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 Dans l'oeil du condamné [Libre]

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Landric L'OiseauMilicien
Landric L'Oiseau



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MessageSujet: Dans l'oeil du condamné [Libre]   Dans l'oeil du condamné [Libre] EmptyJeu 25 Juil 2019 - 18:57
Traînant des pieds, Landric rentrait à la caserne après sa prière quotidienne. Il avait eut du mal à se décrasser aux thermes du temple: ces dernières semaines, retirer sa broigne lui semblait toujours un supplice. Le traumatisme n'était pas près de se dissiper: sans armes et sans armure, il se sentait insupportablement vulnérable, alors entièrement nu! Il ne prenait plus la peine de profiter de cette eau pourtant si délassante, sa seule obsession était d'être à peu près propre avant de retrouver le refuge de sa bonne vieille broigne usée. Sa raideur lui faisait l'effet d'une muraille de protection, et désormais, c'était le seul endroit où il se sentait à peu près en sécurité. Il ne se déplaçait plus non plus désarmé, sa hallebarde reposant en un poids rassurant dans sa main.

Il se rendait toujours au temple, comme aux thermes, hors des heures de fréquentations. Landric voulait éviter d'avoir de mauvaises pensées dans un lieu sacré, ce qui arrivait trop souvent quand les bains étaient pleins. De plus, il préférait être en paix pour prier, sans personne pour l'entendre psalmodier ou pleurer, dans ses pire moments. On avait bien assez mis en doute sa virilité pour qu'il en ajoute une couche en sanglotant publiquement. L'heure juste avant la fermeture était idéale: tous rentraient déjà chez eux pour manger et Landric pouvait prier sans subir l'agitation autour des autels.

Mais la nuit finissait toujours par tomber, et lui était contraint de retrouver la caserne, où il avait toujours un devoir à remplir. Il n'avait plus son entrain d'antan: certes, ils avaient eut quelques succès, mais dans l'ensemble, leur combat contre les Fangeux commençait à lui faire penser à un cerf noyé sous les attaques des loups, agitant en vain ses bois face aux fauves qui lui tenaient la gorge. A quoi bon? Le désamour d'Anür leur avait été prouvé de multiples fois, ils étaient tous damnés. Ce soir là, son humeur était particulièrement sombre, aucune prière n'avait su lui lui insuffler un peu d'optimisme.

Comme pour lui arracher ses dernières bribes d'espoir, un triste spectacle l'attendait sur la Place des Chevaliers. On menait, encore, un pauvre bougre vers une fin tragique. Landric ne doutait pas qu'il l'avait cherché, mais la scène restait difficile à regarder. Il était manifestement terrifié, freinant des quatre fers alors qu'on le tirait vers son bûcher, encadré par deux miliciens. L'Oiseau n'échappait pas à la fascination morbide qui poussait les foules vers les exécutions publiques et presque malgré lui, il ralenti le pas et s'arrêta tout à fait, en marge des gens qui se pressaient autour de l'exécution. La pendaison était encore plus miséricordieuse.

Le condamné était déjà lié au centre du bûcher: il vivait ses derniers instants et n'en avait que trop conscience. Il ne criait pas, ne disait rien, mais roulait de gros yeux exorbités, comme cherchant du regard un moyen d'échapper à son destin. Mais il n'y en avait pas, Landric le savait: il avait vu la prise solide que ses collègues avaient sur les bras de l'homme et la façon dont ils avaient serré les liens. Il tremblait si fort qu'il pouvait voir ses jambes flageoler malgré la distance. La paille s'enflamma avec force fumée, bientôt une odeur de viande cuite envahirait toute la place.

