger ses poings jusqu’à lui en exploser les côtes, enfoncer ses ongles jusqu’au plus profond de sa peau. Son poing martelant mécaniquement l’épaule du noble s’apaise, au même rythme que la chamade qui désordonne son cœur, avant de se stopper doucement quand la main de Roland retient la sienne d’une autorité douce.
Depuis quand avait-elle perdu le contrôle, ou du moins, à ce point ?

Lorsqu’il s’agit d’eux – de lui, elle ne se reconnaît plus. Quel enfoiré, il l’a condamné. Il l’a maudite, elle, pour l’aimer jusqu’à en crever. Pourtant depuis les semaines – les mois, elle s’est évertuée de le chasser de ses pensées maudites qui le faisait surgir nul part. De l’éloigner, de s’efforcer à tel point qu’il s’est mit à la pourchasser jusque dans ses rêves.
Elle se mord la lèvre. Trouve un bout de mur pour s’adosser dans une nonchalance féline et feinte pour se garder de l’assurance.
Bon sang.
Enfoiré.

Enfin, elle consent à relever les yeux vers Roland. Et dans le croisement de leur regard, Cérène reprend, une lueur tout attentive accrochée aux yeux.

La Fange..., constate-t-elle pensivement, son regard se décline Roland pour scanner les environs, s’attardant sur chaque détail avec une attention toute particulière. Vous aussi, vous y avez perdu, n'est-ce pas ?

Et soudain, après l’annonce du marché, le silence s’abat entre eux tel une averse froide. Cérène, se statufie, son corps se glace, de la neige s’écoule dans ses veines. Mécaniquement, son visage quitte la ruelle pour à nouveau se poser sur lui très calmement. Sa mâchoire se crispe. Et sans réfléchir, sans ressentir rien d’autre que cette peur qui agite le creux de son ventre, elle s’avance de nouveau en face de lui jusqu’à s’arrêter brutalement : à deux centimètres.
Comme un tigre s’arrêtant près d’un cerf pour mieux l’analyser avant de lui bondir dessus.
Elle pourrait le dévorer, peut-être, mais.
Il y a autre chose.

Alors vous savez comment y accéder. La lave qui traverse ses veines s’allument à nouveau. Vous le savez, n’est-ce pas ? Mais le ton est plus calme, moins agressif, elle pourrait l’abreuver de mensonges mais n’est pas stupide s’il s’en rend compte, elle a tout l’intérêt du monde à ne pas le braquer.
L’opportunité est trop belle d’avoir des informations.
L’opportunité de revoir Kryss en vie est trop importante pour tout gâcher. rompre d’une simple pression d’une de ses mains. Mais d’un côté, il connaît le fléau rampant qui grouille dans les rues. Il connaît la malédiction. Elle le voit dans son regard, ça lui explose les yeux d’un éclat

Sa méfiance s’endort, est-ce si risqué que ça de lui faire confiance ? Elle ne le connaît pas, il a failli la douloureux et pire encore ; tellement mort. Il est brisé, cet homme, cela se voit à sa colère grondante et tapie en lui.

D’un coup d’œil, vif, elle l’observe à nouveau…
… Ce qu’elle y voit lui fait peur.
Mais ce n’est pas son combat.

Elle inspire à nouveau une grande goulée d’air.

J’accepte votre marché. Souffle-t-elle d’un soupir embué, et intimement flattée de voir cet homme s’investir pour elle. Quel était son intérêt si ce n’était celui de se mettre en danger ? Elle humecte ses lèvres en se forçant ce n’est pas son combat. Ce sont une troupe de saltimbanques, on les nomme les macchabées, ils vivent dans les bas-quartiers. Ce sont ma f- mes amis, ils m’ont recueilli quand… Elle semble hésiter à nouveau, avant de planter son regard dans celui de Roland. Quand la Fange m’a pris tout ce que j’avais. »

D’un mouvement de main chancelant, elle chasse les pensées des Boiserel et de Martin.
D’un sourire en coin triste, elle reprend.

