Tentation [PV Esméra, Hector, Rosen]

Sujet: Tentation [PV Esméra, Hector, Rosen] Mer 20 Nov 2019 - 14:20

2 août 1166

La vie à Sombrebois était plaisante. Il y avait certes le danger des fangeux, plus présent qu'à Marbrume... mais entre les gens régnaient une belle solidarité, une belle entente. Et puis, depuis le couronnement du Roi - qui coïncidait avec l'accomplissement de la première partie du chantier du mur de Sombrebois - des gens avaient commencé à immigrer dans le village forestier. Hector avait été bien occupé avec leur accueil et l'organisation de cette nouvelle vie, et n'avait donc pas eu l'occasion de retourner à Marbrume. Pour être tout à fait honnête, il ne souhaitait pas vraiment y retourner. Il y avait laissé la fange, une vilaine blessure et un coup de foudre malheureux. En outre, craignait-il son retour dans la capitale à cause d'un des éléments qui avaient rendu cet amour impossible : la rumeur de contamination des "mordus" et leur bannissement ! C'était inquiétant. Lui-même avait été mordu lors de la campagne du Labret. Cela faisait plus d'un an et il n'avait aucun symptôme de "fangification". A vrai dire, il ne croyait pas du tout en cette éventualité et, heureusement, c'était une de ses fesses qui avait subi la morsure. Il y avait fort peu de chance qu'on aille inspecter cette partie intime de son corps avant de le laisser passer la grande muraille de Marbrume !

En ce 2 août 1166 il se trouvait aux abords de la cité portuaire. Il était accompagné de Rosen. Il avait rendez-vous le lendemain avec la demoiselle d'Hagerth, veuve du baron de Sibran, sur l'Esplanade, pour une affaire surprenante, une sorte de quête au trésor pour laquelle Rosen, sa chère Rosen, archère de talent, qui, si la quête pouvait avoir lieu, serait certainement d'un grand secours. Mais l'heure d'arpenter les marais à la rechercher de ce fameux trésor n'avait pas encore sonner ! Il fallait d'abord voir si la dénommée Esméra pouvait aider le baron à déchiffrer le message du vélin... et si la quête, alors, s'avérait envisageable...

Pour l'heure, nos deux héros approchaient de la queue des visiteurs, Hector sur sa Moto et Rosen sur Frou-frou.

- Bons Dieux quel monde ! Venez Rosen, passons sur le côté.

Pour une fois, le baron profita de son rang pour doubler les paysans et aller rapidement au devant de celui ou celle qui allait - ou non - les laisser passer. Hector portait un beau mantel vert foncé (il avait bien chaud d'ailleurs) et son indévissable chapeau noir. Il s'arrêta devant le milicien affecté au contrôle et déclina son identité.

- Je suis le baron Hector de Sombrebois et voici Rosen, mon chevalier.

C'était sans doute bien suffisant pour leur ouvrir les portes de la capitale...

Sujet: Re: Tentation [PV Esméra, Hector, Rosen] Jeu 21 Nov 2019 - 10:44

Tentation

Rosen feat Hector

Une histoire d’or, de trésor. Évidemment que lorsque Hector m’a proposé de l’accompagner dans cette chasse d’un tout autre genre, j’ai accepté sans me faire prier. Voilà qui est particulièrement excitant !

Bien que le retour à Marbrume me laisse une certaine sensation d’appréhension, ça faisait un moment que je voulais y revenir pour voir ce qu’est devenue la cité.

Je ne suis pas sûre de trouver le temps de faire un tour à la bonne Fortune pour prendre des nouvelles, mais si je peux trouver l’occasion ce ne serait pas plus mal d’ailleurs.

Il y a du monde devant les portes de Marbrume, beaucoup attendent de pouvoir rentrer. C’est alors qu’Hector me surprend plus ou moins positivement ;

Le bougre se sert de son statut pour doubler toute la gueusaille de la file ! Moi qui le pensait niais et trop sot pour profiter de son pouvoir, le voilà qui se réveille un peu. A la bonne heure !

Je le suis, et le voilà qui se présente comme étant le baron de Sombrebois. D’accord, jusque là, pas de problème.
Par contre, je tique légèrement sur la fin de sa phrase.

