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 Sang et cendres [Rowan & Joséphine]

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Joséphine ClaircombeMilicienne
Joséphine Claircombe



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MessageSujet: Sang et cendres [Rowan & Joséphine]   Sang et cendres [Rowan & Joséphine] EmptyMar 27 Aoû 2019 - 9:55
- 2 juillet 1166 -

À deux heures de marche au nord-ouest d'Usson, une curieuse scène se jouait dans une ferme abandonnée du Labret, autrefois demeure familiale des Claircombe. Depuis plusieurs mois, la maison était le théâtre de réunions secrètes entre l'aînée de la famille, Joséphine, et la cadette Violette, dont le ventre n'avait cessé de s'arrondir depuis leur toute première entrevue. Et si tout cela se passait dans la confidentialité la plus totale, c'est parce que les circonstances en faisaient aujourd'hui des ennemies naturelles plus que des sœurs. Violette portait la marque des bannis et Joséphine portait l'uniforme de la milice, enfin façon de parler.

Au fil de leurs rencontres, la milicienne avait tenté de persuader Violette d'abandonner le projet qu'elle avait de confier son enfant à naître au Temple de Marbrume. Elle avait pensé, à tort, que l'invasion qu'avait connu la ville deux mois plus tôt lui aurait fait réaliser qu'aucun endroit dans ce monde n'était à l'abri de la Fange, qu'aucun mur, aussi épais soit-il, ne pouvait réellement contenir la menace indéfiniment. Rien ne put ébranler la détermination de sa sœur et Joséphine finit par s'y résoudre : après tout, une mère n'était-elle pas censée savoir ce qui était le mieux pour son enfant ?

Si la question obsédait autant Joséphine, c'est parce qu'elle avait cultivé en secret l'espoir de voir un jour sa famille réunie sous ce même toit, reprendre l'activité familiale et vivre une vie paisible. Quoique... paisible ou pas, cela n'avait en réalité aucune espèce d'importance. Elle se sentait le courage d'affronter n'importe quoi, pourvu qu'elle soit entourée. Mais ce n'était rien de plus qu'un rêve. Un rêve qui prendrait fin bientôt.


- Est-ce que tu te souviens de la famille Malterre ? Ils avaient une ferme près d'Usson eux aussi et il nous arrivait de jouer avec leurs enfants. Il se trouve qu'ils ont survécu, enfin certains d'entre eux. L'aîné est mort pendant l'invasion du Labret mais le cadet, Arthur, a repris la ferme de ses parents.

- Je m'en souviens. Il n'en pinçait pas pour toi à l'époque ? Il venait toujours à la ferme pour parler avec Sébastian mais... c'était juste un prétexte pour te voir.
- C'était il y a longtemps, éluda rapidement Joséphine, mal à l'aise. Le fait est que je lui ai rendu visite, il est marié maintenant, mais il se souvient de nous et... j'ai obtenu de lui son aide pour te loger le temps que...
- Je sais qu'il t'aimait bien mais est-ce que tu lui fais vraiment confiance ?
- Oui. Je crois que ça lui fait plaisir de rendre service à de vieilles connaissances, des gens qu'il a connu avant tout ça.
- J'imagine que nous n'avons pas d'autres options, de toute façon.
- Aucune qui soit sans danger. La bonne nouvelle c'est qu'avec tous ces exils au Labret, ta présence sera plus facile à dissimuler.

Le plan était simple : faire accoucher Violette au Labret dans un endroit sûr, les laisser reprendre des forces elle et le bébé, puis faire le voyage jusqu'à la cité, quand l'enfant en serait capable, tandis que sa mère repartirait pour sa vie clandestine, dans un village de bannis dont elle seule connaissait l'emplacement et dont elle refusait catégoriquement de parler. Joséphine comprit bien vite que, même si la vie était loin d'être idyllique, elle y avait des amis, des gens sur qui compter et qui remplaçaient aujourd'hui la famille qu'elle n'avait plus. L'idée de les mettre en danger la terrifiait.

- Ce ne sont pas tous des monstres, avait-elle dit. Mais je pense qu'ils voient d'un très mauvais œil le fait que nous nous voyions.
- Tu leur en as parlé ?
- Non mais je ne serai pas surprise s'ils m'avaient fait suivre. Je crois qu'ils s'imaginent que je pourrais les trahir malgré moi. Je veux juste protéger mon enfant, c'est tout.
- Tout va bien se passer Violette, je te le promets.

