Il n'y a pas de sous métiers. (Pv Cross) Terminé.

Il s'était levé avec un amer goût d'esclavage dans le fond de la gorge, tousser, ou boire une rasade n'y changeait rien. Vadrouiller, le soir comme le matin non plus, rien ne l'aidait à faire passer l'attente d'une réaffectation. Ils avaient d'autres chats à fouetter, mais la misère des uns faisait pour une fois réellement le bonheur des autres. Un souci d'économies de bout de chandelles, rien qui ne puisse le motiver. Il ne touchait plus de solde, son seul réconfort et qu'il n'avait plus à faire semblant d'apprécier les trois autres survivants. Délaissé par ces derniers, il faisait sa besogne seul et personne ne semblait trop s'en soucier. L'ennui n'était pas la plus dure, ni la plus amère des compagnies. Cette dernière lui permettait de se recentrer, après les récents événements, il était dur ne pas vouloir s'occuper, mais encore plus dur de ne pas vouloir un peu de repos. Il sangla ses lanières inspecta sa lame, puis s'en alla capuche sur le crâne, réfléchissant sur le chemin le menant à la caserne. L'air était lourd, les odeurs des diverses pitances concoctées par les foyers divers lui retournaient systématiquement l'estomac. Il passait devant la statue de Rikni, sa déesse favorite, même si il ne l'admettrait jamais à qui que ce soit. Sauf Anür bien entendu, combien de fois c'était-il noyé en excuse, lorsque il priait pour elle, lorsque cette pensée lui traversait l'esprit. Peu importait, ses rêves étaient tumultueux, les épreuves pleuvaient à foisons, alors autant se confier une énième fois à Rikni.

Il laissa un sou sous un bouquet tressé, la provenance de ce dernier lui fit arquer un sourcil mais peu importait. Il se redressa sans maugréer une fois sa brève prière et son don adressé. Puis s'en alla en lorgnant une dernière fois sur le bouquet, puis des voix commençaient à monter progressivement en force non loin de là. Bousculant ses réflexions, il trotta au plus vite en scrutant les alentours. Les gens commençaient à peine à sortir de chez eux, la plus part n'en étaient encore qu'au déjeuner, tandis que d'autres revenaient sûrement du temple. Mais la source du conflit qui s'envenimait non loin, calma son allure alors qu'il rattrapait deux collègues en pleine action. Ils s'efforçaient à maîtriser un manant, le bougre devait bien peser dans les quatre-vingt-dix kilos, il se débattait et hurler à l'injustice. Mais ce qui frappa Dan était surtout les larmes qui coulait le long de ses joues, aucun home digne de ce nom, sauf sous l'ivresse n'allait jusque-là en pleine rue. L'un des miliciens parvint à faucher les jambes de l'interpellé, permettant à son collègue de lui faire une clef de bras:

"Où est-elle?! Ton silence ne fait que confirmer les accusations, alors maintenant si tu ne veux pas qu'on te traite pour haute trahison, tu l'ouvres!

-Je ne sais pas, mais laissez là, elle n'a même pas encore dix ans. Elle est tout ce qu'il me reste...

-Bordel, tu ne peux pas attendre d'être à la caserne avant de nous faire une scène comme ça?!

-Parles bordel!"

Ce pâle interrogatoire était parsemé de quelques coups bien pesé sur la trogne du bonhomme, les yeux cernés par la misère de Dan se penchèrent du côté de la baraque. Au vue des mouvements, leurs collègues devaient être en train de la retourner de fonds en combles. N'ayant pas réellement le droit ni le devoir d'intervenir dans une enquête sans approbation préalable, le milicien commençait à partir. Loin d'être écœuré comme l'était certaines personnes autour d'eux, Dan savait à quel point il était difficile de faire le sourd. Les manants y allaient de bon train, girouettes qu'ils étaient, crachant sur l’autorité de la milice, ainsi que sur les ordres du roi. Certains allaient même jusqu'à insinuer que tout avait été manigancé, pour mieux les asservir, ce qui eut le don d'arracher un regard froid et terne qu'il leva vers le ciel. La caserne était en vue, il allait finalement pouvoir économiser ses quelques sous, puis se remplir la panse aux frais du contribuable. Seulement, les trois devaient en avoir décidé autrement:

"Hé milicien, présentes toi! De quelle coutileries es-tu ?

-Dan Sobre monsieur, pour ce qui est de ma coutilerie je n'en ai plus, je suis congédié jusqu'à nouvel ordre. Mais toujours prêt à servir.

-Parfait, je te présente ton nouveau collègue temporaire. Vous venez bien de la rue d'Arasault de ce que je vois?

-Exact.

-Bien, on nous a dénoncé que ce dockers cachait la morsure de sa fille, jusqu'à avant-hier où elle s'est trahie en allant faire une course. On a voulu faire les choses correctement, on attendait de pouvoir l’alpaguer dans les règles de l'art, mais plus de signes de vie depuis. C'est pourquoi on perquisitionne ce matin. Vous devinez ce que je veux n'est-ce pas?

-Vous voulez que l'on retrouve sa fille ?

-Exactement, je la veux ici ce soir.

-Ce soir ?

-Ce soir même. Milicien au travaille, Cross, vous avez les renseignements préalables, mon équipe s'occupe de fouiller la maison. Vous allez interroger et trouver leurs familles avec la liste que je vous ai confié. Allez ne perdez pas de temps!"

Le coutilier s'en alla sans lui laisser plus d'information, puisque il était hors de question de le rattraper pour lui demander des renseignements plus complets. Dan était bien obligé de prendre son ordre et de l'accepter. Son nouvel associé et lui-même venait de se manger un bon gros dédouanement de responsabilité dans la tronche. Contenant un soupir morbide, Dan se retourna vers Cross sans sourire:

"Enchanté, je te laisse me guider, à moins que je ne puisse prendre la liste?"

De ce que la liste proposait, ils allaient s'attaquer à une famille de commerçants, incapable de lire, il reconnaissait les numéros, ainsi que les insignes d’échoppes. Ils allaient avoir du boulot, car non seulement la famille n'était pas petite, mais en plus certaines mentions désignaient deux d'entre eux comme des repris de justice. La joie, non seulement la mission était flanquée d'un délai impossible. Mais en plus du risque qu'un enfant ne se mette à contaminer tout un quartier, ils risquaient d'avoir à user de force pour se faire entendre. Quelques réflexions traversèrent sont esprit, cherchant à comprendre les motivations d'une mission aussi mal organisée. Soit il y avait un vice de procédure quelque part, soit son nouvel équipier posait problèmes à quelques hauts gradés. Ou alors le coutillier n'aimait simplement pas leurs tronches respectives et voulait se faire les dents. Il rangea la liste, puis fut agréablement surpris par le calme de son équipier. Enfin quelqu'un qui ne râlait pas pour rien, ni ne cherchait à faire dans la dentelle. Son idée était bonne, assez pour motiver et redonner un peu d'espoir à Dan qui l'interpella:

"Ils n'ont pas encore dût atteindre les cellules, j'ai vu le père dont il parlait sur la route. Autant l'intercepter avant qu'ils ne l'enferment. "

Ils prirent le chemin des prisons, imaginant dans un premier temps qu'ils avaient pu atteindre les portes des geôles, mais ces derniers devaient être encore un peu plus loin. Dan proposa à Cross de l'attendre ici, qu'il n'en aurait pas pour longtemps. Il voulait juste s'assurer qu'ils ne mettraient pas dix ans à l'amener. Connaissant le chemin, ainsi que le lieu de l'arrestation, ça serait sans difficultés. A peine dix pas en dehors de la caserne qu'ils pouvaient déjà les apercevoir, deux miliciens se faisaient malmener par le gros prisonnier. Suspect jusqu'à l'os, ce dernier n'essayait plus de jouer sur l'émotion. Les insultes fusaient de bon train, avec quelques provocations bien senties. Ils avaient réussi à lui passer des chaînes autours de ses bras révulsés contre son dos. Quelques marots suivaient le trio, supportant sûrement leurs voisins dans le besoin, ils pestaient à l'encontre des miliciens qui tenaient tant bien que mal le suspect qui recommençait à se débattre.

En quelques foulée Dan parvint à atteindre ses collègues:

"Salutation miliciens, permettez-moi de vous soulagez ...