« et voici Rosen, mon chevalier. »

…

Non mais à quoi il joue encore cet abruti…

Je passe ma main sur mon visage, complètement dépitée avant de m’approcher un peu plus du garde, d’un léger coup de talon à FrouFrou, pour rectifier dans un joli sourire charmeur :

« Je suis la tenancière de la bonne fortune et j’ai dû m’absenter quelques temps… Excusez donc le baron de Sombrebois, il est plutôt farceur aujourd’hui... »

A-t-on déjà vu une femme dans la chevalerie… Ouais, dans ma jolie robe pourpre aux manches bleus sombre, j’ai pas vraiment l’air d’un chevalier, faut-il le dire…

La bonne fortune est plutôt connue, pas très loin de la sortie où nous sommes et elle marchait plutôt bien à l’époque. C’était un établissement plutôt chic et bien entretenu à première vue et beaucoup de Nobles y venait.

J’ignore s’il l’est toujours, mais Marie se faisait pas mal de fric, ça c’est sûr, même si elle vit chichement. A se demander si elle pense pouvoir emporter son argent dans sa tombe…

Pour la petite promotion que je me suis octroyée, il faut dire que ça doit passer plutôt bien.

C’était vraiment moi qui m’occupait de la majorité des décisions, des litiges avec les clients et même une bonne partie du reste, si bien que la plupart des clients pensaient vraiment que c’était moi la tenancière. Marie n’a jamais aimé les responsabilités et a fini progressivement par me déléguer le maximum de choses.

Bon, avec tout ça, j’espère que le milicien va nous laisser passer...

Jean François était sergent et pour la troisième fois de garde à la porte de la grande citée survivante. Ce n’était jamais réellement agréable, jamais vraiment satisfaisant de refuser l’entrée à certains membres de la population, fallait-il toujours faire preuve d’autorité, toujours faire preuve de dureté. Sa lamée était encore ensanglantée et ses hommes venaient d’éloigner un corps d’un banni qui avait tenté de manière bien maladroite de rentrer sans se faire repérer. Éprouvé par cette énième tentative, l’homme d’un certain âge déjà, laissait entrevoir un regard froid, ainsi qu’une stature imposante et particulièrement bien équilibrée. Passant une main dans sa chevelure brune grisonnante, il avisa la longue file qui attendait encore de passer sous sa vigilance. Il avait des ordres stricts, très stricts, trop stricts. Les bannis devaient être éliminé à vue, sans hésitation aucune, les nouveaux bannis devaient être éconduit rapidement. Deux cas spécifiques étaient plus délicats à gérer, pour autant les capitaines avaient été notifiés : Hector de Sombrebois et un autre noble, Ulric de la terre. Ces deux cas particuliers nécessitaient une vigilance sur tous les points et chaque fois méritait une réflexion plus délicate. Chaque fois qu’un nouveau garde se postait à la porte, ou prenait le relais, espérait-il sans aucun doute ne pas tomber sur ces individus. Lorsque le regard azur de l’homme d’armes se perdit dans la foule, qu’il notât celui et celle qui passaient sur le côté, il ne put que penser que cela puait. L’étrange homme qui vivait dans les marais visiblement avec la donzelle ne fut pas reçu chaleureusement. Ni lui, ni elle qui tentait de rattraper un humour bien malvenu du sang bleu.

- « Madame la tenancière, monsieur le baron » fit respectueusement le sergent, conscient des règles de l’étiquette et de la bonne conduite « Raison de votre présence ici ? » demanda-t-il « Avez-vous eu écho des nouvelles règles de notre Roi, ou dois-je rappeler l’ensemble à monsieur ? »

Il passa les mains dans son dos, avec délicatesse, rendant sa posture davantage présente, davantage autoritaire. Il laissait ses doigts s’entremêler dans son dos, préférant jouer la carte de la sécurité et feindre la non-connaissance de certains éléments. Détaillant celle qu’il aurait pu laisser passer, il fronça légèrement les sourcils. Elle était inconnue et visiblement roturière, sa présence proche du baron était un brin déstabilisant et soulevait quelques questions qu’il ne formula évidemment pas.