Mais rien ne se passerait bien. Et c'était une promesse que Joséphine regretterait le reste de sa vie.


- 18 juillet 1166 -

Deux jours de retard. Elle avait deux jours de retard. On l'avait retenue à la caserne pour une affaire importante et elle n'avait pas pu s'y dérober. Et cette route qui n'en finissait pas, la contrainte de s'arrêter chaque nuit alors qu'elle avait encore l'énergie de marcher des heures pour rejoindre sa sœur... Des badauds innocents lui posaient sans arrêt des questions alors qu'ils cheminaient ensemble sur la route qui les emmenait à Usson, et ses réponses laconiques ne suffirent pas à lui garantir la paix. « Vous aussi, on vous a chassée de la ville ? ». « Vous êtes un genre de mercenaire pour porter l'épée à la ceinture, comme ça ? Vous protégez les convois ? ». « Vous avez de la famille au Labret qui pourrait nous héberger ? ».

Elle se demanda jusqu'à quand son ancienne ferme resterait abandonnée, avec tous ces nouveaux venus qui cherchaient désespérément un endroit où vivre. Peut-être même que les exilés avaient déjà envahi les lieux, et étaient tombés sur sa sœur sur le point de donner la vie ? Non, il ne fallait pas qu'elle pense à ça. Elle était convaincue que tout se passerait pour le mieux, retard ou pas. Sa sœur avait vécu des situations bien plus difficiles que celle-ci, elle s'en sortirait.

Alors qu'elle était à mi chemin entre Usson et sa maison, de lourds nuages noirs obscurcirent le ciel, prêts à décharger quantité de pluie sur les cultures et paysages environnants. C'était d'ordinaire un spectacle attendu par bon nombres de fermiers qui craignaient que la sécheresse de l'été ne déciment leurs récoltes, mais depuis quelques années, c'était surtout un spectacle craint par tous. Joséphine pressa le pas, puis se mit carrément à courir lorsque les premiers grondements du tonnerre se firent entendre au loin. A son plus grand soulagement, elle passa les portes de son ancienne maison juste avant que les premières gouttes de pluie tombent sur le sol calciné.


- Violette ? Violette, c'est moi ! appela t-elle tout en montant quatre à quatre les marches de l'escalier pour se rendre dans les chambres du haut. Je suis vraiment désolée, je n'ai pas pu venir avant et c'était la folie sur les routes. Il commence à pleuvoir, on ne va pas pouvoir rejoindre la ferme des Malterre aujourd'hui.

- Où étais-tu passée ?!

Sa sœur était apparue sur le seuil de leur chambre si vite qu'elle la fit sursauter. Elle était passablement échevelée et des larmes perlaient au bord de ses yeux noisettes. Elle avait l'air totalement paniqué, ses mains tremblantes s'agrippaient à ses vêtements comme si elle souffrait le martyr.

- Je t'ai dit, je suis désolée, j'ai... Violette, ça va ?

- Je t'ai attendue ! s'exclama t-elle au bord de l'hystérie. Je t'ai attendue et tu n'es pas venue, j'ai cru que tu ne viendrais jamais, j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose sur la route, que j'allais devoir vivre ça toute seule... Je ne veux pas être toute seule.

Cette fois, elle pleurait pour de bon.

- Pardon, pardon Violette, mais je suis là maintenant, ça va aller.

- Non, ça ne va pas aller Joséphine. J'ai mal. Ça commence, j'ai perdu les eaux, ça fait des heures. Je ne peux plus marcher, j'ai mal, et j'ai peur !

Elle ne mentait pas, un rapide coup d'oeil sur ses vêtements ne trompaient pas. Et elle pleurait de plus belle, sans doute en proie à une crise de panique. Elle n'était pas censée accoucher avant plusieurs semaines et pourtant... ça arrivait, là, maintenant. Au pire moment. Et il lui fallait garder la tête froide, parce que visiblement sa sœur n'en était plus capable.

- Très bien, très bien. D'accord.


