Messires,

Je m’appelle Théobald Belâtre, j’ai 41 ans et je souhaiterais offrir mes compétences à la Milice. Si mes cheveux grisonnants peuvent trahir une certaine vieillesse, je me porte garant de ma condition physique. Certes, je n’ai plus les mêmes capacités que lorsque j’avais la vingtaine mais je n’envisagerais pas d’intégrer la Milice en charge des excursions si c’était pour me faire dévorer par ces bêtes dès lors que j'aurai mis un pied dehors. Je tiens à la vie tout autant que vous ! Car ma silhouette trapue, revêtue de cette longue cape noire qui cache une musculature forgée au fil des années dans l’armée, pourrait être enviée par certains miliciens !

J’ai donc servi dans l’armée royale au service de la capitale. Je me suis enrôlé comme archer puis je suis très vite devenu, comme peut le prouver mon visage tanné par le soleil, éclaireur, pour ensuite finir officier. J’avais le commandement d’une poignée d’hommes. Nous étions discrets, rapides et avant tout malins. La meilleure manière pour remporter un combat, c’est qu’il n’ait pas lieu ! Tuer à distance, assassiner pendant le sommeil après s’être infiltré dans le campement ennemi, ou tout simplement y mettre le feu, voilà nos spécialités. Nous avions pour mission de récolter des informations soi-disant secrètes et de saper le moral de l’adversaire avant que le gros des troupes finisse le travail.

Je ne suis pas fier de cette manière de faire, j’ai longtemps entendu dire que nous étions dépourvus d’honneur, mais il faut tout de même lui reconnaitre son efficacité et son utilité. Ma mère est morte en me donnant naissance tandis que mon père est – était –  maître d’armes. Je ne sais pas s’il a réussi à fuir ce cataclysme, mais habitant plein ouest, mes espoirs sont bien futiles. C’est lui qui m’a appris le maniement des armes. Je dois tout de même avouer que je ne peux pas porter les armes et armures lourdes. Mon père a décelé dès  nos premiers entraînements une faiblesse dans mon épaule gauche. S’il m’était possible de soulever des épées à deux mains ou bien des haches à double lames, il m’était très difficile de subir les coups. Lorsque ma lame s’entrechoquait contre l’autre, une douleur se faisait sentir dans l’épaule et se propageait à travers tout le dos. Si cette mesquine souffrance était supportable au début d’un duel, elle empirait au fur et à mesure des coups, finissant par plus me permettre la riposte. Heureusement, mon père était un guerrier polyvalent, il m’apprit à tirer à l’arc, à combattre à mains nues et à rivaliser face à une épée longue, avec dagues et autres lames courtes. L’agilité et la rapidité sont devenues mes maîtres-mots face à la force brute. Et je suis convaincu que ces qualités seront pertinentes dans la lutte contre ces abominations.
J’eus donc une enfance heureuse, si nous ne croulions pas sous l’argent, nous n’étions pas pauvres non plus. Mon père réussit à me dégoter un percepteur qui m’enseigna les rudiments de l’écriture et de la lecture. Puis j’atteins très vite l’âge d’intégrer l’armée.

Comment suis-je arrivé là ? A toquer aux portes de la cité qui pourrait bien être la dernière ? Je me trouvais dans le duché voisin à celui de Morguestanc lorsque les premières rumeurs vinrent à nos oreilles. Mon supérieur m’avait laissé un peu de temps pour moi avant la prochaine campagne, mais l’assaut des Fangeux me contraignit à renoncer à l’ouest. J’ai été témoin des pires atrocités en venant jusqu’ici, devant laisser femmes et enfants derrière moi pour ma propre survie. Si j’ai réussis à me débarrasser d’un de ces montres en chemin, j’eus maintes difficultés à ce qu’il trépasse. D’ailleurs, je ne suis pas sûr qu’il soit mort car un garde de la porte m’annonça que ces créatures étaient des défunts. Perplexe en apprenant cela, je ne me suis pas attardé et je me dirigé vers le Quartier de la Milice, là où j’ai déposé cette lettre hâtivement écrite.

Faites moi donc confiance : accordez moi un poste de commandant. Preuve en est, je suis arrivé en un seul morceau jusqu’à Marbrume !