- « Avez-vous été mordu, il y a peu ou de manière plus ancienne ? Madame ? Monsieur le baron ? »

Politesse simplement, le baron lui-même avait dû être informé qu’il ne pouvait plus se rendre à Marbrume, ni y entrer, là était la triste vie des désormais bannis par morsure. Aucune prise de risque ne serait désormais tolérée, le massacre du couronnement était encore dans bien trop d’esprit et notamment dans celui de Jean François, qui avait perdu, enfant et épouse.

- « Madame, je ne peux vous laisser passer sans être vu par un membre du clergé qui vous auscultera. Monsieur, sans laissez-passer officiel de qui de droit, vous ne passerez pas non plus et croyez le bien, j’en suis désolé. » Affirma le sergent de cette manière neutre « Vous avez dû être informé que pour toute visite, un courrier devait être envoyé à la caserne et sera étudié par les gradés. Aucune visite d’ordre personnelle ne pourra être tolérée ou sujet à une autorisation de pénétrer dans Marbrume, seul des négociations officiel et sur une courte période pour être envisagé à condition d’être accompagné en permanence par un membre du clergé ou de la milice. » C’était ce qu’on lui avait expliqué et il ne serait pas le premier à perdre sa tête pour une erreur grave pouvant mettre la ville en danger « Je n’ai ni autorisation ni laissez-passer vous concernant. Sachez cependant, monsieur, que je suis ravi de rencontrer en personne un homme s’était battu face à la fange dans les murs de Marbrume et navré de vous refuser l’accès. »

Le baron fronça les sourcils. L'aspect du garde et le ton avec lequel il s'adressait à lui semblaient de bien mauvaise augure. Il flairait le coup tordu... et le voyage pour rien. Il avait évidemment eu vent des rumeurs - lorsqu'il avait été soigné au Temple de Marbrume, suite à sa blessure lors de la défense de la capitale, le jour du couronnement du roi - mais il ne pensait pas que les mesures de restrictions s'appliqueraient à lui et ce pour deux bonnes raisons : La première était qu'il était le baron de Sombrebois, parbleux ! La seconde était que personne - ou presque - ne savait qu'il avait été mordu ! C'était il y a si longtemps, durant la campagne du Labret. A l'écart des nobles qui menaient l'expédition, il avait combattu la fange avec un groupe de miliciens dont beaucoup étaient morts. Lui avait survécu bien que sa fesse ait été mordue. Un ou deux soigneurs l'avaient donc su. Mais c'était bien tout. Étaient-ils seulement encore en vie ? La "nouvelle" ne pouvait avoir traversé les marais et le temps pour être ainsi tombée dans les oreilles des hauts gradés de Marbrume ?! Imaginez vous un petit soldat du Labret indiquer à un maréchal de Marbrume : "le baron de Sombrebois s'est fait bouffer la fesse par un fangeux !" pourquoi pas ajouter "ça lui change des prostituées !" et pourquoi pas le dire au roi lui-même, pendant qu'on y est ?! - en y ajoutant évidemment "il a d'ailleurs troussé la femme à Terresang dans vos jardins, sire !"

- Raison de votre présence ici ? demanda le garde au baron.

Devait-il s'abaisser à répondre à ce genre de questions ? Il soupira.

- Je rends visite à la baronne Esméra de Sibran.

L'homme enchaîna sans sembler se soucier le moins du monde de la réponse d'Hector.

- Avez-vous eu écho des nouvelles règles de notre Roi, ou dois-je rappeler l’ensemble à monsieur ?
- Seules quelques vagues rumeurs sont parvenues à mes oreilles, mon brave... Il me siérait, par conséquent, de connaître ces nouvelles règles... si tant est qu'elles me concernent !

Le ton était léger, presque amusé. Aucun courrier concernant un quelconque bannissement n'était parvenu jusqu'au pigeonnier de Sombrebois.

- Avez-vous été mordu, il y a peu ou de manière plus ancienne ? Madame ? Monsieur le baron ?
- Pas le moins du monde, sergent, répondit Hector avec sérénité, ce ne sont que des griffes qui ont traversé ma chair, comme vous avez dû en entendre parler, un sacré coup de griffes, certes, mais que des griffes !