Les flammes montaient rapidement, léchant le bois sec comme pour le goûter avant de le dévorer. Le regard vide de ses yeux injectés de sang, qu'il pouvait toujours voir à travers les volutes de fumée, paru encore plus insupportable à Landric. Anür ne pardonnait plus personne désormais, il ne pouvait même pas espérer que l'homme trouve la paix. Il se répéta encore une fois que cette mort atroce, le condamné avait dû largement la mériter: on ne brûlait pas un homme pour rien. La scène ne lui avait pas moins fendu le cœur. Il ne se sentait pas le courage de rester jusqu'à la mort du condamné et il tourna les talons, prêt à retourner à la caserne.
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Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



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MessageSujet: Re: Dans l'oeil du condamné [Libre]   Dans l'oeil du condamné [Libre] EmptyJeu 25 Juil 2019 - 22:31
Qu'avait mené Bérard à revenir céans, sur cette place sordide où l'odeur de mort planait encore ? Lui-même n'aurait su le dire. Parti s'affairer quant aux nombreux préparatifs liés à son départ, le chevalier s'était mis en route pour regagner ses quartiers au port avec quelques verres dans le nez. C'était la triste corolaire du nouveau couvre-feu : on buvait plus tôt. C'est ainsi que le grand blond s'était retrouvé à dériver dans les venelles de Marbrume ; que ses pieds le menèrent là où, quelques semaines plutôt, on avait livré bataille à la Fange.

Par la volonté du duc - pardon, du roy - et grâce au moyens subséquents, l'endroit avait été remis en état. Cependant, si ça et là quelques traces des affrontements persistaient, c'était surtout dans le souvenir de tous que l'hécatombe était encore présente - quand bien même eût-on rebaptisé la place cent fois encore. Du reste, qu'il soit éponyme des chevaliers ou des pendus, l'endroit n'en était pas moins dévolu à la même sinistre besogne : c'était céans qu'on envoyait ad patres la canaille.

Comme si renommer la place l'eût rendue plus jouasse, ruminait Bérard alors qu'en face, on menait au bûcher un infortuné gredin. Un an plus tôt, le même ladre eût été jeté hors les murs, et l'affaire aurait été entendue ; fût-il assez fortuné pour être simplement mordu par un fangeux et survivre, qu'on l'aurait même envoyé quelque part servir, au Labret ou ailleurs! Hélas pour l'homme, son crime n'était pas le bon. Bérard cracha : son esprit aviné s'égara un instant, alors que la lueur des premières flammes faisait rayonner les quelques gibets qui encadraient encore la place.

La Fange avait curieusement changé les pratiques ; ces reliques d'un autre temps témoignaient le goût qu'on avait eu autrefois de pendre à foison ici-même. Mais avec le Fléau, c'est le feu purificateur qui était devenu à la mode ; cela n'avait du reste guère empêché l'arrivée d'une troisième pratique pratique : le découpage en bonne et due forme des cadavres, tant il est vrai qu'on avait jamais vu un étal de boucher se relever d'entre les morts. Tout ceci ne manquait pas d'ironie : autrefois, la décapitation avait été l'apanage de la noblesse coupable ; le bûcher son triomphe mortuaire. Aujourd'hui (et les affrontements d'il y a quelques semaines l'avaient bien montré), on étêtait en masse et les cadavres finissaient par cramer communément à l'image d'une rôtisserie géante. La Fange rapproche grands et petits, pensa le chevalier dans un ricanement. Qui sait ? Peut-être que, malheureuse de cette indistinction, la noblesse demanderait bientôt à balancer au bout d'une corde...

Alors qu'un puissant fumet s'échappait du condamné encore hurlant, la foule commença déjà à se disperser. Était-ce le crépuscule et la promesse royale d'une mort certaine pour quiconque trainerait ses chausses nuitamment ? Ou bien le spectacle lui-même s'essoufflait-il ? C'est qu'entre les cris pires que ceux d'un goret qu'on saigne et les effluves dignes d'un festin de cochonnaille, l'exécution rappelait par trop d'égards la proximité entre natures humaines et porcines. Il faudrait du reste encore un bon moment avant que l'infortuné soit complètement calciné. À mi chemin entre l'effroi et l'ennui, nombreux devaient penser avoir mieux à faire.