Elle s'autorisa quelques respirations très profondes. La panique pouvait la submerger à tout moment si elle ne s'appliquait pas à vider son esprit des pensées parasites. Ce n'était pas ce qui était prévu.

- Joséphine !

- Déjà, ne reste pas debout, assieds-toi, ou allonge-toi, mets-toi dans la position la plus confortable possible.

Le confort était très sommaire mais puisqu'elles n'avaient plus le choix... Ce n'était vraiment pas ce qui était prévu.

- Je ne veux pas maintenant, pas ici, se lamentait sa sœur, toujours tremblante.
- Notre mère a mis au monde cinq enfants sous ce toit et tout s'est très bien passé. Ça va aller Violette, je suis là. On va le faire ensemble. Je dois juste... trouver des linges, il doit sûrement en rester dans les malles là-haut. Et de l'eau. Regarde, ça tombe bien, il pleut. Les dieux sont avec nous.

Elle le pensait à moitié.

- Ne me laisse pas.
- Juste le temps de ramener ce qu'il faut. Tout va bien se passer.

Tout va bien se passer. Elle se le répéta mentalement alors qu'elle s'appliquait à chercher des restes de linges dans la maison, au fond de vieilles malles rouillées. Heureusement pour elle, le linge de maison n'avaient pas particulièrement intéressé les pillards qui avaient visité sa maison. Au dehors, une pluie torrentielle s'abattait sur le toit, plongeant la demeure dans un vacarme assourdissant.
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MessageSujet: Re: Sang et cendres [Rowan & Joséphine]   Sang et cendres [Rowan & Joséphine] EmptyMar 27 Aoû 2019 - 13:27
Dans le village des bannis, les quelques rares mains innocentes étaient entourées des pires crapules de l’humanité. Violeur, assassin, voleur et escroc se côtoyait chaque jour et pourtant. Pourtant, la fange n’avait pas eu raison d’eux. Non, au contraire, ils s’étaient adaptés à travers la sélection naturelle et avaient finalement constitué une nouvelle société. À ne pas douter, beaucoup devait se demander comment tout cela était possible. Pourquoi et comment ne s’étaient pas encore entretuer ? La réponse était assez simple : ils n’avaient pas le choix. La survie les poussait à collaborer et suivre des règles strictes établies. Quiconque dérobait à ce règlement était sévèrement puni. Et la plus fondamentale d’entre elles était de ne jamais mettre la colonie en danger.

Hors, les allez-venus d’une femme depuis maintenant quelques mois avaient mis la guilde en alerte. Pas étonnant lorsqu’on savait celle-ci enceinte jusqu’au cou. Naturellement, les regards, les rumeurs et les inquiétudes avaient fait leur chemin en la voyant si active malgré sa condition. Elle préparait quelque chose, mais quoi ? Des hommes l’avaient suivi à travers les bois, jusqu’à découvrir qui elle rencontrait aussi désespérément. Une proche retrouvée visiblement, rien donc qui puisse les inquiéter outre mesure…. Si ce n’est son enrôlement à la milice.

Ce faisait plusieurs jours, semaines peut-être même, qu’on n’avait plus de nouvelle d’elle. Les suspicions se faisaient de plus en plus ressentir et les tensions palpables. Une amie pour certains, une traîtresse pour d’autres. Mais maintenant qu’elle n’était plus, le doute gagnait les esprits. Tous savaient à quel point une mère pouvait avoir des gestes désespérés pour son enfant… Allait-elle les vendre contre son immunité ? Allait-elle les mettre en danger inconsciemment ? Avait-elle été capturée et interrogée ? Personne ne le savait.

Dans un long et lent grincement, sa main enveloppée dans un gant de cuir poussa la porte de bois avec une méfiance à peine dissimulée. Dehors, la colère des dieux faisait rage dans un fracas insoutenable. Son manteau ruisselant venait ainsi détremper le sol par sa seule présence. Un, deux pas suffirent pour que le banni n’entre dans la maison. Une vieille ferme abandonnée depuis bien des années, depuis moins, officiellement. Main à son épée, son visage encore masqué par sa lourde capuche à sa tête, il balaya du regard la pièce à vivre. D’apparence, personne ne se trouvait ici, d’apparence seulement. Car, c’était bien le galop d’un cheval qui avait su retenir toute son attention.