-Ah bah voilà, ils s'acharnent c'est un complot contre ma famille je vous dis! On nous en veut! Ils cherchent à me nuire, aidez-moi, par la Trinité aidez..."

Un bon coup de coude dans le foie eu raison de diarrhée auditive, permettant aux miliciens de reprendre la conversation. Un genou à terre, le marchand suffoquait en haletant tant bien que mal:

"Vous nous excuserez, mais on a du taff, on nous a ordonné de le foutre en cage, on ne nous a pas expliquez qu'on viendrait le récupérer sur le chemin. Je préfère rester prudent.

-Puis-je au moins vous escortez et procéder à l'interrogatoire?

-Ca me va, pour ce qui nous reste de chemin. Allez gros porc, en avant!"

Le milicien qui venait de sécher le marchand, vraisemblablement exténué de bon matin, lui infligea un bon coup de botte dans le train. Poussant le prisonnier à obéir, ce dernier s'était effectivement calmé. La présence de Dan n'avait pas changée grand-chose, mais au moins, les deux miliciens une fois devant les portes purent repartir après avoir finalement confié la garde du suspect aux deux missionnés. Sans trop s'attarder sur les réactions de Cross, Dan poussa l'homme à l'intérieur, demanda à l'un des responsable si une salle d'interrogatoire était libre. N'ayant pour seule réponse, qu'ils allaient devoir se contenter de l'arrière court, puisque elles étaient actuellement toutes monopolisées. L'arrière court données sur les latrines, ce n'était pas glorieux, mais ils auraient aumoins le loisir de pouvoir faire ce qu'ils voulaient.

Le grassouillet recommençait à s'agiter, bousculant Dan qui eut un mouvement de recul, légèrement blessé dans sa fierté se dernier enfonça son pied dans l'arrière du genou du suspect, puis le repoussa contre le sol avec un second coup de pied dans le dos:

"On va établir les règles de suite. Moins tu te débats, plus tes chances d'être traité avec courtoisie et impartialité augmente. Plus tu joues au con, plus tes chances s'amoindrisses j'ai été claire ?

-Va te faire..."

Il ne lui laissa pas le temps de finir, le relevant à bout de bras il le repoussa violemment jusqu'à l'arrière court, suivant Cross qui devait aussi s'impatienter. Quoi que? Il restait bien calme, peut-être même un peu trop au goût de Dan, pour qu'il continue de trouver ça normale. Au vue du bref échange qu'il venait d'avoir avec le prisonnier, ce dernier était dans la position du mauvais milicien, à lui de voir si il voulait jouer les gentils. Dan lança un simple regard à Cross, l'invitant à ouvrir le bal, les interrogatoires musclé n'était généralement pas très fructueux, mais Dan pour en avoir exercé plus d'un, aimait observer les méthodes des confrères avant d'user des siennes.

Alors que le regard du père de famille cherchait celui de Dan, ce dernier déroulait la liste de noms. Il lui laissa le temps d'inspecter cette dernière, profitant de ce bref moment de flottement pour inspecter son visage. Les veines serpentant le long de ses tempes gonflaient à vue d’œil, ses yeux tremblaient, alors que ses lèvres se froissaient le long de ses dents. En proie à un conflit interne sûrement très délicat, l'odeur des latrines ne devait pas l'aider à clarifier ses idées. Sans compter l'efficacité avec laquelle il venait de s'être fait mettre aux pieds du mur par Cross. Dan en avait finalement prit de la graine, il s'était même surprit à s'inquiéter un bref instant, lorsque la lame de son collègue avait entamée la chaire de l’interrogé.

Les secondes passaient alors que le père de famille lâchait un râle de fatigue, soupirant en fermant les yeux, il essayait de reprendre contenance. Sa respiration était obstruée par le poids de Cross qui n'avait vraisemblablement pas envie de bouger, ses nerfs étaient en pelote, il devait être en train de revoir sa fille. Repenser à divers souvenirs, tout en se revoyant la mettre à l’abri. Mais dans son malheur une lueur d'espoir avait flambée, il avait essayé de l'ignorer dans un premier temps, mais la proposition du milicien ne l'avait pas laissé de marbre. Les secondes défilaient, alimentant cette brève lueur, torturant le pauvre homme qui se savait pousser dans ses derniers retranchements. Pouvait-il vraiment accorder sa confiance à de simples miliciens? Ils n'étaient pas différents des chiens, muselés par des codes et des ordres. Qu'est-ce qui lui prouvait qu'on ne cherchait pas juste à le manipuler? Quelle autorité avaient-ils ces deux gus pour protéger sa fille? En son for intérieur, il savait très bien que sa fille n'était pas mordue, il y avait un motif bien plus profond et vicieux qui jouait en leur défaveur. Mais pouvait-il en parler librement? Il avait la parole de ce milicien, mais était-ce suffisant? La vie de sa fille était-elle réellement plus important que le reste?

Ses yeux s'ouvrirent de nouveau au bout d'une minute de réflexion il hocha péniblement la tête, scrutant la lame de Cross en même temps. Il n'avait plus le choix, c'était terminé pour lui de toute façon:

"Je... je ne sais pas où elle est. Mais je l'ai effectivement confiée à Nathalie, elle tient une petite poterie vers le centre de la Hanse. Elle loge sur la bordure Est du Labourg. Elle a miraculeusement conservée son commerce contrairement au miens qui s'est fait décimé par les fangeux. »

Dan prenait note intérieurement, enregistrant la poterie, ainsi que la localisation de son commerce et de son habitation. Mais il sentait que le boucher, car effectivement, Cross avait vu juste sur le métier du suspect, voulait en dire plus. Son collègue se levait, commençant à rendre un peu plus de liberté au détenu, ce qui permit à ce dernier de reprendre son souffle. Il suait à grosse goutte, culpabilisant déjà, il sentait les remords fourmiller. Serpentant sûrement déjà de part et d’autres, l’angoisse d’avoir remis la vie de sa seule enfant devait être une torture valant toutes les lames chauffées à blanc de ce bas monde :

« Le vrai problème, c’est que j’ai eu un différend avec l’une vos coutilliers il y a de cela une dizaine de jours. Je reconstruisais mon échoppe, lorsqu’il est venu avec quelques gars de sa troupe me demander d’arrêter ce que je faisais. Un concourent à dut le soudoyer, ou je ne sais pas, mais il me sommait de plier bagage et d’aller m’établir ailleurs. Ayant perdu ma femme dans les affrontements, j’ai peut-être eu une réaction trop sanguine et je les ai envoyés péter. En l’insultant lui et les miliciens d’être des incapables, je les ai traités de pourris et j’en passe. Depuis j’ai reçus des menaces de morts, mes cargaisons arrivent avec du retard et des kilos en moins… et là j’ai appris à la dernière minute que ma fille avait été accusée d’être une mordue… ils veulent m’achever et je ne savais pas comment faire.»

Le père de famille se prenait la tête entre les deux mains, tentant tant bien que mal de contenir ses larmes qu’il avait déjà laissées coulée plus tôt dans la matinée. Dan était en train de vivre un pénible moment de dualité, allait-il devoir faire la guerre à des supérieurs hiérarchique corrompus, en plus de devoir se taper la recherche d’une gamine, vraisemblablement innocente qui risque d’être sauvagement défendu par les siens ? Non, ce genre de journée, très peu pour lui, il préférait de loin aller se battre contre des rebelles, ou des fangeux, c’était beaucoup moins stressant neurologiquement. Non, tout compte fait mieux valait ne pas prendre ces choses-là à la légère. Son ventre vide lui jouait simplement des tours, il rangea la liste dans sa ceinture, puis entreprit de ramener le père aux geôles, ils devaient bien avoir encore quelques cellules de disponible :

« On va vous retrouver cette gamine, en ce qui concerne le coutiller que vous soupçonnez de vous menacez, sachez que ces gars-là ne sont pas intouchables. Vous auriez dû vous manifestez dès les premières menaces. Vous avez commis l’erreur de ne pas faire confiance en la milice, résultat à vouloir tout faire tout seul vous risquez de réellement tout perdre. Si votre ennemi est réellement un gradé…

-Hé, les gars ! Désolé, mais nôtre chef nous a passé une soufflante en nous demandant de reprendre l’interrogatoire à votre place, il vous somme d’aller chercher la gamine en interrogeant uniquement les gens inscrits sur la liste et rien d’autre.