Ce n'était cependant pas encore le cas de Bérard, que ses sens engourdis avait rendu propice à l'hypnose du spectacle. À la fois fasciné et horrifié, il lui était impossible d'ôter ses yeux de la scène, ressentant presque comme un devoir d'y assister jusqu'à la fin, d'en assimiler toute l'atrocité. À ce titre, voir la gueusaille s'éclipser lui était odieux. Peut-être espérait-il seulement, au fond de lui, ne pas être l'unique esprit malade à vouloir contempler ce sinistre dans son entièreté ; qu'un autre lui fournisse comme une caution morale demeurant mêmement. Quoiqu'il en soit, il finit par prendre à partie un homme non loin, qui faisait mine de tourner les talons. À son accoutrement, il avait tout l'air d'être du Guet - une raison de plus pour qu'il reste, puisqu'in fine c’était sa coterie qui était à l'origine de tout ceci. « C'était un homme bon, j'ai entendu dire, lança le grand blond à son voisin. Quelle mort de merde... »
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Landric L'OiseauMilicien
Landric L'Oiseau



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MessageSujet: Re: Dans l'oeil du condamné [Libre]   Dans l'oeil du condamné [Libre] EmptyVen 26 Juil 2019 - 0:13
La fascination de la mort ne laissa pas Landric aller si facilement. Il lui semblait que l'homme le suivait du regard, de ses yeux trop blancs dans ses chaires déjà noircies. La foule se dissipait déjà, comme si il n'y avait pas, dans toutes ces têtes, la capacité de saisir la pleine mesure de l'horreur qui se déroulait sous leurs yeux. Comme si le spectacle, somme toute plutôt habituel, était devenu banal pour eux. On y prêtait à peine plus d'attention qu'à un cochon tué par son voisin. Landric lui, n'en finissait pas d'être frappé, comme une gifle traînant sur plusieurs minutes. Il était resté figé, jambe en l'air, incapable de conclure son geste et d'enfin, s'éloigner.

N'avait-ont pas eu assez de massacre ces dernières années? Particulièrement maintenant, il y avait eu des morts dans une quantité que Landric avait du mal à se représenter, un chiffre qu'il avait même du mal à imaginer. Un de plus ne devrait pas le choquer ainsi, pourtant, alors que les cris du condamné se faisaient de plus en plus rauques. La lumière du jour baissait, annonça le couvre-feu, mais l'éclat du bûcher n'en devenait que plus éclatant et la silhouette noire du condamné, de plus en plus visible dans les flammes. Une voix fini par l'extraire de sa contemplation morbide.

Landric dû lever la tête pour regarder son interlocuteur, ce qui était assez rare pour être noté. C'était un grand jeune homme blond, imposant et il décela dans son discours, une pointe de désapprobation. L'Oiseau en fut contrarié: il n'y était pour rien, ce n'était pas lui qui venait de traîner cet homme à la mort, et encore moins ordonné qu'on le fasse. Il croisa machinalement les bras, se sentant soudain vaguement menacé. Landric fut tenté un moment de s'en aller comme il l'avait prévu, sans répondre mais se ravisa et se campa solidement sur ses jambes à côté du grand blond.

"Vous le connaissiez?" demanda-t-il, sur un ton presque léger.

Il ne voulait pas laisser à l'inconnu l'idée qu'il avait saisi le sous-entendu dans sa remarque. La milice était certes responsable des exécutions, mais s'employait chaque jour à garder les fesses de ce genre de beau-parleur resté en sécurité derrière les murs, et de lui ramener à manger. Il ne voulait pas lui céder un pouce de terrain. Avec un pincement au cœur, Landric se rendit compte que le condamné avait cessé de crier. Si il avait de la chance dans son malheur, il avait été étouffé par la fumée, sinon, il s'était juste rompu les cordes vocales.

L'Oiseau était fatigué, à présent, plus que jamais. Il aurait voulu rentrer et retrouver son lit de la caserne, mais la remarque de l'inconnu l'avait piqué au vif. Il ne voulait pas lui laisser de raison de penser qu'il se sentait coupable de cette mort, il n'en était que profondément triste, effrayé par la nature humaine. Rien de tout cela n'était sa faute. Ou bien si? Landric doutait, ses penchants contre-nature étaient peut-être une part de ce qui avait déchainé le courroux d'Anür et l'établissement de cette mise à mort. L'entêtement l'emporta sur le doute au bout d'un instant déchirant: non, pour cela du moins, il n'avait pas de culpabilité à ressentir. Il n'y était pour rien dans la mort de cet homme.
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Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