Patient, silencieux, il referma derrière lui l’entrée avant d’entendre des cris désespérés provenir de l’étage. Une chance pour lui, le vacarme de la pluie et de l’orage, masquait aisément sa présence. Marche après marche, le rouquin se rendit à l’étage avant de finalement entrevoir, à travers le cadre de porte, celle qu’il avait mis des jours à retrouver.

Son visage scruta aux alentours à la recherche de la milicienne, mais se décida à s’avancer, lentement.

« Violette. »

Désormais debout à ses côtés, le regard froid plongé sur la pauvre femme en plein travail alors que sa lame avait quitté son fourreau, un lourd silence inquiétant s’installa dans la pièce. Perdu dans ses pensées, Rowan ne démontra aucune réaction lorsqu’enfin la milicienne revint les rejoindre dans la chambre.

Évidemment, sa présence interloqua à bien des raisons cette dernière qui se précipita d’énoncer un tas de questions et/ou de menaces. Rien qui ne put pour autant réellement intimider le banni qui était à son avantage dans cette situation.

« Je suis le père. »

Annonça-t-il dans un long soupir avant de ranger son arme et ôter son chaperon. Dévoilant ainsi sans hésitation son visage à cette dernière, il échangea un long regard avec celle enceinte pour qu’elle ne daigne pas le contredire trop rapidement. Mensonge bien entendu, jamais il n’avait touché ni posé un regard sur cette dernière qu’il ne connaissait que brièvement. Il avait toutefois espoir que cela puisse adoucir, ne serait-ce qu’un peu la mise en garde de celle-ci. Du moins, si la bannie s'était montrée aussi évasive sur l'identité du père avec elle que dans le village.

« Cela fait des jours que je te cherche. »

Le ton était étrangement doux et rassurant. Pas une once d’hostilité n’émanait de lui jusqu’à ce qu’il pose son attention sur l’intruse.

« Et elle ? C’est qui ? »

Ses sourcils froncés, il dévisagea la milicienne afin de comprendre son identité. Sur ses gardes, il n’hésiterait pas à ressortir son épée ou user de sa dague. Mais maintenant qu’il était aussi proche de la femme enceinte, seul un inconscient essayerait de s’en prendre à lui. Autant l’une que l’autre devait savoir le carnage que cela pourrait produire…
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Joséphine ClaircombeMilicienne
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MessageSujet: Re: Sang et cendres [Rowan & Joséphine]   Sang et cendres [Rowan & Joséphine] EmptyMar 27 Aoû 2019 - 18:24
La souffrance laissa place à la stupeur, au moins pendant un bref instant. Pourquoi lui ? Et pourquoi maintenant ? De tous les visages connus au village, ce n'est certainement pas le sien que Violette s'attendait à voir passer cette porte. Elle ne connaissait que son nom et sa sombre réputation, celle d'un homme imprévisible, certainement pas porté sur la compassion qu'on serait en droit d'attendre dans des circonstances aussi particulières. Son estomac se serra, sa mâchoire également, et les larmes dégringolèrent sur ses joues rougies ; elle se sentait plus vulnérable que jamais. Pourquoi sortait-il sa lame de son fourreau ? Avait-il l'intention de la tuer, ici et maintenant ?

- Pitié...

Violette tenta de se recroqueviller sur elle-même, mais une nouvelle contraction raidit tout son corps ; elle gémit de plus belle. La panique, le stress, tout cela venait la submerger, elle ne contrôlait plus rien du tout, alors elle se laissa aller aux cris, et aux pleurs. Un instant plus tard, qui lui parût d'ailleurs une éternité, Joséphine émergea, les bras chargés des quelques draps et linges qu'elle avait pu retrouver. Elle se figea sur le seuil, les yeux d'abord rivés sur l'intrus, puis sur l'arme qu'il tenait à la main. Ni une, ni deux, sa propre épée quitta son fourreau, et bien qu'elle n'amorça aucun mouvement dans sa direction, elle semblait prête à lui bondir dessus.