Mais je sais leur chef assez intelligent pour ne pas être mort et assurer la survie des siens. Sa voix se gonfle d’une amertume soudaine, comme un souffle, tandis qu'elle poursuit. S'il est encore en vie, je me chargerai de son cas. Puis elle reprend.Que voulez-vous, en échange ? »

Son cœur menace de lui crever dans la poitrine.

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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Re: Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène].   Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène]. EmptyJeu 10 Oct 2019 - 16:19
Le regard de cette femme avait quelque chose d’infiniment troublant, il était pénétrant, vif, des milliers d’étincelles semblaient vouloir en jaillir pour brûler son adversaire, pour le coup, pour le brûler lui. C’était déstabilisant à quel point ce petit bout de femme parvenait à s’affirmer autant, ne pas courber l’échine, ne pas se plier devant un homme, de plus devant un noble de la carrure du comte. Certains auraient pu même dire que c’était presque du suicide, tous les nobles étaient loin d’être fait de la même trempe que celle du blond aux yeux clairs. Ils auraient pu chercher à lui faire du mal. Malgré le fait qu’elle se battait de toute sa force, s’agrippait à son col en se voulant menaçante, il aurait très bien pu la faire plier, la mettre à genoux par la force, si telle était sa volonté. Ou bien appeler la milice et les laisser décider du sort de cette pauvre femme. Évidemment, le sang bleu n’était pas ainsi. Malgré les outrages, il avait envie de chercher plus loin, de creuser sur la surface, de comprendre pourquoi et comment elle en était arrivé là. Sa violence et son état reflétaient simplement l’étendue de sa peine et son désarroi. Il comprenait très bien tout cela, en bon maître de la mélancolie et la détresse humaine. Il ne pouvait pas s’empêcher d’éprouver une certaine empathie pour les autres, une volonté d’être utile, de prêter main forte, qu’on se souvienne de lui en ces termes. Se rendre presque indispensable pour quelqu’un.

Il la sentit alors relâcher quelque peu son emprise, se calmer, alors qu’elle étouffait un sanglot. Elle se devait de rester forte, de ne pas craquer. Alors que même que s’il ne la connaissait pas, il avait envie de lui dire qu’il saurait éponger ses larmes, que ses pleurs n’étaient pas une honte. Bien sûr, il n’osa rien de tout cela et se contenta de la regarder, tenter de se redonner une constance acceptable. Il n’osait jamais trop en dire, de peur de franchir les limites de la bienséance, de peur de se trahir lui-même et de rester bloqué sous le joug d’une trop forte émotion qu’il ne saurait contrôler. Et les Trois savent à quel point le comte de Rivefière aimait garder le contrôle en toute situation, ne pas se laisser dépasser par les évènements, préparer, choisir et anticiper sciemment ses paroles et actes.

Roland observe alors la femme se défaire de lui, aller se poser un peu plus loin, posant ainsi une distance entre eux plus respectable. Le calme après la tempête, cela fait du bien, le repose, même s’il sent que la tornade est prête à repartir au moindre de ses faux-pas. Il tente alors lui-même de maîtriser sa posture, son verbe, afin de paraître autoritaire, mais rassurant ; ferme, mais protecteur. Lui faire comprendre qu’il ne lui souhaite aucun mal, qu’il est là pour l’aider et l’empêcher surtout de commettre l’irréparable, de se jeter dans la gueule du loup et d’y perdre bêtement la vie.

Ce qu’elle fait ensuite n’était pas prévu, elle pense comprendre et voir ce qui se cache derrière les réactions du noble, est-ce qu’il y a perdu, assurément. Mais là n’est pas le sujet, ce n’est pas de lui dont il est question. Il ferme simplement les yeux une demi-seconde, son expression et son silence sont suffisamment éloquents pour qu’elle le comprenne définitivement, il semble vouloir dire -oui, j’y ai perdu, considérablement. Une part de mon âme est restée là-bas, à jamais- Mais il ne le dira pas, restera simplement muet, pour se concentrer sur ses problèmes à elle et uniquement à elle.