-Bordel, il était sur le point de craquer, on vous a mâché le boulot les gars à vous de faire le reste. Quelle perte de temps, bordel. »

Il les salua à la manière des miliciens puis parti avec Cross sans faire d’état d’âme, laissant le père de famille assumer ses responsabilités. Les deux miliciens se regardèrent alors que Dan cherchait déjà à être le plus efficace possible. Soit ils se séparaient, l’un allant au commerce, l’autre dans le Labourg, soit ils fondaient à deux une place après l’autre. D’expérience, le boucher tiendrait sûrement moins d’une heure avant de lâcher le morceau. Et encore, il venait de se faire essorer, alors on pouvait diviser l’heure par deux :

« On se sépare, je prends le labourg et toi la Hanse ou l’inverse ? »

Ils s’interrogeraient sur leurs intentions respectives plus tard, là l’efficacité et la rapidité comptait. La vie d’une gamine était en jeu, mais ce qui taraudait surtout l’esprit de Dan. C’était la possibilité de remballer le caquet d’un castillier qui faisait des heures supplémentaires. Son dos avait quelques plaies, qu’il rêvait de pouvoir rendre, qu’importe la manière. Le boucher avait possiblement menti, en distordant l’histoire de manière à passer pour une victime, mais le fait que les deux miliciens reviennent sur leurs pas après ‘être pris une soufflante, lui donnait envie de parier sur cette version. Les soupçons se multiplierais de toute manière au fur et à mesure de l’enquête, rien n’était jamais noir ou blanc et rien qu’en y réfléchissant, il se demandait déjà qui pouvait bien vouloir nuire à une simple boucherie ? Pire encore, quel genre de commerçant avait suffisamment d’influence pour louer les services d’un castillier ?

Connard, menteur, traitre mais ton préféré restait fauche cœur. Est-ce que tu comptais vraiment faire la différence et dire si la gamine était mordue, oui… Mais ce que tu ne dis point à l’homme sur lequel tu étais assis … C’est que si elle était mordue, tu la rendrais à tes supérieurs sans aucun état d’âme. Sincèrement, tu te fichais de ce qui pouvait lui arriver. À elle ou son père. Ta parole était vraie, mais comme tu l’as trop bien compris, il ne suffit qu’un mot de travers pour changer la réalité. Tu ne lèveras pas la main sur la petite, et tu identifieras la blessure… Mais tu la protégeras aussi des cons qui essayeront de la tuer. Tu n’étais pas blanc et tu n’étais pas noir, tu avais qu’une parole, mais tu pesais chacun de tes mots au plein de leur poids.

Tu retiras ta lame du sol, et commenças à jongler avec d’une main, restant sur lui, posant ton poids tranquillement sur son torse. Il suffisait juste d’attendre. Alors qu’il cherchait une solution, il ne trouva rien. Toi cependant, tu ne lâchas pas son visage du regard, tournant doucement ton épée dans ta main. Et après de longues minutes, il finit par lâcher tout. Nathalie, poterie à Hanse et une maison à Labourg. Tu te relevas sur-le-champ. Rangeant ton épée et te préparant déjà à partir alors qu’il décida de rajouter des détails inutiles. Expliquant pourquoi tout étais de sa faute etc etc. Rien qui t’intéressait. Dan essaya de le réconforter, alors que toi tu voulais juste repartir trouver la gamine. Tu ouvris la porte, et au même moment deux autres miliciens arrivèrent. Super voilà que le patron veut nous presser encore plus. Tu avais ce que tu voulais aucune raison de rester. Tu partis avant Dan, le laissant parler seul avec les gardes alors que tu l’attendais dehors. À peine Dan arriva qu’il commença à donner des ordres. Tu grinças des dents alors qu’il te rappelait de mauvais souvenir. Tu répondis alors froidement à Dan, restant simple. « Je m’occupe de la porterie et si tu tombes sur la gamine et qu’elle est mordu, fait ton boulot. Un mordu est un banni. » Tu repartis vers la Hanse sans rien dire de plus.

PS : le post est petit et rapide, juste au cas où si tu veux dire un truc à Cross et SURTOUT car le je fais à 3 heure du matin. Je ferais la suite de l'aventure de Cross au prochain post.

Dan s'occupait donc de la résidence, la remarque du mercenaire, ne laissa qu'un regard glacé se plonger dans celui du milicien, sans perdre d'avantage de temps, Dan prenait déjà la direction du Labourg. S’il savait en quoi consistait vraiment leur boulot respectif, il n'aurait aucun doute sur les intentions de Dan. Quel intérêt aurait-il à laisser une fangeuse en devenir, courir les rues? Le devoir les incombait de couvrir leurs cœurs humains d'une chape de plombs. Ces derniers avaient peut-être des failles, mais la peur et le désir seraient toujours maîtres des émotions. En dehors de la Trinitée, rien ni personne ne pouvaient altérer cette réalité aux yeux de Dan. Il avait entendu une version qui lui donnait une opportunité de se venger, il était naturel de désirer en profiter. En revanche, si les aveux du boucher s'avéraient biaisés, que sa fille était mordue ou bien que le castillier n'était en réalité que dans son bon droit pour le persécuter. il était on ne peut plus normale de craindre des représailles, ainsi que des répréhensions, ce qui l'amènerait logiquement à se défaire de l'engagement qu'il avait pris au prêt du prisonnier. Dan pressait le pas, lorgnant brièvement sur le ciel, s'accordant une brève seconde de repos, lorsqu’un grondement sourd secoua ses entrailles pour le rappeler à l'ordre. La faim le rattrapait plus vite qu'il ne l'imaginait, lui arrachant un soupir couplé d'un petit massage abdominal. La route n'était pas nécessairement longue, en revanche le soleil avait déjà fait pas mal de chemin, midi approchait et les citadins affluaient.

Les odeurs de repas matinal laissèrent leurs places à des senteurs plus abruptes, il valait mieux avoir la gorge solide et les naseaux bien trempés en fonction de l’embranchement qu'on prenait. Esquivant les attroupements, ainsi que les patrouilles au maximum, le missionné scrutait toute les dix minutes la liste que lui avait remis son commanditaire. Les seuls numéros qu'il parvenait à déchiffrer concernant le Labourg étaient des nombres à deux chiffres. Les portes n'étaient pas visible depuis sa position, en revanche on distinguait mieux la cime des murailles, ainsi que ses abords. Préoccupé par les individus qui logeaient dans ce coupe gorge, le milicien refusait de lâcher la garde de son arme. Les badots lorgnaient de temps à autre sur lui, mais ne s'y intéressaient guère. Il n'inspirait pas la crainte, ni la richesse, le milicien se fondait parfaitement dans la masse. Sans compter son irritation naturelle, seule son arme pouvait trahir une quelconque affiliation avec l’autorité de la milice. Mais là encore, sa lame ayant une forme de fendoir, il ressemblait sûrement plus à un mercenaire qu'à un milicien. Lorsque ses yeux ne soutenaient pas le regard d'un manant, ils cherchaient des chiffres, ou bien des inscriptions similaires à celles notées sur son parchemin.

Le temps jouait contre lui, il savait qu'il était dans le bon secteur, mais se faisait violence en refusant d'interroger les passants pour retrouver la fameuse Nathalie. Il suffisait d'un faux pas pour envenimer ses recherches, se mettre à dos on ne sait quelle bande de déchets en manque d'action. Ou pire encore, tombé par hasard sur un membre de leur famille, ce qui le grillerait pour de bon. Désespérer n'était pas son genre, en revanche s'impatienter était une autre histoire, le soleil tapait sec, les gens se faisaient de plus en plus nombreux. Plusieurs nuages de poussières rasèrent ses genoux, lorsque il aperçut enfin un indice qui collaborait avec cette foutue liste! Une courte silhouette, enrobée de noire venait de traverser la rue pour s'engouffrer dans un chemin, elle sortait d'une baraque portant une inscription similaire, à ce qu'on lui avait transmis. Il ne lui en fallait pas plus. Il n'avait plus rien à parier, bousculant sur son passage quelques passants, il s'excusait brièvement dans de brèves révérences. Il s'évertuait à talonner sa cible. Cette dernière ne cessait de sortir de son champ de vison, à peine atteignait-il la rue dans laquelle elle se jetait, qu'il lui fallait décuplée les foulées pour la rattraper et voir extrémiste où elle allait.

