Marbrume


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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Disparitions   Disparitions EmptyMer 4 Déc 2019 - 16:33
De tous temps, le Labret avait été une terre promise pour qui savait en prendre soin. Les paysans y menaient une existence paisible au rythme des saisons. Le vent portait les pollens des arbres et des plantes fertiles, semant la vie avec autant d’efficacité que les butineurs qui peuplaient le ciel. Hommes et femmes travaillaient durement chaque jour, et rendaient grâce à Serus de par leur labeur. Souvent, on entendait les rires des enfants s'élevant des champs où le blé se laissait dorer par les rayons d'un généreux soleil. Chaque soir, paysans, bûcherons et mineurs regagnaient les chaumières, modestes mais confortables, pour prendre un bon repas en famille. Ce tableau idyllique avait été balayé par la fange en quelques jours à peine. Les familles avaient été décimées, les paysans s'étaient enfuis pour la plupart, tout comme les bûcherons. Le Labret s'était éteint.

Les mois passèrent, l'obscurité gagna le plateau fertile jusqu'au jour où Marbrume, en proie à la famine, s'élança à sa conquête. Les combats furent âpres, les pertes humaines nombreuses, mais le Labret retrouva sa liberté qui resterait précaire face à la menace fangeuse et à celle des brigands, venus des mers ou des chemins. Pourtant, les terres furent remises en culture et, si l'année 1165 fut un désastre, la suivante, elle, s'annonçait bien meilleure. La vie reprenait le dessus, dans toute la fragilité qu'on lui connaissait.

***

Mi-juillet 1166

Un matin chaud, un air encore chargé par la rosée. Les rayons du soleil inondent déjà les hauteurs des champs dans lesquels les légumes poussent à une vitesse parfois vertigineuse. Mathilde dépose sa tisane sur la table de la chaumière où la lumière pénètre à peine et, machinalement, fait quelques mouvements avec sa main gauche. La cicatrice de sa brûlure tiraille, elle démange un peu, signe que le corps termine sa guérison. La douleur a disparu, sauf dans ses rêves où, parfois, elle revoit la lame rougie par le feu se déposer sur la paume de sa senestre.

La fermière approche de la porte, laissée grande ouverte. Les deux pieds dans la lumière, le visage encore dans l’ombre, elle observe les alentours. Le calme, la sérénité, le silence du petit matin perturbé parle le chant des oiseaux. Pourtant elle ressent toujours cette même appréhension, quelque part au creux de son estomac. Usson n’est pas loin, une petite lieue et elle y sera. Elle a promis à un voisin de faire un crochet pour prendre une livraison, un détour d’une demi-lieue. Pas de quoi s’affoler. Pourtant… depuis le printemps, les routes ne sont plus sûre. Et depuis sa rencontre avec la Fange, à Marbrume, Mathilde redoute chaque sortie. Sa ferme est son refuge, sa chaumière est gage de sécurité.
Allez Mathilde, du courage ma fille!

Gros soupir. Elle attrape son arc, son carquois, et passe le seuil de la chaumière. Elle ferme la porte, soigneusement, et se dirige vers l’écurie où l’attend sa grosse Marguerite, jument fidèle, indispensable à la ferme. Le porc et la truie grognent sur son passage. Mathilde songe qu’ils vont souffrir de la chaleur, cet été. Mais peu importe, de toute façon il se peut que personne ne survive jusqu’à l’hiver. La mort rôde en permanence. La jument est rapidement harnachée. Un panier de légumes, préparé dès le lever du soleil, puis un second. Ils seront contents à l’auberge. En selle, Mathilde quitte la ferme, direction le nord-est pour aller chercher les denrées de son voisin le plus proche, Edwin, fraîchement marié et tout nouvellement installé non loin de la ferme ancestrale des Dumas.

Une petite heure plus tard, après bien des politesses et une tisane acceptée uniquement pour ne pas froisser le voisin et démarrer cette nouvelle relation sur de bonnes bases, Mathilde quitte (enfin) Edwin, un sac de grains placé dans son dos et prend la route d’Usson, direction est. Il fait chaud, il n’y a personne sur le chemin, le ciel est dégagé, et enfin elle respire. Pas de bandits ni de fangeux en vue. Les fangeux ne sortent pas par un temps pareil, ils attendent les nuages pour se montrer. A moins qu’ils ne les emmènent…
Mathilde repense à la conversation qu’elle a eue avec Edwin. Plus à l’ouest, dans les familles vivant aux abords de Najac, des enfants manqueraient à l’appel depuis plusieurs semaines. Un enfant, c’est un accident, plusieurs, ça devient louche… La faute à la fange? S’étaient-ils trop éloignés des lieux sécuritaires? Avaient-ils été enlevés? Par qui, et pourquoi? Edwin s’inquiétait. Son épouse aussi. Elle porte leur premier enfant. Perdue dans ses pensées, Mathilde ne voit pas la poussière soulevée sur le chemin, derrière elle. Elle qui, jusqu’alors péchait par excès de prudence, se laisse approcher par un étranger sans même s’en apercevoir. Ce n’est que lorsqu’elle entend un pas en décalage avec celui de sa jument qu’elle se retourne, vivement, en saisissant son arc. Dans le même mouvement, elle encoche une flèche.

- …

Le geste est exécuté par pur réflexe. Le sac de grains, dans son dos, et la cicatrice encore douloureuse lorsqu’on applique une pression, dans le creux de sa main, sont deux gênes qui l’empêcheront certainement de tirer correctement, s’il fallait décocher un trait. Chier!

- Ne t'avise même pas d'espérer pouvoir toucher à un seul paquet.

Ce n'est qu'après avoir prononcé cette menace qu'elle se rend compte que le voyageur n'est peut-être pas un ennemi. Mais qui sait... n'a-t-elle pas vu des bannis portant des vêtements de miliciens?
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