Elle revint s’approcher de lui, son regard le glace une seconde fois, il serait presque tenté de reculer d’un pas, lorsqu’elle vint se stopper à quelques millimètres de son visage. Mais il n’en fait rien. Il a terriblement gagné en assurance malgré lui, après toutes ces épreuves. Avant, il aurait détourné le regard, sûrement gêné par la situation et intimidé par ce regard qui le scrute félinement. Mais là, il reste immobile, solide sur ses appuis et plonge son regard également dans le sien. Acier contre feu.
Elle semble trouver en lui un espoir, une échappatoire tentante, elle sent qu’il a les moyens de lui venir en aide. Il hoche la tête, il ment quelque peu. Il espère sincèrement ne pas avoir à entrer de nouveau dans cette foutue zone de non-droit. Ce lieu de mort, ce chaudron des damnés.
Mais dans le pire des cas, il n’aura sans doute que ce qu’il mérite, une mort juste au milieu des monstres, une errance infinie. Ils n’en sont pas encore là, elle accepte. L’aîné des Rivefière lâche un très léger soupir de soulagement, à peine perceptible. La tension était tellement palpable entre eux, il ne savait vraiment pas s’il parviendrait à la raisonner, elle qui était folle de rage et indomptable. Il a bien fait de se maîtriser lui-même, abandonner la force pour la faire plier, ce qui apparemment ne fonctionnait pas du tout sur elle, habituée peut être aux maltraitances de la vie, elle s’était endurcie.

Il l’écoute alors attentivement lui raconter quelques lignes de son histoire. Ce ne sont que quelques mots, mais ils suffisent à ce qu’il comprenne un tant soit peu de quoi il retourne. L’arrivée de la fange a dû décimer sa famille, amis, tous ses proches. Elle a trouvé en cette troupe, plus que des amis, presque une famille aimante et dévouée, des êtres pour l’aider à continuer d’avancer. Il comprend l’affection qu’elle leur porte. Ils sont tout ce qui lui reste.

- « Laissez-moi d’abord enquêter de mon côté, ce sera l’affaire de quelques jours, ne tentez rien, tenez vous tranquille. Je vous reparlerai de ce que je veux en échange, lorsque j’aurai des informations à vous transmettre. Disons retrouvons nous ici dans deux jours, même heure. »

Sur ces mots, il partit. Il savait qu’il avait capté son attention, il savait qu’elle gardait cet infime espoir. Gardant la description de l’homme et sa troupe qu’elle lui avait faite, il devait se mettre en quête.



Deux jours plus tard, il arrivait au lieu de leur précédente rencontre. Elle était déjà là, ce qui rassura d’emblée le noble.

- « Ravi de voir que vous n’avez rien tenté de stupide et respecté les termes de notre accord. » Dit-il , rassuré. « J’ai de bonnes nouvelles à vous apprendre, rassurez-vous. » Il préférait procéder ainsi, faire retomber la tension rapidement, afin qu’elle ne se remette pas dans d’un état incontrôlable, qu’elle soit apte à l’écouter, à saisir et boire ses paroles.
« Je n’ai pas eu la délicatesse de me présenter, je suis Roland de Rivefière. Puis-je connaître votre nom ? »

C’était la moindre des choses, au vue des paroles prononcées et des actes commis.
Il la laissait parler, respirer, reprendre peut être son souffle. Il marcha le long de la ruelle, l’invitant à en faire de même. Il appréciait parler en marchant, sans mettre de côté l’idée qu’il était fort probable qu’elle le stoppe à tout instant pour le confronter directement.
Il reprit cependant la parole, sur ses quelques pas.