La pièce était bien trop exiguë pour un combat, et la situation ne s'y prêtait guère plus car il était hors de question de prendre le moindre risque de blesser Violette. Pour autant, impossible pour elle de rejoindre sa sœur pour la réconforter tant qu'elle ignorait qui il était et surtout ce qu'il leur voulait. Elle avait beaucoup de mal à croire qu'il s'était simplement « égaré » jusqu'ici pour se mettre à l'abri de l'orage.

Elle l'observa remettre son arme au fourreau, toujours sans mot dire, et quelque chose finit par se décontracter dans son estomac.


- Je suis le père.

Voilà qui était... inattendu. La milicienne chercha le regard de sa sœur pour lui confirmer ou infirmer cette information. Elle n'y trouva qu'une profonde détresse.

- Ça fait des jours que je te cherche. Et elle, c'est qui ?

Joséphine fronça les sourcils. C'était plutôt à elle de poser les questions ici.

- C'est ma sœur, répondit faiblement Violette qui semblait soulagée de voir Rowan ranger son arme. Elle darda ensuite sur Joséphine un regard lourd de sens, comme pour l'inciter à suivre son exemple., ce que bien évidemment elle ne fit pas, encore bien trop méfiante.

- Je croyais que tu ne savais pas qui était le père ?
- C'est... plus compliqué que ça, répondit Violette qui ne voulait pas envenimer la situation.
- C'est l'un des hommes qui t'a fait du mal ?
- Non ! S'il-te-plaît, Joséphine... range ton arme. Ce n'est... vraiment pas le moment.

La milicienne sembla peser le pour et le contre. A vrai dire, son arme ne lui servait pas à grand chose et l'état de sa sœur la préoccupait plus que ce prétendu père sorti de nulle part. C'est non sans une certaine hostilité dans le geste qu'elle finit par rengainer son arme.

- Et il a un nom, ce père tombé du ciel ?

Puisqu'il n'avait pas pris la peine de s'adresser à elle directement pour savoir qui elle était, elle en ferait autant. Violette sembla hésiter à répondre à sa place puis se ravisa. Elle ne devait donner aucune information à sa sœur qu'il ne donnerait pas lui-même, c'était l'assurance de ne pas mettre Joséphine en danger. Tout, elle devait tout faire pour apaiser la situation, bien que celle-ci semblait lui échapper à mesure que les minutes s'écoulaient.

- Puisque vous êtes là, j'imagine que vous allez prendre vos responsabilités ? Le travail a commencé et il n'est plus question pour elle d'aller où que ce soit. Il va falloir mettre l'enfant au monde ici, et vous allez m'aider.

Elle ne lui laissait pas vraiment le choix, même si l'idée de le savoir proche de sa sœur la mettait mal à l'aise pour une raison qu'elle ne pouvait expliquer.

- Il va me falloir de l'eau, je pense que vous n'aurez pas de mal à en trouver.

Et au moins elle se débarrassait temporairement de lui, le temps de mettre les choses au clair avec Violette. Elle sentait que cette dernière ne lui disait pas toute la vérité.

- Est-ce que... tu peux t'en charger, Joséphine ?

- Et te laisser seule avec lui ? Hors de question.
- Mais je te le demande, fais moi confiance. J'aimerais... être seule avec lui un moment.

La milicienne dévisagea sa sœur comme si cette dernière était folle, mais après un instant de réflexion, elle les laissa finalement tous les deux, non sans préciser qu'elle n'était pas très loin, et qu'elle ne le resterait pas bien longtemps. Le bruit de ses pas s'éloigna et Violette osa enfin prendre la parole pour s'adresser directement au rouquin.

- Je n'ai rien fait de mal.

Elle avait le besoin de se justifier, comme si cela apaiserait tout.

- Je ne voulais pas que l'enfant grandisse au village, je voulais qu'il vive avec les autres, dans la cité. Alors j'ai demandé de l'aide à ma sœur. Elle ne sait rien du tout, et elle n'a rien besoin de savoir. Elle va juste prendre l'enfant et disparaître... Et moi je reviendrai au village, vous n'avez rien à craindre. Ne fais pas de mal à ma sœur, je t'en prie...