Mais alors qu'il commençait enfin à la rattraper, ils pénétraient dans une ruelle étroite et sombre. Plusieurs linges étaient en train de sécher en hauteur, raccordés d'une maisonnée à l'autre, couvrant partiellement les rayons du soleil. Il remarqua que quelque chose clochait, enfin non ça trottait. Lourdement de surcroît, à peine eut-il le temps de se retourner qu'un brusque coup d'épaule l’envoya rouler contre une pile de cageots. Fendant ses derniers lors de sa chute, il n'eut pas le temps de reprendre appui pour riposter. On le prenait déjà par le col en le soulevant, une baffe venait lui chauffer la joue gauche, alors que le revers rassurait la droite. Un uppercut bien sentit s'enfonça dans son estomac alors qu'il se faisait projeter plus loin:

"Milicien, pas bon... Ana peur, Thibaut protéger Ana. Milice menteur... pas toucher à Ana."

Sonné par la rouste que venait de lui administrer cet énorme primate, Dan parvint malgré tout à saisir son nom. Maintenant il n'avait plus qu'à se relever et botter les fesses de cet énorme marsouin. Un début de plan commençait à se tisser, alors qu'il crachait instinctivement par terre pour retrouver des sensations buccales. Le colosse ne transpirait pas l'intelligence, son visage semblait comme cassé en deux, sa mâchoire semblait ne pas pouvoir se fermer, laissant plusieurs chicots jaunâtre et divergeant apparaître. Ses yeux étaient victimes d'un strabisme perturbant, le tout surmonté par un unique épi en guise de coiffure. Mais le comble du comble c'était les sandales, Dan détestait les sandales, quel genre d'engeance pouvait encore supporter ce genre de chaussures, alors que la vermine rampaient de toutes part? Le milicien roula sur le côté, esquivant de justesse un coup de talon au genou. Loin de perdre le nord, il ne parvenait malgré ça, pas à retrouver l'équilibre, à peine relever qu'il titubait tel un alcoolique. Le géant qui faisait modestement plus d'un mètre quatre-vingt s'adaptait très vite, bénéficiant de l'effet de surprise, il conservait l’avantage en assénant un enchaînement de coup de poings. Son but était claire, il voulait assommer Dan, voir le tuer, la garde de ce dernier parvenait à protéger son crâne, mais pas ses côtes.

Son adversaire parvenait à malmener le milicien avec une aisance déconcertante, la fille était sûrement déjà loin, mais il restait un simple pari à faire. Si elle était vraiment en bas âge, seule avec ce monstre comme garde du corps. Elle ne pouvait se permettre d'aller trop loin, il devait toujours garder un oeil sur elle et vice et versa. Ce n'était qu'une supposition, mais il lui semblait parfaitement logique, que cette dernière ait reçu des instructions fermes et précises sur la démarche à suivre pour survivre à la milice. Dan risquait un œil, cherchant à scruter les mouvements de son adversaire en récupérant tant bien que mal. Cela faisait déjà trois coups qu'il avortait en reculant, son jeu de jambes commençait à revenir. Ses appuis se confirmaient, en revanche ses côtes ainsi que son crâne réclamaient vengeance, maîtriser sa pulsion serait la partie la plus complexe du plan. Thibaut s'était risqué plusieurs fois à regarder en arrière très brièvement, avant de reprendre les enchaînements, c'est en parti pour ça, que Dan avait réussi à se ressaisir. Le colosse s’essoufflait, alors que le milicien retrouvait contenance. Il asséna un violent coup de poing visant la gorge de son adversaire qui parvint à s protéger. Surenchérir, voilà la solution, coup sur coup Dan tentait de prendre le badot de vitesse, il fallait l'empêcher d'agir. Il frappait les genoux de ce dernier, visant toujours à l'aide de ses poings, la gorge ou le visage de la brute. Ce dernier se repliait en quelques foulées, cherchant à contre attaquer, mais fut vite obligé de déchanter. Les quelques foulées de recul que Thibaut venait de prendre venait de signer la fin de la joute à mains nues.

Dan avait lui aussi profité du sursaut de son adversaire, pour prendre un peu de distance, profitant de cette brève halte pour dégainer son Fendoir:

"A toi de voir si tu veux t'y risquer mon gros.

-Milicien, lâche!

-Thibaut attaqué par derrière!

-Ana pas mordue! Thibaut protéger Ana des mensonges de milice. Ana et Thibaut pas méchants, milicien mauvais!

-Laisses moi l'inspecter et je jure d'être impartiale.

-NON! Miliciens tous mentir comme ils respirent! Thibaut pas d'accord!

-Laisses moi te jurer que si tu ne te rends pas, tu vas-y laisser une jambe..."

Les deux hommes se toisaient, on ne pouvait pas vraiment dire les "yeux dans les yeux", strabisme oblige, mais l'un comme l'autre était fermement décidé à rester sur leurs positions. Le milicien levait son arme et se mettait en position d'attaque, si Thibaut faisait le moindre mouvement il le prendrait de vitesse. La rue était étroite, il lui suffisait d'un mouvement simple, rapide et son arme se logerait dans le genou de Thibaut. Ce dernier commençait à trembler, un mélange de peur et de rage face l'inégalité de ce duel. Dan progressait lentement vers lui sans dire un mot, son regard était dur, sa poigne était ferme il était résolu à jouer son dernier coup. Il n'avait plus le temps de se faire tabasser, ni de négocier, il fallait agir. Alors qu'ils s'apprêtaient à livrer un combat à mort, une voix stridente et encrassée par des sanglots coupa court à leur besogne:

"STOP! Thibaut arrêtes, je ne veux plus te voir te battre. Nathalie ne veut pas revenir ce soir et te retrouver amputé. Elle nous avait dit de ne pas sortir, c'est ma faute.

-Non, c'est la faute de la milice, eux pas gentils, eux vouloir emmener..."

Il n'eut pas le temps de finir, que le plat du fendoir de Dan s'abattait sur son crâne. La candeur de cet ignoble abruti venait de le perdre. Pour s'assurer que ce dernier ne se relève pas trop tôt, Dan lui asséna un second coup sur le dessus du crâne, y ajoutant un bon coup de genou dans le ventre, ainsi qu'un coup de coude derrière la nuque. Son plan avait plutôt bien marché au finale, un mal pour un bien. Il mit un genou à terre et rangea son arme dans son fourreau:

"Petite voilà ce qu'on va faire, si tu es mordue court. Bats-toi pour ta vie, en revanche si tu n'as vraiment rien à te reprocher, approche et je jure de seulement t'inspecter pour te ramener à ton père. Tu as dix secondes pour faire ton choix. Réfléchis bien, mais vite."

Sans un mot il partit dans sa direction et toi dans la tienne. Il avait sa part du boulot et toi aussi. D’un pas rapide et léger tu partis vers ton objectif. La poterie a la Hanse. Le chemin n’était pas très long, surtout considérant ton endurance, mais tu ne devais pas perdre de temps. Si les autres miliciens te rattrapaient, tu risques de le payer. Si le fait que tu n’avais pas retrouvé la gamine remontait plus haut, tu le payerais cher. Surtout que ce maudit coutillier n’attendait que cela. Ton échec pour se faire plaisir sur ta carcasse… Peut-être que tu devrais lui mettre la corde au cou à celui-ci, ça lui ferait plaisir.

Une fois sur place, tu entras dans la poterie qui était … calme, très calme. Tu entras dans le bâtiment, il y avait plein de pot … Ce qui aurait plu à certains mais pas à toi. Tu t’avanças vers le comptoir. Une femme apparut de l’autre côté. « Encore un pouilleux de milicien… On a déjà assez souffert avec l’invasion de fangeux, si vous voulez rien acheté, dégagé ! » « Madame, je viens pas poser d’ennuie. Je suis à la recherche d’une gamine. » » Le visage de la femme changea rapidement, passant de colérique à effrayer avant de devenir une rage folle. « Je le savais vous voulez vraiment le tuer ! » « Quoi ? » Elle sortit un petit couteau avant de donner un coup rapide vers toi. Tu esquivas le coup sortant son épée mais la plantant sur la poutre en enchainant un coup large alors que la veille recula pour éviter le coup avant de repartir dans une pièce à côté. « Dredger ! Y a un milicien pour toi ! » Dredger ? C’était le nom d’un chien. Tu tournas la tête alors qu’un pas lourd se dirigeait vers toi.