- « Je me suis rendu avant tout au temple, afin d’être sûr que le chef de la troupe que vous cherchez n’y était pas. Je suis assez connu du temple, pour y travailler. J’ai interrogé les prêtres, les soigneurs. Ce nom ne leur dit absolument rien, ni même la description de l’homme. C’est peut être signe qu’il n’a tout simplement pas été gravement blessé, alors j’ai gardé espoir. »

Il marqua alors une pause, examinant l’expression de la brune, avant de reprendre.

- « J’ai alors fait jouer mes contacts dans la milice, je connaissais bien un milicien qui est en charge des rondes dans cette partie du goulot, il m’a confirmé à avoir vu votre homme en vie. Je n’en sais pas plus sur le reste de la troupe, il a pas su me dire qui et combien de personnes étaient avec lui précisément. Mais ce chef des macchabées, cet homme squelettique que vous recherchez, je vous donne ma parole qu’il est toujours en vie et pas dans le chaudron. »
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Cérène BoiserelSaltimbanque
Cérène Boiserel



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MessageSujet: Re: Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène].   Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène]. EmptyLun 11 Nov 2019 - 12:12
Il a le regard vague, comme plongé dans une absence éphémère lorsque ses paupières se ferment douloureusement et que dans tout son corps, dans ce silence pesant où chaque seconde est une poignée de cendres, est secoué d’hurlements. Dévasté, plus qu’il ne voudrait l’admettre, Roland n'est plus qu'un spectre qui trimbale en son ombre l'angoisse qui pèse en son âme depuis le Chaudron. Sa détresse silencieuse a quelque chose de résolument touchant, diablement intrigant, elle a déposé sur ses traits une souffrance infinie mais dans ses mots résonnent l’écho d’une force étrange.
Comme s’il était en perpétuelle lutte contre lui-même pour ne pas céder. A quoi, elle ne sait pas.

Soudain, Il a parlé. Avec un peu trop d’autorité, peut-être.
Et il s’est détourné. Un peu trop rapidement, peut-être.

Alors que Roland s'efface de sa vue, Cérène ne le retient pas ni ne le regarde. Ses yeux se fixent sur la muraille fantomatique, ce faible barrage face au fléau qui grouille à l'intérieur. Une voix plus inquiétante s'infiltre dans son esprit, cynique et malsaine. « Pourquoi t'obstines-tu pour lui, pour eux ? Voyons, n'as-tu donc pas compris depuis un moment qu'ils étaient perdus ? Il t'a rejeté alors pourquoi cherches-tu à te débattre face à une vérité qui n'est que sous tes yeux. Laisse, Cérène, reste avec les autres. Ne t’aventure plus là-dedans, ils sont morts. Il est mort.
Ou alors il est l’un des leurs.
»
Elle ferme les yeux et réfléchis intensément à chasser cette voix intérieure qui n'est plus qu'un vaste écho sinistre.
Non. Je refuse de les laisser partir.
Brutalement, elle fait volte-face et ses cheveux s’envolent dans sa course comme lorsqu’on agite un mouchoir de soie noire.

La veille de revoir Roland, Cérène a cauchemardé.
Courant dans une forêt marécageuse à la poursuite des macchabés, elle se retrouve face à l’immense étendue d’eau poisseuse. Ils sont face à elle, Cérène se précipite vers eux en faisant le tour, trébuchant plusieurs fois dans sa course folle pour les rejoindre.

« — Arrêtez-vous ! Arrêtez, je– La voix éraillée et essoufflée, la peur lui scie les jambes tandis que les macchabés s’avancent comme hypnotisés par l’eau. Elle se reprend bien vite et se jette sur eux telle une furie. S’il vous plaît, arrêtez ! Supplie-t-elle en vain en tentant de les stopper dans leur avancée funeste. Arrêtez… Elle étouffe un sanglot, sans hésitation et indifférent à sa panique, le cortège silencieux des Macchabés s’enfoncent et sombrent un à un dans l’eau noire. Seuls les bulles d’eau trouant la surface trahissent encore leur présence. Se tournant et retournant brusquement sur elle pour trouver une solution, ses yeux s’écarquillent et se figent sur une silhouette la dépassant sans lui accorder un regard.