Peut-être n'avait-il aucune mauvaise intention en venant ici après tout, mais elle devait s'en assurer.
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MessageSujet: Re: Sang et cendres [Rowan & Joséphine]   Sang et cendres [Rowan & Joséphine] EmptyMar 27 Aoû 2019 - 20:21

Calme et pourtant aux aguets, le banni observa silencieusement les échanges entre les deux sœurs. Heureusement pour lui, Violette savait parfaitement se comporter. La seconde en revanche semblait déjà plus impulsive et hostile. Rien d’étonnant, mais il peut déjà se satisfaire de la voir ranger son arme. Ceci étant, le rouquin n’était pas du genre à relâcher la garde si facilement. Relevant un peu le visage en sa direction pour la jauger, ce ne fut qu’après un temps qu’il daigna lui donner son nom.

« Rowan. »

C’est tout ce dont elle avait besoin de savoir. Pourquoi ne pas mentir ? Inutile. Elle était déjà bien trop impliquée pour qu’il puisse prétendre être ce qu’il n’était pas. Évidemment, l’idée de s’en débarrasser le moment venu restait une option viable dans son esprit. Restait à juger quand était ce moment. Visiblement pas maintenant en tout cas, pas alors que sa sœur était sur le point de mettre au monde un enfant. Il aurait nettement préféré pouvoir la retrouver la ramener au village encore portant, mais bon… Il fallait savoir s’adapter, malheureusement.

Violette semblait par ailleurs en avoir totalement conscience. Raison pour laquelle, elle profita de l’occasion pour lui parler seul à seul ou plutôt, le supplier. Son visage n’était pas tendre. Aucun sentiment de sympathie ne pouvait s’y lire alors qu’il continuait de perdre son regard sur sa situation. De douloureux souvenirs se ravivaient dans son esprit à cette vision. Le visage de sa femme se déposa un instant sur celui de la bannie. La tuer serait comme la tuer une seconde fois, impossible donc. Il n’en avait ni le cœur ni le courage, aussi cruel soit-il. Un long soupir s’échappa alors de ses lèvres.

« Je ne ferais rien… Sauf si elle se révèle devenir une menace. »

Son expression s’était adoucie, tout comme son ton. Curieusement d'ailleurs, sa main était venue lentement caresser son front, replaçant une mèche derrière son oreille. Il ne mentait point, du moins pas totalement. Pour l’heure, il n’avait réellement pas l’intention des les nuire. Non, il préférait apaiser la situation pour rassurer la future maman. Ce qui adviendrait après… Peu importe, il fallait d’abord se concentrer sur le moment présent et pour le moment, ils avaient un bébé à faire naître.

« Dis-moi, que puis-je faire pour aider ? »

Avait-il demandé le plus simplement du monde, totalement impuissante face à la situation. Il faut dire qu’il n’avait jamais eu l’occasion d’assister à un accouchement, même si par le passé, il en avait longuement rêvé.

Contre toute attente donc, il porta son attention sur la pile de tissus qu’avait amenés la milicienne. Il se précipita à les ramasser pour soigneusement les ranger proche du lit. De là, il finit par rejoindre le cadre de la porte et s’adresser à celle qui pour l’heure, était une alliée.

« Joséphine, c'est ça ? Besoin de soutien ? »

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MessageSujet: Re: Sang et cendres [Rowan & Joséphine]   Sang et cendres [Rowan & Joséphine] EmptyMar 17 Sep 2019 - 21:41
Violette tressaillit lorsque le banni approcha sa main. Bien que les mots qui sortaient de sa bouche auraient été de nature à l'apaiser, elle se sentait, d'une certaine façon, prise au piège. Savoir que sa sœur milicienne et un banni se retrouvaient sous le même toit avait tendance à lui faire craindre le pire, quand bien même l'heure n'était pas à la querelle. Quant à savoir si sa soeur ne deviendrait pas une menace pour lui, ça, elle ne pouvait pas le promettre. Une nouvelle contraction chassa cette pensée de son esprit, et bientôt tout ceci n'eut plus aucune importance. Quoi qu'il puisse se passer, elle voulait que cela se passe vite.

- Prie Anür pour que tout se passe pour le mieux. Surtout... surtout pour l'enfant, répondit-elle à Rowan, le visage crispé de douleur, quand celui-ci lui demanda ce qu'il pouvait faire, comme si sa vie à elle n'avait aucune importance.