- « Bordel … » Il était massif… Tu relevais le regard pour voir ce qui arrivait alors que ton épée refusait de sortir de la poutre. Un homme géant de deux mètres, barbe lourde et épaisse, chauve avec une griffure monstrueuse sur la joue qui passait sur son œil. La maudite griffure d’un ours. On aurait dit une sorte de viking nordique. Sans réfléchir, tu relâchas ton arme pour lui mettre une droite… Et bon sang il était solide, t’avait l’impression d’avoir frappé un sac de farine à pleine force. Un coup de poing rapide te frappa droit dans la joue te faisant reculer d’un bon pas en arrière. Le géant t’attrapa par le col sourire aux lèvres avant de te soulever hors du sol à une main. Tu haussas les sourcils alors qu’un prit un pas de recul avant de te lancer sur une table recouvert de pot en tous genres. Tu débarrassas alors la présentation de pot avec classe et grâce, envoyant ton bouclier voler sur le côté avant de cogner le mur avec force le craquant dans un bruit de bois pourri. T’avais pas été projeté aussi loin depuis un long moment. Tu avais l’impression que ton torse était en train de se faire presser par un poids lourd… Et il t’avait foutu comme ça en te lançant seulement. Tu roulas doucement sur le côté pour descendre d’un côté de la table. Ta vision était floue, et ta respiration difficile… Le bonheur. Tu levas un doigt vers la brute, priant que ça soit un homme avant un peu trop d’égo et d’élégance. « Un moment s’il vous plaît. »

La brute s’approcha avant de s’arrêter proche de toi, mais s’arrêta soudainement pour te regarder les mains sur les hanches.« J’suis pas pré-sser. » » Te lâchât-il avec un bien bel accent. « Merci. »» Du temps, miracle, le géant t’avait offert généreusement du temps libre pour que tu puisses non seulement respirer mais surtout rependre ta concentration. Tu attrapas un pot au sol pour tenter un swing large sur lui qu’il bloqua avec son bras, brisant le pot et soulevant plus de poussière qu’autre chose. Tu reculas par réflexe esquivant son puissant uppercut du droit qu’il enchaina en se défendant contre ton coup. Ouaip, ce monstre avait l’habitude de se battre à mains nues. Tu relâchas le morceau de pot qui te restait en main et cogna le mur en reculant pour esquiver. N’ayant pas le choix, tu frappas dans l’ouverture de son attaque écrasant ton poing dans ses côtes… Pas la moindre la réaction… Ah si. Énerver et heureux vu son sourire qu’il avait aux lèvres. Il reprit du recul avant de partir pour un directe du droit monstrueux. Instinctivement, tu baissas la tête et roulaq sur la gauche passant sous la table que tu avais nettoyée plutôt avant de réapparaitre de l’autre côté. Tu reculas d’un pas, levant ton autre jambe pour frapper avec force sur la table, l’envoyant dans le côté du l’ours. Tu pris rapidement un objet en bois trainant à côté de toi, ne cherchant même pas à savoir ce que c’était pour venir mettre un swing dans la tête du géant.

Reculant sous le choc et la douleur, et tenant sa tête. Il revint rapidement à l’assaut vers toi. Mais cette fois tu le tenu à distance en enchainant un autre coup qu’il esquiva de justesse. Il s’avança main en avant pour essayer de t’attraper, il réussit juste à attraper que ton morceau de bois qui te servait d’arme … Un pied de chaise à première vue. Comment le savais-tu ? Car le géant n’hésita pas à utiliser ta propre arme contre toi en le poussant en plein dans ton front. Tu surpassant en force, et profitant que tu sois encore légèrement sonné, il profita de sa large stature pour revenir te chercher de l’autre côté de la table et te reposer au centre de celle-ci. Il grandit alors soudainement, levant ses deux bras avant de les abattre sur toi. Tu tournas sur ton côté pour esquiver et tomber de la table alors qu’il la brisa en deux. Profitant du moment, tu te relevas plus rapidement que lui pour venir lui placer un uppercut qu’il reçut sans mal en souriant. Un sourire que tu partageais avec lui.« Tu sembles vraiment t’amuser. » Il rigola en craquant ses poings s’avançant vers toi. « Toi aussi sole p’tit fouine ! » Il accompagna sa phrase d’une droite qui vola largement au-dessus de toi et que tu contras d’un autre coup au visage. Il enchaina plusieurs coups que tu contras reculant à chaque pas. Et lui il encaissa sans mal, toi pas vraiment. À plus d’une reprise, tu pris des coups lourd au visage qui te faisait encore plus reculer alors qu’il s’avançait vers toi d’un pas plus que déterminer. T’approchant de l’autre mur, tu attendis un autre gros swing pour esquiver en sautant en arrière sur le mur et t’appuyer dessus et sauter haut en l’air pour essayer de le frapper avec le maximum de force.

Mais cela joua contre toi, et il t’attrapa dans ton saut tournant avec toi et utilisant ton corps pour te plaquer au sol écrasant ton corps dans un bruit fort peu plaisant. Il se releva légèrement avant de se laisser tomber vers ton visage en utilisant son avant-bras. Tu tournas la tête pour esquiver de justesse attrapant son col à son tour pour te tirer vers lui et mettre un coup de boule avec toutes tes forces dans son nez. Son regard partit vers le plafond avec que ton front cogna l’épicentre de son visage. Tu n’hésitas pas à enchainer un autre coup avant qu’il te repousse d’un mouvement rapide de la main, te dégageant plus loin sur la gauche alors qu’il se relevait en tenant son nez qui étonnamment, ne saignait pas beaucoup. Tu te relevas en respirant lourdement avant de te mettre en face de lui, crachant du sang sur le côté. Tu tendis la main et l’invitant à continuer cette danse à deux.

La jeune fille n'approchait pas, laissant sans compter les secondes défilées. Elle se raccrochait nerveusement à une mèche brune qui coulait depuis sa capuche. Ana clignait frénétiquement des yeux, cherchant ses mots, elle était en proie à un conflit interne bien cruel. Ou alors elle était simplement épouvantée par le corps inerte de Thibaut, ce dernier ne tarderait pas à reprendre connaissance, ce qui pour le coup était la préoccupation principale de Dan. Qu'allait-il pouvoir faire de ce type, il était jeune, simplet et fermement décidé ne pas faire la moindre concession. Les coups de fendoirs, ainsi que l'assaut à la nuque n'allaient pas tarder à passer aux effets secondaires de ce genre de traitement. Le milicien, repensait soudainement au père de la gamine, ce qui l'obligea à presser la démarche. les dix secondes étaient écoulées, il se redressait en avançant d'un pas décidé et rapide. Ses yeux ne lâchaient pas la gamine, alors que cette dernière restait tétanisée. Encore deux pas et il pourrait la saisir par le bras, malheureusement pour lui, le monde était un ennemi redoutable. Incarné cette fois-ci sous forme de vase éclatant entre lui et la gamine, le bruit du choc et des éclats ricochant des murs contre le sol sorti Ana de sa stupeur. Les yeux de Dan se levaient sur plusieurs fenêtres, personne aux balcons, si un autre objet tombant non identifié se dirigeait sur lui. Un pas sur le côté avec les bras en forme de croix devant le visage et un nouvel éclat. Cette fois-ci le contenu de l'objet était fermenté. Aucun doute, c'était de l'alcool non réglementaire, ça lui faisait une belle jambe de puer, en revanche la gamine commençait déjà à faire demi-tour, alors que ce qu'il craignait ce réalisait. Le colosse commençait à émerger, il prenait appui sur ses mains en balbutiant des paroles incompréhensible.

Dan hurlait désormais à l'intention de la gamine:

"Très bien, c'est ta vie ou la sienne Ana! je te laisse cinq secondes!"