Le visage du milicien ne disait rien à Hector. Il ne s'était pas battu à ses côtés, ce fameux jour du tournoi avorté. Ce visage sembla se crisper aux mots du baron. L'homme répondit d'un long monologue :

- Madame, je ne peux vous laisser passer sans être vu par un membre du clergé qui vous auscultera. Monsieur, sans laissez-passer officiel de qui de droit, vous ne passerez pas non plus et croyez le bien, j’en suis désolé. Vous avez dû être informé que pour toute visite, un courrier devait être envoyé à la caserne et sera étudié par les gradés. Aucune visite d’ordre personnelle ne pourra être tolérée ou sujet à une autorisation de pénétrer dans Marbrume, seul des négociations officiel et sur une courte période pour être envisagé à condition d’être accompagné en permanence par un membre du clergé ou de la milice. Je n’ai ni autorisation ni laissez-passer vous concernant. Sachez cependant, monsieur, que je suis ravi de rencontrer en personne un homme s’était battu face à la fange dans les murs de Marbrume et navré de vous refuser l’accès.
- Merci, mon cher, commença le baron, flatté par l'évocation de ses exploits passés, seulement je n'ai reçu aucune missive, ni aucun messager m'informant de cette étrange situation... Je n'ai par ailleurs guère compris à qui je devais m'adresser pour entrer... mais visiblement pas à vous. Auriez-vous l'amabilité d'avertir qui de droit de ma présence ici afin que nous puissions rapidement répondre à ces nouvelles formalités et ne point être trop en retard à notre rendez-vous. C'est important. Et... la route a été particulièrement longue et éprouvante depuis Sombrebois. Aussi, je vous en prie, soyez efficace - ce dont je ne doute pas !

C'était dit avec le même ton optimiste que précédemment. S'il n'était pas sûr de ce que savaient les "autorités". Une chose était certaine dans son esprit : mieux valait rester poli, détendu et sûr de soi pour pouvoir entrer. La perspective de faire demi-tour et retourner à Sombrebois lui était particulièrement déplaisante.

Le baron s'adressa discrètement à sa fiancée :
- Auscultée par un membre du clergé... Imaginez-vous cela ? Mes aïeux, mes aïeux... dans quel monde vit-on ?

Tentation

Rosen feat Hector

Non, le milicien n’est pas prêt de nous foutre la paix. Il nous pose des questions et semble bien décidé à refuser l’entrée de la cité à Hector. Une histoire de morsure ? Voyons que je réfléchisse… Je ne me souviens pas avoir vu de morsure sur son corps… Je me souviens bien des griffures sur son épaule, des quelques légères cicatrices ça et là, mais une morsure, ça ne me dit rien. Pas sur ses bras en tout cas, ni sur son cou, ni sur son torse, ni sur ses jambes… Peut-être le dos, encore que cette zone me paraît bien difficile à mordre. Il faudra que je regarde tout de même…

Non, ça ne me dit rien là comme ça en tout cas. Peut-être à cause de la griffure alors ?

Le garde nous demande si nous avons été mordus. Hector répond que non, parle des griffes qui l’ont lacéré et il n’a pas l’air de mentir. Je l’espère pour lui… Je n’ose pas imaginer ce que l’on risque s’il se fait également ausculté et que l’on se rend compte qu’il a menti.

« Mordue ? réponds-je à mon tour. Oui, oui, cet hiver j’ai bien été mordue... C’est une histoire amusante. J’étais partie chasser un bon matin dans les faubourgs avec Gilles. Gilles est un très bon chasseur, vous savez ! Il m’a appris pas mal de choses sur comment pister un animal, le tirer... Ainsi donc ce matin-là nous marchions tranquillement et sans bruit dans la forêt – oui car le bruit ferait fuir les animaux… Et alors que nous étions aux abords de l’un de nos pièges creusé dans le sol et recouvert de branchages, un grand sanglier – à moins que ce n’était une laie… vous savez, les femelles sont paraît-il très agressives en période de reproduction… donc je disais qu’un sanglier est sorti de nul part et a commencé à me charger. Il était assez proche et je n’ai pu l’éviter… par chance il a fini par tomber dans le piège emporté par son poids et son élan. Saviez-vous que les sangliers mordaient ? Je ne le savais pas jusqu’à ce jour… J’ai eu de la chance qu’il n’ait pas réussi à me charger… même s’il a bien rattrapé son coup en me mordant. Des anecdotes comme cela, j’en ai tellement… »