Après tout, que pouvait-il faire d'autre ? Elle-même ne savait pas quoi faire, elle avait naïvement pensé que son accouchement aurait lieu dans un endroit plus sûr, et qu'elle serait entourée de personnes sachant gérer ce genre de situation. Peut-être qu'Anür n'avait pas envie que cela se passe bien... Il ne lui était arrivé que de mauvaises choses ces dernières années, c'était bien un signe que les dieux n'étaient pas de son côté. Doucement, les larmes commencèrent à rouler à nouveau sur ses joues.

Joséphine ne tarda pas à revenir avec un vieux seau débordant d'eau de pluie. Elle l'avait trouvé dans l'arrière cour et fut heureuse de constater que certaines choses n'avaient pas bougé de place depuis leur fuite, comme si elles attendaient sagement le retour de leur propriétaire. Le regard qu'elle adressa au rouquin manquait certes de chaleur, mais ce fut encore bien pire lorsqu'elle remarqua les larmes de sa sœur ; elle semblait avoir l'intention de le blâmer pour chaque chose qui tournerait mal à partir de maintenant.


- Du soutien ? Vous avez déjà fait ça avant ?

Un accouchement était une affaire de femmes, les hommes n'avaient pas leur place dans un moment pareil. Seul un garçon de ferme saurait à peu près à quoi s'attendre, et, bizarrement, Joséphine doutait que ce soit le cas de Rowan, même dans une vie antérieure. Cela étant, et la vie des bannis étant ce qu'elle était, il n'était pas improbable qu'il se soit déjà retrouvé dans une situation similaire malgré lui.

- Ne me dis pas que toi non plus tu n'as jamais fait ça avant...
- Eh bien... J'ai assisté notre père pendant les vêlages quelquefois...
- Merveilleux. Une vache, une femme, après tout quelle différence ?

Joséphine grimaça.

- La charge émotionnelle n'est pas la même, c'est certain. Mais je suis sûre que tout ira bien.

Si seulement il ne pleuvait pas autant, elle aurait peut-être eu le temps d'aller chercher de l'aide dans les fermes voisines. Décidément le sort s'acharnait. Il ne leur manquait plus qu'un fangeux au rez-de-chaussée, histoire de compléter le tableau.

- Je vais devoir regarder où elle en est dans le travail, annonça t-elle finalement à Rowan, une façon fort polie de lui demander un peu d'intimité. Si on a de la chance, il reste peut-être de quoi allumer un feu en bas. Vous pouvez y mettre tout ce que vous trouverez, la plupart du mobilier est en miettes de toute façon. Et si vous avez une petite lame sur vous... j'en aurais aussi très probablement besoin le moment venu.

Le regard apeuré de sa sœur ne passa pas inaperçu.

- C'est pour le cordon, précisa t-elle alors, sans faire mention des autres cas dans lesquels elle pourra en faire usage.
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MessageSujet: Re: Sang et cendres [Rowan & Joséphine]   Sang et cendres [Rowan & Joséphine] EmptyMer 25 Sep 2019 - 21:56


Grave et silencieux, Rowan ne pouvait que rester figé et immobile face à la situation. D’apparence stoïque, son âme était pris à une vague de sentiments lourds et contradictoires, plus encore lorsqu’il entendit les mots et perçut les larmes de la mère à en devenir. Sa vision animait en lui un puissant mépris et pourtant, pourtant… Il se surprit à ressentir une certaine empathie… De l’inquiétude et de la bienveillance pour cette femme qui n’aurait jamais dû se trouver dans pareille situation. Oui, au plus profond de lui, il aurait aimé pouvoir l’aider, elle et son enfant. Mais comme lui avait si bien rappelé la milicienne, son impuissance était tout simplement cuisante.

Faisant fi de l’hostilité flagrante de celle-ci, il consacra étonnement toute son attention sur la seconde. Pas besoin d’être sage-femme, ni même être une femme, pour comprendre à quel point la situation était critique. Après tout, mettre au monde était un art…précieux et les circonstances étaient… L’homme soupira intérieurement avant de relever son regard sur la milicienne qui semblait juste vouloir l’embrocher.