Le milicien enfonça son pied dans l'épine dorsale de Thibaut, poussant de tout son poids le colosse à terre il dégaina de nouveau. Mais cette fois-ci c'était la tranche de son arme qui menaçait le cou du roturier. Le regard de Dan défiait avec une haine à peine dissimulée les balcons. Qu'ils s'essayent à les bombarder, s’ils touchaient l'un ils toucheraient l’autre, à leurs risques et périls. Dan était préparé à faire face à sa conscience, sa main se leva, symbolisant des doigts le chiffre cinq. Il reportait très vite son regard sur la gamine, voyant que personne ne se déclarait, toisant la gamine qui s'était de nouveau figée. Le colosse commençait à balbutier, puis à hausser la voix mais un coup de talon le dissuada de poursuivre. Il ne restait plus que trois doigts dans la main de Dan, alors que la gamine levait les mains en trottant vers lui:

"Pardon, je me rends, mais ne lui faîtes plus de mal!

-Tu as ma parole.

-Milicien...mentaaaargh..."


Il rengainait son arme après avoir estimé que cette dernière était à portée, puis s'empressa de lui saisir le poignet. Sa prise était ferme, en revanche il venait de libérer quelque chose d'encore plus terrible. Un membre d'une famille, qui s'inquiétait pour sa proche. Thibaut avait eu le temps de retrouver ses esprits, il avait bien sûr eut plusieurs sueur froides à l'idée de se faire égorger dans cette ruelle perdue, mais il n'hésiterait pas à se battre jusqu'à la mort. Ana tentait alors de calmer les choses:

"Laissez-moi aller au-prêt de lui, je vous jure qu'on suivra vos ordres à la lettre monsieur le milicien.

-Hors de questions, pas tant que je ne suis pas convaincu de ton innocence et de ses intentions.

-S'il vous plais, Thibaut ne réfléchit pas comme nous! Il m'écoutera si il me protège, je vous en conjure!"

Pour une gamine elle avait l'art de la requête, posant les choses d'une manière logique et fluide malgré l'alerte générale qui les assaillait tous les trois. Dan regardait le visage ensanglanté de Thibaut se courber dans des formes dignes des pires mosaïques. La poigne qu'il maintenait sur le bras d'Ana se raffermit quelques instants, puis se défie. Impossible de fuir avec ce monstre aux trousses, sans provoquer un chaos monstrueux. Il ne pouvait que se remettre à la parole de la jeune fille. Cette dernière fila contre Thibaut, enfouissant son visage encapuchonné dans le ventre du mastodonte. Ils échangèrent quelques secondes, joutant dans une sorte de dialogue de basse cours. Plusieurs relents manquèrent de faire vomir Dan lors de ce bref échange, il ne savait pas si c'était dû aux caresses qu'ils s'adressaient mutuellement, à cause du ton doucereux qu'ils employaient ou bien des sandales de Thibaut. Mais la nausée commençait à saisir sa gorge, révulsant ses papilles aux possibles, l'adrénaline redescendait lui laissant subir le contre coup de la petite danse qu'il venait de livrer. Il s'était rapproché du duo, n'oubliant pas qu'un vase pouvait toujours tomber de nulle part. La douleur la plus vive provenait de son flancs droit, Thibaut avait vraiment un bon swing, on ne pouvait lui enlever. Les négociations tardaient, alors que Dan redoutait de plus en plus l'arrivée inopinée d'une escouade de trois miliciens.

Soudainement Thibaut se relevait en soupirant et en faisant une gestuelle qui signait sa capitulation face à la gamine. Il lançait un regard noir lourd de sous-entendu au milicien, puis les invita à le suivre sans
se faire remarquer d'avantage. Main sur sa garde, Dan n'avait aucunement l'intention de leur laisser d'avantage de fleurs, il n’avait pas tout compris de ce qu'ils disaient. Si ces deux-là projetaient de lui échapper il se jurait de leurs faucher définitivement les jambes:

"Où va t'on Ana?

-Nous allons chez Thibaut, c'est sa maison de famille. Je lui ai dit que puisque vous vouliez m'inspecter avant de m’emmener c'était la meilleure chance que nous avions de pouvoir prouver mon innocence. Depuis quelques semaines on n'a eu que des problèmes...

-Ton père m'a expliqué deux trois choses, vos rapports avec la milice ont l'air d'être mauvais?

-Ce n'était pas toujours le cas, mon père était très ami avec Maximilien avant que maman... ne parte.

-Maximilien? "[/i]

L'indifférence qu'il portait à la mort de sa génitrice, lui valut un lourd silence, Dan venait encore de merdé. Il leva les yeux au ciel, ne se reprochant pas l'erreur de calcul. Il avait suffisamment parié ces dernières heures pour pouvoir se permettre ce genre d'échec. En revanche, les événements prenaient une tournure qui lui déplaisait, si le fonds du problème était en réalité une querelle amoureuse. Rien de ce qu'il espérait n'allait pouvoir se réaliser. Le milicien cherchait à consolider ses plans, alors qu'il arrivait à quelques pas de la maisonnée il lui demanda:

"Qui sont les gens qui t'ont dénoncés ? Tu dois bien avoir une idée n'est-ce pas?

-D'après ce que mon père m'a dit, ça serait une invention de la milice. Car il n'y a personne dans les quartiers qu'il fréquente qui y gagnerait quoi que ce soit.

-Dans ce cas pourquoi m'accorder une inspection? Tu es en train de me dire que ta famille est en guerre ouverte avec la milice ?

-Non! Nous ne sommes en guerre avec personne, ma famille a beaucoup perdue, nous avons toujours été de Marbrume, avant les fangeux, nous étions prospères. On se côtoyait beaucoup plus et s'entre aidait avec aisance. C'est ce que me raconte Nathalie! Elle aime bien se remémorer le passé.

-Et maintenant ?

-Et maintenant, on se serre toujours les coudes, mais beaucoup de nos membres sont ... parti. Ils ont soient disparue, soi prit le large d'après tatie.

-Je vois. Et ce Maximilien quelle relation entretenait-il avec ta famille?

-C'est mon oncle, c'était aussi le frère de ma mère. Mon père me dit qu'il ne sait pas où elle est partie et que c'est difficile pour lui de ne pas en vouloir à la terre entière. Et que c'est pareil pour Maximilien, sauf que lui il en veut à mon papa, car il serait responsable.

-Et merde.

-Quoi?

-Rien continuons et faisons vite."

Ils pénétraient en file indienne dans la plus que modeste demeure de sa tante, ou sa cousine, il n'avait pas très bien comprit le lien de parenté qui les unissait. Thibaut laissa la petite fille et le milicien passé, puis ferma la porte. S’affaissant de tout son poids contre le bois craquelés, il lançait toujours le même regard de haine à l'intention de Dan. Une plaie béante laissait couler du sang en cascade le long de son visage difforme. De ce que le milicien pouvait interpréter, il ne quitterait pas la porte, ni Ana de vue. Cette dernière faisait signe à Dan de s'asseoir, mais ce dernier n'en fit rien. Il leva la main en protestant, puis invitait cette dernière à simplement enlever ses frusques. Il ne voulait pas s'éparpiller en excuses, elle pouvait prendre le temps qu'elle voulait, mais si il devait la traumatiser en lui infligeant cet inspection. il n'y éprouverait pas le moindre plaisir ni regret. Après tout, les soldats n'étaient plus vraiment des hommes quand ils exerçaient leurs fonctions. La jeune fille était naturellement hésitante, mais pas aussi choquée, ou embêtée que ne l'était Thibaut. L'écart d'âge, ainsi que leurs maturité étaient béants. La pudeur était quelque chose de sacré, mais il fallait savoir faire la part des choses, Dan restait à une distance plus que raisonnable, ne se touchait aucunement les parties de son corps, ni ne la stressait d'aucune sorte. Bien sûr qu'il imaginait x ou y personne débarquer à ce moment, lui proférer des insultes ainsi que des remarques déplacer, mais qui pouvait entièrement dominer son subconscient ?

Une fois complètement nue, Ana ne protégeait visuellement que son entre jambe, le milicien se contentait d'un geste simple pour lui faire comprendre qu'il voulait qu'elle tourne sur elle-même. Rien à signaler des épaules aux talons, pas de traces, ni de boursouflures ou de veines noircies. Il se rapprochait, tournant autour d'elle, il l'obligea à lever les bras, lui demandant d prendre ses cheveux en même temps. Son cou n'ait rien, ses aisselles non plus, la théorie comme quoi les accusations étaient montées de toutes pièces se confirmait. Sous yeux blasés, Dan pouvait finalement soupirer et sommer la jeune fille de se rhabiller. Thibaut était rouge, une mélange de colère et de honte qu'il ne parvenait pas à contenir. Ses poings étaient serrés, tout comme sa mâchoire, seuls ses yeux refusaient de se clore. Ils observaient le milicien, laissant les vaisseaux sanguins cédés les uns après les autres, contraignant sa visée à devenir de plus en plus floue. De moins en moins calme, ses pensées s'agitaient allant avec le flot de sang qui commençait à goutter sur son haut. Il grinçait des dents, cherchant la moindre raison valable pour trahir sa parole et rentrer dans le lard de ce diable.