Non, je ne vais pas tirer sur la patience du milicien en proposant de lui raconter une autre histoire. Mais voilà que le garde se met en tête de vouloir me faire ausculter par un foutu prêtre maintenant… J’ai peut-être un peu trop tirer sur sa patience en fin de compte, fichtre…

« Auscultée par un membre du clergé... me chuchote mon fiancé. Imaginez-vous cela ? Mes aïeux, mes aïeux... dans quel monde vit-on ? »

Je me contente de sourire pour toute réponse avant de m’adresser de nouveau au milicien :

« Vous savez, la dernière fois que je suis venue à la fin du printemps, on ne m’a pas fait tant d’histoires et on m'a laissé passer. Je n’ai été mordue par aucun revenant d’aucune sorte, et si vous en doutez, je peux toujours me deshabiller et vous montrer… la cicatrice de mon bras part du coude à l’épaule… et on voit clairement qu’il s’agit d’une mâchoire de sanglier… par ailleurs, j’imagine qu’un homme aussi avisé que vous n’est pas sans savoir que je n’aurais plus de bras si c’était un fangeux… si ça n’avait pu être qu’un seul… chose qui me paraît déjà peu probable. Je pense qu’il m’aurait emporté le bras et déchiqueté mon corps… Allons ! Je vous promets que nous ne mordrons personne et que nous ferons pas de cannibalisme… pourquoi déranger d’autres personnes pour si peu ? »

Je soupire avant de terminer.

« Vous pouvez bien me faire ausculter si ça vous chante, tant que vous ne vous renvoyez pas dehors… »

Et si l’abruti qui regarde ma morsure n’est pas foutu de reconnaître une morsure de sanglier, je serai sérieusement dans la merde.

Le sergent détaillait les deux jeunes gens avec ce regard un peu dépité, l’homme d’expérience ne pouvait que comprendre –tout du moins, entendre- la tentative de négociation du baron. Les nobles étaient ainsi, toujours supérieurs, toujours espérer avoir des passes droits dû à son statut. Si le baron en personne conservait cette confiance, le milicien était quant à lui un peu plus agacé. Aussi respectueux soit-il, avoir la terrible sensation d’être pris à la fois pour un idiot et à la fois pour un homme pas suffisamment important pour avoir ce type de conversation. Un soupir s’échappa de ses lèvres, alors que son regard avisait la foule qui s’agglutinait en masse. Que pensait-il ce baron que cela l’amusait d’être là, à devoir vérifier la totalité des corps ou à faire vérifier ? Non. Lui qui avait vécu l’enfer du chaudron semblait si laxiste face au risque, face à la gravité de la situation. L’homme d’armes, bien qu’admiratif des qualités de combats et de soit l’aspect suicidaire de sa psychologie ou particulièrement courageux, il ne savait pas vraiment, ne semblait aucunement prêt à faire la moindre concession. Les ordres étaient les ordres et quand on avait une demande du Roi direct en personne, que le bailli insistait sur le respect et que les capitaines vérifiaient particulièrement l’ensemble. Aucune erreur ne serait admise.

- « Monsieur le Baron, avec tout le respect que je vous dois… » commença-t-il en tâchant de rester correct « Il est peu probable que vous ne soyez pas au courant des nouvelles règles de notre Roi, votre Roi. » Insista-t-il « Vous étiez présent lors de l’invasion, certainement présent aussi quand notre Roi a pris la parole est instauré les nouvelles directives. Nous avons une liste, des noms avec les personnes mordues connus. Pour les membres du peuple, c’est différent, une vérification est faite systématiquement et en cas de doute, soit c’est l’exclusion, soit l’exécution. Je doute que vous souhaitiez en arriver là. » il releva les yeux vers celle qui l’accompagnée, puis vers la foule et de nouveaux vers le Baron « Et si vraiment, vous n’étiez pas au courant monsieur, mieux vaut ne pas l’ébruiter, fermer les yeux sur les directives de votre souverain alors que vous êtes directement affilié à lui, puisque vivant dans son royaume et sur ses terres…. Je doute que cela soit très bien perçu. Surtout dans les circonstances actuelles. »

L’homme glissa les mains dans son dos, hochant simplement la tête, prenant en considération la possibilité de déranger les capitaines en personne pour ce type d’incident. Jean François doutait sincèrement du bien-fondé de la chose, si lui acceptait encore d’être tolérant face à la noblesse, respect du grade oblige, il doutait que ses capitaines épuisés par la situation, les problématiques à gérer soit aussi tolérants. Eux n’étant aucunement soumis à un quelconque respect de la hiérarchie étant sous la direction du bailli en personne, lui-même directement sous les ordres du Roi.