Kryss.

Sous la lumière laiteuse de la lune, les marécages apparaissent dans un sinistre manteaux de brume. Kryss avance sereinement dans l'eau qui atteint premièrement ses chevilles, ses mollets, genoux, bassin, et désormais son cou. Ses cheveux sont soulevés par le vent, il s’enfonce puis disparaît sous les eaux noires. Elle s’approche et s’arrête brutalement, engluée dans l’eau jusqu’aux chevilles, incapable de bouger. Cérène ferme douloureusement les yeux, sa tête tangue et son pouls se fracasse dans sa gorge en vagues successives. Kryss est là, en dessous, en train de la fixer. La surface qui les sépare n’est plus qu’un sombre miroir froid. Son visage délavé hurle silencieusement de les rejoindre dans cet abîme insondable. Ses yeux vitreux et délavés braqués sur elle ne clignent pas, ses doigts émaciés griffent l'eau pour lui saisir les mains, Cérène sent alors la terreur sourde qui s'abat sur elle comme la foudre. D’un réflexe aiguisé, elle tente de bondir en arrière mais les deux mains jaillissent de l'eau pour lui saisir les chevilles et la coupe dans son élan. En se débattant comme une tigresse, elle se fait tirer au fond du marécage qui n’est plus qu’une sépulture de morts où les macchabés se laissent tomber dans les profondeurs, Cérène se débat pour regagner la surface mais les mains de Kryss l'attirent dans le fond. Elles remontent jusqu’à sa taille jusqu’à l’en entourer d’une passion possessive, ses yeux sont blancs et ses lèvres s’étirent en un sourire dément d’où s’échappent une nuée de bulles.
Elle tombe. Elle tombe comme une pierre dans un puits sans fond.
Son cœur lui fait signe qu'il existe en lui donnant des coups de poignard.

« — AH ! » Et propulsée dans un élan de survie terrifiant, elle se redresse, le cœur vomissant d’angoisse dans sa poitrine. Léandre est en face d’elle et l’observe. Elle reste immobile mais tremble, les yeux levés vers lui, dans l'obscurité la plus totale. Il lui saisit le bras sèchement, la lève et l’emmène un peu plus loin. Il se dépouille d’une veste et lui dépose doucement, d’une délicatesse fragile sur les épaules de peur qu’elle se brise. Elle tremble et est agitée. Elle va pour le repousser violemment mais il la retient à nouveau par le poignet en l’attirant contre lui fermement.

« — Viens, ne fuis pas s’il te plaît, c’est fini. Je suis là, c’est fini, calme-toi. » Il n’y a aucune hargne dans ses mots, seulement le murmure d’une empathie immense. Il la serre fort contre lui, et elle est restée muette, emmurée dans le silence.

Il n’a rien demandé ce jour-là ni piqué de ses mots acerbes et fourchus. Peut-être que le fait de la voir aussi vulnérable, de voir cette beauté ternie par cette fragilité désarmante la rend encore plus noble et désirable qu'elle ne l'a jamais été.

___


Une nuée d’oiseaux flottent au-dessus d’elle.
Cérène descend l'une des avenues déserte du Goulot, les quelques maisons abandonnées et la puanteur âcre défilent de chaque côté, elle enjambe quelques carioles renversées et meubles abandonnés. S’arrêtant lentement en voyant un groupe de la milice au loin, elle s’adosse lentement contre un mur. Le soleil est face à elle et s'élève jusqu’au bout du ciel, ses éclaboussures de lumières transpercent les quelques amas de nuages comme une enclume rayonnante. Cérène ferme les yeux et se réchauffe pour se rassurer et tromper la crainte. Ses longs cheveux bruns ont été négligemment attachés en chignon, laissant quelques mèches dissidentes tomber de part et d'autre sur son visage. Commençant doucement à se détendre, tout faire pour reprendre un semblant de contrôle, faire comme si tout était normal. Mais une image des Macchabées apparait comme un flash sous ses yeux et une petite plainte aigüe et saccadée s'étouffe dans sa gorge.
Des pas s’approchent d’elle, une voix s’élève.