Dan se permettait brièvement de sonder les alentours, la pièce était grande, une sorte de salon commun, une pièce à vivre. Cuisine, matelas et tables pour manger y étaient regroupées. Beaucoup de meubles en ou de vases en argiles complétaient le mobilier constitué de vieilles chaises et tables creusées. Les volets entre ouvert permirent à Dan de scruter les environs. La rue semblait calme, pas de patrouilles, ni même de conflits ou d'irrégularité à signaler. En revanche il se voyait mal jeter cette fille en pâture à la milice. S’il était vraiment question de vengeance personnelle, alors il ne pourrait rien faire pour rétablir la vérité. Ni protéger la petite, ni mettre le coustilier devant une cour martiale. Sans témoins valable, son inspection ne servait rien d'autre que ses intérêts personnels. Avant de s'en rendre complètement malade, il allait devoir retrouver son associé. La gamine était innocente, peut-être avait-il des contacts qui lui permettrait de tirer les choses au claire sans effusion de sang, ni sanctions militaires:

"Je vais vous demandez de m'accompagner jusqu'à Nathalie, j'ai besoin de l'interroger et de retrouver mon collègue. Thibaut ferait mieux de rester ici, mais je doute fort qu'on puisse le convaincre n'est-ce pas?

-Milicien pas tords. Ana rester maison, Thibaut amener milicien à Nathalie.

-Désolé, mais ça ne va pas être possible, maintenant que je sais qu'elle ne représente aucun danger pour Marbrume, je dois l'amener à le caserne et le prouver à mes supérieurs. Pour cela, j'aimerais simplement recueillir d'avantage d'informations.

-Toi sournois, toi aimé regarder petite fille et forcer gens à ...

-Thibaut! Tais-toi et suivons-le. Je suis sûre que grâce à lui on a nos chances de s'en sortir. N’oublie pas ta promesse. Nathalie est bien épaulée de toute façon, tu le sais mieux que moi.

-AaaH, d'accords! "

Concluant là-dessus, le trio sortait de la maison, se dirigeant vers la poterie où attendait Cross et un autre colosse. le chemin avait été stressant pour Dan, moins pour les deux autres oiseaux. Toujours pas de patrouilles en vue, ils avaient une chance débordante. Alors qu'il approchait de la poterie des bruits de pots cassés, ainsi que des souffles forts se faisaient entendre. Il y avait du mouvement, Dan portait déjà la main à son arme, la transition d'un quartier l'autre l'avait légèrement détendu. Loin de s'attendre à ce genre de débordement dans un quartier aussi bien fréquenté que celui-ci, une sueur froide lui traversa l'échine. Il espérait que Nathalie était aussi une golgoth qui savait en découdre et que Cross s'en voyait simplement avec elle. Car s’il s'avérait qu'une patrouille venait de débarquer pour saisir Nathalie et l'interroger, la partie était sûrement terminée. Il accourait, épaulé de très près part Thibaut qui pour la première fois depuis leur rencontre délaissa complètement Ana. Ce bref moment d’inattention leur coûterait cher, alors qu'ils entraient à l'intérieur du bâtiment, Dan ne pouvait que constater l'ampleurs desdégâts. Des pots cassés, une table fendue, l’épée plantée dans le comptoir et un colosse étalé sur le sol. Thibaut craquait, le milicien n'eut pas le temps de le calmer, ni de prévenir Cross, que Dan était en train de passer par la vitrine. Roulant sur le pavé et dans les éclats de verres, le milicien eut beaucoup de mal à se redresser. Mais le plus emmerdant fut lorsqu’une ombre incongrue venait le préserver du soleil. Un homme en armure et armes venait lui proposer son aide, un sourire satisfait étirant ses lèvres:

"Salutation milicien très bon travaille. Le soleil n'est même pas prêt de se coucher et vous aviez déjà réussis à retrouver la petite. Ces nos supérieurs qui vont être content."

Ana se débattait entre les mains d'un milicien assez bien formé, ses épaules étaient solide et sa gestuelle calme et ferme. La petite pleurait et appelait à l'aide. Thibaut n'avait sûrement pas eu le temps de se jeter sur Cross qu'il sortait en trombes, chargeant tel un dément les miliciens. Ana s’époumonait à essayer de dissuader le géant:

"Thibaut non, calmes toi!"

Dan cherchait à tacler le pachyderme, mais ce dernier sauta au-dessus de sa jambe, poussant le castilier qui s'adressait préalablement à Dan. Mais ce dernier n'eut pas le temps de faire trois pas de plus, que déjà deux autres miliciens lui fonçaient dessus. La lutte fut brève, Thibaut écumait de rage en envoyant valser ses poings d'une recrue à l'autre. N'ayant pour effet que de bousculer et énerver les miliciens en services:

"Abattez-le."

Ordonna le castiller sans ciller, essuyant simplement la zone du plastron ayant été touché par Thibaut:

"La gamine n'a pas été mordue, elle ne représente aucun danger et lui c'est juste un simple con, laissez-le!

-Fermez là Sobre, tuez-moi ce porc et emmenez là! Je jugerais moi-même de qui représente quoi dans cette affaire.

-Thibaut revient ici tout de suite et poses tes mains derrière la tête, par les trois je vous en conjure, pardonnez la bêtise de mon fils. Il n'a pas les cases à tous les étages! hurlait Nathalie en sortant de la poterie.

-Quoi encore? s'impatientait le castilier"

Les miliciens prenaient du reculent laissant Thibaut s’essouffler, pour mieux dégainer et frapper. Dan était encore occupé à s'arracher des bouts de vitraux des mains et du visage, lorsque Cross est une drôle de dame sortait de la poterie. Accompagné par une large silhouette derrière eux. Il ne savait pas ce que réservait la suite des événements, mais Dan était sûr d'une chose, il n'allait pas laisser cette ordure s'en tirer à bon compte, il allait les suivre et retourner ciels et terres pour prouver qu'il fraudait et abusait de son influence. Si lui-même n'avait pas le droit d'asservir les autres en temps de guerre et de misère malgré sa fonction de milicien. Personne n'en aurait le droit, sans en souffrir les mêmes conséquences. Parole de croyant, sur la Trinitée il allait lui faire payer.

Thibaut était en train d'essayer d'envoyer valser les deux gardes qui l'empêchaient d'atteindre Ana, ses poings fusaient sans percuter, laissant des ouvertures que les miliciens ne tarderaient pas à exploiter. La voix apeuré de la mère du simplet les rendaient réticent à exécuter les ordres. Mais très vite la tendance basculerait une fois qu'ils auraient reprit contenance, moins de cinq mètres séparaient la brute de la jeune fille. Poussé dans leurs derniers retranchements, leurs armes se levèrent, Dan ne pouvait que péniblement assister à l'exécution. Ses yeux se figeaient au bruit trop commun des lames fendant la chaire de Thibaut. Ce dernier livrait une lutte que les miliciens n'oublieraient pas de sitôt, la mère impuissante aurait voulue s'élancer à sa rescousse, mais une poigne de fer la contraignait à s'agenouiller. Dredger, détournait le regard, serrant les dents en tirant du mieux qu'il pouvait le visage de sa femme contre son torse. Leur fils avait scellé son destin, Dan s'élançait en esquivant le coutilier dans un bon désespéré:

"Sobre restez là, je vous interdis d'interférer!"

Sourd aux ordres, il ne put s'empêcher d'arriver aux côté du colosse avec lequel il avait livré bataille quelques heures au pare avant. Il se vidait de son sang, le regard vitreux, ses lèvres se mouvaient dans de faibles suppliques que Dan ne comprenait pas. Hésitante, sa main se posait sur son épaule, arrachant une réaction bestiale de la part du mourant qui repoussa le milicien du bras. Les dents de Dan se serrèrent, alors que son regard foudroyait ses collègues. Ces derniers lui rendirent avec noirceur, ils se soutenaient habituellement dans les moments durs, la milice étant censée être une grande famille qui faisait face à l'adversité. Mais Dan n'arrivait pas à jouer le jeu, cette fois-ci il serait encore le vilain canard. Nathalie hurlait dans les bras de son homme, maudissant la milice, le monde et son frère pour avoir attiré sur eux tant de malheurs.