- « Mademoiselle » fit-il en avisant la jeune femme « Je peux entendre votre fatigue et votre histoire aussi »… il hésita un instant « intéressante soit-elle, mais malheureusement, cela ne suffira pas, je n’ai aucune directive vous concernant ainsi si vous le souhaitez-vous pouvez entrer pour vous faire voir par les membres du clergé, si les prêtres responsables estiment que vous ne représentez aucun risque, alors vous seul allez pouvoir vous déplacer dans Marbrume » il fit une pause fronçant les sourcils vis-à-vis de son humour plus que discutable, si le baron n’avait pas été là aucun doute qu’il l’aurait embarqué pour ses propos plus que délicats « Je vous déconseille de faire ce type d’humour dans les murs de la cité au vu de la situation… Dois-je vous rappeler que les sectaires sont des cannibales et ont manqué de faire tomber la dernière cité survivante ? J’ose espérer en effet que vous ne vous adonnez à aucun de ce type de pratique » fit-il d’une sévérité sans faille.

Jean François, fallait-il bien le reconnaître, était un peu dépité par cette situation particulière. D’une part, se retrouvait-il face à un baron qui ne semblait pas entendre à se soumettre sous l’autorité du Roi, ayant visiblement en tête de rentrer dans la cité malgré les directives. D’autres parts, était-il face à une femme qu’il ne connaissait aucunement et qui elle, ne semblait pas très au fait des règles de bonnes conduites et de tout ce qui avait pu se passer... Allant jusqu’à parler de cannibalisme, humour ou pas, avec la fatigue, les nombreux morts brûlés, la surcharge de travail et l’atmosphère particulièrement tendue dans la ville, cela ne faisait aucunement rire ou sourire le sergent.

- « Pour votre sécurité monsieur le Baron, à moins que vous n’insistiez, je ne vais pas solliciter mes capitaines ou le bailli. Je ne peux que vous encourager à vous rendre à Menerbes et à inviter celle que vous visitez à vous rejoindre là-bas. » Poursuivit-il « Votre place n’est plus ici, plus dans Marbrume en tout cas, à moins d’avoir une autorisation officielle pour une raison importante » comme une réunion avec l’ensemble des nobles pour prendre des décisions, un entretien avec le Roi ou le bailli, mais pour le reste… « Tout ce qui touche à votre vie privée, vos visites de courtoisies devront être fait à l’extérieur de la cité, sachez que j’en suis désolé, mais je ne peux me dérober aux ordres de mon Roi, de mon bailli ou de mes capitaines. » il s’adresse ensuite à la jeune femme « Madame, j’ignore si vous souhaitez être vu par le clergé, si c’est le cas je peux vous inviter à suivre mon collègue qui va vous accompagner dans le bâtiment non loin de la porte pour une vérification. Sinon, je vous invite à vous mettre vous aussi sur le côté pour me laisser poursuivre mes vérifications. »

Il ne fallait pas s’y méprendre, malgré son assurance, malgré son franc parlé qui reste néanmoins particulièrement correct, Jean François n’était pas à l’aise et espérait intérieurement que le baron et sa jeune amie ne se lancent pas dans un esclandre. Prenant une légèrement inspiration, l’homme d’expérience se contenta de saluer respectueusement les deux jeunes gens et de les inviter à se mettre sur le côté pour libérer l’espace afin qu’il puisse poursuivre.

[Ca sera tout pour moi, malheureusement, je ne vois pas trop quoi rajouter. Les directives venant directement du Roi et l'ambiance post évent étant particulièrement complexe, il est peu probable qu'un sergent fasse preuve d'exception. Il ne prendrait pas le risque de voir sa carrière disparaitre, ou même qu'un nouvel incident se produise dans la ville. Il ne fait que respecter les directives déjà énoncé dans le sujet de l'évent :

"- Pour les nouveaux bannis : Toutes personnes mordues par un fangeux (hormis les nobles avec influences suffisamment connus), vont être marquées à l'avant bras droit, d'une marque différente de l'ancienne marque du bannissement (afin d'être identifié par tous en tant que mordu, cela induit évidemment une forme de pression).