J’ai essayé de rester sage même si ça n’a pas été simple. En sourit-elle faiblement en répondant du tac-au-tac avec un semblant de malice, les yeux toujours clôt. Elle en ouvre doucement l’un puis l’autre tandis qu’elle se décolle du mur pour s’avancer délicatement vers lui.

Roland de Rivefière…, ce nom lui semble familier, mais d’aussi loin qu’elle cherche à s’en souvenir rien ne lui vient en mémoire.
Sa phrase la détend brutalement, comme s’il vient de lui ôter des épaules tout le poids du monde. Si son but est d’accaparer toute son attention ; il n’a plus qu’une Cérène suspendue à ses lèvres. L’adrénaline de l’impatience brûle dans ses veines même si son attitude est plus maîtrisée, plus calme.

Cérène…, répond-t-elle doucement et avec prudence. Je m’appelle Cérène.

Sans crier gare, lors de ses révélations, elle lui prit les mains qu'elle noue aux siennes, l'obligeant à lire cette lueur brûlante de détermination dans ses yeux verts. Le soulagement s’abat comme un couperet tel qu’elle a l’impression que son cœur se comprime dans sa poitrine jusqu’à l’étouffement.

Ils sont en vie ? Répète-t-elle bêtement en écho d’une voix qu’elle espère calme mais bouillante d’espoir. Un sourire lent et doux vient illuminer son visage comme l’aube sur le monde avant de disparaître presque aussitôt. Merci. Merci pour tout.

L’espoir… Un sentiment qu’elle refuse d’abandonner et qui lui fleurit l’intérieur du cœur désormais.
Elle se recule en délaissant ses mains en baissant la tête avec reconnaissance et respect. Décalant l’une de ses mèches rebelles derrière ses oreilles, elle se contente de garder une attitude digne et calme. Mais l’heure n’est pas aux réjouissances et Cérène est bien trop pudique pour affirmer son soulagement face à un inconnu qu’elle ne connaît pas et qu’il lui a apporté la réponse à toutes ces questions.
Les services ici ne sont jamais gratuits.
Reprenant la marche, Cérène murmure.

« — Quel est votre prix ? J’imagine que – Elle inspire doucement, avant de reprendre. J’imagine que vous n’avez pas fait ça gratuitement. Elle soupire doucement. Dites-le-moi, même si je suis endettée à vie, la révélation que vous m’avez faite en… Elle poursuit d’une détermination farouche et sans hésitation, appuyant ses derniers mots avec fermeté. valait le coup. Elle reprend, maintenant, sûre d’elle. Pourquoi avoir fait ça pour moi, qu’avez-vous à y gagner ?
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CatatonieMaître du jeu
Catatonie



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MessageSujet: Re: Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène].   Le retour est inévitable ♠ [PV Cérène]. EmptyLun 9 Déc 2019 - 18:59


Elle était là, cette femme qu’il avait décidé d’aider sans réellement en saisir la source. Ce pourquoi avait fini par hanter ses pensées, par le questionner au plus profond de ce mal qui le rongeait de plus en plus. Ce mal incontrôlable n’avait de cesse de programmer en son intérieur, pour autant, afin de ne plus penser, de ne pas réaliser cet état de fait Roland de Rivefière avait fait jouer l’ensemble de ses relations pour trouver des réponses à des questions qu’elle se posait. Détaillant celle qui se déplaçait désormais non moins de sa silhouette, le comte ne put que conserver cette mine fermée qui ne le quittait plus. Jugeant qu’il était plus agréable de progresser dans le lieu presque sans vie, où le bruit des hurlements hantait encore son esprit, il préféra lui donner immédiatement la bonne nouvelle. Kryss était en vie. Jetant un œil en sa direction pour constater sa réaction, il ne put que lui-même se projeter sur cette sensation, avait-il côtoyé la mort de proche, avait-il dû tuer pour soi-disant le plus grand nombre et de ce soi-disant héroïsme il ne ressentait aucune satisfaction.