Ana de son côté pleurait des torrents, incontrôlable elle se débattait, délaissant la maturité dont elle été parvenue à faire preuve jusque-là. Plusieurs citadins s'amassaient autours d'eux, constatant avec dédains l'opération qui se déroulait sous leurs yeux. Les nerfs de Dan lui jouaient d'improbable tours, brièvement hésitant à dégainer, il ne désirait pas se compromettre stupidement ni verser d'avantage de sang. En voyant les badauds s'amasser autours d'eux une idée lui traversait l'esprit, mais aucun moyen de la réaliser efficacement sans risquer de se retrouver lui-même au trou. Il ne pouvait pas contraindre l'un de ses supérieurs hiérarchiques à déshabiller Ana en pleine rue, sans un moyen de pression conséquent. Le choc que venait de provoquer l'exécution de Thibaut, ainsi que l’investigation directe de la petite aux yeux de tous, ne ferait qu’entacher d’avantage leurs noms.

Est-ce que cela pesait vraiment dans la balance? La vie d'une innocente était en jeu, pour des affaires de famille qui concernait son père et son beau-frère. Mêlant dans leurs conflits la fange, ennemi naturelle de l’humanité. Comment pouvaient-ils en être d’avantage salis ? Il ne pouvait pas simplement laisser passer ça, de plus, c'était le moment ou jamais de s'imposer en bien au sein de cette milice décadente. Ses yeux cherchaient Cross du regard, mais ce dernier s'était évanoui dans la nature, arrachant un bref soupir à Dan qui décida de se tourner vers le coutillier:

"Vous allez beaucoup trop loin, vous abusez de vos fonctions et salissez nôtre blason. Ce gorille ne faisait qu'essayer de protéger sa cousine, que vous essayez injustement de faire bannir par vengeance!"

Il avait parlé assez fort et rapidement, couplant une certaine gestuelle avec celà, pour attirer les regards et les oreilles des curieux. Il espérait réussir à créer un scandale, mais déjà les deux miliciens ayant exécutés Thibaut gagnaient ses côtes en rengainant. Ils lui sommaient d'arrêter les frais, en essayant de le maîtriser, mais Dan ne se laissait pas faire, vociférant toujours plus fortement à l'encontre des miliciens:

"Je peux le prouver, ne vous laissez pas abuser camarades! Ils n'ont fait que protéger cette fille d'une manigance que vôtre coutille..."

Un coup de coude dans le buste le coupa dans son annonce, le poussant à hoqueter en sévissant sur la défense. Il écrasa les pieds de ses congénères, puis envoya deux violents coups de coudes volé à leurs encontre. L'un d'eux fut touché au menton, lui donnant l'occasion de prendre ses distances. Il titubait en se tenant le buste, mais alors qu'il comptait reprendre son explication, le coutillier s'avançait en déclarant sans se soucier de Dan, qu'ils repartaient pour la caserne. C'est là que Nathalie parvint à convaincre son homme de la laisser intervenir:

"Attendez! Ce que dit ce milicien est vrai, Maximilien vas-tu renier nos liens jusqu'au bout? La mort de ta soeur nous afflige autant que toi. Mais ce n’est en rien nôre faute, ni celle d’Ana! Encore moins celle de Thibaut… Reviens à tes esprits, tu m'as pris mon fils, laisse leur cette fille par les trois je t'en conjure!

-Ne m'appelle pas par mon prénom lorsque je suis en service femme de bas étages! Restes à ta place et fais profil bas. Toi et les tiens avez donné ma soeur en pâture aux pirates. Nôtre sang et nos liens ne valaient pas plus qu'un pauvre deal. Et maintenant que mon grade me le permet tu oses me demander de fermer les yeux sur le risque que représente cette gamine? Plusieurs témoins affirment avoir vue des marques de morsures sur elle!

-Cette gamine est ta nièce que tu le veuilles ou non! De plus de quels pirates parles-tu? Tu délires! Jamais nous n'aurions vendue l'une des nôtres à qui que ce soit! Elise était une femme forte que nous apprécions.

-Fermes là, il est trop tard, n'étalons pas nos affaires d'avantage, n'as-tu aucune dignité?!"

Le coutillier donnait sèchement ses derniers ordres au reste de sa troupe, alors que Dredger quittait les côtés de sa femme pour rattraper Maximilien. Il rehaussait ses bas, tout en sous pesant le collectif de miliciens qui les entouraient. Il n'était pas homme à parler, ni à s'élancer dans de gros discours. En revanche il avait toujours respecté les liens du sang, ainsi que ceux du fer. Maximilien venait de faire exécuter son fils, ça il ne lui pardonnerait pas, jamais. Il ne montrerait rien de sa peine, en revanche, sa colère ça il savait la faire retentir aussi froidement que les contrées d'où ils venaient:

"Maximilien, procédons ô jugement d'Ana sous le'sieux! C'est n'ôtre droit, tu viens de m'arracher ma chair! Je tiens tes deux chiens aussi responsables que toi pour sa mort. Accordes moi un peu de justice. Jugeons là ici même, dézabille là ici même et inspectons là d'ici!"

Maximilien n'avait aucune rancune direct à l'égard de ce colosse, sa haine envers la famille de son beau-frère était grande, mais pas assez pour l'aveugler d'une compression du crâne immédiate. Jamais il n'avait entendu Dredger prononcer autant de syllabes. Les yeux du père était humidifiés, ce n'était pas à proprement parlé, des larmes, mais c'est ce qui s'en rapprochait le plus. Dan assistait à la scène depuis le côté, jubilant intérieurement en entendant la foule assister la famille pris en porte à faux. Les miliciens hésitaient de nouveau à exécuter les ordres, ou bien à repousser les badauds qui se faisaient de plus en plus outrés, ce n'était pas des simples geux du labourg, qu'on pouvait défoncer à coup de pommeaux. Ils étaient des clients de la Hanse, Véritable poumon de la citée, personne ne pouvait échapper aux ragots, ni faire taire les médisants. L’exécution d’un citoyen réticent à obéir, montrant de forts signes de rebellions passait encore. En revanche, déclencher une émeute, ou commencer à échauffer l’opinion publique en défaveur des miliciens. Ca ne serait pas quelque chose sur lequel les gens de la haute passeraient l’éponge.

Dan croisait les bras, soutenant brièvement le regard de Maximilien qui serrait à son tour les dents. Il claqua des doigts commandant à son milicien qu’on lui amène Ana. Cette dernière fut traînée jusqu’à lui, puis littéralement jeté à ses pieds. Les deux miliciens qui avaient souillés leurs lames établirent un périmètre de sécurité de fortune, laissant le coutillier et son homme de main déshabiller la petite sous les yeux des témoins. Ces derniers étaient forts hypocrites, masquant leurs yeux en ricanant, ou en tournant la scène de manière dérisoire. Seuls, Nathalie, Dredger, Dan et quelques âmes aux intentions discutables regardèrent attentivement la petite. Maximilien prenait son temps, poussant la petite contre le sol, en essuyant ses semelles le long de son dos, la redressant froidement en empoignant sa chevelure, il la faisait tourner tels trophée de chasse qu’on venait de dépecer :

« Je m’incline, cette petite n’a vraisemblablement rien à se reprocher. En revanche, votre famille de forbans ne passera pas le mois Nathalie, soyez en certaine. »

La gamine fut projetée contre le sol, délaissée par les miliciens qui s’en allaient sans en dire d’avantage. Dan se contenta de suivre le mouvement, bien obligé de répondre de ses actes. Il essuya un regard en arrière, ne constatant que des larmes de peines et de mépris à son égard, il se contenta d’une révérence avant de fendre la foule. Ils retournèrent à la caserne, puis libérèrent Dan de ses fonctions, non pas sans menaces sous entendues. Echappant sûrement de peu au fouet, il se contenta encore de faire une énième révérence, puis s’en retourna chez lui. Prévoyant de noyer sa frustration dans l’alcool bon marché…