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MessageSujet: Re: Dans l'oeil du condamné [Libre]   Dans l'oeil du condamné [Libre] EmptyLun 29 Juil 2019 - 18:12
Des préoccupations du nouveau venu quant au poids moral dont la milice écopait en exécutant pareilles menées, Bérard n'en perçut que t'chi, à moitié plongé dans cette torpeur mi-fascinée mi-alcoolique où on l'avait surpris au début de la scène. Tout au contraire, la question du milicien fit en sorte qu'à son tour, le grand blond se sentit incriminé : après tout le macchabée n'avait pas terminé comme ça sans une faute idoine, or par association, Bérard eût presque fini coupable. Ne dit-on pas qu'un homme se juge par ses fréquentations ? Le bâtard d'Ergueil en avait certes de bien mauvaises, mais à sa connaissance aucune n'avait jamais finie sur un bûcher.

Il eût donc naturellement à cœur de se dédouaner, rétorquant un « Mh-mh » plein de verve, assorti d'un non de la tête. Mais c'était bien peu et, à l'évidence, Bérard n'avait guère de moyen pour prouver qu'il ignorait tout du ladre. Absence de preuve n'est pas preuve d'absence, s'emberlificota l'esprit aviné du chevalier qui, faute de pouvoir répondre par la rhétorique, se mit donc en tête de changer de sujet. Ça sent le cochon, pensa de nouveau Bérard, mais hé, aller confier à un gars du Guet que l'odeur des brasiers vous évoquait la boustifaille, c'était encore la meilleure idée si l'on voulait finir avec un enquesteur venu tout droit du temple! Après tout, ne rôdait-il pas céans quelques ensauvagés qu'on disait avoir des penchants cannibalesques ? Là encore peu désireux de rejoindre le crime, fut-il de pensée, par association, Bérard se tint coi. Il lui devenait cependant de moins en moins aisé de trouver quelque idée nouvelle, comme si les précédentes - assorties de leur conséquences néfastes - ne quitteraient les méandres de sa caboche embrumée d'alcool qu'au petit matin.

Fatalement, la conversation ne s'éloigna guère de l'omniprésent sujet, quand Bérard hasarda ces quelques mots : « Dans le temps, à la capitale, ça se faisait de récolter le suif des hérétiques. D'aucuns en faisaient du savon, j'ai jamais su bien pourquoi, c'est pas les porcs qui manquent que je sache, mais à ce qu'il se disait, ça partait comme des petits pains. Un peu comme ces donzelles à qui on vend les vîts des condamnés, mais hé, je suis pas juge! » Bordel, comment en était-il arrivé là ? « Au moins le savon il se nécrose pas, reprit un Bérard des plus incohérent, même qu'il lave. Là non plus, je suis pas juge - quoique de laver dans du suif de macchabée.. Mais hé! Ouais, euh, j'ai jamais su si le Guet faisait de même. C'est que les porcs, y'en a plus tant. Vous savez, vous ? » D'ordinaire laconique, le grand blond voyait sa langue se délier après quelques verres ; c'était cependant souvent à son plus grand dépit, et il se massa lui-même un instant les tempes, digérant encore à moitié ce qu'il avait articulé.
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Landric L'OiseauMilicien
Landric L'Oiseau



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MessageSujet: Re: Dans l'oeil du condamné [Libre]   Dans l'oeil du condamné [Libre] EmptyMer 7 Aoû 2019 - 14:05
L'inconnu était un vrai moulin à paroles, et semblait-il, passablement ivre. Landric l'écoutait d'une oreille, sans quitter des yeux le bûcher qui ne se résignait pas à faiblir. Il babillait, hésitant, sans se rendre compte du peu d'intérêt que lui portait son interlocuteur, au sujet de savon à base de graisse d'hérétique. La question fini toutefois par attirer tout à fait son intention. L'idée faisait froncer le nez au milicien, il n'avait jamais entendu parler d'une telle pratique, mais espérait bien qu'elle n'ai plus court, surtout pas derrière les murs de Marbrume: non seulement c'était dégoutant, mais en plus il lui semblait que c'était en soi une hérésie.