- « Enchanté Cérène »

Ensuite, c’est l’immobilisation, un instant, juste un instant, alors ses doigts viennent s’enrouler dans les siens, l’obligeant à s’arrêter, l’obligeant à la regarder elle, son étincelle de vie illuminant ce regard soudainement plein de peps. Elle semble surprise, attendre une confirmation des paroles qu’il a déjà dit. Étaient-ils tous en vie, Roland l’ignorait, il n’avait eu de véritable indice sur la survie que du meneur de cette étrange troupe Kryss, pour autant il avait cette certitude inconsciente que l’ensemble était encore en vie. Comment un meneur aurait-il pu abandonner sa troupe ? Difficile à croire. Déposant sa main libre sur le dessus du méli-mélo de doigt, il lui offre un demi-sourire, hochant simplement la tête dans une affirmation.

- « Ils sont en vie »

L’instant d’après, la marche semble reprendre, mais l’atmosphère est différente, pour elle tout du moins. Lui, cela ne lui a rien apporté, il avait eu cet espoir naïf de ressentir un peu de satisfaction, un peu de déculpabilisation, mais rien, absolument rien. C’est encore le néant dans sa poitrine, les hurlements des morts, les grognements des bêtes et cette distance qu’il était obligé de prendre. Pourrait-il se pardonner, avancer, il commençait à en douter et quand elle l’interrogea sur ce qu’il attendait en retour, le comte ne sut quoi répondre. La détaillant une nouvelle fois sans émotion, il se contenta de secouer la tête, roulant une épaule qu’il laisse retomber mollement.

- « Je n’attends rien » fit-il en redressant le menton pour regarder devant lui « Que vous restiez en vie serait un bon compris » avoua-t-il « Le sang a déjà beaucoup trop coulé dans ces rues. » il laissa un silence s’installer, continuant à avancer en se massant le bas du visage comme dans un élan de réflexion « Je n’ai pas fait ça pour vous, je l’ai fait pour moi » conclut-il « Cela n’a cependant pas eu l’effet que j’espérais, on ne peut malheureusement pas rattraper des actes passés, on ne comble pas le mal qui a été fait. »

Relâchant son menton, il avait laissé un soupir fuir ses lèvres, avant de s’immobiliser à son tour, afin de contempler le massacre au loin, le peu qu’il reste, le peu qu’il y avait. Marbrume était encore debout, mais lui semblait être à genou, à terre. Déglutissant, il ne pouvait repousser les souvenirs, les vagues d’agression visuelle qui venait lui piquer la rétine.

- « Tâchez au moins de le retrouver, de lui parler sans détour. Vous étiez prête à vous suicider sans qu’il ne soit au courant, ne trouvez-vous pas ça dommage Cérène ? Ce n’est pas une fois mort qu’on peut rattraper le temps perdu. » il inclina poliment la tête « Votre dette, vous l’avez envers vous-même, faites-moi cette promesse de ne pas vous oublier et de vous réaliser, cela me suffit largement. »

Il s’immobilisa définitivement, pivota vers cette jeune femme qui lui semblait moins inconsciente que lors de leur première rencontre :

- « C’est ici que je vous laisse Cérène. Puissiez-vous trouver ce que vous cherchez ! Qui sait, peut-être que nos chemins se recroiseront et passer le bonjour à votre Kryss pour moi, mh ? »

C’est sur cette bonne parole que Roland de Rivefière s’éloigna, pour disparaître plus loin, il n’avait plus rien à faire ici, il en était convaincu. Elle avait obtenu ce qu’elle voulait et lui, pas vraiment, mais était-ce seulement le plus important, il en doutait.

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