A chaque entrée ou sortie de Marbrume, il y a un contrôle, si vous êtes nouvellement marqués vous ne pourrez pas entrer, si vous êtes anciennement marqués, vous allez être abattu à vue.

Pour les nobles, bourgeois influents, un listing sera connu de ceux vérifiant la porte, vous ne pourrez donc plus rentrer dans Marbrume, sauf avec une autorisation officielle. Autorisation qui ne pourra être attribuée que pour des raisons cohérentes et justifiées. (Réunion de la noblesse, convocation du Roi/bailli/capitaine.
A aucun moment vous ne pourrez rentrer dans Marbrume pour vos visites de courtoisies. Il faudra de se fait, user des faubourgs ou des villes proches de la grande citée."

Je ne peux que, comme Jean François, vous encourager à poursuivre votre sujet à trois, soit, au niveau des faubourgs, soit dans les villes proches de Marbrume

En vous souhaitant un bon jeu et de bons rps]

L'attention d'Hector diminuait à mesure que le garde parlait. Il avait compris. Les portes de la capitale lui étaient désormais closes. Comment le roi avait-il su pour le Labret ? Il n'aurait sans doute jamais la réponse à cette question. Une chose était certaine : il ne remettrait plus les pieds à Marbrume. Il regarda sa futur femme d'un air las et résigné... Il n'avait pas l'intention de faire un scandale ni de décapiter le garde - ce qui, à n'en point douter, aurait également provoqué un scandale. Il pencha la tête en direction du sud.

- Mieux vaut ne pas traîner...

Ils pourraient peut-être s'arrêter chez Flore, si elle habitait toujours sa petite mansarde des faubourgs, ou alors ils devraient pousser la chevauchée jusqu'à Piana où Hector connaissait une bien bonne planque. Toujours est-il que pour le trésor, l'affaire était compromise. Le baron enverrait sans doute une lettre à l'héritière Esmera pour lui dire qu'il faudrait faire autrement - ou ne pas faire. Il était trop tard, pour l'heure, et le baron était trop fatigué pour imaginer un nouveau plan. Il lança Moto au trot, s'assurant que Rosen suivait.

Sur le début de chemin, Hector resta pensif. Il ne prit la parole qu'une seule fois pour dire à Rosen :
- Ce petit garde, ce vil bougre de milicien à la noix de Pojare... J'ai hésite à lui ôter la courge ! Je crois qu'il aurait moins fait le fier avec ses épaules à la cime ! Sérieusement... Qui est-il pour s'opposer à notre venue ? Enfin tout cela... C'est ce foutre-roi qui en est à l'origine ! Et il payera pour tout ça ! Sa connerie, son mal, sa violence ! Il le payera, vous m'entendez ?! IL LE PAYERA !!! De ma main ou de la gueule d'un fangeux, il le payera, je vous en fais le serment ! Bons Dieux... il ne mérite que la mort ! Non. Une humiliation et la mort ! Ah ah ah ! Et il les aura ! IL LES AURAAAAAAAA !!! SUS AU ROI !!! ET HOURRA POUR SOMBREBOIS !!!

Le voyage s'annonçait d'une agréable quiétude !

Tentation

Rosen feat Hector

Bon… Au moins le garde ne me ferme pas l’accès à la cité. C’est déjà ça… Ca aurait été plus que délicat les affaires avec les autres si je ne peux même plus mettre un pied à Marbrume… Je vous laisse imaginer.

Devant ma plaisanterie le voilà qui me déconseille de le faire étant donné les circonstances de l’invasion… C’est que j’ai sorti ça comme ça, moi… je n’avais même pas pensé à cette stupide secte et ses conneries…

« Bien sûr que non que je ne suis pas cannibale… » grommelé-je maussade en me retenant sérieusement de le traiter de sot.