Pouvait-on faire pire crime? Utiliser les restes d'un impie pour se laver avec dans une parodie de purification était une des choses les plus répugnantes qui soit jamais arrivé à ses oreilles, à égalité avec les histoires de cannibalisme qui couraient toujours par les temps de famines sans qu'on puisse en tirer le vrai du faux. C'était arrivé à la capitale, peut-être, mais sûrement pas ici, au delà d'être criminel, c'était stupide, voir suicidaire. Landric en était certain, tous n'étaient que trop conscients de s'être attiré la colère divine pour se lancer dans ce type de rituel de magie noire. Du moins, il l'espérait: ils étaient tous assez en défaveur pour ne pas ajouter la sorcellerie à la liste de leurs forfaits, dont les répercussions retomberaient sur leurs têtes à tous.

"Je n'ai jamais entendu parler de telles pratiques, mais si c'était le cas, ceux qui s'y livreraient auraient vite fait de rejoindre les autres criminels sur le grill." répondit-il, froidement pour dissimuler son malaise.

Il vint soudain à l'esprit de Landric que ce grand dadais cherchait peut-être à se procurer ladite substance. Il n'avait pas la moindre idée des propriétés que l'on pouvait prêter à ce genre de savon, préférait d'ailleurs ne pas les connaître, mais son regard sur l'homme passa d'irrité à suspicieux. Il était là pour protéger personnes et marchandises des griffes des fangeux, mais ne se pardonnerait pas de regarder passer un criminel doublé d'un hérétique sans rien faire, même si c'était là les fonctions de la milice intérieure. Si celui-ci mijotait quelque chose en rapport de près ou de loin avec de la sorcellerie, il voulait au moins être au courant, histoire de faire passer cela à ses camarades si une arrestation immédiate n'était pas envisageable. Landric s'efforça de garder une expression neutre quand il tourna la tête vers le gaillard pour ajouter:

"De même que tous ceux qui seraient assez fou pour prendre part à ce commerce, ou de ceux qui en sauraient quelque chose sans rien en dire."

La menace dans sa voix était à peine dissimulée: c'était peut-être trop frontal pour pousser l'homme à se découvrir si il dissimulait en effet quelque noir dessein. Il était trop tard pour revenir en arrière, sa manœuvre n'était pas très fine, mais au moins avait il appuyé la position sans faille du Guet sur ces sujets. Il n'avait aucun doute de voir, quoi qu'il advienne, cet homme attaché sur un poteau si il s'avérait qu'il avait un rapport de près ou de loin avec ce genre d'activité.
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Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



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MessageSujet: Re: Dans l'oeil du condamné [Libre]   Dans l'oeil du condamné [Libre] EmptyMer 9 Oct 2019 - 20:55
Une moue pincée fit écho aux mises en garde du factionnaire, dont le zèle professé suscitait la goguenardise du bâtard d'Ergueil. La belle affaire, pensa ce dernier en se figurant le Guet trop occupé pour traquer les fangeux à cause de sombres histoires de trafic de savonnette. Un ricanement aviné vint inévitablement dérider le visage de notre héros, quand de fil en aiguille son esprit parvint à la conclusion et à la blague salace que ce sujet attirait inlassablement, mais bien vite toutefois, Bérard perçut que son humour, fut-il muet, n'était pas à sa place.

C'est que non content de le toiser, le milicien prit à partie cette fois-ci clairement notre pauvre hère, l'associant par là même aux factieux dont Bérard avait fait le récit. Dire que ce dernier s'était fendu de quelques racontars par une volubilité toute droit sortie de sa dernière chopine, et désormais son babil devenait affaire d'état ; avec lui le premier concerné. Eût-il parlé de gitons, qu'on l'eût brocardé sodomite ? Sentant bien qu'on l'attirait là sur un terrain glissant, le bâtard d'Ergueil récusa toute avanie.

« Hola non, chevrota-t-il tout en levant les deux mains, vous y êtes pas du tout! Pas du tout! » L'homme voulut feindre un rire franc et clair, mais un hoquet transforma celui-ci en un ricanement gêné. « Je mange pas de ce pain là, moi! renchérit Bérard, ah que non ! » Et ainsi, s'était presque rassuré lui-même de son innocence (qui du reste était patente), le bâtard d'Ergueil tourna les talons, secouant la tête tandis qu'il prenait congé, comme s'il considérait désormais cette seule possibilité comme une farce.
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