« … Je n’savais pas que la milice manquait d’armement… »

Fit-il un point surpris d’entendre qu’une femme de son rang ne possède elle-même aucune arme. Méfiant évidemment, il avait néanmoins décidé de ne pas se montrer plus hostile et daigna lui transmettre sa dague quelque temps. Ceci fait, il s’en alla à pas lourds vers la porte de la chambre, non s’en s’y arrêter pour jeter un regard derrière lui.

« Je prierai. » Ses yeux se posèrent sur elle un instant avant de se retourner. « Je prierai les Dieux pour vous deux. » Fit-il une dernière fois comme pour répondre à sa première demande et la rassurer sur ce point. Dès lors, il laissa les sœurs dans l’intimité de la mise au monde pour mieux se concentrer sur sa propre tâche. Du feu, avait-elle dit.

« ROWAN ! »

Sa voix singulière retentissant à son oreille. Oui, il se souvenait de sa voix, de son sourire et de ses yeux sombres et pourtant radieux. Oui, il distinguait encore cette longue chevelure d’ébène virevolter sous le vent d’automne alors qu’elle courrait à lui.

« Relia… »

Son sourire n’avait jamais connu plus grande tendresse que lorsqu’il avait posé ses yeux sur elle. Son bras désormais accroché aux siens, c’était avec fierté, mais surtout bonheur indescriptible qu’il s’était mis à longer les bonnes vieilles ruelles marchandes de la Capitale. Jamais, il n’avait été si heureux. Pourtant, il s’agissait là d’une époque de sa vie qu’il tentait désespérément d’oublier.

Sang et cendres [Rowan & Joséphine] 1569441358-relia

« J’ai croisé Dame Montbard aujourd’hui, elle m’a offert ces noix… Elle te passe le bonjour. » Désignant alors la corbeille entre ses mains, elle releva son visage sur lui. Un sourire au coin illuminait ses lèvres alors que ses yeux détaillaient le rouquin. « Elle regrette ne pas te voir plus souvent ! » Un rire simple et pourtant des plus francs s’échappa alors de lui tandis qu’il était pris en flagrant délit. « Très bien, très bien… Nous irons tous les deux la prochaine fois, Madame du Chêne. » Appuyant bien la fin de sa phrase, le rouquin ne put s’empêcher d’accompagner ses dires d’un clin d’œil des plus espiègles tirant ainsi le feu aux joues de sa bien-aimée. « Il faudra t’y habituer, maintenant. »

Le mariage était encore frais, raison pour laquelle ils nageaient tous deux en plein bonheur. Un rêve dont il n’aurait jamais voulu se réveiller.

Ses doigts tendrement entremêlés dans les siens, il amena sa main à ses lèvres pour venir embrasser l’alliance qu’elle avait accepté de porter et qui les unissait désormais éternellement. Comment pourrait-il un jour oublier la sensation de sa peau contre la sienne ? L’odeur de ses cheveux et la douce caresse de ses baisers ? Oui, cette nuit-là, il l’avait embrassé plus que de raison, il l’avait aimé comme aucun homme ne l’avait fait auparavant. Étendu tous deux de larges tissus, il gardait encore en mémoire son regard illuminé par les flammes de la cheminée et son regard tout aussi étincelant.

« Amaryllis… »

« Mh ? »

La main de la belle s’était posée sur les joues de son amant, plongeant alors ses yeux dans les bleus-ciel et interrogateur de ce dernier.

« Notre fille… à la chevelure de feu… Son nom sera Amaryllis. »

Les yeux écarquillés, le pâtissier eut bien du mal à percuter, mais son cœur semblait un instant s’arrêter lorsque…

« Tu…. »

Retenant tant bien que mal l’émotion dans ses yeux, le rouquin afficha un sourire nouveau et indescriptible. « Que feras-tu s’il s’agit d’un garçon ? » Souffla-t-il avec douceur tandis que ses lèvres embrassèrent une énième fois le front de sa bien-aimée.

« Elle n’en sera point ! »

Oui, la chaleur et les rires les avaient ainsi enveloppés, face aux flammes de leur foyer gracié par les Dieux…

Main à son torse, le banni glissa délicatement une chaîne le long de ses doigts, dévoilant ainsi l’alliance qui le reliait encore, quelque part, à celle qui avait capturé son cœur. Désormais seul face à la cheminée, dans un foyer désolé, la douleur de son absence ne s’était en rien atténuée…



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