Il n’a vraiment aucun humour celui-là ! De toute évidence il n’y a plus rien à espérer de cet homme, alors autant repartir sans plus tarder. Je suis donc Hector qui trotte silencieusement devant moi.
Mais finalement, bien vite, le voilà qui se lance dans une crise de nerfs frôlant l’hystérie. Mordiable, il ne manquait plus que ça maintenant… Il ne peut pas se tenir tranquille cinq minute ?!

J’attends qu’il se calme et je lui pensivement un peu plus tard :

« On ne peut pas être accepté partout. C’est comme ça. Ca ne fait pas plaisir, mais on n’y peut rien et il faut l’accepter. S’énerver ainsi ne sert à rien, sinon mettre inutilement en danger. Parfois, ça peut même mal finir… très mal finir. Estimez-vous heureux d’être toujours en vie… »

J’ai toujours eu horreur des cris et de l’agressivité… Et je l’ai rarement vu dans un état pareil. La dernière fois, c’était… à la bonne fortune, pendant les jeux.

« J’ignorais que vous avez été mordu. »

Il faudra que je tire cette histoire au clair l’un de ces jours… Peut-être pas aujourd’hui, je doute qu’il soit d’humeur à ce qu’il pourrait prendre pour une « justification » J’ignorais aussi qu’il était capable de mentir. Il avait l’air tellement… niais et naïf, un peu comme un stupide gosselin.

Alors que nous continuant notre route toujours dans les faubourgs, je me dis que l’on aurait pu en profiter (enfin, ce « on » est relatif, si vous voyez ce que je veux dire…) pour récupérer quelques trucs à la bonne fortune. Des bouteilles d’alcool par exemple et quelques légumes…

Histoire de ne pas être venus pour rien. J’en fais donc part à Hector pour savoir s’il veut que j’y retourne le lendemain avant que l’on rentre réellement à Sombrebois. Eh puis, j’aimerais bien voir les recettes un peu…

Sujet: Re: Tentation [PV Esméra, Hector, Rosen] Mar 3 Mar 2020 - 9:16

Le soutien de Rosen était si particulier que le baron se calma aussitôt. "Estimez-vous heureux d'être toujours en vie" lui avait-elle dit. Pourquoi ? Parce qu'il avait légèrement haussé le ton face à ce pion de l'administration Marbruméenne, ce vil cafard pétant plus haut que son cul ? Était-ce ce bougre d'insecte qui aurait pu le blesser ou lui ôter la vie ? Les yeux ronds d'Hector marquèrent sa surprise.

- J'ignorais que vous aviez été mordu, dit finalement l'ex-tenancière de la Bonne Fortune.
- Je l'avais presque oublié moi-même. C'était il y a longtemps. Lors de la campagne du Labret. Une nuit. J'ai participé à un combat contre la fange. Ce n'était qu'une petite morsure et je ne comprends pas comment le duc a pu en être informé... enfin... tout cela est de l'histoire ancienne et je n'en ai rien gardé rien de plus qu'une cicatrice aux fessiers... Ces histoires de contamination, de transformation ! ce sont des histoires pour faire peur aux enfants, des idioties !

Le baron soupira et écouta la proposition de Rosen.

- Je connais quelqu'un dans les faubourgs qui pourrait nous héberger. Si vous souhaitez vous rendre à la bonne fortune, demain, vous pourrez. Je pourrais donner quelques coups de main à mon ami pour sa maison. Il a toujours quelque chose à faire, il parait. Il n'y a pas d'urgence. Nous pourrons repartir demain ou après-demain pour Sombrebois. Il n'y a pas d'urgence.

On pouvait sentir une pointe de déception dans la voix d'Hector. Il se faisait une joie de partir en quête d'un trésor... et voilà qu'il se retrouvait à devoir faire marche arrière, oublier la quête, la noble demoiselle qu'il aurait pu rencontrer, les batailles rangées contre brigands et bêtes sauvages. Il allait donc retourner à son quotidien. Voilà. Bon, soyons philosophes. N'est-ce pas le quotidien de tout aventurier que d'essuyer, parfois, quelques revers ? Ne faut-il pas, lorsqu'on est joueur, accepter, lorsqu'elle se présente, la défaite ? Le baron fit claquer les rennes de Moto pour la lancer au galop vers l'habitation de son ami.

- Suivez-moi, si vous en êtes capable !